Titre : La République de Seine-et-Marne : paraissant trois fois par semaine ["puis" paraît deux fois par semaine "puis" journal hebdomadaire, organe du Parti républicain radical]
Auteur : Parti radical (France). Fédération (Seine-et-Marne). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Melun)
Éditeur : Publi HebdosPubli Hebdos (Rennes)
Éditeur : La République de Seine-et-MarneLa République de Seine-et-Marne (Melun)
Date d'édition : 1944-10-04
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34399836p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 04 octobre 1944 04 octobre 1944
Description : 1944/10/04 (A51,N3923). 1944/10/04 (A51,N3923).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG77 Collection numérique : BIPFPIG77
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t53918637m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89197
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/01/2025
LE NUMERO : 2 Fr.
5F ANNÉE — N» 3923
MERCREDI 4 OCTOBRE 1944
F
Enfin libres !
LA REPUBLIQUE
Notre programme
C^/y/c77?e afé/ya/'fe/nesifa/ ciït C/rou/Je/nesif 44 Libération
Elle était si belle
Notre Interview
de la semaine
Hitler déclare la Guerre à la France
sous F
1
A NOS ABONNES
SOIRÉE DE GALA
La "République de Seine-el-Marne.
'IIIIIIIIIIlIllIllIflIinillIIIIIIIIIIlHHIIIIIIIIIIIlillillllllllillllHIII
Les Grands Faits en trois lignes
la
r-
SOUS LA BOTTE 1
HITLERIENNE
A. L.
Les Heures sombres de Melun
NOUVELLES MILITAIRES
La Ligne Siegfried est enfoncée
attributs essentiels du progrès.
mouvoir nos machines, il nous
IIIe Armée
a libéré du
BAS LE MASQUE RAVITAILLEMENT
occupation !
par ANDRÉ BILLV
î. HEMERY, Président, Front National ;
2. MOULIN, Libération ;
3. HUBERT; Ceux de la Résistance ;
4. BRUNOT, O. C. M. ;
5. MEURGEY, Résistance ;
6. BARTHÉLEMI, Ceux de la Libération ;
7. MARCEAU Camille, Union Locale des Syndicats ;
8. PLASMAN Kléber, Paysan ;
9. FAVRE, Prisonnier ;
10. MORIN, F. U. J. P. ;
11. GAUTIER, Parti Communiste ;
12. MARCEAU André, Parti Socialiste ;
13. Docteur PELBOIS, U. R. D. ;
14. CHALAMON, Parti Radical-Socialiste ;
15. BARENNE ;
16. SOMMIER, Conseiller général ;
17. DE MOUSTIER, Conseiller général.
VIVE LA
VIVE LA
SOCIALE!
On annonce rju’après une intense
préparation d’artillerie et une formi
dable action aérienne, la ligne Sieg
fried a été enfoncée par des forces
américaines qui ont progressé à
trois kilomètres au-delà, dans le
secteur d’Aix-la-Chapelle.
La lutte dans la trouée de Belfort
est vive.
L’attaque de Dunkerque, défendu
par 15,000 allemands, est commen
cée.
— Le général de Gaulle a visité
Lille où il a reçu un accueil enthou
siaste de la grande cité industrielle.
— Les droits de douane sont pro
visoirement suspendus. On étudie
un nouvel équilibre des échanges
commerciaux.
— Dans un récent discours, le
président Roosevelt confirme que
l’Allemagne nazie sera punie de ses
crimes.
— Après l’évacuation des civils,
un suprême assaut est lancé sur les
allemands de Calais qui capitulent.
L’administration des P.
T. T. ne pouvant encore
assurer le transport des
journaux, nous ne pouvons
faire parvenir LA RÉPU
BLIQUE à nos abonnés qui
devront se ia procurer au
numéro.
Mais dès que les circons
tances le permettront, ils
recevront le nombre de nu
méros qui restaient à leur
faire parvenir quand notre
parution à dû cesser forcé
ment.
Sous ce titre, en plusieurs articles
nous allons publier des notes prises
au jour le jour depuis le i'r janvier
1944.
C’est qu’en effet ce fut une année
cruciale pour notre ville qui fut vrai
ment martyre. Les quinze cents im
meubles endommagés de notre cité,
les deuils trop nombreux dans notre
ville, les arrestations arbitraires par
ois suivis d’issue tragique le dé
montre amplement.
Nous en avons de multiples preu
ves.
Nous sommes Cependant d’avis qu i!
y a quelqu’un qui a plus d’esprit que
M. de Voltaire, c’est M. Tout-le-
Moude. Aussi nous serons heureux de
recevoir des renseignements complé
mentaires de tous nos lecteurs.
Nous ne promettons pas de les pu
blier tous in-extenso, mais nous ferons
une synthèse de tout ce que nous
recevrons et ce que nous publierons
sera le. résultat du travail de tous.
C’est une collaboration que nous vous
demandons. Mais celle-ci n’est pas
honteuse. Elle peut s’avouer claire
ment et hautement.
Elle aura pour but d’éclairer non i
seulement nos concitoyens et nos
compatriotes actuels, mais elle sera
une source de renseignements utiles
pour les historiens de l’avenir.
A la semaine prochaine le premier
article sur ce sujet.
Nous avons eu l’honneur d’être
reçu par M. Hervieu, maire de Me
lun, qui était assisté de deux de ses
adjoints, MM. Bouteloup et Goux.
Inutile de dire que tous les trois
furent charmants pour l’envoyé de
La République, qu’ils remercièrent
et se dirent heureux de saluer la
renaissance de ce vieux journal
melunais.
A nos questions, M. Hervieu nous
répondit que ses principales préoc
cupations touchaient le ravitaille
ment
Il s’efforcera d’améliorer la qua
lité et d’augmenter la quantité des
marchandises mises à la disposition
du public Les détaillants devront
être approvisionnés en temps utile
et les magasins ouverts assez long
temps pour supprimer les queues.
