Titre : L'Abeille de Fontainebleau : journal administratif, judiciaire, industriel et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Fontainebleau)
Date d'édition : 1866-06-10
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32680641k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 10 juin 1866 10 juin 1866
Description : 1866/06/10 (A27,N23). 1866/06/10 (A27,N23).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG77 Collection numérique : BIPFPIG77
Description : Collection numérique : BIPFPIG77 Collection numérique : BIPFPIG77
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Île-de-France
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t539062981
Source : Archives départementales de Seine-et-Marne, PZ 1
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/12/2024
2
L'ABEILLE DE FONTAINEBLEAU
« Leurs Majestés sont rentrées le soir à
Paris. »
En présence de détails si minutieux, on croi
rait difficilement que, la nouvelle donnée avec
tant d’assurance urbi et orbi par le Petit
Journal est entièrement controuvée, s’il n’était
de notoriété à Fontainebleau que,depuis la der
nière chasse dans les tirés de la faisanderie,
l’Empereur n'a pas fait la moindre apparition
au Palais. L’Impératrice n’a pas encore effectué
l’excursion quelle fait habituellement un certain
temps avant le séjour de la cour, excursion qui
a pour but de donner de visù des instructions
pour les différents 'travaux d’installation inté
rieure, travaux qup ‘Sa Majesté dirige elle-
même. •‘
Au surplus, la plus grande incertitude règne
toujours sur le voyage de 1866 et, à l’heure
qu’il est, il n’est encore arrivé aucun agent des
services qui doivent être prêts à fonctionner le
jour même de l’arrivée de Leurs Majestés.
Une correspondance de Bruxelles annonçait,
il y a quelques jours, que le voyage de Leurs
Majestés belges [était ajourné jusqu’à l’arrivée
de (Empereur au palais de Fonteinebleau, où
seraient données des fêtes splendides
Mais ce ne sont là que des conjectures et,
nous le répétons, rien ne paraît encore décidé
d’une manière certaine pour le moment.
— Depuis le départ des cuirassiers de la
garde pour le camp de Châlons, le poste de la
cour du Cheval-Blanc n'est plus occupé, et, par
suite, le guichet de la grille principale est fermé
le jour comme la nuit.
Le jardin anglais et les parterres du palais
n’en sont pas moins accessibles tous les jours
au public; les grilles de la cour des Mathurins,
celles de la cour Henri IV, et les grilles neuves,
place d’Armes, restent ouvertes jusqu’à l’heure
de la retraite.
Les statues placées depuis un an aux casca
des, à l’extrémité des parterres viennent d’être
descendues pour être replacées sur des socles
définitifs et élégants.
Les deux énormes lions fantastiques en mar
bre, apportés de Chine par l’amiral Jaurès, qui
se trouvaient depuis quelque temps au palais,
viennent d’être placés au pied du perron du
musée chinois, dans la cour des Fontaines.
— Les travaux de reconstruction du pont de
Valvins sont menés avec la plus grande activité
et certainement si. comme il est probable, il ne
survient aucun incident imprévu, la traversée
de la Seine en bac ne se fera que pendant un
temps bien moins long qu’on ne l’avait sup
posé.
Déjà la première arche du côté de Valvins, est
démolie, et la pose des fermes en fer, sur les
quelles doit reposer le tablier, est commencée.
Ce tablier lui-même sera abaissé d’un mètre, ce
qui permettra d'adoucir les pentes accédant au
pont. i
— Les 30 juin, 1er et 2 juillet prochains,
auront lieu à Dijon de grandes fêtes en l’hon
neur de l’illustre Rameau, une des gloires
artistiques de la France.
Les sociétés de celte ville ont organisé pour
cette circonstance un festival et un concours
musical qui réuniront dans l’ancienne capitale
de la Bourgogne une véritable armée de musi
ciens; et la Société du tir des Chevaliers Dijon-
nais, pour donner son concours à cette œuvre
toute patriotique, a organisé son second grand
Tir régional annuel; cinquante prix, offerts par
S. M. l’Empereur et le Prince Impérial, le com
merce de Dijon, les sociétés, les habitants et la
municipalité de la ville récompenseront les plus
adroits tireurs. — Nous recevrons dans quel
ques jours les programmes de la fête, nous nous
ferons un plaisir de les communiquer à nos
lecteurs.
— Dans la journée du 25 mai, une jeune
fille mommée Julie Gallet, âgée de dix ans, de
meurant à Perthes, a succombé subitement par
suite de convulsions occasionnées par un arrêt
instantané de la digestion.
Le lendemain, le sieur François Maman, âgé
de 65 ans, cultivateur à Barbizon, commune de
Chailly-en Bierre, a été trouvé pendu dans son
grenier. Ce suicide est attribué à des ehagrins
domestiques.
— Les opérations de recensement de la popu
lation ont commencé la semaine dernière. Parmi
les questions auxquelles on est prié de répondre,
nous en remarquons quelques-unes qui pourront
sembler indiscrètes à beaucoup de personnes.
Ainsi, les préposés au recensement doivent insis
ter pour avoir les âges aussi exacts que pos
sibles, depuis celui de l’enfant qui vient de
naître jusqu’au centenaire. Les dames, naturel
lement, ne sont pas exclues de la mesure. Nous
doutons fort que tout le monde réponde avec
une entière franchise, surtout du cié du sexe
aimable.
Sous le chapitre des infirmités ou maladies
apparentes, on vous demandera s’il y a un mem
bre de voire famille aliéné, idiot, crétin, goi
treux, etc.?
On vous demandera si vous avez reçu une
instruction supérieure à l'instruction primaire
proprement dite. On poussera même la curiosité
jusqu’à insister pour que ce détail soit fourni,
même pour les enfants en bas âge.
Avec ces précieux renseignements, nous pour
rons savoir plus tard combien nous avons de
concitoyens ayant reçu une instruction supérieure
à l'instruction primaire; combien nous avons de
goitreux, d’idiots ou de crétins. Espérons que
le chiffre de ces derniers sera aussi bas que celui
des personnes instruites sera élevé.
— On'remarque, dit le Petit Journal, au
panorama de la Bataille de Solférino, du
colonel Langlois, aux Champs-Elysées, un épi
sode touchant :
« Dans le groupe de l’état-major de l’Empe
reur, le cheval du baron Larrey, médecin en
chef de l’armée, est atteint d’un coup de feu en
plein poitrail et tombe baigné dans son sang.
Le docteur, entraîné dans sa chute, se dégage,
saisit sa trousse, donne un coup de lancette
dans la peau, de chaque côté de la blessure, et,
passant une baguette de mousqueton dans les
trous, il la tourne comme un robinet que l’on
ferme, et arrête ainsi l’hémorragie.
