Titre : La Caricature morale, politique et littéraire / A. Audibert, rédacteur en chef ; [directeur : Ch. Philipon]
Éditeur : Aubert (Paris)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1833-07-04
Contributeur : Philipon, Charles (1800-1862). Directeur de publication
Contributeur : Audibert, Auguste (18..?-1832). Rédacteur
Contributeur : Desnoyers, Louis (1802-1868). Rédacteur
Contributeur : Gonzalès, Emmanuel (1815-1887). Directeur de publication
Contributeur : Huart, Louis (1813-1865). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344523348
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4371 Nombre total de vues : 4371
Description : 04 juillet 1833 04 juillet 1833
Description : 1833/07/04 (T6,N139). 1833/07/04 (T6,N139).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k1048664r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Réserve des livres rares, RES FOL-LC2-2828, Z-1643-1646
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/09/2013
1107
LA CARICATURE.
1108
êtes père, Sire, vous êtes frère, vous êtes mari, vous êtes fils, vous
êtes cousin, vous êtes oncle, vous êtes vieillard; ce ne sera pas en
vain que nous nous adresserons à votre loyauté. Ce n’est point là le
sort que nous avait fait espérer le trône citoyen, autour duquel les
lapins s’étaient ralliés ; d’ailleurs, vous n’avez point à vous plaindre
d'eux : ils n’ont point commis d'attentat horrible, quoiqu’il y en ait
plus d’un parmi eux qui sache tirer très-proprement le pistolet. Crai
gnez donc de les pousser à la révolte. Qui sait si, n’écoutant plus que
son désespoir, le peuple lapin n’irait point, un beau clair de lune ,
ravager vos jardins de Saint-Cloud, de Neuilly, de Mousseaux ; et si
même il ne pousserait pas l’espritde vengeance jusqu’à massacrer dans
votre jardinet des Tuileries , les choux , les laitues, les oignons, les
ciboules, les artichaux, les concombres et autres augustes légumes
dont vous vous êtes entouré en même temps que de l’amour du peuple,
et avec lesquels nous sommes ,
Sire , vos sujets fidèles , jusqu’à nouvel ordre,
Les lapins de la banlieue.
P. S. Les lapins vous prient de dire mille choses agréables, si cela
vous est possible, à madame votre épouse, à mademoiselle votre
sœur, ainsi qu’à vos charmans enfans.
DERV.
Jlanches.
— N°s 289 ET 290. —
La poire et ses pépins. Cette caricature est assez claire pour qu’il
soit inutile de l'expliquer.
1834. L’ordre le plus parfait continue de régner dans Paris,
l'hydre de l’anarchie est tous les jours écrasée pour jamais, les forts
détachés dominent la ville , les sergens de ville forment un beau ré
giment de garde-du-corps, et le trône destitutionncl est entouré
d'amour et de respect. >
OU L’ON VERRA
QUE
NOTRE DIPLOMATIE SAIT MAINTENIR AVEC ÉGARD ET DÉLICATESSE
LE BANC QUI LUI APPARTIENT EN EUROPE.
Ferdinand d’Espagne, le roi besacier, le facétieux monarque , qui,
pour passe-temps, fait pendre à la fois quarante proscrits, parce que
ce délassement coûte moins cher qu’un gala de cour ou qu’un combat
de taureaux ; Ferdinand vient d’inventer un nouveau divertisse
ment, à l’usage de sa bonne ville de Madrid.
Il s’agissait de réclamer le serment des cortès pour sa petite fille de
huit mois, dont il veut faire une reine, en dépit des lois du royaume.
Cette prétention n’ayant rien que de fort ordinaire, par la constitu
tionnalité qui court, nous n’en parlerions pas, si elle n’avait fourni
l’occasion de prouver, à la face du monde, l’estime toute particulière
que l’Espagne fait du Neuf-Août.
Ferdinand a décidé d’abord que le serment solennel serait prêté en
tre le credo et le sanctus dans je ne sais plus quelle église, où se ren
draient avec pompe leurs majestés, accompagnées de leurs femmes de
chambre et officiers de bouche, et précédées de la reine au maillot
portée par sa nourrice.
Ensuite de quoi Ferdinand s’est occupé d'assigner les places qu’oc
cuperaient, dans l’enceinte de l’église, tous les acteurs et spectateurs
de la cérémonie. Ce n’est pas petite affaire en Espagne, où tout le
monde est noble plus ou moins, que d'appliquer à cette disposition de
fauteuils et de stalles les lois de préséances, code mille fois plus com
pliqué que nos Codes de procédure civile ou d’instruction criminelle
qui peuvent passer pourtant pour des modèles en ce genre.
Or, dans la grande distribution des bancs et des tabourets, Ferdinand
ne pouvait oublier notre ambassadeur. Dès qu’il s’agit d’une parade
on pense naturellement aux hommes du Neuf-Août, et l’on s’estime
trop heureux lorsqu’ils veulent bien y accepter un rôle.