Un arrêté sera pris en ce sens avec
des ouvertures minima de 9 heures
à 12 h. 45 et de 15 h. 30 à 19 h. 30.
L’observation des prix fixés sera
contrôlée et le marché noir sanc
tionné sévèrement. On s'efforcera
d’augmenter les rations existantes
et d'assurer une juste répartition
suivant les catégories.
L’heure de distribution du lait
étant fonction des arrivages pourra
apporter quelques modifications à
cette règle.
Les boucheries et charcuteries
seront ouvertes le premier jour de
7 h. 30 à 19 h 30, sans interruption.
Pour les cafés et restaurants l’af
fichage des prix sera strictement
exigé, ainsi que la capacité des réci
pients utilisés. Les abus seront sé
vèrement réprimés.
Pour le tabac, des espoirs sont
permis, la presse s’étant faite l’écho
des doléances du public.
Hygiène et sports. — L’hygiène
sera l’objet d’un examen attentif
dans les écoles principalement. On
améliorera dans toute la mesure du
possible les conditions de vie dans
les hôpitaux et hospices. L’eau cou
rante, le gaz, seront installés par
tout où ils manquent encore.
Pour la collectivité, la création
de bains-douches depuis si long
temps attendue, sera enfin réalisée.
Le nettoyage des rues, l’enlève
ment des ordures ménagères, seront
améliorées.
On suprimera toutes les maisons
insalubres pour les remplacer par
des habitations à bon marché, où
l’air et la lumière pourront entrer à
profusion.
La municipalité s’adonnera à l’a
ménagement des terrains de sports
déjà existant et à la création d’autres
pouvant être nécessaires. Une pis
cine municipale sera créée. La vie
sportive sera encouragée par des
fêtes et des facilités misent la portée
de la jeunesse, tel que auberge de
la jeunesse, etc.
Travaux de voirie. — Les travaux
de voirie ne seront pas négligés. La
municipalité s’attachera à la réalisa
tion du plan d’urbanisme de la ville
de Melun, parla reconstruction des
ponts, le dégagement des voies ur
baines trop étroites, l’amélioration
des bâtiments communaux et de
leurs dépendances.
L’amélioration de l’éclairage ur
bain, l’extension du réseau d’égoùt
seront activement poursuivi.
Œuvres sociales. — La municipa
lité aidera l’extension des œuvres
sociales, par la création de poupon
nières, jardins d’enfants, maisons de
retraite pour les vieillards, dispen
saires, etc.
Evidemment ces projets ne sont
nullement limitatifs et M. Hervieu
et ses adjoints, nous font compren
dre qu’ils veulent faire de Melun
une ville digne d’être le chef-lieu du
département et voisine de la grande
capitale, Paris.
Le 26 septembre 1944 au moment
où sa libération s’accélère d’heure
en heure, la France apprendqu’Adolf
Hitler vient de lui déclarer la guerre.
La plupart des français accueilli
rent cette nouvelle avec un sourire
goguenard et un haussement d’é
paules. Est-ce que nous n’étions pas
en guerre avec l’Allemagne depuis
le 3 septembre 1939?
Mais cela vaut bien un petit mo
ment d’attention.
Caria vérité est qu’Adolf Hitler a
toujours été en guerre avec la
France.
Dès son enfance à Braunau, en
Autriche, il groupait ses camarades
d’écoles en deux camps. Se mettant
en tête de celui représentant les
allemands qui étaient toujours vain
queurs des français.
Adolf Hitler n’admirait que Bis
mark et von Molke qui avaient vain
cu Napoléon III en 1870.
Adolf Hitler, en 1914, bien qu’au
trichien, s’engagea à Munich, dans
l’armée allemande pour se battre
plus sûrement contre la France.
Adolf Hitler blessé et gazé en 1918
sur le front français, faillit périr ou
être aveugle et conserva sa haine
contre notre pays.
Adolf Hitler voulut toujours la
revanche contre la France qui, avec
ses alliés, vainquit l’Allemagne et
ses alliés en 1918.
Adolf Hitler dans Mein Kampf dé
clare que l’ennemi principal de
l’Allemagne est la France.
Adolf Hitler, après 1940, encoura
gea un mouvement séparatiste entre
a Bretagne et la France.
Adolf Hitler suscita les actions
néfastes des Doriot, Déat et autres
Bucard pour nous affaiblir.
Adolf Hitler martyrisa les prison
niers, fusilla des otages innocents,
dans le même but.
Adolf Hitler déporta les travail
la ■. français ou‘:T-R!:in q-.:-,ur !»m.r
travail mais aussi pour malaxer
leurs cerveaux et leur arracher du
cœur l’amour de leur pays.
Adolf Hitler restreignit la nourri-
tnre des enfants, des vieillards et
des adultes, volontairement, Systé
matiquement, pour diminuer la ré
sistance de notre race.
Adolf Hitler en faisant mutiler les
livres d’histoire, utilisés dans les
écoles en diminuant toujours plus
les heures d'études, voulait faire du
peuple français un peuple veule à
mentalité d’esclaves.
Adolf Hitler fut toujours et par
tout [‘ennemi mortel de la Fronce.
En déclarant maintenant la guerre
à la France, il ne fait qu’enlever un
masque — ne trompant que ceux
qui le voulaient — recouvrant sa
hideuse face de super-boche.
Abel LEBLANC.
Il y a un peu plus d’un mois que la
américaine du Général Patton nous
joug abhorré du Boche.
Il y a vingt-huit mois —■ depuis le 3 juin
Nous apprenons que le Groupe
ment « LIBÉRATION » organise un
grand gala théâtral aux Variétés-Ci
néma, le dimanche 8 octobre 1944, à
14 h. 30, avec le concours de la
grande vedette
FERNANDEL
accompageé d’une pléiade d’artistes
de premier ordre.
