Le Jury de lecture et l’Opéra
sous la Restauration
D'APRÈS LES PAPIERS DE LA MAISON DU ROI
Le décret du 1er novembre 1807, daté de Fontainebleau, avait placé l’Opéra,
avec les trois autres grands théâtres de Paris, dans les attributions d’un nouveau
fonctionnaire, le Surintendant des spectacles.
La Restauration change les noms, mais elle garde l’institution qu’elle a trou-
vée. L’Académie de musique est gouvernée par le ministre de la Maison du roi ;
au second rang, il y a encore deux maîtres : jusqu’en 1824, le baron de La Ferté,
intendant des théâtres royaux, pendant les cinq dernières années, le vicomte
Sosthène de La Rochefoucauld, directeur des Beaux-Arts. L’un n’est qu’un
esprit étroit et tatillon; l’autre prétend administrer en grand seigneur, en Mé
cène, mais par tous les deux, l’Opéra, chaque jour pour ainsi dire, est surveillé,
régenté, tenu à la lisière.
Les directeurs qui, pendant ces quinze ans, se succèdent à l’Académie de mu
sique, comptent à peine : ce sont des « hommes de paille », des commis sans ini
tiative comme sans responsabilité (1).
Un des premiers soins du comte de Pradel, ministre de la Maison du roi, est
de s’occuper de la marche à suivre pour l’examen des ouvrages destinés à
l’Opéra. Il conserve pendant quelque temps un jury de lecture composé de trois
littérateurs, de trois musiciens et de trois chanteurs. Un conseil littéraire le rem
place, mais pour disparaître bientôt. Enfin, le 26 août 1816, est signé « l’arrêté
constitutif du Jury littéraire et musical ». Celui-ci comprend cinq littérateurs et
cinq musiciens ; il siège, pour plus de prestige, à l’Intendance des Menus (2) :
ses jugements sont sans appel.
Nul, désormais, ne peut affronter la scène de l’Opéra si cette cour souveraine
n’a décrété que le poème, avant tout, répond à des qualités, minutieusement
spécifiées, d’intérêt, de composition et de style.
Ces préoccupations semblent étranges, quand il s’agit d’un théâtre lyrique.
C étaient là les idées du temps : elles étaient un legs du xvIIe siècle. Les Picci-
(1) A partir du mois de mars 1819, ils sont, en outre, chargés d'administrer le Théâtre-Italien.
Les deux établissements sont rigoureusement séparés. Dans les dernières années seulement, un
artiste peut temporairement être employé dans l'un ou l'autre.
(2) Il siège sous la présidence de La Ferté, dont la voix, en cas de partage,- compte
deux. En 1822, on supprime cette présidence. Le baron insiste alors pour que les séances
tinuent à se tenir à l’Hôtel de l’Intendance : cette distinction, ajoute-t-il avec sa niaiseri
lennelle, sera judicieuse, « en ce que le moral du travail semblera reposer dans le sein
haute autorité ».
sous la Restauration
D'APRÈS LES PAPIERS DE LA MAISON DU ROI
Le décret du 1er novembre 1807, daté de Fontainebleau, avait placé l’Opéra,
avec les trois autres grands théâtres de Paris, dans les attributions d’un nouveau
fonctionnaire, le Surintendant des spectacles.
La Restauration change les noms, mais elle garde l’institution qu’elle a trou-
vée. L’Académie de musique est gouvernée par le ministre de la Maison du roi ;
au second rang, il y a encore deux maîtres : jusqu’en 1824, le baron de La Ferté,
intendant des théâtres royaux, pendant les cinq dernières années, le vicomte
Sosthène de La Rochefoucauld, directeur des Beaux-Arts. L’un n’est qu’un
esprit étroit et tatillon; l’autre prétend administrer en grand seigneur, en Mé
cène, mais par tous les deux, l’Opéra, chaque jour pour ainsi dire, est surveillé,
régenté, tenu à la lisière.
Les directeurs qui, pendant ces quinze ans, se succèdent à l’Académie de mu
sique, comptent à peine : ce sont des « hommes de paille », des commis sans ini
tiative comme sans responsabilité (1).
Un des premiers soins du comte de Pradel, ministre de la Maison du roi, est
de s’occuper de la marche à suivre pour l’examen des ouvrages destinés à
l’Opéra. Il conserve pendant quelque temps un jury de lecture composé de trois
littérateurs, de trois musiciens et de trois chanteurs. Un conseil littéraire le rem
place, mais pour disparaître bientôt. Enfin, le 26 août 1816, est signé « l’arrêté
constitutif du Jury littéraire et musical ». Celui-ci comprend cinq littérateurs et
cinq musiciens ; il siège, pour plus de prestige, à l’Intendance des Menus (2) :
ses jugements sont sans appel.
Nul, désormais, ne peut affronter la scène de l’Opéra si cette cour souveraine
n’a décrété que le poème, avant tout, répond à des qualités, minutieusement
spécifiées, d’intérêt, de composition et de style.
Ces préoccupations semblent étranges, quand il s’agit d’un théâtre lyrique.
C étaient là les idées du temps : elles étaient un legs du xvIIe siècle. Les Picci-
(1) A partir du mois de mars 1819, ils sont, en outre, chargés d'administrer le Théâtre-Italien.
Les deux établissements sont rigoureusement séparés. Dans les dernières années seulement, un
artiste peut temporairement être employé dans l'un ou l'autre.
(2) Il siège sous la présidence de La Ferté, dont la voix, en cas de partage,- compte
deux. En 1822, on supprime cette présidence. Le baron insiste alors pour que les séances
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