Titre : L'Assiette au beurre
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1905-12-09
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327033728
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 10447 Nombre total de vues : 10447
Description : 09 décembre 1905 09 décembre 1905
Description : 1905/12/09 (N245SUPPL). 1905/12/09 (N245SUPPL).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k10482525
Source : Bibliothèque nationale de France, département Réserve des livres rares, RES G-Z-337
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 30/12/2013
1
Police Républicaine
wAARAP
Dans le supplément de notre numéro du
25 novembre dernier, Carlos à Paris, nous
protestions contre les procédés de M. Lépine
qui, ne pouvant légalement supprimer la
liberté de la Presse, se permettait-d’interdire
la vente, dans SES kiosques, des journaux
qu’il jugeait subversifs.
La réponse de M. Lépine ne s’est pas fait
attendre : le numéro même qui contenait nos
doléances et notre protestation a été interdit
dans les kiosques. Sous quel prétexte? Les
marchandes que nous avons interrogées
supposent — car on ne s’est pas donné la
peine de leur fournir des explications — que
M. Lépine n’a pas trouvé assez « joli » ni
suffisamment flatteur pour notre hôte, le
portrait-charge de Carlos I er qui figurait sur
la première page de Y Assiette au Beurre.
Nous en sommes donc tombés à ce degré
d’abjection, de bassesse et de servitude que
la caricature la plus inoffensive est proscrite
par la toute-puissante Police dont l’Arbitraire
se moque des Lois et supprime toutes nos
libertés !
*
* *
Nous ne nous faisons aucune illusion et
nous sommes bien persuadés que, cette fois
encore, nos plaintes resteront vaines. Il faut
reconnaître, d’ailleurs, que M. Lépine aurait
bien tort de se gêner avec la Presse, puisque
ce sont les journaux eux-mêmes qui, par le
silence ou par de basses flagorneries, lui
donnent tous les jours de précieux encoura
gements.
... Dans le procès Malato, deux mouchards
furent pris, devant la cour d’assises, en
flagrant délit de faux témoignage. Ce crime
policier était indéniable, avéré, public : il
s’est pourtant trouvé, dans la presse française,
un journal qui, ne voulant pas déplaire à
M. Lépine et à ses sous-ordres, a tout sim
plement « oublié » de raconter l’ « incident »
que M. Bulot, lui-même, qualifiait de re
grettable! Ce journal s’appelle Le Journal,
et c’est un organe républicain'.
*
* *
... Dans le même procès Malato, deux
accusés, Vallina et Harwey, étaient sujets
étrangers. Comme le jury avait eu la faiblesse
de les acquitter, bien qu’ils ne fussent pas
coupables, le Gouvernement, grand maître
de la Police, s’est empressé de les expulser.
« Ah ! ah ! vous vous permettez d’être inno-
« cents, quand nous vous avons tenus en
« prison pendant des mois sous la prévention
« d’assassinat!... C’est fort bien : puisque
« vous n’avez rien fait, et que nous ne pouvons
« pas définitivement vous f... dedans, nous
« allons vous mettre dehors ! »
Les journaux dits bien pensants ont-ils pro
testé contre ces expulsions parfaitement injus
tifiées et parfaitement'infâmes? Ils s’en sont
bien gardés. Les journaux bien pensants font
de la réclame pour les pommades capillaires,
les apéritifs, les faiseuses d’anges, la guérison
des œils de perdrix et les émissions des pieds
humides : ça leur suffit. Du moment qu’on
leur laisse la liberté de l’escroquerie, de
l’empoisonnement et du chantage, pourquoi
iraient-ils s occuper de la liberté de la pensée,
de la parole ou de la plume?
*
* *
L’Empire, nous a-t-on dit et répété sur
tous les tons, était le régime de l’Arbitraire;
la République est le régime de la Liberté.
Or, il est facile de constater que les procédés
du gouvernement républicain sont identiques
aux procédés du gouvernement impérial.
En voulez-vous une preuve nouvelle?
