Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-10-13
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 13 octobre 1885 13 octobre 1885
Description : 1885/10/13 (A1,N89). 1885/10/13 (A1,N89).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t543225d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
Première année. —- N* 89.
LEGAL
numéro £5 o^rsitixwic&s. ^ ^ Mardi, 13 octobre 1885.
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIE
AT.fïÉRTE.
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois
. 4.50 9
Uc an
48
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
i
Tontes les communications relatives aux ananonees et réclamas m-
Algérie, être adressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la Répebtiipej MpU
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chei M. Gustave ALLARD, rue du Bausset, 4 ;
A Paris, chex MM. AUDBOURG et G !s , place de la Bourse, i Ô s
F* A NCR. .
6 12
24
Et par leurs correspondants.
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonces légales, judiciaires et autres
exigées pour la validité des procédures et eontr&ts.
Alger, le 12 Octobre 1885.
Le cruel déboire que vient d’éprouver M.
Marchai est tel, qu’il ne dédaigne plus d’al
ler chercher des arguments dans le journal
anti-républicain d’Alger, qu’il a toujours
affecté de considérer comme n’existant pas.
M. Marcha!, candidat malheureux, Louve,
comme l’Union africaine, — je ne crains
pas de nommer ce journal — qu’il n’est pas
possible de se contredire avec plus de dé
sinvolture que moi ?
Pourquoi ?
Parce qu’en 1876, jai combattu la candida
ture sénatoriale de M. Bourlier en faveur
de celle de M. Le Lièvre.
J’avoue ue pas comprendre comment un
changement d’opinion sur les personnes
peut être considéré comme une contradic
tion politique,
S'il en était ainsi, le môme reproche pour
rait être fait à tous les radicaux de France
et d’Algérie, comme â tous ceux qui s’occu
pent de la chose publique, sans en excepter
personne, pas même M. Basset, pas même
M. Charles Marchai.
Est-ce que M. Basset n’a pas combattu M.
Bertholon en soutenant M. Crémieux, et
combattu ensuite celui-ci après avoir soute
nu M. Bertholon ?
Est-ce que M. Marchai ne s’est pas hono
ré naguère d’être l’ami de M. Challemel-
Lacour et de grand nombre d’autres répu
blicains dits opportunistes, qu’il désavoue
aujourd’hui.
Est-ce qu’il n’a pas défendu jadis Etienne
et Dessoliers, qu’il combat actuellement.
Je ne l’accuse pourtant point de contra
diction à ce sujet.
Mais je vais plus loin, et j’ai le droit de
dire à M, Marcha! que lorsqu’il est dominé
par son ambition, il oublie aisément ceux
qui, même par ses amis, ont droit à son
concours.
M. Lelièvre, le doyen de la démocratie
algérienne, n’a pas démérité que je sache,
depuis six mois, et pourtant M. Marchai
n’a pas hésité à le sacrifier. Il s’est porté
contre lui.
Quant à moi, je ne connaissais pas, en
1876, M, Bourlier comme je le connais au
jourd’hui, il y a neuf ans de cela ; je l’ai vu
à l’œuvre depuis et je n’hésite pas à recon
naître que je m’étais trompé à son égard.
Mais mes opinions, aussi bien en politi
que générale qu’en matière d’administra
tion algérienne, n’ont pas varié. Ce que je
pensais il y a 20 ans, il y a 10 ans, je le
pense aujourd’hui.
J’étais républicain en 1848, en 1870, et le
suis aujourd’hui. Je suis libre-penseur
comme je l’étais jadis.
M. Marchai peut-il en dire autant après
avoir écrit la thèse sur la nécessité des reli
gions révélées, dont il y a quelques jours on
publiait des articles qu’il n’a pas démentis ?
Peut-il dire qu’il n’a pas varié dans ses
opinions, quand il se proclame anti-juif,
après avoir, en 1871, défendu avec beaucoup
de talent et plus de talent que moi la cause
israèlite ?
Evidemment non.
Qu’il me laisse donc tranquille avec mes
prétendues variations.
Tel je fus, tel je suis, et l’on ne réussira
jamais à me prouver le contraire.
informations algériennes
M. Puivareau, licencié ès-sciences physi-
siques et naturelles, maître répétiteur
(l re classe) au lycée de Clermont, est nommé
professeur de sciences (2 e chaire) au collège -
de Sètif (empioi,nouveau).
