Presse et revues
10 pages
Titre : La Caricature morale, politique et littéraire / A. Audibert, rédacteur en chef ; [directeur : Ch. Philipon]
Éditeur : Aubert (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1831-12-29
Contributeur : Philipon, Charles (1800-1862). Directeur de publication
Contributeur : Audibert, Auguste (18..?-1832). Rédacteur
Contributeur : Desnoyers, Louis (1802-1868). Rédacteur
Contributeur : Gonzalès, Emmanuel (1815-1887). Directeur de publication
Contributeur : Huart, Louis (1813-1865). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344523348
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4371 Nombre total de vues : 4371
Description : 29 décembre 1831 29 décembre 1831
Description : 1831/12/29 (T3,N61). 1831/12/29 (T3,N61).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k1048900v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Réserve des livres rares, RES FOL-LC2-2828, Z-1643-1646
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/09/2013
■ —— Numéro 61. O MIT
sore
Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé, franco,
à M. A. Audibert, Rédacteur en chef de la Caricature,
rue Bergère, n. i g.
acetce
VEB
DOUAT,
fk; 147
e- yha
— 2 9 DÉCEMBRE 1 8
se
Les réclamations et envois d’argent doivent être adressés,
franco, au grand Magasin de Caricatures d'AUBEAT,
galerie Véro-Dodat.
mo
EinE
MORALE, RELIGIEUSE, LITTERAIRE ET SCENIQUE.
166, 17 e ET 18 e SAISIES
PRATIQUÉES CHEZ M. AUBERT.
L’ARC-EN-CIEL , — GARGANTUA, — LES DEUX NE FONT QU’UN SAUT.
M. Cavaignac l’a dit et tout le monde l’a répété : il est des mots
qui hurlent de se trouver ensemble.
Que peut avoir de commun l’Arc-en-Ciel avec le joyeux fils de Gar-
gamelle? — Ce qu’ils ont de commun? Le greffe. — Quoi ! l’Arc-en-
Ciel est mis sous les scellés? — Pourquoi pas, si l’Arc-en-Ciel s’est
laissé prendre? Tout ce qui est bon à prendre est bon à juger.
Cette variante est de M. Persil, qui pense, du reste, que tout est bon à
prendre, excepté cependant les assommeurs, les racoleurs d’assassins,
les fournisseurs voleurs; excepté les agens de police qui vont chez un
citoyen le menacer de le tuer ; excepté tous ceux enfin dont l'innocence
crève les yeux de la justice; tout est bon à prendre, journaux patriotes,
journaux carlistes, brochures, caricatures, portraits; tout est bon à
juger et à rejuger. Questions de liberté individuelle, de liberté théâ
trale, questions du cumul des peines, questions de cautionnement;
tout, excepté peut-être le procès d’un maréchal de France, et la mort
singulière d’un prince qui se pend à un fil et à hauteur d’appui ; tout
est bon à garder, Thouret, notre pauvre ami, que la restauration eût
mis en liberté, Thouret à Sainte-Pélagie; M. Lennox dans le panier
à salade; Venard Valentin aux galères, tout, jusqu’à mes poires royales,
que mon procès devait rendre sacrées et qui vont moisir au greffe.
Tout est bon à prendre.
C’est pourquoi l’Arc-en-Ciel a été pris. Il a été saisi dans le passage
Véro-Dodat, en compagnie de M. Gargantua de franche lippée, autre
criminel sur lequel la police avait les yeux depuis sa naissance. Car, il
faut bien qu’on le sache, tous nos enfans, à nous repris de justice, sont
placés sous la surveillance de la basse police.
Les abonnés de la Caricature voudront naturellement savoir pourquoi
l’Arc-en-Ciel a été saisi. Et me voici dans la position critique d’Arle
quin forcé d’avouer qu’une tête se trouvait dans le chapeau qu’il a
jeté par la fenêtre. L’arc-en-Ciel était peut-être innocent, mais il de
venait justiciable de la Cour d’assises par les accessoires ; il servait de
monture à un jeune et beau prince que le caricaturiste avait perfide
ment représenté en niais, en Jobard (si j’ose m’exprimer ainsi), au
quel il avait donné une physionomie de mouton, et qu'il vous faisait
voir présentant d’un air gauche et embarrassé un discours soi-disant
improvisé. Ce prince chéri faisait ainsi son entrée dans une ville qu’il
a si admirablement conquise par ses grâces et son éloquence.
