Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1945-12-14
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 164718 Nombre total de vues : 164718
Description : 14 décembre 1945 14 décembre 1945
Description : 1945/12/14 (A119,N417). 1945/12/14 (A119,N417).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG63 Collection numérique : BIPFPIG63
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Commun Patrimoine:... Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune
Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t564001h
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/01/2021
r
—
—
, ,
PARIS
14, ROND-POINT
DES CHAMPS-ELYSEES
REDACTION ADMINISTRATION
21, Boulevard Montmartre, 21
T6I. RIC. 99-41 et 99-42.
Rédaction de nuit : PRO. 23-83.
Le Gaulois
LE
DIRECTEUR : Pierre BRISSON
Les gens qui ne veulent rien faire de rien
n’avancent rien et ne sont bons à rien.
Beaumarchais.
2 francs
DECEMBRE 1945
119« ANNEE
TARIF DES ABONNEMENTS
FRANCE
3 mois
140 francs
6 mois
260 francs
12 mois
500 francs
Changement d'adresse
: 10 francs
14, Rond-Point des Champs-Elysées
Téléphone : KUYsées 98-31 et 98-82
C/C Postal Paris :
242-53
LA GREVE
Les fonctionnai
res ont suspendu
leur travail pen
dant deux heures,
afin de démontrer
au gouvernement
qu’ils étaient prêts à aller jus
qu’à la grève générale, s’il ne
leur était pas donné satisfaction.
Leurs exigences, en elles-mêmes,
nons l’avons dit, sont parfaite
ment légitimes. Ils estiment que
des traitements de 4.000 francs,
de 3.500 francs par mois, parfois
de moins encore, c’est-à-dire les
traitements des « moins favori
sés », donc de la majorité d’entre
eux, ne leur permettent pas d’en
tretenir décemment un foyer, ni
même de manger à leur faim.
C’est vrai et c’est inadmissible.
Ils demandent qu’aucun traite
ment ou salaire ne soit désormais
inférieur à 5.000 francs par mois.
On ne peut leur reprocher, en
l’occurrence, un appétit déme
suré.
Cela dit, la grève d’avertisse
ment de mercredi a été fâcheuse;
la grève générale le serait plus
encore. Le gouvernement qui est
actuellement au pouvoir a été dé
signé par la volonté nationale :
est-ce le moment, un mois après
son avènement, de soulever sur
ses pas des difficultés que l’on n’a
jamais, et pour cause, suscitées
au régime de Vichy, dictatorial
et patronné par l’ennemi ? Le
gouvernement au pouvoir n’est
pas seulement un gouvernement
démocratique, il est un gouvei-
nement démocratique de gauche,
à majorité socialiste, commu
niste, syndicaliste : il n’est donc
pas, on le suppose, aux ordres
ni nu service des privilégiés de la
fortune, il doit examiner les re
vendications des fonctionnaires
mal payés avec l’attention la plus
bienveillante, et faire le possible
pour les satisfaire ; les représen
tants des syndicats ont libre ac
cès auprès de lui. Il n’est pas un
patron « de droit divin » auquel
on ne puisse faire entendre rai
son que par la force, en mena
çant de le ruiner. Les fonction
naires sont doublement liés à cet
Etat contre lequel ils paraissent
se dresser en ennemis : non seu
lement ils en sont, par leur fonc
tion même, les serviteurs, mais
encore, par les partis et les orga
nisations syndicales auxquels ils
appartiennent, ils ont placé à sa
tète leurs représentants et leurs
mandataires. Il est donc au moins
paradoxal que le premier grand
conflit qui éclate dans ce pays
depuis la libération* oppose les
travailleurs au gouvernement
qu’ils se sont eux-mêmes donné.
Le paradoxe grandit encore, si
l’on songe que la grève se pro
duit précisément dans la période
où sont en cours les grandes na-
fait de notre pays un de ceux
où la proportion des vieillards
est la plus grande ; le marché
noir a détourné beaucoup d'ado
lescents ou d’hommes faits des
travaux véritablement produc
teurs vers le commerce fraudu
leux. Beaucoup de Français sont
mobilisés. Nous avons donc peu
d’hommes en état de produire,
et, en nombre sans cesse crois
sant, ceux qui nous restent sont
attirés dans les services de
l’Etat pour des besognes pure
ment administratives.
Des discussions ont été ouver
tes sur le nombre réel de nos
fonctionnaires. En estimant à 32
milliards la somme nécessaire
pour donner à chacun d’eux
une augmentation de salaire de
l’ordre de 12.000 francs par an.
le ministère des Finances .paraît
lui-même estimer ce nombre à
plus de deux millions, et ce chif
fre est confirmé par le Cartel
central des services publics. Nos
fonctionnaires étaient 700.000 en
1939, dans une France plus peu
plée, et infiniment plus pros
père, et l’on se plaignait déjà
qu’ils fussent trop nombreux.
Aujourd’hui, la situation est
claire : l’Etat a tant de fonction
naires à sa charge qu’il ne peut
même plus leur donner le mini
mum vital sans se ruiner. Nous
avons trop de fonctionnaires, et
ces fonctionnaires sont mal
payés.
Le seul remède possible, le
seul remède qu’impose le bon
sens, c’est la réduction massivè
du nombre des fonctionnaires.
Un peu de lumière
pour les commerçants
durant la période des fêtes !
Les commerçants doivent actuellement
fermer leur magasin à 17 heures ou
recevoir la clientèle à la lumière des
bougies.
Le manque d’électricité justifie, cer
tes, une telle obligation. Mais ne pour
rait-on, pendant la période des fêtes,
lui apporter un assouplissement ?
Les acheteurs en quête de cadeaux,
les marchands, et même le fisc, y trou
veraient leur compte.
L’ACCORD FRANCO-BRITANNIQUE
QUI A-ÉTÉ SIGNÉ HIER A LONDRES
prévoit le regroupement
des forces françaises au Liban
et des forces anglaises en Palestine
M Devin, ministre des Affaires étrangères anglais, et M. Massigli,
ambassadeur de France, ont signé hier à Londres les aeçords
# franco-anglais sur la Syrie. M. Georges Bidault en a informé
dans l’après-midi les représentants à Paris des gouvernements
syrien, libanais, de VU. R. S. S. et des Etats-Unis.
Un premier accord, militaire > efface les frictions passées entre
Français et Anglais. Nous avions reproché aux fonctionnaires anglais
du Moyen-Orient de souffler sur le foyer de discorde franco-syrien. Nous
soupçonnions VAngleterre de vouloir installer ses troupes dans les
territoires d'où les nôtres devaient se retirer.
Le nouveau traité prévoit le
retrait simultané des forces fran
çaises et anglaises de Syrie, le
regroupement des premières au Li
ban, des secondes en Palestine.
Un deuxième accord prépare
l’avenir. Il reflète le désir des deux
puissances de régler d’un commun
accord, après consultation, les pro
blèmes qui pourraient naître dans
ces régions.
C’est le Conseil de sécurité dis
Nations Unies qui devra, dans
l’avenir, assurer la paix et la sécu
rité dans le Moyen-Orient. Jusque
là il faut supposer que les forces
franco-anglaises, regroupées confor
mément au plan nouveau, resteront
présentes.
Le nouvel accord a le grand mé
rite de régler un vieux contentieux
franco-britannique. La France et
l’Angleterre sont décidées à l’appli
quer sincèrement. L’Histoire dira
s’il 'jouera le même rôle que l’ac
cord franco-anglais de 1904, qui,
ayant fait dispyraitre le différend
colonial entre les deux pays, pré
para l’Entente Cordiale.
Il ne contient aucune clause
secrète. Il ne comporte pas un enga
gement d’entente commune et géné
rale sur tout le Moyen-Orient dont
pourraient prendre ombrage de
tierces puissances, notamment l’U.
R. S. S.
Mais, sur le terrain limité où il
s’applique, il constitue un accord
réel et solide qui contribuera gran
dement à établir des rapports
responsable
inhumaines
2.120.500 fonctionnaires
en France
Voici, d'après le Cartel central des Ser
vices Publics, les chiffres concernant les
différentes catégories de fonctionnaires et
agents des services publics :
Titulaires 596.000
Contractuels 97.000
Auxiliaires 215.000
Services de l'Administration mi
litaire 300.000
Offices 16 000
Collectivités locales 417.000
Cantonniers 14.500
Personnel des communes de moins
de 1.000 habitants 20.000
S. N. C. F 485.000
2.120.500
tionalisations, attendues et de
mandées depuis si longtemps par
la classe ouvrière, et qui doivent
donner, si elles sont poussées à
leur terme, un statut de fonc
tionnaires ou d’agents des servi
ces publics à des centaines de
milliers d’ouvriers ou d’employés
des entreprises privées. Si pas
ser au service de l'Etat ne devait
apporter aux travailleurs ni ame
lioration matérielle de leur
sort ni satisfaction morale, si
les nationalisations ne devaient
aboutir qu’à faire retomber
sur l’Etat le poids de la lutte
des classes, et si elles ne
devaient pas nous faire avan
eer d’un pas vers la solution des
problèmes sociaux, il est clair
qu’elles seraient plus dangereu
ses qu’utiles. Il est en tout cas
intéressant de noter que c’est au
imomcnt même où l’on « natio
nalise », (lue les salariés de l’Etat
se plaignent d’être défavorisés
par rapport à ceux de l’industrie
privée.
Cela dit, la solution du pro
blème posé par les revendica
tions des fonctionnaires n’est
pas simple. Le ministère des Fi
nances a fait savoir que, pour
aligner à 5.000 francs les trai
tements « de base » des fonc
tionnaires et agents de l’Etat, il
faudrait ajouter 32 milliards au
budget déjà vertigineux des dé
penses. Il n’est pas besoin d’une
grande science économique
•pour comprendre que ces 32
milliards, outre qu’ils aggrave
ront les charges de la nation,
s’ajouteront à la masse déjà
énorme des moyens de paie
ment en circulation sans que
soit accrue la masse des riches
ses consommables, ce qui aura
pour résultat une augmentation
du prix de la vie.
Il n’y a qu’un moyen d’amé
liorer réellement la situation
matérielle des Français, fonc
tionnaires ou autres : c’est
d’augmenter non le nombre des
billets de banque, mais la ri
chesse du pays, et par consé
quent de produire.
Or. un nombre considérable
de Français est actuellement
soustrait aux tâches réellement
productives : la guerre, la cap
tivité, les déportations nous ont
coûté la vie de cinq cent mille
jeunes gens j la dénatalité a
AU PROCES DE NUREMBERG
Sauckel était
des conditions
dans lesquelles vivaient jj
les travailleurs étrangers
assure le procureur Dodd
Nuremberg, 13 décembre. ■— Le procureur américain a repris, ce matin,
son exposé sur les déportation» de travailleurs étrangers, che-chant à impliquer
dan» cette affaire un plus grand nombre d’inculpés et utilisant à œt effet
contre Seyss-Inquort Pinte-rogatoire de Sauckel.
Sauckel a nettement blêmi au cours
de cet exposé et les autres accusés
semblaient (Subjugués.
