Titre : La Dépêche algérienne : journal politique quotidien
Éditeur : [s.n.] (Alger)
Date d'édition : 1885-10-06
Contributeur : Robe, Eugène (1890-1970). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32755912k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 06 octobre 1885 06 octobre 1885
Description : 1885/10/06 (A1,N82). 1885/10/06 (A1,N82).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t5432184
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-10449
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/04/2021
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(VAI.GEK
Première année. — N" 82.
•g" 1 * I" —"I, I I.
Le numéro 25 oentime^.
hVA'O'l LKliAL
ÿÿ ^ Mardi, 6 octobre 1885.
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois
ALGÉRIE 4.50 9
France...— ®
Un an
48
24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les eommnnieations relatives aux annnotees et Mcïaset doi*«&S» **
Algérie, être adressées à T AGENCE HAVAS, boulevard de la RéprJSidipw,, Alger c
Sn France, les communications sont reçues sacre» :
A Mabseillb, chez M. Gdstate ALLARD, rue dn Bausset, 4 ;
A Paris, che* MM. AUDBÜURG et G>«, place de la Bourse, SG,
Et par leurs conv.spondants.
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion, des annonces légales, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédAires et contrat®.
Alger, le 5 Octobre 1885.
Comité Centrai Républicain
Élections législatives du 4 octobre 1885.
DÉPUTÉ SORTANT
BOURLIER
CONSEILLER GÉNÉRAL
Candidats Républicains
LA DIVISION, VOILA L'ENNEtil !
La division, voilà l'ennemi !
En parodiant une phrase célèbre de Gam
betta, nous voulons signaler un danger plus
grand encore que l’intransigeance, parce
qu’il est plus imminent.
Le parti de l’intransigeance, ce nouvel
Antèe, n’a pas de racines dans la nation;
les efforts que tentent ceux qui ont intérêt
à voir triompher ses partisans, dans le but
de renverser la République, ne réussiront
pas.
C’est donc bien moins sur les adeptes de
l’intransigeance qui, avec le banc et l’ar-
rière-banc de Durs électeurs, comptent un
millier de voit; au maximum, que sur les
indisciplinés du parti de l’Union républi
caine qu’il faut tenir l’œil ouvert.
La division, voilà l’ennemi !
Voilà ce que nous ne cesserons de répéter
avec acharnement : R erons-nous écouté ?
Nous ne le savons ; rien de tenace comme
celui qui court après sa ruiue.
Nous savons bien que les ennemis de la
République progressiste ne manquent pas
de beaux raisonnements, pour soutenir leurs
théories. Et quand nous appelons ennemis
de la République ceux qui, par esprit de
parti-pris, combattent notre politique, nous
n’exagérons pas ! Un seul mot suffira pour
établir notre assertion : Par quelle presse
le gouvernement progressiste a-t-il toujours
été combattu ? Par Y Intransigeant, la Jus
tice, le Soleil, l’Univers et le Pays !
Qu’y a-t-il donc de commua entre intran
sigeants, orléanistes, légitimistes et bona
partistes pour que ces quatre partis unissent
leurs efforts contre la volonté nationale,
représentée au dernier Parlement par le
groupe de l’Union républicaine ?
Relater ce fait pris au hasard parmi tant
d’autres, suffit à tout cœur véritablement
français, à tout esprit sincèrement républi
cain, pour apercevoir le danger qui mena
cerait la démocratie, si le parti de l'Union
républicaine divisé par des arguties, plus
ou moins acceptables, venait à se désu
nir.
Il résulte de ce qui précède que l’avène
ment de l’intransigeance au pouvoir, entraî
nerait la chute de la République, d’abord
parce que, dans ce parti, ils sont incapables
de gouverner, ensuite parce qu’ils seraient
obsédés par la réaction, qui demanderait le
prix des services qu’elle leur aurait rendus,
enfin, ils seraient débordés par le parti so
cialiste qui, à son tour, voudrait s’emparer
des affaires.
L’histoire est là pour nous montrer que,
par deux fois, les sœurs aînées de notre
jeune République ont succombé sous les
effets d’une confiance trop naïve, la même
que celle qui caractérise aujourd’hui le parti
de l’Union républicaine. Ces exemples de
Thistoire doivent nous rendre, pour le
moins, réservés et circonspects.
