Titre : Le Patriote des Pyrénées-Orientales : paraissant tous les jours (le dimanche excepté) : ["puis" journal de l'Appel au peuple]
Auteur : Appel au peuple (France). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Perpignan)
Date d'édition : 1884-09-24
Contributeur : Dangin, Édouard (1837-1892). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32834058x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 24 septembre 1884 24 septembre 1884
Description : 1884/09/24 (A8,N223). 1884/09/24 (A8,N223).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG66 Collection numérique : BIPFPIG66
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t537745287
Source : Médiathèque de Perpignan, Rpm 325
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/09/2024
IUT1RMR ANNEE Vf- 223
DEMOCRATIE *- AUTORITÉ
MERCREDI 24 SEPTEMBRE 1884
Le Numéro :
WQ CENTIMES
PARAISSANT TOUS LES JOURS {le Dimanche excepté) .
Journal de l'Appel SLTJL Peuple
Le Numéro :
CINQ CENTIMES
AlONTvElfLN'Ti
Wpaxtemeit
k Départ- limitr» phes
Les autres
DépuUmtnti
THU MOIS .
6 fruits
8- francs
Six MOIS . . .
12 —
15 —
On AH . lui
20 —
28 —
Espagn»
8 franc
15 -
90 -
!
Adresier ce qui concerae l'Administratior ' M. l'Administrateur
SURHLAt'X
PLACE DE LA BANQUE .(AUX TANNERIES)
I? e r jp i sr xi. si xi.
Les abonnements partent du 1" et du'15 de chaque mois
I Les insertions et les abonnements sont reçus, à Perpignan, aux bureau?
du journal, et à Paris, chez M. Hivis, 8, place de la Bourse
{ Réclames la ligne, » 60 c.
(Annonces. ...... » 25
Annonces judiciaires. . — » 20
Adresser ce qui concerné la Rédaction à M. le Rédacteur en chef
Perpignan, 24 Septembre lST't
MISÈRES RURALES
Un de nos amis, dit la Patrie,
actuellement en province, nous
adresse une lettre dont nous déta-
chons ce qui suit :
Un brave laboureur me contait
hier ses peines. La ferme qu'il
occupe est particulièrement vouée
à la culture du blé de sorte qu'il
dit volontiers, retournant la parole
classique de M. Nadaud, que,
quand le blé va, tout va. Or,, le
blé ne va plus. Mon digne ami, le
laboureur, a sué sang et eau sur
ses sillons, poussant la charrue de
ses rudes mains, surveillant amou-
reusement ses champs pendant de
longs mais, pour, aboutir enfin. Jt,
une moisson pénible à bien des ti-
tres.
Les ouvriers ruraux sont deve-
nus excessivement rares. Nous
avons dans la région plusieurs pe-
tites villes où il existe des fabri-
ques, et cela attire les hommes de
la campagne ; beaucoup s'en vont
s'établir, avec la femme et les en-
fants, à l'ombre de quelque che-
minée d'usine, travaillent, faisant
d'assez bonnes semaines, mais ne
manquent guère de boire au caba-
ret plus de la moitié de la paye ;
s'ils gagnent plus qu'autrefois, ils
rapportent moins à la maison, e
sorte que c'est en définitive un
changement de situation qui n'a-
boutit qu'à amoindrir le bien être
du ménage.
Gomme il y a maintenant peu
d'hommes pour les travaux de
ferme et spécialement pour la
moisson, ils n'en sont naturelle-
ment que plus exigeants : il leur
faut une nourriture plus sérieuse
qu'autrefois, mais surtout ils ne
s'engagent que moyennant un sa-
laire relativement très élevé. C'est
une amélioration excellente que les
ouvriers gagnent plus et soient
mieux nourris : elle n'a qu'un
malheur, c'est de coïncider avec
l'amoindrissement de la valeur
marchande de la plupart des pro-
duits des champs.
Il y a déjà quelque temps que
la culture du blé n'est plus une
industrie rémunératrice chez nous.
Nos fermiers ont dû, pour s'en
tirer, donner ici plus d'extension,
non seulement à leurs bergeries,
mais aussi à leur basse-cour.