X
Les vins envoyés d’Algérie sont arrivés
au Havre le 13 septembre. Ils ont un bon
degré alcoolique (12°),une très jolie couleur,
un fruité excellent, du corps et de la tenue :
leur verdeur caractéristique promet qu’ils
seront de Donne garde.
Iis sont destinés à plusieurs négociants
de Bercy.
X
Par décision du 17 août dernier, M. le
Ministre des travaux publics a homologué,
à titre provisoire, le tarif présenté par la
Compagnie P.-L.-M., d’accord avec la
Compagnie Bône-Guelma et la Compagnie
Transatlantique, pour le transport à petite
vitesse des alcools, bitters, eaux-de-vie,
vins en fûts, fûts vides, oranges et citrons,
de l’Algérie.
X
M® Simon Pianelli, nouvellement nommé
défenseur à Bougie et M e Cassis, nommé
huissier à Bougie, ont prêté serment, ce
matin, au début de l’audience civile du Tri
bunal de notre ville.
X
On annonce que l’ouverture du tronçon
d’El-Achir à Sidi-Brahim, qui devait pro
chainement avoir lieu, sera peut-être re
tardé par suite du terrible incendie qui
vient de détruire, dans la nuit de samedi à
dimanche dernier, 40,000 traverses et tout le
matériel de l’association des constructeurs
d’El-Achir.
X
L ’Anjou, de la Société Générale des
Transports Maritimes à vapeur, venant de
Marseiile, est arrivé hier matin, à Bougie,
a été mis en observation, pour 24 heures,
dans la baie de Sidi-Yaya. Ce matin, il est
entré dans le port de commerce et s’est
amarré à la jetée Abd-eî-Kader.
Ce navire inaugure le nouveau service
direct de Marseille à Bougie et vice~versa,
depuis si longtemps réclamé, non-seulement
par le commerce de Bougie, mais encore
par celui, de Sélif et Bordj-bou-Arréridj.
X
On signale la rentrée en Tunisie et la
soumission d’une quinzaine de douars qui
josqu’à présent s’étaient tenus sur les fron
tières de la Tripolitaine.
DÉSISIEMENToToESiOLERS
Voici le texte de la lettre de désistement
de M. Dessoliers, que nous annonçait une
dépêche d’hier :
« Aux Electeurs du département d’Oran
» Mes chers concitoyens,
» Il me semble, ma personnalité mise â
part, que le vote du 4 octobre 'est fait pour
produire un véritable étonnement.
» En effet, jamais on ue vota moins pour
les principes, jamais on ne vota plus pour
les personnes. On a vu quantité de très ho
norables citoyens déposer dans l'urne une
liste où se trouvent accouplés deux noms,
Etienne et Sabatier, dont la signification est
diamétralement opposée.
» Cependant, les partis monarchiques ont
repris vigueur en Fiance, l’Algérin répu
blicaine court grand risque d être attaquée
au Parlement ; à quel moment donc de son
existence aura-t-elle eu un plus impérieux
besoin de posséder une représentation ho
mogène et unie ?
» Oui, je le déclare, dans le vote du 4 oc
tobre, il y a eu une confusion, il y a eu une
équivoque, dont après tout, je préfère être
la victime que le bénéficiaire, confusion et
équivoque que je n’ai jamais eu qualité
pour dissiper en temps utile, mais que j’ai
le droit et le devoir de relever, de signaler,
sans aucune arrière-pensée égoïste, en toute
franchise, comme une dernière preuve de
l’affection que je porte â mon pays.
» Quoiqu’il en soit, j’ai été mis en mino
rité au scrutin de ballottage. Fidèle aux
principes républicains dont je me suis tou
jours gardé do faire une exhibilion inté
ressée, mais que, par contre, j’ai su prati
quer dans les moments diffiçihs, que je
pratique aujourd’hui sans hésitation à mes
dépens, je me retire.
» Il me reste, avant de terminer, à renier-»
cier d’une façon générale les électeurs qui
ont bien voulu m'honorer de leur confian
ce, et d’une façon particulière la grande
capitale de l’Ouest, la ville d’Oran qui, en
me donnant la majorité alors que la vio
lence m’avait empêché de parler, a su
prouver qu’à ses yeux la force ne primait
jamais le droit.
» Vive la République !
b Vive l’Algérie !