Les réformes si ardemment désirées par
tout le parti républicain se feront, et certes
elles seraient faites depuis longtemps déjà,
si la majorité républicaine ne s’était ressen
tie des secousses et des tiraillements qu’ont
engendrés, au sein même du Parlement,
des théories dangereuses dans leur applica
tion immédiate.
A. Dumont.
Feuilleton de la Dépêche Algérienne
N° 10.
PREMIÈRE PARTIE
LES DEUX TESTAMENTS
On se trompe, on se met dedans, si l’on
peut employer cette expression aussi trivia
le que consacrée, avec un suprême sans-gê
ne, et tel gentleman qui trouve que vous
prendre un billet de mille francs dans votre
poche est une action méritant le bagne, vous
anrossera sans le moindre scrupule pour
uue somme beaucoup plus forte.
On pose ceci en principe : « Vous achetez
des chevaux, vous devez vous y connaître,
tant pis pour vous si vous êtes pris 1 * Et
souvent la victime du marché déloyal n’au
ra garde de se plaindre, car les rieurs ne
seront point de son côté.
Ajoutez à cela que l’on est arrivé à jouer
(1) Reproduction interdite aux; journaux qui n’ont
9 M traité avec la Société des Gens de Lettres,
de véritables tours d’escamotage et de pres
tige, en parant, en déguisant et en maquil
lant les chevaux. Il y a une multitude da
trucs, depuis la teintera, l’épilation,d’autres
encore pour transformer un cheval et le
rendre méconnaissable selon les besoins de
la situation.
Que l’on nous pardonne une légère di
gression, une anecdote venant à l’appui - de
ce qui précède, -anecdote dont nous garan
tissons l’authenticité.
Deux frères qui ont laissé en Bretagne de
grands souvenirs comme sportmens et ve
neurs, le baron et le chevalier M..., habi
taient deux châteaux séparés l’un de l’autre
par une courte distance. Le baron et le
chevalier chassaient souvent ensemble,mon
taient à cheval ensemble, s’aimaient beau
coup, et malgré cela se jouaient entre eux
tous les plus vilains tours de maquignonnage.
Tant pis pour celui qui était pr s !
Certain jour, le baron arrive à la chasse
montant une jument grise admirable Le
chevalier en a aussitôt envie ; il veut l’ache
ter à son frère, celui-ci résiste. Bref, le che
valier fiait par devenir acquéreur de la bête
moyennant un prix très élevé. IJ emmène
sa conquête au plus vite. Le lendemain, il
est tout surpris de trouver dans l’écurie une
bête hors d âge, ruinée, perdue de jambes,
etc., etc. Bref, ie frère l’avait voiè comme
dans un bois.
Quelques mois se passent. Un matin le
chevalier arrive chez son frère avec un do-
ghart auquel est attelé une jument alezane
à balzane blanche du plus bel aspect. La
la jy IN
Quand ces lignes paraîtront, le résultat
électoral sera connu, le suffrage universel
aura prononcé son verdict devant lequel il
faudra s’incliner, fût-il même une victoire
pour ceux qui, pour satisfaire leur appétit,
leur ambition, ne craignent pas de faire
appel aux haines de races et de se
livrer à des excitations contre une classe
nombreuse de citoyens français. A la der
nière heure, ils ont osé se procîemer anti
juifs, espérant ainsi, raccrocher quelques
suffrages. Les radicaux vieux avaient com
mencé, les jeunes n'ont pas lardé à les imi
ter.
Dans leur haine stupide, ou plutôt simu
lée, ils en sont à se quereller sur la date de
leurs opinions anti-sémitiques. M. Charles
Marchai, qui a levé le masque et ne veut
plus garder aucun ménagement envers celui
qu’il appelait le vénéré sénateur, quand cela
ne pouvait lui nuire, reproche â M Le Liè
vre d’avoir èié, en 1871. avec Basset et Fias-
selière, grands amis des juifs et d’avoir
même abusé de son inexpérience en lui fai
sant écrire, à l’époque, divers articles en
faveur de la naturalisation. Met re sur le
dos de ses adversaires les variations d’opi
nion qu’on est obligé de confesser, c’est du
jésuitisme élevé à la suprême puissance.