Pour'cette image, notre impartialité si connue nous force à dire
qu’elle mérite bien six bons mois de prison (i).
Quant à Gargantua , notre expérience doit baisser pavillon devant
le parquet le plus ingénieux qui fut jamais à découvrir la culpabilité
politique. Nous avons tourné et retourné Gargantua dans tous les sens,
et nous sommes contraint de dire que, du juge qui a ordonné la
saisie, ou de nous qui n’en comprenons pas le motif, l’un des deux est
un
(La cruelle alternative dans laquelle je me trouve entre la vérité et
un nouveau procès me fera pardonner cette lacune. )
M. Gargantua est un énorme gaillard qui avale et digère fort bien
un budget au naturel, et qui le rend immédiatement en sécrétions
de fort bonne odeur à la cour, en croix, rubans, brevets, etc., etc.
Le pouvoir que le dessinateur a voulu personnifier n’a pas même cette
ressemblance que, selon les Anglais, selon moi, ou plutôt selon le bon
sens, nous avons le droit de prendre pour pareille personnification.
J’âvais donc bien raison de crier aux jurés : Ils finiront par vous
faire voir cette ressemblance là où elle ne sera pas ! Car Gargantua
ne ressemble pas à Louis-Philippe : il a bien la tête étroite du haut et
large du bas, il a bien le nez bourbonien, il a bien de gros favoris;
mais loin de présenter cet air de franchise, de libéralité et de noblesse
qui distingue si éminemment Louis-Philippe de tous les autres rois
vivans, qui, entre nous, ne brillent pas par ces qualités-là, M. Gar
gantua a une face repoussante et un air de voracité qui fait tressaillir
les écus dans la poche.
Déjà nos abonnés connaissent l’analyse du dessin , ils ne font qu'un
saut, bien que la faiblesse d’exécution de cette planche, ainsi que de
(i) L'auteur de cet article ayant un petit compte à vider avec le geôlier de Sainte-Péla
gie, nous le soupçonnons de vouloir ici influencer les jurés, afin d’obtenir d’eux un gai
compagnon d’infortune.
{Note du Gérant.)
sore
Tout ce qui concerne la rédaction doit être adressé, franco,
à M. A. Audibert, Rédacteur en chef de la Caricature,
rue Bergère, n. i g.
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VEB
DOUAT,
fk; 147
e- yha
— 2 9 DÉCEMBRE 1 8
se
Les réclamations et envois d’argent doivent être adressés,
franco, au grand Magasin de Caricatures d'AUBEAT,
galerie Véro-Dodat.
mo
EinE
MORALE, RELIGIEUSE, LITTERAIRE ET SCENIQUE.
166, 17 e ET 18 e SAISIES
PRATIQUÉES CHEZ M. AUBERT.
L’ARC-EN-CIEL , — GARGANTUA, — LES DEUX NE FONT QU’UN SAUT.
M. Cavaignac l’a dit et tout le monde l’a répété : il est des mots
qui hurlent de se trouver ensemble.
Que peut avoir de commun l’Arc-en-Ciel avec le joyeux fils de Gar-
gamelle? — Ce qu’ils ont de commun? Le greffe. — Quoi ! l’Arc-en-
Ciel est mis sous les scellés? — Pourquoi pas, si l’Arc-en-Ciel s’est
laissé prendre? Tout ce qui est bon à prendre est bon à juger.