I ors d’une conférence présidée pa r
Hitler en janvier 1944, Sauckel avait
déclaré que l'on ne pourrait se procu
rer quatre millions de nouveaux tra
vailleurs au cours de l’année 1944
qu’en utilisant des « agents d’exécu
tion allemands » ce par quoi il enten
dait les SS, a préè’sé le procureur
Dodd. qui a ajouté que le ch’ffre fixé
avait été atteint par « la force et la
violence ».
En mars 1943. Saucikel s’était plaint
à Hitler des chefs militaires sur le
front russe qui s’opposa’ent aux levées
de travailleurs pour des raisons poli
tique,s. Sauckel demandait donc à Hit
ler de faire entendre ra'son à l’armée
et, le front haut, faire poursuivre
les levées de travailleurs étrangers
ajoutant que « jamais au (monde tra
vailleurs étrangers n'avaient été trai
tés nupsi correctememt » qu'ils l’étaient
en Allemagne.
Le procureur Dodd assure cepen
dant que, non seulement Sauckel était
au courant des conditions « dégradan
tes et inhumaines » dans lesquelles vi
vaient ie*s travailleurs étrangers, mais
encore que Sauckel lui-même, par les
ordres qu’il avait donnés, était respon
sable de ces conditions.
Le rôle de Speer
De l”nte:Togato ! re de Sauckel, il res
sort. que les demandes de main-d'œu
vre Auannnt rie Speer jouissaient dune
priorité absolue sur toutes les autres
demandes.
L’interrogatoire de Speer lui-même
prouve que ce dern’er savait parfaite
ment que les travailleurs étrangers ne
venaient pa9 volontairement en Alle
magne.
L’angoisse et la nervosité
des accusés
Tandis que l’accusation poursu’t l’évo-
cat’on de.s milliers de cadavres dont la
mer* pèse sur la conscience des accusés,
ceux-ci ne parlent plus, ne plaisantent
plus. Ils prennent par moment quelques
brèves notes.
Le procureur Dodd a fait tœnber
l’assurance de Sauckel en rappelant
le calvaire de ces hommes qu’il en
voyait dans les camps d’Allemagne et
qui partaient dans les wagons plombés
où la chaleur, la faim et la soif les
faisaient agoniser lentement.
Saudcel fut aux côtés d’Hitler dès
le début du nazisme, en 1921. En
1927, il était nommé gauleiter de Thu-
ringe. Maintenant, M n’est plus qu'un
petit homme chauve, qui cherche à
paraître nonchalant mais dont les
mains — tiraillant sans cesse la cour
te moustache — trahissent l'anx'été.
Gœring écoute
d’un air sombre
Goering, penché en avant, écoute
d’un air sombre. Speers veut paraître
impassible, ma : s il a violemment rougi
lorsque Dodd eut mentionné sa visite
nu camp de concentration de Mathau-
sen, et aux usines Krupp.
Kaltenbrunner, regarde obstinément
le papier où il inscrit, de temps en
temps, des notes.
Hess, les coudes appuyés suir le re
bord de son siège, écoute le procureur
Dodd inculper de massacres en série
son Fuehrer bien-aimé et le parti nazi
tout entier. Il a le visage vert et sau
vage d’un fou et son aspect seul fait
que les observateurs se demandent si
sa raison ne va pas sombrer encore
une fois, si tant est qu’il l’ait jamais
eue. (U.P.)
confiants et amicaux entre la
France et la Grande-Bretagne.
Il ne constitue pas à lui seul un
réglement des difficultés qui ont
opposé récemment Syriens et Fran
çais. Mais il le facilitera.
Des intérêts français importants
et traditionnels, culturels, commer
ciaux et autres ont grandement
souffert des troubles récents. Un
accord les protégeant doit mainte
nant être négocié entre la France,
la Syrie et le Liban, qui ont joué,
à plaisir, dernièrement, des diver
gences de vues entre les deux gran
des puissances.
Après l’accord franco-anglais, les
nouvelles conversations devraient
s’ouvrir sous le signe de la conci
liation.
Pierre Denoyer.
Les rapports franco-britanniques
en Syrie et au Liban
depuis les accords
Lyttleton-de Gaulle
Les rapports réciproques de la
France et de la Grande-Bretagne en
Syrie et au Liban ont été réglés pen
dant la guerre par les accords Lyttle
ton-de Gaulle du 25 juillet 1941, qui
reconnaissent également la situation
prééminente que la France devait con
server dans les deux pays quand se
rait reconnue leur indépendance.
Les accords Lyttleton-de Gaulle
sont restés en vigueur, malgré quel
ques incidents, jusqu’au 31 mars
1045, quand la Grau de-Bretagne fit
intervenir ses troupes en Syrie.
Rappelons que, sous la réserve d’une
entente à intervenir pour la sauve
garde des intérêts français, l’indé
pendance de la Syrie et du Liban
avait été proclamée par le général
Catroux, dams deux documents dis
tincts, le 36 et le 27 septembre 1941.
Le régime constitutionnel avait été
institué dans les deux pays en février
1043 et au mois de jir'llet et de sep
tembre de la même ann.ée les deux
gouvernements avaient procédé à des
élections générales. Dans un traité
tripartite franco-syrien-libanais signé
le 22 décembre 1943, la France a ad
mis le principe de la remise à la
Syrie et au Liban dos grands services
administratifs tels qu e les douanes,
les tabacs, les travaux publics, les
postes et télégraphes, la direction
économique, etc. Enfin, le 27 juillet
1945, intervenait un nouvel accord
pour la cession des troupes spéciales
aux autorités syriennes et libanaises.
Ajoutons que c'est sur la demande
de la France que la Syrie et le Liban
ont participé à la Conférence de San-
Francisco.
(Suite page 2, col. 7 et 8)
ON REPARLE
de la carte de pain
M. Tanguy-Prigent a fait état de
vant la Commission de l’Agriculture
des difficultés auxquelles se heurte
son ministère pour maintenir le pain
en vente libre. La cadence des impor
tations de blé qui avait permis, il y
a un mois et demi environ de sup
primer les tickets, s’est considérab’e-
ment ralentie et si un relèvement du
f omnagè de l’envoi de farine n’est pas
réalisé d’ici la fin du mois, le gou
vernement se verra obligé de rétablir
la carte de pain.
« Tous nos efforts doivent donc ten
dre, a affirmé M. Tanguy-Prigent, à
écarter cette éventualité. »
LE CONSEIL
DES MINISTRES
réexamine
aujourd’hui
les traitements
des fonctionnaires
Il «omble qu c> ce soit la C.G.T. qui
servira d’intermédiaire entre le Gou
vernement et le Cartel des Services
publies après la grève d’avertissement
dont nous avons rendu compte hier.
M. Henri Raynaud, secrétaire de la
C.G.T. a, en effet, pris sur la grève
générale une position pins nuancée que
celle du Cartel. « Dans les circonstan
ces actuelles, a-t-il affirmé, au Vélo
drome d’Hiver, une grève générale to
tale aurait pour résultat, notai,nment
par l’arrêt (le,s chemins de fer, d'af
famer rapidement Je pays. »
La journée d’aujourd’hui sera décri
ve. Au cours du Conseil des Ministres,
qui doit ee tenir ce matin. M. Pleven
présentera à ses collègues ses projets
pour venir en aide aux fonctionnaires
le* moins favorisés et à ceux qui sont
chargés de famille.
La C.G.T.. tiendra séance à la même
heure pour étudier les mesures que
sera amené à prendre ie Cartel central
qui doit se réunir dans l’après-midi.
On sait que le groupe socialiste a
décidé de tout (mettre en œuvre pour
que « satisfaction soit accordée au*
revendications des fonctionnaires »•
C'est pourquoi on peut espérer qu’un
accord se réalisera avant que des me
sures. dont la France toute entière
souffrirait, ne soient .prises.
A l’issue de sa réunion d’ihier, le
Cartel central des Services publies, qui
s'était réuni pour examiner l'es résul
tats de la manifestation du 12 novem
bre, a décidé d’engager d’indispensa
bles négociations avec les pouvoirs
publies pour mettre fin à une situa
tion qui serait préjudiciable aux inté
rêts vitaux de la Nation.
Dans le budget
de la Défense nationale
une part importante sera faite
aux recherches scientifiques
On sait que le budget de la Défense
nationale a été fixé globalement à 125
milliards, ce qui représente moins du tiers
du budget total, la plus faible proportion
enregistrée depuis 1870.
La répartition de cette somme entre les
ministères intéressés n’a pas encore été
fixée dans le détail, et le Comité de la
Défense nationale aura, vraisemblable
ment, à se prononcer à ce sujet au cours
d’une de ses prochaines réunions.
On croit savoir que les décisions qu’il
serait amené à prendre traduiraient le
souci de rétablir l’équilibre en're les cré
dits alloués pour l’entretien du personnel
et ceux qui sont destinés à l’équipement.
Les dépenses du chapitre matériel se
raient donc prévues- de manière à équiper
et à entretenir dans les meilleures condi
tions notre industrie de guerre.
Les recherches et études techniques et
scientifiques que l’on veut pousser au
maximum seraient, de leur côté, subven
tionnées par d’importants crédits.
RETOUR A LA LEGALITE REPUBLICAINE
Les Conseils généraux
désigneront les jurés
des Cours de Justice
Ainsi en a décidé l’Assemblée Constituante
C ’EST à l’unanimité que l’Assemblée Constituante a voté, hier, le re
tour à la légalité républicaine en matière de justice.
Nous n’avons cessé de réclamer, depuis de longs mois, cette
mesure qui met fin à l’arbitraire en matière de collaboration.
Dans l’exposé qu’il a fait devant le Parlement, le Garde des sceaux
a souligné le fait qu’à l’étranger, et en particulier chez nos Alliés anglo-
saxons, on s’était étonné à la pensée qu’une telle juridiction fût en vigueur
dans un pays démocratique.
Notre pays retrouve lentement les
libertés pour la défense desquelles il
n’a cessé de combattre.
On ne manquera pas d’enregistrer
à travers tous nos départements —
où avocats et magistrats s’unissaient
La réforme sera effective au mois de mars
A u
ni
vi
pour appeler de leurs vœux la réforme
— une réelle satisfaction.
Une lourde hypothèque pesait sur
la plus sacrée de nos institutions.
Cette hypothèque est aujourd’hui le
vée. L. G.-R.
U début de sa séance l’Assemblée a adopté le projet de réorga
nisation des Cours de Justice. Les Comités de Libération n’inter
viendront plus pour la désignation de.s jurés. Le soin en reviendra
aux Conseils généraux. Mais ceux-ci ne doivent se réunir qu’au
début de l’année 1946 ; ainsi l’effet de la réforme ne pourra jouer qu’à
partir de mars prochain.
Un mot à notes- : il n’est question
dans le texte que de « citoyens ».
— Si no il s aj°utions « et citoyennes »,
proposait un député communiste.
— Inutile, réplique le rapporteur, le
terme citoyens englobe les deux sexes.
— Il n’y a pas de précédent en ce
domaine, objecta M. Pierre Cot.
Mais le Gairde des Sceaux on trouva
un, car une ordonnance de 1944 pré
cise que les juré» sont choisis parmi
les citoyens et les citoyennes.
Petits faits inédits dans les annales
parlementaire,s. cette discussion enga
gée par M. Ph. Teitgcn, garde des
Sceaux, avait été conduite par le pro
pre père du ministre, M. P. Teitgcn
qui inaugurait hier ses fonctions de
vice-président.
