Titre : Les Nouvelles littéraires, artistiques et scientifiques : hebdomadaire d'information, de critique et de bibliographie / direction : Jacques Guenne et Maurice Martin du Gard
Éditeur : Larousse (Paris)
Date d'édition : 1937-01-16
Contributeur : Guenne, Jacques (1896-1945). Directeur de publication
Contributeur : Martin Du Gard, Maurice (1896-1970). Directeur de publication
Contributeur : Gillon, André (1880-1969). Directeur de publication
Contributeur : Charles, Gilbert (18..-19.. ; poète). Directeur de publication
Contributeur : Lefèvre, Frédéric (1889-1949). Directeur de publication
Contributeur : Charensol, Georges (1899-1995). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328268096
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 16 janvier 1937 16 janvier 1937
Description : 1937/01/16 (N744). 1937/01/16 (N744).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t595059p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-Z-133
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/05/2021
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LES NOUVELLES LITTERAIRES
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11
LE .MONDE
LIV ' R ] S S
LE LIVRE
DE LA SEMAINE
VAGABONDS
Rien n’est plus facile que de résumer l’ac
tion des Vagabonds (i) de Knut Hamsun. Il
met en scène deux personnages, August et
Edevart, puis décrit leurs carrières paral
lèles, Tantôt unis et tantôt séparés, ils quit
tent le pays natal, y reviennent, en repar
tent, semblent s’y établir et finalement s’exi
lent. Sur ce thème poétique Hamsun a cons
truit un beau film, vivant et pittoresque,
où l’homme ne perd jamais son contact
avec la nature.
Quelle succession de magnifiques « exté
rieurs » nous offre ce roman avec ses ima
ges des ports norvégiens, ses tableaux de
foires campagnardes, ses scènes de pêche
aux Lofoten ! Le dévoué traducteur de Va-
ROMANS
U»
Knut Hamsun
gabonds, Jean Petithuguenin, a raison d’y
signaler « une transposition du Peer Gynt
d’Ibsen sur un plan littéraire différent »,
le plan du réalisme quotidien. A preuve
l’impression d’intimité qu’Hamsun nous
donne avec tous ses acteurs, et d’abord avec
les hkbitants du village qui fut le berceau
d’Edevart. A travers des tragédies comme
l’enlisement du patron Skaaro et des comé
dies telles que la mystification qui déter
mine l’assèchement du marais, nous goûtons
les joies mêlées du dépaysement et de la
familiarité.
■ Or, il n’est pas un de ces êtres qui
n’éprouve les deux désirs contradictoires de
mouvement et de stabilité. Joakim, le pe
tit gars laborieux et sédentaire, est bien en
peine d’expliquer pourquoi August le navi
gateur lui paraît « une sorte d’envoyé » »*
il n’en sent pas moins vivement qu’à cha
cun de ses retours August fut pour la com
mune un « initiateur » et qu’en douze arts
il a transformé leurs mœurs. Car le vaga
bond n’est pas seulement un égo’iste qui
choisit de mener une paresseuse et allé•
gre existence. A maintes reprises Edevart
souffre de traîner partout derrière lui
« ses racines rompues ». Et cette tristesse
est la rançon de son expérience.
Qu’il lui advienne de rencontrer la fem
me qui aurait pu le fixer et qui est maint:-
nant l’épouse d’un autre, son amour rendra
le drame du vagabond plus douloureux, plus
cruellement précis. C’est ce qui rend si
émouvante la grande passion d’Edevart
pour Lovise Magrete. Après leur brève
idylle dans la ferme de Doppen, il l’a crue
perdue pour lui, durant des années, parce
qu’elle avait suivi son mari en Amérique.
Au retour, elle découvre qu’elle a, de même,
« arraché ses racines du sol de la patrie ».
Serait-il vrai qu’ils sont devenus « des va
gabonds, même en amour » ?
Knut Hamsun refuse d’imposer aucune
conclusion théorique : Lovise repart ; Ede
vart aussi ; mais nous ne sommes pas sûrs
qu’ils se rejoindront et connaîtront le bon
heur. En effet, toute la signification du ré
cit se dévoile dans ces deux affirmations:
également irréfutables, des deux frères .
« Nous devons rester à l’endroit pour lequel
nous avons été créés. -— Ne devons-nous pas
tout essayer afin de découvrir l’endroit
pour lequel nous sommes le mieux
créés ? » C’est quand il explore de pareils
conflits, si simples et inépuisables, que le
roman apparaît comme la forme moderne de
l’épopée.
René LALOU.
(1) Aux Editions Grasset.
L’Allée des Soupirs
par Victor Goedorp
li s’agit d’un roman, dans la belle tradi
tion des conteurs français, il évoque une
atmosphère, des personnages attachants, il
tient en haleine avec les moyens les plus
simples, il est réaliste sans excès : grand mé
rité, quand nous sommes tentés de prendre
la violence pour la force. Le style en est tout
uni, sans images et métaphores inutiles, sou
vent nuisibles. Dans la région lumineuse de
Villers-Cotterêts, à la lisière des bois, un
mystérieux amour s’éveille. Et tandis que
blaireaux et putois, renards et fouines mè
nent leurs chasses, les invisibles ravageurs
qui ne laissent jamais en paix les pauvres
hommes travaillent en grand secret. Un gar
çon à l’âme sauvage, Gilbert aime une jeune
Allé dont il n’est pas aimé ; il n’aura aucun
repos avant qu’elle ne tombe dans son piège.
C’est un drame terrible, tracé par un écri
vain de race, qui connaît les replis du cœur
sans jamais en faire parade. On devine tout
autour le frémissement do la forêt voisine,
ses odeurs, ses ombres et ses lumières ; et
c’est très bien ainsi. M. Victor Goedorp nous
était déjà connu par des livres que nous
n’avons pas oubliés comme Madame Cresiis
et ces trois volumes admirables sur le monde
des courses : Dix du 4, La rivière au Hmt
et, le Coup de Trois . Son nouveau livre re
tient l’attention par une vertu trop bafouée,
à laquelle il faudra tôt ou tard revenir • la
difficile simplicité, qui n’est jamais plati
tude. — ( Tallandier, édit.)
Charles StLVESTRE.
Trois Quarts Curiosité
par Advienne Thomas
(traduction d ’Antonina Vallentin)
oued livre profond et douloureusement at
tachant ! DC l’adolescente à la femme brisée
qui ne trouvera de refuge qu’en la mort, nous
suivons Barbara dans l’épanouissement de sa
nature riche de possibilités et si délicatement
nuancée ; et il y a dans l’évolution de cette
personnalité une cohésion parfaite, une im
pression de plénitude. Jeune fille dans les
temps troubles do la grande guerre, puis ma
riée à Peter Schwab pour devenir bientôt veu
ve de cet homme qu’elle a à peine connu,
nous la voyons cristallliser tous ses espoirs,
tous ses élans, toute sa jeunesse inutilisée,
autour de sa passion pour la musique. Puis
dans cette vie de jeune femme seule apparaît
l’étrange, l’inquiétante, l’énigmatique sil
houette de Michaël qui va dominer toute la vie
de Barbara. Jamais elle ne ,pourra échapper
à l’emprise de cet homme fatal, jamais elle
ne pourra se délivrer de ce lien qui, plus due
de l’amour, est un envoûtement, pour aller
vers la vie de tout le monde, vers l’affection
sans détours de Robert, vers le mariage. Seu
le, la mort pouvait la délivrer et Barbara s’ÿ
jettera, sans préméditation romantique, Sans
mise en scène, avec la même spontanéité qui
a marqué tous les actes de sa vie, et cette
mort n'en est que plus-pathétique.
Tout est vrai dans ce livre ; les caractères
y sont analysés avec tant de vérité humaine,
les événements y sont si naturels, si dépouil
lés d’invraisemblance,, qu’on a l’impression
do suivre une vie réelle, vécue, et que cette
vie-là aurait pu être la nôtre. Et sur tout ce
la flotte l’âme d’une autre race — ce qui ajou
te encore au charme de ces pages — avec un
sens do la musique, une compréhension des
grands Maîtres, qui révèlent une nature es-
séntielïéi'neni artiste. — {Stock.)
P. Gkroximi.
se détache sur ce drame provincial en traits'
dépourvus de parti pris — qualités et défauts
— et pour garder toute sa vérité ce portrait
n’en est que plus touchant et gagne à l’hé
roïne bien des sympathies — surtout les sym
pathies féminines.
Suit une très intéressante conférence du
D r Paul Voivenel sur certains cas typiques
de pathologie ; et dans ces quelques nages
qui servent de conclusion à ce beau livre,
on trouve, avec de passionnantes observa
tions médicales, un sens très profondément
humain de cô que devrait être la justice.
— {Librairie des Champs-Elysées,)
P, G.
Les Templiers de Penmarc’h
par Mme Sirieyx de Villers
En pliant à la rigoureuse discipline de
P érudition son talent narratif, Mme Sirieyx
do Villers a pu réussir dans un genre diffi
cile entre tous : le> roman historique. Elle
sait nous forcer à admettre que le farouche
Cérignan, commandeur do Kérity-Penmarc’h,
devienne amoureux de la très belle et très
pure lsèl que des Anglais ont arrachée à
Î’île de Chypre et qu’un naufrage jette sur
les côtes armoricaines... En vérité, l’histoire
de cette funeste passion, dont les déchirants
accents rappellent plus d’une fois celle d’Abé
lard, compte assez peu dans le roman, qui
laisse la toute première place à révocation
de l’Ordre, que l’auteur semble connaître
parfaitement.
