Titre : La République de Seine-et-Marne : paraissant trois fois par semaine ["puis" paraît deux fois par semaine "puis" journal hebdomadaire, organe du Parti républicain radical]
Auteur : Parti radical (France). Fédération (Seine-et-Marne). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Melun)
Éditeur : Publi HebdosPubli Hebdos (Rennes)
Éditeur : La République de Seine-et-MarneLa République de Seine-et-Marne (Melun)
Date d'édition : 1914-06-28
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34399836p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 28 juin 1914 28 juin 1914
Description : 1914/06/28 (A21,N2464). 1914/06/28 (A21,N2464).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG77 Collection numérique : BIPFPIG77
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t53917188w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89197
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/01/2025
LA
Vingt et unième année. — N° 2.466
centimes
A "
Dimanche 26 Juin 1914
REPUBLIQUE
DE SEIWE-ET-MARNE 5
centimes
PRIX DES ABONNEMENTS : un &■ Six mois **ois moi»
lütiun et Département. ....... S fr < fr< 3 ft.
Sors le Département. . S • *
| RÉBACTIOI & ADMIKÎSTRAT10B : 3, BOHEVARB VICT0R-HB60, 3, XELUI
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Prix de Vinsertion t O fr. 25 la Ligne
La • RÉPUBLIQUE DE èEINE-ETjAidNF • paraît Déni fois par Semaiae
TRANSfÔRMATIGN
À partir du ïor Juillet, LA
RÉPUBLIQUE de Seine-et-Marne
sera profondément transformée.
Organe du parti républicain de
l'arrondissement de Melun, elle doit
être lue par tous; aussi le prix de
l’abonnement annuel sera abaissé
de six francs à trois francs.
Journal destiné aux laborieuses
populations des campagnes, elle
doit les renseigner complètement
sur tout ce qui touche à la vie locale,
en économisant leurs instants qui
sont précieux ; aussi elle ne paraîtra
plus que le Samedi.
Nos anciens abonnés ne seront
pas lésés par ce changement : le
terme de leur abonnement sera
prolongé jusqu’au moment où ils
auront reçu le nombre de numéros
auxquels ils ont droit.
Ainsi, les renouvellements devant
s’opérer en :
août 1914 s’opéreront en septembre 1914
septembre 1914 en octobre 1914
octobre 1914 — novembre 1914
novembre 1914 — janvier 1915
décembre 1914 — mars 1915
janvier 1915 — juin 1915
février 1915 — juillet 1915
mars 1915 — septembre 1915
avril 1915 — novembre 1915
Ceux d’entre eux qui ont déjà
été injormés de la transformation
de LA RÉPUBLIQUE, ne nous ont
pas ménagé leurs approbations pour
l ÆuVi'é qùè iiuûs uCcôlllp\iS
par la diffusion plus grana^. e
notre journal, nous travaillons à
répandre les idées démocratiques
et à assurer le triomphe du parti
républicain.
République de Seine-et-Marne.
AU JOUR LE JOUR
Mardi 23 Juin
Les ministres réunis en conseil se
sont occupés des éboulements de Paris.
— M. Violette a été élu vice-president
de la nouvelle Chambre.
— Le Sénat a continué la discussion
du budget.
— Le Sénat n’ayant pas apporté de
modifications dans le projet des P. T. T.
qui fut voté cet après-midi, une certaine
effervescence vient d’éclater parmi les
agents des P. T. T.
— Me Henri Robert a èti ’éélu bâton
nier des avocats.
— D’après certaines informations, le
prince de Wied serait en fuite.
Mercredi 24 Juin
M. Thomson a eu plusieurs entrevues
avec les délégués des postiers grévistes.
De nouveaux incidents ss sont produits.
Dans la soirée, les services ont été repris.
— Un déjeuner a été offert à l’Elysée
en l’honneur des officiers généraux nou
vellement promus.
— Le Sénat a poursuivi l’étude du bud
get.
— Le roi de Serbie, Pierre, a abdiqué
en faveur de son fils Alexandre.
— La mission navale russe est arrivée
à Toulon, ou elle va assister aux ma
nœuvres navales.
— La ligue contre la moralité infan
tile a ténu son assemblée générale an
nuelle sous la présidence du docteur
Roux.
Jeudi 25 Juin
La Chambre a consacré sa séance à
un projet de résolution relatif aux ou
vriers étrangers travaillant en France.
— Le Sénat a continué la discussion
du budget
— La commission d’enquête sur les
éboulements de Paris s’est réunie en une
première séance. Elle a décidé de visiter,
demain, les lieux de la catastrophe.
— La recette principale des postes, à
Paris, a repris sa physionomie normale.
Tous les facteurs sont à leur poste.
— Tirage financier : Obligations Ville
de Paris 1889.
L’agitation à laquelle les facteurs
de Paris ont cru devoir recourir
pour faire entendre leurs revendi
cations n’a, heureusement, pas duré
longtemps. Tout est calme aujour
d’hui, et s’il est permis de réfléchir
sur les évènements, du moins doit
on se garder de toute parole qui se
rait de nature à froisser les suscep
tibilités ou à réveiller les méfiances.
Il faut pourtant que la vérité soit dite.
Il faut que les intéressés — les
facteurs et les gouvernants — con
naissent ce que pense cet autre in
téressé : le grand public, sans lequel
ni les uns ni les autres n’auraient de
raison d’être.
Hé bien, le grand public a com
mencé par être stupéfait. A l’an
nonce des premières nouvelles, on
s’est demandé si une crise gigan
tesque d’un des principaux services
publics ne commençait pas, et, à la
surprise, s’est mêlée une vive inquié
tude.
De ces sentiments, la cause des
facteurs n’a guère bénéficié. Chaque
français voit d’un œil indulgent les
gestes frondeurs ; il écoute favora
blement ceux qui se moquent du
pouvoir : enfants nous aimons gui
gnol quand il rosse le commissaire
et, parvenus à l’âge mûr, nous con
servons un peu de cet état d’esprit.
Les révoltés nous sont sympathi
ques. Et même, nous payons assez
volontiers, sans nous faire trop prier,
les pots cassés de la veille.