Les traitements des fonctionnaires
le gouvernement et les représentants
qualifiés des fonctionnaires.
L’Assemblée fut de cet avis. Toute
fois, M. Mercier avait voulu cm pro
fiter pour que l’on discute en même
temps la proposition communiste oc
troyant une indemnité de mille francs
aux fonctionnaires.
— Impossible, avait répliqué M.
Vincent Auriol, il n'est pas d’usage
que le vote d'une proposition de l°i
vienne sanctionner une interpellation.
Un ordre du jour seul peut en être
la conclusion.
Marcel Gabilly.
(Suite page 2, coi. 2)
LA COMMISSION
DE LA CONSTITUTION
désire que soient renforcés
les pouvoirs de la
future Assemblée
P OX’RSUIVANT, hier matin, sotis
la présidence de M. André Philip,
l’étude de l’organisation du pou
voir exécutif, la commission do
la Constitution, après avoir fixé à
cinq ans la durée du mandat législa
tif, a adopté à l’unanimité la défini
tion suivante des pouvoirs de la fu
ture assemblée :
« Il ne peut être <ïe lois que cel
les votées par l’Assemblée. L’Assem
blée ne peut déléguer à quiconque,
en tout ou en partie, le droit do
légiférer à sa place », cette demièra
résolution étant un c condamnation
implicite de la méthode des décrets-
lois. »
Passant à l’examen des relations en
tre l’exécutif et le législatif, le rap
porteur général a indiqué que c’est
par un vote de censure que sera sanc
tionnée la responsabilité ministérielle
collective, alors qu’un simple trait de
plume sanctionnera la responsabilité
individuelle du ministre, dont le sort
dépendra alors <îu président du Con
seil — telle sera désormais l’appella
tion officielle du chef du gouverne
ment, a-t-il été décidé.
Enfin, la responsabilité pénale des
minisires relèvera d’une hante Cour--
de justice chargée de juger les crime»
politiques, haute Cour élue par l’As-
stinblée au début die son mandat et
pour la durée de la législature.
La commission a décidé ensuite, par
31 voix, que la Cour serait composéo
pour les deux tiers par d’es membres
de l’Assemblée et pour un tiers de
membres choisis hors de l’Assemblée.
A la majorité de 15 voix contre 8,
elle a décidé en outr e que les juges
pris dans l’Assemblée seraient élus
suivant les règles de la représentation
proportionnelle.
L'augmentation de traitement de
mandée par les fonctionnaires fera-
t-elle l’objet d’un débat, mardi pro
chain, devant l’Assemblée consti
tuante ?
En fin de séance, hier un court
débat s’est engagé à ce .sujet au
Palais-Bourbon. MM. Pecters et Ga
zier, socialistes, demandaient à inter
peller le gouvernement. Aussitôt, M.
Vincent Auriofl, lui-même socialiste,
mais agissant en qualité de ministre
d’Etat, fit valoir que le Conseil d ®
ministres étudierait, aujourd’hui, la
question et qu’il serait en mesure de
faire connaître s s décisions mardi
prochain au plus' tard. On pourrait
donc, ce jour là, en discuter si tou
tefois l’accord- ne s'était pas fait entre
Les négociations économiques
franco-soviétiques
se poursuivent favorablement
UN ENTRETIEN MOLOTOV ALPHAND
Moscou, 13 décembre. — M. Hervé Alphand a abordé la partie poli
tique de la mission dont le gouvernement français Ta chargé à Mos
cou, par un exposé sur le point de vue français concernant l’Allemagne,
qu’il a développé devant M. Molotov, commissaire du peuple aux Affai
res étrangères.
Concurremment avec ses entretiens
politiques, M. Alphand poursuivra
les négociations économiques qu’il a
entreprises avec les autorités soviéti
ques. Le délégué français a déjà ex
posé à ses interlocuteurs les besoins
français que l’UrTon Soviétique pour
rait satisfaire, notamment en pétrole,
en charbon, en bois et en de très im
portantes quantités de blé. L'achemi
nement de ces marchandises se heurte
à des difficultés et seule la voie ma
ritime paraît être utilisable pour la
plupart d’entre elles, dans l'état ac
tuel des transports.
Les Russes vont maintenant énumé
rer les marchandises françaises qu’ils
voudraient importer. L'Union Sovié
tique demandera probablement à bé
néficier de la clause de « la nation
la plus favorisée » dans ses échanges
avec la France. — (A. F. P.)
Nouvelles de France
Une tempête de neige et une vague de
froid sévissent sur les Alpes depuis 48 heu
res. Des chutes de neige abondantes obs
truent tous les cols des Alpes et recouvrent
les champs de ski jusqu’aux plus hautes
altitudes.
+ Le vignoble tunisien traverse une crise
de sous-production qui durera, prévoit-on,
quelques années. L’Office du Vin qui régit
la culture et la vente du vin dans la Ré
gence vient en :onséquence d’instituer une
Commission d’attribution des bons d’appro
visionnement.
LE GENERAL JUIN
a reçu la médaille militaire
Au cours d’une cérémonie intime
qui s’est déroulée hier dans yn des
salons de l'Hôtel Continental, le gé
néral Jura, chef d’Etat-Majo-r général
de la Défpnoe nationale, a reçu la
inéda’lle militaire.
Cette distinction, la plus haute pour
un officier général, lui a été remise
par M. Volsard, actuellement adminis
trateur général de la zone française
d'occupation en Autriche, qui fut le
plus jeune médaillé ni litaire de l’ar
mée française en 1918. (A.F.P. ).
NOUVELLES DE L’ÉTRANGER
0 Le Dr Karl Kobelt. vice-président et mi
nistre de l'Armée du gouvernement suisse,
a été élu président de la Confédération hel
vétique pour 1946.
0 L’administration italienne va recouvrer le
contrôle de l'ensemble du territoire de la
péninsule, y compris Pantellerta et Llnota,
à l’exception de la Venetle Julienne et de
la province d’üdlne. où l’occupation des trou
pes anglo-américaines sera maintenue Jus
qu’au traité de paix.
0 La plupart des Andorrans ont refusé de
prendre part aux élections au Conseil des
Vallées, le régime électoral, encore en vi
gueur, ayant été établi par le gouvernement
de Vichy. Les résultats du dernier scrutin
ne seront sans doute pas validés.
9 Le Conseil de contrite interallié de Ber
lin a décidé de rétablir les communications
téléphoniques et télégraphiques interzones.
Il a également approuvé une série de me
sures pour la restitution des objets d'art
enlevés par les Allemands dans les pays oc
cupés.
• Les autorités militaires soviétiques ont ac- j
cordé aux correspondants de quatre Journaux
américains la permission de visiter la tone j
d'occupation soviétique en Allemagne.
0 Cent cinquante des meilleurs chevaux de
course français, d'une valeur de plus de j
50 millions de francs, vont partir lncessam- |
ment de la zone américaine pour rentrer
en France. Dans le premier convoi
vent le fameux Brantôme et Man of war.
288 prisonniers de guerre allemand «. vo
lontaires pour les travaux de déminage dans
la poche de Dunkerque, seront libérés à l’oc
casion de la nouvelle année.
0 M Spaak, ministre des Aflairet étrangè
res de Belgique, a déclaré que son pays dé
sirait devenir le siège des Nations Unies.
J ) Des spitfires britanniques, à la demande
es Français, sont entrés pour la première
fois en action en Indochine française, en
attaquant une position de mortiers annamites
près de Dalat, dans le sud-est de l’Annam.
• La délégation française à la Commission
pour l’Extrême-Orient partira pour le Ja
pon le 26 décembre. Elle sera dirigée par
M Francis Lacoste, conseiller d’ambassade
à Washington.
0 A Java, les troupes britanniques ont rasé
un village où, il y a trois semaines. 22 sol
dats anglais et indiens ont été massacrés.
MEDECINS—|
ET MALADES
sous le joug a dminis tratif
Le nouveau plan
de sécurité sociale
U NE ordonnance que Ton peut dire révolutionnaire, car elle va
bouleverser la notion classique des rapports entre le malade et
le médécin, paraissait dernièrement au Journal Officiel. Il s’agit
du texte portant réorganisation des Assurances sociales auxquelles
seront, à brève échéance et par rapides étapes, assujettis tous les
Français
Les mesures en cours d’exécu.tion, nées du propos éminemment
louable de garantir chaque citoyen, quelle que soit sa situation de
fortune, contre les risques divers de l’existence, ont provoqué dans le
monde médical des réactions qui ne mettent pas en cause l’esprit, mais
certaines modalités de la loi.
Les problèmes discutés sont d’une
trop exceptionnelle importance
pour que Ton ne prenne pas souci
d’élucider entièrement le débat.
Ce que disent les médecins
Efforçons-nous de traduire objec
tivement les réserves exprimées
aujourd’hui sur le texte du 19 oc
tobre 1945 par de nombreux méde
cins, très nombreux même, semble-
t-il, si nous en jugeons d’après la
diversité de leurs témoignages.
On nous assure, disent-ils, que
notre profession, bien qu’elle soit
mise du jour au lendemain sous la
dépendance d’un p u i*s s a n t orga
nisme administratif, ne sera pas
fonctionnarisée. Le malade pourra
choisir son médecin, comme par le
passé. Une telle précaution ora
toire prouve suffisamment que le
législateur a compris le péril Mais,
en fait, le médecin se trouvera di
minué de toutes les façons dans son
autorité propre. Le mécanisme de
la fonction publique viendra peser
lourdement sur ses décisions, par
fois même les paralyser. Que la
maladie d’un quelconque assuré,
par exemple, se prolonge au delà
de trois mois, et le contrôle de-
LA GUERRE
DES POMMES DE TERRE
LA COMMUNE “ PUNIE
de Saint-Sorlin-d’Arves
AURA-T-ELLE A SUBIR LE BLOCUS TOTAL ?
N
Mort du général Dentz
Le général Dentz. qui fut haut commis
saire de France en Syrie, et dont la
condamnation à mort fut commuée en
détention perpétuelle, est mort hier, à
17 h. 30, a l'Infirmerie de la prison de
Fresnes.
0C8 avons annoncé l’autre jour
que la petite commune de
Saint-Sorlin-d’Arves - avait été
_<§| l’objet de mesures punitives
trou- | parce qu’elle n’avait pas satisfait à
ses obligations de collecte.
Le préfet de la Savoie, qui a pris
l’initiative de ces mesures (^n§ pré
cédent, croyons-nous), a bien voulu
nous donner une information plus com
plète :
La commune de Saint-Sorlin-d’Arves,
nous dit-il, avait accepté sans intro
duire °ucun recours une imposition de
30 tonnes de pommes de terre qui était
d’ailleurs normale, car cette localité
située à 1.500 mètres d’altitude avait
moins souffert d e la sécheresse que
les villages plus b a s placés. Or le col
lecteur s’étant présenté avec un ca
mion pour prendre limaison d'un
acompte de 20 tonne s ne put en re
cueillir qu’une, fournie par sept per
sonnes dont une n’était pas imposée.
