Titre : Le Patriote des Pyrénées-Orientales : paraissant tous les jours (le dimanche excepté) : ["puis" journal de l'Appel au peuple]
Auteur : Appel au peuple (France). Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Perpignan)
Date d'édition : 1884-09-22
Contributeur : Dangin, Édouard (1837-1892). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32834058x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 22 septembre 1884 22 septembre 1884
Description : 1884/09/22 (A8,N221). 1884/09/22 (A8,N221).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG66 Collection numérique : BIPFPIG66
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t53774526d
Source : Médiathèque de Perpignan, Rpm 325
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/09/2024
HUITIÈME ANNEE N° 221
DEMOCRATIE - AUTORITÉ
LUNDI 22 SEPTEMBRE 1884
LE PATRIOTE
m
Le Numéro .
QRQ CEP«TIMES
9ss fYaÉsrÉgs-taïg&tT&s.gs
PARAISSANT TOUS LES JOURS \U Dimtmeht **t*pté)
Journal de l'Appel SLIX Peuple
Le Numéro :
CINQ CENTIMES
ABOMTOBHTS
Dép&rlemeil
t Diput. limitnphci
Les antres
DépartMunti
Espajn»
SVB1A¥S
PLACE DE LA BANQUE (AUX TANNERIES)
Perpignan
Lu abonnements partent du 1" et du 15 de chique mail
Les insertions et Us ïbonntmunts sont r»çus, a Pf rpignu), lux bureeu/
du Journal, et à Paris, chez H. Hivij, 8, place de la Bouree
( Annonces judiciaires. — » 30
THOIS MOIS .
Six M OIS . . .
UH AU ... .
6 francs
12 —
20
8 francs
15 -
38 -
8 franco 1
15 - 1
90 - 1
Adresser ce qui concerne F Administra tior 'M. l'Administrateur |
Adresser ce qui concerne la Rédaction à M. le Rédacteur en ciel
Perpignan, 22 Septembre 18" \
UN COMPLOT
OPPORTUNISTE
Les comédiens ordinaires de la
République — nous voulons dire
les opportunistes — nous prépa-
rent une pièce nouvelle.
Il ne s'agit pas de la Chine, qui
est une chose usée mais pour la-
quelle nous aurons à payer long-
temps des millions tout neuCs.
La pièce en question est une co-
médie électorale.
C'est avec une certaine inquié-
tude que le prestidigitateur Ferry
envisage le renouvellement un peu
éloigné de la Chambre.
Presque douze mois de délai.
C'est-à-dire douze mois de tirait-,
lements, douze mois d'exercices
sur la corde raide.
Si souples que soient les mem-
bres de ce Cabinet désarticulé, il
est à craindre qu'il ne fasse, d'ici
la fin, une de ces chutes qui brisent
la carrière des saltimbanques les
plus distingués.
Actuellement, la majorité du
Pala«-Bourbon est trè3 gouverne-
mentale.
Il serait malaisé d'en trouver
une plus malproprement dévouée
à un ministère sans boussole.
Mais il se produit, dans l'esprit
public, une fermentation qu'il se-
rait bon de ne pas laisser aller
trop loin.
La cuisine opportuniste, sous
l'influence des fétides émanations
de ses chefs, menace de tourner à
l'aigre.
M. Ferry estime, paraît-il, qu'il
serait dangereux de laisser cuire
trop longtemps la matière électo-
rale.
Et il projette d'avance l'époque
des élections générales.
Les députés officiels seraient de
son avis.
L'accumulation de leurs défail-
lances et de leurs lâchetés leur fait
désirer une reddition de comptes
anticipée, qui leur facilite l'aveu-
glement des électeurs.
On va voir, ce que l'on n'avait
jamais vu.
Une Chambre implorant sa dis-
solution.
Et un gouvernement réclamant
cette dissolution parce que la ma-
jorité est à ses genoux.
Le pétard est chargé de manière
à éclater au commencement du
mois de février 188b.
Dans ces conditions, M. Ferry
se croit sûr d'obtenir le renouvel-
lement d'une majorité dont la pla-
titude lui assurerait un long règne.
Le complot réussira-t-il ?
Le Sénat est-il assez avachi pour
prêter les mains à la confection de
ce ragoût aussi écoeurant qu'op-
portuniste 1
Et les électeurs auront-ils l'esto-
mac assez blasé pour digérer une
pareille pâtée ?
Le plan de Ferry
On lit dans VIntransigeant :
« Si nous en croyons certains bruits,
le Tonkinois Ferry se voyant acculé à
la nécessité de déclarer la guerre à la
Chine, et redoutant pour ses fidèles
députés de la majorité l'effet de cette
déclaration ne peut manquer de pro-
duire sur l'opinion publique, aurait pris
la résolution de brusquer les élections,
qui auraient lieu en janvier 1885 ou au
commencement de février.
