Titre : Le Bien public : Union bourguignonne ["puis" libéral, anticollectiviste "puis plus de sous-titre"]
Éditeur : [s.n.] (Dijon)
Date d'édition : 1887-05-23
Contributeur : Jobard, Eugène (1828-1902). Directeur de publication
Contributeur : Langeron, Jean-Claude (1809-1898). Directeur de publication
Contributeur : Mercier, Jules (rédacteur au Bien public de Dijon). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327124626
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 23 mai 1887 23 mai 1887
Description : 1887/05/23 (A37,N140). 1887/05/23 (A37,N140).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG21 Collection numérique : BIPFPIG21
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t5450022f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Fonds du service reproduction, NUM P.V-19
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/07/2021
Lundi 23 Mai 1887
UNION BOURGUIGNONNE
Trente-Septième Année. — N 1 139
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LE BIEN PUBLIC
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RÉCLAMES : la ligne 40 c.
Les insertions sont reçues pour le no du lendemain
jusqu’à h heures.
RÉDACTEUR EN CHEP
LANGERON
Ies manuscrits non insérés ne sont pas rendus.
La Montagne en travail
Vendredi soir, d’après la République fran
çaise, M. de Freycinet devait, on le sait, se
rendre à l’Elysée pour faire connaître sa réso
lution définitive au président de la Républi
que. Il y est arrivé vers cinq heures.
II a exposé à M. Grévy qu’il se trouvait dans
l’obligation de décliner la mission de former le
nouveau cabinet, et il a donné pour motif de
son refus l’attitude de M. Clémenceau, avec
lequel il a eu un entretien jeudi, dans la soirée.
Le leader de l’extrême gauche lui a déclaré que
l’expérience des cabinets de concentration répu
blicaine n’a que trop duré. Un ministère exclu
sivement d’Union des gauches ou tout entier d’ex
trême gauche lui semble seul possible. Il a
ajouté qu’il était résolu à faire une opposition
de principe à toute combinaison qui ne réuni-
rait pas ce caractère de netteté, et
d’homo-
généité.
En conséquence, M. Clémenceau a mis de
telles conditions à son concours que si elles
eussent été acceptées, il eût été impossible au
nouveau cabinet de recevoir l’adhésion des
fractions modérées du parti républicain.
A la suite du refus de M. de Freycinet, M. le
président de la République a eu un entretien
avec M. Jules Ferry, qui est revenu à l’Elysée, à
neuf heures du soir, avec M. Raynal.
M. Grévy s’est longuement entretenu de la
situation avec M. Ferry et M. Raynal.
Il ne prendra une décision nouvelle que dans
la journée,
ajoute la République française.
Le Petit Journal. — Une réunion officieuse de
membres de l’extrême gauche a eu lieu hier
soir (vendredi).
Les déclarations de M. Clémenceau à M. de
Freycinet y ont été unanimement approuvées.
L’Intransigeant. — La résolution de M. de
Freycinet a vivement affecté M. Grévy.
Le président de la République se demande
maintenant à quel personnage il pourrait bien
confier la mission de former un cabinet.
Il est certain que MM. Le Royer, Floquet et
Devès seront appelés ce matin à l’Elysée. Que
conseilleront-ils ?
Le Radical. — On raconte que la cause princi-
ple du refus de M. de Freycinet ne tient qu’à
des questions personnelles. Chaque groupe avait
un candidat à proposer et un candidat à ex-
dure.
Il était impossible, dans ces conditions, de con
tenter tout le monde, et M. de Freycinet n’a pas
voulu tenter une expérience pareille.
On ne peut que plaindre M. Grévy dont la
position entre trente-six selles n’est réellement
pas enviable. Ces députés lui mènent la vie
dure ; ils empoisonnent sa vieillesse avec leurs
discussions plus canailles les unes que les au
tres.
Que M. Grévy doit regretter le temps où,
simple avocat, il se bornait à défendre la
veuve et l’orphelin, n’ayant d’autre ambition
lue de jouir, au déclin de sa carrière, de
cette aurea mediocritas tant vantée par Ho
race.
Ce n’est pas Horace qui se serait embarqué
dans la présidence de la République. Il aimait
trop son Tibur (son Mont-sous-Vaudrey),
pour en échanger les fleurs contre les épines
de l'Elysée.
Pauvre M. Grévy, comment sortira-t-il du
“ECILLETON
— 12 —
Le Secret du Squelette
PAR GEORGES PRADEL
PREMIÈRE PARTIE
LA FEUILLE D’OR
ne chose le frappait depuis quelques instants,
“ait la fraîcheur du souterrain.
air salin lui arrivait par bouffées...
^'heureusement l’obscurité était complète...
- éanmoins, il se mit en devoir d’avancer dans
e couloir.
saslui-ci descendant en pente douce, s’élargis-
a de plus en plus... si bien qu’au bout de
bosues minutes, Lafressange put se tenir de-
. marchait maintenant sur un sable fin par-
e de petits cailloux.
[en mieux l’obscurité diminuait.
avait ‘our, qui se lève 116 si bonne heure en été,
vaitParu depuis longtemps déjà, il en aperce-
sus de C arté par des fissures de roches, au-des-
1“ sa tête.
snpitennnait depuis longtemps lorsqu’il s’arrêta
ses yeux, un objet d’horreur!...
et sersueette était étendu lui barrant la route,
Dacer dp " eregarder de ses yeux caves, le me-
sa bouche grimaçante.
D "A CHARMEUSE
pres"S." ncoin nouveau du Paris-Neuf, tout au-
de avenue de Villiers, quartier des villas
pétrin où l’a mis le]Boulanger en question?
Car c’est le général Boulanger qui tient tout
en l’air, tout en suspens ; il est le suspensoir
de la solution,
Enfin, ce soir ou demain, nous l’aurons
peut-être, cette solution.
On rirait bien si la montagne en travail
allait, après avoir jeté les hauts cris, accou
cher... d’une souris blanche. L.
- - -% -
NOUVELLES
Paris, 22 mai.
M. le président de la République a conféré
samedi avec plusieurs hommes politiques, entre
autres, M. Fallières et M. Jullien, président de la
gauche radicale.
On a dit qu’une pétition, revêtue d’un grand
nombre de signatures et exprimant des vœux
pour le maintien aux affaires du général Bou
langer, avait été remise au ministre de la
guerre par le personnel civil de l’administration
centrale.
Le ministre ignore si cette pétition existe ou
non ; il ne l’a pas reçue, et, le cas échéant, il ne
pourrait l’accueillir.
L’Agence Havas adresse aux journaux la com
munication semi-officielle suivante :
« Le général Le Flô, ancien ambassadeur à
Pétersbourg, a publié, dans un journal du ma
tin, une correspondance officielle se rattachant
aux événements de 1875.