Déjà les habitants de Saint-Sorlin
avaient livré de mauvaise grdee les
produits laitiers. Il était d’autant plus
nécessaire dp réagir que d’autres col
lectivités pouvaient s’inspirer de ce
mauvais exemple. La municipalité fut
donc informé e que des sanctions exem
plaires allaient être prises si les cul
tivateurs imposés ne livraient pas ra
pidement la totalité du tonnage prévu.
A titre d’avertissement , il fut décidé
que Saint-Sorlin ne recevrait plus de
vin ni de produits d’épicerie, fin no
vembre. les cartes d’alimentation fu
rent délivrées aux seuls producteurs
ayant livré.
Le sous-préfet de Saint-Jean de
Maurienne a pris contact avec les
habitants de Saint-Sorlin, Il espère
obtenir d'eux une attitude plus com
préhensive. Il a déjà pu faire charger
plusieurs camions.
Mais si les coupables ne se sont pas
mis en règle avec les services d'<
ravitaiVement avant la fin du mois,
tls feront l’objet de nouvelles sanc
tions : Us ne toucheront plus de bons
de textile . de chaussures, d’essence,
les cartes de tabac leur seront enle
vées, Au bCKoin, le village tout entier
sera privé d’électricité, de distribution i
postales.
A'o us irons s’il est besoin, dit le
Préfet, jusqu'à mettre hors de la com
munauté française un village qui man-
querait à ses devoirs de solidarité
nationale.
Toutes mesures étant d’ailleurs pri
ses pour que les malades et les enjants
n’aient pas à souffrir directement de
ce blocus éventuel. — L. C.
par Louis CHAUVET
vient automatique. Au chevet du
patient vont se confronter l’expert
désigné par l’Administration (et
celui-ci jugera en fonctionnaire, lé
sinant sur les frais), et le prati
cien habituel qui s’efforcera de jus
tifier une méthode curative et par
lera comme s’il était l’avocat du
client. Le premier pourra mettre
en doute le diagnostic du second.
Il n’est pas jusqu’aux ordonnances
délivrées en conformité de ce diag
nostic qui ne puissent faire l’ob
jet d’une contestation pointilleuse,
l’article 9 du chapitre 1er exigeant
en matière de prescription « la
plus stricte économie compatible
avec l'efficacité du traitement »,
texte dont ne manqueront pas de
se prévaloir à tout propos les
agents des Finances.
Supposé qu’un litige oppose les
deux médecins, une procédure d’ar
bitrage intervient, une de ces pro
cédures trop familières aux Fran
çais, et dont le terme viendra peut-
être après la mort du malade.
La médecine, en peu de temps,
prendra des habitudes routinières.
Elle évoluera vers une médecine « de
soins » qui multiplie les ordon
nances et favorise « l’absentéisme »
des ouvriers sur les lieux de tra
vail fies clients, jusqu’ici, n’allaient
d’ailleurs pas nécessairement se
faire soigner ; ils « consultaient »
aussi préventivement). L’espoir a
été formulé de mettre fin, par les
nouvelles disnositions de l’ordon
nance, au « charlatanisme ». Or.
devenu un salarié, le plus souvent
insatisfait de son salaire. le méde
cin aura tendance \ glisse» vers
des pratiques dont la profession
tout entière risquerait d’être at
teinte.
La profession baissera en mora
lité. Elle ne baissera pas moins en
qualité. C’est la conséquence iné
luctable d’un rétrécissement des
perspectives.
Telles sont les craintes générale
ment exprimées par le corps médi
cal.
(Suite page 2, col. 4 et 5)
CHRONIQUE
Sur la mort d’un ami
J
par Paul CLAUDEL
OSE MARIA SERT est mort! José Maria Sert est mort! Nou
velle déchirante! Je perds le plus cher et le plus précieux de mes
amis, et l’art perd le dernier représentant de la grande peinture.
Car la peinture est tout autre chose que le métier, comme on
l’a dit, d’ associer agréablement sur une toile des lignes et des’ couleurs,
en réponse aux provocations que telle ou telle circonstance extérieure nous
adresse. De ce métier, qui n’exige pas des aptitudes particulièrement rele
vées, les pratiquants sont actuellement innombrables. De là l’épouvan
table ennui des expositions modernes. Dans ma jeunesse, la peinture de
genre et d’histoire existait encore. L’artiste par delà notre appareil optique
faisait tout de même appel à notre intelligence, à notre instinct de com
position, à notre sentiment poétique, à la psychologie. Il nous faisait l’hon
neur de solliciter notre collaboration. Il ne nous servait pas bêtement
tout à plat un plat de couleurs de sa façon. Il nous donnait à regarder
un spectacle significatif. Aujourd’hui, quand par hasard nous franchis
sons le seuil d’un de ces garages maudits, nous voici qui errons, requis
et retenus par rien, dans les déserts coloriés de la Bêtise! Des paysages
et des paysages! Des natures mortes et des natures mortes! Des femmes
nues et des femmes nues! (Un véritable remède pour les tentations de
la chair et de quoi peupler à nouveau la Thébaïde!) Aucune pensée,
aucune fantaisie, aucun travail de l’âme ou de l’intelligence, aucun senti
ment- du drame et de la comédie universelle! La réalité, comme ils disent,
grossièrement envisagée par un œil prétentieux ou servile.
Comme on comprend le désespoir de certains de ces disgraciés
et de ces disgracieux qui essaient d’échapper à l’insipidité par l’extra
vagance!
Aucun art n’a sa fin en lui-même. C’est un moyen que le bon Dieu
met à notre disposition pour nous procurer à nous-mêmes et, si possible,
aux autres^ de la délectation et de la joie. Pour planter au regard de
notre contemplation un objet durable. C’est ainsi qu’aux dernières
années du siècle dix-neuf, ce Catalan nous arriva d’Espagne, bousculant
les chevalets de l’Impressionnisme. La lumière, la vision innombrable et
retentissante qui sortait de lui, le peuple ordonné et confus, le matériel
imaginaire volumineux qu’il avait à caser, il ne lui suffisait pas pour
les recueillir de quelques carrés de toile, il lui fallait des panneaux,
des murs entiers de la base au faîte, des concavités de palais ou d’églises,
la profonde répercussion de tout un édifice! Il y avait une masse de
choses qu’il avait besoin d’engendrer toutes à la fois! Il y avait une
masse de choses qu’il avait besoin de regarder toutes à la fois! Tout
cela, au cours d’une vie prodigieusement remplie, la Providence se char
gea de le lui procurer, tout cela des deux parties du monde alla miracu
leusement à sa rencontre!
José Maria Sert a été pour notre génération assombrie un prodi
gieux entrepreneur de spectacles.
Quand on lit les histoires du temps passé dans tous les pays du
monde, on est frappé de l’extraordinaire goût et talent de s’amuser
qu’avaient les gens d’autrefois. Aujourd’hui ces satisfactions ont pris
pour nous des formes limitées, générales, standardisées. Et même, la
plupart du temps, nous nous sommes retirés du jeu ; passifs, échoués,
engloutis comme des morts dans les ténèbres d’une salle de cinéma,
nous nous tournons du fond de notre outre-tombe à contempler un
écran lumineux où il ne s’agite plus que des ombres. Mais des fêtes
passées il subs’ste tout de même un énorme reliquat d’accessoires qui
gisait inutilisé dans nos resserres. C’est de ce matériel qu’aux jours de
sa jeunesse Sert s’est emparé pour y trouver les éléments d’une presti
gieuse parade. Les galeries des deux mondes sont aujourd’hui pleines
de ses acrobates, de ses jongleurs, de ses échassiers, de ses funambules,
de ses musiciens, qui viennent nous prendre par la main et nous entraînent
avec eux dans un éclatant fandango où le grave ronflement des tam
bourins et des guitares soutient, ret’ent, contient, ce danseur immobile
et les castagnettes à la main, anéanti dans l’attention, qui n’attend plus
que cette rentrée horrifiante des cuivres pour s’envoler, oiseau en culotte
zinzolin. par dessus la tête des _paroissiens de Saint-Isidore! Et chaque
fois que je vas voir Hélène Berthelot, cet escalier, que gravit avec moi,
dans un envol d’étoffes bariolées et la fanfare des cuivres et de la
grosse caisse, un trépignement de nègres enthousiastes, m’aspire dans sa
spire ascensionnelle jusqu’au palier de la bonne humeur !
Mais la tempête est venue. Aux clairons du carnaval sont venues
se substituer les tronîpcttes du Dies ilia ! D’effroyables catastrophes par
arrivées successives sont venues se déchaîner sur le monde et sur les deux
patries de l'Enchanteur, lui-même gravement éprouvé dans son âme,
dans son œuvre et dans sa chair. Un autre Sert, le vrai, l’essentiel, fait
son apparition. Après le Sert pittoresque et lyrique, le Sert grandiose
et épique, je dirai surtout le Sert religieux, le Sert catholique.
Les paravents ont été repliés. Tout le bric-à-brac, toute cette
« Illusion comique » qui jadis séduisit le grave Corneille, tout ce maté
riel amusant du magicien -Almanzor, tout cela a disparu. Les couleurs
mêmes, Tune après l’autre, se sont effacées de la palette, il ne reste plus
que de la lumière et de l’ombre, de l’or vivant, à l’œuvre sur les ténèbres,
des formes et d’immenses agitations comme en ronde bosse sculptées sur
une spiritualité métallique. Ainsi que des réserves un jour de la Vallée
de Josaphat, il monte pour peupler les profondes compositions archi
tecturales qui l’attendent un peuple à flots épais de musculatures amal
gamées, la poussée pour un effort et pour un témoignage collectif d’une
humanité impersonnelle, aveugle et une. C’est cela qui hâle les canons
démesurés, qui hisse du fond de'la mer les trésors engloutis, qui main
tient désespérément contre l’assaut monstrueux la porte fléch ssante de
l’Alcazar. Au-dessus, à l’exemple du Tintoret et de Michel-Ange, se
dressent les grandes attitudes héroïques et symboliques. Je revois à la
coupole de ce'.te salle de la Société des Nations ces quatre* Points cardi
naux qui, la main tendue vers l’Etoile Polaire, essaient, hélas en vain!
de se rejoindre, de se prendre, de s’apprendre et de se comprendre!
Je revois le Christ Pantocrator le bras levé verticalement de toute sa
hauteur, qui actuellement, je crois, fait la gloire de Tambas:ads d’Espagne
à Paris. Et je ressens encore ce coup au cœur, celui que nous donnent
les trouvailles inexplicables du génie: ce Crucifié à qui aboutit la troi
sième cathédrale de Vich. Le bon Larron de ses deux bras étendus l'inter
roge et figurez-vous que le Christ n’est pas au-dessus de lui. Il est au-
dessous, c’est Lui triomphalement qui répond de bas en haut à cette
élévation surmontante de la question!
(VOIR LA SUITE EN DEUXIEME PAGE)
—
—
, ,
PARIS
14, ROND-POINT
DES CHAMPS-ELYSEES
REDACTION ADMINISTRATION
21, Boulevard Montmartre, 21
T6I. RIC. 99-41 et 99-42.
Rédaction de nuit : PRO. 23-83.
Le Gaulois
LE
DIRECTEUR : Pierre BRISSON
Les gens qui ne veulent rien faire de rien
n’avancent rien et ne sont bons à rien.