Survienne une épidémie sur le
modeste troupeau de dindons, qui
représente généralement une es-
pérance de- 800, de 1,000 ou de
1.200 francs, et voilà la maison
jetée, pour un an au moins, dans
un grand embarras.
Car, outre la diminution de la
valeur des produits et l'augmenta-
tion des frais de culture, il y a
l'accroissement incessant des char-
ges et'impôts de toute espèce, de-
puis les dépenses de l'école soi-
disant gratuite, mais réellement
ruineuse pour le paysan, jusqu'à
celles du gouvernement en géné-
ral.
C'est ce que m'a fort bien ex-
pliqué le fermieravec lequel j'avais
un entretien hièr.
— Ainsi, lui dis-je, c'est véri-
tablement une mauvaise année.
— Ce n'est pas, fit-il, une mau-
vaise année qu'il faut dire, mais
une série de mauvaises années ;
depuis quelque temps cela va tou-
jours de mal en pis.
— De sorte que l'on peut affir-
mer, sans exagération, que vos
bénéfices ont sensiblement dimi-
nué i
— Mes bénéfices? Ah! monsieur,
tout ce que je demande pour le
moment, c'est de pouvoir vivre et
payer. J'ai peur des impôts.
Ces quelques mots, que je vous
transmets textuellement tels qu'ils
m'ont été dits, m'ont frappé et me
semblent de nature à faire réflé-
chir. J'y vois une tristesse qui n'est
que trop justifiée, et peut-être quel-
que amertume.
— Mais , repris-je, il faudrait
faire connaître au gouvernement
la transformation qui se produit
dans les conditions de la vie agri-
cole. Le gouvernement ne peut
pas sans doute commander aux
événements ou aux éléments ;
mais, sans entrer plus avant que
son rôle ne le comporte dans les
affaires agricoles, il peut cepen-
dant quelque chose.
— Il peut beaucoup, monsieur.
— Il ne faut pas s'exagérer
l'action officielle en pareille ma-
tière.
— Non, mais le gouvernement
ne remplit pas envèrs nous son
devoir, et ce n'est pas difficile à
prouver.
— Eh bien, vous devriez alors
profiter des vacances parlementai-
res pour voir votre député et pour
obtenir de lui l'engagement de
porter au moins à la tribune vos
doléancé*s , à la rentrée des Cham-
bres.
Mon interlocuteur me regarda
fixement et se mit à sourire :
1 _ Notre député, monsieur ! Je
le connais ; il ne vaut pas cher la
livre. Si nous n'avons que lui
pour nous tirer d'embarras, c'est
bien lecas de dire : adieu ven-
dauges.
— Il est républicain ?
-r- Oh I tout ce qu'il y a de plus
républicain. Il s'occupe de ses af-
faires, à sa façon ; pour les nôtres,
il paraît qu'il n'y songe point.
Au reste,. voyez-vouâ, monsieur,
nous avons un mauvais député,
c'est vrai j et il faudrait bien le
changer, mais il n'y a' pas que lui
qu'il faudrait changeV:
« Nous ne connaissons un gou-
vernement, nous autres, que par ce
qu'il nous donne ou bous prend.
Qu'est-ce que le régime actuel fait
pour nous ? Est-ce qu'il n'est pas
l'auteur de notre misère ? Vous
parlez de la Chambre. A-t-elle ja-
mais fait autre chose (jue de voter
des dépenses nouvellesjet des im-
pôts nouveaux ? On 'nous promet-
tait dés- dégrèvement*? nous l«s
attendons encore sous l'orme. Im-
pôts, guerre , écoles, bêtises sur
bêtises, tout cela se tient, et il ne
faut pas qu'on vienne nous dire
que ce n'est pas la faute du gou-
vernement si nous souffrons.
» Voilà ma répons» : Gomment
se fait-il qu'il y a des régimes
sous lesquels tout va mal, et d'au-
tres sous lesquels tout va bien ?
» Gomment se fait-il que chacun
seTegarde de travers et souffre
sous la République ?
» Ce n'est pas le règne de la
fraternité qu'on nous avait an-
noncé. Il est maintenant prouvé
que la République ne peut pas
donner ce qu'elle avait promis.—
Alors, nous nous demandons pour-
quoi on a changé de gouvernement.