Cette variante est de M. Persil, qui pense, du reste, que tout est bon à
prendre, excepté cependant les assommeurs, les racoleurs d’assassins,
les fournisseurs voleurs; excepté les agens de police qui vont chez un
citoyen le menacer de le tuer ; excepté tous ceux enfin dont l'innocence
crève les yeux de la justice; tout est bon à prendre, journaux patriotes,
journaux carlistes, brochures, caricatures, portraits; tout est bon à
juger et à rejuger. Questions de liberté individuelle, de liberté théâ
trale, questions du cumul des peines, questions de cautionnement;
tout, excepté peut-être le procès d’un maréchal de France, et la mort
singulière d’un prince qui se pend à un fil et à hauteur d’appui ; tout
est bon à garder, Thouret, notre pauvre ami, que la restauration eût
mis en liberté, Thouret à Sainte-Pélagie; M. Lennox dans le panier
à salade; Venard Valentin aux galères, tout, jusqu’à mes poires royales,
que mon procès devait rendre sacrées et qui vont moisir au greffe.
Tout est bon à prendre.
C’est pourquoi l’Arc-en-Ciel a été pris. Il a été saisi dans le passage
Véro-Dodat, en compagnie de M. Gargantua de franche lippée, autre
criminel sur lequel la police avait les yeux depuis sa naissance. Car, il
faut bien qu’on le sache, tous nos enfans, à nous repris de justice, sont
placés sous la surveillance de la basse police.
Les abonnés de la Caricature voudront naturellement savoir pourquoi
l’Arc-en-Ciel a été saisi. Et me voici dans la position critique d’Arle
quin forcé d’avouer qu’une tête se trouvait dans le chapeau qu’il a
jeté par la fenêtre. L’arc-en-Ciel était peut-être innocent, mais il de
venait justiciable de la Cour d’assises par les accessoires ; il servait de
monture à un jeune et beau prince que le caricaturiste avait perfide
ment représenté en niais, en Jobard (si j’ose m’exprimer ainsi), au
quel il avait donné une physionomie de mouton, et qu'il vous faisait
voir présentant d’un air gauche et embarrassé un discours soi-disant
improvisé. Ce prince chéri faisait ainsi son entrée dans une ville qu’il
a si admirablement conquise par ses grâces et son éloquence.
Pour'cette image, notre impartialité si connue nous force à dire
qu’elle mérite bien six bons mois de prison (i).
Quant à Gargantua , notre expérience doit baisser pavillon devant
le parquet le plus ingénieux qui fut jamais à découvrir la culpabilité
politique. Nous avons tourné et retourné Gargantua dans tous les sens,
et nous sommes contraint de dire que, du juge qui a ordonné la
saisie, ou de nous qui n’en comprenons pas le motif, l’un des deux est
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(La cruelle alternative dans laquelle je me trouve entre la vérité et
un nouveau procès me fera pardonner cette lacune. )
M. Gargantua est un énorme gaillard qui avale et digère fort bien
un budget au naturel, et qui le rend immédiatement en sécrétions
de fort bonne odeur à la cour, en croix, rubans, brevets, etc., etc.
Le pouvoir que le dessinateur a voulu personnifier n’a pas même cette
ressemblance que, selon les Anglais, selon moi, ou plutôt selon le bon
sens, nous avons le droit de prendre pour pareille personnification.
J’âvais donc bien raison de crier aux jurés : Ils finiront par vous
faire voir cette ressemblance là où elle ne sera pas ! Car Gargantua
ne ressemble pas à Louis-Philippe : il a bien la tête étroite du haut et
large du bas, il a bien le nez bourbonien, il a bien de gros favoris;
mais loin de présenter cet air de franchise, de libéralité et de noblesse
qui distingue si éminemment Louis-Philippe de tous les autres rois
vivans, qui, entre nous, ne brillent pas par ces qualités-là, M. Gar
gantua a une face repoussante et un air de voracité qui fait tressaillir
les écus dans la poche.
Déjà nos abonnés connaissent l’analyse du dessin , ils ne font qu'un
saut, bien que la faiblesse d’exécution de cette planche, ainsi que de
(i) L'auteur de cet article ayant un petit compte à vider avec le geôlier de Sainte-Péla
gie, nous le soupçonnons de vouloir ici influencer les jurés, afin d’obtenir d’eux un gai
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