Beaumarchais.
2 francs
DECEMBRE 1945
119« ANNEE
TARIF DES ABONNEMENTS
FRANCE
3 mois
140 francs
6 mois
260 francs
12 mois
500 francs
Changement d'adresse
: 10 francs
14, Rond-Point des Champs-Elysées
Téléphone : KUYsées 98-31 et 98-82
C/C Postal Paris :
242-53
LA GREVE
Les fonctionnai
res ont suspendu
leur travail pen
dant deux heures,
afin de démontrer
au gouvernement
qu’ils étaient prêts à aller jus
qu’à la grève générale, s’il ne
leur était pas donné satisfaction.
Leurs exigences, en elles-mêmes,
nons l’avons dit, sont parfaite
ment légitimes. Ils estiment que
des traitements de 4.000 francs,
de 3.500 francs par mois, parfois
de moins encore, c’est-à-dire les
traitements des « moins favori
sés », donc de la majorité d’entre
eux, ne leur permettent pas d’en
tretenir décemment un foyer, ni
même de manger à leur faim.
C’est vrai et c’est inadmissible.
Ils demandent qu’aucun traite
ment ou salaire ne soit désormais
inférieur à 5.000 francs par mois.
On ne peut leur reprocher, en
l’occurrence, un appétit déme
suré.
Cela dit, la grève d’avertisse
ment de mercredi a été fâcheuse;
la grève générale le serait plus
encore. Le gouvernement qui est
actuellement au pouvoir a été dé
signé par la volonté nationale :
est-ce le moment, un mois après
son avènement, de soulever sur
ses pas des difficultés que l’on n’a
jamais, et pour cause, suscitées
au régime de Vichy, dictatorial
et patronné par l’ennemi ? Le
gouvernement au pouvoir n’est
pas seulement un gouvernement
démocratique, il est un gouvei-
nement démocratique de gauche,
à majorité socialiste, commu
niste, syndicaliste : il n’est donc
pas, on le suppose, aux ordres
ni nu service des privilégiés de la
fortune, il doit examiner les re
vendications des fonctionnaires
mal payés avec l’attention la plus
bienveillante, et faire le possible
pour les satisfaire ; les représen
tants des syndicats ont libre ac
cès auprès de lui. Il n’est pas un
patron « de droit divin » auquel
on ne puisse faire entendre rai
son que par la force, en mena
çant de le ruiner. Les fonction
naires sont doublement liés à cet
Etat contre lequel ils paraissent
se dresser en ennemis : non seu
lement ils en sont, par leur fonc
tion même, les serviteurs, mais
encore, par les partis et les orga
nisations syndicales auxquels ils
appartiennent, ils ont placé à sa
tète leurs représentants et leurs
mandataires. Il est donc au moins
paradoxal que le premier grand
conflit qui éclate dans ce pays
depuis la libération* oppose les
travailleurs au gouvernement
qu’ils se sont eux-mêmes donné.
Le paradoxe grandit encore, si
l’on songe que la grève se pro
duit précisément dans la période
où sont en cours les grandes na-
fait de notre pays un de ceux
où la proportion des vieillards
est la plus grande ; le marché
noir a détourné beaucoup d'ado
lescents ou d’hommes faits des
travaux véritablement produc
teurs vers le commerce fraudu
leux. Beaucoup de Français sont
mobilisés. Nous avons donc peu
d’hommes en état de produire,
et, en nombre sans cesse crois
sant, ceux qui nous restent sont
attirés dans les services de
l’Etat pour des besognes pure
ment administratives.
Des discussions ont été ouver
tes sur le nombre réel de nos
fonctionnaires. En estimant à 32
milliards la somme nécessaire
pour donner à chacun d’eux
une augmentation de salaire de
l’ordre de 12.000 francs par an.
le ministère des Finances .paraît
lui-même estimer ce nombre à
plus de deux millions, et ce chif
fre est confirmé par le Cartel
central des services publics. Nos
fonctionnaires étaient 700.000 en
1939, dans une France plus peu
plée, et infiniment plus pros
père, et l’on se plaignait déjà
qu’ils fussent trop nombreux.
Aujourd’hui, la situation est
claire : l’Etat a tant de fonction
naires à sa charge qu’il ne peut
même plus leur donner le mini
mum vital sans se ruiner. Nous
avons trop de fonctionnaires, et
ces fonctionnaires sont mal
payés.
Le seul remède possible, le
seul remède qu’impose le bon
sens, c’est la réduction massivè
du nombre des fonctionnaires.
Un peu de lumière
pour les commerçants
durant la période des fêtes !
Les commerçants doivent actuellement
fermer leur magasin à 17 heures ou
recevoir la clientèle à la lumière des
bougies.
Le manque d’électricité justifie, cer
tes, une telle obligation. Mais ne pour
rait-on, pendant la période des fêtes,
lui apporter un assouplissement ?
Les acheteurs en quête de cadeaux,
les marchands, et même le fisc, y trou
veraient leur compte.
L’ACCORD FRANCO-BRITANNIQUE
QUI A-ÉTÉ SIGNÉ HIER A LONDRES
prévoit le regroupement
des forces françaises au Liban
et des forces anglaises en Palestine
M Devin, ministre des Affaires étrangères anglais, et M. Massigli,
ambassadeur de France, ont signé hier à Londres les aeçords
# franco-anglais sur la Syrie. M. Georges Bidault en a informé
dans l’après-midi les représentants à Paris des gouvernements
syrien, libanais, de VU. R. S. S. et des Etats-Unis.
Un premier accord, militaire > efface les frictions passées entre
Français et Anglais. Nous avions reproché aux fonctionnaires anglais
du Moyen-Orient de souffler sur le foyer de discorde franco-syrien. Nous
soupçonnions VAngleterre de vouloir installer ses troupes dans les
territoires d'où les nôtres devaient se retirer.
Le nouveau traité prévoit le
retrait simultané des forces fran
çaises et anglaises de Syrie, le
regroupement des premières au Li
ban, des secondes en Palestine.
Un deuxième accord prépare
l’avenir. Il reflète le désir des deux
puissances de régler d’un commun
accord, après consultation, les pro
blèmes qui pourraient naître dans
ces régions.
C’est le Conseil de sécurité dis
Nations Unies qui devra, dans
l’avenir, assurer la paix et la sécu
rité dans le Moyen-Orient. Jusque
là il faut supposer que les forces
franco-anglaises, regroupées confor
mément au plan nouveau, resteront
présentes.
Le nouvel accord a le grand mé
rite de régler un vieux contentieux
franco-britannique. La France et
l’Angleterre sont décidées à l’appli
quer sincèrement. L’Histoire dira
s’il 'jouera le même rôle que l’ac
cord franco-anglais de 1904, qui,
ayant fait dispyraitre le différend
colonial entre les deux pays, pré
para l’Entente Cordiale.
Il ne contient aucune clause
secrète. Il ne comporte pas un enga
gement d’entente commune et géné
rale sur tout le Moyen-Orient dont
pourraient prendre ombrage de
tierces puissances, notamment l’U.
R. S. S.
Mais, sur le terrain limité où il
s’applique, il constitue un accord
réel et solide qui contribuera gran
dement à établir des rapports
responsable
inhumaines
2.120.500 fonctionnaires
en France
Voici, d'après le Cartel central des Ser
vices Publics, les chiffres concernant les
différentes catégories de fonctionnaires et
agents des services publics :
Titulaires 596.000
Contractuels 97.000
Auxiliaires 215.000
Services de l'Administration mi
litaire 300.000
Offices 16 000
Collectivités locales 417.000
Cantonniers 14.500
Personnel des communes de moins
de 1.000 habitants 20.000
S. N. C. F 485.000
2.120.500
tionalisations, attendues et de
mandées depuis si longtemps par
la classe ouvrière, et qui doivent
donner, si elles sont poussées à
leur terme, un statut de fonc
tionnaires ou d’agents des servi
ces publics à des centaines de
milliers d’ouvriers ou d’employés
des entreprises privées. Si pas
ser au service de l'Etat ne devait
apporter aux travailleurs ni ame
lioration matérielle de leur
sort ni satisfaction morale, si
les nationalisations ne devaient
aboutir qu’à faire retomber
sur l’Etat le poids de la lutte
des classes, et si elles ne
devaient pas nous faire avan
eer d’un pas vers la solution des
problèmes sociaux, il est clair
qu’elles seraient plus dangereu
ses qu’utiles. Il est en tout cas
intéressant de noter que c’est au
imomcnt même où l’on « natio
nalise », (lue les salariés de l’Etat
se plaignent d’être défavorisés
par rapport à ceux de l’industrie
privée.
Cela dit, la solution du pro
blème posé par les revendica
tions des fonctionnaires n’est
pas simple. Le ministère des Fi
nances a fait savoir que, pour
aligner à 5.000 francs les trai
tements « de base » des fonc
tionnaires et agents de l’Etat, il
faudrait ajouter 32 milliards au
budget déjà vertigineux des dé
penses. Il n’est pas besoin d’une
grande science économique
•pour comprendre que ces 32
milliards, outre qu’ils aggrave
ront les charges de la nation,
s’ajouteront à la masse déjà
énorme des moyens de paie
ment en circulation sans que
soit accrue la masse des riches
ses consommables, ce qui aura
pour résultat une augmentation
du prix de la vie.
Il n’y a qu’un moyen d’amé
liorer réellement la situation
matérielle des Français, fonc
tionnaires ou autres : c’est
d’augmenter non le nombre des
billets de banque, mais la ri
chesse du pays, et par consé
quent de produire.
Or. un nombre considérable
de Français est actuellement
soustrait aux tâches réellement
productives : la guerre, la cap
tivité, les déportations nous ont
coûté la vie de cinq cent mille
jeunes gens j la dénatalité a
AU PROCES DE NUREMBERG
Sauckel était
des conditions
dans lesquelles vivaient jj
les travailleurs étrangers
assure le procureur Dodd
Nuremberg, 13 décembre. ■— Le procureur américain a repris, ce matin,
son exposé sur les déportation» de travailleurs étrangers, che-chant à impliquer
dan» cette affaire un plus grand nombre d’inculpés et utilisant à œt effet
contre Seyss-Inquort Pinte-rogatoire de Sauckel.
Sauckel a nettement blêmi au cours
de cet exposé et les autres accusés
semblaient (Subjugués.
I ors d’une conférence présidée pa r
Hitler en janvier 1944, Sauckel avait
déclaré que l'on ne pourrait se procu
rer quatre millions de nouveaux tra
vailleurs au cours de l’année 1944
qu’en utilisant des « agents d’exécu
tion allemands » ce par quoi il enten
dait les SS, a préè’sé le procureur
Dodd. qui a ajouté que le ch’ffre fixé
avait été atteint par « la force et la
violence ».
En mars 1943. Saucikel s’était plaint
à Hitler des chefs militaires sur le
front russe qui s’opposa’ent aux levées
de travailleurs pour des raisons poli
tique,s. Sauckel demandait donc à Hit
ler de faire entendre ra'son à l’armée
et, le front haut, faire poursuivre
les levées de travailleurs étrangers
ajoutant que « jamais au (monde tra
vailleurs étrangers n'avaient été trai
tés nupsi correctememt » qu'ils l’étaient
en Allemagne.