« Mais comment reconduire au quartier-gé
néral le cheval affaibli par la perte de son sang ?
On le place entre deux chevaux de cent-gardes,
afin qu’il ne puisse tomber ni à droite ni à
gauche, et, marchant doucement, il arrive et
reçoit les soins de son maître, qui le montait un
peu-plus tard, en rentrant à Paris avec l’armée
d’Italie. »
Pour compléter l’histoire, cette fois très-véri
dique du Petit Journal, ajoutons qu'à son re
tour d'Italie le cheval du b iron Larrey a été
incorporé dans les écuries de la vénerie impé
riale Malgré l’épreuve qu’il a subie, ce cheval,
doué d’un robuste tempérament, a pu faire
pendant plusieurs années le rude service des
chasses à courre.
ACHÈRES. — Le nommé Mignot, carrier,
âgé de 55 ans, domicilié dans la commune
d’Achères, canton de La Chapelle-la-Reine, a
eu la jambe droite horriblement broyée par la
chute d’un bloc de grès pesant environ 400
kilos. Mignot est un honnête ouvrier que cet
accident va réduire à une fâcheuse nécessité.
BEAUMONT-DU-GATINAES. — L’imprudence
d’une jeune femme domiciliée en la commune
de BeaumOnt-du-Gâtinàis, paraitavoir occasionné
la mort par asphyxie de soh enfant âgé de 6
mois. Procès-verbal a été dressé.
CHATEAULANDON. — Dimanche dernier,
le chien du nommé Blein, cultivateur à Cbteau-
Landon, s’est jeté sur la jeune Stéphanie
Chauveau et l’a cruellement mordue. Ce chien,
qui a été visité par un homme de l’art, ne paraît
être atteint d’aucune maladie ; il va être observé
pendant quelques jours, après lesquels il sera
abattu.
NEMOURS. — On annonce pour les 24 et 25
de ce mois la foire et la fête de Saint-Jean, à
Nemours.
On sait tout le luxe intelligent qui est déployé
tous les ans à Nemours pour cette fête qui, de
même que la foire, a le privilège d’attirer la
foule.
Cette année encore le programme diffère de
celui des années précédentes. Nous le publie
rons dans notre prochain numéro.
SOUPPES. — Il existe dans la commune de
Souppes, canton de Château Landon, une
source pincée sous le patronage de Saint-Clair.
Là, chaque année, à l’issue de la messe célébrée
le jour de la fête patronale, les fidèles viennent
en procession implorer le glorieux Saint-Clair,
qui, par son nom et ses mérites particuliers,
rend la vue aux aveugles, éclaircit la vision de
ceux qui voient trouble, etc. Ainsi le veulent la
tradition et les croyances locales, auxquelles
nous nous associons volontiers. Les pèlerins ne
manquent pas de se laver les yeux avec l’eau de
la source bienfaisante, et de déposer dans un
tronc placé à "ôté une minime offrande à titre
de reconnaissance.
Dans la nuit du 24 mai, d’audacieux voleurs
ont fracturé le tronc de Saint-Clair, dans l’espoir
d’y trouver la recette de la fête paroissiale qui
avait eu lieu peu de temps avant, mais ils du
rent être fort étonnés de n’y rien trouver, car, à
quelques heures de là, le tronc avait été vidé
entièrement. La justice informe.
PROGRAMME
■ DES
COURSES DE FONTAINEBLEAU
PREMIER JOUR. — DIMANCHE 10 JUIN 1866
A UNE HEURE ET DEMIE
Prix principal.
(3' CLASSE)
3,000 fr. pour chevaux de 3 ans et au-
dessus, n’ayant jamais gagné de prix de
lre du 2e classe.
Prix du Conseil général.
- (GENTLEMEN-EIDERS)
3,000 fr. pour chevaux entiers, hongres
et juments, de 3 ans et au-dessus, de toute
espèce et de tout pays.
Prix de la Société d’encouragement
pour l’amélioration
des races de chevaux en France.
5,000 fr. pour chevaux de 3 ans.
Prix de l’Empereur.
(HANDICAP.)
4,000 fr. donnés par Sa Majesté, pour che
vaux entiers, hongres et juments de 3 ans
et au-dessus.
Prix de la Vénerie.
(STEEPLE CHASE. — HANDICAP.)
4,000 fr. pour chevaux entiers, hongres
et juments de toute espèce et de tout pays.
Société départementale d’Archéologie.
Avant la séance publique qui s’est tenue à
Meaux, le lundi de ta Pentecôte, avait eu lieu
une séance administrative à laquelle les sociétai
res seuls ont pris part. L’une des questions
agitées a été de savoir si les statuts permettent
ou interdisent l'admission des dames comme
sociétaires. Cette question, qui avait déjà été
résolue affirmativement dans pldsieurs sections,
ne pouvait faire de doute pour nous, et nous
sommes heureux de voir que la réunion géné
rale, composée de membres appartenant aux
cinq sections, avait adopté l’affirmative.
Les dames de Melun. Provins, Fontainebleau
et Meaux ont eu la gracieuseté de répondre à
l’invitation de la Société en venant en nombre
assister aux réunions générales. Il en sera très-
certainement de même à Coulommiers au mois
d’octobre prochain : nous n’en voulons pour
assurance que l’empressement avec lequel un
groupe de dames — des plus aimables et des
plus distinguées de la ville des colombes — n’a
pas hésité, l'an passé, à faire un long trajet
pour rejoindre les archéologues en excursion à
Jouarre , le jour où M. Anatole Dauvergne,
dont la parole est pittoresque et colorée comme
sa peinture, et de plus très-autorisée en matière
d’archéologie, voulait bien prodiguer ses trésors
d’érudition aux profanes comme nous et nous
initier tous aux mystères des si intéressantes
cryptes.
Exclure les dames de la Société eût été , à
notre avis, une mesure peu galante, indigne de la
moins belle moitié du genre humain, un véritable
anachronisme; la pensée de celte mesure serait
excusable tout au plus chez de vieux céli-
balaires misanthropes et ne croyant à aucune
vertu, pas même, peut-être, à la leur.
Est-ce que la section de Melun n’est pas
flattée de la demande d'admission présentée
par deux dames dont l’une est artiste de mérite
et l’autre bachelier-ès-lettres.
Est-ce que la section de Fontainebleau en
particulier et la Société tout entière, ne se
trouveraient pas grandement honorées de
compter dans leurs rangs Mlle Rosa Bonheur,
chevalier de la Légion d’honneur de par une
auguste et courageuse initiative à laquelle toute
la France à applaudi comme une juste consé
cration d’un immense talent?
Au surplus la chose n’est plus en discussion;
la décision est prise, la majorité a parlé, main
tenant la porte est ouverte à deux battants;
n’en parlons plus.