» Vive ia France 1
» E. DESSOLIERS.»
RENIÉ
Notre article ayant pour titre : « Du Tou
pet » ôtait composé quand nous avons reçu-
copie de la lettre suivante adressée à M.
Aymé, conseiller général, par M. Sabatier ;
« Oran, le 8 octobre 1885*,
» Mon cher Monsieur A ymé,
» En réponse â la question que vous m’a
dressez, je vous déclare être resté absolu
ment étranger aux polémiques électorales do
l’Echo, et en part cuber aux articles écrits
contre M. Etienne.
t Je me suis efforcé — et j’ai conscience;
d’y avoir réussi pleinement • de me tenir
en dehors de toute responsabilité et de toute
vioiencé de langage. Il va de soi que je na
saurais à l’avenir m© départir d’une attitude
semblable.
» Ayant pris à parti, M. Dessoliers - et
uniquement lui, dans la lutte qui se ter
mine, je suis resté vis-à-vis de M. Etienne
Feuilleton de la Dépêche Algérienne
N° 16.
LES
PAR
L EÂC0T et G. mmi (,)
PREMIÈRE PARTIE
DES DEUX TESTAMENTS
M. de Trèmêur, très embarrassé, ne per
dait pas un détail de cette scène terrible.
Le sort de cette malheureuse jeune femme
l’intéressait plus qu’il n’aurait su le dire. Il
ne pouvait détacher les yeux de son divin
visage ; elie était si adorablement jolie dans
sa douleur, dans ses larmes ; le capitaine
étaitsi réellement dur pour ce pauvre être qui
venait à lui, que le due sentit son cœur se
fendre et qu’il prit tout d’uu coup Cressin
en aversion.
Ce fut bien pis encore quand, après un
silence, il entendit le capitaine dire d’un
ton sec à la jeune femme qui paraissait
attendre, anxieuse, l’arrêt de son maître :
(I) Reproduction Interdite aux journaux qui n’ont
pa» traité avec la Société des Gens de Lettres.
— Eh bien, maintenant que vous avez
accompli cette belle équipée, maintenant
que vous voilà ici, que voulez-vous que je
fasse de vous ?
M. de Trémeur ne fut pas maître de son
mouvement ; il s’avança malgré lui jus
qu’auprès du capitaine et ce fut d’une voix
tremblante d’émotion et de colère qu’il ré
pondit à la question qui venait d’être ainsi
cruellement posée :
— Bien malgré moi, capitaine, dit-il, j’ai
assisté à votre entretien, Permettez-moi de
vous dire que c’est mal de répondre aussi
durement à une pauvre femme qui vient
vous demander aide et appui.
Puis, se tournant vers Suzanne, qui le re
gardait avec des yeux étonnés et embarras
sés :
— Je pense, madame, lui dit-il, que vous
voudrez bien accepter Fhospitalité au châ
teau de Trémeur tout le temps que cela vous
sera nécessaire et agréable.
Puis se tournant vers le vieux valet de
chambre qui venait d’entrer dans la cour
sur un cheval de fermier, il dit :
— Alain, couduis madame à un logis du
château, et veille à ce qu’elle ne manque de
rien.
Il s’adressa alors de nouveau à la jeune
femme, qui cherchait à murmurer un re-
mercîment :
— J’espère, madame, que vous voudrez
bien, ainsi que votre frère, me faire l’hon
neur de dîner avec moi.
Et sans s’adresser au capitaine, sans at
tendre la réponse de celui-ci, le duc gravit
l’escalier d’honneur et pénétra dans ses ap
partements
Le cœur lui battait. Cette jeune femme si
belle, cette infortune si complète, tout cela
avait fait sur lui une impression vive et pro
fonde. Cette impression devint plus forte
encore lorsqu'en arrivant dans ia salle à
manger, quelques instants plus tard, il
aperçut Suzanne qui vint à sa rencontre.
Tête nue, elie était mille fois plus char
mante. Ses magnifiques cheveux, roulés en
grosses torsades, encadraient sa tête sculp
turale ; puis ses yeux noirs, étranges, per
dus par moments sous le velours des cils,
perçants au contraire lorsqu’ils regardaient
en face, remuaient le duc jusqu'au fond du
cœur.