Mme Sirieyx do Villers nous apprend quelle ;
était sa puissance en Bretagne qui, en plu- ;
sieur3 villes — Rennes, Quimper, Lanleff, ;
Loctudy •— avait vu s’élever de grandes j
Coinmanderies. La composition du livre fait ,
musicalement alterner les pages sur le pays
breton et les souvenirs de Chypre, l’amour
et la Règle, pour aboutir au procès fameux
qui condamna le Saint Ordre du Temple. •—
{Les Editions de France.)
Janine Bouissounouse.
née, qu'il oppose à Rome, est brûlant par '
son actualité.
M. Audisio a conscience de la tâche qu'il
accomplit et il a raison. C'est en déformant
l'histoire qu'on prépare l'enfant dès sa jeu
nesse à ne pas penser avec ses mains, pour
employer l'expression de M. Denis de Rouge
mont, et qu'on l'habitue à servir, dans le
sens bas du mot. C'est en exaltant l'Assyrie,
Sparte et Rome, en médisant d'Athènes, de
Florence et des Romantiques français, en ba
fouant les Médicis du Quattrocento et les phi
losophes de l'Ecole platonicienne de Florence
que des intellectuels allemands et italiens ont
préparé de longue main à leurs pays le sys
tème totalitaire .
« On a trop' essaye de nous faire croire
qu'humanisme et latinité ne font qu'un. C'est
un abus de confiance », dit M. Audisio. « Sui
vant le mot fameux d'Horace, la plupart des
grands hommes qui ont illustré Rome ne sont
pas originaires du Latium : ni les poètes, ni
les juristes, ni les empereurs. Virgile est Gau
lois, Trajan est Espagnol, ce sont des « étran
gers » qui ont fait la grandeur de Rome... »
On aimerait à savoir que sur tout le pour-
HISTOIRE
i
ESSAIS
h»**» «» %.<»<
J
Frédéric
par René Baer
Frédéric est un brave garçon, trop faible
pour résister à une famille autoritaire, et
qui devient banquier sans être du tout atti
ré par les chiffres. Pourtant la Chance lui
sourit, il réussit fort bien et cela nous vaut
des pages d’une gaîté un peu amère, mais
très évocatrices des moeurs contemporaines.
Mais cette réussite n’apporte à Frédéric
qu’un bonheur très relatif, elle est d’ailleurs
de courte durée : en effet, victime d’une er
reur judiciaire, le banquier improvisé est
arrêté pour assassinat et condamné aux tra
vaux forcés... Bien loin de prendre l’aven
ture au tragique, Frédéric est ravi, car il
trouve enfin le calme auquel toute sa vie. il
aspira.
La vie des forçats sur les bords du Maroni
est contée avec beaucoup de verve et M. René
Baer dans ce roman paradoxal et plaisant
a certainement réussi à faire sourire les ad
versaires les plus farouches de ce bagne
tant décrié, — {Albin Michel.)
V. w.
La Madone de l’Arsenic
par Henri Ramet et Paul Voivenel
Cet exposé précis de l’Affaire Lafarge qui
passionna les foules soulèvera encore d’en
thousiastes controverses et suscitera de
chauds partisans à l’infortunée Marie Cap-
pelle. Nous suivons avec une curiosité an
goissée, même si déjà nous les connaissons,
les phases de ce célèbre procès, et nous sa
vons gré à M. Henri Ramet d’avoir traduit
objectivement les faits avec un souci, d’exac
titude qui vise à respecter’ la vérité bien plu
tôt qu’a romancer. Le personnage de Marie
De Nietzsche à Hitler
par M.-P. Nicolas
Livre curieux sur un problème qui fait ac
tuellement l'objet de vives controverses . Le
national-socialisme a-t-il le droit de considé
rer Nietzsche comme un de ses ancêtres ?
Sous prétexte de soustraire Nietzsche à tout,
reproche de ce genre, l'auteur s'attaque si
multanément à Hitler et à... J. Rendu, qui
n'en peut mais de ce voisinage ! Et ceui qui
écrit ces lignes se trouve plusieurs fois pris
à partie pour avoir insisté sur le lien qui
lui paraît exister entre Nietzsche et le na
zisme.
M. Nicolas cite l'excellent article publié sur
cette troublante question clans la Nouvelle
Revue de Hongrie d'octobre 1935. Je me con
tente donc d'y renvoyer le lecteur. Personne
d'entre nous ne songe à confondre la philoso
phie de Nietzsche , même dans sa dernière
phase,. a,vec la doctrine hitlérienne.
Gar M. Nicolas n'a pas l'air de se douter
que, dans scs lointaines origines, le panger
manisme raciste est à peu près contempo
rain des écrits de Nietzsche. Les œuvres des
Langbehn et des H. S. Chamberlain ont paru
peu après la folié de Nietzsche. La pensée du
philosophie et les élucubrations racistes repré
sentent deux positions différentes prises en
face d'une seule et même situation . L'Alle
magne du xix e siècle a détruit les fondements
de la pensée occidentale et des Internationa
les qui en sont issues. Elle a cfitiq ’è l'huma
nisme sous toutes scs formes. Mais, au mo
ment où elle se donne au biologisme vitaliste
et autoritaire , Nietzsche s'en tire par une con
ception aristocratique de la Surhumanité , tan
dis que les pangermanistes fondent le racis
me vulgaire que répandent aujourd'hui Hit
ler et Rosenberg .
On s'explique ainsi pourquoi les nazis se
couvrent de l'autorité de Nietzsche , soit pour
détruire les vieilles Internationales' clans l'es
prit des Allemands, soit pour faire l'apologie
de certaine volonté de puissance. Ils vulga
risent Nietzsche comme tout ce qu'ils tou
chent, Ce qui n'atteint en rien la noble subs
tance de Nietzsche.
Julien Rendu a pleinement raison sur un
point essentiel. Parmi les penseurs d'outre-
Rhin, Nietzsche a, été un des plus dangereux
adversaires de l'humanisme occidental. En
liant la vérité à la sensibilité, on rompt avec
l'intellectualisme et la raison. Et dans son
chapitre sur « Le vrai et l’utile », M. Nicolas
passe tout à fait à côté de la question. Il est
facile de montrer que Nietzsche a eu la pas
sion désintéressée du vrai. Nul n'en doute Ce
qui est en cause, c'est la conception même que
Nietzsche s'est faite du vrai et de la connais
sance. — (Fasquelle, éditeur.)
Ë. Vermeil.
Jeunesse de la Méditerranée
II. —- Sel de la Mer
par Gabriel Audisio
On a, au sortir du livre de M. Audisio, l'im
pression d'avoir le visage rafraîchi par une
large bouffée de vent salin. Transporté par
une grande passion justicière, l'auteur de
Trois hommes et un minaret, des Augures et
de tant de beaux poèmes, s'expi'ime dans un
style au rythme large qui, par sa simplicité
même, révèle Vauthentique poêle lyrique , ce
lui qui évite tous les mots dits poétiques. Et
cependant , le thème qu'il aborde : Mediterra-
Paganisme et Réforme
par Pierre Champion
Dans la collection « Notre vieux Paris »,
les volumes (au nombre de six) consacrés aux
débuts de notre capitale, des origines au
règne de Henri IV inclus, ont été confiés à
M. Pierre Champion. Ce volume est le qua
trième et nous peint Paris à la fin du règne
de François I er et sous Henri II. On sait
que M. Pierre Champion est resté fidèle aux
scrupuleuses méthodes des chartistes, qui ont
fait le succès de ses précédente ouvrages,
notamment sur Louis XI et sur Villon. Une
abondante et précise bibliographie atteste
l’étendue de ses recherches. On pourrait re
prendre à son endroit un mot fameux : « Son
livre fourmille d’exactitudes ».
Peut-être l’auteur, se défiant des développe
ments trop littéraires et voulant rester tou
jours objectif, a-t-il un peu négligé de nous
brosser un tableau d’ensemble de la vie de
Paris au milieu du xvi e siècle. Il a préféré
procéder par touches successives ; c’est ainsi
qu’avec force détails, il nous fait pénétrer
au tout jeune Collège de France, à la Sor
bonne, à l’Hôtel de Ville, au Louvre, restauré
et agrandi par Pierre Lescot...
Autant de relations exactes, d’une fidélité
minutieuse qui ne va pas parfois sans un
n£m Ha frniHAllt» Ai H/% ctmlinrocen lUni/i
d’une synthèse générale de la vie parisienne
aux diverses époques de son histoire, les vo
lumes de M. Pierre Champion, fruit d’un
labeur méritoire et patient, fourniront une
excellente documentation sur les grandes
institutions, les grands hommes et les'grands
événements de l’histoire de Paris. — {Cal
mann-Lévy.) Georges Mongrémen,
Gabriel Audisio
tour de la Méditerranée des hommes de
bonne volonté lisent ce volume d'un Médi
terranéen , le commentent, le discutent, en
font leur livre de chevet afin de réaliser, en
esprit d'abord, l'idéal que propose M. Audi
sio : « vue unité méditerranéenne fondée sur
la communauté d'esprit et le respect des vé
rités humaines, une patrie de la Méditerra
née qui sera faite par l'âme d'une interna
tionale des peuples de la mer, offerte e n
exemple au monde , à toutes les autres famil
les humaines, pour cle plus vastes rassem
blements ». — (Gallimard.)