D'ici là on traînerait en longueur les
affaires de Chine, en obtenant d'un
mandarin quelconque un traité qui au-
ra tout juste la valeur de celui de Tien-
tsin, mais dont l'annonce permettra à
la majorité de se déclarer satisfaite. M.
Ferry espère ainsi pouvoir retarder jus-
qu'après les élections générales l'envoi
d'un corps d'armée dans l'Extrême-
Orient.
On veut surtout prendre l'opposition
à l'improviste, sans lui donner le temps
d'organiser la lutte électorale. Déjà les
ministres, en prolongeant leur villégia-
ture, préparent leur réélection ; dans
chaque département où un député pos-
sède un portefeuille, les faveurs de tout
genre pleuvant sur les électeurs.
Enfin, le corps préfectoral sera épu-
ré ; les listes de proscription sont prê-
tes, les noms des douteux et des indé-
cis sont marqués au crayon rouge ; on
ne conservera que les fonctionnaires à
poigne.
Sans doute, pour que l'époque des
élections soit avancée, 11 faut que
M. Jules Grévy consente à demander
au Sénat la dissolution de la Chambre.
M. J. Ferry ne doute pas de la com-
plaisance du président de la Républi-
que qui, du reste, lui a récemment
donné — lors de la démarche de l'Ex-
trême-Gauche — une preuve de son
absolue docilité.
Ces bruits sont-ils fondés ? Nous ne
savons ; en tout cas, nous avons cru
devoir les mentionner, afin que nos
amis se tiennent sur leurs gardes et se
préparent dès maintenant aux élec-
tions, forment des comités, se grou-
pent, s'organisent en prévision d'une
dissolution anticipée de la Chamb-e. »
RIONS
Sous ce titre gai, le Peuple publie la
lettre suivante qui lui est adressée de
Bressuire, à la date du 15 septembre,
par M.~ Eugène Rendu fils, le sympa-
thique et éloquent bonapartiste.
C'est amusant de rire I Aussi nous
sommes-nous bien amusés à Bres-
suire 1
Oyez plutôt !
C'était jour de concours et de comice
j agricoles, le dimanche 14 septembre,
j Le Comité Napoléonien des Djux-Sè-
j vres et notre excellent confrère du Ré-
veil du Bocage, Furgier, avaient profité
de l'affluence des populations de la ré-
gion^ Bressuire, pour y organiser une
RÉUNION PUBLIQUE BONAPARTISTE dans
laquelle ils avaient bien voulu me de-
mander de prendre la parole.
Vous voyez qu'ici, comme à Paris,
comme... partout, nous ne cherchons
que les occasions Je nous trouver en
contact direct avec le peuple, de lui
parler et de le mettre en état de com-
parer nos déclarations nettes, précises
et loyales aux ambiguïtés, aux réticen-
ces, aux hypocrisies, de l'opportunis-
me et des partisans déclarés ou hon-
teux de la royauté 1
Mais il s'agit de rire, et me voilà
emballé dans la politique 1
Donc, notre réunion était fixée à
trois heures et la distribution des ré-
compenses du Comice à deux heures.
Les organisateurs, les grands chefs
dudit Comice, le préfet de Niort, les
députés Antonin Proust, Giraud, etc.,
inquiet de l'annonce de notre réunion,
ont cru faire un coup de maître en re-
culant d'une heure leur distribution
des récompenses pour nous enlever
nos auditeurs.
Hélas 1 trois fois hélas 1 le ciel qui
dimanche n'était pas opportuniste à
joué à ces hautes autorités un bien vi.
lain tour.
A trois heures moins le quart, une
trombe d'eau est venue s'abattre sur la
capitale du Bocage, de sorte que, com-
me le comice opérait en plein air, et
nous a couvert sous unsuperbe hangar,
toute la foule à quitté la place pour ve-
nir chez nous.
Vous voyez d'ici les têtes adminis-
tratives I
Ça n'est pas tout.
11 devait y avoir feu d'artifice, re-
traite aux flambeaux, illuminations,
feux de bengale... que sais-je encore I
Pauvre préfet I pauvre màire 1 pau-
vres autorités I il n'y rien eu du tout I
Tout n'est pas tombé dans l'eau,
mais c'est l'eau qui est tombé sur tout.
Mais il y avait le ballon 1
Ah 1 le ballon 1 voilà qui était cu-
rieux 1 II était là, se gonflant pénible-
ment sous la pluie, grâce au gaz de la
Ville; mais à l'heure fixée... impossi-
ble de partir I
Encore une déception pour les invi-
tés de monsieur le préfet et de mon-
sieur le maire I
Le plus cocace de la fête — non,
vrai 1 c'est trop drôle — c'est que le
gonflement du ballon avait absorbé"
tout le gaz municipal 1
De sorte que le soir, au lieu de l'em-
brasement du clocher, des feux de
bengale et d'artifice, il y a eu extinc-
tion de tous les feux, y compris des
biesde gaz dam les rues et les établis-
sements publies I . ; '
C'était lugubre I
Les cafetiers mettaient des bougies
dans les bouteilles. — On dit même
qu'au grrrand banquet des « autorités »
les dites autorités tenaient la chan-
delle.