Le procureur Dodd assure cepen
dant que, non seulement Sauckel était
au courant des conditions « dégradan
tes et inhumaines » dans lesquelles vi
vaient ie*s travailleurs étrangers, mais
encore que Sauckel lui-même, par les
ordres qu’il avait donnés, était respon
sable de ces conditions.
Le rôle de Speer
De l”nte:Togato ! re de Sauckel, il res
sort. que les demandes de main-d'œu
vre Auannnt rie Speer jouissaient dune
priorité absolue sur toutes les autres
demandes.
L’interrogatoire de Speer lui-même
prouve que ce dern’er savait parfaite
ment que les travailleurs étrangers ne
venaient pa9 volontairement en Alle
magne.
L’angoisse et la nervosité
des accusés
Tandis que l’accusation poursu’t l’évo-
cat’on de.s milliers de cadavres dont la
mer* pèse sur la conscience des accusés,
ceux-ci ne parlent plus, ne plaisantent
plus. Ils prennent par moment quelques
brèves notes.
Le procureur Dodd a fait tœnber
l’assurance de Sauckel en rappelant
le calvaire de ces hommes qu’il en
voyait dans les camps d’Allemagne et
qui partaient dans les wagons plombés
où la chaleur, la faim et la soif les
faisaient agoniser lentement.
Saudcel fut aux côtés d’Hitler dès
le début du nazisme, en 1921. En
1927, il était nommé gauleiter de Thu-
ringe. Maintenant, M n’est plus qu'un
petit homme chauve, qui cherche à
paraître nonchalant mais dont les
mains — tiraillant sans cesse la cour
te moustache — trahissent l'anx'été.
Gœring écoute
d’un air sombre
Goering, penché en avant, écoute
d’un air sombre. Speers veut paraître
impassible, ma : s il a violemment rougi
lorsque Dodd eut mentionné sa visite
nu camp de concentration de Mathau-
sen, et aux usines Krupp.
Kaltenbrunner, regarde obstinément
le papier où il inscrit, de temps en
temps, des notes.
Hess, les coudes appuyés suir le re
bord de son siège, écoute le procureur
Dodd inculper de massacres en série
son Fuehrer bien-aimé et le parti nazi
tout entier. Il a le visage vert et sau
vage d’un fou et son aspect seul fait
que les observateurs se demandent si
sa raison ne va pas sombrer encore
une fois, si tant est qu’il l’ait jamais
eue. (U.P.)
confiants et amicaux entre la
France et la Grande-Bretagne.
Il ne constitue pas à lui seul un
réglement des difficultés qui ont
opposé récemment Syriens et Fran
çais. Mais il le facilitera.
Des intérêts français importants
et traditionnels, culturels, commer
ciaux et autres ont grandement
souffert des troubles récents. Un
accord les protégeant doit mainte
nant être négocié entre la France,
la Syrie et le Liban, qui ont joué,
à plaisir, dernièrement, des diver
gences de vues entre les deux gran
des puissances.
Après l’accord franco-anglais, les
nouvelles conversations devraient
s’ouvrir sous le signe de la conci
liation.
Pierre Denoyer.
Les rapports franco-britanniques
en Syrie et au Liban
depuis les accords
Lyttleton-de Gaulle
Les rapports réciproques de la
France et de la Grande-Bretagne en
Syrie et au Liban ont été réglés pen
dant la guerre par les accords Lyttle
ton-de Gaulle du 25 juillet 1941, qui
reconnaissent également la situation
prééminente que la France devait con
server dans les deux pays quand se
rait reconnue leur indépendance.
Les accords Lyttleton-de Gaulle
sont restés en vigueur, malgré quel
ques incidents, jusqu’au 31 mars
1045, quand la Grau de-Bretagne fit
intervenir ses troupes en Syrie.
Rappelons que, sous la réserve d’une
entente à intervenir pour la sauve
garde des intérêts français, l’indé
pendance de la Syrie et du Liban
avait été proclamée par le général
Catroux, dams deux documents dis
tincts, le 36 et le 27 septembre 1941.
Le régime constitutionnel avait été
institué dans les deux pays en février
1043 et au mois de jir'llet et de sep
tembre de la même ann.ée les deux
gouvernements avaient procédé à des
élections générales. Dans un traité
tripartite franco-syrien-libanais signé
le 22 décembre 1943, la France a ad
mis le principe de la remise à la
Syrie et au Liban dos grands services
administratifs tels qu e les douanes,
les tabacs, les travaux publics, les
postes et télégraphes, la direction
économique, etc. Enfin, le 27 juillet
1945, intervenait un nouvel accord
pour la cession des troupes spéciales
aux autorités syriennes et libanaises.
Ajoutons que c'est sur la demande
de la France que la Syrie et le Liban
ont participé à la Conférence de San-
Francisco.
(Suite page 2, col. 7 et 8)
ON REPARLE
de la carte de pain
M. Tanguy-Prigent a fait état de
vant la Commission de l’Agriculture
des difficultés auxquelles se heurte
son ministère pour maintenir le pain
en vente libre. La cadence des impor
tations de blé qui avait permis, il y
a un mois et demi environ de sup
primer les tickets, s’est considérab’e-
ment ralentie et si un relèvement du
f omnagè de l’envoi de farine n’est pas
réalisé d’ici la fin du mois, le gou
vernement se verra obligé de rétablir
la carte de pain.
« Tous nos efforts doivent donc ten
dre, a affirmé M. Tanguy-Prigent, à
écarter cette éventualité. »
LE CONSEIL
DES MINISTRES
réexamine
aujourd’hui
les traitements
des fonctionnaires
Il «omble qu c> ce soit la C.G.T. qui
servira d’intermédiaire entre le Gou
vernement et le Cartel des Services
publies après la grève d’avertissement
dont nous avons rendu compte hier.
M. Henri Raynaud, secrétaire de la
C.G.T. a, en effet, pris sur la grève
générale une position pins nuancée que
celle du Cartel. « Dans les circonstan
ces actuelles, a-t-il affirmé, au Vélo
drome d’Hiver, une grève générale to
tale aurait pour résultat, notai,nment
par l’arrêt (le,s chemins de fer, d'af
famer rapidement Je pays. »
La journée d’aujourd’hui sera décri
ve. Au cours du Conseil des Ministres,
qui doit ee tenir ce matin. M. Pleven
présentera à ses collègues ses projets
pour venir en aide aux fonctionnaires
le* moins favorisés et à ceux qui sont
chargés de famille.
La C.G.T.. tiendra séance à la même
heure pour étudier les mesures que
sera amené à prendre ie Cartel central
qui doit se réunir dans l’après-midi.
On sait que le groupe socialiste a
décidé de tout (mettre en œuvre pour
que « satisfaction soit accordée au*
revendications des fonctionnaires »•
C'est pourquoi on peut espérer qu’un
accord se réalisera avant que des me
sures. dont la France toute entière
souffrirait, ne soient .prises.
A l’issue de sa réunion d’ihier, le
Cartel central des Services publies, qui
s'était réuni pour examiner l'es résul
tats de la manifestation du 12 novem
bre, a décidé d’engager d’indispensa
bles négociations avec les pouvoirs
publies pour mettre fin à une situa
tion qui serait préjudiciable aux inté
rêts vitaux de la Nation.
Dans le budget
de la Défense nationale
une part importante sera faite
aux recherches scientifiques
On sait que le budget de la Défense
nationale a été fixé globalement à 125
milliards, ce qui représente moins du tiers
du budget total, la plus faible proportion
enregistrée depuis 1870.
La répartition de cette somme entre les
ministères intéressés n’a pas encore été
fixée dans le détail, et le Comité de la
Défense nationale aura, vraisemblable
ment, à se prononcer à ce sujet au cours
d’une de ses prochaines réunions.
On croit savoir que les décisions qu’il
serait amené à prendre traduiraient le
souci de rétablir l’équilibre en're les cré
dits alloués pour l’entretien du personnel
et ceux qui sont destinés à l’équipement.
Les dépenses du chapitre matériel se
raient donc prévues- de manière à équiper
et à entretenir dans les meilleures condi
tions notre industrie de guerre.
Les recherches et études techniques et
scientifiques que l’on veut pousser au
maximum seraient, de leur côté, subven
tionnées par d’importants crédits.
RETOUR A LA LEGALITE REPUBLICAINE
Les Conseils généraux
désigneront les jurés
des Cours de Justice
Ainsi en a décidé l’Assemblée Constituante
C ’EST à l’unanimité que l’Assemblée Constituante a voté, hier, le re
tour à la légalité républicaine en matière de justice.
Nous n’avons cessé de réclamer, depuis de longs mois, cette
mesure qui met fin à l’arbitraire en matière de collaboration.
Dans l’exposé qu’il a fait devant le Parlement, le Garde des sceaux
a souligné le fait qu’à l’étranger, et en particulier chez nos Alliés anglo-
saxons, on s’était étonné à la pensée qu’une telle juridiction fût en vigueur
dans un pays démocratique.
Notre pays retrouve lentement les
libertés pour la défense desquelles il
n’a cessé de combattre.
On ne manquera pas d’enregistrer
à travers tous nos départements —
où avocats et magistrats s’unissaient
La réforme sera effective au mois de mars
A u
ni
vi
pour appeler de leurs vœux la réforme
— une réelle satisfaction.
Une lourde hypothèque pesait sur
la plus sacrée de nos institutions.
Cette hypothèque est aujourd’hui le
vée. L. G.-R.
U début de sa séance l’Assemblée a adopté le projet de réorga
nisation des Cours de Justice. Les Comités de Libération n’inter
viendront plus pour la désignation de.s jurés. Le soin en reviendra
aux Conseils généraux. Mais ceux-ci ne doivent se réunir qu’au
début de l’année 1946 ; ainsi l’effet de la réforme ne pourra jouer qu’à
partir de mars prochain.
Un mot à notes- : il n’est question
dans le texte que de « citoyens ».
— Si no il s aj°utions « et citoyennes »,
proposait un député communiste.
— Inutile, réplique le rapporteur, le
terme citoyens englobe les deux sexes.
— Il n’y a pas de précédent en ce
domaine, objecta M. Pierre Cot.
Mais le Gairde des Sceaux on trouva
un, car une ordonnance de 1944 pré
cise que les juré» sont choisis parmi
les citoyens et les citoyennes.
Petits faits inédits dans les annales
parlementaire,s. cette discussion enga
gée par M. Ph. Teitgcn, garde des
Sceaux, avait été conduite par le pro
pre père du ministre, M. P. Teitgcn
qui inaugurait hier ses fonctions de
vice-président.
Les traitements des fonctionnaires
le gouvernement et les représentants
qualifiés des fonctionnaires.
L’Assemblée fut de cet avis. Toute
fois, M. Mercier avait voulu cm pro
fiter pour que l’on discute en même
temps la proposition communiste oc
troyant une indemnité de mille francs
aux fonctionnaires.
— Impossible, avait répliqué M.
Vincent Auriol, il n'est pas d’usage
que le vote d'une proposition de l°i
vienne sanctionner une interpellation.
Un ordre du jour seul peut en être
la conclusion.
Marcel Gabilly.
