Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-09-06
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 06 septembre 1885 06 septembre 1885
Description : 1885/09/06 (A1,N52). 1885/09/06 (A1,N52).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t5448348
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
HiEFEUTtim:
Ln
DEFOI LEGAL
Première année. — N # 52.
Le numéro 5 centimes.
Dimanche, 6 septembre 1885.
Algérienne
JOURNAL POLITIQUE QUQTSD5E
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois Un an
Algérie 4.50 9 18
France 6 12 24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les communications relatives anx annnonees et réclames doivent, «g
Algérie, être adressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la République, AI**s.
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chei M . Gustave ALLARD, rue da Bansset, 4 ;
A Paris, chei MM. AUDBOURG et O, place de la Bourse, iO,
Et par leurs correspondants.
La DEPECHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonces légales, judiciaires et autres exigées pour la "validité des procédures et contrats
Alger, le 5 Septembre 1885.
LES HOOESDD JOUR
XXX II
M. VILLENEUVE
DÉPUTÉ DE LA SEINE
M. Villeneuve, député de la Seine, est âgé
de 46 ans.
Né à Pau, il vint de bonne heure à Paris
pour y terminer ses études, et fut de ces
jeunes gens qui entamèrent contre l’Empire
une lutte sans merci qui devait se terminer
par ia chute de celui-ci.
Aussi Villeneuve figurait-il à vingt et un
ans sur les listes de proscription qui furent
dressées en 1860, et était-il impliqué plus
tard dans le fameux procès de Blois.
Malgré toute leur bonne volonté, les juges
de la haute cour ne purent trouver aucune
preuve des inculpations dirigées contre lui,
et durent l’acquitter.
Il était adjoint au maire du XVII* arron
dissement quand Paris fut bloqué. Il s’ac
quitta de sa tâche avec un zèle qui ne se
démentit jamais et que n’ont pas oublié ses
anciens administrés.
Il en fui de même pendant la Commune,
et le vice-président'de ia Ligue des Droits
de Paris rendit à ses concitoyens des servi
ces inappréciables.
Bientôt il était envoyé au Conseil général
de la Seine par le canton de Meuilly et
nommé maire de Clichy
Les habitants de cette petite cité lui sont
redevables de la prospérité inespérée, acqui-
segrâceàson administration intelligente,
dans l’espace de quelques années.
Aux élections c!e 1881, il se présenta con
tre Bamberger, député sortant de la circons
cription de Neuilly, et fut élu comme répu
blicain radical contre son concurrent.
C’est un homme d’une sérieuse valeur, et
qui s’est occupé avec une réelle compétence
de questions de nature très différente. Aussi
est-il apprécié â la Chambre comme il mé
rite de l’être êt sa réélection trouvera-t-elle
une adhésion presque unanime chez les ré
publicains de la Seine.
EfiTEITE CORDIALE
entre Intransigeants
Le Radical Algérien devient mélancoli
que, Il n’a plus cette confiance en lui-même
d’autrefois. On voit que son Pontife, l’ex
grand électeur, sort de maladie. Quels
seront ses candidats ? II l’ignore encore.
Fera-t-il ce triste honneur à l’ancien séna
teur et à l’ancien conseiller de préfecture
Hérail? Il doit bien cela à ces deux nobles
débris ! Mais le premier est bien vieux, et il
sera bien difficile de faire accroire aux
électeurs radicaux si bénévoles qu’ils soient,
que M. Hérail est un admirateur fanatique
de Rochefort décidé comme ce dernier et
aussi comme le Radical Algérien, à venger
la mort d’Olivier Pain sur la vieille peàu de
lord Lyoqs, ambassadeur d’Angleterre.
D’ailleurs, ne faut-il pas compter avec
M. Victor Bouttemaille? Est-il possible de
ne pas proposer un candidat pareil au choix
des électeurs? Et, en effet, M. Bouttemaille
— pardon, le citoyen Bouttemaille — réunit
toutes les conditions pour faire un radical
de l’école grotesque de l’agent d’affaires
Basset.
h y a aussi M. Jean-Bernard Passerieu,
un anti sémite, qui a découvert pendant les
quefques jours passés à Alger, le dernier
des Abencérages et les tripotages financiers
d’un conseiller général du département du
Lot, dont on n’a jamais su le nom.
