Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-08-08
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 08 août 1885 08 août 1885
Description : 1885/08/08 (A1,N23). 1885/08/08 (A1,N23).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t544805p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
Première année. — N“ 23.
HtEFECTtlÜF, D ALGER
DEPOT LEGAL
Zi / J) Samedi, 8 août 1885-.
Le numéro S centimes.
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
Algérie ...
Franok...
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois
4.50 9
... 6 12
Un an
18
24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les communications relatives aux annnonces et réclames doivent, ea
Algérie, être adressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Alger.
En France, les communications 3ont reçues savoir :
A Marseille, chez M. Gdstave ALLARD, rue du Bausset, 4 ;
A Paris, ebez MM. AUDBOURG et C if) , place de la Bourse, 10,
—
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonces légales, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats.
Alger, le 7 Août 1885.
LES HOUES DU JOUR
111
M. SPULLER
DÉPUTÉ DE LA SEINE
L’ancien collaborateur et ami de Gambet-
a est originaire du département de la Côte-
l’Or dont il est conseiller général pour le
anton de Sombernon.
Né en 1835, il avait 27 ans quand il vint
'inscrire au barreau de Paris, après avoir
erminé ses études au lycée et à la faculté
le droit de Dijon.
Il se distingua d’abord par un certain
îombre de plaidoiries politiques et par une
îollaboration féconde à diverses feuilles rê-
jublicaines.
L’année suivante, on le voyait déjà mêlé
tux luttes politiques, soutenant la eandida-
ure de M. Emile Ollivier contre celle de
11. Varin.
11 écrivait alors à l’Europe de Francfort,
lu Nain jaune, au Journal de Paris, au
tournai de Genève, etc. etc.
Mais l’Ollivier d’alors n’était pas l'Ollivier
les derniers jours de l’Empire.
Aussi verrons-nous, six ans plus tard, M.
Spuller combattre le môme Ollivier dans la
Rême circonscription de la Seine avec la
nême ardeur qu’il avait montrée jadis à le
léfendre.
Entre temps M. Spuller avait collaboré à
aombre de journaux parmi lesquels la Re
vue politique, qu’il fonda avec Gambetta,
Brisson, Allain-Targé et Challemel-Lacour,
3 t qui eut une carrière aussi brillante que
courte, grâce aux parquets impériaux.
Mentionnons aussi sa collaboration à
l'Encyclopédie générale, pendant les an
nées de 1869 et 1870, et surtout l’ouvrage
qu’il publia au moment du plébiscite de mai
sous le titre : Petite histoire du second
empire utile à lire avant le vole.
Plus tard nous verrons M. Spuller accom
pagner Gambetta dans toutes les étapes de
sa vie politique, après la déchéance de l’em
pire.
En 1871, il fondait avec lui un journal
qui eut entre ses mains un grand et rapide
succès : la République française.
Nommé aux élections de 1876 député du
3* arrondissement de Paris par 12,143 voix,
M. Spuller n’a pas cessé depuis de siéger
au Parlement où il a toujours joué un rôle
des plus influents.
Mêlé à toutes les grandes questions telles
que celle de l’Amnistie pleine et entière, de
la restitution à l’Etat de la collation des
grades et de bien d’autres encore dans les
sessions suivantes, il a fait partie de com
missions importantes où l’appelaient son in
telligence et son amour du travail.
Homme scrupuleusement intègre, répu
blicain éprouvé, le député de la Seine jouit
auprès de ses collègues d’une estime et d’u
ne autorité justement méritées.
Ses concitoyens n’oublieront pas ce qu’il
a fait pour la République, et au jour du
scrutin les électeurs mettront en tête de la
liste républicaine de la Seine, le nom de
celui qui fut le confident et l’émule de Gam
betta.
M. Spuller, né à Seurre, en 1835, est donc
âgé aujourd’hui de cinquante ans.