La troisième excursion archéologique aura
lieu le lundi 18 juin prochain..Ce jour-là on
visitera le château dé La Grange, spécimen
sévère de l’architecture militaire, Bernay, Rosoy,
Fontenay (église et château), puis les ruines de
Bec-Oiseau qui font partie de la propriété de
M. Josseau. Le lendemain, 19, les excursion
nistes se rendront à Beauteil, à la Commanderie
de Chevru, à Choisy et à La Ferté Gaucher;
après la visite des monuments intéressants des
cantons de La Ferté et de Rebais on reviendra
à Coulommiers. E. b.
Société polytechnique de Nemours
Le samedi, 2 juin, dans la salle du théâtre,
une. conférence sur la physique du globe a été
faite par M. Duvignau de Lanneau, ancien élève
de l’École polytechnique, et chef d’institution à
Paris.
Après avoir témoigné, à la ville de Nemours
toute sa gratitude pour la bienveillance et la
sympathie qu elle veut bien accorde- aux pro
fesseurs qui viennent payer leur modeste tribut
au progrès, l’orateur nous a parlé de la terre,
de sa forme, de son intérieur, de sa surface, des
transformations successives, des immenses cata
clysmes qu’elle a dû subir pendant une longue
série de siècles, sous l’action des forces de la
nature, pour arriver à son état actuel. — Il a
terminé par des détails intéressants sur Pompei,
que de récentes découvertes viennent, après dix-
huit siècles, d’exhumer du linceul de cendre et de
lave dont l’avait recouverte le Vésuve, l'an 79
de notre ère.
Pendant une heure et demie, l’orateur a su
intéresser, sans sortir du domaine de la science
pure, un auditoire de plus de trois cents per
sonnes.
De chaleureux applaudissements ont prouvé à
M. Duvignau que notre population sait apprécier
le talent solide et le dévouement désintéressé à
une belle et noble cause.
Le samedi 16 juin, à 8 heures 1/2 du soir-
dans la salle du Théâtre, conférence de M. Sara-
zin sur la houille et le gaz de l’éclairage
Les premières sont réservées pour les membres
de la Société polytechnique et leur famille.
L’entrée au parterre est libre et gratuite pour
tous.
Depuis l'inauguration du buste de S. Exc.
M. Drouya de Lhuys, dans la galerie de l’Hôtel
de ville de Melun, le musée de cette ville, fondé
en 1860 par M. Courtois, vient de s’enrichir de
trois œuvres des plus remarquables :
1° Une tête d’étude (Actèon). d’Eug. Dela
croix, notre grand coloriste si regretté. — 2° De
deux magnifiques portraits en pied, l’un de
Marie-Thérèse, l'autre de François de Lorraine,
qui l’épousa, devint empereur d’Autriche, et
chef de la dynastie régnante des Hapsbourg.
Ges envois, véritablement princiers, ont été
placés, dès le 8 juin, au musée de Melun. Ils
proviennent des libéralités de M. le comte Horace
de Choiseul, marié récemment avec la fille de
M. le prince de Beauvau, sa cousine. M. le
comte Horace est le frère puîné du jeune duc de
Choiseul-Praslin.
UNE DÉCOUVERTE- EN FORÊT
L’infatigable chercheur, M. Denecourt, notre
vieux Sylvain qui incessamment parcourt la
forêt, à la recherche de nouvelles merveilles,
vient de découvrir une roche d’autant plus inté
ressante qu’elle est vraisemblablement unique en
son genre : cette roche, longue de 6 à 7 mètres,
sur une largeur de 3, — en grès, sans doute
comme les autres, — au lieu de présenter une
masse compacte, est perforée en tous sens de
trous et de galeries circulaires, qui lui donnent
toute l’apparence d’une colossale éponge.
Ce curieux spécimen, aujourd’hui entièrement
mis à jour par les soins de M. Denecourt, est
situé dans le canton du Fort-des-Moulins, à
quelques pas du nouveau sentier conduisant du
belvéder de Nemo Rosa, sur la roule Amélie, à la
fontaine Dorly.
Voilà un attrait nouveau ajouté aux délicieux
points de vue qu’offre la promenade de la roule
Amélie et du Calvaire.
AGRICULTURE
Le concours départemental et le comice agri
cole des arrondissements de Melun et Fontaine
bleau se sont tenus concurremment,- dimanche
dernier, à Cannes, sur la belle ferme de
M. le comte Dulong de Rosnay, exploitée par
M. Aubineau.
Les visiteurs ont afflué en grand nombre, tant
sous la belle avenue d’acacias, où étaient exposés
les animaux reproducteurs, que sur le terrain
de l'exposition des instruments agricoles, qui
paraissait fort complète.
A quatre heures, a eu lieu, sous la présidence
de M. le Préfet, la distribution des récompenses:
nous donnons ci-après celles résultant du
concours agricole départemental; quant à celles
du comice des deux arrondissements, nous
pensons pouvoir en publier dimanche prochain
la liste complète.
Nous reviendrons, sur cette importante et
intéressante solennité agricole, nous bornant
pour le moment à mentionner le succès de
M. Simonet, aujourd’hui propriétaire-agriculteur
à Villiers, commune de Salins, à qui a été
décernée la grande prime d’honneur (une coupe
d’argent), et celui de M. Betz-Penot, qui a obtenu
une médaille d'or. M. Simonet avait pour con
currents quatre des plus habiles cultivateurs de
l’arrondissement; MM. Dutfoy, d’Ury ; Aubineau,
de Cannes, Dumesny, de Chatenoy, et Martin,
de Forges.
Quant à M. Betz, c’est sur le rapport d’une
commission, composée des hommes les plus
compétents, et après des expériences sérieuses
et renouvelées, que le comice lui a accordé
une haute récompense pour son système d’ali
mentation des veaux par le mais.
Comice départemental agricole de Cannes
3 juin 1866.
RÉCOMPENSES DÉCERNÉES
Espèce chevaline.
ÉTALONS DE TRAIT.
Troisième prix.
M. Beauvais, à Sivry-Courtry.
JUMENTS DE TRAIT.
Deuxième prix.
M. Bonnefoy, à Coulommiers.
Espèces bovine et porcine.
TAUREAUX.
Premier prix.
M. Leluc, à Villiers-Saint-Përe (commune de
Crisenoy.)
après moi, tu auras le reste ; mais c’est égal...
j’avais rêvé en toi un paysagiste !
Cependant on commençait à jaser à Luzarches
des assiduités de Raphaël chez les Roussard, et
il fallait s’expliquer. Incapable de contenir sa
joie, madame Roussard confia à sa meilleure
amie, et sous le sceau du secret, que sa fille
âllait épouser M. Raphaël Morand, artiste du
plus grand mérite. M. Roussard en fit autant à
l’égard de l’adjoint au maire, qui était son con
fident habituel et au bout de deux jours tout
Luzarches s’occupait de ce mariage. Anastasie
avait grandi de six pouces. Elle marchait la tête
haute, le regard rayonnant.
