Titre : Ève : le premier quotidien illustré de la femme / directeur-rédacteur en chef, F. Foussarigues
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1924-02-10
Contributeur : Foussarigues, Francis (1880-1942). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32771466k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 10 février 1924 10 février 1924
Description : 1924/02/10 (A5,N176). 1924/02/10 (A5,N176).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t57365714
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-46197
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/11/2022
è ve
11
d LES Idées, les Sentiments et la Beauté des Livres g
Roger Dévigne : Un continent disparu :
L’Atlantide : Sixième partie du monde. —
Francis Jammes : Caprices du Poète. —
René LALOU : Le Chef.
F, grand succès obtenu par le
fameux romande Pierre Benoit
aura eu pour effet de rendre
y populaire le problème de l’At-
| lantide. Cette terre légendaire
a-t-elle existé? Ses habitants
, f ment-ils, dans les temps pro-
. tohistoriques, les pères de la civilisation hu
maine? Les Grecs le pensaient. Ils rapportent
aux Atlantes l’origine de lem mythologie.
Au chant XIV de l’Iliade, Homère fait dire
à J piton : « T e pars pour visiter les
limites de la terre, l’Océan, père
des dieux, et Thétys, lem mère. »
Platon, dans le Critias et le Timée,
d’après une tradition saïte (tribu
égyptienne), décrit l’archipel atlan-
tide, avec sa grande île de Poséido-
nis et donne une esquisse de ce
qu’aurait été sa civilisation. Les
connaissances astronomiques des
Egyptiens, lem religion, leurs mœurs
primitives mêmes seraient d’origine
atlante. Toutes x les civilisations
connues de la haute antiquité, celle
des Hindous, comme celle des
Egyptiens, attestent l’influence,
voire même la tradition d’une grande
race d’hommes supériems disparue.
C’est ainsi que les plus anciens livres
védiques rapportent lem sagesse à
de lointains initiateurs. Mais, il est
es que ni
vrai, tout cela se perd dans la nuit
des temps. Les hypothèses ou con
jectures dérivées de constatations
positives se trouvent éparses en
des ouvrages de spécialistes que ni
vous ni moi, pour nous faire une
idée d’ensemble de la question
atlantéenne, ne pouvons rassembler
et. coordonner. Tout ce que nous
savons, d’après Platon, c’est qu’une
grande île, vestige d’un ancien
continent situé entre l’Amérique
centrale, le Maroc, l’Espagne et
le sud de la France, disparut sous
l’Océan, à la suite d’un cataclysme,
dont l’une des phases fut, sans
doute, le déluge.
Heureusement, M. Roger Dévi
gne, dans un ouvrage accessible à
tous : Un continent disparu : L’AT-
LANTIDE, sixième partie du monde
(Crès) groupe et expose la ques
tion sous ses aspects divers. Son
érudition sur le sujet paraît com-
lète, il l’utilise et la met en valeur
‘une manière fort probante. Après
que le sens critique a accompli son office préa
lable, il livre à l’imagination du poète, d’après
les données réelles en sa possession, la résurrec
tion d'un monde disparu presque entièrement
des annales humaines, mais non de la terre et
de l’humanité.
Selon les sceptiques, la relation du Timée
et du Critias ne serait que celle d’un mythe,
bien que Platon ne prétende la répéter que
d’après celle que Solon reçut des prêtres égyp
tiens, gardiens des traditions les plus reculées.
M. Roger Dévigne, qui n’est pas un scepti
que, fait remarquer que les sondages océani
ques modernes ont constaté dans les parages
indiqués par Platon l'existence de montagnes
et de vallées sous-marines, et d’une sorte de
pourtour insulaire, signalant là une terre
engloutie, dont les Bermudes, les Canaries
et les Iles du Cap Vert seraient encore des
parties subsistantes. Les livres sacrés du
Mexique gardent le souvenir de ce cataclysme
et les géologues admettent qu’il a été con-
La zoologie, la paléontologie et la bota
nique confirment d’ailleurs les données des
géologues. Sur tout le voisinage du continent
et de l’île disparus se trouvent des spéci
mens identiques de la famie ou de la flore,
pétrifiés ou vivants et qui ne se remarquent
que là.