Car il y a une chose certaine et
dont tout "le monde se souvient ,
c'est que le malaise actuel était
inconnu sous l'Empire. J'en conclus
que l'organisation d'aujourd'hui
est mauvaise et que celle d'autre-,
fois était bonne ».
Telles sont, fidèlement tradui-
tes, les observations d'un labou-
reur, qui juge le gouvernement
d'après ses résultats, et qui serait
républicain si la République ne le
ruinait pas.
D'après les bruits qui circulent, il
parait assuré que le cousin de Bavier-
Chauffour ne convoquera le Parlement
que pour le mardi 21 octobre. Le Ton-
kinois espère que la question chinoise
aura pris à cette époque une telle
gravité qu'il sera impossible aux
Chambres de ne pas voter tous les mil-
lions dont il aura besoin pour payer
les frais de celle guerre insensée.
La commission extra-parlementaire
des mines de l'Annam et du Tonkin,
dans sa troisième séance, a adopté une
formule d'après laquelle seront déclarés
adjudicataires pour les mines connues
ceux qui offriront a l'Etat les sommes
les plus fortes. En ce qui concerne les
mines découvertes, les inventeurs, les
prospecteurs seront déclarés propriétai-
res, sans avoir à effectuer de versement
au Trésor.
Les deux catégories de mines seront
frappées d'une double taxe : droit par
kilomètre carré, droit par tonne ex-
traite.
Insurrection en Catalogne
Nous lisons dans la Dépêclie :
On télégraphie soldats de l'armée régulière espagnole,
ayant à leur tête un sergent-major, se
sont soulevés et ont passé la frontière
au cri de : Vive Zorilla I Ils ont emporté
la caisse de leur régiment.
Le Commissaire de police de Saint»
Laurent-de-Cerdans les a fait diriger
sur Perpignan et la gendarmerie les
a accompagnés au Consulat espagnol
de cette ville. Les déserteurs sont ac-
tuellement à la prison civile, eu atten-
dant leur internement dans une ville
de l'intérieur.
D'après les bruits qui circulent ici,
on craindrait une insurrection en Ca-
talogne.
Les Indemnitaires
La langue politique vient de s'enri-
chir d'un nouveau vocable. C'est à
propos de l'inauguration, dans une pe-
tite ville de la Nièvre, Clamecy, d'un
monument à la mémoire des soi-disant
victimes du Deux-Décembre que ce
vocable a pris naissance.
Indemnitaires 1 Le mot, placé en tète
de l'appel du comité, a par lui-même
un sens sur lequel il sera, croyons-
nous, inutile d'insister. Néanmoins, le
document est curieux, et â ce titre
nous n'hésitons pas à le reproduire
dans son texte intégral :
a Indemnitaires de la Seine, de la
Nièvre, de toutes les parties de la
France, hobitant Paris, nous répon-
drons à est appel de nos frères de
Clamecy.
» Tous, nous ferons tous nos efforts
pour être à Clamecy le 21 septembre,
glorieux anniversaire de la République
de 1792 ; c'est là un devoir de solida-
rité auquel nous ne voudrons point
manquer 1 a La nation nous a généreu-
sement récompensés, nous qui avons
survécu. »
» C'est à nous d'honorer les victimes
qui ont succombé sous les coups du
criminel et de ses séides. Pour nous,
pour tous les bons citoyens, c'est un
devoir étroit. A moins d'impossibilité
absolue, nous le remplirons. »
On remarquera cet aveu : « La nation
nous a généreusement récompensés. »
Au moment où les contribuables plient
sous le poids des impôts |ui les acca-
I blent ; au moment où dans les campa-
gnes, les agriculteurssontaux aboiset,
dans les villes, des ouvriers manquant
de travail sont exposés à mourir de
. faim, le gouvernement fait de grosses
i pensions à des gens qui ont su fort ha-
bilement exploiter le titre, vrai ou
! faux, de « victime du coup d'Etat ».
Nos députés en correctionnelle
Ils vont bien nos députés.