Fred Bérence.
Mari, une ville perdue
par André Parrot
Il faut lue tout ce qu'écrit André Parrot,
M. le pasteur André Parrot, conservateur-ad
joint des Antiquités orientales au Louvre,
chef de mission en Mésopotamie. Il faut lire
ce qu'il écrit parce qu'il n'écrit rien d'inutile,
parce que ses récits sont d'un savant mais
aussi d'un homme, 'parce qu'm, y trouve le
reflet de son énergie, de sa patience, de toute
une rare valeur intellectuelle et morale.
Villes enfouies nous évoquaient trois cam
pagnes en Basse-Mésopotamie, à Tello et
Larsa et résumaient aussi les fameuses dé
couvertes de Woolley à Our. Le nouveau li
vre est peut-être plus passionnant encore. Les
légendes d'une des planches hors texte en
disent le sujet sous une forme saisissante ;
Août 1933, une statue sort de terre ; avril
1935, une ville apparaît... Cette ville perdue,
retrouvée par l'archéologie française, c'est
Mari, « sur la grande route des échanges en
Ire le golfe Persique et la Méditerranée, entre
le monde sumérien et le monde égéen ». Au
bord de l'Euphrate, la cité royale s'épanouis
sait il y â quatre mille ans ; jusqu au jour
où les guerriers d’Hammourabi saccagèrent
la ville ' pour n'en laisser que ees ruines et
ces cendres exhumées par M. Parrot et ses
compagnons.
C'est le récit de leurs efforts, de leurs aven
tures même, et aussi de leurs magnifiques
résultats que l'on retrouve dans ces pages,
toujours si simples et si pleines en même
temps. Il faudrait longuement les décrire
( d'autant plus que l'auteur a repris récem
ment sa matière en une conférence). On vou
drait surtout, ici, appeler l'attention de tous
sur le bienfait d'une œuvre, où l’on apprend
tant de choses sans peine , — (Editions « Je
Sers ».)
André George.
Le cimquanten Pour la première fois, le 15 janvier 1887, du Théâtre-Français. Patronné par l’un des dirt-
« le Désespéré » abordait le public, sous la mât- géants, M. P.-V. Stock, gui, après avoir édité,
que de la Nouvelle Librairie Alphonse Soirat, 146, en 1884, sot * Propos d’une entrepreneur de dé
rue Montmartre, à Paris. Si, depuis un demi- molitions », l’avait poussé h écrire un roman.
ft
quante ans, « le Désespéré » n’a rien perdu de
son intérêt ni de son actualité.
occupé aujourd’hui par
téraires ». Mais la carrière d’éditeur d’Alphonse plâtres plus dix hollande.
Soirat fut moins longue et moins brillante que ^
celle du célèbre hebdomadaire puisqu’elle fut 5
inaugurée et close par la publication de cet
unique livre qui pourrait bien être un livre
unique dans notre littérature.
L’ouvrage était tiré à deux mille exemplaires ;
il se présentait modestement sous une classique
couverture jaune datée de 1887, pendant
que le titre intérieur porte lé millésime
Certes, « le Désespéré » est un livre de vio
lence et toute sa partie agressive a été prise sur
ont eu des modèles
est servi à la ma-
pour « créer une
atmosphère » et non pas pour restituer à chacun
d’eux une ressemblance individuelle photographi
que. De personnages éphémères, il a créé des
types éternels. Dès lors, l’exercice qui consiste à
Ce n’est point le moment de reprendre le dé- mettre un nom sous chacun des pseudonymes du
bat du « Désespéré ». M. P.-V. Stock s’est ex- « Désespéré » apparaît comme un vain divertis
pliqué ici même sur les raisons qui le firent re- sentent sans aucune utilité pour la compréhen 1
noncer, au dernier moment, 1 mettre en vente si on du livre, à moins toutefois qu’il ne s’agisse
un livre dont H avait été l'excitateur. Qu’il suf- l’auteur lui-même, Léon Bloy, et d’Anne-Ma
fisc de savoir qu’il se refusa à endosser ta res- r ; e Roulé, qui sont peints sous les traits de Caïn
ponsabilité des violences de l'auteur. Cependant, Marchenoir et Véronique Cheminot. Quant aux
. -4 „ ol . ’ quand l’édition Soirat fut épuisée, en mars 1893. autres, ils étaient deux douxaines, tous morts et
longtemps, ont range Leon Bloy parmi leurs au- i. -i ...*
MDCCCLXXXVI. Les bibliophiles qui, depuis
l’édition Tresse et Stock apparut aux étalages la plupart oubliés, dont Léon Bloy a pétri une
des libraires, corrigée, M est vrai, par un « car- multitude renaissante sur laquelle il a vengé
ton » de seize pages présentant un texte diffé- pour les siècles passés et futurs, la Vérité ba-
rent, pour une dizaine de lignes, de celui imprimé fouée, ta Beauté polluée, la justice violée, l’A-
en 1886. mour déshonoré, la Douleur méconnue, la Fai-
Depuis, « le Désespéré » a été réédité deux b,ess ° opprimée, la Pauvreté mise horsja loi.
fois î en 1913, par Georges Crès, dans sa collée- ' * r ' * ’ ' *
tion des « Maîtres du Livre » et, en 1914, par le
teurs de prédilection, rechercheraient en vain
des exemplaires sur papier de luxe. Il n’y en eut
pas ; mais les amateurs se disputent déjà assez
âprement et onéreusement ces exemplaires ordi
naires de l’édition Soirat, qui est considérée
comme la véritable édition originale.
A la vérité, si l’édition Soirat du « Désespéré »
fut la première mise en vente, elle avait été pré
cédé, typographiquement pat' une autre édition *«“" * **«“,»• C '«* ««*« < le ™ i4re édI -
... . . aua t«on, constamment réimprimée, qu on trouve ae-
qui ne quitta les presses de l imprimeur que ’ , . r
pour aller s’entasser dans le sous-sol de l’éditeur
où elle demeura séquestrée pendant plus de six
« Le Désespéré » est un livre à clef. Soit. Mais
la clef n’ouvre que la porte de service ; elle
oblige ceux qui en sont munis à subir les ragots
de l’office. A l’occasion des noces d’or de Caïn
Marchenoir, le public est invité à entrer par la
porte d’honneur ; elle n’a jamais été fermée. Le
De ce qu’en 1886, un éditeur pouvait, en le maîf-re de céans tient table ouverte pour tous les
tuellement dans le commerce.
ans. Le premier roman de Léon Bloy semblait publiant, craindre pour sa responsabilité, faut-il a ff am ^ s Grandeur. Devant lui, les laquais se
devoir connaître un destin honnête et paisible, conclure que « le Désespéré » est un livre diffa- t 3 j S€n f e j. servent en silënce.
sou» !a tutelle d’une maison d’édition déjà quasi matoire ? Les livres de cette nature suivent le . ^ BOLLERY
centenaire, dont la raison sociale était pour destin des scandales divulgués, qui est de som- . P
l'heure Tresse ot Stock (1), 8, 9, 10, Galerie brer dans l’oublî et l’indifférence. Or, après cin- (i) Ancienne Maison Barba, fondée ôn 1790.
La spiritualité de la route
par Joseph Folliet
« Ce livre est un livre vert... Non pas le
vert administratif, formaliste, bureaucrati
que des tapis et des cartonniers. Mais le
vert, cru, acide, juteux des plantes que le
printemps gonfle. Le vert de la végétation,
du mouvement et de la vie — eaux qui cou
lent, feuilles qui se dilatent — de la jeunesse
et de l'espoir. »
La promesse que nous fait ainsi l'auteur
dès le seuil de son livre se réalise au delà de
tout ce que nous pouvions espérer , jusqu'à
cet hymne à la route par quoi il termine :
« ...Route des louveteaux , des Scouts, des
Routiers, des Cadets, des Compagnons de
Saint-François et de tous leurs frères dans
toutes tes patries.
Route dure et âpre comme une prunelle,
mais douce et bienfaisante aux forts,
« Route de lumière, illuminant ceux qui
te suivent...
« Route pacifique et pacifiante...
« Fais de nous des nommes au corps pur
et fort, aux volontés fermes, aux belles pen
sées »
Fais de nous des chrétiens qui sachent
et veuillent l'unique nécessaire,
« Fais de nous des chrétiens joyeux qui
rendent la vérité aimable et l'imposent aux
rebelles à force de bonté ... »
Joseph Folliet, docteur en philosophie sco
lastique, docteur ès sciences sociales et poli
tiques, spécialiste du droit de colonisation,
est aussi, ne l’oublions pas, le fondateur des
Compagnons de Saint-François et leur grand
chansonnier. Les jeunes Vont adopté pour
toujours — ils savent bien pourquoi : avec
le cœur qu’il a, Folliet restera jeune toute
sa vie.
