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LE DROIT DES FEMMES
SOCIÉTÉ a L’AVENIR DES FEMMES ».
La Société nîmoise féminine F Avenir des
femmes^ tenu sa rre Assemblée générale an
nuelle le 5 juin dernier ; voici le rapport lu par
la secrétaire à cette occasion :
Mesdames, Messieurs,
Notre Société est arrivée à la fin de sa rre année
d’existence; conformément à l’usage, nous avons
jugé utile de jeter un coup d’œil sur le chemin
parcouru.
Il y a un an, à pareille époque, la plupart d’en
tre nous, en essayant de fonder une Société fémi
nine, espéraient certainement la voir s’accroître
rapidement ; dans l’ardeur de nos convictions et
de nos espérances, nous ne voulions pas croire
que des femmes pourraient demeurer sourdes à la
voix de leurs sœurs et refuseraient de se joindre à
elles pour travailler à leur émancipation ; celles
qui nourrissaient ces illusions furent bientôt dé
sabusées, mais je constate avec satisfaction que,
même la défection de quelques adhérentes de la
première heure n’a pu ébranler notre foi dans la
bonté de notre cause, non plus que notre ferme
volonté de continuer cette œuvre.
Malgré notre petit nombre, de précieux encou
ragements nous sont arrivés de près comme de
loin. Livrées à nos seules forces, il est probable
que nous n’eussions pas osé entreprendre certains
travaux, aussi sommes-nous reconnaissantes en
vers ceux et celles qui nous ont aidées à vaincre les
difficultés du début.
Nous avons pu nouer de cordiales relations avec
presque toutes les personnes de valeur du parti
féministe en France; le nombre des membres d'hon-
neur de notre Société est supérieur à celui des
membres actifs et de cela nous sommes heureuses
et fières.
Nous avons aussi commencé une œuvre qui
donnera, nous sommes en droit de l’espérer, d’ex
cellents résultats : je veux parler du Concours des
apprenties ; c’est à nous qu’incombe le devoir de
rendre le côté féminin de l’œuvre aussi florissant
que les chambres syndicales ont rendu le côté
masculin. Nous pouvons, et nous devons nous oc
cuper sérieusement des jeunes filles apprenties
trop négligées jusqu’à présent au point de vue pro
fessionnel ; mais je m’arrête, car je ne veux pas
retracer ici le peu que nous avons essayé de faire,
vous le savez aussi bien que moi.
Ce que je voudrais surtout faire ressortir, c’est
que cette année a été, en quelque sorte, pour nous,
une année d’apprentissage, une espèce d'initiation
à la vie civique.
Jusqu’alors exclusivement occupées de travaux
manuels et du soin des enfants, nous pouvions
nous demander avec une certaine anxiété ce qu’il
y avait de vrai dans cette assertion si souvent
formulée à l'encontre de nos réclamations : « La
femme, disait-on, n'est pas assez sérieuse pour
s’occuper des choses publiques, elle est trop in
constante dans ses idées, son esprit est trop porté
à la futilité pour pouvoir étudier les questions so
ciales qui font pâlir les hommes d’Etat. »
Aujourd’hui, en comparant nos réunions calmes
et pratiques, nos discussions toujours si courtoi
ses avec la plupart des réunions masculines ; en
voyant notre désir de nous instruire, grandir à
mesure que grandit notre champ d’action ; tandis
que nombre d’hommes semblent croire qu’ils pos
sèdent la science infuse, tout simplement parce
qu’ils sont hommes, nous sommes autorisées à
dire, après de grands esprits, de profonds pen
seurs, que la doctrine de l’inégalité des sexes est
une erreur fondamentale qui tire un semblant de
vérité de la déplorable éducation donnée jusqu ici
à la femme ; ce qui est vrai, c’est que, à condi
tions égales, à instruction égale, la femme est
réellement l’égale de l’homme, et c’est une chose
bonne, utile, nécessaire, de démontrer cette vérité.
Nous devons donc continuer l’œuvre entre
prise, nous considérant comme des semeurs qui
ne verront peut-être pas mûrir la moisson, mais
qui savent que d’autres récolteront cette moisson.
Nous trouverons la récompense de nos efforts
dans l’intime conviction du devoir accompli, dans
la satisfaction d’avoir travaillé, si peu que ce soit,
à l’amélioration sociale et au progrès de l’huma
nité.