Ainsi, la science, par des constatations /
diverses et concordantes, est amenée à croire
qu’un continent, jadis, reliait l’Amérique à
1 Europe. « Le dernier grand débris de ce conti
nent, dit M. Roger Dévigne, serait l'Atlantide
de Platon, l’Empire du Bronze, l’île des
dieux Saturniens, des peuples civilisateurs
à peau-rouge ou bronzée, »
Existe-t-il une transmission historique de
l’existence du monde atlantéen? M. Roger
Dévigne se prononce pour l’affirmative, après
s’être référé aux témoignages des anciens,
aux similitudes frappantes des traditions
atlantidiennes en Europe et en Amérique.
Selon lui, l’Aztlan ou Meztlii des Mexicains ne
serait autre que l’Atlantis de Platon. L’iden-
tité des civilisations égyptiennes avec celles
de l’antiquité mexicaine et sud-américaine me
paraît, à cet égard, le fait le plus probant.
Les vieilles Pyramides existent encore au
Mexique ; les tombeaux aussi, avec les mo
mies, les bandelettes, les objets funéraires
et les hiéroglyphes.
L’Atlantide existe ethniquement, déclare
encore notre auteur, car nombre de ses colo
nies ont subsisté après le grand désastre,
aux Canaries (Guanches), dans l'Atlas maro-
cair ou Lybie (Berbères), en Ibérie, dans le sud
de la France (Basques), er Etrurie et Carie,
s dans les îles grecques, le Mexique et les Andes.
ici, l’archéologie, la linguistique et l’ethno
graphie concourent à la même preuve.
Roger Dévigne étudie encore les tradi
tions diluviennes, dans l'ancien et le nouveau
monde, l’aralogie primitive de la mystique,
de la religion et de l’astronomie avec celle des
Egyptiens ; l’industrie atlante du bronze et
son expansion ; la communauté de l’archi
tecture pyramidale qui a existé partout où les
Atlantes ont laissé des traces ; la similitude
des hiéroglyphes. Le témoignage des pierres
paraît fort impressionnant. Celui du culte
solaire, de la croix, de l’arbre et du serpent
ne l’est pas moins. La racine primitive appa
raît de façon fort curieuse, dans l’appellation
de 1 arbre sacré qui est : oum en égyptien,
hom en Perse, om au Mexique, hom en Amé-
M.
(Photo Studio-Rahma)
Roger Dévigne,
ri que Centrale.
Bref, lelivre pas
sionnant et très
instructif de Roger
Dévigne conduit à
penser qu’il est
impossible de nier
l’existence de l’At
lantide et de sa
civilisation. Le jour
où cette croyance,
appuyée sur tant
de faits d’ordres
divers et concor
dants, sera admise
o f ficiellement,
peut-être de gran
des tentatives se-
ront-elles engagées Type probable de femme atlante: L’Impératrice Tii.
ar les peuples à
ollars surabondants, par exemple, pour
essayer de tirer du fond de l’Océan, où dort
l’antique Poséidonis, quelque statue, fronton,
ou débris quelconque attestant que le grand
linceul marin couvre une antique terre des
hommes. D'après un livre sacré de l’Amé-
rique antique, le nombre des victimes du
CONSEILS POUR LES ACHATS DE LIVRES
Cette rubrique est absolument exempte de toute publicité.
Nous pouvons nous charger de faire parvenir à nos lectrices les livres choisis
si elles ne les trouvent pas chez leur libraire. Il suffira de nous en envoyer le montant
plus o fr. 75 pour l’envoi.
Pour les Bibliophiles :
J . A lim , tonné, 35 fr. — Cet ouvrage très documenté sur
— Livres d Lire . l'art de r Extrême-Orient contient 168 planches
Une heure avec.... (Première série), par Frédéric hors texte et photogravures.
LEFEVRE. Un vol. 6 fr. 75. — C’est une série
d’études, les plus remarquables qui aient été
faites sur les écrivains de notre époque. Ce vo
lume contient des interviews de Maurice Barrés,
Alexandre Arnoux, Joseph Bédier, Pierre Mac
Orlan, Roland Dorgelés, Claude Farrère,
Alexandre Kouprine, Georges Courteline, etc.