Ouvrage de spiritualité que ce livre , certes,
et qui inaugure si heureusement une nou
velle collection de « Vie intérieure », mais
où tout est vécu, car l'auteur a plus que qui
conque l'expérience de la route. Que nous
voici loin des textes dévotieux, aux belles
phrases arrondies / Pour illustrer par des
exemples la valeur des vieilles vertus chré
tiennes, il suffit de puiser dans ses souvenirs
routiers [je pense à l'histoire du gendarme
luxembourgeois ou à ces pages sur la zoolo
gie des granges qu'on peut recommander, sûr
du succès , aux hypocondriaques les plus re
belles). Tout s'insère dans la vie chrétienne,
y compris l'anecdote savoureuse et l'histoire
drôle. L'élan poétique accueille soudain un
mot cocasse, puis reprend ses ailes, ce qui
donne à ce style un charme qui le ferait re
connaître entre mille.
Simple avec le bon Dieu comme il l’est
avec lui-même et avec tous ses frères, Folliet
a réussi à faire de son livre une petite mer
veille où le christianisme révèle son visage
le plus pur et le plus souriant, tout inondé
de fraîche lumière franciscaine. — (« La Vie
intérieure pour notre temps ». Bloud et Gay.)
Jeanne Ancelet-Hustacm.
VERS
Les flambeaux sur l’autel
par Alfred Droin
M. Alfred Droin est l’un des rares pogtes
d aujourd’hui à qui le terme de poète civi
que puisse être appliqué sans réserva. Il l’est
dans son inspiration, il l’est par son expres
sion, il l’est avec la notion classique du beau
qui se veut utile et de l’utile qui ne saurait
se satisfaire de n’être pas beau. Il apporte à
exalter le sentiment qui nous fait citoyen la
même ardeur, la même plénitude réfléchie
que d’autres apportent à célébrer l’amour.
C’est tout le sens de ce grave et beau livre :
« Les Flambeaux sur l’autel » où, si l’on re
trouve le poète de « La Triple symphonie »
avec son souci d’un métier parfait, son bel
élan de cœur, on trouve encore un accent
d’amertume, une véhémence satirique qui
prêtent à son verbe un dynamisme nouveau.
Pour lui, l’idée est une musculature dont
l’harmonie verbale est la ligne animée. No
tre époque y marque son inquiétude.
Et, dans un temps où presque personne ne
veut plus « servir », il est particulier, voire
réconfortant d apercevoir la passion que le
poète apporte à vouloir que son chant, en
même temps qu’il exalte uno pensée saine,
serve une forme de combat indispensable à
la victoire d’un idéal. A ce poëte qui ne cesse
point d’être soldat, il faut la certitude que
la seule volupté ne sert point à définir l’in
fluence que le poème exerce sur les . âmes
La mission du poète est une mission de lut
te et de soutien. Alfred Droin considère que
l’art peut permettre de l’assumer noblement
sans qu’ait à s’assombrir le divin visage
de la Poésie. — ( Firmin-Didot.)
Hector Talvart.
La Maison Tellier
par Guy de Maupassant
Ce livre doux et fort, comparé à tant dé
livres modernes, artificiels et frelatés, c’est
comme de bon bourgogne ou, mieux comme
une bolée do cidre après ces cocktails ex
travagants importés d’Amérique. A relire
Maupassant, non seulement on goûte un plai
sir intellectuel sans mélange, mais physi
quement aussi quelle source intarissable de
bien-être !...
Maupassant a porté la nouvelle à son plus
éclairage savant qui combine à merveille
les clartés et les ombres ; la langue la plus
sobre qui soit, le style le plus nu et pour
tant le plus savoureux du monde, « tel sur
le papier qu’à la bouche » comme dit Mon
taigne, et malgré l’apparente impassibilité du
conteur, selon le dogme flaubertien, une sorte
d’ironie supérieure qui court en filigrane.
Si paradoxale que paraisse dans l’abord cette
dilection, on comprend que James Joyce,
l’auteur de cet extraordinaire Ulysse, mais
aussi de Gens de Dublin, ait fait ses délices
de Maupassant.
On connaît de reste le sujet de La Maison
Tellier. La supérieure d’une communauté un
peu bien spéciale emmène son troupeau pas
ser deux jours à la campagne, chez son frère,
dont la petite fille fait sa première commu
nion. Et les filles, après avoir émerveillé
tout le village, par leurs coiffures et leurs
toilettes « cascadeuses », font à l’église son
édification par leur piété, piété si vive et
si visible que le brave curé, dans son allo
cution, les désigne comme brebis envoyées
du ciel. Puis, c’est le retour au bercail, où
les habitués sevrés pendant deux longues
journées, célèbrent leur joie par une nuit
de liesse.
M. Ferroud publie ce récit d’une ma
nière qui l’honore : beau papier, caractères
choisis, présentation excellente. Des illus
trations en couleurs, fort gaillardes, de Car-
lègle, on dira seulement qu’elles sont idoines
au libertinage truculent du texte. — ( Librai
rie des Amateurs.) P. de M.
LES NATIONS ET LES HOMMES
Le drame du xx e siècle
Tout le drame du XX'' siècle, sou
tient M. Jean Prévost, vient de ceci
que trois peuples, trois grands peu
ples sont à l’étroit sur leur territoire,
et que, menacés de famine, ils songent
à obtenir par la force la rupture de
l’équilibre établi. Ces peuples sont
l’Allemagne, le Japon, l’Italie.
A vrai dire le cas de l’Italie est
moins net que les deux autres parce
que la population italienne étant sur
tout agricole, peut, sur un territoire
d’ailleurs plus favorisé de la nature,
vivre plus facilement que l’allemande
sur le sien. Mais pour l’Allemagne et
le Japon, c’est, depuis dix ans surtout,
le drame.
Ce drame est survenu au cours des
cinquante dernières années sans que
les pouvoirs publics des deux Etats
aient paru le prévoir. Il est dû essen
tiellement à quatre causes. Deux posi
tives : augmentation de l’excédent
des naissances sur les décès grâce au
développement de l’hygiène ; indus
trialisation massive et développement
de la population urbaine au détriment
de la population agricole. Deux néga
tives : fermeture des territoires
d’émigration et fermeture de certains
marchés.
Prenons l’exemple allemand. Aux
environs de 1870, 38 millions d’Alle
mands. L’hygiène se développe, la
mortalité infantile décroît. Les nais
sances ont beau diminuer, la morta
lité diminue plus vite. Augmentation
de l’excédent ; augmentation régulière
de la population. Or l’Allemagne pos
sède un sol pauvre. L’excédent de po
pulation se rejette donc ou bien dans
les villes, ou bien en Amérique. In
dustrialisation ou émigration voilà les
deux soupapes.
Dès 1900 cependant las marchés
commencent à manquer parce que
l’Allemagne n’est pas seule à s’indus
trialiser. Recherche passionnée de
marchés d’une part, de matières pre
mières et de produits alimentaires de
l’autre. A la fin, recherche par le
mauvais moyen, par la violence.
Guerre.
Après la guerre, les difficultés re
commencent, multipliées par dix. Le
marché chinois est clos ; le marché
russe est clos ; les marchés sud-amé
ricains sont pris par d’autres ; du
marché turc il n’est plus question, etc.
D’autre part les Etats-Unis, le Brésil,
l’Argentine, l’Australie se ferment ou
à peu près aux émigrants allemands.
Conclusion : l’Allemagne ne sait plus
où placer son excédent de population;
elle n’a pas encore compris qu’il lui
fallait le réduire à zéro : d’où misère.
L’industrie n’y peut rien : on chôme,
faute de clients. Depuis l’avènement
du chancelier Hitler qui trouve sept
millions de chômeurs, le IIP Reich
essaie de s’en tirer en transformant
ses usines en usines de guerre et une
partie de ses chômeurs en soldats ;
c’est reculer pour mieux sauter ; c’est
surtout incliner à la solution de vio
lence, laquelle ne résout rien. Le
drame apparaît à tous les yeux.
Pierre DOMINIQUE.
(*) Jean Prévost : La Terre est aux
Hommes, (Gallimard, éd.)
Jacques
Chardonne
publie le 5 Février
son nouveau roman
ROMANESQUES
STOCK
R. P. SERTILLANGES
membre de l’Institut
DIX MINUTES DE CULTURE
SPIRITUELLE PAR JOUR
ï Recueillement, un volume... 12 fr.
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En vente dans toutes les bonnes librairies
F. AUBIER, ÉDITIONS MONTAIGNE, 13, QUAI CONTI - PARIS
TROISIEME ANNEE 15 Janvier 1937
M ESUR
CAHIERS TRIMESTRIELS
NUMÉRO I
Comité de Rédaction : Henry Churoh, Bernard Groethuysen, Henri
Michaux, Jean Paulhan, Giuseppe Ungaretti
Paul CLAUDEL Le Monastère in corde maris.
Giuseppe UNGARETTI Sirènes (traduit par Jean Ghuzeville).
Léon-Paul FARGUE Erythème du Diable.
Alexei REMIZOV Kitovras (traduit par D. Ch.).
Pierre Jean JOUVE » Orphée.
Bernard GROETHUYSEN Bayle.
André BRETON Lés Premiers dans la Maison du Vent.
Boris de SCHLOEZER La Musique, Art méconnu.
Paul ELUARD Sans Age.
Herman MELVILLE L’Ile de Hood et l’Ermite Oberlus (tra
duit par pierre Leyris).