Le capitaine s’assit à la gauche de M. de
Trémeur, tandis que Suzanne prenait place
à sa droite. Il était d’une humeur de dogue,
ce bon capitaine, mangeant le nez dans son
assiette et répondant par monosyllabes aux
politesses du châtelain. Celui-ci parla donc
tout le temps du repas avec Suzanne. Puis,
en se maintenant sur la grande réserve,
celle-ci, répondant à plusieurs questions de
M. de Trémeur, prouva qu’elle avait de l’es
prit et du tact. Lorsque l’on sertit de table,
M. de Trémeur était enthousiasmé de la
jeune femme.
— Capitaine, dit-il à Cressin, voulez-vous
conduire madame votre sœur chez elle et
voulez-vous lui répéter aussi que tout le
temps qu’elle voudrâ demeurer à Trémeur,
elle me fera le plus grand plaisir.
Le capitaine s'inclina sans mot dire, tan
dis que M. de Trémeur prenait congé de la
jeune femme.
Celle-ci suivit son frère qui la précédait
un flambeau à la main.
Lorsqu’ils furent arrivés dans l’appar
tement destiné à la voyageuse, le capitaine
ferma brusquement la porte et s’assura que
personne ne pouvait l’entendre; sa physio
nomie changea brusquement et s’épanouit;
sous un sourire railleur, puis regardant sa,
prêt fidua sœur bien en face :
- Maintenant, dit-il, nous le tenons I.. *
VII
LES DEUX COMPLICES.
Le lendemain de ce jour, le duc déjeunait
seul dans la première salle à manger où
nous avons déjà introduit le lecteur.
M. de Trémeur était triste. Il se voyait
vieux, avec une santé ruinée, avec un arrié
ré de chagrin lourd à porter. Il songeait à
sa solitude, â ce monde qu’il avait pris en
horreur, et malgré tout cela il se sentait
aussi une jeunesse de cœur, une ardeur
inouïes.
Oui, il sentait tout cela, et involontaire
ment les grands yeux noirs de la jeune
femme qu’il avait rencontrée la veille d’une
façon si fortuite et, on peut te dire, si roma
nesque, passaient à tout instant devant ses
yeux.
Etait-il donc destiné à finir sa triste vie
sans un être ami à ses côtés ? et étalt-il donc,,
condamné à vivre seul, oublié, perdu ?
LEGAL
numéro £5 o^rsitixwic&s. ^ ^ Mardi, 13 octobre 1885.
JOURNAL POLITIQUE QUOTIDIE
AT.fïÉRTE.
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois
. 4.50 9
Uc an
48
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
i
Tontes les communications relatives aux ananonees et réclamas m-
Algérie, être adressées à l’AGENCE HAVAS, boulevard de la Répebtiipej MpU
En France, les communications sont reçues savoir :
A Marseille, chei M. Gustave ALLARD, rue du Bausset, 4 ;
A Paris, chex MM. AUDBOURG et G !s , place de la Bourse, i Ô s
F* A NCR. .
6 12
24
Et par leurs correspondants.
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion des annonces légales, judiciaires et autres
exigées pour la validité des procédures et eontr&ts.
Alger, le 12 Octobre 1885.
Le cruel déboire que vient d’éprouver M.
Marchai est tel, qu’il ne dédaigne plus d’al
ler chercher des arguments dans le journal
anti-républicain d’Alger, qu’il a toujours
affecté de considérer comme n’existant pas.
M. Marcha!, candidat malheureux, Louve,
comme l’Union africaine, — je ne crains
pas de nommer ce journal — qu’il n’est pas
possible de se contredire avec plus de dé
sinvolture que moi ?
Pourquoi ?
Parce qu’en 1876, jai combattu la candida
ture sénatoriale de M. Bourlier en faveur
de celle de M. Le Lièvre.
J’avoue ue pas comprendre comment un
changement d’opinion sur les personnes
peut être considéré comme une contradic
tion politique,
S'il en était ainsi, le môme reproche pour
rait être fait à tous les radicaux de France
et d’Algérie, comme â tous ceux qui s’occu
pent de la chose publique, sans en excepter
personne, pas même M. Basset, pas même
M. Charles Marchai.
Est-ce que M. Basset n’a pas combattu M.
Bertholon en soutenant M. Crémieux, et
combattu ensuite celui-ci après avoir soute
nu M. Bertholon ?
Est-ce que M. Marchai ne s’est pas hono
ré naguère d’être l’ami de M. Challemel-
Lacour et de grand nombre d’autres répu
blicains dits opportunistes, qu’il désavoue
aujourd’hui.