Samary qui accompagne avec une tringle
son ami Marchai jouant ds la mandoline, ne
pouvait faire autrement que de se déclarer,
lui aussi, anti-juif.
On lui a dit que c’était le meilleur moyen
pour obtenir quelques voix, et il ta cru.
C’est un naïf.
Et ie docteur Trolard ?
Est-ce bien réellement un anti juif ? Cela
m’étonnerait de la part de cet homme d’es
prit, et je crois bien qu’on a quelque peu
abusé de son nom.
Qu’il ait été bombardé candidat malgré
lui, cela peut se concevoir à la rigueur. Les
électeurs peuvent lui dire : Nous a ou s con
fiance en vous, nous vous croyons utile à
notre cause et nous vous nommons sans nous
inquiéter si cela vous plaît ou non. Vous
vous devez à votre propre parti.
[ Mais lui faire aire sans le consulter qu’il
bête est indomptable : elle menaça de tout
briser ; de plus, elle steppe à grandes al
lures.
Après un marché longuement débattu, le
baron de M... finit par décider son frère â
lui céder l’alezane.
— Monsieur le baron, s’écrie un domesti
que effaré en réveillant son maître ie lende
main matin. L’alezane qui déteint.
C’était la jument jaune !
Mais revenons au duc de Trémeur.
Le duc s’était donc arrêté devant une pai
re de chevaux pie.
Ils appartenaient â M. de Marcy, qui en
voulait un prix élevé. M de Trémeur, char
mé par la parité parfaite des deux bêtes,
allait se laisser séduire, quand nue voix
derrière lui se fit entendre eu disant, ces
mots, qui firent bondir le propriétaire des
poneys :
— Mais ces deux chevaux ne sont point
pareils.
— Comment le savez-vous ? demanda M.
de Marcy, rouge de colère.
— Parbleu ! s’écria le capitaine Cressîn,
car c’était lui, c’est bien simple : il y en a
un des deux qui est teint.
— Ne l’écoutez pas, monsieur le duc, re
prit vivement le propriétaire, furieux contre
cet intrus qui venait se jeter au travers d’un
marché qu’il croyait déjà conclu, ne l’écou
tez pas, et vous, monsieur, tâchez donc ae
passer votre chemin et ds vous mêler de vos
affaires.
— Mes affaires, riposta sèchement le ca
pitaine, consistent en ce moment à empêcher
est candidat anti-juif, c’est pousser un peu
loin l’amour de la fantaisie politique.
Mais avec les radicaux d’Alger, qu’ils
s dent vieux ou jeunes, rien ne doit sur
prendre. Il faut en rire, voilà tout.
aforaations algérienne!
Le Comice agricole de Tiemcen vient d’or
ganiser un Concours agricole et viticole
pour l’arrondissement, Concours qui aura
lieu dans cette ville les 25 et 26 octobre.
X
Le Pvbli&ur Oranais, transformant sou
format et son titre, paraîtra la semaine
prochaine sous celui de Y Algérie Vinicole
et Commerciale, M. Edouard Broc, direc
teur de Y Algérie Commerciale, en prend la
direction.
X
Nous apprenons que la compagnie Fran
co-Algérienne a vendu sa récolte de vin de
celte année au prix de 55 francs la borde
laise.
Elle en a vendu une partie de 3,000 bor
delaises.
X
L’adjudication des travaux pour la re
construction du village européen d’Aïrt-el-
Hammam a eu lieu le lundi, 28 septembre
dernier, à la sous-préfecture de Tizi-Ouzou.
Hu’t entrepreneurs ont concouru à cette
adjudication; qui a été définitivement tran
chée au profit do M. Malhays, de Tizi-Ou
zo a, moyennant un rabais.
X
Des bruits de choléra avaient r-ncore cir«.
eu è dam ces derniers temps. On signalait
i’épidémie dans la région de De.llys, Rébe-
val, Bois-Sacré, Bordj -Ménaïel.