Toutes les semaines, la police correc-
tionnelle en voit défiler quelques-uns
devant elle.-
Avant-hier encore, elle condamnait
à huit mois da prison et à 10,000 francs
d'amende M. Bouchet, député des
Bouches-du-Rhôoe, et à cinq mois de
la même peine et à îi.OOO francs d'a-
mende un autre député du Var, M.
Marius Poulet.
Tous les deux étaient accusés d'a-
voir maladroitement tripoté dans le
« Zodiaque », symbole des saisons et
d'une compagnie d'assurances.
Des deux condamnés d'avanl-hier
nous avons peu de chose à dire, mais
ce sont les électeurs de MM. Bouchet
et Poulet dont nous voudrions voir la
tête.
En les nommant" ils s'étaient dit :
Notre affaire est bonne, nos intérêts se-
ront défendus, et nos députés discute-
ront pendant que nous travaillerons.
Puis, le hasard les menant à la Cham-
bre, ils cherchent leurs représentants,
ne les trouvent pas et apprennent
qu'ils sont assis en ce moment sur les
bancs crasseux de la correctionnelle.
Là dessus, les bonshommes s'indi-
gnent ; il est bien temps 1
A tout prendre, les deux maladroits
députés qui viennent de se faire pincer
dans le « Zodiaque » ne sont pas plus
coupables que les autres.
Ils le sont encore moins qfue le fa-
meux collègue Savary, l'ancien député
de la Manche, l'inventeur de la Banque
de Lyon et de la Loir? et autres cou-
pons antichipés, que le même tribunal
de police correctionnelle vient de con-
damner à six mois de prison et à 1,000
fr. d'amende.
Ainsi se trouve démontré une fois de
plus le danger de confier des mandats
parlementaires au premier Savary
venu.
C'est égal, trois députés en coirec-
tionnelle, dans la même semaine, c'est
roide I
Et dire qu'il s'en va partout ainsi
sous le gouvernement de MM. les op-
portunistes.
Les Préfets trésoriers
Un mouvement préfectoral se pré-
pare, combiné avec un remaniement
dans le personnel des trésoriers-payeurs
généraux.
A ce prr )os une double interrogation
se présente :
1' Pourquoi certains préfets seront-ils
enlevés à leur préfecture ?
2- Pourquoi les préfets seront-ils
pourvus de sinécures financières ?
Ces préfets évidemment,se sont mon-
trés insuffisants et au-dessous de leur
mission.
Ils auront manqué de tact ou d'in-
telligence.
Ils n'ont pas de poigne.
Ils se sont rendus antipathiques.
Enfin, ils sont devenus impossibles.
Sous un gouvernement qui s'occupe-
rait sérieusement de la chose publique,
ces instruments de mauvaise qualité
seraient mis de côté purement et sim-
plement.
Nous ajouterons même que, sous
DEMOCRATIE *- AUTORITÉ
MERCREDI 24 SEPTEMBRE 1884
Le Numéro :
WQ CENTIMES
PARAISSANT TOUS LES JOURS {le Dimanche excepté) .
Journal de l'Appel SLTJL Peuple
Le Numéro :
CINQ CENTIMES
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Les autres
DépuUmtnti
THU MOIS .
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Six MOIS . . .
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On AH . lui
20 —
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!
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I Les insertions et les abonnements sont reçus, à Perpignan, aux bureau?
du journal, et à Paris, chez M. Hivis, 8, place de la Bourse
{ Réclames la ligne, » 60 c.
(Annonces. ...... » 25
Annonces judiciaires. . — » 20
Adresser ce qui concerné la Rédaction à M. le Rédacteur en chef
Perpignan, 24 Septembre lST't
MISÈRES RURALES
Un de nos amis, dit la Patrie,
actuellement en province, nous
adresse une lettre dont nous déta-
chons ce qui suit :
Un brave laboureur me contait
hier ses peines. La ferme qu'il
occupe est particulièrement vouée
à la culture du blé de sorte qu'il
dit volontiers, retournant la parole
classique de M. Nadaud, que,
quand le blé va, tout va. Or,, le
blé ne va plus. Mon digne ami, le
laboureur, a sué sang et eau sur
ses sillons, poussant la charrue de
ses rudes mains, surveillant amou-
reusement ses champs pendant de
longs mais, pour, aboutir enfin. Jt,
une moisson pénible à bien des ti-
tres.