Il y en a d’autres aussi, parmi les anciens
bonapariistes, qui ne demanderaient pas
mieux que de se présenter, comme cela est
arrivé d’autres fois, avec l’appui de M.
Basset. Exemple : MM.Viüeoave, à Orléans-
ville ; Fallet, à Médôa ; sans compter le
directeur politique du Radical algérien lui-
même, qui voudrait bien, mais qui ne peut
pas, ou n’ose pas.
Si encore il n’avait que l’embarras du
choix, s’il était seul comme jadis à dési-'
gner les candidats !
Mais point. Il n’est plus le chef, et quoi
que son fidèle d’Armès — un gentilhomme
— l’ait qualifié de lèle du parti radical —
d’autres disent qu’il n’en est plus que la
queue, et une queue qu’il faut couper.
Depuis quelque temps, il s’est introduit
plusieurs faux nez dans le parti intransi
geant, et M. Basset ne peut pas compter
sur ces faux nez, des opportunistes qui se
disent radicaux, mais qui n’en poussent pas
moins le radicalisme à ses dernières limi
tes, si bien que le pauvre citoyen Basset ne
sait plus que faire pour les dépasser.
Or, les radicaux à tous crins, au premier
rang desquels figurent les Marchai, les de
Gineste, les Guillemia et autres ne veulent
plus obéir au citoyen Basset, ce pauvre
vieu*,pour lequel je suis plein de tendresse,
parce qu’après m’avoir appelé vieux navet
usé, s il se borne aujourd’hui à m’appeler
Béquillard.
Il est vrai que les nouveaux venus sont
tout stussi embarrassés que les anciens et, à
vrai dire, si j’avais à me prononcer entre
M. Ciarles Marchai qui ne se porte pas,
mais qui se laissera porter, et l'ex-sénateur,
je n’hésiterais pas à voter pour le vétéran
de lai démocratie.
Mais combien donc y a-t-il de candidats
intransigeants dans notre département?
Le nombre en est grand, parai Ml, si
grand, qu’on serait tenté de croire que chez
les intransigeants, tous les électeurs sont
candidats.
C’est pourquoi, sans doute, le comité
électoral présidé par M. Guillemin et dirigé
par le radical M. de Gineste, tarde tant à
nous faire connaître ses choix.
Patience ! Le hasard est si grand que,
peut-être, on parviendra à s’entendre dans
le petit eJan intransigeant.
Informations algériennes
Nous apprenons que M." Martin, capitaine
au 4 e tirailleurs en garnison à Souse (Tuni
sie), vient d’être décoré de l’ordre du Ni
cha m .
La réunion des viticulteurs qui s’est te
nue à ia mairie d’Oran, en vue de former
un syndicat, n’a pas abouti.
X
Dans l’après-midi du l tr septembre, un
incendie a détruit environ 1,300 hectares
dans les forêts d’Assi-Daho, de Tônirah et
dans le communal de Boukanéfis. Le feu
n’a pu être éteint que le matin, à 4
heures 1/2.
Cet incendie serait dû à l’imprudence d’un
chasseur qui se serait endormi et aurait
laissé tomber dans les chaumes sa pipe allu
mée : des chaumes, le feu aurait gagné la
forêt.
X
On nous écrit de Tébessa qu’une rencon
tre à l’épée a eu lieu le 24, dans cette ville,
nous ne savons pour quel motif, entre
MM. Couverchel et de Sainte-Croix, tous
deux sous-lieutenants au 3 a régiment de
chasseurs d’Afrique.
M. Couverchel a été très grièvement
blessé.
X
Une lettre de Guettar-el-Aïech annonce
que la préfecture de Constantine vient enfin
de donner satisfaction aux justes réclama
tions des colons, en suspendant de ses fonc
tions le maire de cette localité, M. Tour
nier.
X
On écrit d’Akbou que la vendange a com
mencé un peu partout. La récolte est bonne.-
et le via promet devoir être de qualité supé
rieure.