Mais quand des agents d’un ser-
quand ils abandonnent leurs fonc
tions en empêchant le service même
auquel ils doivent s’employer de
marcher normalement, alors nous
commençons à protester. Nous son
geons aux intérêts généraux qpi sont
atteints, et nous pensons que, dans
leur hâte de servir leurs intérêts
particuliers, les agents en rébellion
lèsent d’autres intérêts privés aussi
respectables que les leurs.
C’est pourquoi l’opinion publique
a été sévère pour les facteurs qui
ont manifesté si violemment leur
mécontentement.
Elle l’a été encore bien davantage
pour ceux qui ont rendu cette mani
festation inévitable, et en qui elle
voit les principaux responsables de
ces mouvements tumultueux par
lesquels le pays se sent si troublé.
Les vrais responsables, ce sont ces
prometteurs éternels, qui, pour flat
ter les électeurs possibles, excitent
les espoirs, font naître les désirs et
suscitent des réclamations dont ils
s’instituent les défenseurs apparents
et les protagonistes menteurs.
Ce sont aussi ceux qui ont habitué
les citoyens de ce pays à ne rien
obtenir que par la violence. Hier
matin, je lisais dans un journal ré
publicain, la Lanterne, cette phrase
que j’ai trouvée un peu effrayante,
dans sa vérité ; « Ce n’est pas la
faute des salariés de l’Etat si les
causes les plus justes ne peuvent
triompher sans l’effort méthodique,
et parfois tumultueux, des inté
ressés. »
Que les causes, quelles qu’elles
soient — et, dans le fond, celle des
facteurs est légitime — soient sou
tenus par un effort méthodique,
énergique et puissant dans la léga
lité, personne ne saurait s’en plain
dre. Mais ce qui est formidable,
c’est qu’on en vienne à accepter
comme naturelle l’idée qu’une cause
n’a de chances de triompher qu’au
moment précis où ceux qui doivent
bénéficier de son succès franchissent
les bornes de la loi, et emploient ce
que notre confrère appelle des
« moyens tumultueux ».
Il ne semble pas que les demandes
des facteurs soient exagérées. Au
moment où tout le monde se plaint
de la vie chère, il faut bien convenir
que les cent francs réclamés ne se
raient pas de trop pour nourrir les
familles de ces modestes fonction
naires. Mais là n’est pas la question,
qui se pose uniquement ainsi : ou
Carnet du Diable
bien l’Etat peut supporter le sacrifice
qui lui est demandé, ou il ne le peut
pas. S’il le peut, il fallait écouter
avec plus de bienveillance les récla
mations des facteurs, quand elles
étaient faites dans les limites de la
loi ; s’il ne le peut pas, il fallait ne
pas promettre, mais indiquer les
raisons de l’impossibilité à quoi on
se heurtait.
Mais il est inadmissible que, resté
sourd aux sollicitations respec
tueuses des fonctionnaires, le gou
vernement s’émeuve tout à coup
quand ces mêmes fonctionnaires
commencent à commettre des actes
répréhensibles. Je trouve, pour ma
part, la négligence passée et la subite
bienveillance consécutive aux trou
bles absolument et également inad
missibles. Elles constituent en effet
un encouragement à la violence. Et
quel encouragement? le plus efficace
de tous, puisqu’il vient des chefs
eux-mêmes.
Déjà, ayant par leurs menaces
obtenu ce que leur patience n’avait
pu acquérir, les postiers annoncent
qu’ils reprennent leur travail, mais
qu’il reste « entendu que toute l’ac
tion future à engager ne s’en trouve
nullement amoindrie. » Ils se sou
viendront de la victoire remportée
par leurs excès, de la posture humi
liée du ministre, leur chef, obligé
de leur céder, et quand on leur con
seillera le calme, ils répondront
qu’avec le calme, on n’obtient rien.
Je rêve d’un autre système : je
vois un gouvernement assez cons
cient des besoins de ses serviteurs
pour y satisfaire sans y être con
traint, assez habile pour faire admet
tre en? ? les fende nnhliec no cn-l
pas inépuisables e», en même temps,
pour demander aux citoyens ce qui
est nécessaire à la vie normale de
ceux qui, assurant les services pu
blics, contribuent à la fortune du
pays. Je voudrais que la confiance
entre les chefs et leurs subordonnés
soit assez grande pour que ceux-ci
puissent compter sur la protection
de ceux-là, et ceux-là sur la fidélité
de ceux-ci à leur devoir ; alors la
violence serait sans excuse et le
respect de la légalité serait efficace
et profitable. Il est pénible d’avoir à
constater que, de plus en plus, on
habitue les citoyens de ce pays à
s’éloigner de cet idéal.
G. GÉRAULT-CARION.
UNE NOUVELLE A SENSATION
La Croix annonce dans son dernier
numéro une nouvelle qui ne peut que
nous faire tresaillir d’aise.
Probablement que jusqu’à présent on
avait jamais su convenablement présen
ter la religion aux jeunes catéchumènes,
dans « la province de Paris », car il pa
raît qu’il y a une province de Paris, puis
qu’on va tout prochainement leur donner
un 'nouveau cathéchisme, grâce auquel
tout doute sera désormais impossible. Le
voir sera croire.
Tout cela est fort bon, mais il y a
quelque chose qui froisse Je bon sens
dans cette nouvelle ;
D’abord, pourquoi ce cathéchisme par
ticulier à une province quand il s’agit
d’enseigner une religion qui se prétend
une et universelle ?
Y aurait-il donc une manière différente
d’enseigner selon qu’il s’agit des habi
tants des bords de la Seine ou de ceux
des borls de la Garonne Ce qui est bon
pour l’un est-il mauvais pour l’autre?
Ensuite, comment se fait-il que l’on
croit nécessaire de faire des catéchismes
nouveaux, (même en admettant que les
anciens puissent encore servir)?
Une religion qui prêtent remonter à
l’origine du monde — et dont, en fait,
les racines ont, tant bien que mal, tra
versé dix-neuf siècles — être immuable
et intangible peut donc subir des varia
tions, et de qui était parfait hier peut
donc ne plus l'être aujourd’hui.
Au lieu de l’atténuer ce nouveau cathé
chisme ne peut que faire germer le doute.
Avouer que l’on perfectionne « l’abrégé
de la doctrine chrétienne » c’est dire que
l’on a pu se tromper et en matière de
religion cet aveu équivaut à une néga
tion puisque la doctrine doit être parfaite
et révélée.
Il est vrai que not s savons depuis long
temps que les curés sont des farceurs. Ils
viennent de nous le prouver une fois de
de plus.
WW
MÉTIER DANGEREUX
On pourrait croire que le métier d’avia
teur est le plus dangereux qui existe. 11
n’en est rien.
Si on compte le nombre des accidents
et qu’on le compare au nombre des pi
lotes sillonnant quotidiennement l’azur
on s’aperçoit que les accidents, bien que
trop fréquents ne sont pas autant qu’on
pourrait le croire à première vue.
■U est un autre métier, beaucoup plus
ancien — il remonte au temps où quel
ques hommes manquant de confiance en
eux-mêmes, la mirent toute dans un de
leurs semblables — q >i semble autrement
dangereux. C’est le métier de roi.
Si l’on examine la situation des diffé
rents chefs d’Eiat on se rend vite compte
que pour comporter des avantages bril
lants leur situation n’est pas sans quel
ques inconvénients appréciables.
Sans compter le jeune Manoel, chassé
un peu brutalement de « son royaume » ;
nous voyons son ex-voisin AlphonseXIII,
échappant à quatre atientats mais tou
jours à la veille d’un nouveau pouvant
lui ê.re funeste. Plus loin nous voyons
le tsar, dont le fils fut estropié, échapper
par miracle à une catastrophe longue
ment préméditée. Puis c’est le prince de
Wied qui. à peine installé sur le trône
branlant d’A banie. doit déjà song r à
quitter la place en voyant ses belliqueux
sujets s’entre-tuer avec frénésie et
prendre d’assaut sa capitale.
C’est encore le roi Pierre Karageor-
gewitch, de Serbie, qui abdique préma
turément en faveur de son fils, après
avoir succédé lui-même au dernier aes
Obrenowi ch assassiné, avec la reine
Draga Maschin, par ses officiers en
révolte.
De tout ceci il résulte que le métier de
roi < si brillant mais fort embêtant et
excessivement dangereux.
Il n’est pas jusqu’à celui de « peuple-
souverain » qui ne réserve de désagréa
bles surprises. Ainsi pendant la dernière
période é’ectorale on lui fit de nombreu
ses promesses toutes plus mirifiques les
unes que les autres et les élections pas
sées on lui présente l’additon d’un em
prunt de vingt francs par tête d’habitant
dont on avait oublié de lui parler.
Plaie d’argent n'est pas mortelle, dit-
on, sans doute, c’est bien ennuyeux tout
de même.
•VV/sA-
UNE FÊTE CHARMANTE
Les Astronomes qui savent tout ce
que nous devons au glorieux et resplen
dissant soleil, ont pris depuis quelques
années l’habitude de le fêter à l’occasion
du solstice de juin.
Pour être un peu plus près du ciel ils
sont montés dans la Tour Eiffel pour
leur banquet nocturne.
Après le repas, servi au premier étage
de la tour, M. Camille Flammarion
chanta l’influence magnétique d’Apollon
et, la galanterie ne perd jamais ses
droits, il prononça l’éloge parallèle des
femmes et des roses.
On se sépara alors que Phœbus, sortant
de l’antre de Thétis, lâchait la bride à
ses coursiers de feu... au point du jour,
en prose.
Espérons que Phœbus Apollon Soleil
saura prouver sa reconnaissance des
libations faites en son honneur en nous
donnant un été superbe.
Il sera le bien venu.
ASMODÉE.
La 8e Exposition
DE LA SOCIÉTÉ DES AMIS DES ARTS
de Seine-et-Marne
Tout comme la nef de la ville de Paris,
elle flotte hardiment, la caravelle des
Amis des Arts de Seine-et-Marne. Elle a
changé trois fois de capitaine ; les deux
premiers ont été obligés de se retirer,
l'un pour des raisons de convenances
personnelles, l’autre par nécessité de
famille. Ils ont emporté les regrets.
Malgré cela, la Société n’a rien perdu de
sa vitalité. Le troisième président pos
sède, outre l’autorité, lé don de la parole,
la courtoisie, le caractère aimable et
enjoué, le tact délicat, le geste large. Il
est aidé dans ses fonctions par deux
vice présidents et une vice-présidente,
qui tous trois sont des artistes de talent.
Le secrétaire... ne secrète que du tra
vail et aucun venin. Le trésorier, tout
neuf, ne désire que suivre les traces de
son prédécesseur, qui fut un maître
financier. Quant à l’archiviste, il n’a qu’a
enregistrer, pour la postérité, les titres
glorieux de la Socié é... et quelques
autres papiers de moindre importance,
certes, mais qui ne seront pas sans inté
rêt pour l’histoire.
Les sociétaires sont nombreux, les
exposants ne chôment pas. L’installation,
grâce à la bienveillance de la munici-
pali é. est véritablement très convenable.
Cette même municipalité achète à la
Société pour son musée deux œuvres
remarquables (une peinture et une aqua
relle); le Conseil général vote une sub
vention, la Société elle-même achète
pour mille francs de tableaux et chalco
graphies, qu’elle répartira par la voie du
sort entre ses divers membres, dimanche
prochain, à 4 heures. Des dons importants
en argent sont venus cette année ci
même permettre à la Société d’exercer
un patronage efficace en faveur d’un
jeune artiste plein de promesses. Pour
conquérir le grand public, des confé
rences seront données. La première fut
faite au musée par M. R^yon.
Elle vogue donc joyeuse et fière, la
caravelle des Amis des Arts, et ne
semble pas disposée à faire naufrage.
Faisant en ces jours-ci sa huitième
escale, elle invite vivement et ceux qui
la connaissent et ceux qui ne la connais
sent pas à venir la visiter. Les personnes
justes ne regretteront pas, croyons-nous,
de s’êre dérangées.
Faisons donc un peu le tour de son
intéressai! te .Exposition,
1° Peinture
Elle attire par la variété des sujets ou
locaux ou exotiques, la diversité des
genres traités (scènes d’intérieur, paysa
ges, marines, natures mortes, fleurs,
portraits, etc.), par la solidité du dessin,
ia parfaite entente des couleurs.
« A tout seigt eur, tout honneur. » Je
commencerai par les maîtres : je veux
dire Marché, Pascal, Mme Georget,
Slein, les frères Delahogue.
De M. Marché il y a deux toiles de
dimensions bien différentes, d’inspira
tion tout opfo-ée. Il serait difficile de
dire cependant laquelle il faut le plus
admi-er : le petit tableautin de Larchant
vu par un effet de neige ou sa grande
œuvre de l’Oued el-Kar.tara, en Algérie.
Dans l’un, quelle pieuse mélancolie
s’exhale de cette croix de carrefour, de
la vieille tour d’église enveloppée d’un
linceul de neige ! Dans l’autre, quelle
harmonie toute de douceur dans cette
atmosphère reposante des calmes algé
riens ! Regardez le beau ciel bleu, cette
falaise tantôt rose, tantôt blanche, le
sable jaune bordant le torrent vert.
Mme Georget nous a donné un Coucher
de soleil au bord de la Seine, qui est
traité d’une manière large et puissante
Le ciel orageux y est de grand effet.
M. Pascal expose deux toiles extrême
ment intéressantes où le travail le dis
pute à la sincérité et où cependant ne se
manifeste aucune trace d’eftbrt. C’est,
pourtant, s’il faut choisir, à sa belle
Grèce de Primel qu’iraient probablement
nos préférences. Il y règne une harmo
nie, douce de nuances, suggestive de
mélancolie, dans cet accord des tons
mineurs entre le mauve du ciel et de la
plage de sable s’étendant à perte de vue.
Seul, un véritable artiste pouvait donner
de l’intérêt à pareille bande de sable
monotone.
De M. Stein, signalons plusieurs
envois. D’abord son Petit Canal, à
Venise. Us sont rares ceux qui, fuyant
les grands spectacles classiques de Ve
nise, tombés dans le domaine banal, sa
vent observer ces petits recoins de
mystère et de poésie comme la belle Italie
en garde encore pour ceux qui savent
voir et mprendre.
Les ueux autres scènes, très différen
tes, puisqu’elles se passent à la chute du
jour, appartiennent au champ spécial où
s’est distingué cet aimable maître : l’une
est un Soir d'Automne à Melun, l’autre
une Vue sur le Pont-Neuf et la Belle-
Jardinière. Dans l’un et l’autre cas, les
lumières du soir luttent contre la lumière
du jour, mais dans le dernier tableau,
une jolie silhouette de Parisienne vient
ajouter à cet éblouissement des choses
son petit éclat mutin de grâce et d’élé
gance spirituelle et rieuse.
Quant aux frères Delahogue, ils se
surpassent toujours et trouvent dans
leur brûlante Afrique des motifs nou
veaux. L’un peint une Caravane par un
coucher de soleil, l’autre une Rue de ville
de marché, qui sont d’un effet saisissant.
Ils savent à la fois rendre la fougue des
clartés aveuglantes des midis algériens
et le calme majestueux des grands soirs
tombant sur le désert.
Puis arrive un bataillon serré d’artistes
bien connu des Melunais et entre lesquels
il serait difficile de faire des distinctions.
C’est Mlle George, avec un excellent
Intérieur du Palais de Fontainebleau,
aux très discrètes harmonies de jaune
Empire, imprégnées de la majesté des
souvenirs historiques et de la tristesse
des grandes tragédies d’il y a cent ans.
C’est M. Fréchon, avec plusieurs paysa
ges remarquables, mais dont la Grande
Vague de Pleine Mer est de mouvement
particulièrement heureux. C’est M. Ca-
moreyt, avec un Ciel chargé planant sur
une plage désolée.
M. Chatry revient à ses motifs de
vitraux d’église vus aux heures de cré
puscule. L’année dernière, c’était ia
Chapelle Salnt-Piat de Chartres, aujour
d’hui c’est Ï'-Eglise de Coulommiers. Sa
vue des deux églises de la même ville
est également de grand effet.
M. Ampenot nous offre trois échantil
lons de son beau talent : un portrait de
jeune fille, de magnifiques roses thé
mêlées à des roses blanches, enfin un
charmant tableau de genre : La Classe
enfantine de l'Ecole maternelle de Cou
lommiers. Oh ! les jolies frimousses
appliquées à leur dessin ! Oh ! les notes
gaies des robes bleues des fillettes, des
bas marrons et des tabliers noirs des
petits garçons ! El quelles positions
malicieuses des cocottes en papier ser
vant de modèles à la bande si sage des
gentils écoliers !
De Mme Riedel-Rittmeyer, un beau
portrait d’homme, très vivant, aux mou
vements justes, aux taches lumineusi s
bien posées.
Mlle Richard rend admirfthler .
effets de clair-obscurs dans les intimités
religieuses des sacristies
Il y a deux bons peintres nommés
Martin, tous deux bons paysagistes. Du
premier, M. Victor Martin, citons l’ex
cellent Moulin de Chanteloup avec .-a
remarquable enveloppe lumineuse. Du
dernier, M. Charles Martin, célébrons les
ciels très curieux, traités de façon très
personnelle, les lointains très bien ren
dus. Pour les ciels, par exemple, L’En-
réede village en Savoie. Pour les loin
tains, Le Hameau du Eanage à Concar
neau.
M. Jorin, nous rend très poétiquement
l’effet violacé de la mer sur la côte d’azur
l’hiver.
Mme de Liniers se complaît en ses très
fortes études de chiens et de piqueurs.
Mile Desrousseaux, élève d’un grand
maître, aime les aspects de tristesse des
fins d'automne, ou des hivers glacés ou
des chutes du jour.
M. Lhuer a peint avec amour une
vieille statuette d’église. C’est d’une belle
conscience artistique et d’une ardente
compréhension du sujet.
M. Tresse, en vigoureux empâtements,
nous a peint les deux portes pittoresques
de Moret. L’Efet de Neige sur le Loing,
tout comme celui produit sur La Porte
de Bourgogne est très intéressant.
Mme Tresse a préféré peindre Les
Bords de la Seine, dont nul ns saurait se
lasser à Melun.
MM. Christophe, Guilvert, ont exposé
des toiles qui prouvent grand travail et
remarquable progrès.
Notre dernier mot sera pour M. Déon
dont, entre autres choses, j’ai surtout
admiré la belle étude de bateaux au
matin.
2° Sculpture
Une seule artiste a exposé : M1!e de
Poret. Son buste plâtre de Jeune Floren
tine est d’un beau profil.
3n Aquarelles, Dessins. Pastels,
Fusains, Miniatures, Gravures
Nous ne pouvons évidemment citer
tous les noms, d’autant plus que certains
artistes exposant dans plusieurs sec
tions, la plupart d’entre eux ont déjà
été signalés.
Outre les envois de MM, Beaux, Nacu,
Narache, de M11* Picquard, de M. Ru-
teau. de M. Breton, il faut appeler spé
cialement l’attention des visiteurs, parmi
les aquarelles sur les marines de M. Fré
chon, peignant la Normandie ou la Bre
tagne, les études de M Prud’homme
représentant Une vieille rue d'Abbeville,
es fl eurs de MM11” Destailleurs, Les
belles Ruines de Dammarie-lés-Lys ou
Les vieux Hôtels mélancoliques de Senlis,
par M. Vallet.
Parmi les miniatures, citons les beaux
envois de M“e Dardel et surtout de
Musnier-Guillon.
Pour les fusains, les études d’arbres
dans la Lande, près de l’étang de Ca-
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notre journal, nous travaillons à
répandre les idées démocratiques
et à assurer le triomphe du parti
républicain.
République de Seine-et-Marne.
AU JOUR LE JOUR
Mardi 23 Juin
Les ministres réunis en conseil se
sont occupés des éboulements de Paris.
— M. Violette a été élu vice-president
de la nouvelle Chambre.
— Le Sénat a continué la discussion
du budget.
— Le Sénat n’ayant pas apporté de
modifications dans le projet des P. T. T.
qui fut voté cet après-midi, une certaine
effervescence vient d’éclater parmi les
agents des P. T. T.
— Me Henri Robert a èti ’éélu bâton
nier des avocats.
— D’après certaines informations, le
prince de Wied serait en fuite.
Mercredi 24 Juin
M. Thomson a eu plusieurs entrevues
avec les délégués des postiers grévistes.
De nouveaux incidents ss sont produits.
Dans la soirée, les services ont été repris.
— Un déjeuner a été offert à l’Elysée
en l’honneur des officiers généraux nou
vellement promus.
— Le Sénat a poursuivi l’étude du bud
get.
— Le roi de Serbie, Pierre, a abdiqué
en faveur de son fils Alexandre.
— La mission navale russe est arrivée
à Toulon, ou elle va assister aux ma
nœuvres navales.
— La ligue contre la moralité infan
tile a ténu son assemblée générale an
nuelle sous la présidence du docteur
Roux.
Jeudi 25 Juin
La Chambre a consacré sa séance à
un projet de résolution relatif aux ou
vriers étrangers travaillant en France.
— Le Sénat a continué la discussion
du budget
— La commission d’enquête sur les
éboulements de Paris s’est réunie en une
première séance. Elle a décidé de visiter,
demain, les lieux de la catastrophe.
— La recette principale des postes, à
Paris, a repris sa physionomie normale.
Tous les facteurs sont à leur poste.
— Tirage financier : Obligations Ville
de Paris 1889.
L’agitation à laquelle les facteurs
de Paris ont cru devoir recourir
pour faire entendre leurs revendi
cations n’a, heureusement, pas duré
longtemps. Tout est calme aujour
d’hui, et s’il est permis de réfléchir
sur les évènements, du moins doit
on se garder de toute parole qui se
rait de nature à froisser les suscep
tibilités ou à réveiller les méfiances.
Il faut pourtant que la vérité soit dite.
Il faut que les intéressés — les
facteurs et les gouvernants — con
naissent ce que pense cet autre in
téressé : le grand public, sans lequel
ni les uns ni les autres n’auraient de
raison d’être.
Hé bien, le grand public a com
mencé par être stupéfait. A l’an
nonce des premières nouvelles, on
s’est demandé si une crise gigan
tesque d’un des principaux services
publics ne commençait pas, et, à la
surprise, s’est mêlée une vive inquié
tude.
De ces sentiments, la cause des
facteurs n’a guère bénéficié. Chaque
français voit d’un œil indulgent les
gestes frondeurs ; il écoute favora
blement ceux qui se moquent du
pouvoir : enfants nous aimons gui
gnol quand il rosse le commissaire
et, parvenus à l’âge mûr, nous con
servons un peu de cet état d’esprit.
Les révoltés nous sont sympathi
ques. Et même, nous payons assez
volontiers, sans nous faire trop prier,
les pots cassés de la veille.
Mais quand des agents d’un ser-
quand ils abandonnent leurs fonc
tions en empêchant le service même
auquel ils doivent s’employer de
marcher normalement, alors nous
commençons à protester. Nous son
geons aux intérêts généraux qpi sont
atteints, et nous pensons que, dans
leur hâte de servir leurs intérêts
particuliers, les agents en rébellion
lèsent d’autres intérêts privés aussi
respectables que les leurs.
C’est pourquoi l’opinion publique
a été sévère pour les facteurs qui
ont manifesté si violemment leur
mécontentement.
Elle l’a été encore bien davantage
pour ceux qui ont rendu cette mani
festation inévitable, et en qui elle
voit les principaux responsables de
ces mouvements tumultueux par
lesquels le pays se sent si troublé.
Les vrais responsables, ce sont ces
prometteurs éternels, qui, pour flat
ter les électeurs possibles, excitent
les espoirs, font naître les désirs et
suscitent des réclamations dont ils
s’instituent les défenseurs apparents
et les protagonistes menteurs.