Pour copie conforme^
La secrétaire,
A. Fabre-Romain.
INFORMATIONS ET NOUVELLES
Seize femmes, nous apprend le Courrier
des femmes artistes^ ont eu leur part des ré
compenses décernées aux exposants du Salon
actuel.
Ont reçu la troisième médaille :
Mlle Alice Billet, peintre ; Mlle Billet avait
obtenu en 1887 une mention honorable.
Mlle Marguerite Godin, peintre.
Mlle Thérèse Pomey, miniaturiste, pour
son joli portrait de Mme Pauline Viardot ;
Mlle Pomey, mentionnée honorablement en
1887, a débuté en 1882 par l’exposition d’un
dessin au Cercle Volney.
Mlle Thérèse Schwartze, portraitiste hol
landaise.
Mlle Marcelle Lancelot, statuaire, titulaire
déjà de deux mentions gagnées en 1883 et
1886.
Mlle Gabrielle Poynot, graveur à l’eau forte ;
mentionnée en 1886.
Ont reçu une mention honorable :
Mme Fanny Fleury, peintre.
Mlle Augusta Roszmann, portraitiste belge.
Mlle Thérèse Boursier, statuaire.
Mlle Alice Monod, id.
Mme Cranney-Franceschi, id.
Mlle Pauline Matrat, aquafortiste.
Mme Francine Christophe, id.
Mlle Georgette Sulpice, graveur en taille
douce.
Mme Augustine Corduan, née Lecourson-
nois, graveur sur bois ; Mme Corduan est pro
fesseur à l’Ecole Nationale, elle a succédé à
Mme Brux.
Mlle Eugénie Tesselsky, lithographe.
X
À l’issue de la brillante exposition de Bar
celone, Mlle Beaury Saurel a remporté une
première médaille. Elle n’est pas la seule ar
tiste française qui ait été distinguée. Mmes Co-
lin-Libour, Camille Isbert, de Merbitz, pein
tres, et Mlle Mathilde Teyssonnières, graveur,
ont reçu chacune une troisième médaille.
LE DROIT DES FEMMES
SOCIÉTÉ a L’AVENIR DES FEMMES ».
La Société nîmoise féminine F Avenir des
femmes^ tenu sa rre Assemblée générale an
nuelle le 5 juin dernier ; voici le rapport lu par
la secrétaire à cette occasion :
Mesdames, Messieurs,
Notre Société est arrivée à la fin de sa rre année
d’existence; conformément à l’usage, nous avons
jugé utile de jeter un coup d’œil sur le chemin
parcouru.
Il y a un an, à pareille époque, la plupart d’en
tre nous, en essayant de fonder une Société fémi
nine, espéraient certainement la voir s’accroître
rapidement ; dans l’ardeur de nos convictions et
de nos espérances, nous ne voulions pas croire
que des femmes pourraient demeurer sourdes à la
voix de leurs sœurs et refuseraient de se joindre à
elles pour travailler à leur émancipation ; celles
qui nourrissaient ces illusions furent bientôt dé
sabusées, mais je constate avec satisfaction que,
même la défection de quelques adhérentes de la
première heure n’a pu ébranler notre foi dans la
bonté de notre cause, non plus que notre ferme
volonté de continuer cette œuvre.
Malgré notre petit nombre, de précieux encou
ragements nous sont arrivés de près comme de
loin. Livrées à nos seules forces, il est probable
que nous n’eussions pas osé entreprendre certains
travaux, aussi sommes-nous reconnaissantes en
vers ceux et celles qui nous ont aidées à vaincre les
difficultés du début.
Nous avons pu nouer de cordiales relations avec
presque toutes les personnes de valeur du parti
féministe en France; le nombre des membres d'hon-
neur de notre Société est supérieur à celui des
membres actifs et de cela nous sommes heureuses
et fières.
Nous avons aussi commencé une œuvre qui
donnera, nous sommes en droit de l’espérer, d’ex
cellents résultats : je veux parler du Concours des
apprenties ; c’est à nous qu’incombe le devoir de
rendre le côté féminin de l’œuvre aussi florissant
que les chambres syndicales ont rendu le côté
masculin. Nous pouvons, et nous devons nous oc
cuper sérieusement des jeunes filles apprenties
trop négligées jusqu’à présent au point de vue pro
fessionnel ; mais je m’arrête, car je ne veux pas
retracer ici le peu que nous avons essayé de faire,
vous le savez aussi bien que moi.