Un Radicalisme spécial
A L’ALGÉRIE
Ce qui m’amuse beaucoup dans la lecture
des journaux ou des comptes rendus des
Conseils municipaux et surtout de celui
d’Alger, ce sont les contradictions à peu
près quotidiennes de Messieurs les socialis
tes du parti ouvrier et de3 écrivains intran
sigeants ou radicaux.
Pendant tout le temps qu’a duré le Con
grès ouvrier, nous avons entendu de très
bons discours sur la solidarité des travail
leurs de tous pays, la fraternité univer
selle.
Mais ce sont là des mots que le citoyen
Allemane a emporté avec lui et qui n’ont
laissé aucune trace dans l’esprit de ses amis
d’Alger.
Tous les ouvriers sont frères, nous disait-
on, qu’ils soient Italiens, Espagnols, Ara
bes, Anglais ou autres, et voici qu’à propos
d’un projet de transformation de la ville, les
conseillers, dits ouvriers, les citoyens Ma
zas, Pagès, Lagadec, etc., présentent un
ordre du jour, aux termes duquel, dans le
cas où le projet serait adopté, une clause
serait inscrite au cahier des charges, inter
disant l’emploi de la main-d’œuvre étrangè
re et même celle des ouvriers français,
sauf le cas où les ouvriers d’Alger ne se
trouveraient pas en nombre suffisant.
Quelle fraternité touchante !
Autre contradiction :
En France, les intransigeants et les radi
caux sont, on le sait, des partisans passion
nés de l’indépendance communale.
Si on les écoutait, chaque commune for
merait un petit Etat séparé, ayant sa ma
gistrature à lui, sa police à lui, ses écoles à
lui, ses impôts, son armée, etc.
Assurément, ces prétentions sont exagé
rées.
Mais quelle différence avec nos Radicaux
algériens.
Corinne les ouvriers syndiqués qui par
lent de solidarité universelle, tout en ex
cluant du travail même leurs compatriotes,
nos radicaux nous entretiennent souvent de
la liberté des communes ; mais ils ne négli
gent Aucune occasion de faire appel à l’au
torité administrative contre les maires qui
leur déplaisent.
J’en ai souvent fait la remarque et je pour
rais eiter bien des exemples.
Ils vont même quelquefois plus loin et
s’en prennent aux institutions communales
qu’ils trouvent trop libérales et dont ils de
mandent la réforme dans un sens confor
me aux principes du Césarisme, comme le
Petit Colon, dans son dernier article intitu
lé : Les inspecteurs des ^ ommunes, sur le
quel je reviendrai un de ces jours, dans l’in
térêt de la liberté communale.
Informations algériennes
Hadj Taïeb ben El Adaci, conseiller mu
nicipal de l’Oued-Zénati, qui avait été con
damné par le tribunal correctionnel de
Con c tantine à six jours de prison, pour cor
ruption envers le chef du cabinet du préfet,
vient de voir sa peine élevée à deux mois
de prison par la cour d’appel d’Alger.
X
Le Barreau d’Oran a procédé hier au re
nouvellement annuel des membres du Con
seil de l’Ordre. Ont été élus : Bâtonnier, M*
Chollet ; trésorier, M° Carré ; secrétaire, M 8
Médard ; membres : MM. Bogroset Menaud.
Nous félicitons l’honorable M. Chollet et
le corps des avocats de l'excellent choix qui
vient d’être fait en sa personne.
X
Nous apprenons avec plaisir la nomina
tion comme interprète militaire auxiliaire
de M. Eugène Lelièvre, fils de notre excel
lent ami le docteur Lelièvre.
X
L’anniversaire du Quatre-Septembre sera
marqué cette année à Oran, par de gran
des réjouissances qui auront lieu sur la
place d’Armes. Les habitants du quartier y
ont projeté une fête qui promet d’être très
brillante.
Un comité est formé et a élu pour prési
dent l’honorable M. Mestayer, conseiller gé
néral. Le Maire de la ville a bien voulu ac
cepter lüP^résidence honoraire.
X
M. Grand-Jean, Joseph-Justin, instituteur
à Mondovi, sera élevé de la quatrième à la
troisième classe a partir du 1 er octobre pro
chain.