En agissant ainsi, le général Le Flô a disposé
de pièces et de documents qui ne lui apparte
naient pas. Il n’avait demandé au ministère des
affaires étrangères aucune autorisation de les
publier, et s’il l’avait demandée, il ne l’aurait
pas reçue.
Nous n’avons pas besoin d’insister sur les in
convénients que produiraient des publications
de ce genre, si un agent en retraite se croyait,
sous prétexte d’une opportunité dont il n’est pas
juge, le droit d’user ou d’abuser de documents
qu’il ne possède que par la confiance du gou
vernement de la République, ou des gouverne
ments étrangers. Il suffira de signaler à la ré
probation de tous les hommes éclairés le
grave manquement aux devoirs professionnels
dont l’auteur de ces indiscrétions s’est rendu
coupable. »
La Ligue internationale de la paix et de la li
berté vient de décider qu’elle tiendrait une
assemblée générale annuelle à Genève, le di
manche 4 septembre prochain, et que provisoi
rement deux questions seulement seraient ins
crites au programme de cette assemblée : F De
l’établissement d’un tribunal international; 2’
Question de l’Alsace-Lorraine.
On mande de Berlin, 21 mai :
La nouvelle, donnée par un journal de Paris,
que le prince impérial aurait subi l’opération de
la trachéotomie, est dénuée de fondement. Le
prince va très bien. Il a reçu hier soir le chan
celier de l’Empire, qui est resté longtemps avec
lui.
Le projet de loi concernant la nomination et
le traitement des maires et des adjoints en Al
sace-Lorraine, abroge la disposition aux termes
de laquelle le maire et les adjoints devaient être
pris dans le conseil municipal, ainsi que la dis
position suivant laquelle ces fonctionnaires de
vaient, avant leur nomination, figurer sur la
liste des électeurs ou sur le rôle des quatre con
tributions directes.
Le ministère est autorisé à décider qu’il soit
attaché aux fonctions de maire et d’adjoint un
traitement et des frais de représentation, dont
le montant sera fixé par le président du dépar
tement.
Les fonctionnaires du pays, qui se sont décla
rés prêts à accepter le poste de maire ou d’ad
joint, peuvent en attendant être mis en disponi
bilité avec solde provisoire. Les émoluments des
maires et des adjoints sont des dépenses obliga
toires pour les communes et ne doivent pas être
déduits des subventions pour les écoles qui sont
à la charge des communes.
Suivant des avis de Constantinople, quelques
et des palais, se voit un petit hôtel élégant entre
tous, qui réjouit l’œil du promeneur, avec sa fa
çade rouge et blanche, son toit à clochetons et
en saillie, recouvert d’ardoises imbriquées et de
lames de plomb arrondies.
C’est à l’entrée de la rue de Prosny qu’il est
situé, ses servitudes donnent sur la rue Jouffroy,
aux maisons desquelles il tient par un mur de
refend.
Cet hôtel appartenait depuis plusieurs années
à la baronne de Yunka.
L’âge de la baronne?... Celui des femmes de
Balzac. On aurait pu lui donner bien moins en
core, car avant tout autre signe caractéristique
elle avait l’air excessivement jeune.
Une charmeuse!... une sirène!... des yeux
noirs, grands, énormes ! ombragés d’une frange
de velours, un teint bien mal, qui défiait le so
leil, le froid et la ride.
Une adorable bouche d’un rouge de sang, avec
une lèvre inférieure petite, charnue, divinement
ourlée et laissant voir par instants des perles
d’un orient incomparable.
A la commissure des lèvres, un imperceptible
duvet, un coup d’estompe d’une légèreté infinie,
révélaient à un œil scrutateur,les instincts d’une
volonté inébranlable, et d’une persévérante
combativité.
D’une taille un peu au-dessus de la moyenne,
elle surprenait, dès le premier abord, par l’al
lure féline de ses mouvements. Elle avait des
ondulations de couleuvre, des chatteries de
fauve...
Joignez à cette miniature, un goût inné, cer
tain, pour toutes les ordonnances de toilette ;
une sûreté de main infaillible pour la mise au
point des agencements convenant à son genre
de beauté toute gitanesque, ainsi que disait
d’elle, dans un portrait à la plume, M., l’un des
maîtres du naturalisme, et vous conviendrez
que la baronne Henriette de Yunka était bien
cheiks arabes, familiers du Palais, ayant critiqué
la condescendance du Sultan envers l’Angle
terre, ont été exilés. Le Sultan aurait vu là le
germe d’un complot. Son esprit ne cesse pas
u’être hanté par l’idée de conspiration, et cette
disposition morbide aurait encore été aggravée
par un incident de harem qui l’aurait vivement
affecté. Abdul-Hamid, paraît-il, avait jeté ses re
gards sur une jeune Circassienne ; or, le prince
Selim, le fils aîné du Sultan, qui a ses entrées au
harem, aurait abusé de cette jeune fille et violé
ainsi le caractère sacré du harem.
Depuis lors le prince Selim est aux arrêts,
tout son personnel de précepteurs et de do
mestiques a été changé, et une surveillance
étroite est exercée sur toutes les personnes en
trant au Palais.
L’incident des cheiks et celui du prince Selim
auraient affecté l’esprit du Sultan et causé au
Palais un trouble tel que le grand-vizir lui-même
n’aurait pas vu le Sultan depuis une huitaine de
jours.
De là viendrait le retard apporté dans le règle-
meut de toutes les questions, notamment de la
question égyptienne.
Berlin, 22 mai, 8 h. 40. — Ne pouvant être
guéri de son enrouement persistant, le prince
impérial a consulté plusieurs sommités médica
les sur l’opportunité d’une opération chirurgi
cale.
Hier, le prince impérial s’est longuement en
tretenu avec M. de Bismarck, qui va se rendre à
Friedrichsruhe dès que son fils le comte Herbert
sera de retour de Londres.
Berlin, 22 mai, 9 heures. —- On mande de
Saint-Pétersbourg à la Gazette nationale que le
général Kaulbars a rendu compte au tzar de son
voyage à Berlin et de son entrevue avec M. de
Bismarck, et qu’après cette audience le tzar a
déclaré qu’il était persuadé que la question bul
gare serait résolue pacifiquement.
Rome, 22 mai, 9 heures. — La nomination du
secrétaire d’Etat ne sera faite par le pape
qu’après la réunion du consistoire. Les plus
grandes chances sont toujours pour Mgr Ram-
polla. On parle aussi de Mgr Palotti, l’ancien se
crétaire des affaires extraordinaires, mais son
état maladif sera peut-être un obstacle.
Rome, 22 mai, 11 heures. — Le négus d’Abys
sinie a nommé Ras-Alula gouverneur des pays
entre Taccaze et la mer Rouge, excepté la pro
vince de Mekallé. Ras-Alula a répondu au blocus
italien en interdisant, sous peine de mort, tout
commerce avec les Italiens. Le négus a envoyé
à Ras-Alula tous ses meilleurs fusils.