Ce gala est au profit des sinistrés.
Aussi, les Melunais sont invités à
mettre courageusement la main à la
poche pour aider ceux qui sont dans
la peine et le besoin.
Ils jouiront d’un spectacle inouï
dans notre ville et feront une bonne
action.
1942 — que
les autorités allemandes ont interdit la parution de LA
RÉPUBLIQUE DE SEINE-ET-MARNE.
On comprend combien nous aurions voulu dès le
lendemain du 25 août 1944, alors que le dernier allemand
était chassé du sol de notre ville, reparaître et crier bien haut
notre joie, clamer nos espoirs à tous les échos.
Hélas ! Le lourd tribut que Melun dut payer à la
barbarie teutonne a freiné notre enthousiasme...
Par suite de la rupture des ponts, des combais qui
s’étaient déroulés dans ses rues, du bombardement terroriste
des vaincus, ia ville était, dans sa majeure partie, privée d’eau,
de gaz et d’électricité, ces
Dans l’impossibilité de faire
fallait bien patienter.
Il nous fallait aussi
— Les Houillières du Nord et la
maison Renault sont placés sous le
contrôle de l’Etat.
— On procède au recensement de
tous les français âgés de 18 à 48 ans.
— Nous n’avons jamais cessé
d’être en guerre, la convention d’ar
mistice n’ayant pas été publiée au
Journal Officiel.
— Le téléphone fonctionne depuis
lundi entre Paris et les réseaux de
Seine, Seine-et-Oise et Seine-et-
Marne.
On nous annonce pour cette se
maine :
100 grammes de beurre, tickets
et 2 et G A,
Fromage gras, tickets-chiffres
n" 1 et 2.
Pain, avec de la farine à 85 % au
lieu de 98 ”/»■
25f) grammes de viande. Pour
compléter la ration du 23 septembre
il sera procédé dans le courant de la
semaine à la mise en place chez les
bouchers, de sardines.
Il en sera distribué 60 grammes
par consommateur avec le ticket
D R, feuille de denrées diverses.
Orge. 150 gr. de mélange orge et
chicorée, contre le ticket D E de
septembre, sauf pour les catégories
E et .11 qui peuvent obtenir on rem
placement 250 gr. de petit, déjeuner
Toni Banan au Cacao.
Pâtes. La distribution des pâtes
est provisoirement suspendue par
ordre du ministère
Légumes secs. Distribution de
500 gr. contre remise du ticket D B.
Prochainement, distribution de
margarine et de chocolat américain
pour les enfants.
Le célèbre humoriste Forain a laissé un certain nombre de
légendes qui sont passées en proverbes. La plus connue d’entre
elles est certainement celle dont le titre de cet article offre une
variante. Le dessin représentait dans un salon, une énorme dame
au profil épais, anx seins tombants, à la bouche lippue et à la tête
couverte d’un bonnet phrygien. C’était la République, é’était
Marianne, telle que la voyaient les réactionnaires aux environs de
1900. Dans un côin du dessin, deux hommes observaient Marianne
d’un air triste et dégoûté, et l’un d’eux soupirait :
—■ Elle était si belle sous l’Empire !
Ce qui revenait à dire que, depuis le temps lointain où elle
n’était encore qu’un rêve de conspirateurs et d’opposants, la Répu
blique, devenue une réalité, avait beaucoup enlaidi en vieillissant.
Au cours de l’époque amère et douloureuse que nous venons
de traverser, le dessin de Forain et sa légende me sont fréquemment
revenus à l’esprit :
— Que la République est donc belle en ce moment ! me
disais-je.
Etouffée, bâillonnée par le gouvernement de Vichy comme
elle l’avait été par le gouvernement de Napoléon III, la République
brillait dans mon imagination et mon souvenir de tout l’éclat, de
tout le charme que confèrent l’infortune et l’absence.
« Les absents ont toujours tort », affirme un dicton.
Ce n’est vrai que d’une certaine manière et l’on pourrait sou
tenir aussi bien que les absents ont toujours raison.
La République avait raison sous l’Empire. Pour les parti
sans du sinistre M. Maurras, la Royauté avait raison sous la Répu
blique. Parbleu ! Il est facile de ne pas se tromper quand on est pas
là ! Il est facile d’être infaillible quand on échappe, du fait qu’en
est absent ou qu’on est mort, à tous les risques d’erreur courus par
ceux qui sont là, qui vivent, qui agissent.
Eh, oui, la République était belle sous l’occupation alle
mande, quand elle s’identifiait pour nous à cette liberté dont nous
étions si cruellement privés ! Ses défauts eux-mêmes, ses désordres,
ses mauvaises habitudes, nous apparaissaient comme inhérents à
notre caractère national et à notre conformation naturelle. /
N’ai-je pas entendu dire, par manière de plaisanterie :
j— Ah, vivement la bonne pagaïe d’avant-guerre !
*Ceta signifiait que toui était prefcrhble aü régime d'.gnobl,?
servitude et d’abjecte corruption où, par ordre de l’occupant, nous
maintenaient les gens de Vichy, et en effet, tout était préférable à
cela.
Seulement, à présent que la République nous est rendue, à
présent que nous pouvons de nouveau respirer, à présent que nous
sommes redevenus des citoyens libres, l’éclairage change et la pers
pective se modifie. L’absence cesse d’exercer ses prestiges. Ce
n’est plus au passé ni au futur que nous avons désormais à parler
de la République. Elle est présente, elle est vivante. L'éloignement
ne peut plus l’embellir. Les illusions d’optique ne sont plus de cir
constance. Le moment de se complaire dans le rêve et la nostalgie
est passé. La réalité nous presse de toutes parts. La République
sera ce que nous la ferons et nous avons vis-à-vis de nous-mêmes
le devoir de la faire aussi belle qu’elle l’était sous l’occupation,
aussi belle que nous la rêvions aux heures où l’oppression étrangère
nous la faisait tant regretter.