Pour prouver, dans cette circonstance, à notre ambassadeur tout
le cas qu’il fait de lui, Ferdinand n’a pas hésité à lui concéder un
banc décoré. Cet article a passé sans la plus légère opposition. Mais où
placera-t-on ce banc décoré? Là naissait une grave difficulté. On
avait à ménager à la fois la dignité du cabinet français et la suscepti
bilité des autres puissances ; il fallait enfin concilier la préférence
que l’Espagne accorde au Neuf-Août, en matière de parades, avec les
égards qu’elle doit à ses voisins. Aussi la motion de placer notre ambas
sadeur du côté de l'épitre, au milieu de ses collègues étrangers, avait-
elle souri dès l’abord au roi Ferdinand ; mais son auguste amitié pour
le Neuf-Août l’a bientôt emporté sur toutes ces considérations, et l’am
bassadeur a été définitivement installé du côté de l'évangile, à la
place d’honneur, entre le nonce du pape et l’archevêque de Séville.
Le représentant du Neuf-Août s'est montré, comme on pense, fort
reconnaissant de cet honneur.Mais comme lesdiplomatesont l’habitude
de tout prévoir, celui-ci a prévu de suite que cette glorieuse distinc
tion allait le mettre dans un cruel embarras. Depuis que Ferdinand
est mal dans ses finances, sa garde-robe est loin d’être richement gar
nie; scs habits royaux sont râpés en diable et montrent terriblement la
corde. De son côté, l’ambassadeur français, qui se flatte d’être le repré
sentant fidèle du Neuf-Août, n’est pas magnifique, tant s’en faut; mais
enfin il pourrait passer pour un dandy à côté du grelu monarque.
Or, on conçoit combien il serait fâcheux qu’un ambassadeur parût,
dans une cérémonie d’apparat, mieux vêtu que le roi, héros de la fête,
et que l’attention délicate de Ferdinand de placer le diplomate des
Tuileries en évidence à ses côtés, dût tourner à sa propre confusion.
C’est pourtant ce qui serait infailliblement arrivé, l’ambassadeur
n’ayant jamais pu rassembler une collection de hardes au niveau du
costume royal.
Dans cette perplexité, il en a référé à son gouvernement, quia pris
ses scrupules en mûre considération, et s’est occupé des moyens de
sortir d’embarras. A cet effet, il n’a trouvé rien de mieux que d’expé
dier à l’unanimité à son ambassadeur, par courrier extraordinaire, la
redingote de M. André du Haut-Rhin, avec les fausses bottes et le
chapeau gris du père Lapoire....
De cette manière, notre ambassadeur n’a pas manqué de paraître,
sur son banc décoré, plus pouilleux et plus râpé encore que le roi d Es
pagne , et M. de Broglie pourra venir proclamer à la tribune que,
sans se montrer offensive pour les autres puissances, notre diplomatie
sait maintenir cependant le banc qui lui appartient en Europe.
Altar.
LA CARICATURE.
1108
êtes père, Sire, vous êtes frère, vous êtes mari, vous êtes fils, vous
êtes cousin, vous êtes oncle, vous êtes vieillard; ce ne sera pas en
vain que nous nous adresserons à votre loyauté. Ce n’est point là le
sort que nous avait fait espérer le trône citoyen, autour duquel les
lapins s’étaient ralliés ; d’ailleurs, vous n’avez point à vous plaindre
d'eux : ils n’ont point commis d'attentat horrible, quoiqu’il y en ait
plus d’un parmi eux qui sache tirer très-proprement le pistolet. Crai
gnez donc de les pousser à la révolte. Qui sait si, n’écoutant plus que
son désespoir, le peuple lapin n’irait point, un beau clair de lune ,
ravager vos jardins de Saint-Cloud, de Neuilly, de Mousseaux ; et si
même il ne pousserait pas l’espritde vengeance jusqu’à massacrer dans
votre jardinet des Tuileries , les choux , les laitues, les oignons, les
ciboules, les artichaux, les concombres et autres augustes légumes
dont vous vous êtes entouré en même temps que de l’amour du peuple,
et avec lesquels nous sommes ,
Sire , vos sujets fidèles , jusqu’à nouvel ordre,
Les lapins de la banlieue.
P. S. Les lapins vous prient de dire mille choses agréables, si cela
vous est possible, à madame votre épouse, à mademoiselle votre
sœur, ainsi qu’à vos charmans enfans.
DERV.
Jlanches.
— N°s 289 ET 290. —
La poire et ses pépins. Cette caricature est assez claire pour qu’il
soit inutile de l'expliquer.