Bruxelles, 22 mai, 9 heures. — Une double
élection a eu lieu hier à Audenarde, pour rem
placer, à la Chambre des représentants, M. de
Volder, le ministre de la justice démissionnaire,
et M. de Bleckere, décédé.
Les libéraux n’avaient pas présenté de candi
dats. Sur 1,791 électeurs inscrits, il n’y a eu que
739 votants. MM. Thienpont et Raepsaet ont été
élus par 632 et 606 voix. C’est un mince succès
pour les catholiques de l’extrême droite.
Saint-Pétersbourg, 22 mai, 8 h. 30. — Les ar
restations relatives à l’attentat du 13 mars contre
le Tsar continuent toujours. On vient d’arrêter la
fille de l’ancien directeur du Conservatoire, le
violoncelliste bien connu Davidof. Cette jeune
fille, âgée de seize ans, aurait été la maîtresse
d’un des condamnés à mort.
On mande de Saint-Louis (Sénégal), le 5 mai,
qu’un télégramme du colonel Galliéni, comman
dant du Soudan français, daté de Bafoulabé, 30
avril, annonce que le fils de Mahmadou-Lamine
a été fait prisonnier au moment où il tentait,
avec une bande armée, le passage de Dikokory
pour aller rejoindre son père. Traduit devant
une cour martiale comme instigateur d’un nou
veau mouvement dans les pays Sarakollets, il a
été passé par les armes.
Mahmadou est dans le Niani.
• —— । ======
LETTRE POLITIQUE
Paris, 22 mai.
La Gauche radicale
Le plus ministériel des groupes de la Cham
bre, la gauche radicale, s’est réuni hier au Pa
la créature la plus désirable, la plus ensorce
lante que l’on pût rencontrer sur le pavé de Pa
ris...
Nous trouvons la baronne, le surlendemain
du départ de Lafressange, dans une petite pièce,
moitié salon, moitié boudoir, meublée et tendue
d’étoffes persanes, de poufs, de divans, et de
toute une bibloterie asiatique en rapport avec
les couleurs criardes des tapisseries.
Dans un coin, adossé au mur, un bureau.
Non pas un petit secrétaire, un de ces petits
bahuts du jour, à moulures arrondies, à mar-
quetteries fouillées... Non, mais un meuble de
service à tiroirs profonds, à serrures de sûreté,
un véritable secrétaire d’homme d’affaires.
Il était élégant, sans doute, pour ne point
trop jurer avec le reste de l’ameublement, mais
dès le premier coup d’œil on devinait que ce bu
reau était de grand usage pour la maîtresse du
logis.
La baronne était à demi étendue sur une chaise
longue et dans ses doigts effilés, elle tournait et
retournait le bout éteint d’une cigarette de tabac
turc.
Sur son front de marbre, poli comme un onyx
algérien, une zébrure se montrait, à la fois lé
gère et profonde. Un pli révélant une préoccupa
tion ou un ennui.
Vêtue d’un long peignoir de soie de Brousse
d’un rouge ponceau, les pieds nus dans des ba
bouches brodées de perles, elle plissait à demi
ses grands yeux de velours, semblant regarder
au dedans d’elle-même.
Quelle peine, quel sujet de chagrin pouvait
assaillir cette jeune femme?... Alors qu’elle se
trouvait dans tout l’épanouissement de sa force,
de sa puissance, de sa beauté ?...
D’un geste nerveux elle lança au loin le bout
de sa cigarette, et jetant un regard sur une pe
tite pendule miniature, placée au coin de la che
minée, elle murmura ;
lais-Bourbon. Ce n’était pas pour gémir sur l’ab
sence de ministère ni même sur l’impossibilité
d’en former un à peu près viable.
On avait bien la larme à l’œil et la voix plain
tive, mais on avait surtout les dents longues.
Eh ! quoi, la crise durait depuis trois jours, et
le président de la République n’avait pas en
core distribué au groupe sa part de porte
feuilles !
Son président, M. Jullien, avait vainement at
tendu un émissaire de l’Elysée !
Le vénérable mais sourd Madier de Montjau
avait tendu l’oreille afin de répondre au premier
appel et n’avait rien entendu !
C’était intolérable, et la gauche radicale n’a pu
contenir ppis longtemps l’expression de sa dou
loureuse surprise.
Un ordre du jour bien senti a protesté contre
le dédain qu’on affectait d’avoir pour elle et dé
cidé qu’elle réagirait pour s’imposer.
Il nous semble, dit le Journal des Débats, que
la gauche radicale se montre bien susceptible et
bien exigeante. M. le président de la République
a déjà pris les conseils de plusieurs radicaux de
gouvernement. Il a causé avecM.Brisson, il s’est
inspiré de la sagesse de M. Floquet. On ne peut
raisonnablement lui demander d’entendre en
core un discours de M. Madier de Montjau ou
une de ces déclarations solennelles que'M. Ju
lien rédige avec tant de soin et lit avec tant d’art.
En temps de crise ministérielle, les instants d’un
chef d’Etat sont précieux. Il ne peut se permet
tre les distractions purement littéraires et intel
lectuelles.
La gauche radicale ne saurait manquer de re
connaître la justesse de ces réflexions et, après
avoir taxé son dévouement au prix fort de qua
tre portefeuilles, elle finira par le céder pour un
simple bureau de tabac.
. .i - === 11 ,
Le son des cloches
Quand on prête l’oreille au son des cloches
(politiques), on entend de drôles de choses.
On entend, par exemple, ceci :
M. Grévy a été très affecté du résultat des dé
marches de M. de Freycinet, presque irrité
même.
Le président de la République ne devait voir
personne dans la soirée : il paraît cependant
qu’il a reçu successivement les visites de MM.
Jules Ferry, Raynal et Devès.
M. Grévy aurait même demandé, assure-t-on
au dernier moment, à M. Raynal, de se charger
d’organiser le ministère. Mais M. Raynal aurait
refusé.
D’autre part, M. Devès aurait été pressenti par
le président de la République, qui lui aurait con
seillé d’accepter la mission de former le nouveau
cabinet.
Il est néanmoins probable que M. Grévy verra
aujourd’hui M. Floquet.
Le président de la Chambre engagera de nou
veau M. Grévy à s’adresser à M. Rouvier qui,
parlementairement, est l’auteur responsable de
la crise.
Autre son :
La crise sera donc longue vraisemblablement,
et l’on ne peut prévoir comment elle se termi
nera. Dans plusieurs groupes, on est très monté
contre M. Grévy, contre lequel on formule de
véritables imprécations.
D’abord, on assure, et ce renseignement est
confirmé de divers côtés, qu’il est l’auteur de la
crise. Il y a poussé de toute son influence pour
éliminer le général Boulanger qui l’offusque.