X
M. Tisserand, inspecteur des forêts à Au
male, est nommé inspecteur à Alger.
M. Sauce, inspecteur-adjoint à Montmédy
(Meuse), est nommé inspecteur à Aumale.
X
Yoici les officier- qui sont inscrits d’office
à la suite du tabienu d avancement, au titre
de la campagne du Tonkin, savoir :
Au grade de chef de bataillon :
M. Chéroutre, ea fitaiue au troisièmes
zouaves.
Au grade de capitaine :
M. Monteaux, lieutenant au même régi
ment.
oranaise
Oran, le 4 août 1885.
Nous sommes en pleine période électo
rale; cinq jours à peine nous séparent de la
date des élections municipales et pourtant
aucune liste en circulation, aucune discus
sion de nature à laisser soupçonner des
préoccupations électorales.
Cette apathie générale me laisse supposer
que c’est à peine si quatre ou cinq cents
citoyens iront dimanche aux urnes. C’est
d’ailleurs l’ouverture de la chasse, et tout
laisse supposer que le premier tour de scru
tin ne donnera aucun résultat.
Pourtant la situation de la ville, déjà si
critique, ne peut souffrir d’un pareil retard
qui, non-seulement paralyse les affaires,
mais encore’occasionne de nouvelles dépen
ses actuellement si onéreuses pour la com
mune.
Il incombe à la presse de signaler cet état
de choses, et d’inviter les électeurs à mettre
au plus tôt fin à une situation qui ne peut
durer sans porter une grave atteinte aux
affaires de la municipalité.
*
* *
L’état des esprits se ressent un peu de la
crise qui sévit sur notre commerce. Les
affaires sont prescue arrêtées. Des stocks
considérables de marchandises sont empilés
dans les magasins. Les acheteurs de l’inté
rieur n’osent encore venir faire leurs appro
visionnements. Ch qui p merce et l’agricuiture se tiennent dans notre
pays et que la prospérité de l’un ne peut
exister sans le progrès de l’autre.
Feuilleton de LA DÉPÊCHE ALGÉRIENNE
23.
LA
PAR
Georges OHNET
Il oublia tout ce qui l’entourait, le bruit
croissant des conversations et des rires, l’a
nimation plus ardente des convives ; il se
figura qu’il était seul dans un coin de parc
silencieux et ombragé. Une silhouette de
jeune fille passa devant ses yeux, douce,
effacée, enveloppée d’un nuage léger, com
me dans un songe. Et c’était elle qu’il ai
mait, elle seule. Il se sentait prêt à tout
tenter pour l’obtenir. Rien ne lasserait sa
patience, rien n’aflaiblirait son courage. Il
finirait par user les résistances, par désar
mer les colères, et il serait heureux !
Il frissonna à cette pensée. Quelle douceur
ce serait de sentir la main fine de cette
adorable créature se poser sur son bras
tremblant ! Et quelle ivresse de marcher
dans la vie à ses côtés ! Ne voir qu’elle, ne
penser qu’à elle, se fondre éperdument en
elle, et n’avoir plus ni désir ni espoir qui
ne fût pas elle. Être son époux, ne la quitter
jamais que pour revenir plus vite et plus
tendrement à ses pieds, maître avide de se
faire esclave. La voir s’épanouir dans la
maternité triomphante, et avoir de cette
femme adorée des enfants, blonds, roses,
joyeux, impérieux et câlins comme elle, et
se sentir le cœur à peine assez grand pour
contenir tout l’amour que ces êtres divins
sauraient inspirer ! Afin que ces anges pus
sent vivre sans chagrin et sans souffrance,
il faudrait un paradis, quelque lieu béni
plein de lumière tiède, d’air embaumé et de
soleil radieux. Les arbres se pencheraient
pour caresser de leurs branches fleuries les
fronts délicats. Les oiseaux chanteraient des
chansons choisies pour charmer les oreilles
attentives. Le sable se ferait plus moelleux
pour ne pas blesser les petits pieds mutins
et joueurs. Rien de ce qui existait dans la
nature ne serait assez pur, assez beau, assez
bon pour Antoinette et les chérubins qui
naîtraient d’elle.