Voici ce que nous avons recueilli à ce su
jet :
Dernièrement, un indigène succombait
aprè:. quelques heures de souffrances. Les
indigènes, effrayés se iiv-aienî, pour écarter
le chüan. à usa jeûna ininterrompu de 48-
heures. Ce léger carême passé, ce fut à qui
absorberait la plus grande quantité de figues
de Barbarie. Il en résulta nécessairement
quelques indispositions, dont quelques-unes
assez sérieuses ; mais nous sommes en me
sure de donner l’assurance qu’aucun cas da
choléra ne s’est produit clans la région.
u* galant homme d’être en rossé. Je dis que
ce.ch^val-là esl.teint, teint avec d- l’acide
sulfurique, pour ressembler â l’autre. Oh 1.
je connais ce procédé.
M. de Marcy, confus, emmena ses poneys,
poursuivi parles éclats de rire des amateurs
qu ’ cette scène avait al tirés. Les mêmes
amateurs voulaient faire une ovation au ca
ps! due,mais celui-ci s’e : • àva discrète ment.
Il fut rejoint sur le champ de foire par le
duc qui le remercia chaleureusement du
service qu’il venait de lui rendre Le capi
taine lui répondit que la chose n’en valait
pas la peine. Luis, entre ies deux hommes,
la conversation s’engagea sur le sujet
inépuisable du sport. M. de Trémeur vit
immédiatement qu il avait devant lui un fin
connaisseur : il lui demanda quelques con
seils po r les. achats qu’il voulait faire, s’en
trouva bien et invita le capitaine à venir
visiter les écuries de Trémeur. Le lende
main, le capitaine se rendit au château, et
bref, le duc, ayant appris que ce militaire
sortait de l’armée fatigué du service, qu’il
cherchait une situation dans laquelle ses
hautes connaissances hippiques pouvaient
êire utilisées, ayant renvoyé depuis peu son
chef d’ecuries, qui le volait indignement,
offrit timidement au capitaine Cressin d’en
trer au château de Trémeur, non pas comme
un vulgaire employé ou serviteur, mais bien
avec une situation toute spéciale, des
appointements élevés, une position ea
somme lucrative et enviable.
Le capitaine se fit un peu tirer l'oreille ;
il était peu disposé à aliéner cette chèrQ
(VAI.GEK
Première année. — N" 82.
•g" 1 * I" —"I, I I.
Le numéro 25 oentime^.
hVA'O'l LKliAL
ÿÿ ^ Mardi, 6 octobre 1885.
ABONNEMENTS :
Trois mois Six mois
ALGÉRIE 4.50 9
France...— ®
Un an
48
24
ADMINISTRATION ET RÉDACTION :
Rue de la Marine, n° 9, ancien hôtel Bazin.
Tontes les eommnnieations relatives aux annnotees et Mcïaset doi*«&S» **
Algérie, être adressées à T AGENCE HAVAS, boulevard de la RéprJSidipw,, Alger c
Sn France, les communications sont reçues sacre» :
A Mabseillb, chez M. Gdstate ALLARD, rue dn Bausset, 4 ;
A Paris, che* MM. AUDBÜURG et G>«, place de la Bourse, SG,
Et par leurs conv.spondants.
La DÉPÊCHE ALGÉRIENNE est désignée pour l’insertion, des annonces légales, judiciaires et autres exigées pour la validité des procédAires et contrat®.
Alger, le 5 Octobre 1885.
Comité Centrai Républicain
Élections législatives du 4 octobre 1885.
DÉPUTÉ SORTANT
BOURLIER
CONSEILLER GÉNÉRAL
Candidats Républicains
LA DIVISION, VOILA L'ENNEtil !
La division, voilà l'ennemi !
En parodiant une phrase célèbre de Gam
betta, nous voulons signaler un danger plus
grand encore que l’intransigeance, parce
qu’il est plus imminent.
Le parti de l’intransigeance, ce nouvel
Antèe, n’a pas de racines dans la nation;
les efforts que tentent ceux qui ont intérêt
à voir triompher ses partisans, dans le but
de renverser la République, ne réussiront
pas.
C’est donc bien moins sur les adeptes de
l’intransigeance qui, avec le banc et l’ar-
rière-banc de Durs électeurs, comptent un
millier de voit; au maximum, que sur les
indisciplinés du parti de l’Union républi
caine qu’il faut tenir l’œil ouvert.