Encore maintenant le président de la Républi
que oppose un refus formel au maintien au pou
voir du ministre de la guerre. Il en fait une
question personnelle et une question gouverne
mentale.
Et le général Boulanger, qui est une cloche
aussi, quel son rend-il ? Il ne bouge pas,
— Quatre heures!... est-ce que cet affreux Pig-
man aurait l’intention de me faire poser ; par
exemple!... Depuis quelque temps ce type inté
ressant prend des allures qui ne me conviennent
guère ; s’il continue, nous serons dans la néces
sité de lui donner une leçon.
Le coup d’un timbre se fit entendre.
Le concierge annonçait un visiteur.
— Ce retard-m’étonnait, continua à mi-voix
la baronne, en ponctuant ses paroles d’un sou
rire méprisant. Du moment qu’il s’agit de tou
cher de l’argent, j’étais fort surprise que ce
drôle fût en retard.
Au même instant un coup discret fut frappé à
la porte du salon.
A la réponse du mot : « Entrez » prononcé par
Mme de Yunka, la tête ébouriffée d’une
femme de chambre parisienne se montra aus
sitôt.
— Mme la baronne veut-elle recevoir M. Frantz
Pigman ?...
— Faites entrer.
Tout Paris connaît celui que l’on appelle l’af
freux Pigman.
Il est journaliste, homme d’affaires, attaché
d’ambassade, quoi encore?...
Avant tout et par dessus tout, il est espion al
lemand, et les rubans les plus irisés ont récom
pensé les nombreux et loyaux services qu’il a
rendus à sa patrie avant, pendant et après la
guerre.
Chez lui, le mouchardisme est un besoin inné.
Il espionne avec amour, il dénonce avec ivresse.
Il a un pied à Berlin et l’autre rue de Jérusa
lem. Et on lit ses bons instincts, à première vue,
sur son visage ignoble, une face blafarde, ornée
de moustaches d’un blond pisseux.
Joueur, jouisseur, bassement vicieux, le drôle
a d’énormes besoins d’argent... aussi est-il tou
jours en quémande, toujours à l’affût d’une au-
mais il a de gros bourdons qui travailllent pour
lui, V Evénement entre autres :
« On assure que M. le général Boulanger n’a
pas reçu moins de quatre mille adresses, expri
mant le désir qu’il ne quitte pas le ministère de
la guerre.
» Une dépêche nous annonce que le Conseil
municipal de Lyon s’est réuni hier en assemblée
extraordinaire et a voté une adresse au prési
dent de la République, lui demandant également
le maintien au ministère de la guerre du général
Boulanger.
» Les Conseils municipaux de Rennes et de
Montpellier se sont livrés à des manifestations
semblables. »
De son côté, la cloche de la Gazette de
France sonne les funérailles civiles et mili
taires du général :
La Lanterne, Y Intransigeant, la France viennent
à la rescousse. L’affaire est bien conduite. Mais
M. Grévy en a vu d’autres. Il a fait toucher terre
à M. Gambetta ; il renversera bien aussi M. Bou
langer, du moins il le croit et certainement il y
travaille. Il n’aime pas les popularités trop
grandes.
Nous allons donc voir, pour un prix raison
nable, qui, du vieil avocat retors et du bouil
lant général, l’emportera. La question est posée
entre la toge et l’épée. M. Grévy dit : Cedant
arma togæ. A cette vieille cloche d’autres plus
jeunes répondent : La parole est au canon.
Que va-t-il arriver ? L.
- -- -==-==-======== I I I ===----========= -
Informations
(Service de nuit)
Paris, 22 mai.
On lit dans le Temps :
« Plusieurs journaux donnent de prétendus
comptes-rendus de la conversation que M. Bou
vier a eue avec M. Clémenceau. L’un d’eux va
même jusqu’à prêter à M. Clémenceau des pro
pos irrespectueux à l’égard du président de la
République. Nous sommes autorisés à déclarer
que ces comptes-rendus sont absolument dénués
de fondement. »
D’après le même journal, le président de la
République a demandé à M. Rouvier de conti
nuer les démarches qu’il avait commencées en
vue de rechercher les éléments d’une combi
naison ministérielle, mais cette fois sans limiter
les choix à la commission du budget.
M. Rouvier, déférant au désir de M. Grevy, a
continué ses démarches ce matin. Il s’est d’a
bord rendu chez M. de Freycinet, avec lequel il
a assez longuement conféré. De là, l’honorable
président de la commission du budget s’est rendu
chez M. Jullien, président delà gauche radicale,
avec léquel il s’est entretenu de la situation par
lementaire. ,
M. Rouvier doit continuer ses démarches cette
après-midi.
Nous lisons, d’autre part, dans Paris :
« Dans la matinée d’aujourd’hui, M. Rouvier
a présenté un certain nombre de personnages
politiques, mais le caractère particulier de ses
démarches, c’est que M. Rouvier ne les accom
plit pas absolument comme chef du futur cabi
net. La présidence du conseil reste. en quelque
sorte, réservée pour être décidée au dernier
moment. • . ,
Nous n’avons nas la prétention d indiquer des
aujourd’hui une liste, mais nos renseignements
particuliers nous permettent de donner quel
ques noms de personnages politiques auxquels,
par suite même des démarches d’aujourd’hui,
pourraient être attribués des portefeuilles dans
le prochain conseil :
MM. Rouvier, aux finances. — Flourens, aux
affaires étrangères. — Fallières, à l’intérieur. —
Spuller, aux affaires étrangères. — Rivière, a
l’agriculture. — Yves Guyot, au commerce. —
aine, d’une trouvaille, d’une capture, comme
un boa qui rampe à jeun.
C’est cet « indicateur », ce terme est consacré,
qui venait d’entrer dans le petit salon de la ba
ronne de Yunka.
Il était mis avec une élégance fausse, la bou
tonnière ornée d’une rosette aux sept couleurs
du spectre, et il saluait avec abandon, la main
tendue, en intime.
Mme de Yunka semblait ne point voir cette
main engageante qui, après deux secondes d’hé
sitation, dut retomber inerte.
Mais Pigman Franz ignorait la susceptibilité.
On lui donnait la main, c’était bien ; on la lui
refusait c’était bien encore.
Et à la courbe de ses épaules arrondies, callées,
rentrées dans un cou un peu court, on devinait
la fermeté d’un homme bien décidé à tout sup
porter, même un solide coup de pied adminis
tré... quelque part. . .
Tout autre aurait été décontenance par la froi
deur de l’accueil. Lui, pas. .
Il souriait, enchanté des autres et de lui-meme
et il crut devoir hasarder un compliment.
— Toujours jeune ! Baronne! Toujours belle!...
Toujours!... . .