Une acclamation violente, retentissant
autour de Pascal, l’arracha à sa délicieuse
rêverie. Tous les convives de son père s’é
taient levés et, choquant leurs verres, bu
vaient à son heureux retour. Mme Leglo-
rieux, agitant ses frisures, lança à Carva-
jan un regard victorieux semblant lui dire :
— Vous l’avez ramené. A nous de le gar
der !
Fleury, après s’être courbé devant le
sous-préfet avec une basse obséquiosité,
pour s’excuser de la liberté grande, enta
mait un speech préparé à l’avance et qu’il
affectait d’ànonner, pour lui donner un air
d’improvisation. Il y faisait des allusions
mal déguisées à la lutte engagée entre Clai-
! refont et Carvajan, insinuant que le maire
de La Neuville avait été depuis de longues
années le défenseur des libertés communa
les menacées par les derniers représentants
de l’ancienne oppression féodale..,
— Un jour viendra, qui n’est pas loin
peut-être, dit-il en terminant, où, admira
ble prix de cette résistance triomphante, la
prospérité s’étendra sur tout le pays... Et
c’est à M. Carvajan, au maire de La Neu
ville. que ce résultat merveilleux sera dû...
Je n’en veux pas dire davantage... D’ail
leurs, vous m’avez compris... Joignez-vous
donc à moi, et buvons à la santé de notre
excellent ami.
— A sa santé !
— Marchez ! il est d’un bon bois ! Je m’y
connais, clama Tondeur.
Fleury avait dit vrai. Ils comprenaient
tous. Et les visages enflammés, les yeux
brillants, exprimaient bien la convoitise
éveillée. Tous ils étaient prêts pour la cu
rée. Car c’était de la Grande Marnière, tou
jours, qu’il s’agissait. La source de richesse
jaillirait de la colline, et chacun des asso
ciés à l’œuvre de ruine y puiserait large
ment.
Le silence se fit : Carvajan répondait. Il
était debout, grave, et de ses lèvres les pa
roles tombaient froides et mesurées. Il se
défendait modestement de l’honneur qu’on
voulait lui faire, en attribuant à sa faible
initiative les avantages précieux que l’ave
nir promettait. Il avait eu d’utiles colla
borateurs... D’ailleurs, il était satis
fait d’avoir obtenu l’approbation générale ;
car le but qu’il avait ea devaut les yeux,
c’était uniquement l’intérêt de ceux qui se
trouvaient autour de lui...
Il mit la main sur son cœur, avec une
onction d’apôtre prêt à s’immoler pour l’hu
manité. Transportés, ses convives applau
dirent de plus belle.
Pascal avait assisté à cette scène avec une
stupeur pleine de doute. Il se demanda s’il
rêvait, ou si, jusqu’alors, de fausses appa
rences ne l’a7aient pas abusé.
Mais la figure de singe de Fleury, con
tractée par un sourire silencieux, frappa son
regard. Il se rappela les confidences que le
greffier lui avait faites. Tout ce qu’il venait
de voir était donc une odieuse comédie ;
tout ce qu’il avait entendu était un éhonté
mensonge.
Le dégoût lui souleva le cœur. II se sou
vint de la vie libre, large et franche, qu’il
menait quelques semaines auparavant. Les
vastes plaines de l’Amérique s’ouvrirent de
nouveau devant lui, comme pour l’appeler
dans leurs solitudes verdoyantes et calmes.
Une sensation de repos frais et sain l’enve
loppa de ses douceurs caressantes. II lui
sembla que le vent parfumé des savanes
passait sur son front et calmait les orages
de sa pensée. Pourquoi était-il revenu ? Que
faisait-il dans cette fange ? Il retrouva en
lui-même sa force des anciens jours, alors
que rien au monde ne lui eût fait accepter
la complicité dans une infamie.