Brunetto LATINI Traité de Rhétorique (commenté par
Jean Paulhan).
Précieuse guirlande de la loi des oiseaux, traduit pour la première fois du
tibétain, par Henriette Meyer
Mesures décernera un prix de 6.000 francs, le 15 juillet, à la meilleure pièce
en un acte qui lui sera soumise. Louis JOUVET ce joindra pour la circons
tance au Comité de Mesures,
Administration : Mlle A. Monnier, 7, rue do l’Odéon, Paris-VI e
Le numéro : 15 fr. L’abonnement d’un an : 50 fr.
À
10-1=1937
LES NOUVELLES LITTERAIRES
r
%
11
LE .MONDE
LIV ' R ] S S
LE LIVRE
DE LA SEMAINE
VAGABONDS
Rien n’est plus facile que de résumer l’ac
tion des Vagabonds (i) de Knut Hamsun. Il
met en scène deux personnages, August et
Edevart, puis décrit leurs carrières paral
lèles, Tantôt unis et tantôt séparés, ils quit
tent le pays natal, y reviennent, en repar
tent, semblent s’y établir et finalement s’exi
lent. Sur ce thème poétique Hamsun a cons
truit un beau film, vivant et pittoresque,
où l’homme ne perd jamais son contact
avec la nature.
Quelle succession de magnifiques « exté
rieurs » nous offre ce roman avec ses ima
ges des ports norvégiens, ses tableaux de
foires campagnardes, ses scènes de pêche
aux Lofoten ! Le dévoué traducteur de Va-
ROMANS
U»
Knut Hamsun
gabonds, Jean Petithuguenin, a raison d’y
signaler « une transposition du Peer Gynt
d’Ibsen sur un plan littéraire différent »,
le plan du réalisme quotidien. A preuve
l’impression d’intimité qu’Hamsun nous
donne avec tous ses acteurs, et d’abord avec
les hkbitants du village qui fut le berceau
d’Edevart. A travers des tragédies comme
l’enlisement du patron Skaaro et des comé
dies telles que la mystification qui déter
mine l’assèchement du marais, nous goûtons
les joies mêlées du dépaysement et de la
familiarité.
■ Or, il n’est pas un de ces êtres qui
n’éprouve les deux désirs contradictoires de
mouvement et de stabilité. Joakim, le pe
tit gars laborieux et sédentaire, est bien en
peine d’expliquer pourquoi August le navi
gateur lui paraît « une sorte d’envoyé » »*
il n’en sent pas moins vivement qu’à cha
cun de ses retours August fut pour la com
mune un « initiateur » et qu’en douze arts
il a transformé leurs mœurs. Car le vaga
bond n’est pas seulement un égo’iste qui
choisit de mener une paresseuse et allé•
gre existence. A maintes reprises Edevart
souffre de traîner partout derrière lui
« ses racines rompues ». Et cette tristesse
est la rançon de son expérience.
Qu’il lui advienne de rencontrer la fem
me qui aurait pu le fixer et qui est maint:-
nant l’épouse d’un autre, son amour rendra
le drame du vagabond plus douloureux, plus
cruellement précis. C’est ce qui rend si
émouvante la grande passion d’Edevart
pour Lovise Magrete. Après leur brève
idylle dans la ferme de Doppen, il l’a crue
perdue pour lui, durant des années, parce
qu’elle avait suivi son mari en Amérique.
Au retour, elle découvre qu’elle a, de même,
« arraché ses racines du sol de la patrie ».
Serait-il vrai qu’ils sont devenus « des va
gabonds, même en amour » ?
Knut Hamsun refuse d’imposer aucune
conclusion théorique : Lovise repart ; Ede
vart aussi ; mais nous ne sommes pas sûrs
qu’ils se rejoindront et connaîtront le bon
heur. En effet, toute la signification du ré
cit se dévoile dans ces deux affirmations:
également irréfutables, des deux frères .
« Nous devons rester à l’endroit pour lequel
nous avons été créés. -— Ne devons-nous pas
tout essayer afin de découvrir l’endroit
pour lequel nous sommes le mieux
créés ? » C’est quand il explore de pareils
conflits, si simples et inépuisables, que le
roman apparaît comme la forme moderne de
l’épopée.
René LALOU.
(1) Aux Editions Grasset.
L’Allée des Soupirs
par Victor Goedorp
li s’agit d’un roman, dans la belle tradi
tion des conteurs français, il évoque une
atmosphère, des personnages attachants, il
tient en haleine avec les moyens les plus
simples, il est réaliste sans excès : grand mé
rité, quand nous sommes tentés de prendre
la violence pour la force. Le style en est tout
uni, sans images et métaphores inutiles, sou
vent nuisibles. Dans la région lumineuse de
Villers-Cotterêts, à la lisière des bois, un
mystérieux amour s’éveille. Et tandis que
blaireaux et putois, renards et fouines mè
nent leurs chasses, les invisibles ravageurs
qui ne laissent jamais en paix les pauvres
hommes travaillent en grand secret. Un gar
çon à l’âme sauvage, Gilbert aime une jeune
Allé dont il n’est pas aimé ; il n’aura aucun
repos avant qu’elle ne tombe dans son piège.
C’est un drame terrible, tracé par un écri
vain de race, qui connaît les replis du cœur
sans jamais en faire parade. On devine tout
autour le frémissement do la forêt voisine,
ses odeurs, ses ombres et ses lumières ; et
c’est très bien ainsi. M. Victor Goedorp nous
était déjà connu par des livres que nous
n’avons pas oubliés comme Madame Cresiis
et ces trois volumes admirables sur le monde
des courses : Dix du 4, La rivière au Hmt
et, le Coup de Trois . Son nouveau livre re
tient l’attention par une vertu trop bafouée,
à laquelle il faudra tôt ou tard revenir • la
difficile simplicité, qui n’est jamais plati
tude. — ( Tallandier, édit.)
Charles StLVESTRE.
Trois Quarts Curiosité
par Advienne Thomas
(traduction d ’Antonina Vallentin)
oued livre profond et douloureusement at
tachant ! DC l’adolescente à la femme brisée
qui ne trouvera de refuge qu’en la mort, nous
suivons Barbara dans l’épanouissement de sa
nature riche de possibilités et si délicatement
nuancée ; et il y a dans l’évolution de cette
personnalité une cohésion parfaite, une im
pression de plénitude. Jeune fille dans les
temps troubles do la grande guerre, puis ma
riée à Peter Schwab pour devenir bientôt veu
ve de cet homme qu’elle a à peine connu,
nous la voyons cristallliser tous ses espoirs,
tous ses élans, toute sa jeunesse inutilisée,
autour de sa passion pour la musique. Puis
dans cette vie de jeune femme seule apparaît
l’étrange, l’inquiétante, l’énigmatique sil
houette de Michaël qui va dominer toute la vie
de Barbara. Jamais elle ne ,pourra échapper
à l’emprise de cet homme fatal, jamais elle
ne pourra se délivrer de ce lien qui, plus due
de l’amour, est un envoûtement, pour aller
vers la vie de tout le monde, vers l’affection
sans détours de Robert, vers le mariage. Seu
le, la mort pouvait la délivrer et Barbara s’ÿ
jettera, sans préméditation romantique, Sans
mise en scène, avec la même spontanéité qui
a marqué tous les actes de sa vie, et cette
mort n'en est que plus-pathétique.
Tout est vrai dans ce livre ; les caractères
y sont analysés avec tant de vérité humaine,
les événements y sont si naturels, si dépouil
lés d’invraisemblance,, qu’on a l’impression
do suivre une vie réelle, vécue, et que cette
vie-là aurait pu être la nôtre. Et sur tout ce
la flotte l’âme d’une autre race — ce qui ajou
te encore au charme de ces pages — avec un
sens do la musique, une compréhension des
grands Maîtres, qui révèlent une nature es-
séntielïéi'neni artiste. — {Stock.)
P. Gkroximi.
se détache sur ce drame provincial en traits'
dépourvus de parti pris — qualités et défauts
— et pour garder toute sa vérité ce portrait
n’en est que plus touchant et gagne à l’hé
roïne bien des sympathies — surtout les sym
pathies féminines.
Suit une très intéressante conférence du
D r Paul Voivenel sur certains cas typiques
de pathologie ; et dans ces quelques nages
qui servent de conclusion à ce beau livre,
on trouve, avec de passionnantes observa
tions médicales, un sens très profondément
humain de cô que devrait être la justice.
— {Librairie des Champs-Elysées,)
P, G.
Les Templiers de Penmarc’h
par Mme Sirieyx de Villers
En pliant à la rigoureuse discipline de
P érudition son talent narratif, Mme Sirieyx
do Villers a pu réussir dans un genre diffi
cile entre tous : le> roman historique. Elle
sait nous forcer à admettre que le farouche
Cérignan, commandeur do Kérity-Penmarc’h,
devienne amoureux de la très belle et très
pure lsèl que des Anglais ont arrachée à
Î’île de Chypre et qu’un naufrage jette sur
les côtes armoricaines... En vérité, l’histoire
de cette funeste passion, dont les déchirants
accents rappellent plus d’une fois celle d’Abé
lard, compte assez peu dans le roman, qui
laisse la toute première place à révocation
de l’Ordre, que l’auteur semble connaître
parfaitement.