X
Par arrêté du Gouverneur général, en
date du 4 septembre courant, les navires
provenant des ports de l’Italie continentale
sont soumis à une quarantainede deux jours
pleins, à partir de l’inscription médicale qui
suivra l’arrivée des navires dans les ports
algériens.
X
La nouvelle commune de plein exercice
de Morris-Zèrizer a élu dimanche dernier
ses conseillers municipaux :
MM. Barbe, fils, Richaud, Carréga, Ar
naud, fils, Douté et Gallaud pour Morris, et
MM. Briet, Roché, Boissonnet, Boniltane,
Canac et Lautheaume (Pierre), pour Zèrizer’
ont été élus à une grande majorité.
CorrespoadaBce oraBaise
Oran, le 3 septembre 1885.
Je sors d’une bien charmante réunion.
Les habitants d’Eckmuhl ont offert un punch
à notre sympathique député et votre corres
pondant a eu l’honneur et le plaisir de re
cevoir une invitation à cette petite fête de
famille.
Eckmuhl est un faubourg d’Oran dont les
sites sont le rendez-vous de tous ceux qui
aiment le bon air et la campagne. On y
court quand oa veut passer un excellent
moment de distraction ; on s’y réfugie lors
qu’on veut oublier les soucis et les luttes de
la vie.
C’est une succession de jardins et de châ-
lets, des remparts jusqu’aux sources voisi
nes.
Les habitants, de bons répubiicains, n’ont
pas voulu laisser passer M. Etienne sans lut
dire combien ils appréciaient son attitude à
la Chambre où son activité et son dévoue
ment lui ont acquis l’e dune de ses collègues
dont il s’est servi pour faire aimer et servir
notre chère colonie.
C’est M. Lan ire, un des organisateurs de
cette manifestation républicaine, qui a été
l’interprète de ces sentiments de tout Eck-
muhi, et il la fait en termes exquis pleins
de chaleur et de patriotisme.
M. Etienne a répondu par une excellente
allocution.
Feuilleton de LA DÊPÊCI1E ALGÉRIENNE
N° 52.
LA
PAR
Georges OHNET
Plus isolée et plus triste au milieu de ce
'bruit que si elle eût été dans le parc désert,
elle se leva lentement et sortit. Elle alla
sans but déterminé, dans les vastes corri
dors, descendit un escalier, et, avec un
tressaillement, se trouva devant la porte de
l’appartement de son frère. Elle entra. Les
Persiennes fermées faisaient la chambre
obscure. Tout était en place et bien rangé.
Les fusils s’étageaient au râtelier, les fouets
et les cravaches pendaieut, un rayon, fil
trant par un trou du volet, tirait uue étin
celle d’or du pavillon d’une trompe de
chasse.
Un bouquet, apporté la veille par Antoi
nette, se fanait dans un vase, répandant un
parfum affaibli et mélancolique. La tris
tesse des choses abandonnées se dégageait
si pénétrante de ce lieu solitaire que la
jeune fille se sentit près de défaillir II lui
sembla qu’elle était dans la chambre d’uu
mort. Et, le cœur aux lèvres, oppressée,
palpitante, elle demeura dans l’ombre silen
cieuse, longtemps en proie à un découra
gement amer.
Elle se figurait Robert dévoré par l’in
quiétude et l’impatience, se débattant au
travers des embûches préparées par les ca
lomniateurs, cédant peut-être à la colère
qui lui montait si promptement au cerveau,
et, qui sait ? aggravant sa situation par des
violences sur lesquelles, sans doute, on
comptait. Et nul ne pouvait pénétrer jus
qu’à lui. Ce garçon vigoureux, habitué anx
fortes senteurs des bois et des plaines, aux
durs exercices de la vie agreste, cloîtré en
tre quatre murailles, gardé à vue et torturé
par des interrogatoires auxquels il ne pou
vait assurément rien répondre. Quel sup
plice de tous les instants, quelle épreuve
mortelle! Quand le reverrait-on ? Revien
drait-il seulement jamais ? Que ne devait-
on pas redouter d'ennemis qui avaient pu
égarer la justice à ce point qu'un innocent,
pour les besoins d’une cause infâme, fût
chargé du crime d un autre ?