Un enthousiasme subit gonfla son cœur,
il se sentit maître de sa conscience, supé
rieur à tout ce qui l’entourait, sûr d’échap
per à l’avilissement qu’on songeait à lui
HtEFECTtlÜF, D ALGER
DEPOT LEGAL
Zi / J) Samedi, 8 août 1885-.
Le numéro S centimes.
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIEN
Algérie ...
Franok...
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois
4.50 9
... 6 12
Un an
18
24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les communications relatives aux annnonces et réclames doivent, ea
Algérie, être adressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la République, Alger.
En France, les communications 3ont reçues savoir :
A Marseille, chez M. Gdstave ALLARD, rue du Bausset, 4 ;
A Paris, ebez MM. AUDBOURG et C if) , place de la Bourse, 10,
—
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonces légales, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédures et contrats.
Alger, le 7 Août 1885.
LES HOUES DU JOUR
111
M. SPULLER
DÉPUTÉ DE LA SEINE
L’ancien collaborateur et ami de Gambet-
a est originaire du département de la Côte-
l’Or dont il est conseiller général pour le
anton de Sombernon.
Né en 1835, il avait 27 ans quand il vint
'inscrire au barreau de Paris, après avoir
erminé ses études au lycée et à la faculté
le droit de Dijon.
Il se distingua d’abord par un certain
îombre de plaidoiries politiques et par une
îollaboration féconde à diverses feuilles rê-
jublicaines.
L’année suivante, on le voyait déjà mêlé
tux luttes politiques, soutenant la eandida-
ure de M. Emile Ollivier contre celle de
11. Varin.
11 écrivait alors à l’Europe de Francfort,
lu Nain jaune, au Journal de Paris, au
tournai de Genève, etc. etc.
Mais l’Ollivier d’alors n’était pas l'Ollivier
les derniers jours de l’Empire.
Aussi verrons-nous, six ans plus tard, M.
Spuller combattre le môme Ollivier dans la
Rême circonscription de la Seine avec la
nême ardeur qu’il avait montrée jadis à le
léfendre.
Entre temps M. Spuller avait collaboré à
aombre de journaux parmi lesquels la Re
vue politique, qu’il fonda avec Gambetta,
Brisson, Allain-Targé et Challemel-Lacour,
3 t qui eut une carrière aussi brillante que
courte, grâce aux parquets impériaux.
Mentionnons aussi sa collaboration à
l'Encyclopédie générale, pendant les an
nées de 1869 et 1870, et surtout l’ouvrage
qu’il publia au moment du plébiscite de mai
sous le titre : Petite histoire du second
empire utile à lire avant le vole.
Plus tard nous verrons M. Spuller accom
pagner Gambetta dans toutes les étapes de
sa vie politique, après la déchéance de l’em
pire.
En 1871, il fondait avec lui un journal
qui eut entre ses mains un grand et rapide
succès : la République française.
Nommé aux élections de 1876 député du
3* arrondissement de Paris par 12,143 voix,
M. Spuller n’a pas cessé depuis de siéger
au Parlement où il a toujours joué un rôle
des plus influents.
Mêlé à toutes les grandes questions telles
que celle de l’Amnistie pleine et entière, de
la restitution à l’Etat de la collation des
grades et de bien d’autres encore dans les
sessions suivantes, il a fait partie de com
missions importantes où l’appelaient son in
telligence et son amour du travail.
Homme scrupuleusement intègre, répu
blicain éprouvé, le député de la Seine jouit
auprès de ses collègues d’une estime et d’u
ne autorité justement méritées.
Ses concitoyens n’oublieront pas ce qu’il
a fait pour la République, et au jour du
scrutin les électeurs mettront en tête de la
liste républicaine de la Seine, le nom de
celui qui fut le confident et l’émule de Gam
betta.
M. Spuller, né à Seurre, en 1835, est donc
âgé aujourd’hui de cinquante ans.
Un Radicalisme spécial
A L’ALGÉRIE
Ce qui m’amuse beaucoup dans la lecture
des journaux ou des comptes rendus des
Conseils municipaux et surtout de celui
d’Alger, ce sont les contradictions à peu
près quotidiennes de Messieurs les socialis
tes du parti ouvrier et de3 écrivains intran
sigeants ou radicaux.