Toujours tout cela, répliqua-t-elle avec un
adorable sourire qui découvrait des dents blan
ches, compactes, toutes prêtes à mordre, tou
jours jeune et belle, oui, mon cher Pigman, mais
je vous demande un peu en quoi cela peut vous
intéresser ?...
Cette fois il se rebiffa, le coup de boutoir était
trop rude.
— Vous n’êtes pas bien disposée, baronne, un
peu de migraine, sans doute, ou les nerfs... en
quoi ai-je pu vous déplaire?...
(La suite au prochain numéro).
UNION BOURGUIGNONNE
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RÉDACTEUR EN CHEP
LANGERON
Ies manuscrits non insérés ne sont pas rendus.
La Montagne en travail
Vendredi soir, d’après la République fran
çaise, M. de Freycinet devait, on le sait, se
rendre à l’Elysée pour faire connaître sa réso
lution définitive au président de la Républi
que. Il y est arrivé vers cinq heures.
II a exposé à M. Grévy qu’il se trouvait dans
l’obligation de décliner la mission de former le
nouveau cabinet, et il a donné pour motif de
son refus l’attitude de M. Clémenceau, avec
lequel il a eu un entretien jeudi, dans la soirée.
Le leader de l’extrême gauche lui a déclaré que
l’expérience des cabinets de concentration répu
blicaine n’a que trop duré. Un ministère exclu
sivement d’Union des gauches ou tout entier d’ex
trême gauche lui semble seul possible. Il a
ajouté qu’il était résolu à faire une opposition
de principe à toute combinaison qui ne réuni-
rait pas ce caractère de netteté, et
d’homo-
généité.
En conséquence, M. Clémenceau a mis de
telles conditions à son concours que si elles
eussent été acceptées, il eût été impossible au
nouveau cabinet de recevoir l’adhésion des
fractions modérées du parti républicain.
A la suite du refus de M. de Freycinet, M. le
président de la République a eu un entretien
avec M. Jules Ferry, qui est revenu à l’Elysée, à
neuf heures du soir, avec M. Raynal.
M. Grévy s’est longuement entretenu de la
situation avec M. Ferry et M. Raynal.
Il ne prendra une décision nouvelle que dans
la journée,
ajoute la République française.
Le Petit Journal. — Une réunion officieuse de
membres de l’extrême gauche a eu lieu hier
soir (vendredi).
Les déclarations de M. Clémenceau à M. de
Freycinet y ont été unanimement approuvées.
L’Intransigeant. — La résolution de M. de
Freycinet a vivement affecté M. Grévy.
Le président de la République se demande
maintenant à quel personnage il pourrait bien
confier la mission de former un cabinet.
Il est certain que MM. Le Royer, Floquet et
Devès seront appelés ce matin à l’Elysée. Que
conseilleront-ils ?
Le Radical. — On raconte que la cause princi-
ple du refus de M. de Freycinet ne tient qu’à
des questions personnelles. Chaque groupe avait
un candidat à proposer et un candidat à ex-
dure.
Il était impossible, dans ces conditions, de con
tenter tout le monde, et M. de Freycinet n’a pas
voulu tenter une expérience pareille.
On ne peut que plaindre M. Grévy dont la
position entre trente-six selles n’est réellement
pas enviable. Ces députés lui mènent la vie
dure ; ils empoisonnent sa vieillesse avec leurs
discussions plus canailles les unes que les au
tres.
Que M. Grévy doit regretter le temps où,
simple avocat, il se bornait à défendre la
veuve et l’orphelin, n’ayant d’autre ambition
lue de jouir, au déclin de sa carrière, de
cette aurea mediocritas tant vantée par Ho
race.
Ce n’est pas Horace qui se serait embarqué
dans la présidence de la République. Il aimait
trop son Tibur (son Mont-sous-Vaudrey),
pour en échanger les fleurs contre les épines
de l'Elysée.
Pauvre M. Grévy, comment sortira-t-il du
“ECILLETON
— 12 —
Le Secret du Squelette
PAR GEORGES PRADEL
PREMIÈRE PARTIE
LA FEUILLE D’OR
ne chose le frappait depuis quelques instants,
“ait la fraîcheur du souterrain.
air salin lui arrivait par bouffées...
^'heureusement l’obscurité était complète...
- éanmoins, il se mit en devoir d’avancer dans
e couloir.
saslui-ci descendant en pente douce, s’élargis-
a de plus en plus... si bien qu’au bout de
bosues minutes, Lafressange put se tenir de-
. marchait maintenant sur un sable fin par-
e de petits cailloux.
[en mieux l’obscurité diminuait.
avait ‘our, qui se lève 116 si bonne heure en été,
vaitParu depuis longtemps déjà, il en aperce-
sus de C arté par des fissures de roches, au-des-
1“ sa tête.
snpitennnait depuis longtemps lorsqu’il s’arrêta
ses yeux, un objet d’horreur!...
et sersueette était étendu lui barrant la route,
Dacer dp " eregarder de ses yeux caves, le me-
sa bouche grimaçante.
D "A CHARMEUSE
pres"S." ncoin nouveau du Paris-Neuf, tout au-
de avenue de Villiers, quartier des villas
pétrin où l’a mis le]Boulanger en question?
Car c’est le général Boulanger qui tient tout
en l’air, tout en suspens ; il est le suspensoir
de la solution,
Enfin, ce soir ou demain, nous l’aurons
peut-être, cette solution.
On rirait bien si la montagne en travail
allait, après avoir jeté les hauts cris, accou
cher... d’une souris blanche. L.
- - -% -
NOUVELLES
Paris, 22 mai.
M. le président de la République a conféré
samedi avec plusieurs hommes politiques, entre
autres, M. Fallières et M. Jullien, président de la
gauche radicale.
On a dit qu’une pétition, revêtue d’un grand
nombre de signatures et exprimant des vœux
pour le maintien aux affaires du général Bou
langer, avait été remise au ministre de la
guerre par le personnel civil de l’administration
centrale.
Le ministre ignore si cette pétition existe ou
non ; il ne l’a pas reçue, et, le cas échéant, il ne
pourrait l’accueillir.
L’Agence Havas adresse aux journaux la com
munication semi-officielle suivante :
« Le général Le Flô, ancien ambassadeur à
Pétersbourg, a publié, dans un journal du ma
tin, une correspondance officielle se rattachant
aux événements de 1875.
En agissant ainsi, le général Le Flô a disposé
de pièces et de documents qui ne lui apparte
naient pas. Il n’avait demandé au ministère des
affaires étrangères aucune autorisation de les
publier, et s’il l’avait demandée, il ne l’aurait
pas reçue.