Ah, oui, la République était belle sous l’occupation! Elle
rayonnait de tous les principes qui constituent dans le plan idéal,
son incontestable souveraineté, et au premier rj/ng desquels son! la
justice, la concorde et la tolérance. Hélas, nous savons par expé
rience combien il est difficile de les faire passer de la catégorie de
l’idéal dans le terre à terre quotidien de la politique. Après l’épou
vantable épreuve, nous serions impardonnables de nous abandonner
aux mêmes entraînements. Ce serait à désespérer de nous.
— Après la guerre, disions-nous parfois, après la libération,
il s’agira d’être sérieux.
Etre sérieux, c’est-à-dire travailler dans l’union, la sympa
thie et la compréhension mutuelle, de telle sorte que ce ne soit pas
seulement des mots creux à l’usage des politiciens et des journa
listes.
Rappelons-nous le mot de Forain. Rappelons-nous la
Marianne mafflue, enlaidie par l’âge et les rancœurs, qui faisait
ricaner les réactionnaires, il y a quarante ans.
Notre République de 1944 sort toute jeune et toute fraîche du
long martyre que vient de subir la France.
Jeune et fraîche, il faut qu’elle le reste, et elle ne le restera
que par une victoire de tous les instants remportée par les Français
sur leur terrible penchant à la désunion, à l’intolérance et à
l’égoïsme.
renouveler nos provisions de
papier. Tâche difficile en raison des transports déficients. Il
fallait reconstituer nos équipes d’ouvriers dispersés. Réparer
les machines endommagées.
Enfin, nousavons.au moins partiellement, put résoudre
ces problèmes. Certes, nous ne pouvons encore paraître sur
quatre grandes pages.
Mais que nos lecteurs, anciens et nouveaux, nous fassent
confiance. Au fur et à mesure des possibilités nous aug
menterons le nombre de nos pages et de nos rubriques.
Nous voulons leur offrir une République vraiment
digne de ce beau nom. Un journal vivant, large d’idées,
ouvert à tous.
A tous les Français de bonne volonté, n’ayant jamais
pactisé avec le boche et ayant constamment gardé au cœur
l’amour de la Patrie, de notre pays qui peut subir des revers
passagers, mais demeure immortel. A peine tombé, il se
relève, grâce au courage de ses enfants, et se montre digne
d’occuper sa place dans le monde, c’est-à-dire une des pre
mières parmi les grandes naiions.
A tous les Français républicains, car le gouvernement
républicain démocratique est le seul qui convienne au peuple
français ainsi que l’a excellemment déclaré le général de
Gaulle. La dictature nazie que nous avons subie depuis plus
de quatre ans, ne laisse aucun doute dans nul esprit sur ce
point.
A tous les Français fermement décidés à veiller
jalousement, constamment à la sécurité de la France, tant à
l’intérieur qu’à l’extérieur.
Nous voulons une République moderne, agissante,
oubliant les vaines formules, les antiques divisions, accueil
lante à tous les progrès, tendant une main secourable et
amicale anx humbles, vralutent démocratique et sociale.
En plein accord avec le Groupement départemental
Libération, nous mèneront la lutte contre les trusts, les
grosses hégémonies occultes, financières ou autres, pour une
France républicaine plus prospère dans un monde régénéré.
Naturellement nos colonnes seront ouvertes aux sports
qu’aime la jeunesse et qui maintient les hommes dans un
heureux état d’équilibre sanitaire.
Dans notre petite patrie où l’agriculture tient une si
grande place, nous n’oublierons pas le sort des habitants des
campagnes.
Nous ne négligerons ni les lettres, ni les arts faisant
l’agrément de la vie, ni les sciences indispensables au progrès.
Enfin, nous mettrons toute notre ardeur à plaire à la
masse profonde et raisonnable de notre région et nous lui
demandons de crier avec nous :
FRANCE!
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE ET
« LIBÉRATION » est un groupement de résistance qui, dans
période de clandestinité, a fait son devoir et tout son devoir.
Tous ses membres étaient à l’avant-garde du combat avec
leuLS camarades des autres organisations.
« LIBÉRATION » s’associe de tout cœur avec générosité,
courage et volonté aux efforts du Gouvernement provisoire de la
République que préside avec tant de grandeur le Général de Gaulle.
« LIBÉRATION » est placé sous l’égide du Comité Natio
nal de la Résistance et l’assure de son dévouement, de sa fidélité
et de sa reconnaissance.
« LIBÉRATION » veut, de toutes ses forces, continuer la
tâche essentielle d’union, d’entr’aide et de fraternité, qui est une des
[ Conditions majeures et nécessaires de la rénovation nationale.
«LIBÉRATION » réclame avec ardeur et véhémence l’épu
ration complète qui permettra au peuple de France de respirer dans
une atmosphère plus saine et plus claire.
« LIBÉRATION » demande impérativement que soit reconnu
hautement et légitimement le sublime mérite des héros et des
martyrs de la Résistance.
«LIBÉRATION» attend avec impatience le retour de nos
frères prisonniers et déportés, résistants de là première’heure, et leur
garde une place d’honneur au sein de sa grande famille.
« LIBÉRATION » ne saurait mieux définir ses aspirations et
ses espoirs, qu’en appelant de tons ses vœux, dans une Europe
enfin libérée et pacifiée, et dans un monde indissolublement uni,
un nouvel équilibre international, afin que la France retrouve
auprès des grandes nations la place que son génie, sa culture, son
rayonnement, lui permettent d’exiger.