Elle voyait aussi la tante de Saint-Mau
rice, noyée dans la grande ville, allant sans
résultat du Palais de Justice à la prison, et
tournant comme un chien perdu autour des
murs derrière lesquels vivait misérable l’en
fant qu’elle adorait. Ah ! la pauvre vieille,
comme elle devait souffrir, et, que de bar
barismes devaient tomber de sa bouche !
Antoinette voulut lui écrire. Elle alluma
une bougie, ne pouvant, superstitieusement,
se décider à ouvrir les volets, cette chambre
étant destinée à rester close jusqu’à ce que
celui qui l’habitait fût revenu. Elle prit
le papier, les plumes de son frère, et, sou
lageant son cœur ulcéré, elle répandit à la
fois sa tristesse et ses larmes.
Ne voulant pas que personne pût, dans le
pays, savoir où était allée la tante Saint-
Maurice, elle fit porter sa lettre à la boîte
du chemin de fer par le vieux Bernard.
Plus calme, elle rentra dans sa chambre et
passa la journée à griffonner des comptes, à
fouiller des dossiers, à relire des exploits
d’huissier.
Le soir réunit le père et la fille dans la
sâlle à manger. Le marquis se montra trèa
froid pour Antoinette II boudait. It ne des
serra pas les dents jusqu’à la fin du dîner.
Et la jeune fille se félicita presque de ce
silence. Le dessert terminé, le marquis se
leva, tourna dans l’immense pièce, caressa
le lévrier qui, laissa à l’abandon depuis
deux jours, regarda sa mai resse avec des
yeux étonnés. Une fenêtre donnant sur la
cour d’honneur était ouverte : le vieillard
s’en approcha et jeta du pain aux pierrots
qui voletaient en criant. Il l’esta indécis et
soucieux pendant quelques minutes. Il coula
un coup d’œil du côté d’Antoinette, comme
s’il allait lui parler, puis il prit sa résolu
tion, fit un geste de dépit, et, disant sèche
ment : « Bonsoir, ma fille », sans une main
tendue, sans uu baiser donné, il remonta
dans son laboratoire.
Mlle de Glairefont baissa le front comme
si le fardeau de cette injuste rancune lui eût
semblé trop lourd ; elle se tourna vers Fox,
modula un léger sifflement et, sortant dans
la cour, se mit à marcher de long en large,
sur le pavé, sans songer à prendre la netit©
allée qui bordait les plates-bandes de fleurs
Le lévrier, gravement, suivait réglant son
pas sur celui de sa maîtresse.
L’ornbre descendait silencieuse sur les
champs et les bois. Une fraîcheur légère
ranimait la vie des plantes brûlées par 1©
soleil, et, avec uu tintement de clochettes
d’argent, les rainettes chantaient au loin*
dans les herbes, C’était l'heure où, chaque
soir, avec Robert et ia tante Isabelle, avant
d’aller tenir compagnie à son père, Antoi- ’
nette faisait un tour de promenade. Dans
cette obscurité grandissante, le sentiment?
de son affreuse situation s’imposa plug
cruellement à elle, ses yeux cherchèrent
avec angoisse les êtres aimés, elle se vit seule*,
et, accablée, n eut pas ia force de continuer
son chemin ; elle se iaissa tomber sur uct
hanc de pierre, et, gémissaote, elle mur
mura : Robert ! oh ! Robert !
A ce nom* un plaintif et lugubre hurle
ment répondit. Le lévrier, le "museau levér.
vers le ciel assombri, regardant la jeune?
fille comme s’il eût compris sa pensée et
partagé sa peine, semblait aussi pleurer
l’absent. Elle lui parla pour l’apaiser, et, I*
main perdue dans le poil rude de sa tète
elle resta à songer. Huit heures sounèreàf
à l’église du village. Frissonnante, Antoi
nette s'apprêtait à rentrer, lorsque la petite
porte de la grille s’ouvrit, donnant passage
à M* Malézeau. Le notaire, en apercevant
Mlle de Clairefont, poussa un soupir d®,
soulagement.