Les ouvriers ruraux sont deve-
nus excessivement rares. Nous
avons dans la région plusieurs pe-
tites villes où il existe des fabri-
ques, et cela attire les hommes de
la campagne ; beaucoup s'en vont
s'établir, avec la femme et les en-
fants, à l'ombre de quelque che-
minée d'usine, travaillent, faisant
d'assez bonnes semaines, mais ne
manquent guère de boire au caba-
ret plus de la moitié de la paye ;
s'ils gagnent plus qu'autrefois, ils
rapportent moins à la maison, e
sorte que c'est en définitive un
changement de situation qui n'a-
boutit qu'à amoindrir le bien être
du ménage.
Gomme il y a maintenant peu
d'hommes pour les travaux de
ferme et spécialement pour la
moisson, ils n'en sont naturelle-
ment que plus exigeants : il leur
faut une nourriture plus sérieuse
qu'autrefois, mais surtout ils ne
s'engagent que moyennant un sa-
laire relativement très élevé. C'est
une amélioration excellente que les
ouvriers gagnent plus et soient
mieux nourris : elle n'a qu'un
malheur, c'est de coïncider avec
l'amoindrissement de la valeur
marchande de la plupart des pro-
duits des champs.
Il y a déjà quelque temps que
la culture du blé n'est plus une
industrie rémunératrice chez nous.
Nos fermiers ont dû, pour s'en
tirer, donner ici plus d'extension,
non seulement à leurs bergeries,
mais aussi à leur basse-cour.
Survienne une épidémie sur le
modeste troupeau de dindons, qui
représente généralement une es-
pérance de- 800, de 1,000 ou de
1.200 francs, et voilà la maison
jetée, pour un an au moins, dans
un grand embarras.
Car, outre la diminution de la
valeur des produits et l'augmenta-
tion des frais de culture, il y a
l'accroissement incessant des char-
ges et'impôts de toute espèce, de-
puis les dépenses de l'école soi-
disant gratuite, mais réellement
ruineuse pour le paysan, jusqu'à
celles du gouvernement en géné-
ral.
C'est ce que m'a fort bien ex-
pliqué le fermieravec lequel j'avais
un entretien hièr.
— Ainsi, lui dis-je, c'est véri-
tablement une mauvaise année.
— Ce n'est pas, fit-il, une mau-
vaise année qu'il faut dire, mais
une série de mauvaises années ;
depuis quelque temps cela va tou-
jours de mal en pis.
— De sorte que l'on peut affir-
mer, sans exagération, que vos
bénéfices ont sensiblement dimi-
nué i
— Mes bénéfices? Ah! monsieur,
tout ce que je demande pour le
moment, c'est de pouvoir vivre et
payer. J'ai peur des impôts.
Ces quelques mots, que je vous
transmets textuellement tels qu'ils
m'ont été dits, m'ont frappé et me
semblent de nature à faire réflé-
chir. J'y vois une tristesse qui n'est
que trop justifiée, et peut-être quel-
que amertume.
— Mais , repris-je, il faudrait
faire connaître au gouvernement
la transformation qui se produit
dans les conditions de la vie agri-
cole. Le gouvernement ne peut
pas sans doute commander aux
événements ou aux éléments ;
mais, sans entrer plus avant que
son rôle ne le comporte dans les
affaires agricoles, il peut cepen-
dant quelque chose.
— Il peut beaucoup, monsieur.
— Il ne faut pas s'exagérer
l'action officielle en pareille ma-
tière.
— Non, mais le gouvernement
ne remplit pas envèrs nous son
devoir, et ce n'est pas difficile à
prouver.
— Eh bien, vous devriez alors
profiter des vacances parlementai-
res pour voir votre député et pour
obtenir de lui l'engagement de
porter au moins à la tribune vos
doléancé*s , à la rentrée des Cham-
bres.
Mon interlocuteur me regarda
fixement et se mit à sourire :
1 _ Notre député, monsieur ! Je
le connais ; il ne vaut pas cher la
livre. Si nous n'avons que lui
pour nous tirer d'embarras, c'est
bien lecas de dire : adieu ven-
dauges.
— Il est républicain ?