La division, voilà l’ennemi !
Voilà ce que nous ne cesserons de répéter
avec acharnement : R erons-nous écouté ?
Nous ne le savons ; rien de tenace comme
celui qui court après sa ruiue.
Nous savons bien que les ennemis de la
République progressiste ne manquent pas
de beaux raisonnements, pour soutenir leurs
théories. Et quand nous appelons ennemis
de la République ceux qui, par esprit de
parti-pris, combattent notre politique, nous
n’exagérons pas ! Un seul mot suffira pour
établir notre assertion : Par quelle presse
le gouvernement progressiste a-t-il toujours
été combattu ? Par Y Intransigeant, la Jus
tice, le Soleil, l’Univers et le Pays !
Qu’y a-t-il donc de commua entre intran
sigeants, orléanistes, légitimistes et bona
partistes pour que ces quatre partis unissent
leurs efforts contre la volonté nationale,
représentée au dernier Parlement par le
groupe de l’Union républicaine ?
Relater ce fait pris au hasard parmi tant
d’autres, suffit à tout cœur véritablement
français, à tout esprit sincèrement républi
cain, pour apercevoir le danger qui mena
cerait la démocratie, si le parti de l'Union
républicaine divisé par des arguties, plus
ou moins acceptables, venait à se désu
nir.
Il résulte de ce qui précède que l’avène
ment de l’intransigeance au pouvoir, entraî
nerait la chute de la République, d’abord
parce que, dans ce parti, ils sont incapables
de gouverner, ensuite parce qu’ils seraient
obsédés par la réaction, qui demanderait le
prix des services qu’elle leur aurait rendus,
enfin, ils seraient débordés par le parti so
cialiste qui, à son tour, voudrait s’emparer
des affaires.
L’histoire est là pour nous montrer que,
par deux fois, les sœurs aînées de notre
jeune République ont succombé sous les
effets d’une confiance trop naïve, la même
que celle qui caractérise aujourd’hui le parti
de l’Union républicaine. Ces exemples de
Thistoire doivent nous rendre, pour le
moins, réservés et circonspects.
Les réformes si ardemment désirées par
tout le parti républicain se feront, et certes
elles seraient faites depuis longtemps déjà,
si la majorité républicaine ne s’était ressen
tie des secousses et des tiraillements qu’ont
engendrés, au sein même du Parlement,
des théories dangereuses dans leur applica
tion immédiate.
A. Dumont.
Feuilleton de la Dépêche Algérienne
N° 10.
PREMIÈRE PARTIE
LES DEUX TESTAMENTS
On se trompe, on se met dedans, si l’on
peut employer cette expression aussi trivia
le que consacrée, avec un suprême sans-gê
ne, et tel gentleman qui trouve que vous
prendre un billet de mille francs dans votre
poche est une action méritant le bagne, vous
anrossera sans le moindre scrupule pour
uue somme beaucoup plus forte.
On pose ceci en principe : « Vous achetez
des chevaux, vous devez vous y connaître,
tant pis pour vous si vous êtes pris 1 * Et
souvent la victime du marché déloyal n’au
ra garde de se plaindre, car les rieurs ne
seront point de son côté.
Ajoutez à cela que l’on est arrivé à jouer
(1) Reproduction interdite aux; journaux qui n’ont
9 M traité avec la Société des Gens de Lettres,
de véritables tours d’escamotage et de pres
tige, en parant, en déguisant et en maquil
lant les chevaux. Il y a une multitude da
trucs, depuis la teintera, l’épilation,d’autres
encore pour transformer un cheval et le
rendre méconnaissable selon les besoins de
la situation.
Que l’on nous pardonne une légère di
gression, une anecdote venant à l’appui - de
ce qui précède, -anecdote dont nous garan
tissons l’authenticité.
Deux frères qui ont laissé en Bretagne de
grands souvenirs comme sportmens et ve
neurs, le baron et le chevalier M..., habi
taient deux châteaux séparés l’un de l’autre
par une courte distance. Le baron et le
chevalier chassaient souvent ensemble,mon
taient à cheval ensemble, s’aimaient beau
coup, et malgré cela se jouaient entre eux
tous les plus vilains tours de maquignonnage.