Mme Sirieyx do Villers nous apprend quelle ;
était sa puissance en Bretagne qui, en plu- ;
sieur3 villes — Rennes, Quimper, Lanleff, ;
Loctudy •— avait vu s’élever de grandes j
Coinmanderies. La composition du livre fait ,
musicalement alterner les pages sur le pays
breton et les souvenirs de Chypre, l’amour
et la Règle, pour aboutir au procès fameux
qui condamna le Saint Ordre du Temple. •—
{Les Editions de France.)
Janine Bouissounouse.
née, qu'il oppose à Rome, est brûlant par '
son actualité.
M. Audisio a conscience de la tâche qu'il
accomplit et il a raison. C'est en déformant
l'histoire qu'on prépare l'enfant dès sa jeu
nesse à ne pas penser avec ses mains, pour
employer l'expression de M. Denis de Rouge
mont, et qu'on l'habitue à servir, dans le
sens bas du mot. C'est en exaltant l'Assyrie,
Sparte et Rome, en médisant d'Athènes, de
Florence et des Romantiques français, en ba
fouant les Médicis du Quattrocento et les phi
losophes de l'Ecole platonicienne de Florence
que des intellectuels allemands et italiens ont
préparé de longue main à leurs pays le sys
tème totalitaire .
« On a trop' essaye de nous faire croire
qu'humanisme et latinité ne font qu'un. C'est
un abus de confiance », dit M. Audisio. « Sui
vant le mot fameux d'Horace, la plupart des
grands hommes qui ont illustré Rome ne sont
pas originaires du Latium : ni les poètes, ni
les juristes, ni les empereurs. Virgile est Gau
lois, Trajan est Espagnol, ce sont des « étran
gers » qui ont fait la grandeur de Rome... »
On aimerait à savoir que sur tout le pour-
HISTOIRE
i
ESSAIS
h»**» «» %.<»<
J
Frédéric
par René Baer
Frédéric est un brave garçon, trop faible
pour résister à une famille autoritaire, et
qui devient banquier sans être du tout atti
ré par les chiffres. Pourtant la Chance lui
sourit, il réussit fort bien et cela nous vaut
des pages d’une gaîté un peu amère, mais
très évocatrices des moeurs contemporaines.
Mais cette réussite n’apporte à Frédéric
qu’un bonheur très relatif, elle est d’ailleurs
de courte durée : en effet, victime d’une er
reur judiciaire, le banquier improvisé est
arrêté pour assassinat et condamné aux tra
vaux forcés... Bien loin de prendre l’aven
ture au tragique, Frédéric est ravi, car il
trouve enfin le calme auquel toute sa vie. il
aspira.
La vie des forçats sur les bords du Maroni
est contée avec beaucoup de verve et M. René
Baer dans ce roman paradoxal et plaisant
a certainement réussi à faire sourire les ad
versaires les plus farouches de ce bagne
tant décrié, — {Albin Michel.)
V. w.
La Madone de l’Arsenic
par Henri Ramet et Paul Voivenel
Cet exposé précis de l’Affaire Lafarge qui
passionna les foules soulèvera encore d’en
thousiastes controverses et suscitera de
chauds partisans à l’infortunée Marie Cap-
pelle. Nous suivons avec une curiosité an
goissée, même si déjà nous les connaissons,
les phases de ce célèbre procès, et nous sa
vons gré à M. Henri Ramet d’avoir traduit
objectivement les faits avec un souci, d’exac
titude qui vise à respecter’ la vérité bien plu
tôt qu’a romancer. Le personnage de Marie
De Nietzsche à Hitler
par M.-P. Nicolas
Livre curieux sur un problème qui fait ac
tuellement l'objet de vives controverses . Le
national-socialisme a-t-il le droit de considé
rer Nietzsche comme un de ses ancêtres ?
Sous prétexte de soustraire Nietzsche à tout,
reproche de ce genre, l'auteur s'attaque si
multanément à Hitler et à... J. Rendu, qui
n'en peut mais de ce voisinage ! Et ceui qui
écrit ces lignes se trouve plusieurs fois pris
à partie pour avoir insisté sur le lien qui
lui paraît exister entre Nietzsche et le na
zisme.
M. Nicolas cite l'excellent article publié sur
cette troublante question clans la Nouvelle
Revue de Hongrie d'octobre 1935. Je me con
tente donc d'y renvoyer le lecteur. Personne
d'entre nous ne songe à confondre la philoso
phie de Nietzsche , même dans sa dernière
phase,. a,vec la doctrine hitlérienne.
Gar M. Nicolas n'a pas l'air de se douter
que, dans scs lointaines origines, le panger
manisme raciste est à peu près contempo
rain des écrits de Nietzsche. Les œuvres des
Langbehn et des H. S. Chamberlain ont paru
peu après la folié de Nietzsche. La pensée du
philosophie et les élucubrations racistes repré
sentent deux positions différentes prises en
face d'une seule et même situation . L'Alle
magne du xix e siècle a détruit les fondements
de la pensée occidentale et des Internationa
les qui en sont issues. Elle a cfitiq ’è l'huma
nisme sous toutes scs formes. Mais, au mo
ment où elle se donne au biologisme vitaliste
et autoritaire , Nietzsche s'en tire par une con
ception aristocratique de la Surhumanité , tan
dis que les pangermanistes fondent le racis
me vulgaire que répandent aujourd'hui Hit
ler et Rosenberg .
On s'explique ainsi pourquoi les nazis se
couvrent de l'autorité de Nietzsche , soit pour
détruire les vieilles Internationales' clans l'es
prit des Allemands, soit pour faire l'apologie
de certaine volonté de puissance. Ils vulga
risent Nietzsche comme tout ce qu'ils tou
chent, Ce qui n'atteint en rien la noble subs
tance de Nietzsche.
Julien Rendu a pleinement raison sur un
point essentiel. Parmi les penseurs d'outre-
Rhin, Nietzsche a, été un des plus dangereux
adversaires de l'humanisme occidental. En
liant la vérité à la sensibilité, on rompt avec
l'intellectualisme et la raison. Et dans son
chapitre sur « Le vrai et l’utile », M. Nicolas
passe tout à fait à côté de la question. Il est
facile de montrer que Nietzsche a eu la pas
sion désintéressée du vrai. Nul n'en doute Ce
qui est en cause, c'est la conception même que
Nietzsche s'est faite du vrai et de la connais
sance. — (Fasquelle, éditeur.)
Ë. Vermeil.
Jeunesse de la Méditerranée
II. —- Sel de la Mer
par Gabriel Audisio
On a, au sortir du livre de M. Audisio, l'im
pression d'avoir le visage rafraîchi par une
large bouffée de vent salin. Transporté par
une grande passion justicière, l'auteur de
Trois hommes et un minaret, des Augures et
de tant de beaux poèmes, s'expi'ime dans un
style au rythme large qui, par sa simplicité
même, révèle Vauthentique poêle lyrique , ce
lui qui évite tous les mots dits poétiques. Et
cependant , le thème qu'il aborde : Mediterra-
Paganisme et Réforme
par Pierre Champion
Dans la collection « Notre vieux Paris »,
les volumes (au nombre de six) consacrés aux
débuts de notre capitale, des origines au
règne de Henri IV inclus, ont été confiés à
M. Pierre Champion. Ce volume est le qua
trième et nous peint Paris à la fin du règne
de François I er et sous Henri II. On sait
que M. Pierre Champion est resté fidèle aux
scrupuleuses méthodes des chartistes, qui ont
fait le succès de ses précédente ouvrages,
notamment sur Louis XI et sur Villon. Une
abondante et précise bibliographie atteste
l’étendue de ses recherches. On pourrait re
prendre à son endroit un mot fameux : « Son
livre fourmille d’exactitudes ».
Peut-être l’auteur, se défiant des développe
ments trop littéraires et voulant rester tou
jours objectif, a-t-il un peu négligé de nous
brosser un tableau d’ensemble de la vie de
Paris au milieu du xvi e siècle. Il a préféré
procéder par touches successives ; c’est ainsi
qu’avec force détails, il nous fait pénétrer
au tout jeune Collège de France, à la Sor
bonne, à l’Hôtel de Ville, au Louvre, restauré
et agrandi par Pierre Lescot...
Autant de relations exactes, d’une fidélité
minutieuse qui ne va pas parfois sans un
n£m Ha frniHAllt» Ai H/% ctmlinrocen lUni/i
d’une synthèse générale de la vie parisienne
aux diverses époques de son histoire, les vo
lumes de M. Pierre Champion, fruit d’un
labeur méritoire et patient, fourniront une
excellente documentation sur les grandes
institutions, les grands hommes et les'grands
événements de l’histoire de Paris. — {Cal
mann-Lévy.) Georges Mongrémen,
Gabriel Audisio
tour de la Méditerranée des hommes de
bonne volonté lisent ce volume d'un Médi
terranéen , le commentent, le discutent, en
font leur livre de chevet afin de réaliser, en
esprit d'abord, l'idéal que propose M. Audi
sio : « vue unité méditerranéenne fondée sur
la communauté d'esprit et le respect des vé
rités humaines, une patrie de la Méditerra
née qui sera faite par l'âme d'une interna
tionale des peuples de la mer, offerte e n
exemple au monde , à toutes les autres famil
les humaines, pour cle plus vastes rassem
blements ». — (Gallimard.)