— Dieu suit loué, Mademoiselle, je voos^
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I*
51
Ln
DEFOI LEGAL
Première année. — N # 52.
Le numéro 5 centimes.
Dimanche, 6 septembre 1885.
Algérienne
JOURNAL POLITIQUE QUQTSD5E
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois Un an
Algérie 4.50 9 18
France 6 12 24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les communications relatives anx annnonees et réclames doivent, «g
Algérie, être adressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la République, AI**s.
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chei M . Gustave ALLARD, rue da Bansset, 4 ;
A Paris, chei MM. AUDBOURG et O, place de la Bourse, iO,
Et par leurs correspondants.
La DEPECHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonces légales, judiciaires et autres exigées pour la "validité des procédures et contrats
Alger, le 5 Septembre 1885.
LES HOOESDD JOUR
XXX II
M. VILLENEUVE
DÉPUTÉ DE LA SEINE
M. Villeneuve, député de la Seine, est âgé
de 46 ans.
Né à Pau, il vint de bonne heure à Paris
pour y terminer ses études, et fut de ces
jeunes gens qui entamèrent contre l’Empire
une lutte sans merci qui devait se terminer
par ia chute de celui-ci.
Aussi Villeneuve figurait-il à vingt et un
ans sur les listes de proscription qui furent
dressées en 1860, et était-il impliqué plus
tard dans le fameux procès de Blois.
Malgré toute leur bonne volonté, les juges
de la haute cour ne purent trouver aucune
preuve des inculpations dirigées contre lui,
et durent l’acquitter.
Il était adjoint au maire du XVII* arron
dissement quand Paris fut bloqué. Il s’ac
quitta de sa tâche avec un zèle qui ne se
démentit jamais et que n’ont pas oublié ses
anciens administrés.
Il en fui de même pendant la Commune,
et le vice-président'de ia Ligue des Droits
de Paris rendit à ses concitoyens des servi
ces inappréciables.
Bientôt il était envoyé au Conseil général
de la Seine par le canton de Meuilly et
nommé maire de Clichy
Les habitants de cette petite cité lui sont
redevables de la prospérité inespérée, acqui-
segrâceàson administration intelligente,
dans l’espace de quelques années.
Aux élections c!e 1881, il se présenta con
tre Bamberger, député sortant de la circons
cription de Neuilly, et fut élu comme répu
blicain radical contre son concurrent.
C’est un homme d’une sérieuse valeur, et
qui s’est occupé avec une réelle compétence
de questions de nature très différente. Aussi
est-il apprécié â la Chambre comme il mé
rite de l’être êt sa réélection trouvera-t-elle
une adhésion presque unanime chez les ré
publicains de la Seine.
EfiTEITE CORDIALE
entre Intransigeants
Le Radical Algérien devient mélancoli
que, Il n’a plus cette confiance en lui-même
d’autrefois. On voit que son Pontife, l’ex
grand électeur, sort de maladie. Quels
seront ses candidats ? II l’ignore encore.
Fera-t-il ce triste honneur à l’ancien séna
teur et à l’ancien conseiller de préfecture
Hérail? Il doit bien cela à ces deux nobles
débris ! Mais le premier est bien vieux, et il
sera bien difficile de faire accroire aux
électeurs radicaux si bénévoles qu’ils soient,
que M. Hérail est un admirateur fanatique
de Rochefort décidé comme ce dernier et
aussi comme le Radical Algérien, à venger
la mort d’Olivier Pain sur la vieille peàu de
lord Lyoqs, ambassadeur d’Angleterre.
D’ailleurs, ne faut-il pas compter avec
M. Victor Bouttemaille? Est-il possible de
ne pas proposer un candidat pareil au choix
des électeurs? Et, en effet, M. Bouttemaille
— pardon, le citoyen Bouttemaille — réunit
toutes les conditions pour faire un radical
de l’école grotesque de l’agent d’affaires
Basset.
h y a aussi M. Jean-Bernard Passerieu,
un anti sémite, qui a découvert pendant les
quefques jours passés à Alger, le dernier
des Abencérages et les tripotages financiers
d’un conseiller général du département du
Lot, dont on n’a jamais su le nom.