Est-ce qu’il n’a pas défendu jadis Etienne
et Dessoliers, qu’il combat actuellement.
Je ne l’accuse pourtant point de contra
diction à ce sujet.
Mais je vais plus loin, et j’ai le droit de
dire à M, Marcha! que lorsqu’il est dominé
par son ambition, il oublie aisément ceux
qui, même par ses amis, ont droit à son
concours.
M. Lelièvre, le doyen de la démocratie
algérienne, n’a pas démérité que je sache,
depuis six mois, et pourtant M. Marchai
n’a pas hésité à le sacrifier. Il s’est porté
contre lui.
Quant à moi, je ne connaissais pas, en
1876, M, Bourlier comme je le connais au
jourd’hui, il y a neuf ans de cela ; je l’ai vu
à l’œuvre depuis et je n’hésite pas à recon
naître que je m’étais trompé à son égard.
Mais mes opinions, aussi bien en politi
que générale qu’en matière d’administra
tion algérienne, n’ont pas varié. Ce que je
pensais il y a 20 ans, il y a 10 ans, je le
pense aujourd’hui.
J’étais républicain en 1848, en 1870, et le
suis aujourd’hui. Je suis libre-penseur
comme je l’étais jadis.
M. Marchai peut-il en dire autant après
avoir écrit la thèse sur la nécessité des reli
gions révélées, dont il y a quelques jours on
publiait des articles qu’il n’a pas démentis ?
Peut-il dire qu’il n’a pas varié dans ses
opinions, quand il se proclame anti-juif,
après avoir, en 1871, défendu avec beaucoup
de talent et plus de talent que moi la cause
israèlite ?
Evidemment non.
Qu’il me laisse donc tranquille avec mes
prétendues variations.
Tel je fus, tel je suis, et l’on ne réussira
jamais à me prouver le contraire.
informations algériennes
M. Puivareau, licencié ès-sciences physi-
siques et naturelles, maître répétiteur
(l re classe) au lycée de Clermont, est nommé
professeur de sciences (2 e chaire) au collège -
de Sètif (empioi,nouveau).
X
Les vins envoyés d’Algérie sont arrivés
au Havre le 13 septembre. Ils ont un bon
degré alcoolique (12°),une très jolie couleur,
un fruité excellent, du corps et de la tenue :
leur verdeur caractéristique promet qu’ils
seront de Donne garde.
Iis sont destinés à plusieurs négociants
de Bercy.
X
Par décision du 17 août dernier, M. le
Ministre des travaux publics a homologué,
à titre provisoire, le tarif présenté par la
Compagnie P.-L.-M., d’accord avec la
Compagnie Bône-Guelma et la Compagnie
Transatlantique, pour le transport à petite
vitesse des alcools, bitters, eaux-de-vie,
vins en fûts, fûts vides, oranges et citrons,
de l’Algérie.
X
M® Simon Pianelli, nouvellement nommé
défenseur à Bougie et M e Cassis, nommé
huissier à Bougie, ont prêté serment, ce
matin, au début de l’audience civile du Tri
bunal de notre ville.
X
On annonce que l’ouverture du tronçon
d’El-Achir à Sidi-Brahim, qui devait pro
chainement avoir lieu, sera peut-être re
tardé par suite du terrible incendie qui
vient de détruire, dans la nuit de samedi à
dimanche dernier, 40,000 traverses et tout le
matériel de l’association des constructeurs
d’El-Achir.
X
L ’Anjou, de la Société Générale des
Transports Maritimes à vapeur, venant de
Marseiile, est arrivé hier matin, à Bougie,
a été mis en observation, pour 24 heures,
dans la baie de Sidi-Yaya. Ce matin, il est
entré dans le port de commerce et s’est
amarré à la jetée Abd-eî-Kader.
Ce navire inaugure le nouveau service
direct de Marseille à Bougie et vice~versa,
depuis si longtemps réclamé, non-seulement
par le commerce de Bougie, mais encore
par celui, de Sélif et Bordj-bou-Arréridj.
X
On signale la rentrée en Tunisie et la
soumission d’une quinzaine de douars qui
josqu’à présent s’étaient tenus sur les fron
tières de la Tripolitaine.