Et Georgette ?
Georgette était toujours rieuse, toujours mo
deste, toujours prévenante, toujours soumise...
Loin de paraître jalouse de la prochaine po
sition qu’espérait sa cousine, elle se montrait
plus gaie que jamais ; aussi son oncle, sa tante,
et jusqu’à Anastasie étaient-ils des plus bien-
veillanis.
Cependant un observateur attentif eût peut-
être découvert dans le regard, dans la voix de
la jeune fille, alors qu’elle complimentait sa
cousine, une légère nuance de raillerie; mais
rien d’hostile, rien de méchant.
Parfois même cette teinte imperceptible de
sarcasme disparaissait eptièrement pour faire
place à un accès de tendresse. Georgette em
brassait Anastasie avec effusion, et ses yeux
semblaient dire : « Pauvre cousine ! »
Mais tout cela n’était que passager; tristesse,
effusion, raillerie s'enfuyaient, et la gaieté
franche de la jeune fille reprénait le dessus.
Un instant, Anastasie et sa famille avaient
cru s’apercevoir que Georgette regardait Ra
phaël avec une attention plus que curieuse, et
elles avaient eu peur; mais l’indifférence du
jeune homme les avail complètement rassurées,
si rassurées même que l’on ne prenait guère de
précaution pour éloigner Georgette de son futur
cousin.
Les choses en étaient là quand Raphaël an
nonça à la famille Roussard la prochaine visite
de son parrain.
Ce fut un grand jour, et la nouvelle fut ac-
cüeillie avec une vive satisfaction.
M. Malel était un brave homme, bien simple,
bien loyal, à esprit fin ét perspicace, auquel
on ne pouvait reprocher qu’un défaut : sa fai
blesse pour le paysage.
Sa première visite ne devait avoir rien d’of
ficiel, bien entendu ; en termes de guerre, ce
n’était qu'une reconnaissance.
Il vint en effet. Son filleul lé présenta.
— Monsieur et mesdames, dit Raphaël, j’ai
l’honneur de vous présenter M. Malet, mon
parrain, mon second père, l’homme que j’aime
le mieux au monde : il est toute ma famille !
En disant ces derniers mots, le jeune homme
était ému ; il pressa cordialement la main du
vieillard.
C’est qu’en effet M.Matel avait été pour Ra
phaël, orphelin à douze ans, un second père,
une famille entière.
Veuf et sans enfant, le digne homme avait
reporté sur son filleul toute l'affection dont il
était capable.
— Monsieur, dit-il à M. Roussard, mon filleul
m’a dit toutes les bontés que vous aviez bien
voulu avoir pour lui, et j’ai tenu à vous eñ re
mercier moi-même.
Les présentations faites, les premières civili
tés échangées, on causa sans façon comme des
gens de la même famille. M. Roussard était si
satisfait, qu’il permit à Georgetie de se mêler
de la conversation, et l’engagea même à se
mettre au piano.
Nous devons dire que la jeune fille en resta
tout interdite.
— Tu as peur, chère enfant? dit madame
Roussard avec empressement; eh bien, ce sera
pour une autre fois...
Et elle fit rasseoir Georgette, qui déjà s’était
levée pour obéir aux désirs de son oncle.
— Eh bien, dit M. Matel, que mademoiselle
Anastasie nous chante quelque chose. Raphaël
m’a vanté les talents de voire fille, madame, et
je serais enchanté de l’entendre.
Anastasie se mit au piano et pleura, en s’ac
compagnant à contre-mesure, son éternelle et
unique mélodie de Schubert.
Le parrain parut ravi, et l’on se quitta les
meilleurs amis du monde.
M. Matel demanda l’autorisation de se présen
ter de nouveau, et madame Roussard l’invita à
dîner pour le surlendemain.
On se revit dans cette intervalle ; et, sans
s’expliquer directement, cependant, certaines
questions d’argent furent abordées.
Le jour du dîner se leva enfin. Le soleil était
radieux, la joie éclatait sur tous les visages.
Le matin, Raphaël avait dit à madame Rous
sard, en présence de son mari et de la belle
Anastasie :
— J’ai lieu de croire que mon parrain vous
fera ce soir une demande pour moi, j’espère
que vous lui ferez bon accueil.
Anastasie roula ses gros yeux et le père Rous
sard répondit :
— Est-ce que nous sommes de méchantes
gens?... Allez! mon jeune ami, et soyez sans
peur.
Avaient été priés à ce dîner : M. l’adjoint au
maire et sa femme, M. le vicaire, M. le percep
teur et sa femme, le notaire de la famille et
deux grandes tanles.
On avait adjoint à la servante deux domesti
ques d’extra. Tout le monde était paré, armé
pour le combat... je veux direpour le triomphe.
A l’heure dite, M. Matel et Raphaël arrivèrent
en habit de cérémonie. Raphaël avait mis des
gants paille.
Madame Roussard avait à sa droite M. Matel,
et à sa gauche M. le vicaire, venaient ensuite
Anastasie, Raphaël et une tante.
De l’autre bout, M. Roussard, flanqué de la
receveuse et de l’adjointe, puis le notaire et
Georgette, le receveur et l’autre tante.
Le dîner fut d’une gaieté cordiale, grâce à
l’entrepreneur de peinture et à Raphaël.
La conversation fut amenée par le notaire sur
sur un point délicat, le mariage de Georgette.
Et celle-ci ! dit-il en regardant la jeune fille,
quand lui trouverons-nous un mari ?
— Parbleu', dit M. Matel, quand cet excellent
M. Roussard voudra ; pour peu qu’il donne une
petite dot à cet enfant, les prétendus ne lui
manqueront pas....
— El je suis sûr, dit le vicaire, que, conti
nuant comme ils ont commencé, ces bons pa
rents ne manqueront pas à la sainte mission
qu’ils se sont imposée !
Ici un concert de louanges s’éleva en faveur
des époux Roussard tout confus.
— Eh bien, oui ! s’écria le père Roussard,
enivré par les éloges et se promenant intérieu
rement de ne tenir que ce qu’il voudrait de sa
promesse... eh bien, oui! nous la douerons,
celte chère enfant.
De combien ? dit le notaire, homme positif...
J’ai peut-être un mari tout prêt.
— Mais .. on verra... balbutia madame Rous
sard qui trouvait que son mari s’était bien
avancé
Quinze mille francs dit le vicaire.
Madame Roussard fit une grimace affreuse.
Un coup d’œil de son mari la calma.