Il y en a d’autres aussi, parmi les anciens
bonapariistes, qui ne demanderaient pas
mieux que de se présenter, comme cela est
arrivé d’autres fois, avec l’appui de M.
Basset. Exemple : MM.Viüeoave, à Orléans-
ville ; Fallet, à Médôa ; sans compter le
directeur politique du Radical algérien lui-
même, qui voudrait bien, mais qui ne peut
pas, ou n’ose pas.
Si encore il n’avait que l’embarras du
choix, s’il était seul comme jadis à dési-'
gner les candidats !
Mais point. Il n’est plus le chef, et quoi
que son fidèle d’Armès — un gentilhomme
— l’ait qualifié de lèle du parti radical —
d’autres disent qu’il n’en est plus que la
queue, et une queue qu’il faut couper.
Depuis quelque temps, il s’est introduit
plusieurs faux nez dans le parti intransi
geant, et M. Basset ne peut pas compter
sur ces faux nez, des opportunistes qui se
disent radicaux, mais qui n’en poussent pas
moins le radicalisme à ses dernières limi
tes, si bien que le pauvre citoyen Basset ne
sait plus que faire pour les dépasser.
Or, les radicaux à tous crins, au premier
rang desquels figurent les Marchai, les de
Gineste, les Guillemia et autres ne veulent
plus obéir au citoyen Basset, ce pauvre
vieu*,pour lequel je suis plein de tendresse,
parce qu’après m’avoir appelé vieux navet
usé, s il se borne aujourd’hui à m’appeler
Béquillard.
Il est vrai que les nouveaux venus sont
tout stussi embarrassés que les anciens et, à
vrai dire, si j’avais à me prononcer entre
M. Ciarles Marchai qui ne se porte pas,
mais qui se laissera porter, et l'ex-sénateur,
je n’hésiterais pas à voter pour le vétéran
de lai démocratie.
Mais combien donc y a-t-il de candidats
intransigeants dans notre département?
Le nombre en est grand, parai Ml, si
grand, qu’on serait tenté de croire que chez
les intransigeants, tous les électeurs sont
candidats.
C’est pourquoi, sans doute, le comité
électoral présidé par M. Guillemin et dirigé
par le radical M. de Gineste, tarde tant à
nous faire connaître ses choix.
Patience ! Le hasard est si grand que,
peut-être, on parviendra à s’entendre dans
le petit eJan intransigeant.
Informations algériennes
Nous apprenons que M." Martin, capitaine
au 4 e tirailleurs en garnison à Souse (Tuni
sie), vient d’être décoré de l’ordre du Ni
cha m .
La réunion des viticulteurs qui s’est te
nue à ia mairie d’Oran, en vue de former
un syndicat, n’a pas abouti.
X
Dans l’après-midi du l tr septembre, un
incendie a détruit environ 1,300 hectares
dans les forêts d’Assi-Daho, de Tônirah et
dans le communal de Boukanéfis. Le feu
n’a pu être éteint que le matin, à 4
heures 1/2.
Cet incendie serait dû à l’imprudence d’un
chasseur qui se serait endormi et aurait
laissé tomber dans les chaumes sa pipe allu
mée : des chaumes, le feu aurait gagné la
forêt.
X
On nous écrit de Tébessa qu’une rencon
tre à l’épée a eu lieu le 24, dans cette ville,
nous ne savons pour quel motif, entre
MM. Couverchel et de Sainte-Croix, tous
deux sous-lieutenants au 3 a régiment de
chasseurs d’Afrique.
M. Couverchel a été très grièvement
blessé.
X
Une lettre de Guettar-el-Aïech annonce
que la préfecture de Constantine vient enfin
de donner satisfaction aux justes réclama
tions des colons, en suspendant de ses fonc
tions le maire de cette localité, M. Tour
nier.
X
On écrit d’Akbou que la vendange a com
mencé un peu partout. La récolte est bonne.-
et le via promet devoir être de qualité supé
rieure.