DÉSISIEMENToToESiOLERS
Voici le texte de la lettre de désistement
de M. Dessoliers, que nous annonçait une
dépêche d’hier :
« Aux Electeurs du département d’Oran
» Mes chers concitoyens,
» Il me semble, ma personnalité mise â
part, que le vote du 4 octobre 'est fait pour
produire un véritable étonnement.
» En effet, jamais on ue vota moins pour
les principes, jamais on ne vota plus pour
les personnes. On a vu quantité de très ho
norables citoyens déposer dans l'urne une
liste où se trouvent accouplés deux noms,
Etienne et Sabatier, dont la signification est
diamétralement opposée.
» Cependant, les partis monarchiques ont
repris vigueur en Fiance, l’Algérin répu
blicaine court grand risque d être attaquée
au Parlement ; à quel moment donc de son
existence aura-t-elle eu un plus impérieux
besoin de posséder une représentation ho
mogène et unie ?
» Oui, je le déclare, dans le vote du 4 oc
tobre, il y a eu une confusion, il y a eu une
équivoque, dont après tout, je préfère être
la victime que le bénéficiaire, confusion et
équivoque que je n’ai jamais eu qualité
pour dissiper en temps utile, mais que j’ai
le droit et le devoir de relever, de signaler,
sans aucune arrière-pensée égoïste, en toute
franchise, comme une dernière preuve de
l’affection que je porte â mon pays.
» Quoiqu’il en soit, j’ai été mis en mino
rité au scrutin de ballottage. Fidèle aux
principes républicains dont je me suis tou
jours gardé do faire une exhibilion inté
ressée, mais que, par contre, j’ai su prati
quer dans les moments diffiçihs, que je
pratique aujourd’hui sans hésitation à mes
dépens, je me retire.
» Il me reste, avant de terminer, à renier-»
cier d’une façon générale les électeurs qui
ont bien voulu m'honorer de leur confian
ce, et d’une façon particulière la grande
capitale de l’Ouest, la ville d’Oran qui, en
me donnant la majorité alors que la vio
lence m’avait empêché de parler, a su
prouver qu’à ses yeux la force ne primait
jamais le droit.
» Vive la République !
b Vive l’Algérie !
» Vive ia France 1
» E. DESSOLIERS.»
RENIÉ
Notre article ayant pour titre : « Du Tou
pet » ôtait composé quand nous avons reçu-
copie de la lettre suivante adressée à M.
Aymé, conseiller général, par M. Sabatier ;
« Oran, le 8 octobre 1885*,
» Mon cher Monsieur A ymé,
» En réponse â la question que vous m’a
dressez, je vous déclare être resté absolu
ment étranger aux polémiques électorales do
l’Echo, et en part cuber aux articles écrits
contre M. Etienne.
t Je me suis efforcé — et j’ai conscience;
d’y avoir réussi pleinement • de me tenir
en dehors de toute responsabilité et de toute
vioiencé de langage. Il va de soi que je na
saurais à l’avenir m© départir d’une attitude
semblable.
» Ayant pris à parti, M. Dessoliers - et
uniquement lui, dans la lutte qui se ter
mine, je suis resté vis-à-vis de M. Etienne
Feuilleton de la Dépêche Algérienne
N° 16.
LES
PAR
L EÂC0T et G. mmi (,)
PREMIÈRE PARTIE
DES DEUX TESTAMENTS
M. de Trèmêur, très embarrassé, ne per
dait pas un détail de cette scène terrible.
Le sort de cette malheureuse jeune femme
l’intéressait plus qu’il n’aurait su le dire. Il
ne pouvait détacher les yeux de son divin
visage ; elie était si adorablement jolie dans
sa douleur, dans ses larmes ; le capitaine
étaitsi réellement dur pour ce pauvre être qui
venait à lui, que le due sentit son cœur se
fendre et qu’il prit tout d’uu coup Cressin
en aversion.
Ce fut bien pis encore quand, après un
silence, il entendit le capitaine dire d’un
ton sec à la jeune femme qui paraissait
attendre, anxieuse, l’arrêt de son maître :
(I) Reproduction Interdite aux journaux qui n’ont
pa» traité avec la Société des Gens de Lettres.
— Eh bien, maintenant que vous avez
accompli cette belle équipée, maintenant
que vous voilà ici, que voulez-vous que je
fasse de vous ?