« LIBÉRATION » s’incline religieusement et respectueuse
ment devant les morts glorieux des armées triomphantes qui ont
libéré notre sol et exprime à nos généreux Alliés sa reconnaissance,
son immense espoir et son dévouement le plus absolu.
Le Président
du Comité départemental de Libération,
Georges MOULIN.
M. HERVIEU
maire de Melun
Comité départemental
de Libération!
5F ANNÉE — N» 3923
MERCREDI 4 OCTOBRE 1944
F
Enfin libres !
LA REPUBLIQUE
Notre programme
C^/y/c77?e afé/ya/'fe/nesifa/ ciït C/rou/Je/nesif 44 Libération
Elle était si belle
Notre Interview
de la semaine
Hitler déclare la Guerre à la France
sous F
1
A NOS ABONNES
SOIRÉE DE GALA
La "République de Seine-el-Marne.
'IIIIIIIIIIlIllIllIflIinillIIIIIIIIIIlHHIIIIIIIIIIIlillillllllllillllHIII
Les Grands Faits en trois lignes
la
r-
SOUS LA BOTTE 1
HITLERIENNE
A. L.
Les Heures sombres de Melun
NOUVELLES MILITAIRES
La Ligne Siegfried est enfoncée
attributs essentiels du progrès.
mouvoir nos machines, il nous
IIIe Armée
a libéré du
BAS LE MASQUE RAVITAILLEMENT
occupation !
par ANDRÉ BILLV
î. HEMERY, Président, Front National ;
2. MOULIN, Libération ;
3. HUBERT; Ceux de la Résistance ;
4. BRUNOT, O. C. M. ;
5. MEURGEY, Résistance ;
6. BARTHÉLEMI, Ceux de la Libération ;
7. MARCEAU Camille, Union Locale des Syndicats ;
8. PLASMAN Kléber, Paysan ;
9. FAVRE, Prisonnier ;
10. MORIN, F. U. J. P. ;
11. GAUTIER, Parti Communiste ;
12. MARCEAU André, Parti Socialiste ;
13. Docteur PELBOIS, U. R. D. ;
14. CHALAMON, Parti Radical-Socialiste ;
15. BARENNE ;
16. SOMMIER, Conseiller général ;
17. DE MOUSTIER, Conseiller général.
VIVE LA
VIVE LA
SOCIALE!
On annonce rju’après une intense
préparation d’artillerie et une formi
dable action aérienne, la ligne Sieg
fried a été enfoncée par des forces
américaines qui ont progressé à
trois kilomètres au-delà, dans le
secteur d’Aix-la-Chapelle.
La lutte dans la trouée de Belfort
est vive.
L’attaque de Dunkerque, défendu
par 15,000 allemands, est commen
cée.
— Le général de Gaulle a visité
Lille où il a reçu un accueil enthou
siaste de la grande cité industrielle.
— Les droits de douane sont pro
visoirement suspendus. On étudie
un nouvel équilibre des échanges
commerciaux.
— Dans un récent discours, le
président Roosevelt confirme que
l’Allemagne nazie sera punie de ses
crimes.
— Après l’évacuation des civils,
un suprême assaut est lancé sur les
allemands de Calais qui capitulent.
L’administration des P.
T. T. ne pouvant encore
assurer le transport des
journaux, nous ne pouvons
faire parvenir LA RÉPU
BLIQUE à nos abonnés qui
devront se ia procurer au
numéro.
Mais dès que les circons
tances le permettront, ils
recevront le nombre de nu
méros qui restaient à leur
faire parvenir quand notre
parution à dû cesser forcé
ment.
Sous ce titre, en plusieurs articles
nous allons publier des notes prises
au jour le jour depuis le i'r janvier
1944.
C’est qu’en effet ce fut une année
cruciale pour notre ville qui fut vrai
ment martyre. Les quinze cents im
meubles endommagés de notre cité,
les deuils trop nombreux dans notre
ville, les arrestations arbitraires par
ois suivis d’issue tragique le dé
montre amplement.
Nous en avons de multiples preu
ves.
Nous sommes Cependant d’avis qu i!
y a quelqu’un qui a plus d’esprit que
M. de Voltaire, c’est M. Tout-le-
Moude. Aussi nous serons heureux de
recevoir des renseignements complé
mentaires de tous nos lecteurs.
Nous ne promettons pas de les pu
blier tous in-extenso, mais nous ferons
une synthèse de tout ce que nous
recevrons et ce que nous publierons
sera le. résultat du travail de tous.
C’est une collaboration que nous vous
demandons. Mais celle-ci n’est pas
honteuse. Elle peut s’avouer claire
ment et hautement.
Elle aura pour but d’éclairer non i
seulement nos concitoyens et nos
compatriotes actuels, mais elle sera
une source de renseignements utiles
pour les historiens de l’avenir.
A la semaine prochaine le premier
article sur ce sujet.
Nous avons eu l’honneur d’être
reçu par M. Hervieu, maire de Me
lun, qui était assisté de deux de ses
adjoints, MM. Bouteloup et Goux.
Inutile de dire que tous les trois
furent charmants pour l’envoyé de
La République, qu’ils remercièrent
et se dirent heureux de saluer la
renaissance de ce vieux journal
melunais.
A nos questions, M. Hervieu nous
répondit que ses principales préoc
cupations touchaient le ravitaille
ment
Il s’efforcera d’améliorer la qua
lité et d’augmenter la quantité des
marchandises mises à la disposition
du public Les détaillants devront
être approvisionnés en temps utile
et les magasins ouverts assez long
temps pour supprimer les queues.
Un arrêté sera pris en ce sens avec
des ouvertures minima de 9 heures
à 12 h. 45 et de 15 h. 30 à 19 h. 30.