-r- Oh I tout ce qu'il y a de plus
républicain. Il s'occupe de ses af-
faires, à sa façon ; pour les nôtres,
il paraît qu'il n'y songe point.
Au reste,. voyez-vouâ, monsieur,
nous avons un mauvais député,
c'est vrai j et il faudrait bien le
changer, mais il n'y a' pas que lui
qu'il faudrait changeV:
« Nous ne connaissons un gou-
vernement, nous autres, que par ce
qu'il nous donne ou bous prend.
Qu'est-ce que le régime actuel fait
pour nous ? Est-ce qu'il n'est pas
l'auteur de notre misère ? Vous
parlez de la Chambre. A-t-elle ja-
mais fait autre chose (jue de voter
des dépenses nouvellesjet des im-
pôts nouveaux ? On 'nous promet-
tait dés- dégrèvement*? nous l«s
attendons encore sous l'orme. Im-
pôts, guerre , écoles, bêtises sur
bêtises, tout cela se tient, et il ne
faut pas qu'on vienne nous dire
que ce n'est pas la faute du gou-
vernement si nous souffrons.
» Voilà ma répons» : Gomment
se fait-il qu'il y a des régimes
sous lesquels tout va mal, et d'au-
tres sous lesquels tout va bien ?
» Gomment se fait-il que chacun
seTegarde de travers et souffre
sous la République ?
» Ce n'est pas le règne de la
fraternité qu'on nous avait an-
noncé. Il est maintenant prouvé
que la République ne peut pas
donner ce qu'elle avait promis.—
Alors, nous nous demandons pour-
quoi on a changé de gouvernement.
Car il y a une chose certaine et
dont tout "le monde se souvient ,
c'est que le malaise actuel était
inconnu sous l'Empire. J'en conclus
que l'organisation d'aujourd'hui
est mauvaise et que celle d'autre-,
fois était bonne ».
Telles sont, fidèlement tradui-
tes, les observations d'un labou-
reur, qui juge le gouvernement
d'après ses résultats, et qui serait
républicain si la République ne le
ruinait pas.
D'après les bruits qui circulent, il
parait assuré que le cousin de Bavier-
Chauffour ne convoquera le Parlement
que pour le mardi 21 octobre. Le Ton-
kinois espère que la question chinoise
aura pris à cette époque une telle
gravité qu'il sera impossible aux
Chambres de ne pas voter tous les mil-
lions dont il aura besoin pour payer
les frais de celle guerre insensée.
La commission extra-parlementaire
des mines de l'Annam et du Tonkin,
dans sa troisième séance, a adopté une
formule d'après laquelle seront déclarés
adjudicataires pour les mines connues
ceux qui offriront a l'Etat les sommes
les plus fortes. En ce qui concerne les
mines découvertes, les inventeurs, les
prospecteurs seront déclarés propriétai-
res, sans avoir à effectuer de versement
au Trésor.
Les deux catégories de mines seront
frappées d'une double taxe : droit par
kilomètre carré, droit par tonne ex-
traite.
Insurrection en Catalogne
Nous lisons dans la Dépêclie :
On télégraphie
ayant à leur tête un sergent-major, se
sont soulevés et ont passé la frontière
au cri de : Vive Zorilla I Ils ont emporté
la caisse de leur régiment.
Le Commissaire de police de Saint»
Laurent-de-Cerdans les a fait diriger
sur Perpignan et la gendarmerie les
a accompagnés au Consulat espagnol
de cette ville. Les déserteurs sont ac-
tuellement à la prison civile, eu atten-
dant leur internement dans une ville
de l'intérieur.
D'après les bruits qui circulent ici,
on craindrait une insurrection en Ca-
talogne.
Les Indemnitaires
La langue politique vient de s'enri-
chir d'un nouveau vocable. C'est à
propos de l'inauguration, dans une pe-
tite ville de la Nièvre, Clamecy, d'un
monument à la mémoire des soi-disant
victimes du Deux-Décembre que ce
vocable a pris naissance.