Pendant tout le temps qu’a duré le Con
grès ouvrier, nous avons entendu de très
bons discours sur la solidarité des travail
leurs de tous pays, la fraternité univer
selle.
Mais ce sont là des mots que le citoyen
Allemane a emporté avec lui et qui n’ont
laissé aucune trace dans l’esprit de ses amis
d’Alger.
Tous les ouvriers sont frères, nous disait-
on, qu’ils soient Italiens, Espagnols, Ara
bes, Anglais ou autres, et voici qu’à propos
d’un projet de transformation de la ville, les
conseillers, dits ouvriers, les citoyens Ma
zas, Pagès, Lagadec, etc., présentent un
ordre du jour, aux termes duquel, dans le
cas où le projet serait adopté, une clause
serait inscrite au cahier des charges, inter
disant l’emploi de la main-d’œuvre étrangè
re et même celle des ouvriers français,
sauf le cas où les ouvriers d’Alger ne se
trouveraient pas en nombre suffisant.
Quelle fraternité touchante !
Autre contradiction :
En France, les intransigeants et les radi
caux sont, on le sait, des partisans passion
nés de l’indépendance communale.
Si on les écoutait, chaque commune for
merait un petit Etat séparé, ayant sa ma
gistrature à lui, sa police à lui, ses écoles à
lui, ses impôts, son armée, etc.
Assurément, ces prétentions sont exagé
rées.
Mais quelle différence avec nos Radicaux
algériens.
Corinne les ouvriers syndiqués qui par
lent de solidarité universelle, tout en ex
cluant du travail même leurs compatriotes,
nos radicaux nous entretiennent souvent de
la liberté des communes ; mais ils ne négli
gent Aucune occasion de faire appel à l’au
torité administrative contre les maires qui
leur déplaisent.
J’en ai souvent fait la remarque et je pour
rais eiter bien des exemples.
Ils vont même quelquefois plus loin et
s’en prennent aux institutions communales
qu’ils trouvent trop libérales et dont ils de
mandent la réforme dans un sens confor
me aux principes du Césarisme, comme le
Petit Colon, dans son dernier article intitu
lé : Les inspecteurs des ^ ommunes, sur le
quel je reviendrai un de ces jours, dans l’in
térêt de la liberté communale.
Informations algériennes
Hadj Taïeb ben El Adaci, conseiller mu
nicipal de l’Oued-Zénati, qui avait été con
damné par le tribunal correctionnel de
Con c tantine à six jours de prison, pour cor
ruption envers le chef du cabinet du préfet,
vient de voir sa peine élevée à deux mois
de prison par la cour d’appel d’Alger.
X
Le Barreau d’Oran a procédé hier au re
nouvellement annuel des membres du Con
seil de l’Ordre. Ont été élus : Bâtonnier, M*
Chollet ; trésorier, M° Carré ; secrétaire, M 8
Médard ; membres : MM. Bogroset Menaud.
Nous félicitons l’honorable M. Chollet et
le corps des avocats de l'excellent choix qui
vient d’être fait en sa personne.
X
Nous apprenons avec plaisir la nomina
tion comme interprète militaire auxiliaire
de M. Eugène Lelièvre, fils de notre excel
lent ami le docteur Lelièvre.
X
L’anniversaire du Quatre-Septembre sera
marqué cette année à Oran, par de gran
des réjouissances qui auront lieu sur la
place d’Armes. Les habitants du quartier y
ont projeté une fête qui promet d’être très
brillante.
Un comité est formé et a élu pour prési
dent l’honorable M. Mestayer, conseiller gé
néral. Le Maire de la ville a bien voulu ac
cepter lüP^résidence honoraire.
X
M. Grand-Jean, Joseph-Justin, instituteur
à Mondovi, sera élevé de la quatrième à la
troisième classe a partir du 1 er octobre pro
chain.
X
M. Tisserand, inspecteur des forêts à Au
male, est nommé inspecteur à Alger.
