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d’elles un papier qui lui fit trouver le mot de
l’énigme.
On lui promettait celle qu’il aimait, cinq cent
mille francs et la jouissance de ces plaisirs doux
qui avaient embelli sa jeunesse, s’il voulait ap
puyer l’appel au peuple.
L’année suivante le roi, la femme remarqua
ble que nons avons citée, Barbaroux et ses amis,
tous avaient cessé de vivre et le patron Jean qui
avait été l’agent d’une intrigue dont il ne voyait
pas la portée, pleurait en 1793 l’ami qu’il n’a
vait pu ni retenir, ni rappeler auprès de lui.
MARC PERRIN.
L INVENTAIRE
DU PLANTEUR
i.
Tous deux s’arrêtèrent à l’entrée du bois de
chênes qui conduisait à la route de Montgomery.
- Ne venez pas plus loin, dit le jeune homme ;
votre père souffre et vous attend.
La jeune Américaine lui saisit la main.
— O mon Dieu! déjà vous quitter !...
— Ne pleurez pas, ma bonne, ma chère
Jenny, vous m'ôteriez tout mon courage. Si vous
saviez comme je suis malheureux de partir !
combien j’ai balancé, lorsque M. Jackson m’a
parlé de cet emploi à Boston ! Mais j’ai dû céder
à la raison. Les affaires de votre père sont plus
dérangées qu’il ne le croit lui-même; sa maladie
va chaquejour s’aggravant ; d’un moment à l’au
tre, vous pouvez rester sans ressources, Jenny!..
En acceptant la position qui m’est offerte, j’as
sure notre avenir à tous deux ; j’aurai mainte
nant un toit pour vous recevoir, et, dans quel
ques mois, quoi qu’il arrive, nous serons unis
pour toujours. Ne trouvez-vous point cela doux
à penser ?
— Ah, Jones’ répondit l'enfant, en se jetant
dans les bras de son fiancé.
Celui-ci la pressa tendrement sur son cœur,
et imprimant sur ses yeux humides un long bai
ser :
— Adieu ! répéta-t-il plusieurs fois , adieu,
ma fiancée chérie !... ma femme....
Il la serra encore sur sa poitrine, l’embrassa
encore ; puis, la repoussant avec effort, il s’é
lança vers la route de Montgomery.
Jenny demeura longtemps à la même place,
cherchant à l’apercevoir à travers les chênes et
écoutant s’il ne lui enverrait point un dernier
adieu. Enfin, lorsqu’elle fut bien sûre qu’elle ne
pouvait plus ni le voir ni l’entendre, elle se rap
pela son père, et, faisant un effort sur elle-
même , reprit lentement le chemin de l’habita
tion.
Elle en était peu éloignée, lorsqu’elle aperçut
M. Jackson, qui venait à sa rencontre. Elle re
garda d’abord autour d’elle, comme si elle eût
cherché les moyens de l’éviter ; mais ayant re
connu la chose impossible, elle se décida à con
tinuer sa route.
Ce premier mouvement de Miss Mackensie
exige quelques explications que nous croyons
utile de donner ici.
M. Jackson, propriétaire d’une plantation voi
sine à laquelle d’innombrables cotonniers avaient
fait donner le nom de Blanche-Courorme, était un
homme d’environ quarante ans, d’une taille éle
vée et d’une figure hardie. Il était né en Ir
lande , et avait été forcé de la quitter pour quel
ques actes de violence dont on parlait diverse
ment. Arrivé avec les premiers émigrants dans
cette partie de l’Alabama , il y avait longtemps
vécu de la vie hasardeuse des pionniers, n'ayant
d’autre guide que sa volonté, ne connaissant d’au
tre droit que la force. Sa jeunesse s’était écoulée
dans de périlleuses entreprises, au milieu des
Criks et des Choctaws , dont il avait été tour à
tour l’ami et l’ennemi. On racontait de lui mille
histoires qui prouvaient son courage, mais aussi
l’énergie fougueuse de ses passions. Il y avait eu
dans sa vie d’aventurier des vengeances sanglan
tes, des combats inouïs et d’incroyables aventu
res. Deux fois il avait enlevé à des chefs choc
taws leurs femmes préférées, et s’était enfui avec
elles dans les forêts. Ce qu’il avait couru de dan
gers dans ces deux expéditions effrayait à enten
dre raconter ; mais rien n’arrêtait Jackson quand
la passion lui parlait. Mêlé à plusieurs civilisa
tions , il avait emprunté à chacune ce qui pou
vait aider à la satisfaction de ses désirs. Son in-
d’elles un papier qui lui fit trouver le mot de
l’énigme.