Un ancien procureur impérial — qui doit,
par conséquent, avoir conservé les bonnes
traditions — s’est avisé, un beau jour, que cer
taines feuilles sans vergogne osaient exhiber,
aux yeux du public, des petites femmes in
suffisamment habillées. Comme cet ancien
procureur impérial est aujourd’hui sénateur
républicain — et inamovible — il a commencé
par faire voter une loi proclamant que de
telles publications constituaient un outrage
aux bonnes mœurs. Naturellement, il ne s’est
pas occupé un seul instant de savoir ce que
c’était que les bonnes mœurs, et comment on
pouvait les outrager : un bon impérialiste ne
s’occupe pas de ces menus détails ; il ne
s’occupe que d’emplir les prisons, lesquelles
ne sont pas faites pour les chiens. Puis,
M. Bérenger — car c’est lui, le procureur
impérial en question — s’est dit que l’outrage
aux bonnes mœurs, délit indéfini, ne pouvait
pas, ne devait pas être un délit de presse, et
il a fait de nouvelles lois pour que les « por-
nographes » fussent considérés et traités
comme des délinquants de droit commun et
Vient de paraître
à la Librairie des
PUBLICATIONS MODERNES
62, Rue de Provence. — PARIS
II JEUNE ■
ID TJ
HHWSfi
Grand roman parisien
PAR
PAUL PERRIN & ROBERT FRANCHEVILLE
#e * * * *
Couverture en couleurs et 150 dessins et gravures hors texte de PETILLA.
Le livre le plus amusant, le plus gaulois, le plus follement gai quon ait
écrit depuis dix ans.
Un magnifique volume de grand luxe 3 fr. 50
EN VENTE CHEZ TOUS LES LIBRAIRES
frappés de peines afflictives et infama
Enfin, les innombrables condamnations pro-
noncées, en vertu de ces lois, ayant bien et
dûment prouvé que la morale était encore
insuffisamm ent protégée, M. Bérenger, anci ■
collègue de ces magistrats qui poursuivi t
Madame Bovary, n’a pas pensé un seul in
tant que, si la morale était outragée avec
de persistance, c’était peut-être parce qu ■ ■
avait oublié d’en fixer les règles et d’en établir
la définition. Mais, en bon procureur impé-
rial, il s’est tenu ce petit raisonnement ;
« Puisque la Loi est insuffisante, recourons à
l’Arbitraire.» Et il a interdit de mettre en
vente, dans les gares, certains journaux
lui déplaisaient...
*
* *
... Tout comme Lépine interdit de mettr
vente Y Assiette au Beurre, dans leskiosq:
*
* *
Or, nous crions et nous ne cesseron
crier que, pas plus Lépine que Bérenger,
plus Bérenger que Lépine, n’ont le droit de
supprimer des journaux.
Et, pour en revenir à notre cas personr
si nous avons outragé le Tsar ou Carlos Ier,
qu’on nous poursuive en cour d’assises : c’es
la Loi. Toute autre procédure est arbitra à
illégale, intolérable.
Police Républicaine
wAARAP
Dans le supplément de notre numéro du
25 novembre dernier, Carlos à Paris, nous
protestions contre les procédés de M. Lépine
qui, ne pouvant légalement supprimer la
liberté de la Presse, se permettait-d’interdire
la vente, dans SES kiosques, des journaux
qu’il jugeait subversifs.
La réponse de M. Lépine ne s’est pas fait
attendre : le numéro même qui contenait nos
doléances et notre protestation a été interdit
dans les kiosques. Sous quel prétexte? Les
marchandes que nous avons interrogées
supposent — car on ne s’est pas donné la
peine de leur fournir des explications — que
M. Lépine n’a pas trouvé assez « joli » ni
suffisamment flatteur pour notre hôte, le
portrait-charge de Carlos I er qui figurait sur
la première page de Y Assiette au Beurre.
Nous en sommes donc tombés à ce degré
d’abjection, de bassesse et de servitude que
la caricature la plus inoffensive est proscrite
par la toute-puissante Police dont l’Arbitraire
se moque des Lois et supprime toutes nos
libertés !
*
* *
Nous ne nous faisons aucune illusion et
nous sommes bien persuadés que, cette fois
encore, nos plaintes resteront vaines. Il faut
reconnaître, d’ailleurs, que M. Lépine aurait
bien tort de se gêner avec la Presse, puisque
ce sont les journaux eux-mêmes qui, par le
silence ou par de basses flagorneries, lui
donnent tous les jours de précieux encoura
gements.
... Dans le procès Malato, deux mouchards
furent pris, devant la cour d’assises, en
flagrant délit de faux témoignage. Ce crime
policier était indéniable, avéré, public : il
s’est pourtant trouvé, dans la presse française,
un journal qui, ne voulant pas déplaire à
M. Lépine et à ses sous-ordres, a tout sim
plement « oublié » de raconter l’ « incident »
que M. Bulot, lui-même, qualifiait de re
grettable! Ce journal s’appelle Le Journal,
et c’est un organe républicain'.