L’observation des prix fixés sera
contrôlée et le marché noir sanc
tionné sévèrement. On s'efforcera
d’augmenter les rations existantes
et d'assurer une juste répartition
suivant les catégories.
L’heure de distribution du lait
étant fonction des arrivages pourra
apporter quelques modifications à
cette règle.
Les boucheries et charcuteries
seront ouvertes le premier jour de
7 h. 30 à 19 h 30, sans interruption.
Pour les cafés et restaurants l’af
fichage des prix sera strictement
exigé, ainsi que la capacité des réci
pients utilisés. Les abus seront sé
vèrement réprimés.
Pour le tabac, des espoirs sont
permis, la presse s’étant faite l’écho
des doléances du public.
Hygiène et sports. — L’hygiène
sera l’objet d’un examen attentif
dans les écoles principalement. On
améliorera dans toute la mesure du
possible les conditions de vie dans
les hôpitaux et hospices. L’eau cou
rante, le gaz, seront installés par
tout où ils manquent encore.
Pour la collectivité, la création
de bains-douches depuis si long
temps attendue, sera enfin réalisée.
Le nettoyage des rues, l’enlève
ment des ordures ménagères, seront
améliorées.
On suprimera toutes les maisons
insalubres pour les remplacer par
des habitations à bon marché, où
l’air et la lumière pourront entrer à
profusion.
La municipalité s’adonnera à l’a
ménagement des terrains de sports
déjà existant et à la création d’autres
pouvant être nécessaires. Une pis
cine municipale sera créée. La vie
sportive sera encouragée par des
fêtes et des facilités misent la portée
de la jeunesse, tel que auberge de
la jeunesse, etc.
Travaux de voirie. — Les travaux
de voirie ne seront pas négligés. La
municipalité s’attachera à la réalisa
tion du plan d’urbanisme de la ville
de Melun, parla reconstruction des
ponts, le dégagement des voies ur
baines trop étroites, l’amélioration
des bâtiments communaux et de
leurs dépendances.
L’amélioration de l’éclairage ur
bain, l’extension du réseau d’égoùt
seront activement poursuivi.
Œuvres sociales. — La municipa
lité aidera l’extension des œuvres
sociales, par la création de poupon
nières, jardins d’enfants, maisons de
retraite pour les vieillards, dispen
saires, etc.
Evidemment ces projets ne sont
nullement limitatifs et M. Hervieu
et ses adjoints, nous font compren
dre qu’ils veulent faire de Melun
une ville digne d’être le chef-lieu du
département et voisine de la grande
capitale, Paris.
Le 26 septembre 1944 au moment
où sa libération s’accélère d’heure
en heure, la France apprendqu’Adolf
Hitler vient de lui déclarer la guerre.
La plupart des français accueilli
rent cette nouvelle avec un sourire
goguenard et un haussement d’é
paules. Est-ce que nous n’étions pas
en guerre avec l’Allemagne depuis
le 3 septembre 1939?
Mais cela vaut bien un petit mo
ment d’attention.
Caria vérité est qu’Adolf Hitler a
toujours été en guerre avec la
France.
Dès son enfance à Braunau, en
Autriche, il groupait ses camarades
d’écoles en deux camps. Se mettant
en tête de celui représentant les
allemands qui étaient toujours vain
queurs des français.
Adolf Hitler n’admirait que Bis
mark et von Molke qui avaient vain
cu Napoléon III en 1870.
Adolf Hitler, en 1914, bien qu’au
trichien, s’engagea à Munich, dans
l’armée allemande pour se battre
plus sûrement contre la France.
Adolf Hitler blessé et gazé en 1918
sur le front français, faillit périr ou
être aveugle et conserva sa haine
contre notre pays.
Adolf Hitler voulut toujours la
revanche contre la France qui, avec
ses alliés, vainquit l’Allemagne et
ses alliés en 1918.
Adolf Hitler dans Mein Kampf dé
clare que l’ennemi principal de
l’Allemagne est la France.
Adolf Hitler, après 1940, encoura
gea un mouvement séparatiste entre
a Bretagne et la France.
Adolf Hitler suscita les actions
néfastes des Doriot, Déat et autres
Bucard pour nous affaiblir.
Adolf Hitler martyrisa les prison
niers, fusilla des otages innocents,
dans le même but.
Adolf Hitler déporta les travail
la ■. français ou‘:T-R!:in q-.:-,ur !»m.r
travail mais aussi pour malaxer
leurs cerveaux et leur arracher du
cœur l’amour de leur pays.
Adolf Hitler restreignit la nourri-
tnre des enfants, des vieillards et
des adultes, volontairement, Systé
matiquement, pour diminuer la ré
sistance de notre race.
Adolf Hitler en faisant mutiler les
livres d’histoire, utilisés dans les
écoles en diminuant toujours plus
les heures d'études, voulait faire du
peuple français un peuple veule à
mentalité d’esclaves.
Adolf Hitler fut toujours et par
tout [‘ennemi mortel de la Fronce.
En déclarant maintenant la guerre
à la France, il ne fait qu’enlever un
masque — ne trompant que ceux
qui le voulaient — recouvrant sa
hideuse face de super-boche.
Abel LEBLANC.
Il y a un peu plus d’un mois que la
américaine du Général Patton nous
joug abhorré du Boche.
Il y a vingt-huit mois —■ depuis le 3 juin
Nous apprenons que le Groupe
ment « LIBÉRATION » organise un
grand gala théâtral aux Variétés-Ci
néma, le dimanche 8 octobre 1944, à
14 h. 30, avec le concours de la
grande vedette
FERNANDEL
accompageé d’une pléiade d’artistes
de premier ordre.
Ce gala est au profit des sinistrés.
Aussi, les Melunais sont invités à
mettre courageusement la main à la
poche pour aider ceux qui sont dans
la peine et le besoin.