1834. L’ordre le plus parfait continue de régner dans Paris,
l'hydre de l’anarchie est tous les jours écrasée pour jamais, les forts
détachés dominent la ville , les sergens de ville forment un beau ré
giment de garde-du-corps, et le trône destitutionncl est entouré
d'amour et de respect. >
OU L’ON VERRA
QUE
NOTRE DIPLOMATIE SAIT MAINTENIR AVEC ÉGARD ET DÉLICATESSE
LE BANC QUI LUI APPARTIENT EN EUROPE.
Ferdinand d’Espagne, le roi besacier, le facétieux monarque , qui,
pour passe-temps, fait pendre à la fois quarante proscrits, parce que
ce délassement coûte moins cher qu’un gala de cour ou qu’un combat
de taureaux ; Ferdinand vient d’inventer un nouveau divertisse
ment, à l’usage de sa bonne ville de Madrid.
Il s’agissait de réclamer le serment des cortès pour sa petite fille de
huit mois, dont il veut faire une reine, en dépit des lois du royaume.
Cette prétention n’ayant rien que de fort ordinaire, par la constitu
tionnalité qui court, nous n’en parlerions pas, si elle n’avait fourni
l’occasion de prouver, à la face du monde, l’estime toute particulière
que l’Espagne fait du Neuf-Août.
Ferdinand a décidé d’abord que le serment solennel serait prêté en
tre le credo et le sanctus dans je ne sais plus quelle église, où se ren
draient avec pompe leurs majestés, accompagnées de leurs femmes de
chambre et officiers de bouche, et précédées de la reine au maillot
portée par sa nourrice.
Ensuite de quoi Ferdinand s’est occupé d'assigner les places qu’oc
cuperaient, dans l’enceinte de l’église, tous les acteurs et spectateurs
de la cérémonie. Ce n’est pas petite affaire en Espagne, où tout le
monde est noble plus ou moins, que d'appliquer à cette disposition de
fauteuils et de stalles les lois de préséances, code mille fois plus com
pliqué que nos Codes de procédure civile ou d’instruction criminelle
qui peuvent passer pourtant pour des modèles en ce genre.
Or, dans la grande distribution des bancs et des tabourets, Ferdinand
ne pouvait oublier notre ambassadeur. Dès qu’il s’agit d’une parade
on pense naturellement aux hommes du Neuf-Août, et l’on s’estime
trop heureux lorsqu’ils veulent bien y accepter un rôle.
Pour prouver, dans cette circonstance, à notre ambassadeur tout
le cas qu’il fait de lui, Ferdinand n’a pas hésité à lui concéder un
banc décoré. Cet article a passé sans la plus légère opposition. Mais où
placera-t-on ce banc décoré? Là naissait une grave difficulté. On
avait à ménager à la fois la dignité du cabinet français et la suscepti
bilité des autres puissances ; il fallait enfin concilier la préférence
que l’Espagne accorde au Neuf-Août, en matière de parades, avec les
égards qu’elle doit à ses voisins. Aussi la motion de placer notre ambas
sadeur du côté de l'épitre, au milieu de ses collègues étrangers, avait-
elle souri dès l’abord au roi Ferdinand ; mais son auguste amitié pour
le Neuf-Août l’a bientôt emporté sur toutes ces considérations, et l’am
bassadeur a été définitivement installé du côté de l'évangile, à la
place d’honneur, entre le nonce du pape et l’archevêque de Séville.
Le représentant du Neuf-Août s'est montré, comme on pense, fort
reconnaissant de cet honneur.Mais comme lesdiplomatesont l’habitude
de tout prévoir, celui-ci a prévu de suite que cette glorieuse distinc
tion allait le mettre dans un cruel embarras. Depuis que Ferdinand
est mal dans ses finances, sa garde-robe est loin d’être richement gar
nie; scs habits royaux sont râpés en diable et montrent terriblement la
corde. De son côté, l’ambassadeur français, qui se flatte d’être le repré
sentant fidèle du Neuf-Août, n’est pas magnifique, tant s’en faut; mais
enfin il pourrait passer pour un dandy à côté du grelu monarque.
Or, on conçoit combien il serait fâcheux qu’un ambassadeur parût,
dans une cérémonie d’apparat, mieux vêtu que le roi, héros de la fête,
et que l’attention délicate de Ferdinand de placer le diplomate des
Tuileries en évidence à ses côtés, dût tourner à sa propre confusion.
C’est pourtant ce qui serait infailliblement arrivé, l’ambassadeur
n’ayant jamais pu rassembler une collection de hardes au niveau du
costume royal.
Dans cette perplexité, il en a référé à son gouvernement, quia pris
ses scrupules en mûre considération, et s’est occupé des moyens de
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dier à l’unanimité à son ambassadeur, par courrier extraordinaire, la
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De cette manière, notre ambassadeur n’a pas manqué de paraître,
sur son banc décoré, plus pouilleux et plus râpé encore que le roi d Es
pagne , et M. de Broglie pourra venir proclamer à la tribune que,
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