Apollinaire Vivant, par André Billy, avec
une photographie inédite et des portraits charges
de Pablo Picasso. Un vol. 4 fr. 50. — Il s’agit de
curieux souvenirs sur Apollinaire, écrits par un
de nos meilleurs critiques littéraires.
L'Alsace, par Philippe de Las-Cases. Un vol.
25 fr. — La librairie Ollendorff fait paraître un
nouveau volume de sa belle collection sur l’Art
rustique en France. C’est un véritable musée,
le plus complet qui ait été reconstitué de l’Alsace
artistique de jadis.
L'art de l’Extrême-Orient, par Otto KUMMEL,
traduction de Charlotte Marchand, Un vol. car-
grand cataclysme aurait été de
68 millions. Quelque chose d’elles doit
bien subsister dans les fonds océaniens.
Qui fera cette pêche sensationnelle?...
*
* *
Le poète des Clairières dans le ciel,
Francis J ammes, continue à nous reve
nir de ses sentiers de jadis, couronné
de ces savoureux et candides souvenirs
qu’il intitule : les Caprices du poète
(Plon).
C’est le troisième cahier de ces
mémoires qui vient de paraître. Il se
rapporte à l’homme de trente ans,
lequel s’estime très jeune encore. Il
vient de publier : de l’Angélus de
l’aube à l’Angélus du soir. Francis
J ammes se souvient qu’André Theuriet
lui reprocha, à propos de ces éléva
tions poétiques, d’avoir fait se percher
un bouvreuil sur un pêcher ! José-
Maria de Hérédia, lui, se serait borné
à dire, dans une conversation : « Il est
certain que cet animal-là est poète :
mais, le sentiment, moi. je m’en fous. »
J ammes ajoute : « Tels furent les juge
ments officiels portés sur l’Angélus. »
Mais il se console en songeant qu’au
son de sa petite cloche : « Beaucoup
s’émurent tout simplement qui savent
conclure par eux-mêmes. »
C’est l’epoque où Francis Jammes
aurait pu se dire, comme le tendre
et pur Vauvenargues : « Les premiers
feux de l’aurore ne sont pas si doux
que les premiers regards de la gloire. »
Déjà, il atteit t les âmes. Elles vien
nent à lui spontanément. Charles Gué
rin, l’élégiaquesi sensitif et tourmenté,
qui a répandu son cœur brûlant et
résigné dans : Le Chemin de Cendres,
vient le visiter à Orthez. Et il nous
le fait admirablement connaître dans
son bonheur provincial, tout pénétré
de l’arôme des choses. On ne peut se
retenir de citer quelques-uns de ces si beaux
vers qui peignent et font sentir :
O Jammes, ta maison ressemble à ton visage,
Une barbe de lierre y grimpe, un pin l’ombrage,
Eternellement jeune et dru comme ton cœur.
Malgré le vent et les'hivers et la douleur.
Quand j’entendis comme
[un oiseau mourant, crier
Ta grille, un tiède émoi
[me fit déjaillir l'd-me.
Je m’en venais vers toi
[depuis longtemps : à
[Jammes,
Et je t’ai trouvé tel que je
[t’avais rêvé.
J’ai vu les chiens joueurs
[languir sur le pavé
Et sous ton chapeau blanc
[et noir comme une pie,
Tes yeux francs me sou-
[rire avec mélancolie.
Une autre fois,
c’est Paul Claudel,
retour d’ui pays
lointain, qui vient
cousiner avec le
chantre de Clara
d’ Ellebeuse, dansson
ermitage orthésien.
Jammes, à ce mo
ment, est angoissé
de doutes, assoiffé
d’amour éternel. Il
n’a point trouvé en
lui le repos de la foi.