M. Sauce, inspecteur-adjoint à Montmédy
(Meuse), est nommé inspecteur à Aumale.
X
Yoici les officier- qui sont inscrits d’office
à la suite du tabienu d avancement, au titre
de la campagne du Tonkin, savoir :
Au grade de chef de bataillon :
M. Chéroutre, ea fitaiue au troisièmes
zouaves.
Au grade de capitaine :
M. Monteaux, lieutenant au même régi
ment.
oranaise
Oran, le 4 août 1885.
Nous sommes en pleine période électo
rale; cinq jours à peine nous séparent de la
date des élections municipales et pourtant
aucune liste en circulation, aucune discus
sion de nature à laisser soupçonner des
préoccupations électorales.
Cette apathie générale me laisse supposer
que c’est à peine si quatre ou cinq cents
citoyens iront dimanche aux urnes. C’est
d’ailleurs l’ouverture de la chasse, et tout
laisse supposer que le premier tour de scru
tin ne donnera aucun résultat.
Pourtant la situation de la ville, déjà si
critique, ne peut souffrir d’un pareil retard
qui, non-seulement paralyse les affaires,
mais encore’occasionne de nouvelles dépen
ses actuellement si onéreuses pour la com
mune.
Il incombe à la presse de signaler cet état
de choses, et d’inviter les électeurs à mettre
au plus tôt fin à une situation qui ne peut
durer sans porter une grave atteinte aux
affaires de la municipalité.
*
* *
L’état des esprits se ressent un peu de la
crise qui sévit sur notre commerce. Les
affaires sont prescue arrêtées. Des stocks
considérables de marchandises sont empilés
dans les magasins. Les acheteurs de l’inté
rieur n’osent encore venir faire leurs appro
visionnements. Ch qui p
pays et que la prospérité de l’un ne peut
exister sans le progrès de l’autre.
Feuilleton de LA DÉPÊCHE ALGÉRIENNE
23.
LA
PAR
Georges OHNET
Il oublia tout ce qui l’entourait, le bruit
croissant des conversations et des rires, l’a
nimation plus ardente des convives ; il se
figura qu’il était seul dans un coin de parc
silencieux et ombragé. Une silhouette de
jeune fille passa devant ses yeux, douce,
effacée, enveloppée d’un nuage léger, com
me dans un songe. Et c’était elle qu’il ai
mait, elle seule. Il se sentait prêt à tout
tenter pour l’obtenir. Rien ne lasserait sa
patience, rien n’aflaiblirait son courage. Il
finirait par user les résistances, par désar
mer les colères, et il serait heureux !
Il frissonna à cette pensée. Quelle douceur
ce serait de sentir la main fine de cette
adorable créature se poser sur son bras
tremblant ! Et quelle ivresse de marcher
dans la vie à ses côtés ! Ne voir qu’elle, ne
penser qu’à elle, se fondre éperdument en
elle, et n’avoir plus ni désir ni espoir qui
ne fût pas elle. Être son époux, ne la quitter
jamais que pour revenir plus vite et plus
tendrement à ses pieds, maître avide de se
faire esclave. La voir s’épanouir dans la
maternité triomphante, et avoir de cette
femme adorée des enfants, blonds, roses,
joyeux, impérieux et câlins comme elle, et
se sentir le cœur à peine assez grand pour
contenir tout l’amour que ces êtres divins
sauraient inspirer ! Afin que ces anges pus
sent vivre sans chagrin et sans souffrance,
il faudrait un paradis, quelque lieu béni
plein de lumière tiède, d’air embaumé et de
soleil radieux. Les arbres se pencheraient
pour caresser de leurs branches fleuries les
fronts délicats. Les oiseaux chanteraient des
chansons choisies pour charmer les oreilles
attentives. Le sable se ferait plus moelleux
pour ne pas blesser les petits pieds mutins
et joueurs. Rien de ce qui existait dans la
nature ne serait assez pur, assez beau, assez
bon pour Antoinette et les chérubins qui
naîtraient d’elle.