Tant pis pour celui qui était pr s !
Certain jour, le baron arrive à la chasse
montant une jument grise admirable Le
chevalier en a aussitôt envie ; il veut l’ache
ter à son frère, celui-ci résiste. Bref, le che
valier fiait par devenir acquéreur de la bête
moyennant un prix très élevé. IJ emmène
sa conquête au plus vite. Le lendemain, il
est tout surpris de trouver dans l’écurie une
bête hors d âge, ruinée, perdue de jambes,
etc., etc. Bref, ie frère l’avait voiè comme
dans un bois.
Quelques mois se passent. Un matin le
chevalier arrive chez son frère avec un do-
ghart auquel est attelé une jument alezane
à balzane blanche du plus bel aspect. La
la jy IN
Quand ces lignes paraîtront, le résultat
électoral sera connu, le suffrage universel
aura prononcé son verdict devant lequel il
faudra s’incliner, fût-il même une victoire
pour ceux qui, pour satisfaire leur appétit,
leur ambition, ne craignent pas de faire
appel aux haines de races et de se
livrer à des excitations contre une classe
nombreuse de citoyens français. A la der
nière heure, ils ont osé se procîemer anti
juifs, espérant ainsi, raccrocher quelques
suffrages. Les radicaux vieux avaient com
mencé, les jeunes n'ont pas lardé à les imi
ter.
Dans leur haine stupide, ou plutôt simu
lée, ils en sont à se quereller sur la date de
leurs opinions anti-sémitiques. M. Charles
Marchai, qui a levé le masque et ne veut
plus garder aucun ménagement envers celui
qu’il appelait le vénéré sénateur, quand cela
ne pouvait lui nuire, reproche â M Le Liè
vre d’avoir èié, en 1871. avec Basset et Fias-
selière, grands amis des juifs et d’avoir
même abusé de son inexpérience en lui fai
sant écrire, à l’époque, divers articles en
faveur de la naturalisation. Met re sur le
dos de ses adversaires les variations d’opi
nion qu’on est obligé de confesser, c’est du
jésuitisme élevé à la suprême puissance.
Samary qui accompagne avec une tringle
son ami Marchai jouant ds la mandoline, ne
pouvait faire autrement que de se déclarer,
lui aussi, anti-juif.
On lui a dit que c’était le meilleur moyen
pour obtenir quelques voix, et il ta cru.
C’est un naïf.
Et ie docteur Trolard ?
Est-ce bien réellement un anti juif ? Cela
m’étonnerait de la part de cet homme d’es
prit, et je crois bien qu’on a quelque peu
abusé de son nom.
Qu’il ait été bombardé candidat malgré
lui, cela peut se concevoir à la rigueur. Les
électeurs peuvent lui dire : Nous a ou s con
fiance en vous, nous vous croyons utile à
notre cause et nous vous nommons sans nous
inquiéter si cela vous plaît ou non. Vous
vous devez à votre propre parti.
[ Mais lui faire aire sans le consulter qu’il
bête est indomptable : elle menaça de tout
briser ; de plus, elle steppe à grandes al
lures.
Après un marché longuement débattu, le
baron de M... finit par décider son frère â
lui céder l’alezane.
— Monsieur le baron, s’écrie un domesti
que effaré en réveillant son maître ie lende
main matin. L’alezane qui déteint.
C’était la jument jaune !
Mais revenons au duc de Trémeur.
Le duc s’était donc arrêté devant une pai
re de chevaux pie.
Ils appartenaient â M. de Marcy, qui en
voulait un prix élevé. M de Trémeur, char
mé par la parité parfaite des deux bêtes,
allait se laisser séduire, quand nue voix
derrière lui se fit entendre eu disant, ces
mots, qui firent bondir le propriétaire des
poneys :
— Mais ces deux chevaux ne sont point
pareils.
— Comment le savez-vous ? demanda M.
de Marcy, rouge de colère.
— Parbleu ! s’écria le capitaine Cressîn,
car c’était lui, c’est bien simple : il y en a
un des deux qui est teint.