— Vous ne connaissez pas M. Roussard, dit
le receveur, il ira jusqu’à vingt mille.
Tous les regards étaient fixés sur M. Rous
sard, qui soutenait bravement le choc.
— Eh bien ! soit, dit-il, va pour vingt mille
francs.
— Bravo ! bravo ! firent tous les convives.
L'ABEILLE DE FONTAINEBLEAU
« Leurs Majestés sont rentrées le soir à
Paris. »
En présence de détails si minutieux, on croi
rait difficilement que, la nouvelle donnée avec
tant d’assurance urbi et orbi par le Petit
Journal est entièrement controuvée, s’il n’était
de notoriété à Fontainebleau que,depuis la der
nière chasse dans les tirés de la faisanderie,
l’Empereur n'a pas fait la moindre apparition
au Palais. L’Impératrice n’a pas encore effectué
l’excursion quelle fait habituellement un certain
temps avant le séjour de la cour, excursion qui
a pour but de donner de visù des instructions
pour les différents 'travaux d’installation inté
rieure, travaux qup ‘Sa Majesté dirige elle-
même. •‘
Au surplus, la plus grande incertitude règne
toujours sur le voyage de 1866 et, à l’heure
qu’il est, il n’est encore arrivé aucun agent des
services qui doivent être prêts à fonctionner le
jour même de l’arrivée de Leurs Majestés.
Une correspondance de Bruxelles annonçait,
il y a quelques jours, que le voyage de Leurs
Majestés belges [était ajourné jusqu’à l’arrivée
de (Empereur au palais de Fonteinebleau, où
seraient données des fêtes splendides
Mais ce ne sont là que des conjectures et,
nous le répétons, rien ne paraît encore décidé
d’une manière certaine pour le moment.
— Depuis le départ des cuirassiers de la
garde pour le camp de Châlons, le poste de la
cour du Cheval-Blanc n'est plus occupé, et, par
suite, le guichet de la grille principale est fermé
le jour comme la nuit.
Le jardin anglais et les parterres du palais
n’en sont pas moins accessibles tous les jours
au public; les grilles de la cour des Mathurins,
celles de la cour Henri IV, et les grilles neuves,
place d’Armes, restent ouvertes jusqu’à l’heure
de la retraite.
Les statues placées depuis un an aux casca
des, à l’extrémité des parterres viennent d’être
descendues pour être replacées sur des socles
définitifs et élégants.
Les deux énormes lions fantastiques en mar
bre, apportés de Chine par l’amiral Jaurès, qui
se trouvaient depuis quelque temps au palais,
viennent d’être placés au pied du perron du
musée chinois, dans la cour des Fontaines.
— Les travaux de reconstruction du pont de
Valvins sont menés avec la plus grande activité
et certainement si. comme il est probable, il ne
survient aucun incident imprévu, la traversée
de la Seine en bac ne se fera que pendant un
temps bien moins long qu’on ne l’avait sup
posé.
Déjà la première arche du côté de Valvins, est
démolie, et la pose des fermes en fer, sur les
quelles doit reposer le tablier, est commencée.
Ce tablier lui-même sera abaissé d’un mètre, ce
qui permettra d'adoucir les pentes accédant au
pont. i
— Les 30 juin, 1er et 2 juillet prochains,
auront lieu à Dijon de grandes fêtes en l’hon
neur de l’illustre Rameau, une des gloires
artistiques de la France.
Les sociétés de celte ville ont organisé pour
cette circonstance un festival et un concours
musical qui réuniront dans l’ancienne capitale
de la Bourgogne une véritable armée de musi
ciens; et la Société du tir des Chevaliers Dijon-
nais, pour donner son concours à cette œuvre
toute patriotique, a organisé son second grand
Tir régional annuel; cinquante prix, offerts par
S. M. l’Empereur et le Prince Impérial, le com
merce de Dijon, les sociétés, les habitants et la
municipalité de la ville récompenseront les plus
adroits tireurs. — Nous recevrons dans quel
ques jours les programmes de la fête, nous nous
ferons un plaisir de les communiquer à nos
lecteurs.
— Dans la journée du 25 mai, une jeune
fille mommée Julie Gallet, âgée de dix ans, de
meurant à Perthes, a succombé subitement par
suite de convulsions occasionnées par un arrêt
instantané de la digestion.
Le lendemain, le sieur François Maman, âgé
de 65 ans, cultivateur à Barbizon, commune de
Chailly-en Bierre, a été trouvé pendu dans son
grenier. Ce suicide est attribué à des ehagrins
domestiques.
— Les opérations de recensement de la popu
lation ont commencé la semaine dernière. Parmi
les questions auxquelles on est prié de répondre,
nous en remarquons quelques-unes qui pourront
sembler indiscrètes à beaucoup de personnes.
Ainsi, les préposés au recensement doivent insis
ter pour avoir les âges aussi exacts que pos
sibles, depuis celui de l’enfant qui vient de
naître jusqu’au centenaire. Les dames, naturel
lement, ne sont pas exclues de la mesure. Nous
doutons fort que tout le monde réponde avec
une entière franchise, surtout du cié du sexe
aimable.
Sous le chapitre des infirmités ou maladies
apparentes, on vous demandera s’il y a un mem
bre de voire famille aliéné, idiot, crétin, goi
treux, etc.?
On vous demandera si vous avez reçu une
instruction supérieure à l'instruction primaire
proprement dite. On poussera même la curiosité
jusqu’à insister pour que ce détail soit fourni,
même pour les enfants en bas âge.
Avec ces précieux renseignements, nous pour
rons savoir plus tard combien nous avons de
concitoyens ayant reçu une instruction supérieure
à l'instruction primaire; combien nous avons de
goitreux, d’idiots ou de crétins. Espérons que
le chiffre de ces derniers sera aussi bas que celui
des personnes instruites sera élevé.
— On'remarque, dit le Petit Journal, au
panorama de la Bataille de Solférino, du
colonel Langlois, aux Champs-Elysées, un épi
sode touchant :
« Dans le groupe de l’état-major de l’Empe
reur, le cheval du baron Larrey, médecin en
chef de l’armée, est atteint d’un coup de feu en
plein poitrail et tombe baigné dans son sang.
Le docteur, entraîné dans sa chute, se dégage,
saisit sa trousse, donne un coup de lancette
dans la peau, de chaque côté de la blessure, et,
passant une baguette de mousqueton dans les
trous, il la tourne comme un robinet que l’on
ferme, et arrête ainsi l’hémorragie.
« Mais comment reconduire au quartier-gé
néral le cheval affaibli par la perte de son sang ?