Une acclamation violente, retentissant
autour de Pascal, l’arracha à sa délicieuse
rêverie. Tous les convives de son père s’é
taient levés et, choquant leurs verres, bu
vaient à son heureux retour. Mme Leglo-
rieux, agitant ses frisures, lança à Carva-
jan un regard victorieux semblant lui dire :
— Vous l’avez ramené. A nous de le gar
der !
Fleury, après s’être courbé devant le
sous-préfet avec une basse obséquiosité,
pour s’excuser de la liberté grande, enta
mait un speech préparé à l’avance et qu’il
affectait d’ànonner, pour lui donner un air
d’improvisation. Il y faisait des allusions
mal déguisées à la lutte engagée entre Clai-
! refont et Carvajan, insinuant que le maire
de La Neuville avait été depuis de longues
années le défenseur des libertés communa
les menacées par les derniers représentants
de l’ancienne oppression féodale..,
— Un jour viendra, qui n’est pas loin
peut-être, dit-il en terminant, où, admira
ble prix de cette résistance triomphante, la
prospérité s’étendra sur tout le pays... Et
c’est à M. Carvajan, au maire de La Neu
ville. que ce résultat merveilleux sera dû...
Je n’en veux pas dire davantage... D’ail
leurs, vous m’avez compris... Joignez-vous
donc à moi, et buvons à la santé de notre
excellent ami.
— A sa santé !
— Marchez ! il est d’un bon bois ! Je m’y
connais, clama Tondeur.
Fleury avait dit vrai. Ils comprenaient
tous. Et les visages enflammés, les yeux
brillants, exprimaient bien la convoitise
éveillée. Tous ils étaient prêts pour la cu
rée. Car c’était de la Grande Marnière, tou
jours, qu’il s’agissait. La source de richesse
jaillirait de la colline, et chacun des asso
ciés à l’œuvre de ruine y puiserait large
ment.
Le silence se fit : Carvajan répondait. Il
était debout, grave, et de ses lèvres les pa
roles tombaient froides et mesurées. Il se
défendait modestement de l’honneur qu’on
voulait lui faire, en attribuant à sa faible
initiative les avantages précieux que l’ave
nir promettait. Il avait eu d’utiles colla
borateurs... D’ailleurs, il était satis
fait d’avoir obtenu l’approbation générale ;
car le but qu’il avait ea devaut les yeux,
c’était uniquement l’intérêt de ceux qui se
trouvaient autour de lui...
Il mit la main sur son cœur, avec une
onction d’apôtre prêt à s’immoler pour l’hu
manité. Transportés, ses convives applau
dirent de plus belle.
Pascal avait assisté à cette scène avec une
stupeur pleine de doute. Il se demanda s’il
rêvait, ou si, jusqu’alors, de fausses appa
rences ne l’a7aient pas abusé.
Mais la figure de singe de Fleury, con
tractée par un sourire silencieux, frappa son
regard. Il se rappela les confidences que le
greffier lui avait faites. Tout ce qu’il venait
de voir était donc une odieuse comédie ;
tout ce qu’il avait entendu était un éhonté
mensonge.
Le dégoût lui souleva le cœur. II se sou
vint de la vie libre, large et franche, qu’il
menait quelques semaines auparavant. Les
vastes plaines de l’Amérique s’ouvrirent de
nouveau devant lui, comme pour l’appeler
dans leurs solitudes verdoyantes et calmes.
Une sensation de repos frais et sain l’enve
loppa de ses douceurs caressantes. II lui
sembla que le vent parfumé des savanes
passait sur son front et calmait les orages
de sa pensée. Pourquoi était-il revenu ? Que
faisait-il dans cette fange ? Il retrouva en
lui-même sa force des anciens jours, alors
que rien au monde ne lui eût fait accepter
la complicité dans une infamie.
Un enthousiasme subit gonfla son cœur,
il se sentit maître de sa conscience, supé
rieur à tout ce qui l’entourait, sûr d’échap
per à l’avilissement qu’on songeait à lui
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