Indemnitaires 1 Le mot, placé en tète
de l'appel du comité, a par lui-même
un sens sur lequel il sera, croyons-
nous, inutile d'insister. Néanmoins, le
document est curieux, et â ce titre
nous n'hésitons pas à le reproduire
dans son texte intégral :
a Indemnitaires de la Seine, de la
Nièvre, de toutes les parties de la
France, hobitant Paris, nous répon-
drons à est appel de nos frères de
Clamecy.
» Tous, nous ferons tous nos efforts
pour être à Clamecy le 21 septembre,
glorieux anniversaire de la République
de 1792 ; c'est là un devoir de solida-
rité auquel nous ne voudrons point
manquer 1 a La nation nous a généreu-
sement récompensés, nous qui avons
survécu. »
» C'est à nous d'honorer les victimes
qui ont succombé sous les coups du
criminel et de ses séides. Pour nous,
pour tous les bons citoyens, c'est un
devoir étroit. A moins d'impossibilité
absolue, nous le remplirons. »
On remarquera cet aveu : « La nation
nous a généreusement récompensés. »
Au moment où les contribuables plient
sous le poids des impôts |ui les acca-
I blent ; au moment où dans les campa-
gnes, les agriculteurssontaux aboiset,
dans les villes, des ouvriers manquant
de travail sont exposés à mourir de
. faim, le gouvernement fait de grosses
i pensions à des gens qui ont su fort ha-
bilement exploiter le titre, vrai ou
! faux, de « victime du coup d'Etat ».
Nos députés en correctionnelle
Ils vont bien nos députés.
Toutes les semaines, la police correc-
tionnelle en voit défiler quelques-uns
devant elle.-
Avant-hier encore, elle condamnait
à huit mois da prison et à 10,000 francs
d'amende M. Bouchet, député des
Bouches-du-Rhôoe, et à cinq mois de
la même peine et à îi.OOO francs d'a-
mende un autre député du Var, M.
Marius Poulet.
Tous les deux étaient accusés d'a-
voir maladroitement tripoté dans le
« Zodiaque », symbole des saisons et
d'une compagnie d'assurances.
Des deux condamnés d'avanl-hier
nous avons peu de chose à dire, mais
ce sont les électeurs de MM. Bouchet
et Poulet dont nous voudrions voir la
tête.
En les nommant" ils s'étaient dit :
Notre affaire est bonne, nos intérêts se-
ront défendus, et nos députés discute-
ront pendant que nous travaillerons.
Puis, le hasard les menant à la Cham-
bre, ils cherchent leurs représentants,
ne les trouvent pas et apprennent
qu'ils sont assis en ce moment sur les
bancs crasseux de la correctionnelle.
Là dessus, les bonshommes s'indi-
gnent ; il est bien temps 1
A tout prendre, les deux maladroits
députés qui viennent de se faire pincer
dans le « Zodiaque » ne sont pas plus
coupables que les autres.
Ils le sont encore moins qfue le fa-
meux collègue Savary, l'ancien député
de la Manche, l'inventeur de la Banque
de Lyon et de la Loir? et autres cou-
pons antichipés, que le même tribunal
de police correctionnelle vient de con-
damner à six mois de prison et à 1,000
fr. d'amende.
Ainsi se trouve démontré une fois de
plus le danger de confier des mandats
parlementaires au premier Savary
venu.
C'est égal, trois députés en coirec-
tionnelle, dans la même semaine, c'est
roide I
Et dire qu'il s'en va partout ainsi
sous le gouvernement de MM. les op-
portunistes.
Les Préfets trésoriers
Un mouvement préfectoral se pré-
pare, combiné avec un remaniement
dans le personnel des trésoriers-payeurs
généraux.
A ce prr )os une double interrogation
se présente :
1' Pourquoi certains préfets seront-ils
enlevés à leur préfecture ?
2- Pourquoi les préfets seront-ils
pourvus de sinécures financières ?
Ces préfets évidemment,se sont mon-
trés insuffisants et au-dessous de leur
mission.
Ils auront manqué de tact ou d'in-
telligence.
Ils n'ont pas de poigne.
Ils se sont rendus antipathiques.
Enfin, ils sont devenus impossibles.
Sous un gouvernement qui s'occupe-
rait sérieusement de la chose publique,
ces instruments de mauvaise qualité
seraient mis de côté purement et sim-
plement.
Nous ajouterons même que, sous
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