Nous n’avons pas besoin d’insister sur les in
convénients que produiraient des publications
de ce genre, si un agent en retraite se croyait,
sous prétexte d’une opportunité dont il n’est pas
juge, le droit d’user ou d’abuser de documents
qu’il ne possède que par la confiance du gou
vernement de la République, ou des gouverne
ments étrangers. Il suffira de signaler à la ré
probation de tous les hommes éclairés le
grave manquement aux devoirs professionnels
dont l’auteur de ces indiscrétions s’est rendu
coupable. »
La Ligue internationale de la paix et de la li
berté vient de décider qu’elle tiendrait une
assemblée générale annuelle à Genève, le di
manche 4 septembre prochain, et que provisoi
rement deux questions seulement seraient ins
crites au programme de cette assemblée : F De
l’établissement d’un tribunal international; 2’
Question de l’Alsace-Lorraine.
On mande de Berlin, 21 mai :
La nouvelle, donnée par un journal de Paris,
que le prince impérial aurait subi l’opération de
la trachéotomie, est dénuée de fondement. Le
prince va très bien. Il a reçu hier soir le chan
celier de l’Empire, qui est resté longtemps avec
lui.
Le projet de loi concernant la nomination et
le traitement des maires et des adjoints en Al
sace-Lorraine, abroge la disposition aux termes
de laquelle le maire et les adjoints devaient être
pris dans le conseil municipal, ainsi que la dis
position suivant laquelle ces fonctionnaires de
vaient, avant leur nomination, figurer sur la
liste des électeurs ou sur le rôle des quatre con
tributions directes.
Le ministère est autorisé à décider qu’il soit
attaché aux fonctions de maire et d’adjoint un
traitement et des frais de représentation, dont
le montant sera fixé par le président du dépar
tement.
Les fonctionnaires du pays, qui se sont décla
rés prêts à accepter le poste de maire ou d’ad
joint, peuvent en attendant être mis en disponi
bilité avec solde provisoire. Les émoluments des
maires et des adjoints sont des dépenses obliga
toires pour les communes et ne doivent pas être
déduits des subventions pour les écoles qui sont
à la charge des communes.
Suivant des avis de Constantinople, quelques
et des palais, se voit un petit hôtel élégant entre
tous, qui réjouit l’œil du promeneur, avec sa fa
çade rouge et blanche, son toit à clochetons et
en saillie, recouvert d’ardoises imbriquées et de
lames de plomb arrondies.
C’est à l’entrée de la rue de Prosny qu’il est
situé, ses servitudes donnent sur la rue Jouffroy,
aux maisons desquelles il tient par un mur de
refend.
Cet hôtel appartenait depuis plusieurs années
à la baronne de Yunka.
L’âge de la baronne?... Celui des femmes de
Balzac. On aurait pu lui donner bien moins en
core, car avant tout autre signe caractéristique
elle avait l’air excessivement jeune.
Une charmeuse!... une sirène!... des yeux
noirs, grands, énormes ! ombragés d’une frange
de velours, un teint bien mal, qui défiait le so
leil, le froid et la ride.
Une adorable bouche d’un rouge de sang, avec
une lèvre inférieure petite, charnue, divinement
ourlée et laissant voir par instants des perles
d’un orient incomparable.
A la commissure des lèvres, un imperceptible
duvet, un coup d’estompe d’une légèreté infinie,
révélaient à un œil scrutateur,les instincts d’une
volonté inébranlable, et d’une persévérante
combativité.
D’une taille un peu au-dessus de la moyenne,
elle surprenait, dès le premier abord, par l’al
lure féline de ses mouvements. Elle avait des
ondulations de couleuvre, des chatteries de
fauve...
Joignez à cette miniature, un goût inné, cer
tain, pour toutes les ordonnances de toilette ;
une sûreté de main infaillible pour la mise au
point des agencements convenant à son genre
de beauté toute gitanesque, ainsi que disait
d’elle, dans un portrait à la plume, M., l’un des
maîtres du naturalisme, et vous conviendrez
que la baronne Henriette de Yunka était bien
cheiks arabes, familiers du Palais, ayant critiqué
la condescendance du Sultan envers l’Angle
terre, ont été exilés. Le Sultan aurait vu là le
germe d’un complot. Son esprit ne cesse pas
u’être hanté par l’idée de conspiration, et cette
disposition morbide aurait encore été aggravée
par un incident de harem qui l’aurait vivement
affecté. Abdul-Hamid, paraît-il, avait jeté ses re
gards sur une jeune Circassienne ; or, le prince
Selim, le fils aîné du Sultan, qui a ses entrées au
harem, aurait abusé de cette jeune fille et violé
ainsi le caractère sacré du harem.
Depuis lors le prince Selim est aux arrêts,
tout son personnel de précepteurs et de do
mestiques a été changé, et une surveillance
étroite est exercée sur toutes les personnes en
trant au Palais.
L’incident des cheiks et celui du prince Selim
auraient affecté l’esprit du Sultan et causé au
Palais un trouble tel que le grand-vizir lui-même
n’aurait pas vu le Sultan depuis une huitaine de
jours.
De là viendrait le retard apporté dans le règle-
meut de toutes les questions, notamment de la
question égyptienne.
Berlin, 22 mai, 8 h. 40. — Ne pouvant être
guéri de son enrouement persistant, le prince
impérial a consulté plusieurs sommités médica
les sur l’opportunité d’une opération chirurgi
cale.
Hier, le prince impérial s’est longuement en
tretenu avec M. de Bismarck, qui va se rendre à
Friedrichsruhe dès que son fils le comte Herbert
sera de retour de Londres.
Berlin, 22 mai, 9 heures. —- On mande de
Saint-Pétersbourg à la Gazette nationale que le
général Kaulbars a rendu compte au tzar de son
voyage à Berlin et de son entrevue avec M. de
Bismarck, et qu’après cette audience le tzar a
déclaré qu’il était persuadé que la question bul
gare serait résolue pacifiquement.
Rome, 22 mai, 9 heures. — La nomination du
secrétaire d’Etat ne sera faite par le pape
qu’après la réunion du consistoire. Les plus
grandes chances sont toujours pour Mgr Ram-
polla. On parle aussi de Mgr Palotti, l’ancien se
crétaire des affaires extraordinaires, mais son
état maladif sera peut-être un obstacle.
Rome, 22 mai, 11 heures. — Le négus d’Abys
sinie a nommé Ras-Alula gouverneur des pays
entre Taccaze et la mer Rouge, excepté la pro
vince de Mekallé. Ras-Alula a répondu au blocus
italien en interdisant, sous peine de mort, tout
commerce avec les Italiens. Le négus a envoyé
à Ras-Alula tous ses meilleurs fusils.
Bruxelles, 22 mai, 9 heures. — Une double
élection a eu lieu hier à Audenarde, pour rem
placer, à la Chambre des représentants, M. de
Volder, le ministre de la justice démissionnaire,
et M. de Bleckere, décédé.