X
Par arrêté du Gouverneur général, en
date du 4 septembre courant, les navires
provenant des ports de l’Italie continentale
sont soumis à une quarantainede deux jours
pleins, à partir de l’inscription médicale qui
suivra l’arrivée des navires dans les ports
algériens.
X
La nouvelle commune de plein exercice
de Morris-Zèrizer a élu dimanche dernier
ses conseillers municipaux :
MM. Barbe, fils, Richaud, Carréga, Ar
naud, fils, Douté et Gallaud pour Morris, et
MM. Briet, Roché, Boissonnet, Boniltane,
Canac et Lautheaume (Pierre), pour Zèrizer’
ont été élus à une grande majorité.
CorrespoadaBce oraBaise
Oran, le 3 septembre 1885.
Je sors d’une bien charmante réunion.
Les habitants d’Eckmuhl ont offert un punch
à notre sympathique député et votre corres
pondant a eu l’honneur et le plaisir de re
cevoir une invitation à cette petite fête de
famille.
Eckmuhl est un faubourg d’Oran dont les
sites sont le rendez-vous de tous ceux qui
aiment le bon air et la campagne. On y
court quand oa veut passer un excellent
moment de distraction ; on s’y réfugie lors
qu’on veut oublier les soucis et les luttes de
la vie.
C’est une succession de jardins et de châ-
lets, des remparts jusqu’aux sources voisi
nes.
Les habitants, de bons répubiicains, n’ont
pas voulu laisser passer M. Etienne sans lut
dire combien ils appréciaient son attitude à
la Chambre où son activité et son dévoue
ment lui ont acquis l’e dune de ses collègues
dont il s’est servi pour faire aimer et servir
notre chère colonie.
C’est M. Lan ire, un des organisateurs de
cette manifestation républicaine, qui a été
l’interprète de ces sentiments de tout Eck-
muhi, et il la fait en termes exquis pleins
de chaleur et de patriotisme.
M. Etienne a répondu par une excellente
allocution.
Feuilleton de LA DÊPÊCI1E ALGÉRIENNE
N° 52.
LA
PAR
Georges OHNET
Plus isolée et plus triste au milieu de ce
'bruit que si elle eût été dans le parc désert,
elle se leva lentement et sortit. Elle alla
sans but déterminé, dans les vastes corri
dors, descendit un escalier, et, avec un
tressaillement, se trouva devant la porte de
l’appartement de son frère. Elle entra. Les
Persiennes fermées faisaient la chambre
obscure. Tout était en place et bien rangé.
Les fusils s’étageaient au râtelier, les fouets
et les cravaches pendaieut, un rayon, fil
trant par un trou du volet, tirait uue étin
celle d’or du pavillon d’une trompe de
chasse.
Un bouquet, apporté la veille par Antoi
nette, se fanait dans un vase, répandant un
parfum affaibli et mélancolique. La tris
tesse des choses abandonnées se dégageait
si pénétrante de ce lieu solitaire que la
jeune fille se sentit près de défaillir II lui
sembla qu’elle était dans la chambre d’uu
mort. Et, le cœur aux lèvres, oppressée,
palpitante, elle demeura dans l’ombre silen
cieuse, longtemps en proie à un découra
gement amer.
Elle se figurait Robert dévoré par l’in
quiétude et l’impatience, se débattant au
travers des embûches préparées par les ca
lomniateurs, cédant peut-être à la colère
qui lui montait si promptement au cerveau,
et, qui sait ? aggravant sa situation par des
violences sur lesquelles, sans doute, on
comptait. Et nul ne pouvait pénétrer jus
qu’à lui. Ce garçon vigoureux, habitué anx
fortes senteurs des bois et des plaines, aux
durs exercices de la vie agreste, cloîtré en
tre quatre murailles, gardé à vue et torturé
par des interrogatoires auxquels il ne pou
vait assurément rien répondre. Quel sup
plice de tous les instants, quelle épreuve
mortelle! Quand le reverrait-on ? Revien
drait-il seulement jamais ? Que ne devait-
on pas redouter d'ennemis qui avaient pu
égarer la justice à ce point qu'un innocent,
pour les besoins d’une cause infâme, fût
chargé du crime d un autre ?