On le place entre deux chevaux de cent-gardes,
afin qu’il ne puisse tomber ni à droite ni à
gauche, et, marchant doucement, il arrive et
reçoit les soins de son maître, qui le montait un
peu-plus tard, en rentrant à Paris avec l’armée
d’Italie. »
Pour compléter l’histoire, cette fois très-véri
dique du Petit Journal, ajoutons qu'à son re
tour d'Italie le cheval du b iron Larrey a été
incorporé dans les écuries de la vénerie impé
riale Malgré l’épreuve qu’il a subie, ce cheval,
doué d’un robuste tempérament, a pu faire
pendant plusieurs années le rude service des
chasses à courre.
ACHÈRES. — Le nommé Mignot, carrier,
âgé de 55 ans, domicilié dans la commune
d’Achères, canton de La Chapelle-la-Reine, a
eu la jambe droite horriblement broyée par la
chute d’un bloc de grès pesant environ 400
kilos. Mignot est un honnête ouvrier que cet
accident va réduire à une fâcheuse nécessité.
BEAUMONT-DU-GATINAES. — L’imprudence
d’une jeune femme domiciliée en la commune
de BeaumOnt-du-Gâtinàis, paraitavoir occasionné
la mort par asphyxie de soh enfant âgé de 6
mois. Procès-verbal a été dressé.
CHATEAULANDON. — Dimanche dernier,
le chien du nommé Blein, cultivateur à Cbteau-
Landon, s’est jeté sur la jeune Stéphanie
Chauveau et l’a cruellement mordue. Ce chien,
qui a été visité par un homme de l’art, ne paraît
être atteint d’aucune maladie ; il va être observé
pendant quelques jours, après lesquels il sera
abattu.
NEMOURS. — On annonce pour les 24 et 25
de ce mois la foire et la fête de Saint-Jean, à
Nemours.
On sait tout le luxe intelligent qui est déployé
tous les ans à Nemours pour cette fête qui, de
même que la foire, a le privilège d’attirer la
foule.
Cette année encore le programme diffère de
celui des années précédentes. Nous le publie
rons dans notre prochain numéro.
SOUPPES. — Il existe dans la commune de
Souppes, canton de Château Landon, une
source pincée sous le patronage de Saint-Clair.
Là, chaque année, à l’issue de la messe célébrée
le jour de la fête patronale, les fidèles viennent
en procession implorer le glorieux Saint-Clair,
qui, par son nom et ses mérites particuliers,
rend la vue aux aveugles, éclaircit la vision de
ceux qui voient trouble, etc. Ainsi le veulent la
tradition et les croyances locales, auxquelles
nous nous associons volontiers. Les pèlerins ne
manquent pas de se laver les yeux avec l’eau de
la source bienfaisante, et de déposer dans un
tronc placé à "ôté une minime offrande à titre
de reconnaissance.
Dans la nuit du 24 mai, d’audacieux voleurs
ont fracturé le tronc de Saint-Clair, dans l’espoir
d’y trouver la recette de la fête paroissiale qui
avait eu lieu peu de temps avant, mais ils du
rent être fort étonnés de n’y rien trouver, car, à
quelques heures de là, le tronc avait été vidé
entièrement. La justice informe.
PROGRAMME
■ DES
COURSES DE FONTAINEBLEAU
PREMIER JOUR. — DIMANCHE 10 JUIN 1866
A UNE HEURE ET DEMIE
Prix principal.
(3' CLASSE)
3,000 fr. pour chevaux de 3 ans et au-
dessus, n’ayant jamais gagné de prix de
lre du 2e classe.
Prix du Conseil général.
- (GENTLEMEN-EIDERS)
3,000 fr. pour chevaux entiers, hongres
et juments, de 3 ans et au-dessus, de toute
espèce et de tout pays.
Prix de la Société d’encouragement
pour l’amélioration
des races de chevaux en France.
5,000 fr. pour chevaux de 3 ans.
Prix de l’Empereur.
(HANDICAP.)
4,000 fr. donnés par Sa Majesté, pour che
vaux entiers, hongres et juments de 3 ans
et au-dessus.
Prix de la Vénerie.
(STEEPLE CHASE. — HANDICAP.)
4,000 fr. pour chevaux entiers, hongres
et juments de toute espèce et de tout pays.
Société départementale d’Archéologie.
Avant la séance publique qui s’est tenue à
Meaux, le lundi de ta Pentecôte, avait eu lieu
une séance administrative à laquelle les sociétai
res seuls ont pris part. L’une des questions
agitées a été de savoir si les statuts permettent
ou interdisent l'admission des dames comme
sociétaires. Cette question, qui avait déjà été
résolue affirmativement dans pldsieurs sections,
ne pouvait faire de doute pour nous, et nous
sommes heureux de voir que la réunion géné
rale, composée de membres appartenant aux
cinq sections, avait adopté l’affirmative.
Les dames de Melun. Provins, Fontainebleau
et Meaux ont eu la gracieuseté de répondre à
l’invitation de la Société en venant en nombre
assister aux réunions générales. Il en sera très-
certainement de même à Coulommiers au mois
d’octobre prochain : nous n’en voulons pour
assurance que l’empressement avec lequel un
groupe de dames — des plus aimables et des
plus distinguées de la ville des colombes — n’a
pas hésité, l'an passé, à faire un long trajet
pour rejoindre les archéologues en excursion à
Jouarre , le jour où M. Anatole Dauvergne,
dont la parole est pittoresque et colorée comme
sa peinture, et de plus très-autorisée en matière
d’archéologie, voulait bien prodiguer ses trésors
d’érudition aux profanes comme nous et nous
initier tous aux mystères des si intéressantes
cryptes.
Exclure les dames de la Société eût été , à
notre avis, une mesure peu galante, indigne de la
moins belle moitié du genre humain, un véritable
anachronisme; la pensée de celte mesure serait
excusable tout au plus chez de vieux céli-
balaires misanthropes et ne croyant à aucune
vertu, pas même, peut-être, à la leur.
Est-ce que la section de Melun n’est pas
flattée de la demande d'admission présentée
par deux dames dont l’une est artiste de mérite
et l’autre bachelier-ès-lettres.
Est-ce que la section de Fontainebleau en
particulier et la Société tout entière, ne se
trouveraient pas grandement honorées de
compter dans leurs rangs Mlle Rosa Bonheur,
chevalier de la Légion d’honneur de par une
auguste et courageuse initiative à laquelle toute
la France à applaudi comme une juste consé
cration d’un immense talent?
Au surplus la chose n’est plus en discussion;
la décision est prise, la majorité a parlé, main
tenant la porte est ouverte à deux battants;
n’en parlons plus.