Ce que je voudrais surtout faire ressortir, c’est
que cette année a été, en quelque sorte, pour nous,
une année d’apprentissage, une espèce d'initiation
à la vie civique.
Jusqu’alors exclusivement occupées de travaux
manuels et du soin des enfants, nous pouvions
nous demander avec une certaine anxiété ce qu’il
y avait de vrai dans cette assertion si souvent
formulée à l'encontre de nos réclamations : « La
femme, disait-on, n'est pas assez sérieuse pour
s’occuper des choses publiques, elle est trop in
constante dans ses idées, son esprit est trop porté
à la futilité pour pouvoir étudier les questions so
ciales qui font pâlir les hommes d’Etat. »
Aujourd’hui, en comparant nos réunions calmes
et pratiques, nos discussions toujours si courtoi
ses avec la plupart des réunions masculines ; en
voyant notre désir de nous instruire, grandir à
mesure que grandit notre champ d’action ; tandis
que nombre d’hommes semblent croire qu’ils pos
sèdent la science infuse, tout simplement parce
qu’ils sont hommes, nous sommes autorisées à
dire, après de grands esprits, de profonds pen
seurs, que la doctrine de l’inégalité des sexes est
une erreur fondamentale qui tire un semblant de
vérité de la déplorable éducation donnée jusqu ici
à la femme ; ce qui est vrai, c’est que, à condi
tions égales, à instruction égale, la femme est
réellement l’égale de l’homme, et c’est une chose
bonne, utile, nécessaire, de démontrer cette vérité.
Nous devons donc continuer l’œuvre entre
prise, nous considérant comme des semeurs qui
ne verront peut-être pas mûrir la moisson, mais
qui savent que d’autres récolteront cette moisson.
Nous trouverons la récompense de nos efforts
dans l’intime conviction du devoir accompli, dans
la satisfaction d’avoir travaillé, si peu que ce soit,
à l’amélioration sociale et au progrès de l’huma
nité.
Pour copie conforme^
La secrétaire,
A. Fabre-Romain.
INFORMATIONS ET NOUVELLES
Seize femmes, nous apprend le Courrier
des femmes artistes^ ont eu leur part des ré
compenses décernées aux exposants du Salon
actuel.
Ont reçu la troisième médaille :
Mlle Alice Billet, peintre ; Mlle Billet avait
obtenu en 1887 une mention honorable.
Mlle Marguerite Godin, peintre.
Mlle Thérèse Pomey, miniaturiste, pour
son joli portrait de Mme Pauline Viardot ;
Mlle Pomey, mentionnée honorablement en
1887, a débuté en 1882 par l’exposition d’un
dessin au Cercle Volney.
Mlle Thérèse Schwartze, portraitiste hol
landaise.
Mlle Marcelle Lancelot, statuaire, titulaire
déjà de deux mentions gagnées en 1883 et
1886.
Mlle Gabrielle Poynot, graveur à l’eau forte ;
mentionnée en 1886.
Ont reçu une mention honorable :
Mme Fanny Fleury, peintre.
Mlle Augusta Roszmann, portraitiste belge.
Mlle Thérèse Boursier, statuaire.
Mlle Alice Monod, id.
Mme Cranney-Franceschi, id.
Mlle Pauline Matrat, aquafortiste.
Mme Francine Christophe, id.
Mlle Georgette Sulpice, graveur en taille
douce.
Mme Augustine Corduan, née Lecourson-
nois, graveur sur bois ; Mme Corduan est pro
fesseur à l’Ecole Nationale, elle a succédé à
Mme Brux.
Mlle Eugénie Tesselsky, lithographe.
X
À l’issue de la brillante exposition de Bar
celone, Mlle Beaury Saurel a remporté une
première médaille. Elle n’est pas la seule ar
tiste française qui ait été distinguée. Mmes Co-
lin-Libour, Camille Isbert, de Merbitz, pein
tres, et Mlle Mathilde Teyssonnières, graveur,
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