Ils jouiront d’un spectacle inouï
dans notre ville et feront une bonne
action.
1942 — que
les autorités allemandes ont interdit la parution de LA
RÉPUBLIQUE DE SEINE-ET-MARNE.
On comprend combien nous aurions voulu dès le
lendemain du 25 août 1944, alors que le dernier allemand
était chassé du sol de notre ville, reparaître et crier bien haut
notre joie, clamer nos espoirs à tous les échos.
Hélas ! Le lourd tribut que Melun dut payer à la
barbarie teutonne a freiné notre enthousiasme...
Par suite de la rupture des ponts, des combais qui
s’étaient déroulés dans ses rues, du bombardement terroriste
des vaincus, ia ville était, dans sa majeure partie, privée d’eau,
de gaz et d’électricité, ces
Dans l’impossibilité de faire
fallait bien patienter.
Il nous fallait aussi
— Les Houillières du Nord et la
maison Renault sont placés sous le
contrôle de l’Etat.
— On procède au recensement de
tous les français âgés de 18 à 48 ans.
— Nous n’avons jamais cessé
d’être en guerre, la convention d’ar
mistice n’ayant pas été publiée au
Journal Officiel.
— Le téléphone fonctionne depuis
lundi entre Paris et les réseaux de
Seine, Seine-et-Oise et Seine-et-
Marne.
On nous annonce pour cette se
maine :
100 grammes de beurre, tickets
et 2 et G A,
Fromage gras, tickets-chiffres
n" 1 et 2.
Pain, avec de la farine à 85 % au
lieu de 98 ”/»■
25f) grammes de viande. Pour
compléter la ration du 23 septembre
il sera procédé dans le courant de la
semaine à la mise en place chez les
bouchers, de sardines.
Il en sera distribué 60 grammes
par consommateur avec le ticket
D R, feuille de denrées diverses.
Orge. 150 gr. de mélange orge et
chicorée, contre le ticket D E de
septembre, sauf pour les catégories
E et .11 qui peuvent obtenir on rem
placement 250 gr. de petit, déjeuner
Toni Banan au Cacao.
Pâtes. La distribution des pâtes
est provisoirement suspendue par
ordre du ministère
Légumes secs. Distribution de
500 gr. contre remise du ticket D B.
Prochainement, distribution de
margarine et de chocolat américain
pour les enfants.
Le célèbre humoriste Forain a laissé un certain nombre de
légendes qui sont passées en proverbes. La plus connue d’entre
elles est certainement celle dont le titre de cet article offre une
variante. Le dessin représentait dans un salon, une énorme dame
au profil épais, anx seins tombants, à la bouche lippue et à la tête
couverte d’un bonnet phrygien. C’était la République, é’était
Marianne, telle que la voyaient les réactionnaires aux environs de
1900. Dans un côin du dessin, deux hommes observaient Marianne
d’un air triste et dégoûté, et l’un d’eux soupirait :
—■ Elle était si belle sous l’Empire !
Ce qui revenait à dire que, depuis le temps lointain où elle
n’était encore qu’un rêve de conspirateurs et d’opposants, la Répu
blique, devenue une réalité, avait beaucoup enlaidi en vieillissant.
Au cours de l’époque amère et douloureuse que nous venons
de traverser, le dessin de Forain et sa légende me sont fréquemment
revenus à l’esprit :
— Que la République est donc belle en ce moment ! me
disais-je.
Etouffée, bâillonnée par le gouvernement de Vichy comme
elle l’avait été par le gouvernement de Napoléon III, la République
brillait dans mon imagination et mon souvenir de tout l’éclat, de
tout le charme que confèrent l’infortune et l’absence.
« Les absents ont toujours tort », affirme un dicton.
Ce n’est vrai que d’une certaine manière et l’on pourrait sou
tenir aussi bien que les absents ont toujours raison.
La République avait raison sous l’Empire. Pour les parti
sans du sinistre M. Maurras, la Royauté avait raison sous la Répu
blique. Parbleu ! Il est facile de ne pas se tromper quand on est pas
là ! Il est facile d’être infaillible quand on échappe, du fait qu’en
est absent ou qu’on est mort, à tous les risques d’erreur courus par
ceux qui sont là, qui vivent, qui agissent.
Eh, oui, la République était belle sous l’occupation alle
mande, quand elle s’identifiait pour nous à cette liberté dont nous
étions si cruellement privés ! Ses défauts eux-mêmes, ses désordres,
ses mauvaises habitudes, nous apparaissaient comme inhérents à
notre caractère national et à notre conformation naturelle. /
N’ai-je pas entendu dire, par manière de plaisanterie :
j— Ah, vivement la bonne pagaïe d’avant-guerre !
*Ceta signifiait que toui était prefcrhble aü régime d'.gnobl,?
servitude et d’abjecte corruption où, par ordre de l’occupant, nous
maintenaient les gens de Vichy, et en effet, tout était préférable à
cela.
Seulement, à présent que la République nous est rendue, à
présent que nous pouvons de nouveau respirer, à présent que nous
sommes redevenus des citoyens libres, l’éclairage change et la pers
pective se modifie. L’absence cesse d’exercer ses prestiges. Ce
n’est plus au passé ni au futur que nous avons désormais à parler
de la République. Elle est présente, elle est vivante. L'éloignement
ne peut plus l’embellir. Les illusions d’optique ne sont plus de cir
constance. Le moment de se complaire dans le rêve et la nostalgie
est passé. La réalité nous presse de toutes parts. La République
sera ce que nous la ferons et nous avons vis-à-vis de nous-mêmes
le devoir de la faire aussi belle qu’elle l’était sous l’occupation,
aussi belle que nous la rêvions aux heures où l’oppression étrangère
nous la faisait tant regretter.