Claudel, cet athlète
physique, si apte aux
« coups de poing de
la parole » contribue’à le lui donner. Grâce à
cette influence, le poète d’Orthez recouvre la
paix, perdue depuis cette adolescence heureuse
où il voyait : « Dieu sur le coteau natal. »
J ammes excelle à brosser ingénument des por
traits de ses amis, francs, pittoresques et affec
tueux. Pour chacun d’eux, il donne la note
Dingo, par Octave Mirbeau. Bois coloriés
de Pierre Falké. Edition tirée à i 180 exem-
plaires. Un vol. 60 fr. — Encore un succès à
l’actif de l’éditeur Henri Jonquières qui publie
Dingo, dans sa collection : Les beaux romans. Le
jeune maître Pierre Falké, qui semble vouloir se
spécialiser dans l’illustration des livres de luxe,
a fait, pour cet ouvrage, des gravures sur bois
coloriées de toute beauté.
A ne pas laisser lire aux jeunes filles ;
La Haine Amoureuse, par Rachilde. Un vol,
7 fr. — C’est peut-être le plus curieux des livres
de Rachilde après La Tour d’Amour ou Le Me
neur de Louves. Il contient de tels cris de pas
sion qu’il sent vraiment la vérité. Il paraît écrit
avec de la Chair et du sang.
M. René LaLOU. (-Photo Henri Manuel}
sensible, qu’il s’agisse d’Albert Samain, de
Raymond Bonheur, Charles de Bord eu,
d’André Gide, de Jean de Tinan, ou de
Marcel Schwob.
C’est aussi la vie rustique du poète qui fait
le charme de ce récit, sa douceur un peu nar
quoise, sa naïveté bien assurée d’elle-même et
sa frugale sensualité d'âme. C’est un déli
cieux conteur d’anecdotes, savoureux, tout
parfumé de simplicité virgilienne. Comme il
fait bon le suivre en Savoie avec sa mère,
ou en Espagne, où il se rend pour contempler
un certain lagerstremia, printanier et rose,
comme une belle demoiselle de village. Point
d’apprêt et beaucoup dé caprice, car Francis
Jammes ne s’embarrasse pas de transitions.
Vous êtes à Orthez, puis, brusquement, sans
crier gare, immédiatement ailleurs.
*
M. René Lalou nous donne un bien curieux
livre avec : Le Chef (Crès). Ce chef, Otto de
Rosenkrantz, paraît le chef intégral, si j’ose
dire. Une sorte de déterminisme germanique
a réalisé en lui son cas typique jusqu’à la
puissance du surhomme, comme dirait Nietz
sche. C’est le chef de guerre, Ludendorff ou
Hindenburg. D’une façon générale, il semble
lacé dans la situation où s’est trouvé ce
ernier. Mais peu importe, l’intérêt n’est point
là. Ce Rosenkrantz, dès sa jeunesse, a sacrifié
ses aspirations, diverses, pour se consacrer
entièrement à l’unique qui le fera devenir le
grand soldat de sa patrie. Il le devient avec
toute la plénitude de son esprit, avec toute
la force de son caractère, avec toute la flamme
de son génie. En guerre, et commandant
d’une immense armée, il est le chef qui
a intégré toute son humanité en sa science et
son devoir. Rien ne peut le sortir du rôle où
le destin l’a placé et dans lequel il se situe
supérieur à tous. Il se sent invincible. Sa puis
sance de commandement est capable de briser
ou de déborder tous les obstacles. Il arrachera
la victoire aux ennemis du dedans et du dehors,
comme un athlète est certain de soulever un
poids de cent kilos. Mais il y a les impondé
rables. Et le surhomme fait chef va tout de
même à la défaite. Il est homme et non Dieu !
Jusqu’ici on a pu croire que René Lalou
écrivait son livre pour donner une sorte de
monographie psychologique et morale de
l’homme-chef. Pour si abondante que soit
son analyse, elle nous conduit à toute autre
chose, car Rosenkrantz, dans sa retraite,
toujours porté par la rigueur de sa certitude,
entrevoit un personnage plus grand que lui,
une sorte de Messie surhumain qu’il invoque,
qu’il appelle, parce qu’il sait que ce chef-là
sera celui des âmes dont la puissance illimitée
saura faire advenir parmi les hommes le règne
de la paix mystique. Je pense aux larmes de
Jésus sur le Golgotha !... Rosenkrantz les
oublie, lui !...
Ce livre est remarquable par l'unité du
talent, par la concordance de la pensée, la
fertilité des aperçus. M. René Lalou use d’une
langue souple, variée, toujours bien ajustée
à ce qu’elle veut faire entendre, et son livre,
ui est le drame d’un caractère, ne manque pas
'émotion.