Fred Bérence.
Mari, une ville perdue
par André Parrot
Il faut lue tout ce qu'écrit André Parrot,
M. le pasteur André Parrot, conservateur-ad
joint des Antiquités orientales au Louvre,
chef de mission en Mésopotamie. Il faut lire
ce qu'il écrit parce qu'il n'écrit rien d'inutile,
parce que ses récits sont d'un savant mais
aussi d'un homme, 'parce qu'm, y trouve le
reflet de son énergie, de sa patience, de toute
une rare valeur intellectuelle et morale.
Villes enfouies nous évoquaient trois cam
pagnes en Basse-Mésopotamie, à Tello et
Larsa et résumaient aussi les fameuses dé
couvertes de Woolley à Our. Le nouveau li
vre est peut-être plus passionnant encore. Les
légendes d'une des planches hors texte en
disent le sujet sous une forme saisissante ;
Août 1933, une statue sort de terre ; avril
1935, une ville apparaît... Cette ville perdue,
retrouvée par l'archéologie française, c'est
Mari, « sur la grande route des échanges en
Ire le golfe Persique et la Méditerranée, entre
le monde sumérien et le monde égéen ». Au
bord de l'Euphrate, la cité royale s'épanouis
sait il y â quatre mille ans ; jusqu au jour
où les guerriers d’Hammourabi saccagèrent
la ville ' pour n'en laisser que ees ruines et
ces cendres exhumées par M. Parrot et ses
compagnons.
C'est le récit de leurs efforts, de leurs aven
tures même, et aussi de leurs magnifiques
résultats que l'on retrouve dans ces pages,
toujours si simples et si pleines en même
temps. Il faudrait longuement les décrire
( d'autant plus que l'auteur a repris récem
ment sa matière en une conférence). On vou
drait surtout, ici, appeler l'attention de tous
sur le bienfait d'une œuvre, où l’on apprend
tant de choses sans peine , — (Editions « Je
Sers ».)
André George.
Le cimquanten
« le Désespéré » abordait le public, sous la mât- géants, M. P.-V. Stock, gui, après avoir édité,
que de la Nouvelle Librairie Alphonse Soirat, 146, en 1884, sot * Propos d’une entrepreneur de dé
rue Montmartre, à Paris. Si, depuis un demi- molitions », l’avait poussé h écrire un roman.
ft
quante ans, « le Désespéré » n’a rien perdu de
son intérêt ni de son actualité.
occupé aujourd’hui par
téraires ». Mais la carrière d’éditeur d’Alphonse plâtres plus dix hollande.
Soirat fut moins longue et moins brillante que ^
celle du célèbre hebdomadaire puisqu’elle fut 5
inaugurée et close par la publication de cet
unique livre qui pourrait bien être un livre
unique dans notre littérature.
L’ouvrage était tiré à deux mille exemplaires ;
il se présentait modestement sous une classique
couverture jaune datée de 1887, pendant
que le titre intérieur porte lé millésime
Certes, « le Désespéré » est un livre de vio
lence et toute sa partie agressive a été prise sur
ont eu des modèles
est servi à la ma-
pour « créer une
atmosphère » et non pas pour restituer à chacun
d’eux une ressemblance individuelle photographi
que. De personnages éphémères, il a créé des
types éternels. Dès lors, l’exercice qui consiste à
Ce n’est point le moment de reprendre le dé- mettre un nom sous chacun des pseudonymes du
bat du « Désespéré ». M. P.-V. Stock s’est ex- « Désespéré » apparaît comme un vain divertis
pliqué ici même sur les raisons qui le firent re- sentent sans aucune utilité pour la compréhen 1
noncer, au dernier moment, 1 mettre en vente si on du livre, à moins toutefois qu’il ne s’agisse
un livre dont H avait été l'excitateur. Qu’il suf- l’auteur lui-même, Léon Bloy, et d’Anne-Ma
fisc de savoir qu’il se refusa à endosser ta res- r ; e Roulé, qui sont peints sous les traits de Caïn
ponsabilité des violences de l'auteur. Cependant, Marchenoir et Véronique Cheminot. Quant aux
. -4 „ ol . ’ quand l’édition Soirat fut épuisée, en mars 1893. autres, ils étaient deux douxaines, tous morts et
longtemps, ont range Leon Bloy parmi leurs au- i. -i ...*
MDCCCLXXXVI. Les bibliophiles qui, depuis
l’édition Tresse et Stock apparut aux étalages la plupart oubliés, dont Léon Bloy a pétri une
des libraires, corrigée, M est vrai, par un « car- multitude renaissante sur laquelle il a vengé
ton » de seize pages présentant un texte diffé- pour les siècles passés et futurs, la Vérité ba-
rent, pour une dizaine de lignes, de celui imprimé fouée, ta Beauté polluée, la justice violée, l’A-
en 1886. mour déshonoré, la Douleur méconnue, la Fai-
Depuis, « le Désespéré » a été réédité deux b,ess ° opprimée, la Pauvreté mise horsja loi.
fois î en 1913, par Georges Crès, dans sa collée- ' * r ' * ’ ' *
tion des « Maîtres du Livre » et, en 1914, par le
teurs de prédilection, rechercheraient en vain
des exemplaires sur papier de luxe. Il n’y en eut
pas ; mais les amateurs se disputent déjà assez
âprement et onéreusement ces exemplaires ordi
naires de l’édition Soirat, qui est considérée
comme la véritable édition originale.
A la vérité, si l’édition Soirat du « Désespéré »
fut la première mise en vente, elle avait été pré
cédé, typographiquement pat' une autre édition *«“" * **«“,»• C '«* ««*« < le ™ i4re édI -
... . . aua t«on, constamment réimprimée, qu on trouve ae-
qui ne quitta les presses de l imprimeur que ’ , . r
pour aller s’entasser dans le sous-sol de l’éditeur
où elle demeura séquestrée pendant plus de six
« Le Désespéré » est un livre à clef. Soit. Mais
la clef n’ouvre que la porte de service ; elle
oblige ceux qui en sont munis à subir les ragots
de l’office. A l’occasion des noces d’or de Caïn
Marchenoir, le public est invité à entrer par la
porte d’honneur ; elle n’a jamais été fermée. Le
De ce qu’en 1886, un éditeur pouvait, en le maîf-re de céans tient table ouverte pour tous les
tuellement dans le commerce.
ans. Le premier roman de Léon Bloy semblait publiant, craindre pour sa responsabilité, faut-il a ff am ^ s Grandeur. Devant lui, les laquais se
devoir connaître un destin honnête et paisible, conclure que « le Désespéré » est un livre diffa- t 3 j S€n f e j. servent en silënce.
sou» !a tutelle d’une maison d’édition déjà quasi matoire ? Les livres de cette nature suivent le . ^ BOLLERY
centenaire, dont la raison sociale était pour destin des scandales divulgués, qui est de som- . P
l'heure Tresse ot Stock (1), 8, 9, 10, Galerie brer dans l’oublî et l’indifférence. Or, après cin- (i) Ancienne Maison Barba, fondée ôn 1790.
La spiritualité de la route
par Joseph Folliet
« Ce livre est un livre vert... Non pas le
vert administratif, formaliste, bureaucrati
que des tapis et des cartonniers. Mais le
vert, cru, acide, juteux des plantes que le
printemps gonfle. Le vert de la végétation,
du mouvement et de la vie — eaux qui cou
lent, feuilles qui se dilatent — de la jeunesse
et de l'espoir. »
La promesse que nous fait ainsi l'auteur
dès le seuil de son livre se réalise au delà de
tout ce que nous pouvions espérer , jusqu'à
cet hymne à la route par quoi il termine :
« ...Route des louveteaux , des Scouts, des
Routiers, des Cadets, des Compagnons de
Saint-François et de tous leurs frères dans
toutes tes patries.
Route dure et âpre comme une prunelle,
mais douce et bienfaisante aux forts,
« Route de lumière, illuminant ceux qui
te suivent...
« Route pacifique et pacifiante...
« Fais de nous des nommes au corps pur
et fort, aux volontés fermes, aux belles pen
sées »
Fais de nous des chrétiens qui sachent
et veuillent l'unique nécessaire,
« Fais de nous des chrétiens joyeux qui
rendent la vérité aimable et l'imposent aux
rebelles à force de bonté ... »
Joseph Folliet, docteur en philosophie sco
lastique, docteur ès sciences sociales et poli
tiques, spécialiste du droit de colonisation,
est aussi, ne l’oublions pas, le fondateur des
Compagnons de Saint-François et leur grand
chansonnier. Les jeunes Vont adopté pour
toujours — ils savent bien pourquoi : avec
le cœur qu’il a, Folliet restera jeune toute
sa vie.
Ouvrage de spiritualité que ce livre , certes,
et qui inaugure si heureusement une nou
velle collection de « Vie intérieure », mais
où tout est vécu, car l'auteur a plus que qui
conque l'expérience de la route. Que nous
voici loin des textes dévotieux, aux belles
phrases arrondies / Pour illustrer par des
exemples la valeur des vieilles vertus chré
tiennes, il suffit de puiser dans ses souvenirs
routiers [je pense à l'histoire du gendarme
luxembourgeois ou à ces pages sur la zoolo
gie des granges qu'on peut recommander, sûr
du succès , aux hypocondriaques les plus re
belles). Tout s'insère dans la vie chrétienne,
y compris l'anecdote savoureuse et l'histoire
drôle. L'élan poétique accueille soudain un
mot cocasse, puis reprend ses ailes, ce qui
donne à ce style un charme qui le ferait re
connaître entre mille.
