164 MONUMENS
» fa vie ; une grande couronne facrifiée deux fois au repos de la Polo-
» gne & de l’Europe ; des adverfités foutenues avec le calme philofo-
» phique de la profpérité ; un dernier trône accepté pour y faire monter
» toutes les vertus, la religion à leur tete ; des bienfaits fans nombre de
» tout genre, font autant de titres respectables, à chacun defquels l'an-
» tiquité païenne eût dreffé des autels; & que néanmoins il réjettapour
» lui-même un monument qui aùroit fait leurs délices, comme celui-ci
» fait aujourd’hui les nôtres, & le fujet de l'allégreffe publique. Mais,
» qu'il me foit permis de le dire, votre modestie , SIRE , vous abufe.
» L'hiftoire ne dépofera pas moins que, s’il fut à Sparte un Agéfilas qui
» fe défendit de cet honneur féduifant, fur le principe qu’en vain on le
» confacreroit dans la mémoire des hommes, fifes actions n enétoientpas
» dignes: il futauffi dansl'heureufe Auftrafieun généreux STANISLAS,
» qui, fans devoir être agité du même doute, refufa les ftatues que fes
» fujets lui vouloient ériger, quoiqu’il n’en méritât pas moins que les
» Titus & les Trajans.
» Les éminentes qualités de ces Rois & de ces Empereurs magnani-
» mes, rapprochées des vôtres, offrent, en effet, le parallèle le plus jufte
3 des fouverains, amis de l’humanité, & fenfibles feulement au bonheur
)) du monde. Vivez , SIRE, vivez, longtemps pour le nôtre. Ce font les
» vœux ardens que forme la ville de Nancy, en mettant fes très-hum-
» blés & très-refpectueux hommages aux pieds de V. M.
Le régiment du Roi , pofté fur la Place Royale , formoit un bataillon
quarré autour de la ftatue. Un détachement des Gardes Lorraines, commandé
par M. le chevalier de Beauveau, étoit en face de l'hôtel-de- ville, & en gar-
doit l'extérieur. La garde de la perfonne du Roi étoit confiée à un détache
ment de les Gardes-du-Corps, commandé par M. le Prince de Chimay ; cin
quante étoient rangés des deux côtés du grand efcalier de l'hôtel-de- ville.
Un héraut d’armes fuperbement vêtu, monté fur un cheval richement capa
raçonné , précédé des tymbaliers & trompettes, fortit de deffous l'arc-de-triom-
phe ; en s’avançant par fa droite, il fit le tour de la Place ; & , s’arrêtant devant
chaque pavillon, fit à haute voix cette proclamation : Mejfeurs, c’efi aujour
d'hui que le Roi fait la dédicace du monument que S. M, a fait ériger, comme un
gage de fon amour pour le Roi fon gendre. Five le Roi, Five le Roi, Five
le Roi.
La plus grande partie de la Noblese Lorraine, qui occupoit les fenêtres
de la Place Royale, ainfi qu’une foule d’étrangers & de peuple, rangés fur
les galleries & les amphithéâtres construits au-deffus des bâtimens , répétè
rent plufieurs fois la même acclamations. Alors les fieurs Guibal & Chifflec
ayant fait tomber le voile qui couvroit la ftatue de LoUrs XV , de nouvelles
acclamations
» fa vie ; une grande couronne facrifiée deux fois au repos de la Polo-
» gne & de l’Europe ; des adverfités foutenues avec le calme philofo-
» phique de la profpérité ; un dernier trône accepté pour y faire monter
» toutes les vertus, la religion à leur tete ; des bienfaits fans nombre de
» tout genre, font autant de titres respectables, à chacun defquels l'an-
» tiquité païenne eût dreffé des autels; & que néanmoins il réjettapour
» lui-même un monument qui aùroit fait leurs délices, comme celui-ci
» fait aujourd’hui les nôtres, & le fujet de l'allégreffe publique. Mais,
» qu'il me foit permis de le dire, votre modestie , SIRE , vous abufe.
» L'hiftoire ne dépofera pas moins que, s’il fut à Sparte un Agéfilas qui
» fe défendit de cet honneur féduifant, fur le principe qu’en vain on le
» confacreroit dans la mémoire des hommes, fifes actions n enétoientpas
» dignes: il futauffi dansl'heureufe Auftrafieun généreux STANISLAS,
» qui, fans devoir être agité du même doute, refufa les ftatues que fes
» fujets lui vouloient ériger, quoiqu’il n’en méritât pas moins que les
» Titus & les Trajans.
» Les éminentes qualités de ces Rois & de ces Empereurs magnani-
» mes, rapprochées des vôtres, offrent, en effet, le parallèle le plus jufte
3 des fouverains, amis de l’humanité, & fenfibles feulement au bonheur
)) du monde. Vivez , SIRE, vivez, longtemps pour le nôtre. Ce font les
» vœux ardens que forme la ville de Nancy, en mettant fes très-hum-
» blés & très-refpectueux hommages aux pieds de V. M.
Le régiment du Roi , pofté fur la Place Royale , formoit un bataillon
quarré autour de la ftatue. Un détachement des Gardes Lorraines, commandé
par M. le chevalier de Beauveau, étoit en face de l'hôtel-de- ville, & en gar-
doit l'extérieur. La garde de la perfonne du Roi étoit confiée à un détache
ment de les Gardes-du-Corps, commandé par M. le Prince de Chimay ; cin
quante étoient rangés des deux côtés du grand efcalier de l'hôtel-de- ville.
Un héraut d’armes fuperbement vêtu, monté fur un cheval richement capa
raçonné , précédé des tymbaliers & trompettes, fortit de deffous l'arc-de-triom-
phe ; en s’avançant par fa droite, il fit le tour de la Place ; & , s’arrêtant devant
chaque pavillon, fit à haute voix cette proclamation : Mejfeurs, c’efi aujour
d'hui que le Roi fait la dédicace du monument que S. M, a fait ériger, comme un
gage de fon amour pour le Roi fon gendre. Five le Roi, Five le Roi, Five
le Roi.
La plus grande partie de la Noblese Lorraine, qui occupoit les fenêtres
de la Place Royale, ainfi qu’une foule d’étrangers & de peuple, rangés fur
les galleries & les amphithéâtres construits au-deffus des bâtimens , répétè
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ayant fait tomber le voile qui couvroit la ftatue de LoUrs XV , de nouvelles
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