(Suite page 2, coi. 2)
LA COMMISSION
DE LA CONSTITUTION
désire que soient renforcés
les pouvoirs de la
future Assemblée
P OX’RSUIVANT, hier matin, sotis
la présidence de M. André Philip,
l’étude de l’organisation du pou
voir exécutif, la commission do
la Constitution, après avoir fixé à
cinq ans la durée du mandat législa
tif, a adopté à l’unanimité la défini
tion suivante des pouvoirs de la fu
ture assemblée :
« Il ne peut être <ïe lois que cel
les votées par l’Assemblée. L’Assem
blée ne peut déléguer à quiconque,
en tout ou en partie, le droit do
légiférer à sa place », cette demièra
résolution étant un c condamnation
implicite de la méthode des décrets-
lois. »
Passant à l’examen des relations en
tre l’exécutif et le législatif, le rap
porteur général a indiqué que c’est
par un vote de censure que sera sanc
tionnée la responsabilité ministérielle
collective, alors qu’un simple trait de
plume sanctionnera la responsabilité
individuelle du ministre, dont le sort
dépendra alors <îu président du Con
seil — telle sera désormais l’appella
tion officielle du chef du gouverne
ment, a-t-il été décidé.
Enfin, la responsabilité pénale des
minisires relèvera d’une hante Cour--
de justice chargée de juger les crime»
politiques, haute Cour élue par l’As-
stinblée au début die son mandat et
pour la durée de la législature.
La commission a décidé ensuite, par
31 voix, que la Cour serait composéo
pour les deux tiers par d’es membres
de l’Assemblée et pour un tiers de
membres choisis hors de l’Assemblée.
A la majorité de 15 voix contre 8,
elle a décidé en outr e que les juges
pris dans l’Assemblée seraient élus
suivant les règles de la représentation
proportionnelle.
L'augmentation de traitement de
mandée par les fonctionnaires fera-
t-elle l’objet d’un débat, mardi pro
chain, devant l’Assemblée consti
tuante ?
En fin de séance, hier un court
débat s’est engagé à ce .sujet au
Palais-Bourbon. MM. Pecters et Ga
zier, socialistes, demandaient à inter
peller le gouvernement. Aussitôt, M.
Vincent Auriofl, lui-même socialiste,
mais agissant en qualité de ministre
d’Etat, fit valoir que le Conseil d ®
ministres étudierait, aujourd’hui, la
question et qu’il serait en mesure de
faire connaître s s décisions mardi
prochain au plus' tard. On pourrait
donc, ce jour là, en discuter si tou
tefois l’accord- ne s'était pas fait entre
Les négociations économiques
franco-soviétiques
se poursuivent favorablement
UN ENTRETIEN MOLOTOV ALPHAND
Moscou, 13 décembre. — M. Hervé Alphand a abordé la partie poli
tique de la mission dont le gouvernement français Ta chargé à Mos
cou, par un exposé sur le point de vue français concernant l’Allemagne,
qu’il a développé devant M. Molotov, commissaire du peuple aux Affai
res étrangères.
Concurremment avec ses entretiens
politiques, M. Alphand poursuivra
les négociations économiques qu’il a
entreprises avec les autorités soviéti
ques. Le délégué français a déjà ex
posé à ses interlocuteurs les besoins
français que l’UrTon Soviétique pour
rait satisfaire, notamment en pétrole,
en charbon, en bois et en de très im
portantes quantités de blé. L'achemi
nement de ces marchandises se heurte
à des difficultés et seule la voie ma
ritime paraît être utilisable pour la
plupart d’entre elles, dans l'état ac
tuel des transports.
Les Russes vont maintenant énumé
rer les marchandises françaises qu’ils
voudraient importer. L'Union Sovié
tique demandera probablement à bé
néficier de la clause de « la nation
la plus favorisée » dans ses échanges
avec la France. — (A. F. P.)
Nouvelles de France
Une tempête de neige et une vague de
froid sévissent sur les Alpes depuis 48 heu
res. Des chutes de neige abondantes obs
truent tous les cols des Alpes et recouvrent
les champs de ski jusqu’aux plus hautes
altitudes.
+ Le vignoble tunisien traverse une crise
de sous-production qui durera, prévoit-on,
quelques années. L’Office du Vin qui régit
la culture et la vente du vin dans la Ré
gence vient en :onséquence d’instituer une
Commission d’attribution des bons d’appro
visionnement.
LE GENERAL JUIN
a reçu la médaille militaire
Au cours d’une cérémonie intime
qui s’est déroulée hier dans yn des
salons de l'Hôtel Continental, le gé
néral Jura, chef d’Etat-Majo-r général
de la Défpnoe nationale, a reçu la
inéda’lle militaire.
Cette distinction, la plus haute pour
un officier général, lui a été remise
par M. Volsard, actuellement adminis
trateur général de la zone française
d'occupation en Autriche, qui fut le
plus jeune médaillé ni litaire de l’ar
mée française en 1918. (A.F.P. ).
NOUVELLES DE L’ÉTRANGER
0 Le Dr Karl Kobelt. vice-président et mi
nistre de l'Armée du gouvernement suisse,
a été élu président de la Confédération hel
vétique pour 1946.
0 L’administration italienne va recouvrer le
contrôle de l'ensemble du territoire de la
péninsule, y compris Pantellerta et Llnota,
à l’exception de la Venetle Julienne et de
la province d’üdlne. où l’occupation des trou
pes anglo-américaines sera maintenue Jus
qu’au traité de paix.
0 La plupart des Andorrans ont refusé de
prendre part aux élections au Conseil des
Vallées, le régime électoral, encore en vi
gueur, ayant été établi par le gouvernement
de Vichy. Les résultats du dernier scrutin
ne seront sans doute pas validés.
9 Le Conseil de contrite interallié de Ber
lin a décidé de rétablir les communications
téléphoniques et télégraphiques interzones.
Il a également approuvé une série de me
sures pour la restitution des objets d'art
enlevés par les Allemands dans les pays oc
cupés.
• Les autorités militaires soviétiques ont ac- j
cordé aux correspondants de quatre Journaux
américains la permission de visiter la tone j
d'occupation soviétique en Allemagne.
0 Cent cinquante des meilleurs chevaux de
course français, d'une valeur de plus de j
50 millions de francs, vont partir lncessam- |
ment de la zone américaine pour rentrer
en France. Dans le premier convoi
vent le fameux Brantôme et Man of war.
288 prisonniers de guerre allemand «. vo
lontaires pour les travaux de déminage dans
la poche de Dunkerque, seront libérés à l’oc
casion de la nouvelle année.
0 M Spaak, ministre des Aflairet étrangè
res de Belgique, a déclaré que son pays dé
sirait devenir le siège des Nations Unies.
J ) Des spitfires britanniques, à la demande
es Français, sont entrés pour la première
fois en action en Indochine française, en
attaquant une position de mortiers annamites
près de Dalat, dans le sud-est de l’Annam.
• La délégation française à la Commission
pour l’Extrême-Orient partira pour le Ja
pon le 26 décembre. Elle sera dirigée par
M Francis Lacoste, conseiller d’ambassade
à Washington.
0 A Java, les troupes britanniques ont rasé
un village où, il y a trois semaines. 22 sol
dats anglais et indiens ont été massacrés.
MEDECINS—|
ET MALADES
sous le joug a dminis tratif
Le nouveau plan
de sécurité sociale
U NE ordonnance que Ton peut dire révolutionnaire, car elle va
bouleverser la notion classique des rapports entre le malade et
le médécin, paraissait dernièrement au Journal Officiel. Il s’agit
du texte portant réorganisation des Assurances sociales auxquelles
seront, à brève échéance et par rapides étapes, assujettis tous les
Français
Les mesures en cours d’exécu.tion, nées du propos éminemment
louable de garantir chaque citoyen, quelle que soit sa situation de
fortune, contre les risques divers de l’existence, ont provoqué dans le
monde médical des réactions qui ne mettent pas en cause l’esprit, mais
certaines modalités de la loi.
Les problèmes discutés sont d’une
trop exceptionnelle importance
pour que Ton ne prenne pas souci
d’élucider entièrement le débat.
Ce que disent les médecins
Efforçons-nous de traduire objec
tivement les réserves exprimées
aujourd’hui sur le texte du 19 oc
tobre 1945 par de nombreux méde
cins, très nombreux même, semble-
t-il, si nous en jugeons d’après la
diversité de leurs témoignages.
On nous assure, disent-ils, que
notre profession, bien qu’elle soit
mise du jour au lendemain sous la
dépendance d’un p u i*s s a n t orga
nisme administratif, ne sera pas
fonctionnarisée. Le malade pourra
choisir son médecin, comme par le
passé. Une telle précaution ora
toire prouve suffisamment que le
législateur a compris le péril Mais,
en fait, le médecin se trouvera di
minué de toutes les façons dans son
autorité propre. Le mécanisme de
la fonction publique viendra peser
lourdement sur ses décisions, par
fois même les paralyser. Que la
maladie d’un quelconque assuré,
par exemple, se prolonge au delà
de trois mois, et le contrôle de-
LA GUERRE
DES POMMES DE TERRE
LA COMMUNE “ PUNIE
de Saint-Sorlin-d’Arves
AURA-T-ELLE A SUBIR LE BLOCUS TOTAL ?
N
Mort du général Dentz
Le général Dentz. qui fut haut commis
saire de France en Syrie, et dont la
condamnation à mort fut commuée en
détention perpétuelle, est mort hier, à
17 h. 30, a l'Infirmerie de la prison de
Fresnes.
0C8 avons annoncé l’autre jour
que la petite commune de
Saint-Sorlin-d’Arves - avait été
_<§| l’objet de mesures punitives
trou- | parce qu’elle n’avait pas satisfait à
ses obligations de collecte.
Le préfet de la Savoie, qui a pris
l’initiative de ces mesures (^n§ pré
cédent, croyons-nous), a bien voulu
nous donner une information plus com
plète :
La commune de Saint-Sorlin-d’Arves,
nous dit-il, avait accepté sans intro
duire °ucun recours une imposition de
30 tonnes de pommes de terre qui était
d’ailleurs normale, car cette localité
située à 1.500 mètres d’altitude avait
moins souffert d e la sécheresse que
les villages plus b a s placés. Or le col
lecteur s’étant présenté avec un ca
mion pour prendre limaison d'un
acompte de 20 tonne s ne put en re
cueillir qu’une, fournie par sept per
sonnes dont une n’était pas imposée.
Déjà les habitants de Saint-Sorlin
avaient livré de mauvaise grdee les
produits laitiers. Il était d’autant plus
nécessaire dp réagir que d’autres col
lectivités pouvaient s’inspirer de ce
mauvais exemple. La municipalité fut
donc informé e que des sanctions exem
plaires allaient être prises si les cul
tivateurs imposés ne livraient pas ra
pidement la totalité du tonnage prévu.
A titre d’avertissement , il fut décidé
que Saint-Sorlin ne recevrait plus de
vin ni de produits d’épicerie, fin no
vembre. les cartes d’alimentation fu
rent délivrées aux seuls producteurs
ayant livré.
Le sous-préfet de Saint-Jean de
Maurienne a pris contact avec les
habitants de Saint-Sorlin, Il espère
obtenir d'eux une attitude plus com
préhensive. Il a déjà pu faire charger
plusieurs camions.