Simple avec le bon Dieu comme il l’est
avec lui-même et avec tous ses frères, Folliet
a réussi à faire de son livre une petite mer
veille où le christianisme révèle son visage
le plus pur et le plus souriant, tout inondé
de fraîche lumière franciscaine. — (« La Vie
intérieure pour notre temps ». Bloud et Gay.)
Jeanne Ancelet-Hustacm.
VERS
Les flambeaux sur l’autel
par Alfred Droin
M. Alfred Droin est l’un des rares pogtes
d aujourd’hui à qui le terme de poète civi
que puisse être appliqué sans réserva. Il l’est
dans son inspiration, il l’est par son expres
sion, il l’est avec la notion classique du beau
qui se veut utile et de l’utile qui ne saurait
se satisfaire de n’être pas beau. Il apporte à
exalter le sentiment qui nous fait citoyen la
même ardeur, la même plénitude réfléchie
que d’autres apportent à célébrer l’amour.
C’est tout le sens de ce grave et beau livre :
« Les Flambeaux sur l’autel » où, si l’on re
trouve le poète de « La Triple symphonie »
avec son souci d’un métier parfait, son bel
élan de cœur, on trouve encore un accent
d’amertume, une véhémence satirique qui
prêtent à son verbe un dynamisme nouveau.
Pour lui, l’idée est une musculature dont
l’harmonie verbale est la ligne animée. No
tre époque y marque son inquiétude.
Et, dans un temps où presque personne ne
veut plus « servir », il est particulier, voire
réconfortant d apercevoir la passion que le
poète apporte à vouloir que son chant, en
même temps qu’il exalte uno pensée saine,
serve une forme de combat indispensable à
la victoire d’un idéal. A ce poëte qui ne cesse
point d’être soldat, il faut la certitude que
la seule volupté ne sert point à définir l’in
fluence que le poème exerce sur les . âmes
La mission du poète est une mission de lut
te et de soutien. Alfred Droin considère que
l’art peut permettre de l’assumer noblement
sans qu’ait à s’assombrir le divin visage
de la Poésie. — ( Firmin-Didot.)
Hector Talvart.
La Maison Tellier
par Guy de Maupassant
Ce livre doux et fort, comparé à tant dé
livres modernes, artificiels et frelatés, c’est
comme de bon bourgogne ou, mieux comme
une bolée do cidre après ces cocktails ex
travagants importés d’Amérique. A relire
Maupassant, non seulement on goûte un plai
sir intellectuel sans mélange, mais physi
quement aussi quelle source intarissable de
bien-être !...
Maupassant a porté la nouvelle à son plus
éclairage savant qui combine à merveille
les clartés et les ombres ; la langue la plus
sobre qui soit, le style le plus nu et pour
tant le plus savoureux du monde, « tel sur
le papier qu’à la bouche » comme dit Mon
taigne, et malgré l’apparente impassibilité du
conteur, selon le dogme flaubertien, une sorte
d’ironie supérieure qui court en filigrane.
Si paradoxale que paraisse dans l’abord cette
dilection, on comprend que James Joyce,
l’auteur de cet extraordinaire Ulysse, mais
aussi de Gens de Dublin, ait fait ses délices
de Maupassant.
On connaît de reste le sujet de La Maison
Tellier. La supérieure d’une communauté un
peu bien spéciale emmène son troupeau pas
ser deux jours à la campagne, chez son frère,
dont la petite fille fait sa première commu
nion. Et les filles, après avoir émerveillé
tout le village, par leurs coiffures et leurs
toilettes « cascadeuses », font à l’église son
édification par leur piété, piété si vive et
si visible que le brave curé, dans son allo
cution, les désigne comme brebis envoyées
du ciel. Puis, c’est le retour au bercail, où
les habitués sevrés pendant deux longues
journées, célèbrent leur joie par une nuit
de liesse.
M. Ferroud publie ce récit d’une ma
nière qui l’honore : beau papier, caractères
choisis, présentation excellente. Des illus
trations en couleurs, fort gaillardes, de Car-
lègle, on dira seulement qu’elles sont idoines
au libertinage truculent du texte. — ( Librai
rie des Amateurs.) P. de M.
LES NATIONS ET LES HOMMES
Le drame du xx e siècle
Tout le drame du XX'' siècle, sou
tient M. Jean Prévost, vient de ceci
que trois peuples, trois grands peu
ples sont à l’étroit sur leur territoire,
et que, menacés de famine, ils songent
à obtenir par la force la rupture de
l’équilibre établi. Ces peuples sont
l’Allemagne, le Japon, l’Italie.
A vrai dire le cas de l’Italie est
moins net que les deux autres parce
que la population italienne étant sur
tout agricole, peut, sur un territoire
d’ailleurs plus favorisé de la nature,
vivre plus facilement que l’allemande
sur le sien. Mais pour l’Allemagne et
le Japon, c’est, depuis dix ans surtout,
le drame.
Ce drame est survenu au cours des
cinquante dernières années sans que
les pouvoirs publics des deux Etats
aient paru le prévoir. Il est dû essen
tiellement à quatre causes. Deux posi
tives : augmentation de l’excédent
des naissances sur les décès grâce au
développement de l’hygiène ; indus
trialisation massive et développement
de la population urbaine au détriment
de la population agricole. Deux néga
tives : fermeture des territoires
d’émigration et fermeture de certains
marchés.
Prenons l’exemple allemand. Aux
environs de 1870, 38 millions d’Alle
mands. L’hygiène se développe, la
mortalité infantile décroît. Les nais
sances ont beau diminuer, la morta
lité diminue plus vite. Augmentation
de l’excédent ; augmentation régulière
de la population. Or l’Allemagne pos
sède un sol pauvre. L’excédent de po
pulation se rejette donc ou bien dans
les villes, ou bien en Amérique. In
dustrialisation ou émigration voilà les
deux soupapes.
Dès 1900 cependant las marchés
commencent à manquer parce que
l’Allemagne n’est pas seule à s’indus
trialiser. Recherche passionnée de
marchés d’une part, de matières pre
mières et de produits alimentaires de
l’autre. A la fin, recherche par le
mauvais moyen, par la violence.
Guerre.
Après la guerre, les difficultés re
commencent, multipliées par dix. Le
marché chinois est clos ; le marché
russe est clos ; les marchés sud-amé
ricains sont pris par d’autres ; du
marché turc il n’est plus question, etc.
D’autre part les Etats-Unis, le Brésil,
l’Argentine, l’Australie se ferment ou
à peu près aux émigrants allemands.
Conclusion : l’Allemagne ne sait plus
où placer son excédent de population;
elle n’a pas encore compris qu’il lui
fallait le réduire à zéro : d’où misère.
L’industrie n’y peut rien : on chôme,
faute de clients. Depuis l’avènement
du chancelier Hitler qui trouve sept
millions de chômeurs, le IIP Reich
essaie de s’en tirer en transformant
ses usines en usines de guerre et une
partie de ses chômeurs en soldats ;
c’est reculer pour mieux sauter ; c’est
surtout incliner à la solution de vio
lence, laquelle ne résout rien. Le
drame apparaît à tous les yeux.
Pierre DOMINIQUE.
(*) Jean Prévost : La Terre est aux
Hommes, (Gallimard, éd.)
Jacques
Chardonne
publie le 5 Février
son nouveau roman
ROMANESQUES
STOCK
R. P. SERTILLANGES
membre de l’Institut
DIX MINUTES DE CULTURE
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F. AUBIER, ÉDITIONS MONTAIGNE, 13, QUAI CONTI - PARIS
TROISIEME ANNEE 15 Janvier 1937
M ESUR
CAHIERS TRIMESTRIELS
NUMÉRO I
Comité de Rédaction : Henry Churoh, Bernard Groethuysen, Henri
Michaux, Jean Paulhan, Giuseppe Ungaretti
Paul CLAUDEL Le Monastère in corde maris.
Giuseppe UNGARETTI Sirènes (traduit par Jean Ghuzeville).
Léon-Paul FARGUE Erythème du Diable.
Alexei REMIZOV Kitovras (traduit par D. Ch.).
Pierre Jean JOUVE » Orphée.
Bernard GROETHUYSEN Bayle.
André BRETON Lés Premiers dans la Maison du Vent.
Boris de SCHLOEZER La Musique, Art méconnu.
Paul ELUARD Sans Age.
Herman MELVILLE L’Ile de Hood et l’Ermite Oberlus (tra
duit par pierre Leyris).
Brunetto LATINI Traité de Rhétorique (commenté par
Jean Paulhan).
Précieuse guirlande de la loi des oiseaux, traduit pour la première fois du
tibétain, par Henriette Meyer
Mesures décernera un prix de 6.000 francs, le 15 juillet, à la meilleure pièce
en un acte qui lui sera soumise. Louis JOUVET ce joindra pour la circons
tance au Comité de Mesures,
Administration : Mlle A. Monnier, 7, rue do l’Odéon, Paris-VI e
Le numéro : 15 fr. L’abonnement d’un an : 50 fr.
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