La troisième excursion archéologique aura
lieu le lundi 18 juin prochain..Ce jour-là on
visitera le château dé La Grange, spécimen
sévère de l’architecture militaire, Bernay, Rosoy,
Fontenay (église et château), puis les ruines de
Bec-Oiseau qui font partie de la propriété de
M. Josseau. Le lendemain, 19, les excursion
nistes se rendront à Beauteil, à la Commanderie
de Chevru, à Choisy et à La Ferté Gaucher;
après la visite des monuments intéressants des
cantons de La Ferté et de Rebais on reviendra
à Coulommiers. E. b.
Société polytechnique de Nemours
Le samedi, 2 juin, dans la salle du théâtre,
une. conférence sur la physique du globe a été
faite par M. Duvignau de Lanneau, ancien élève
de l’École polytechnique, et chef d’institution à
Paris.
Après avoir témoigné, à la ville de Nemours
toute sa gratitude pour la bienveillance et la
sympathie qu elle veut bien accorde- aux pro
fesseurs qui viennent payer leur modeste tribut
au progrès, l’orateur nous a parlé de la terre,
de sa forme, de son intérieur, de sa surface, des
transformations successives, des immenses cata
clysmes qu’elle a dû subir pendant une longue
série de siècles, sous l’action des forces de la
nature, pour arriver à son état actuel. — Il a
terminé par des détails intéressants sur Pompei,
que de récentes découvertes viennent, après dix-
huit siècles, d’exhumer du linceul de cendre et de
lave dont l’avait recouverte le Vésuve, l'an 79
de notre ère.
Pendant une heure et demie, l’orateur a su
intéresser, sans sortir du domaine de la science
pure, un auditoire de plus de trois cents per
sonnes.
De chaleureux applaudissements ont prouvé à
M. Duvignau que notre population sait apprécier
le talent solide et le dévouement désintéressé à
une belle et noble cause.
Le samedi 16 juin, à 8 heures 1/2 du soir-
dans la salle du Théâtre, conférence de M. Sara-
zin sur la houille et le gaz de l’éclairage
Les premières sont réservées pour les membres
de la Société polytechnique et leur famille.
L’entrée au parterre est libre et gratuite pour
tous.
Depuis l'inauguration du buste de S. Exc.
M. Drouya de Lhuys, dans la galerie de l’Hôtel
de ville de Melun, le musée de cette ville, fondé
en 1860 par M. Courtois, vient de s’enrichir de
trois œuvres des plus remarquables :
1° Une tête d’étude (Actèon). d’Eug. Dela
croix, notre grand coloriste si regretté. — 2° De
deux magnifiques portraits en pied, l’un de
Marie-Thérèse, l'autre de François de Lorraine,
qui l’épousa, devint empereur d’Autriche, et
chef de la dynastie régnante des Hapsbourg.
Ges envois, véritablement princiers, ont été
placés, dès le 8 juin, au musée de Melun. Ils
proviennent des libéralités de M. le comte Horace
de Choiseul, marié récemment avec la fille de
M. le prince de Beauvau, sa cousine. M. le
comte Horace est le frère puîné du jeune duc de
Choiseul-Praslin.
UNE DÉCOUVERTE- EN FORÊT
L’infatigable chercheur, M. Denecourt, notre
vieux Sylvain qui incessamment parcourt la
forêt, à la recherche de nouvelles merveilles,
vient de découvrir une roche d’autant plus inté
ressante qu’elle est vraisemblablement unique en
son genre : cette roche, longue de 6 à 7 mètres,
sur une largeur de 3, — en grès, sans doute
comme les autres, — au lieu de présenter une
masse compacte, est perforée en tous sens de
trous et de galeries circulaires, qui lui donnent
toute l’apparence d’une colossale éponge.
Ce curieux spécimen, aujourd’hui entièrement
mis à jour par les soins de M. Denecourt, est
situé dans le canton du Fort-des-Moulins, à
quelques pas du nouveau sentier conduisant du
belvéder de Nemo Rosa, sur la roule Amélie, à la
fontaine Dorly.
Voilà un attrait nouveau ajouté aux délicieux
points de vue qu’offre la promenade de la roule
Amélie et du Calvaire.
AGRICULTURE
Le concours départemental et le comice agri
cole des arrondissements de Melun et Fontaine
bleau se sont tenus concurremment,- dimanche
dernier, à Cannes, sur la belle ferme de
M. le comte Dulong de Rosnay, exploitée par
M. Aubineau.
Les visiteurs ont afflué en grand nombre, tant
sous la belle avenue d’acacias, où étaient exposés
les animaux reproducteurs, que sur le terrain
de l'exposition des instruments agricoles, qui
paraissait fort complète.
A quatre heures, a eu lieu, sous la présidence
de M. le Préfet, la distribution des récompenses:
nous donnons ci-après celles résultant du
concours agricole départemental; quant à celles
du comice des deux arrondissements, nous
pensons pouvoir en publier dimanche prochain
la liste complète.
Nous reviendrons, sur cette importante et
intéressante solennité agricole, nous bornant
pour le moment à mentionner le succès de
M. Simonet, aujourd’hui propriétaire-agriculteur
à Villiers, commune de Salins, à qui a été
décernée la grande prime d’honneur (une coupe
d’argent), et celui de M. Betz-Penot, qui a obtenu
une médaille d'or. M. Simonet avait pour con
currents quatre des plus habiles cultivateurs de
l’arrondissement; MM. Dutfoy, d’Ury ; Aubineau,
de Cannes, Dumesny, de Chatenoy, et Martin,
de Forges.
Quant à M. Betz, c’est sur le rapport d’une
commission, composée des hommes les plus
compétents, et après des expériences sérieuses
et renouvelées, que le comice lui a accordé
une haute récompense pour son système d’ali
mentation des veaux par le mais.
Comice départemental agricole de Cannes
3 juin 1866.
RÉCOMPENSES DÉCERNÉES
Espèce chevaline.
ÉTALONS DE TRAIT.
Troisième prix.
M. Beauvais, à Sivry-Courtry.
JUMENTS DE TRAIT.
Deuxième prix.
M. Bonnefoy, à Coulommiers.
Espèces bovine et porcine.
TAUREAUX.
Premier prix.
M. Leluc, à Villiers-Saint-Përe (commune de
Crisenoy.)
après moi, tu auras le reste ; mais c’est égal...
j’avais rêvé en toi un paysagiste !
Cependant on commençait à jaser à Luzarches
des assiduités de Raphaël chez les Roussard, et
il fallait s’expliquer. Incapable de contenir sa
joie, madame Roussard confia à sa meilleure
amie, et sous le sceau du secret, que sa fille
âllait épouser M. Raphaël Morand, artiste du
plus grand mérite. M. Roussard en fit autant à
l’égard de l’adjoint au maire, qui était son con
fident habituel et au bout de deux jours tout
Luzarches s’occupait de ce mariage. Anastasie
avait grandi de six pouces. Elle marchait la tête
haute, le regard rayonnant.
Et Georgette ?