*
* *
... Dans le même procès Malato, deux
accusés, Vallina et Harwey, étaient sujets
étrangers. Comme le jury avait eu la faiblesse
de les acquitter, bien qu’ils ne fussent pas
coupables, le Gouvernement, grand maître
de la Police, s’est empressé de les expulser.
« Ah ! ah ! vous vous permettez d’être inno-
« cents, quand nous vous avons tenus en
« prison pendant des mois sous la prévention
« d’assassinat!... C’est fort bien : puisque
« vous n’avez rien fait, et que nous ne pouvons
« pas définitivement vous f... dedans, nous
« allons vous mettre dehors ! »
Les journaux dits bien pensants ont-ils pro
testé contre ces expulsions parfaitement injus
tifiées et parfaitement'infâmes? Ils s’en sont
bien gardés. Les journaux bien pensants font
de la réclame pour les pommades capillaires,
les apéritifs, les faiseuses d’anges, la guérison
des œils de perdrix et les émissions des pieds
humides : ça leur suffit. Du moment qu’on
leur laisse la liberté de l’escroquerie, de
l’empoisonnement et du chantage, pourquoi
iraient-ils s occuper de la liberté de la pensée,
de la parole ou de la plume?
*
* *
L’Empire, nous a-t-on dit et répété sur
tous les tons, était le régime de l’Arbitraire;
la République est le régime de la Liberté.
Or, il est facile de constater que les procédés
du gouvernement républicain sont identiques
aux procédés du gouvernement impérial.
En voulez-vous une preuve nouvelle?
Un ancien procureur impérial — qui doit,
par conséquent, avoir conservé les bonnes
traditions — s’est avisé, un beau jour, que cer
taines feuilles sans vergogne osaient exhiber,
aux yeux du public, des petites femmes in
suffisamment habillées. Comme cet ancien
procureur impérial est aujourd’hui sénateur
républicain — et inamovible — il a commencé
par faire voter une loi proclamant que de
telles publications constituaient un outrage
aux bonnes mœurs. Naturellement, il ne s’est
pas occupé un seul instant de savoir ce que
c’était que les bonnes mœurs, et comment on
pouvait les outrager : un bon impérialiste ne
s’occupe pas de ces menus détails ; il ne
s’occupe que d’emplir les prisons, lesquelles
ne sont pas faites pour les chiens. Puis,
M. Bérenger — car c’est lui, le procureur
impérial en question — s’est dit que l’outrage
aux bonnes mœurs, délit indéfini, ne pouvait
pas, ne devait pas être un délit de presse, et
il a fait de nouvelles lois pour que les « por-
nographes » fussent considérés et traités
comme des délinquants de droit commun et
Vient de paraître
à la Librairie des
PUBLICATIONS MODERNES
62, Rue de Provence. — PARIS
II JEUNE ■
ID TJ
HHWSfi
Grand roman parisien
PAR
PAUL PERRIN & ROBERT FRANCHEVILLE
#e * * * *
Couverture en couleurs et 150 dessins et gravures hors texte de PETILLA.
Le livre le plus amusant, le plus gaulois, le plus follement gai quon ait
écrit depuis dix ans.
Un magnifique volume de grand luxe 3 fr. 50
EN VENTE CHEZ TOUS LES LIBRAIRES
frappés de peines afflictives et infama
Enfin, les innombrables condamnations pro-
noncées, en vertu de ces lois, ayant bien et
dûment prouvé que la morale était encore
insuffisamm ent protégée, M. Bérenger, anci ■
collègue de ces magistrats qui poursuivi t
Madame Bovary, n’a pas pensé un seul in
tant que, si la morale était outragée avec
de persistance, c’était peut-être parce qu ■ ■
avait oublié d’en fixer les règles et d’en établir
la définition. Mais, en bon procureur impé-
rial, il s’est tenu ce petit raisonnement ;
« Puisque la Loi est insuffisante, recourons à
l’Arbitraire.» Et il a interdit de mettre en
vente, dans les gares, certains journaux
lui déplaisaient...
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* *
... Tout comme Lépine interdit de mettr
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Or, nous crions et nous ne cesseron
crier que, pas plus Lépine que Bérenger,
plus Bérenger que Lépine, n’ont le droit de
supprimer des journaux.
Et, pour en revenir à notre cas personr
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