Raymond CLAUZEL.
? Les Grandes Enquêtes d’ÈVE ?
11
d LES Idées, les Sentiments et la Beauté des Livres g
Roger Dévigne : Un continent disparu :
L’Atlantide : Sixième partie du monde. —
Francis Jammes : Caprices du Poète. —
René LALOU : Le Chef.
F, grand succès obtenu par le
fameux romande Pierre Benoit
aura eu pour effet de rendre
y populaire le problème de l’At-
| lantide. Cette terre légendaire
a-t-elle existé? Ses habitants
, f ment-ils, dans les temps pro-
. tohistoriques, les pères de la civilisation hu
maine? Les Grecs le pensaient. Ils rapportent
aux Atlantes l’origine de lem mythologie.
Au chant XIV de l’Iliade, Homère fait dire
à J piton : « T e pars pour visiter les
limites de la terre, l’Océan, père
des dieux, et Thétys, lem mère. »
Platon, dans le Critias et le Timée,
d’après une tradition saïte (tribu
égyptienne), décrit l’archipel atlan-
tide, avec sa grande île de Poséido-
nis et donne une esquisse de ce
qu’aurait été sa civilisation. Les
connaissances astronomiques des
Egyptiens, lem religion, leurs mœurs
primitives mêmes seraient d’origine
atlante. Toutes x les civilisations
connues de la haute antiquité, celle
des Hindous, comme celle des
Egyptiens, attestent l’influence,
voire même la tradition d’une grande
race d’hommes supériems disparue.
C’est ainsi que les plus anciens livres
védiques rapportent lem sagesse à
de lointains initiateurs. Mais, il est
es que ni
vrai, tout cela se perd dans la nuit
des temps. Les hypothèses ou con
jectures dérivées de constatations
positives se trouvent éparses en
des ouvrages de spécialistes que ni
vous ni moi, pour nous faire une
idée d’ensemble de la question
atlantéenne, ne pouvons rassembler
et. coordonner. Tout ce que nous
savons, d’après Platon, c’est qu’une
grande île, vestige d’un ancien
continent situé entre l’Amérique
centrale, le Maroc, l’Espagne et
le sud de la France, disparut sous
l’Océan, à la suite d’un cataclysme,
dont l’une des phases fut, sans
doute, le déluge.
Heureusement, M. Roger Dévi
gne, dans un ouvrage accessible à
tous : Un continent disparu : L’AT-
LANTIDE, sixième partie du monde
(Crès) groupe et expose la ques
tion sous ses aspects divers. Son
érudition sur le sujet paraît com-
lète, il l’utilise et la met en valeur
‘une manière fort probante. Après
que le sens critique a accompli son office préa
lable, il livre à l’imagination du poète, d’après
les données réelles en sa possession, la résurrec
tion d'un monde disparu presque entièrement
des annales humaines, mais non de la terre et
de l’humanité.
Selon les sceptiques, la relation du Timée
et du Critias ne serait que celle d’un mythe,
bien que Platon ne prétende la répéter que
d’après celle que Solon reçut des prêtres égyp
tiens, gardiens des traditions les plus reculées.
M. Roger Dévigne, qui n’est pas un scepti
que, fait remarquer que les sondages océani
ques modernes ont constaté dans les parages
indiqués par Platon l'existence de montagnes
et de vallées sous-marines, et d’une sorte de
pourtour insulaire, signalant là une terre
engloutie, dont les Bermudes, les Canaries
et les Iles du Cap Vert seraient encore des
parties subsistantes. Les livres sacrés du
Mexique gardent le souvenir de ce cataclysme
et les géologues admettent qu’il a été con-
La zoologie, la paléontologie et la bota
nique confirment d’ailleurs les données des
géologues. Sur tout le voisinage du continent
et de l’île disparus se trouvent des spéci
mens identiques de la famie ou de la flore,
pétrifiés ou vivants et qui ne se remarquent
que là.