Georgette était toujours rieuse, toujours mo
deste, toujours prévenante, toujours soumise...
Loin de paraître jalouse de la prochaine po
sition qu’espérait sa cousine, elle se montrait
plus gaie que jamais ; aussi son oncle, sa tante,
et jusqu’à Anastasie étaient-ils des plus bien-
veillanis.
Cependant un observateur attentif eût peut-
être découvert dans le regard, dans la voix de
la jeune fille, alors qu’elle complimentait sa
cousine, une légère nuance de raillerie; mais
rien d’hostile, rien de méchant.
Parfois même cette teinte imperceptible de
sarcasme disparaissait eptièrement pour faire
place à un accès de tendresse. Georgette em
brassait Anastasie avec effusion, et ses yeux
semblaient dire : « Pauvre cousine ! »
Mais tout cela n’était que passager; tristesse,
effusion, raillerie s'enfuyaient, et la gaieté
franche de la jeune fille reprénait le dessus.
Un instant, Anastasie et sa famille avaient
cru s’apercevoir que Georgette regardait Ra
phaël avec une attention plus que curieuse, et
elles avaient eu peur; mais l’indifférence du
jeune homme les avail complètement rassurées,
si rassurées même que l’on ne prenait guère de
précaution pour éloigner Georgette de son futur
cousin.
Les choses en étaient là quand Raphaël an
nonça à la famille Roussard la prochaine visite
de son parrain.
Ce fut un grand jour, et la nouvelle fut ac-
cüeillie avec une vive satisfaction.
M. Malel était un brave homme, bien simple,
bien loyal, à esprit fin ét perspicace, auquel
on ne pouvait reprocher qu’un défaut : sa fai
blesse pour le paysage.
Sa première visite ne devait avoir rien d’of
ficiel, bien entendu ; en termes de guerre, ce
n’était qu'une reconnaissance.
Il vint en effet. Son filleul lé présenta.
— Monsieur et mesdames, dit Raphaël, j’ai
l’honneur de vous présenter M. Malet, mon
parrain, mon second père, l’homme que j’aime
le mieux au monde : il est toute ma famille !
En disant ces derniers mots, le jeune homme
était ému ; il pressa cordialement la main du
vieillard.
C’est qu’en effet M.Matel avait été pour Ra
phaël, orphelin à douze ans, un second père,
une famille entière.
Veuf et sans enfant, le digne homme avait
reporté sur son filleul toute l'affection dont il
était capable.
— Monsieur, dit-il à M. Roussard, mon filleul
m’a dit toutes les bontés que vous aviez bien
voulu avoir pour lui, et j’ai tenu à vous eñ re
mercier moi-même.
Les présentations faites, les premières civili
tés échangées, on causa sans façon comme des
gens de la même famille. M. Roussard était si
satisfait, qu’il permit à Georgetie de se mêler
de la conversation, et l’engagea même à se
mettre au piano.
Nous devons dire que la jeune fille en resta
tout interdite.
— Tu as peur, chère enfant? dit madame
Roussard avec empressement; eh bien, ce sera
pour une autre fois...
Et elle fit rasseoir Georgette, qui déjà s’était
levée pour obéir aux désirs de son oncle.
— Eh bien, dit M. Matel, que mademoiselle
Anastasie nous chante quelque chose. Raphaël
m’a vanté les talents de voire fille, madame, et
je serais enchanté de l’entendre.
Anastasie se mit au piano et pleura, en s’ac
compagnant à contre-mesure, son éternelle et
unique mélodie de Schubert.
Le parrain parut ravi, et l’on se quitta les
meilleurs amis du monde.
M. Matel demanda l’autorisation de se présen
ter de nouveau, et madame Roussard l’invita à
dîner pour le surlendemain.
On se revit dans cette intervalle ; et, sans
s’expliquer directement, cependant, certaines
questions d’argent furent abordées.
Le jour du dîner se leva enfin. Le soleil était
radieux, la joie éclatait sur tous les visages.
Le matin, Raphaël avait dit à madame Rous
sard, en présence de son mari et de la belle
Anastasie :
— J’ai lieu de croire que mon parrain vous
fera ce soir une demande pour moi, j’espère
que vous lui ferez bon accueil.
Anastasie roula ses gros yeux et le père Rous
sard répondit :
— Est-ce que nous sommes de méchantes
gens?... Allez! mon jeune ami, et soyez sans
peur.
Avaient été priés à ce dîner : M. l’adjoint au
maire et sa femme, M. le vicaire, M. le percep
teur et sa femme, le notaire de la famille et
deux grandes tanles.
On avait adjoint à la servante deux domesti
ques d’extra. Tout le monde était paré, armé
pour le combat... je veux direpour le triomphe.
A l’heure dite, M. Matel et Raphaël arrivèrent
en habit de cérémonie. Raphaël avait mis des
gants paille.
Madame Roussard avait à sa droite M. Matel,
et à sa gauche M. le vicaire, venaient ensuite
Anastasie, Raphaël et une tante.
De l’autre bout, M. Roussard, flanqué de la
receveuse et de l’adjointe, puis le notaire et
Georgette, le receveur et l’autre tante.
Le dîner fut d’une gaieté cordiale, grâce à
l’entrepreneur de peinture et à Raphaël.
La conversation fut amenée par le notaire sur
sur un point délicat, le mariage de Georgette.
Et celle-ci ! dit-il en regardant la jeune fille,
quand lui trouverons-nous un mari ?
— Parbleu', dit M. Matel, quand cet excellent
M. Roussard voudra ; pour peu qu’il donne une
petite dot à cet enfant, les prétendus ne lui
manqueront pas....
— El je suis sûr, dit le vicaire, que, conti
nuant comme ils ont commencé, ces bons pa
rents ne manqueront pas à la sainte mission
qu’ils se sont imposée !
Ici un concert de louanges s’éleva en faveur
des époux Roussard tout confus.
— Eh bien, oui ! s’écria le père Roussard,
enivré par les éloges et se promenant intérieu
rement de ne tenir que ce qu’il voudrait de sa
promesse... eh bien, oui! nous la douerons,
celte chère enfant.
De combien ? dit le notaire, homme positif...
J’ai peut-être un mari tout prêt.
— Mais .. on verra... balbutia madame Rous
sard qui trouvait que son mari s’était bien
avancé
Quinze mille francs dit le vicaire.
Madame Roussard fit une grimace affreuse.
Un coup d’œil de son mari la calma.
— Vous ne connaissez pas M. Roussard, dit
le receveur, il ira jusqu’à vingt mille.
Tous les regards étaient fixés sur M. Rous
sard, qui soutenait bravement le choc.
— Eh bien ! soit, dit-il, va pour vingt mille
francs.
— Bravo ! bravo ! firent tous les convives.
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