Mais si les coupables ne se sont pas
mis en règle avec les services d'<
ravitaiVement avant la fin du mois,
tls feront l’objet de nouvelles sanc
tions : Us ne toucheront plus de bons
de textile . de chaussures, d’essence,
les cartes de tabac leur seront enle
vées, Au bCKoin, le village tout entier
sera privé d’électricité, de distribution i
postales.
A'o us irons s’il est besoin, dit le
Préfet, jusqu'à mettre hors de la com
munauté française un village qui man-
querait à ses devoirs de solidarité
nationale.
Toutes mesures étant d’ailleurs pri
ses pour que les malades et les enjants
n’aient pas à souffrir directement de
ce blocus éventuel. — L. C.
par Louis CHAUVET
vient automatique. Au chevet du
patient vont se confronter l’expert
désigné par l’Administration (et
celui-ci jugera en fonctionnaire, lé
sinant sur les frais), et le prati
cien habituel qui s’efforcera de jus
tifier une méthode curative et par
lera comme s’il était l’avocat du
client. Le premier pourra mettre
en doute le diagnostic du second.
Il n’est pas jusqu’aux ordonnances
délivrées en conformité de ce diag
nostic qui ne puissent faire l’ob
jet d’une contestation pointilleuse,
l’article 9 du chapitre 1er exigeant
en matière de prescription « la
plus stricte économie compatible
avec l'efficacité du traitement »,
texte dont ne manqueront pas de
se prévaloir à tout propos les
agents des Finances.
Supposé qu’un litige oppose les
deux médecins, une procédure d’ar
bitrage intervient, une de ces pro
cédures trop familières aux Fran
çais, et dont le terme viendra peut-
être après la mort du malade.
La médecine, en peu de temps,
prendra des habitudes routinières.
Elle évoluera vers une médecine « de
soins » qui multiplie les ordon
nances et favorise « l’absentéisme »
des ouvriers sur les lieux de tra
vail fies clients, jusqu’ici, n’allaient
d’ailleurs pas nécessairement se
faire soigner ; ils « consultaient »
aussi préventivement). L’espoir a
été formulé de mettre fin, par les
nouvelles disnositions de l’ordon
nance, au « charlatanisme ». Or.
devenu un salarié, le plus souvent
insatisfait de son salaire. le méde
cin aura tendance \ glisse» vers
des pratiques dont la profession
tout entière risquerait d’être at
teinte.
La profession baissera en mora
lité. Elle ne baissera pas moins en
qualité. C’est la conséquence iné
luctable d’un rétrécissement des
perspectives.
Telles sont les craintes générale
ment exprimées par le corps médi
cal.
(Suite page 2, col. 4 et 5)
CHRONIQUE
Sur la mort d’un ami
J
par Paul CLAUDEL
OSE MARIA SERT est mort! José Maria Sert est mort! Nou
velle déchirante! Je perds le plus cher et le plus précieux de mes
amis, et l’art perd le dernier représentant de la grande peinture.
Car la peinture est tout autre chose que le métier, comme on
l’a dit, d’ associer agréablement sur une toile des lignes et des’ couleurs,
en réponse aux provocations que telle ou telle circonstance extérieure nous
adresse. De ce métier, qui n’exige pas des aptitudes particulièrement rele
vées, les pratiquants sont actuellement innombrables. De là l’épouvan
table ennui des expositions modernes. Dans ma jeunesse, la peinture de
genre et d’histoire existait encore. L’artiste par delà notre appareil optique
faisait tout de même appel à notre intelligence, à notre instinct de com
position, à notre sentiment poétique, à la psychologie. Il nous faisait l’hon
neur de solliciter notre collaboration. Il ne nous servait pas bêtement
tout à plat un plat de couleurs de sa façon. Il nous donnait à regarder
un spectacle significatif. Aujourd’hui, quand par hasard nous franchis
sons le seuil d’un de ces garages maudits, nous voici qui errons, requis
et retenus par rien, dans les déserts coloriés de la Bêtise! Des paysages
et des paysages! Des natures mortes et des natures mortes! Des femmes
nues et des femmes nues! (Un véritable remède pour les tentations de
la chair et de quoi peupler à nouveau la Thébaïde!) Aucune pensée,
aucune fantaisie, aucun travail de l’âme ou de l’intelligence, aucun senti
ment- du drame et de la comédie universelle! La réalité, comme ils disent,
grossièrement envisagée par un œil prétentieux ou servile.
Comme on comprend le désespoir de certains de ces disgraciés
et de ces disgracieux qui essaient d’échapper à l’insipidité par l’extra
vagance!
Aucun art n’a sa fin en lui-même. C’est un moyen que le bon Dieu
met à notre disposition pour nous procurer à nous-mêmes et, si possible,
aux autres^ de la délectation et de la joie. Pour planter au regard de
notre contemplation un objet durable. C’est ainsi qu’aux dernières
années du siècle dix-neuf, ce Catalan nous arriva d’Espagne, bousculant
les chevalets de l’Impressionnisme. La lumière, la vision innombrable et
retentissante qui sortait de lui, le peuple ordonné et confus, le matériel
imaginaire volumineux qu’il avait à caser, il ne lui suffisait pas pour
les recueillir de quelques carrés de toile, il lui fallait des panneaux,
des murs entiers de la base au faîte, des concavités de palais ou d’églises,
la profonde répercussion de tout un édifice! Il y avait une masse de
choses qu’il avait besoin d’engendrer toutes à la fois! Il y avait une
masse de choses qu’il avait besoin de regarder toutes à la fois! Tout
cela, au cours d’une vie prodigieusement remplie, la Providence se char
gea de le lui procurer, tout cela des deux parties du monde alla miracu
leusement à sa rencontre!
José Maria Sert a été pour notre génération assombrie un prodi
gieux entrepreneur de spectacles.
Quand on lit les histoires du temps passé dans tous les pays du
monde, on est frappé de l’extraordinaire goût et talent de s’amuser
qu’avaient les gens d’autrefois. Aujourd’hui ces satisfactions ont pris
pour nous des formes limitées, générales, standardisées. Et même, la
plupart du temps, nous nous sommes retirés du jeu ; passifs, échoués,
engloutis comme des morts dans les ténèbres d’une salle de cinéma,
nous nous tournons du fond de notre outre-tombe à contempler un
écran lumineux où il ne s’agite plus que des ombres. Mais des fêtes
passées il subs’ste tout de même un énorme reliquat d’accessoires qui
gisait inutilisé dans nos resserres. C’est de ce matériel qu’aux jours de
sa jeunesse Sert s’est emparé pour y trouver les éléments d’une presti
gieuse parade. Les galeries des deux mondes sont aujourd’hui pleines
de ses acrobates, de ses jongleurs, de ses échassiers, de ses funambules,
de ses musiciens, qui viennent nous prendre par la main et nous entraînent
avec eux dans un éclatant fandango où le grave ronflement des tam
bourins et des guitares soutient, ret’ent, contient, ce danseur immobile
et les castagnettes à la main, anéanti dans l’attention, qui n’attend plus
que cette rentrée horrifiante des cuivres pour s’envoler, oiseau en culotte
zinzolin. par dessus la tête des _paroissiens de Saint-Isidore! Et chaque
fois que je vas voir Hélène Berthelot, cet escalier, que gravit avec moi,
dans un envol d’étoffes bariolées et la fanfare des cuivres et de la
grosse caisse, un trépignement de nègres enthousiastes, m’aspire dans sa
spire ascensionnelle jusqu’au palier de la bonne humeur !
Mais la tempête est venue. Aux clairons du carnaval sont venues
se substituer les tronîpcttes du Dies ilia ! D’effroyables catastrophes par
arrivées successives sont venues se déchaîner sur le monde et sur les deux
patries de l'Enchanteur, lui-même gravement éprouvé dans son âme,
dans son œuvre et dans sa chair. Un autre Sert, le vrai, l’essentiel, fait
son apparition. Après le Sert pittoresque et lyrique, le Sert grandiose
et épique, je dirai surtout le Sert religieux, le Sert catholique.
Les paravents ont été repliés. Tout le bric-à-brac, toute cette
« Illusion comique » qui jadis séduisit le grave Corneille, tout ce maté
riel amusant du magicien -Almanzor, tout cela a disparu. Les couleurs
mêmes, Tune après l’autre, se sont effacées de la palette, il ne reste plus
que de la lumière et de l’ombre, de l’or vivant, à l’œuvre sur les ténèbres,
des formes et d’immenses agitations comme en ronde bosse sculptées sur
une spiritualité métallique. Ainsi que des réserves un jour de la Vallée
de Josaphat, il monte pour peupler les profondes compositions archi
tecturales qui l’attendent un peuple à flots épais de musculatures amal
gamées, la poussée pour un effort et pour un témoignage collectif d’une
humanité impersonnelle, aveugle et une. C’est cela qui hâle les canons
démesurés, qui hisse du fond de'la mer les trésors engloutis, qui main
tient désespérément contre l’assaut monstrueux la porte fléch ssante de
l’Alcazar. Au-dessus, à l’exemple du Tintoret et de Michel-Ange, se
dressent les grandes attitudes héroïques et symboliques. Je revois à la
coupole de ce'.te salle de la Société des Nations ces quatre* Points cardi
naux qui, la main tendue vers l’Etoile Polaire, essaient, hélas en vain!
de se rejoindre, de se prendre, de s’apprendre et de se comprendre!
Je revois le Christ Pantocrator le bras levé verticalement de toute sa
hauteur, qui actuellement, je crois, fait la gloire de Tambas:ads d’Espagne
à Paris. Et je ressens encore ce coup au cœur, celui que nous donnent
les trouvailles inexplicables du génie: ce Crucifié à qui aboutit la troi
sième cathédrale de Vich. Le bon Larron de ses deux bras étendus l'inter
roge et figurez-vous que le Christ n’est pas au-dessus de lui. Il est au-
dessous, c’est Lui triomphalement qui répond de bas en haut à cette
élévation surmontante de la question!
(VOIR LA SUITE EN DEUXIEME PAGE)
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 87.49%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 87.49%.
- Collections numériques similaires Bibliographie de la presse française politique et d'information générale Bibliographie de la presse française politique et d'information générale /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BIPFPIG00"L'Écho de Vésone : bulletin de la Dordogne /ark:/12148/bd6t550152097.highres Le Nontronnais : journal de la Dordogne paraissant le samedi : littéraire, administratif, commercial et d'annonces ["puis" journal républicain du dimanche "puis" organe hebdomadaire du Parti radical et radical-socialiste de l'arrondissement] /ark:/12148/bd6t55035813r.highresArts de la marionnette Arts de la marionnette /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "Pam1" Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine Commune /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BnPlCo00" France-Brésil France-Brésil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "FranceBr"
- Auteurs similaires Villemessant Hippolyte de Villemessant Hippolyte de /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Villemessant Hippolyte de" or dc.contributor adj "Villemessant Hippolyte de")Jouvin Benoît Jouvin Benoît /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Jouvin Benoît" or dc.contributor adj "Jouvin Benoît")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/2
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bd6t564001h/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bd6t564001h/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bd6t564001h/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bd6t564001h/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bd6t564001h
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bd6t564001h
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bd6t564001h/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest