Titre : La Revue des idées : études de critique générale / dir. Édouard Dujardin ; réd. Rémy de Gourmont
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1905-01-15
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32858522p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 15 janvier 1905 15 janvier 1905
Description : 1905/01/15 (A2,N13)-1905/06/15 (A2,N18). 1905/01/15 (A2,N13)-1905/06/15 (A2,N18).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t5390927w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-5797
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/01/2023
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ceux,
UNE DÉFINITION DE LA MÉMOIRE 415
déjà rares, d’une phrase retenue dont les mots associés n’expriment aucun
sens immédiatement évident. Delà sorte nous arrivons à fixer à peu près les
limites dans lesquelles le fait de mémoire évolue. Nous voyons qu’il exige
pour se produire une combinaison d’une certaine précision entre une part
d’incohérence et une part d’organisation. Nous voyons encore qu’il est d’autant
plus caractérisé que s’accentue la part d’incohérence qui y entre, mais nous
voyons aussi que, si sa valeur typique se précise dans ces conditions, ces
mêmes conditions tendent à rendre sa production plus difficile et plus rare,
। qu'enfin le fait de mémoire disparaît absolument lorsque le caractère d’inco
hérence qui le détermine atteint la limite où toute organisation, si rudimen
taire soit-elle, en est exclue,— tout point de contact, par où il pourrait entrer
en rapport avec l’activité organisée de l’esprit, venant alors à faire défaut.
De même, si le fait de mémoire devient plus fréquent à mesure qu’il im
plique une part d’organisation plus grande, nous voyons qu’il devient aussi,
à mesure, plus imprécis, moins reconnaissable et qu’il aboutit à disparaître
entièrement, par l’exagération de l’un des caractères antagonistes qui le cons
tituent, qu’il se perd alors dans l’activité organisée de l’esprit. C’est le cas du
géomètre pour qui la proposition relative à la valeur de trois angles d’un
triangle forme une vérité immédiatement saisissable par les prises logiques
de l’esprit, sans aucun recours à la mémoire.
*
* *
C'est donc à juste titre que M. Paulhan caractérise l’opération du souvenir
par le fait « d’une certaine prépondérance de l’activité indépendante des élé
ments psychiques sur leur activité systématisée (1).» Ce fait de prépondérance
qui non seulement n’exclut pas, mais implique, dans la combinaison, la pré
sence de l’élément dominé, en faisant apparaître le phénomène de la mémoire
dans la perspective de la relation antagoniste, le situe dans le cadre hors du
quel il n’est pas, semble-t-il, de conception possible du réel. Introduit comme
élément principal dans la définition de la mémoire, ce caractère de prépondé
rance présente cet autre avantage important : il différencie le fait de mé
moire du fait général de répétition par lequel on a coutume de le définir.
Certes la répétition est une part essentielle et une condition sine qua non du
phénomène mnémonique. Mais si l’on se borne à distinguer la mémoire par
cet unique caractère, elle devient un terme d’une telle généralité que, dési
gnant trop de choses, elle envahit tout le domaine psychologique et cesse
d’être au point de vue technique une dénomination utile. M. Paulhan ne nie
pas l’universalité de ce fait de répétition ; il a montré au contraire avec beau
coup d’insistance que les idées les plus abstraites sont en réalité formées de
fragments de perceptions, de fragments de sensations, de fragments de faits
(1) La Fonction de la mémoire, p. 35.
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UNE DÉFINITION DE LA MÉMOIRE 415
déjà rares, d’une phrase retenue dont les mots associés n’expriment aucun
sens immédiatement évident. Delà sorte nous arrivons à fixer à peu près les
limites dans lesquelles le fait de mémoire évolue. Nous voyons qu’il exige
pour se produire une combinaison d’une certaine précision entre une part
d’incohérence et une part d’organisation. Nous voyons encore qu’il est d’autant
plus caractérisé que s’accentue la part d’incohérence qui y entre, mais nous
voyons aussi que, si sa valeur typique se précise dans ces conditions, ces
mêmes conditions tendent à rendre sa production plus difficile et plus rare,
। qu'enfin le fait de mémoire disparaît absolument lorsque le caractère d’inco
hérence qui le détermine atteint la limite où toute organisation, si rudimen
taire soit-elle, en est exclue,— tout point de contact, par où il pourrait entrer
en rapport avec l’activité organisée de l’esprit, venant alors à faire défaut.
De même, si le fait de mémoire devient plus fréquent à mesure qu’il im
plique une part d’organisation plus grande, nous voyons qu’il devient aussi,
à mesure, plus imprécis, moins reconnaissable et qu’il aboutit à disparaître
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C'est donc à juste titre que M. Paulhan caractérise l’opération du souvenir
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Certes la répétition est une part essentielle et une condition sine qua non du
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(1) La Fonction de la mémoire, p. 35.
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