Ce sont aussi ceux qui ont habitué
les citoyens de ce pays à ne rien
obtenir que par la violence. Hier
matin, je lisais dans un journal ré
publicain, la Lanterne, cette phrase
que j’ai trouvée un peu effrayante,
dans sa vérité ; « Ce n’est pas la
faute des salariés de l’Etat si les
causes les plus justes ne peuvent
triompher sans l’effort méthodique,
et parfois tumultueux, des inté
ressés. »
Que les causes, quelles qu’elles
soient — et, dans le fond, celle des
facteurs est légitime — soient sou
tenus par un effort méthodique,
énergique et puissant dans la léga
lité, personne ne saurait s’en plain
dre. Mais ce qui est formidable,
c’est qu’on en vienne à accepter
comme naturelle l’idée qu’une cause
n’a de chances de triompher qu’au
moment précis où ceux qui doivent
bénéficier de son succès franchissent
les bornes de la loi, et emploient ce
que notre confrère appelle des
« moyens tumultueux ».
Il ne semble pas que les demandes
des facteurs soient exagérées. Au
moment où tout le monde se plaint
de la vie chère, il faut bien convenir
que les cent francs réclamés ne se
raient pas de trop pour nourrir les
familles de ces modestes fonction
naires. Mais là n’est pas la question,
qui se pose uniquement ainsi : ou
Carnet du Diable
bien l’Etat peut supporter le sacrifice
qui lui est demandé, ou il ne le peut
pas. S’il le peut, il fallait écouter
avec plus de bienveillance les récla
mations des facteurs, quand elles
étaient faites dans les limites de la
loi ; s’il ne le peut pas, il fallait ne
pas promettre, mais indiquer les
raisons de l’impossibilité à quoi on
se heurtait.
Mais il est inadmissible que, resté
sourd aux sollicitations respec
tueuses des fonctionnaires, le gou
vernement s’émeuve tout à coup
quand ces mêmes fonctionnaires
commencent à commettre des actes
répréhensibles. Je trouve, pour ma
part, la négligence passée et la subite
bienveillance consécutive aux trou
bles absolument et également inad
missibles. Elles constituent en effet
un encouragement à la violence. Et
quel encouragement? le plus efficace
de tous, puisqu’il vient des chefs
eux-mêmes.
Déjà, ayant par leurs menaces
obtenu ce que leur patience n’avait
pu acquérir, les postiers annoncent
qu’ils reprennent leur travail, mais
qu’il reste « entendu que toute l’ac
tion future à engager ne s’en trouve
nullement amoindrie. » Ils se sou
viendront de la victoire remportée
par leurs excès, de la posture humi
liée du ministre, leur chef, obligé
de leur céder, et quand on leur con
seillera le calme, ils répondront
qu’avec le calme, on n’obtient rien.
Je rêve d’un autre système : je
vois un gouvernement assez cons
cient des besoins de ses serviteurs
pour y satisfaire sans y être con
traint, assez habile pour faire admet
tre en? ? les fende nnhliec no cn-l
pas inépuisables e», en même temps,
pour demander aux citoyens ce qui
est nécessaire à la vie normale de
ceux qui, assurant les services pu
blics, contribuent à la fortune du
pays. Je voudrais que la confiance
entre les chefs et leurs subordonnés
soit assez grande pour que ceux-ci
puissent compter sur la protection
de ceux-là, et ceux-là sur la fidélité
de ceux-ci à leur devoir ; alors la
violence serait sans excuse et le
respect de la légalité serait efficace
et profitable. Il est pénible d’avoir à
constater que, de plus en plus, on
habitue les citoyens de ce pays à
s’éloigner de cet idéal.
G. GÉRAULT-CARION.
UNE NOUVELLE A SENSATION
La Croix annonce dans son dernier
numéro une nouvelle qui ne peut que
nous faire tresaillir d’aise.
Probablement que jusqu’à présent on
avait jamais su convenablement présen
ter la religion aux jeunes catéchumènes,
dans « la province de Paris », car il pa
raît qu’il y a une province de Paris, puis
qu’on va tout prochainement leur donner
un 'nouveau cathéchisme, grâce auquel
tout doute sera désormais impossible. Le
voir sera croire.
Tout cela est fort bon, mais il y a
quelque chose qui froisse Je bon sens
dans cette nouvelle ;
D’abord, pourquoi ce cathéchisme par
ticulier à une province quand il s’agit
d’enseigner une religion qui se prétend
une et universelle ?
Y aurait-il donc une manière différente
d’enseigner selon qu’il s’agit des habi
tants des bords de la Seine ou de ceux
des borls de la Garonne Ce qui est bon
pour l’un est-il mauvais pour l’autre?
Ensuite, comment se fait-il que l’on
croit nécessaire de faire des catéchismes
nouveaux, (même en admettant que les
anciens puissent encore servir)?
Une religion qui prêtent remonter à
l’origine du monde — et dont, en fait,
les racines ont, tant bien que mal, tra
versé dix-neuf siècles — être immuable
et intangible peut donc subir des varia
tions, et de qui était parfait hier peut
donc ne plus l'être aujourd’hui.
Au lieu de l’atténuer ce nouveau cathé
chisme ne peut que faire germer le doute.
Avouer que l’on perfectionne « l’abrégé
de la doctrine chrétienne » c’est dire que
l’on a pu se tromper et en matière de
religion cet aveu équivaut à une néga
tion puisque la doctrine doit être parfaite
et révélée.
Il est vrai que not s savons depuis long
temps que les curés sont des farceurs. Ils
viennent de nous le prouver une fois de
de plus.
WW
MÉTIER DANGEREUX
On pourrait croire que le métier d’avia
teur est le plus dangereux qui existe. 11
n’en est rien.
Si on compte le nombre des accidents
et qu’on le compare au nombre des pi
lotes sillonnant quotidiennement l’azur
on s’aperçoit que les accidents, bien que
trop fréquents ne sont pas autant qu’on
pourrait le croire à première vue.
■U est un autre métier, beaucoup plus
ancien — il remonte au temps où quel
ques hommes manquant de confiance en
eux-mêmes, la mirent toute dans un de
leurs semblables — q >i semble autrement
dangereux. C’est le métier de roi.
Si l’on examine la situation des diffé
rents chefs d’Eiat on se rend vite compte
que pour comporter des avantages bril
lants leur situation n’est pas sans quel
ques inconvénients appréciables.