M. de Trémeur ne fut pas maître de son
mouvement ; il s’avança malgré lui jus
qu’auprès du capitaine et ce fut d’une voix
tremblante d’émotion et de colère qu’il ré
pondit à la question qui venait d’être ainsi
cruellement posée :
— Bien malgré moi, capitaine, dit-il, j’ai
assisté à votre entretien, Permettez-moi de
vous dire que c’est mal de répondre aussi
durement à une pauvre femme qui vient
vous demander aide et appui.
Puis, se tournant vers Suzanne, qui le re
gardait avec des yeux étonnés et embarras
sés :
— Je pense, madame, lui dit-il, que vous
voudrez bien accepter Fhospitalité au châ
teau de Trémeur tout le temps que cela vous
sera nécessaire et agréable.
Puis se tournant vers le vieux valet de
chambre qui venait d’entrer dans la cour
sur un cheval de fermier, il dit :
— Alain, couduis madame à un logis du
château, et veille à ce qu’elle ne manque de
rien.
Il s’adressa alors de nouveau à la jeune
femme, qui cherchait à murmurer un re-
mercîment :
— J’espère, madame, que vous voudrez
bien, ainsi que votre frère, me faire l’hon
neur de dîner avec moi.
Et sans s’adresser au capitaine, sans at
tendre la réponse de celui-ci, le duc gravit
l’escalier d’honneur et pénétra dans ses ap
partements
Le cœur lui battait. Cette jeune femme si
belle, cette infortune si complète, tout cela
avait fait sur lui une impression vive et pro
fonde. Cette impression devint plus forte
encore lorsqu'en arrivant dans ia salle à
manger, quelques instants plus tard, il
aperçut Suzanne qui vint à sa rencontre.
Tête nue, elie était mille fois plus char
mante. Ses magnifiques cheveux, roulés en
grosses torsades, encadraient sa tête sculp
turale ; puis ses yeux noirs, étranges, per
dus par moments sous le velours des cils,
perçants au contraire lorsqu’ils regardaient
en face, remuaient le duc jusqu'au fond du
cœur.
Le capitaine s’assit à la gauche de M. de
Trémeur, tandis que Suzanne prenait place
à sa droite. Il était d’une humeur de dogue,
ce bon capitaine, mangeant le nez dans son
assiette et répondant par monosyllabes aux
politesses du châtelain. Celui-ci parla donc
tout le temps du repas avec Suzanne. Puis,
en se maintenant sur la grande réserve,
celle-ci, répondant à plusieurs questions de
M. de Trémeur, prouva qu’elle avait de l’es
prit et du tact. Lorsque l’on sertit de table,
M. de Trémeur était enthousiasmé de la
jeune femme.
— Capitaine, dit-il à Cressin, voulez-vous
conduire madame votre sœur chez elle et
voulez-vous lui répéter aussi que tout le
temps qu’elle voudrâ demeurer à Trémeur,
elle me fera le plus grand plaisir.
Le capitaine s'inclina sans mot dire, tan
dis que M. de Trémeur prenait congé de la
jeune femme.
Celle-ci suivit son frère qui la précédait
un flambeau à la main.
Lorsqu’ils furent arrivés dans l’appar
tement destiné à la voyageuse, le capitaine
ferma brusquement la porte et s’assura que
personne ne pouvait l’entendre; sa physio
nomie changea brusquement et s’épanouit;
sous un sourire railleur, puis regardant sa,
prêt fidua sœur bien en face :
- Maintenant, dit-il, nous le tenons I.. *
VII
LES DEUX COMPLICES.
Le lendemain de ce jour, le duc déjeunait
seul dans la première salle à manger où
nous avons déjà introduit le lecteur.
M. de Trémeur était triste. Il se voyait
vieux, avec une santé ruinée, avec un arrié
ré de chagrin lourd à porter. Il songeait à
sa solitude, â ce monde qu’il avait pris en
horreur, et malgré tout cela il se sentait
aussi une jeunesse de cœur, une ardeur
inouïes.
Oui, il sentait tout cela, et involontaire
ment les grands yeux noirs de la jeune
femme qu’il avait rencontrée la veille d’une
façon si fortuite et, on peut te dire, si roma
nesque, passaient à tout instant devant ses
yeux.
Etait-il donc destiné à finir sa triste vie
sans un être ami à ses côtés ? et étalt-il donc,,
condamné à vivre seul, oublié, perdu ?
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