— Ne l’écoutez pas, monsieur le duc, re
prit vivement le propriétaire, furieux contre
cet intrus qui venait se jeter au travers d’un
marché qu’il croyait déjà conclu, ne l’écou
tez pas, et vous, monsieur, tâchez donc ae
passer votre chemin et ds vous mêler de vos
affaires.
— Mes affaires, riposta sèchement le ca
pitaine, consistent en ce moment à empêcher
est candidat anti-juif, c’est pousser un peu
loin l’amour de la fantaisie politique.
Mais avec les radicaux d’Alger, qu’ils
s dent vieux ou jeunes, rien ne doit sur
prendre. Il faut en rire, voilà tout.
aforaations algérienne!
Le Comice agricole de Tiemcen vient d’or
ganiser un Concours agricole et viticole
pour l’arrondissement, Concours qui aura
lieu dans cette ville les 25 et 26 octobre.
X
Le Pvbli&ur Oranais, transformant sou
format et son titre, paraîtra la semaine
prochaine sous celui de Y Algérie Vinicole
et Commerciale, M. Edouard Broc, direc
teur de Y Algérie Commerciale, en prend la
direction.
X
Nous apprenons que la compagnie Fran
co-Algérienne a vendu sa récolte de vin de
celte année au prix de 55 francs la borde
laise.
Elle en a vendu une partie de 3,000 bor
delaises.
X
L’adjudication des travaux pour la re
construction du village européen d’Aïrt-el-
Hammam a eu lieu le lundi, 28 septembre
dernier, à la sous-préfecture de Tizi-Ouzou.
Hu’t entrepreneurs ont concouru à cette
adjudication; qui a été définitivement tran
chée au profit do M. Malhays, de Tizi-Ou
zo a, moyennant un rabais.
X
Des bruits de choléra avaient r-ncore cir«.
eu è dam ces derniers temps. On signalait
i’épidémie dans la région de De.llys, Rébe-
val, Bois-Sacré, Bordj -Ménaïel.
Voici ce que nous avons recueilli à ce su
jet :
Dernièrement, un indigène succombait
aprè:. quelques heures de souffrances. Les
indigènes, effrayés se iiv-aienî, pour écarter
le chüan. à usa jeûna ininterrompu de 48-
heures. Ce léger carême passé, ce fut à qui
absorberait la plus grande quantité de figues
de Barbarie. Il en résulta nécessairement
quelques indispositions, dont quelques-unes
assez sérieuses ; mais nous sommes en me
sure de donner l’assurance qu’aucun cas da
choléra ne s’est produit clans la région.
u* galant homme d’être en rossé. Je dis que
ce.ch^val-là esl.teint, teint avec d- l’acide
sulfurique, pour ressembler â l’autre. Oh 1.
je connais ce procédé.
M. de Marcy, confus, emmena ses poneys,
poursuivi parles éclats de rire des amateurs
qu ’ cette scène avait al tirés. Les mêmes
amateurs voulaient faire une ovation au ca
ps! due,mais celui-ci s’e : • àva discrète ment.
Il fut rejoint sur le champ de foire par le
duc qui le remercia chaleureusement du
service qu’il venait de lui rendre Le capi
taine lui répondit que la chose n’en valait
pas la peine. Luis, entre ies deux hommes,
la conversation s’engagea sur le sujet
inépuisable du sport. M. de Trémeur vit
immédiatement qu il avait devant lui un fin
connaisseur : il lui demanda quelques con
seils po r les. achats qu’il voulait faire, s’en
trouva bien et invita le capitaine à venir
visiter les écuries de Trémeur. Le lende
main, le capitaine se rendit au château, et
bref, le duc, ayant appris que ce militaire
sortait de l’armée fatigué du service, qu’il
cherchait une situation dans laquelle ses
hautes connaissances hippiques pouvaient
êire utilisées, ayant renvoyé depuis peu son
chef d’ecuries, qui le volait indignement,
offrit timidement au capitaine Cressin d’en
trer au château de Trémeur, non pas comme
un vulgaire employé ou serviteur, mais bien
avec une situation toute spéciale, des
appointements élevés, une position ea
somme lucrative et enviable.
Le capitaine se fit un peu tirer l'oreille ;
il était peu disposé à aliéner cette chèrQ
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