On lui promettait celle qu’il aimait, cinq cent
mille francs et la jouissance de ces plaisirs doux
qui avaient embelli sa jeunesse, s’il voulait ap
puyer l’appel au peuple.
L’année suivante le roi, la femme remarqua
ble que nons avons citée, Barbaroux et ses amis,
tous avaient cessé de vivre et le patron Jean qui
avait été l’agent d’une intrigue dont il ne voyait
pas la portée, pleurait en 1793 l’ami qu’il n’a
vait pu ni retenir, ni rappeler auprès de lui.
MARC PERRIN.
L INVENTAIRE
DU PLANTEUR
i.
Tous deux s’arrêtèrent à l’entrée du bois de
chênes qui conduisait à la route de Montgomery.
- Ne venez pas plus loin, dit le jeune homme ;
votre père souffre et vous attend.
La jeune Américaine lui saisit la main.
— O mon Dieu! déjà vous quitter !...
— Ne pleurez pas, ma bonne, ma chère
Jenny, vous m'ôteriez tout mon courage. Si vous
saviez comme je suis malheureux de partir !
combien j’ai balancé, lorsque M. Jackson m’a
parlé de cet emploi à Boston ! Mais j’ai dû céder
à la raison. Les affaires de votre père sont plus
dérangées qu’il ne le croit lui-même; sa maladie
va chaquejour s’aggravant ; d’un moment à l’au
tre, vous pouvez rester sans ressources, Jenny!..
En acceptant la position qui m’est offerte, j’as
sure notre avenir à tous deux ; j’aurai mainte
nant un toit pour vous recevoir, et, dans quel
ques mois, quoi qu’il arrive, nous serons unis
pour toujours. Ne trouvez-vous point cela doux
à penser ?
— Ah, Jones’ répondit l'enfant, en se jetant
dans les bras de son fiancé.
Celui-ci la pressa tendrement sur son cœur,
et imprimant sur ses yeux humides un long bai
ser :
— Adieu ! répéta-t-il plusieurs fois , adieu,
ma fiancée chérie !... ma femme....
Il la serra encore sur sa poitrine, l’embrassa
encore ; puis, la repoussant avec effort, il s’é
lança vers la route de Montgomery.
Jenny demeura longtemps à la même place,
cherchant à l’apercevoir à travers les chênes et
écoutant s’il ne lui enverrait point un dernier
adieu. Enfin, lorsqu’elle fut bien sûre qu’elle ne
pouvait plus ni le voir ni l’entendre, elle se rap
pela son père, et, faisant un effort sur elle-
même , reprit lentement le chemin de l’habita
tion.
Elle en était peu éloignée, lorsqu’elle aperçut
M. Jackson, qui venait à sa rencontre. Elle re
garda d’abord autour d’elle, comme si elle eût
cherché les moyens de l’éviter ; mais ayant re
connu la chose impossible, elle se décida à con
tinuer sa route.
Ce premier mouvement de Miss Mackensie
exige quelques explications que nous croyons
utile de donner ici.
M. Jackson, propriétaire d’une plantation voi
sine à laquelle d’innombrables cotonniers avaient
fait donner le nom de Blanche-Courorme, était un
homme d’environ quarante ans, d’une taille éle
vée et d’une figure hardie. Il était né en Ir
lande , et avait été forcé de la quitter pour quel
ques actes de violence dont on parlait diverse
ment. Arrivé avec les premiers émigrants dans
cette partie de l’Alabama , il y avait longtemps
vécu de la vie hasardeuse des pionniers, n'ayant
d’autre guide que sa volonté, ne connaissant d’au
tre droit que la force. Sa jeunesse s’était écoulée
dans de périlleuses entreprises, au milieu des
Criks et des Choctaws , dont il avait été tour à
tour l’ami et l’ennemi. On racontait de lui mille
histoires qui prouvaient son courage, mais aussi
l’énergie fougueuse de ses passions. Il y avait eu
dans sa vie d’aventurier des vengeances sanglan
tes, des combats inouïs et d’incroyables aventu
res. Deux fois il avait enlevé à des chefs choc
taws leurs femmes préférées, et s’était enfui avec
elles dans les forêts. Ce qu’il avait couru de dan
gers dans ces deux expéditions effrayait à enten
dre raconter ; mais rien n’arrêtait Jackson quand
la passion lui parlait. Mêlé à plusieurs civilisa
tions , il avait emprunté à chacune ce qui pou
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