Sans compter le jeune Manoel, chassé
un peu brutalement de « son royaume » ;
nous voyons son ex-voisin AlphonseXIII,
échappant à quatre atientats mais tou
jours à la veille d’un nouveau pouvant
lui ê.re funeste. Plus loin nous voyons
le tsar, dont le fils fut estropié, échapper
par miracle à une catastrophe longue
ment préméditée. Puis c’est le prince de
Wied qui. à peine installé sur le trône
branlant d’A banie. doit déjà song r à
quitter la place en voyant ses belliqueux
sujets s’entre-tuer avec frénésie et
prendre d’assaut sa capitale.
C’est encore le roi Pierre Karageor-
gewitch, de Serbie, qui abdique préma
turément en faveur de son fils, après
avoir succédé lui-même au dernier aes
Obrenowi ch assassiné, avec la reine
Draga Maschin, par ses officiers en
révolte.
De tout ceci il résulte que le métier de
roi < si brillant mais fort embêtant et
excessivement dangereux.
Il n’est pas jusqu’à celui de « peuple-
souverain » qui ne réserve de désagréa
bles surprises. Ainsi pendant la dernière
période é’ectorale on lui fit de nombreu
ses promesses toutes plus mirifiques les
unes que les autres et les élections pas
sées on lui présente l’additon d’un em
prunt de vingt francs par tête d’habitant
dont on avait oublié de lui parler.
Plaie d’argent n'est pas mortelle, dit-
on, sans doute, c’est bien ennuyeux tout
de même.
•VV/sA-
UNE FÊTE CHARMANTE
Les Astronomes qui savent tout ce
que nous devons au glorieux et resplen
dissant soleil, ont pris depuis quelques
années l’habitude de le fêter à l’occasion
du solstice de juin.
Pour être un peu plus près du ciel ils
sont montés dans la Tour Eiffel pour
leur banquet nocturne.
Après le repas, servi au premier étage
de la tour, M. Camille Flammarion
chanta l’influence magnétique d’Apollon
et, la galanterie ne perd jamais ses
droits, il prononça l’éloge parallèle des
femmes et des roses.
On se sépara alors que Phœbus, sortant
de l’antre de Thétis, lâchait la bride à
ses coursiers de feu... au point du jour,
en prose.
Espérons que Phœbus Apollon Soleil
saura prouver sa reconnaissance des
libations faites en son honneur en nous
donnant un été superbe.
Il sera le bien venu.
ASMODÉE.
La 8e Exposition
DE LA SOCIÉTÉ DES AMIS DES ARTS
de Seine-et-Marne
Tout comme la nef de la ville de Paris,
elle flotte hardiment, la caravelle des
Amis des Arts de Seine-et-Marne. Elle a
changé trois fois de capitaine ; les deux
premiers ont été obligés de se retirer,
l'un pour des raisons de convenances
personnelles, l’autre par nécessité de
famille. Ils ont emporté les regrets.
Malgré cela, la Société n’a rien perdu de
sa vitalité. Le troisième président pos
sède, outre l’autorité, lé don de la parole,
la courtoisie, le caractère aimable et
enjoué, le tact délicat, le geste large. Il
est aidé dans ses fonctions par deux
vice présidents et une vice-présidente,
qui tous trois sont des artistes de talent.
Le secrétaire... ne secrète que du tra
vail et aucun venin. Le trésorier, tout
neuf, ne désire que suivre les traces de
son prédécesseur, qui fut un maître
financier. Quant à l’archiviste, il n’a qu’a
enregistrer, pour la postérité, les titres
glorieux de la Socié é... et quelques
autres papiers de moindre importance,
certes, mais qui ne seront pas sans inté
rêt pour l’histoire.
Les sociétaires sont nombreux, les
exposants ne chôment pas. L’installation,
grâce à la bienveillance de la munici-
pali é. est véritablement très convenable.
Cette même municipalité achète à la
Société pour son musée deux œuvres
remarquables (une peinture et une aqua
relle); le Conseil général vote une sub
vention, la Société elle-même achète
pour mille francs de tableaux et chalco
graphies, qu’elle répartira par la voie du
sort entre ses divers membres, dimanche
prochain, à 4 heures. Des dons importants
en argent sont venus cette année ci
même permettre à la Société d’exercer
un patronage efficace en faveur d’un
jeune artiste plein de promesses. Pour
conquérir le grand public, des confé
rences seront données. La première fut
faite au musée par M. R^yon.
Elle vogue donc joyeuse et fière, la
caravelle des Amis des Arts, et ne
semble pas disposée à faire naufrage.
Faisant en ces jours-ci sa huitième
escale, elle invite vivement et ceux qui
la connaissent et ceux qui ne la connais
sent pas à venir la visiter. Les personnes
justes ne regretteront pas, croyons-nous,
de s’êre dérangées.
Faisons donc un peu le tour de son
intéressai! te .Exposition,
1° Peinture
Elle attire par la variété des sujets ou
locaux ou exotiques, la diversité des
genres traités (scènes d’intérieur, paysa
ges, marines, natures mortes, fleurs,
portraits, etc.), par la solidité du dessin,
ia parfaite entente des couleurs.
« A tout seigt eur, tout honneur. » Je
commencerai par les maîtres : je veux
dire Marché, Pascal, Mme Georget,
Slein, les frères Delahogue.
De M. Marché il y a deux toiles de
dimensions bien différentes, d’inspira
tion tout opfo-ée. Il serait difficile de
dire cependant laquelle il faut le plus
admi-er : le petit tableautin de Larchant
vu par un effet de neige ou sa grande
œuvre de l’Oued el-Kar.tara, en Algérie.
Dans l’un, quelle pieuse mélancolie
s’exhale de cette croix de carrefour, de
la vieille tour d’église enveloppée d’un
linceul de neige ! Dans l’autre, quelle
harmonie toute de douceur dans cette
atmosphère reposante des calmes algé
riens ! Regardez le beau ciel bleu, cette
falaise tantôt rose, tantôt blanche, le
sable jaune bordant le torrent vert.
Mme Georget nous a donné un Coucher
de soleil au bord de la Seine, qui est
traité d’une manière large et puissante
Le ciel orageux y est de grand effet.
M. Pascal expose deux toiles extrême
ment intéressantes où le travail le dis
pute à la sincérité et où cependant ne se
manifeste aucune trace d’eftbrt. C’est,
pourtant, s’il faut choisir, à sa belle
Grèce de Primel qu’iraient probablement
nos préférences. Il y règne une harmo
nie, douce de nuances, suggestive de
mélancolie, dans cet accord des tons
mineurs entre le mauve du ciel et de la
plage de sable s’étendant à perte de vue.