Elle voyait aussi la tante de Saint-Mau
rice, noyée dans la grande ville, allant sans
résultat du Palais de Justice à la prison, et
tournant comme un chien perdu autour des
murs derrière lesquels vivait misérable l’en
fant qu’elle adorait. Ah ! la pauvre vieille,
comme elle devait souffrir, et, que de bar
barismes devaient tomber de sa bouche !
Antoinette voulut lui écrire. Elle alluma
une bougie, ne pouvant, superstitieusement,
se décider à ouvrir les volets, cette chambre
étant destinée à rester close jusqu’à ce que
celui qui l’habitait fût revenu. Elle prit
le papier, les plumes de son frère, et, sou
lageant son cœur ulcéré, elle répandit à la
fois sa tristesse et ses larmes.
Ne voulant pas que personne pût, dans le
pays, savoir où était allée la tante Saint-
Maurice, elle fit porter sa lettre à la boîte
du chemin de fer par le vieux Bernard.
Plus calme, elle rentra dans sa chambre et
passa la journée à griffonner des comptes, à
fouiller des dossiers, à relire des exploits
d’huissier.
Le soir réunit le père et la fille dans la
sâlle à manger. Le marquis se montra trèa
froid pour Antoinette II boudait. It ne des
serra pas les dents jusqu’à la fin du dîner.
Et la jeune fille se félicita presque de ce
silence. Le dessert terminé, le marquis se
leva, tourna dans l’immense pièce, caressa
le lévrier qui, laissa à l’abandon depuis
deux jours, regarda sa mai resse avec des
yeux étonnés. Une fenêtre donnant sur la
cour d’honneur était ouverte : le vieillard
s’en approcha et jeta du pain aux pierrots
qui voletaient en criant. Il l’esta indécis et
soucieux pendant quelques minutes. Il coula
un coup d’œil du côté d’Antoinette, comme
s’il allait lui parler, puis il prit sa résolu
tion, fit un geste de dépit, et, disant sèche
ment : « Bonsoir, ma fille », sans une main
tendue, sans uu baiser donné, il remonta
dans son laboratoire.
Mlle de Glairefont baissa le front comme
si le fardeau de cette injuste rancune lui eût
semblé trop lourd ; elle se tourna vers Fox,
modula un léger sifflement et, sortant dans
la cour, se mit à marcher de long en large,
sur le pavé, sans songer à prendre la netit©
allée qui bordait les plates-bandes de fleurs
Le lévrier, gravement, suivait réglant son
pas sur celui de sa maîtresse.
L’ornbre descendait silencieuse sur les
champs et les bois. Une fraîcheur légère
ranimait la vie des plantes brûlées par 1©
soleil, et, avec uu tintement de clochettes
d’argent, les rainettes chantaient au loin*
dans les herbes, C’était l'heure où, chaque
soir, avec Robert et ia tante Isabelle, avant
d’aller tenir compagnie à son père, Antoi- ’
nette faisait un tour de promenade. Dans
cette obscurité grandissante, le sentiment?
de son affreuse situation s’imposa plug
cruellement à elle, ses yeux cherchèrent
avec angoisse les êtres aimés, elle se vit seule*,
et, accablée, n eut pas ia force de continuer
son chemin ; elle se iaissa tomber sur uct
hanc de pierre, et, gémissaote, elle mur
mura : Robert ! oh ! Robert !
A ce nom* un plaintif et lugubre hurle
ment répondit. Le lévrier, le "museau levér.
vers le ciel assombri, regardant la jeune?
fille comme s’il eût compris sa pensée et
partagé sa peine, semblait aussi pleurer
l’absent. Elle lui parla pour l’apaiser, et, I*
main perdue dans le poil rude de sa tète
elle resta à songer. Huit heures sounèreàf
à l’église du village. Frissonnante, Antoi
nette s'apprêtait à rentrer, lorsque la petite
porte de la grille s’ouvrit, donnant passage
à M* Malézeau. Le notaire, en apercevant
Mlle de Clairefont, poussa un soupir d®,
soulagement.
— Dieu suit loué, Mademoiselle, je voos^
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