Les libéraux n’avaient pas présenté de candi
dats. Sur 1,791 électeurs inscrits, il n’y a eu que
739 votants. MM. Thienpont et Raepsaet ont été
élus par 632 et 606 voix. C’est un mince succès
pour les catholiques de l’extrême droite.
Saint-Pétersbourg, 22 mai, 8 h. 30. — Les ar
restations relatives à l’attentat du 13 mars contre
le Tsar continuent toujours. On vient d’arrêter la
fille de l’ancien directeur du Conservatoire, le
violoncelliste bien connu Davidof. Cette jeune
fille, âgée de seize ans, aurait été la maîtresse
d’un des condamnés à mort.
On mande de Saint-Louis (Sénégal), le 5 mai,
qu’un télégramme du colonel Galliéni, comman
dant du Soudan français, daté de Bafoulabé, 30
avril, annonce que le fils de Mahmadou-Lamine
a été fait prisonnier au moment où il tentait,
avec une bande armée, le passage de Dikokory
pour aller rejoindre son père. Traduit devant
une cour martiale comme instigateur d’un nou
veau mouvement dans les pays Sarakollets, il a
été passé par les armes.
Mahmadou est dans le Niani.
• —— । ======
LETTRE POLITIQUE
Paris, 22 mai.
La Gauche radicale
Le plus ministériel des groupes de la Cham
bre, la gauche radicale, s’est réuni hier au Pa
la créature la plus désirable, la plus ensorce
lante que l’on pût rencontrer sur le pavé de Pa
ris...
Nous trouvons la baronne, le surlendemain
du départ de Lafressange, dans une petite pièce,
moitié salon, moitié boudoir, meublée et tendue
d’étoffes persanes, de poufs, de divans, et de
toute une bibloterie asiatique en rapport avec
les couleurs criardes des tapisseries.
Dans un coin, adossé au mur, un bureau.
Non pas un petit secrétaire, un de ces petits
bahuts du jour, à moulures arrondies, à mar-
quetteries fouillées... Non, mais un meuble de
service à tiroirs profonds, à serrures de sûreté,
un véritable secrétaire d’homme d’affaires.
Il était élégant, sans doute, pour ne point
trop jurer avec le reste de l’ameublement, mais
dès le premier coup d’œil on devinait que ce bu
reau était de grand usage pour la maîtresse du
logis.
La baronne était à demi étendue sur une chaise
longue et dans ses doigts effilés, elle tournait et
retournait le bout éteint d’une cigarette de tabac
turc.
Sur son front de marbre, poli comme un onyx
algérien, une zébrure se montrait, à la fois lé
gère et profonde. Un pli révélant une préoccupa
tion ou un ennui.
Vêtue d’un long peignoir de soie de Brousse
d’un rouge ponceau, les pieds nus dans des ba
bouches brodées de perles, elle plissait à demi
ses grands yeux de velours, semblant regarder
au dedans d’elle-même.
Quelle peine, quel sujet de chagrin pouvait
assaillir cette jeune femme?... Alors qu’elle se
trouvait dans tout l’épanouissement de sa force,
de sa puissance, de sa beauté ?...
D’un geste nerveux elle lança au loin le bout
de sa cigarette, et jetant un regard sur une pe
tite pendule miniature, placée au coin de la che
minée, elle murmura ;
lais-Bourbon. Ce n’était pas pour gémir sur l’ab
sence de ministère ni même sur l’impossibilité
d’en former un à peu près viable.
On avait bien la larme à l’œil et la voix plain
tive, mais on avait surtout les dents longues.
Eh ! quoi, la crise durait depuis trois jours, et
le président de la République n’avait pas en
core distribué au groupe sa part de porte
feuilles !
Son président, M. Jullien, avait vainement at
tendu un émissaire de l’Elysée !
Le vénérable mais sourd Madier de Montjau
avait tendu l’oreille afin de répondre au premier
appel et n’avait rien entendu !
C’était intolérable, et la gauche radicale n’a pu
contenir ppis longtemps l’expression de sa dou
loureuse surprise.
Un ordre du jour bien senti a protesté contre
le dédain qu’on affectait d’avoir pour elle et dé
cidé qu’elle réagirait pour s’imposer.
Il nous semble, dit le Journal des Débats, que
la gauche radicale se montre bien susceptible et
bien exigeante. M. le président de la République
a déjà pris les conseils de plusieurs radicaux de
gouvernement. Il a causé avecM.Brisson, il s’est
inspiré de la sagesse de M. Floquet. On ne peut
raisonnablement lui demander d’entendre en
core un discours de M. Madier de Montjau ou
une de ces déclarations solennelles que'M. Ju
lien rédige avec tant de soin et lit avec tant d’art.
En temps de crise ministérielle, les instants d’un
chef d’Etat sont précieux. Il ne peut se permet
tre les distractions purement littéraires et intel
lectuelles.
La gauche radicale ne saurait manquer de re
connaître la justesse de ces réflexions et, après
avoir taxé son dévouement au prix fort de qua
tre portefeuilles, elle finira par le céder pour un
simple bureau de tabac.
. .i - === 11 ,
Le son des cloches
Quand on prête l’oreille au son des cloches
(politiques), on entend de drôles de choses.
On entend, par exemple, ceci :
M. Grévy a été très affecté du résultat des dé
marches de M. de Freycinet, presque irrité
même.
Le président de la République ne devait voir
personne dans la soirée : il paraît cependant
qu’il a reçu successivement les visites de MM.
Jules Ferry, Raynal et Devès.
M. Grévy aurait même demandé, assure-t-on
au dernier moment, à M. Raynal, de se charger
d’organiser le ministère. Mais M. Raynal aurait
refusé.
D’autre part, M. Devès aurait été pressenti par
le président de la République, qui lui aurait con
seillé d’accepter la mission de former le nouveau
cabinet.
Il est néanmoins probable que M. Grévy verra
aujourd’hui M. Floquet.
Le président de la Chambre engagera de nou
veau M. Grévy à s’adresser à M. Rouvier qui,
parlementairement, est l’auteur responsable de
la crise.
Autre son :
La crise sera donc longue vraisemblablement,
et l’on ne peut prévoir comment elle se termi
nera. Dans plusieurs groupes, on est très monté
contre M. Grévy, contre lequel on formule de
véritables imprécations.
D’abord, on assure, et ce renseignement est
confirmé de divers côtés, qu’il est l’auteur de la
crise. Il y a poussé de toute son influence pour
éliminer le général Boulanger qui l’offusque.
Encore maintenant le président de la Républi
que oppose un refus formel au maintien au pou
voir du ministre de la guerre. Il en fait une
question personnelle et une question gouverne
mentale.
Et le général Boulanger, qui est une cloche
aussi, quel son rend-il ? Il ne bouge pas,
— Quatre heures!... est-ce que cet affreux Pig-
man aurait l’intention de me faire poser ; par
exemple!... Depuis quelque temps ce type inté
ressant prend des allures qui ne me conviennent
guère ; s’il continue, nous serons dans la néces
sité de lui donner une leçon.