Ainsi, la science, par des constatations /
diverses et concordantes, est amenée à croire
qu’un continent, jadis, reliait l’Amérique à
1 Europe. « Le dernier grand débris de ce conti
nent, dit M. Roger Dévigne, serait l'Atlantide
de Platon, l’Empire du Bronze, l’île des
dieux Saturniens, des peuples civilisateurs
à peau-rouge ou bronzée, »
Existe-t-il une transmission historique de
l’existence du monde atlantéen? M. Roger
Dévigne se prononce pour l’affirmative, après
s’être référé aux témoignages des anciens,
aux similitudes frappantes des traditions
atlantidiennes en Europe et en Amérique.
Selon lui, l’Aztlan ou Meztlii des Mexicains ne
serait autre que l’Atlantis de Platon. L’iden-
tité des civilisations égyptiennes avec celles
de l’antiquité mexicaine et sud-américaine me
paraît, à cet égard, le fait le plus probant.
Les vieilles Pyramides existent encore au
Mexique ; les tombeaux aussi, avec les mo
mies, les bandelettes, les objets funéraires
et les hiéroglyphes.
L’Atlantide existe ethniquement, déclare
encore notre auteur, car nombre de ses colo
nies ont subsisté après le grand désastre,
aux Canaries (Guanches), dans l'Atlas maro-
cair ou Lybie (Berbères), en Ibérie, dans le sud
de la France (Basques), er Etrurie et Carie,
s dans les îles grecques, le Mexique et les Andes.
ici, l’archéologie, la linguistique et l’ethno
graphie concourent à la même preuve.
Roger Dévigne étudie encore les tradi
tions diluviennes, dans l'ancien et le nouveau
monde, l’aralogie primitive de la mystique,
de la religion et de l’astronomie avec celle des
Egyptiens ; l’industrie atlante du bronze et
son expansion ; la communauté de l’archi
tecture pyramidale qui a existé partout où les
Atlantes ont laissé des traces ; la similitude
des hiéroglyphes. Le témoignage des pierres
paraît fort impressionnant. Celui du culte
solaire, de la croix, de l’arbre et du serpent
ne l’est pas moins. La racine primitive appa
raît de façon fort curieuse, dans l’appellation
de 1 arbre sacré qui est : oum en égyptien,
hom en Perse, om au Mexique, hom en Amé-
M.
(Photo Studio-Rahma)
Roger Dévigne,
ri que Centrale.
Bref, lelivre pas
sionnant et très
instructif de Roger
Dévigne conduit à
penser qu’il est
impossible de nier
l’existence de l’At
lantide et de sa
civilisation. Le jour
où cette croyance,
appuyée sur tant
de faits d’ordres
divers et concor
dants, sera admise
o f ficiellement,
peut-être de gran
des tentatives se-
ront-elles engagées Type probable de femme atlante: L’Impératrice Tii.
ar les peuples à
ollars surabondants, par exemple, pour
essayer de tirer du fond de l’Océan, où dort
l’antique Poséidonis, quelque statue, fronton,
ou débris quelconque attestant que le grand
linceul marin couvre une antique terre des
hommes. D'après un livre sacré de l’Amé-
rique antique, le nombre des victimes du
CONSEILS POUR LES ACHATS DE LIVRES
Cette rubrique est absolument exempte de toute publicité.
Nous pouvons nous charger de faire parvenir à nos lectrices les livres choisis
si elles ne les trouvent pas chez leur libraire. Il suffira de nous en envoyer le montant
plus o fr. 75 pour l’envoi.
Pour les Bibliophiles :
J . A lim , tonné, 35 fr. — Cet ouvrage très documenté sur
— Livres d Lire . l'art de r Extrême-Orient contient 168 planches
Une heure avec.... (Première série), par Frédéric hors texte et photogravures.
LEFEVRE. Un vol. 6 fr. 75. — C’est une série
d’études, les plus remarquables qui aient été
faites sur les écrivains de notre époque. Ce vo
lume contient des interviews de Maurice Barrés,
Alexandre Arnoux, Joseph Bédier, Pierre Mac
Orlan, Roland Dorgelés, Claude Farrère,
Alexandre Kouprine, Georges Courteline, etc.
Apollinaire Vivant, par André Billy, avec
une photographie inédite et des portraits charges
de Pablo Picasso. Un vol. 4 fr. 50. — Il s’agit de
curieux souvenirs sur Apollinaire, écrits par un
de nos meilleurs critiques littéraires.
L'Alsace, par Philippe de Las-Cases. Un vol.
25 fr. — La librairie Ollendorff fait paraître un
nouveau volume de sa belle collection sur l’Art
rustique en France. C’est un véritable musée,
le plus complet qui ait été reconstitué de l’Alsace
artistique de jadis.
L'art de l’Extrême-Orient, par Otto KUMMEL,
traduction de Charlotte Marchand, Un vol. car-
grand cataclysme aurait été de
68 millions. Quelque chose d’elles doit
bien subsister dans les fonds océaniens.
Qui fera cette pêche sensationnelle?...
*
* *
Le poète des Clairières dans le ciel,
Francis J ammes, continue à nous reve
nir de ses sentiers de jadis, couronné
de ces savoureux et candides souvenirs
qu’il intitule : les Caprices du poète
(Plon).
C’est le troisième cahier de ces
mémoires qui vient de paraître. Il se
rapporte à l’homme de trente ans,
lequel s’estime très jeune encore. Il
vient de publier : de l’Angélus de
l’aube à l’Angélus du soir. Francis
J ammes se souvient qu’André Theuriet
lui reprocha, à propos de ces éléva
tions poétiques, d’avoir fait se percher
un bouvreuil sur un pêcher ! José-
Maria de Hérédia, lui, se serait borné
à dire, dans une conversation : « Il est
certain que cet animal-là est poète :
mais, le sentiment, moi. je m’en fous. »
J ammes ajoute : « Tels furent les juge
ments officiels portés sur l’Angélus. »
Mais il se console en songeant qu’au
son de sa petite cloche : « Beaucoup
s’émurent tout simplement qui savent
conclure par eux-mêmes. »
C’est l’epoque où Francis Jammes
aurait pu se dire, comme le tendre
et pur Vauvenargues : « Les premiers
feux de l’aurore ne sont pas si doux
que les premiers regards de la gloire. »
Déjà, il atteit t les âmes. Elles vien
nent à lui spontanément. Charles Gué
rin, l’élégiaquesi sensitif et tourmenté,
qui a répandu son cœur brûlant et
résigné dans : Le Chemin de Cendres,
vient le visiter à Orthez. Et il nous
le fait admirablement connaître dans
son bonheur provincial, tout pénétré
de l’arôme des choses. On ne peut se
retenir de citer quelques-uns de ces si beaux
vers qui peignent et font sentir :
O Jammes, ta maison ressemble à ton visage,
Une barbe de lierre y grimpe, un pin l’ombrage,
Eternellement jeune et dru comme ton cœur.
Malgré le vent et les'hivers et la douleur.
Quand j’entendis comme
[un oiseau mourant, crier
Ta grille, un tiède émoi
[me fit déjaillir l'd-me.
Je m’en venais vers toi
[depuis longtemps : à
[Jammes,
Et je t’ai trouvé tel que je
[t’avais rêvé.
J’ai vu les chiens joueurs
[languir sur le pavé
Et sous ton chapeau blanc
[et noir comme une pie,
Tes yeux francs me sou-
[rire avec mélancolie.
Une autre fois,
c’est Paul Claudel,
retour d’ui pays
lointain, qui vient
cousiner avec le
chantre de Clara
d’ Ellebeuse, dansson
ermitage orthésien.
Jammes, à ce mo
ment, est angoissé
de doutes, assoiffé
d’amour éternel. Il
n’a point trouvé en
lui le repos de la foi.
Claudel, cet athlète
physique, si apte aux
« coups de poing de
la parole » contribue’à le lui donner. Grâce à
cette influence, le poète d’Orthez recouvre la
paix, perdue depuis cette adolescence heureuse
où il voyait : « Dieu sur le coteau natal. »
J ammes excelle à brosser ingénument des por
traits de ses amis, francs, pittoresques et affec
tueux. Pour chacun d’eux, il donne la note
Dingo, par Octave Mirbeau. Bois coloriés
de Pierre Falké. Edition tirée à i 180 exem-
plaires. Un vol. 60 fr. — Encore un succès à
l’actif de l’éditeur Henri Jonquières qui publie
Dingo, dans sa collection : Les beaux romans. Le
jeune maître Pierre Falké, qui semble vouloir se
spécialiser dans l’illustration des livres de luxe,
a fait, pour cet ouvrage, des gravures sur bois
coloriées de toute beauté.