Seul, un véritable artiste pouvait donner
de l’intérêt à pareille bande de sable
monotone.
De M. Stein, signalons plusieurs
envois. D’abord son Petit Canal, à
Venise. Us sont rares ceux qui, fuyant
les grands spectacles classiques de Ve
nise, tombés dans le domaine banal, sa
vent observer ces petits recoins de
mystère et de poésie comme la belle Italie
en garde encore pour ceux qui savent
voir et mprendre.
Les ueux autres scènes, très différen
tes, puisqu’elles se passent à la chute du
jour, appartiennent au champ spécial où
s’est distingué cet aimable maître : l’une
est un Soir d'Automne à Melun, l’autre
une Vue sur le Pont-Neuf et la Belle-
Jardinière. Dans l’un et l’autre cas, les
lumières du soir luttent contre la lumière
du jour, mais dans le dernier tableau,
une jolie silhouette de Parisienne vient
ajouter à cet éblouissement des choses
son petit éclat mutin de grâce et d’élé
gance spirituelle et rieuse.
Quant aux frères Delahogue, ils se
surpassent toujours et trouvent dans
leur brûlante Afrique des motifs nou
veaux. L’un peint une Caravane par un
coucher de soleil, l’autre une Rue de ville
de marché, qui sont d’un effet saisissant.
Ils savent à la fois rendre la fougue des
clartés aveuglantes des midis algériens
et le calme majestueux des grands soirs
tombant sur le désert.
Puis arrive un bataillon serré d’artistes
bien connu des Melunais et entre lesquels
il serait difficile de faire des distinctions.
C’est Mlle George, avec un excellent
Intérieur du Palais de Fontainebleau,
aux très discrètes harmonies de jaune
Empire, imprégnées de la majesté des
souvenirs historiques et de la tristesse
des grandes tragédies d’il y a cent ans.
C’est M. Fréchon, avec plusieurs paysa
ges remarquables, mais dont la Grande
Vague de Pleine Mer est de mouvement
particulièrement heureux. C’est M. Ca-
moreyt, avec un Ciel chargé planant sur
une plage désolée.
M. Chatry revient à ses motifs de
vitraux d’église vus aux heures de cré
puscule. L’année dernière, c’était ia
Chapelle Salnt-Piat de Chartres, aujour
d’hui c’est Ï'-Eglise de Coulommiers. Sa
vue des deux églises de la même ville
est également de grand effet.
M. Ampenot nous offre trois échantil
lons de son beau talent : un portrait de
jeune fille, de magnifiques roses thé
mêlées à des roses blanches, enfin un
charmant tableau de genre : La Classe
enfantine de l'Ecole maternelle de Cou
lommiers. Oh ! les jolies frimousses
appliquées à leur dessin ! Oh ! les notes
gaies des robes bleues des fillettes, des
bas marrons et des tabliers noirs des
petits garçons ! El quelles positions
malicieuses des cocottes en papier ser
vant de modèles à la bande si sage des
gentils écoliers !
De Mme Riedel-Rittmeyer, un beau
portrait d’homme, très vivant, aux mou
vements justes, aux taches lumineusi s
bien posées.
Mlle Richard rend admirfthler .
effets de clair-obscurs dans les intimités
religieuses des sacristies
Il y a deux bons peintres nommés
Martin, tous deux bons paysagistes. Du
premier, M. Victor Martin, citons l’ex
cellent Moulin de Chanteloup avec .-a
remarquable enveloppe lumineuse. Du
dernier, M. Charles Martin, célébrons les
ciels très curieux, traités de façon très
personnelle, les lointains très bien ren
dus. Pour les ciels, par exemple, L’En-
réede village en Savoie. Pour les loin
tains, Le Hameau du Eanage à Concar
neau.
M. Jorin, nous rend très poétiquement
l’effet violacé de la mer sur la côte d’azur
l’hiver.
Mme de Liniers se complaît en ses très
fortes études de chiens et de piqueurs.
Mile Desrousseaux, élève d’un grand
maître, aime les aspects de tristesse des
fins d'automne, ou des hivers glacés ou
des chutes du jour.
M. Lhuer a peint avec amour une
vieille statuette d’église. C’est d’une belle
conscience artistique et d’une ardente
compréhension du sujet.
M. Tresse, en vigoureux empâtements,
nous a peint les deux portes pittoresques
de Moret. L’Efet de Neige sur le Loing,
tout comme celui produit sur La Porte
de Bourgogne est très intéressant.
Mme Tresse a préféré peindre Les
Bords de la Seine, dont nul ns saurait se
lasser à Melun.
MM. Christophe, Guilvert, ont exposé
des toiles qui prouvent grand travail et
remarquable progrès.
Notre dernier mot sera pour M. Déon
dont, entre autres choses, j’ai surtout
admiré la belle étude de bateaux au
matin.
2° Sculpture
Une seule artiste a exposé : M1!e de
Poret. Son buste plâtre de Jeune Floren
tine est d’un beau profil.
3n Aquarelles, Dessins. Pastels,
Fusains, Miniatures, Gravures
Nous ne pouvons évidemment citer
tous les noms, d’autant plus que certains
artistes exposant dans plusieurs sec
tions, la plupart d’entre eux ont déjà
été signalés.
Outre les envois de MM, Beaux, Nacu,
Narache, de M11* Picquard, de M. Ru-
teau. de M. Breton, il faut appeler spé
cialement l’attention des visiteurs, parmi
les aquarelles sur les marines de M. Fré
chon, peignant la Normandie ou la Bre
tagne, les études de M Prud’homme
représentant Une vieille rue d'Abbeville,
es fl eurs de MM11” Destailleurs, Les
belles Ruines de Dammarie-lés-Lys ou
Les vieux Hôtels mélancoliques de Senlis,
par M. Vallet.
Parmi les miniatures, citons les beaux
envois de M“e Dardel et surtout de
Musnier-Guillon.
Pour les fusains, les études d’arbres
dans la Lande, près de l’étang de Ca-
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