Le coup d’un timbre se fit entendre.
Le concierge annonçait un visiteur.
— Ce retard-m’étonnait, continua à mi-voix
la baronne, en ponctuant ses paroles d’un sou
rire méprisant. Du moment qu’il s’agit de tou
cher de l’argent, j’étais fort surprise que ce
drôle fût en retard.
Au même instant un coup discret fut frappé à
la porte du salon.
A la réponse du mot : « Entrez » prononcé par
Mme de Yunka, la tête ébouriffée d’une
femme de chambre parisienne se montra aus
sitôt.
— Mme la baronne veut-elle recevoir M. Frantz
Pigman ?...
— Faites entrer.
Tout Paris connaît celui que l’on appelle l’af
freux Pigman.
Il est journaliste, homme d’affaires, attaché
d’ambassade, quoi encore?...
Avant tout et par dessus tout, il est espion al
lemand, et les rubans les plus irisés ont récom
pensé les nombreux et loyaux services qu’il a
rendus à sa patrie avant, pendant et après la
guerre.
Chez lui, le mouchardisme est un besoin inné.
Il espionne avec amour, il dénonce avec ivresse.
Il a un pied à Berlin et l’autre rue de Jérusa
lem. Et on lit ses bons instincts, à première vue,
sur son visage ignoble, une face blafarde, ornée
de moustaches d’un blond pisseux.
Joueur, jouisseur, bassement vicieux, le drôle
a d’énormes besoins d’argent... aussi est-il tou
jours en quémande, toujours à l’affût d’une au-
mais il a de gros bourdons qui travailllent pour
lui, V Evénement entre autres :
« On assure que M. le général Boulanger n’a
pas reçu moins de quatre mille adresses, expri
mant le désir qu’il ne quitte pas le ministère de
la guerre.
» Une dépêche nous annonce que le Conseil
municipal de Lyon s’est réuni hier en assemblée
extraordinaire et a voté une adresse au prési
dent de la République, lui demandant également
le maintien au ministère de la guerre du général
Boulanger.
» Les Conseils municipaux de Rennes et de
Montpellier se sont livrés à des manifestations
semblables. »
De son côté, la cloche de la Gazette de
France sonne les funérailles civiles et mili
taires du général :
La Lanterne, Y Intransigeant, la France viennent
à la rescousse. L’affaire est bien conduite. Mais
M. Grévy en a vu d’autres. Il a fait toucher terre
à M. Gambetta ; il renversera bien aussi M. Bou
langer, du moins il le croit et certainement il y
travaille. Il n’aime pas les popularités trop
grandes.
Nous allons donc voir, pour un prix raison
nable, qui, du vieil avocat retors et du bouil
lant général, l’emportera. La question est posée
entre la toge et l’épée. M. Grévy dit : Cedant
arma togæ. A cette vieille cloche d’autres plus
jeunes répondent : La parole est au canon.
Que va-t-il arriver ? L.
- -- -==-==-======== I I I ===----========= -
Informations
(Service de nuit)
Paris, 22 mai.
On lit dans le Temps :
« Plusieurs journaux donnent de prétendus
comptes-rendus de la conversation que M. Bou
vier a eue avec M. Clémenceau. L’un d’eux va
même jusqu’à prêter à M. Clémenceau des pro
pos irrespectueux à l’égard du président de la
République. Nous sommes autorisés à déclarer
que ces comptes-rendus sont absolument dénués
de fondement. »
D’après le même journal, le président de la
République a demandé à M. Rouvier de conti
nuer les démarches qu’il avait commencées en
vue de rechercher les éléments d’une combi
naison ministérielle, mais cette fois sans limiter
les choix à la commission du budget.
M. Rouvier, déférant au désir de M. Grevy, a
continué ses démarches ce matin. Il s’est d’a
bord rendu chez M. de Freycinet, avec lequel il
a assez longuement conféré. De là, l’honorable
président de la commission du budget s’est rendu
chez M. Jullien, président delà gauche radicale,
avec léquel il s’est entretenu de la situation par
lementaire. ,
M. Rouvier doit continuer ses démarches cette
après-midi.
Nous lisons, d’autre part, dans Paris :
« Dans la matinée d’aujourd’hui, M. Rouvier
a présenté un certain nombre de personnages
politiques, mais le caractère particulier de ses
démarches, c’est que M. Rouvier ne les accom
plit pas absolument comme chef du futur cabi
net. La présidence du conseil reste. en quelque
sorte, réservée pour être décidée au dernier
moment. • . ,
Nous n’avons nas la prétention d indiquer des
aujourd’hui une liste, mais nos renseignements
particuliers nous permettent de donner quel
ques noms de personnages politiques auxquels,
par suite même des démarches d’aujourd’hui,
pourraient être attribués des portefeuilles dans
le prochain conseil :
MM. Rouvier, aux finances. — Flourens, aux
affaires étrangères. — Fallières, à l’intérieur. —
Spuller, aux affaires étrangères. — Rivière, a
l’agriculture. — Yves Guyot, au commerce. —
aine, d’une trouvaille, d’une capture, comme
un boa qui rampe à jeun.
C’est cet « indicateur », ce terme est consacré,
qui venait d’entrer dans le petit salon de la ba
ronne de Yunka.
Il était mis avec une élégance fausse, la bou
tonnière ornée d’une rosette aux sept couleurs
du spectre, et il saluait avec abandon, la main
tendue, en intime.
Mme de Yunka semblait ne point voir cette
main engageante qui, après deux secondes d’hé
sitation, dut retomber inerte.
Mais Pigman Franz ignorait la susceptibilité.
On lui donnait la main, c’était bien ; on la lui
refusait c’était bien encore.
Et à la courbe de ses épaules arrondies, callées,
rentrées dans un cou un peu court, on devinait
la fermeté d’un homme bien décidé à tout sup
porter, même un solide coup de pied adminis
tré... quelque part. . .
Tout autre aurait été décontenance par la froi
deur de l’accueil. Lui, pas. .
Il souriait, enchanté des autres et de lui-meme
et il crut devoir hasarder un compliment.
— Toujours jeune ! Baronne! Toujours belle!...
Toujours!... . .
Toujours tout cela, répliqua-t-elle avec un
adorable sourire qui découvrait des dents blan
ches, compactes, toutes prêtes à mordre, tou
jours jeune et belle, oui, mon cher Pigman, mais
je vous demande un peu en quoi cela peut vous
intéresser ?...
Cette fois il se rebiffa, le coup de boutoir était
trop rude.
— Vous n’êtes pas bien disposée, baronne, un
peu de migraine, sans doute, ou les nerfs... en
quoi ai-je pu vous déplaire?...
(La suite au prochain numéro).
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