A ne pas laisser lire aux jeunes filles ;
La Haine Amoureuse, par Rachilde. Un vol,
7 fr. — C’est peut-être le plus curieux des livres
de Rachilde après La Tour d’Amour ou Le Me
neur de Louves. Il contient de tels cris de pas
sion qu’il sent vraiment la vérité. Il paraît écrit
avec de la Chair et du sang.
M. René LaLOU. (-Photo Henri Manuel}
sensible, qu’il s’agisse d’Albert Samain, de
Raymond Bonheur, Charles de Bord eu,
d’André Gide, de Jean de Tinan, ou de
Marcel Schwob.
C’est aussi la vie rustique du poète qui fait
le charme de ce récit, sa douceur un peu nar
quoise, sa naïveté bien assurée d’elle-même et
sa frugale sensualité d'âme. C’est un déli
cieux conteur d’anecdotes, savoureux, tout
parfumé de simplicité virgilienne. Comme il
fait bon le suivre en Savoie avec sa mère,
ou en Espagne, où il se rend pour contempler
un certain lagerstremia, printanier et rose,
comme une belle demoiselle de village. Point
d’apprêt et beaucoup dé caprice, car Francis
Jammes ne s’embarrasse pas de transitions.
Vous êtes à Orthez, puis, brusquement, sans
crier gare, immédiatement ailleurs.
*
M. René Lalou nous donne un bien curieux
livre avec : Le Chef (Crès). Ce chef, Otto de
Rosenkrantz, paraît le chef intégral, si j’ose
dire. Une sorte de déterminisme germanique
a réalisé en lui son cas typique jusqu’à la
puissance du surhomme, comme dirait Nietz
sche. C’est le chef de guerre, Ludendorff ou
Hindenburg. D’une façon générale, il semble
lacé dans la situation où s’est trouvé ce
ernier. Mais peu importe, l’intérêt n’est point
là. Ce Rosenkrantz, dès sa jeunesse, a sacrifié
ses aspirations, diverses, pour se consacrer
entièrement à l’unique qui le fera devenir le
grand soldat de sa patrie. Il le devient avec
toute la plénitude de son esprit, avec toute
la force de son caractère, avec toute la flamme
de son génie. En guerre, et commandant
d’une immense armée, il est le chef qui
a intégré toute son humanité en sa science et
son devoir. Rien ne peut le sortir du rôle où
le destin l’a placé et dans lequel il se situe
supérieur à tous. Il se sent invincible. Sa puis
sance de commandement est capable de briser
ou de déborder tous les obstacles. Il arrachera
la victoire aux ennemis du dedans et du dehors,
comme un athlète est certain de soulever un
poids de cent kilos. Mais il y a les impondé
rables. Et le surhomme fait chef va tout de
même à la défaite. Il est homme et non Dieu !
Jusqu’ici on a pu croire que René Lalou
écrivait son livre pour donner une sorte de
monographie psychologique et morale de
l’homme-chef. Pour si abondante que soit
son analyse, elle nous conduit à toute autre
chose, car Rosenkrantz, dans sa retraite,
toujours porté par la rigueur de sa certitude,
entrevoit un personnage plus grand que lui,
une sorte de Messie surhumain qu’il invoque,
qu’il appelle, parce qu’il sait que ce chef-là
sera celui des âmes dont la puissance illimitée
saura faire advenir parmi les hommes le règne
de la paix mystique. Je pense aux larmes de
Jésus sur le Golgotha !... Rosenkrantz les
oublie, lui !...
Ce livre est remarquable par l'unité du
talent, par la concordance de la pensée, la
fertilité des aperçus. M. René Lalou use d’une
langue souple, variée, toujours bien ajustée
à ce qu’elle veut faire entendre, et son livre,
ui est le drame d’un caractère, ne manque pas
'émotion.
Raymond CLAUZEL.
? Les Grandes Enquêtes d’ÈVE ?
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