Ah, oui, la République était belle sous l’occupation! Elle
rayonnait de tous les principes qui constituent dans le plan idéal,
son incontestable souveraineté, et au premier rj/ng desquels son! la
justice, la concorde et la tolérance. Hélas, nous savons par expé
rience combien il est difficile de les faire passer de la catégorie de
l’idéal dans le terre à terre quotidien de la politique. Après l’épou
vantable épreuve, nous serions impardonnables de nous abandonner
aux mêmes entraînements. Ce serait à désespérer de nous.
— Après la guerre, disions-nous parfois, après la libération,
il s’agira d’être sérieux.
Etre sérieux, c’est-à-dire travailler dans l’union, la sympa
thie et la compréhension mutuelle, de telle sorte que ce ne soit pas
seulement des mots creux à l’usage des politiciens et des journa
listes.
Rappelons-nous le mot de Forain. Rappelons-nous la
Marianne mafflue, enlaidie par l’âge et les rancœurs, qui faisait
ricaner les réactionnaires, il y a quarante ans.
Notre République de 1944 sort toute jeune et toute fraîche du
long martyre que vient de subir la France.
Jeune et fraîche, il faut qu’elle le reste, et elle ne le restera
que par une victoire de tous les instants remportée par les Français
sur leur terrible penchant à la désunion, à l’intolérance et à
l’égoïsme.
renouveler nos provisions de
papier. Tâche difficile en raison des transports déficients. Il
fallait reconstituer nos équipes d’ouvriers dispersés. Réparer
les machines endommagées.
Enfin, nousavons.au moins partiellement, put résoudre
ces problèmes. Certes, nous ne pouvons encore paraître sur
quatre grandes pages.
Mais que nos lecteurs, anciens et nouveaux, nous fassent
confiance. Au fur et à mesure des possibilités nous aug
menterons le nombre de nos pages et de nos rubriques.
Nous voulons leur offrir une République vraiment
digne de ce beau nom. Un journal vivant, large d’idées,
ouvert à tous.
A tous les Français de bonne volonté, n’ayant jamais
pactisé avec le boche et ayant constamment gardé au cœur
l’amour de la Patrie, de notre pays qui peut subir des revers
passagers, mais demeure immortel. A peine tombé, il se
relève, grâce au courage de ses enfants, et se montre digne
d’occuper sa place dans le monde, c’est-à-dire une des pre
mières parmi les grandes naiions.
A tous les Français républicains, car le gouvernement
républicain démocratique est le seul qui convienne au peuple
français ainsi que l’a excellemment déclaré le général de
Gaulle. La dictature nazie que nous avons subie depuis plus
de quatre ans, ne laisse aucun doute dans nul esprit sur ce
point.
A tous les Français fermement décidés à veiller
jalousement, constamment à la sécurité de la France, tant à
l’intérieur qu’à l’extérieur.
Nous voulons une République moderne, agissante,
oubliant les vaines formules, les antiques divisions, accueil
lante à tous les progrès, tendant une main secourable et
amicale anx humbles, vralutent démocratique et sociale.
En plein accord avec le Groupement départemental
Libération, nous mèneront la lutte contre les trusts, les
grosses hégémonies occultes, financières ou autres, pour une
France républicaine plus prospère dans un monde régénéré.
Naturellement nos colonnes seront ouvertes aux sports
qu’aime la jeunesse et qui maintient les hommes dans un
heureux état d’équilibre sanitaire.
Dans notre petite patrie où l’agriculture tient une si
grande place, nous n’oublierons pas le sort des habitants des
campagnes.
Nous ne négligerons ni les lettres, ni les arts faisant
l’agrément de la vie, ni les sciences indispensables au progrès.
Enfin, nous mettrons toute notre ardeur à plaire à la
masse profonde et raisonnable de notre région et nous lui
demandons de crier avec nous :
FRANCE!
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE ET
« LIBÉRATION » est un groupement de résistance qui, dans
période de clandestinité, a fait son devoir et tout son devoir.
Tous ses membres étaient à l’avant-garde du combat avec
leuLS camarades des autres organisations.
« LIBÉRATION » s’associe de tout cœur avec générosité,
courage et volonté aux efforts du Gouvernement provisoire de la
République que préside avec tant de grandeur le Général de Gaulle.
« LIBÉRATION » est placé sous l’égide du Comité Natio
nal de la Résistance et l’assure de son dévouement, de sa fidélité
et de sa reconnaissance.
« LIBÉRATION » veut, de toutes ses forces, continuer la
tâche essentielle d’union, d’entr’aide et de fraternité, qui est une des
[ Conditions majeures et nécessaires de la rénovation nationale.
«LIBÉRATION » réclame avec ardeur et véhémence l’épu
ration complète qui permettra au peuple de France de respirer dans
une atmosphère plus saine et plus claire.
« LIBÉRATION » demande impérativement que soit reconnu
hautement et légitimement le sublime mérite des héros et des
martyrs de la Résistance.
«LIBÉRATION» attend avec impatience le retour de nos
frères prisonniers et déportés, résistants de là première’heure, et leur
garde une place d’honneur au sein de sa grande famille.
« LIBÉRATION » ne saurait mieux définir ses aspirations et
ses espoirs, qu’en appelant de tons ses vœux, dans une Europe
enfin libérée et pacifiée, et dans un monde indissolublement uni,
un nouvel équilibre international, afin que la France retrouve
auprès des grandes nations la place que son génie, sa culture, son
rayonnement, lui permettent d’exiger.
« LIBÉRATION » s’incline religieusement et respectueuse
ment devant les morts glorieux des armées triomphantes qui ont
libéré notre sol et exprime à nos généreux Alliés sa reconnaissance,
son immense espoir et son dévouement le plus absolu.
Le Président
du Comité départemental de Libération,
Georges MOULIN.
M. HERVIEU
maire de Melun
Comité départemental
de Libération!
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