Et nous autres, pendant ce temps-là,
■■ mes amis, nous nous félicitions des
' brillants résultats de notre conférence,
! et, riant de la déconfiture des porte-
queues des Ferry, Grévy et C° ; nous
riions à gorge déployée, et nous bu-
' vions pleins de confiance et de gaieté
1 au triomphe des idées Napoléonien-
. nés 1
I
L'administration républicaine
M. Tirard est toujours plongé dans
un ahurissement profond. Cet adminis-
trateur étonnant, sans cesse à la re-
cherche du Pactole qui le fuit, dans la
| crainte sans doute d'être desséché par
le trop besogneux ministre, ce remueur
de millions flatte ses employés, sti-
mule leur zèle pour qu'ils l'aident à
trouver de l'argent.
I Les moyens, il n'y tient pas. La lé-
galité, il la méprise, les traités con-
clus, il les rompt, la parole donnée; il
ne la tient pas. Son incapacité réunie
à celle de ses collègues a abouti à un
résultat sur lequel nos Excellences ne
comptaient pas.
Les sources auxquelles s'abreuvaient
le budget de l'Etat sont taries, les dé-
penses augmentent, et ne pouvant
obliger par un vote les contribuables à
dépenser de l'argent, on cherche par
des procès à en soutirer aux compa-
gnies d'assurances.
Ces compagnies, pour éviter les tra-
cas de l'opération du timbrage de leur
polices, s'étaient entendues Avec l'ad-
ministration du Timbre pour rempla-
cer les ennuis et les pertes de temps
par un abonnement.
Naturellement, le fisc ne perdait pas
à cette combinaison, au contraire ; mais
en échange d'un sacrifice d'argent de
la part des compagnies, celles-ci
étaient affranchies d'obligations en-
nuyeuses.
Cela marcha bien sous l'Empire et
jusqu'à ces derniers temps. M. Tirard,
aux abois, mit en avant ses limiers et
rétablit en partie l'obligation du tim-
bre de dimension, tout en encaissant
l'abonnement.
Les compagnies ne l'entendirent pas
ainsi, dénoncèrent l'abonnement et re-
vinrent simplement à l'exécution de la
loi.
Aussitôt le fils s'aperçut qu'il avait
fait une sottise, car les pertes qu'il
éprouvait par sa faute se chiffraient par
dizaines de millions.
Il fallait retrouver ces sommes si sot-
tement perdues, des agents du ministre
des finances essayèrent de torturer la
loi pour reprendre aux compagnies ce
qu'elles ne donnaient plus à l'Etat.
Mais, après avoir essayé de l'intimida-
tion, l'administration a battu en retrai-
te. Elle a compris, bien que son chef
ne brille pas par le jugement, qu'elle
perdrait son procès en plus de ses mil-
lions.
Chronique Locale
Nous donnons ci-après les rapports
de M. Blanc, en en recommandant la
lecture, à tous les contribuables. lisse
rendront compte par le court examen
auquel a procédé M. Blanc, des comp-
tes de l'Indépendant du désintéresse-
ment et de la probité des opportunis-
tes.
COMPTE DÉPARTEMENTAL
Budget ordinaire de 1883
SODS-CHAPITRE II
Propriétés départementales im-
mobilières.
Art. 10.— Les fan ds affectés à cet article
n'ont pas pu faire face à la dépense, il a
fallu créer un crédit nouveau de la
somme de 500 fr. Parmi les pièces de
comptabilité, qui m'ont paru pouvoir
intéresser le Conseil général, je crois
devoir signaler les suivantes :
1° Un mémoire daté de Perpignan du
10 janvier 1883, signé Olive, marchand
de bois, ainsi conçu:
175 quintaux de bois à 2 fr. 50 le
quintal 437fr. 50
Sciage et mise en place à
raison de 0,15 le quintal, prix
convenu 26 25
Ce mémoire est excessif, le prix du
bois à 2 fr. 50 le quintal, est presque
double du prix réel, le eoupeur.de lois,
Olive seul pourrait expliquer ce qui
s'est passé dans cette affaire de bois,
où il a joué le plus grand rôle. Si on
entrait dans cette voie, il est probable
que l'on découvrirait que ce mémoire
est fictif, mais que les conséquences
n'ont pas pu porter préjudice au dé-
partement, parce que l'ont aurait tou-
jours dépensé la somme.
2» Six mémoires de M. le directeur
de l'usine à gaz de Perpignan, dont
deux datés du 22 novembre et 31 dé-
cembre 1882, se portant à la somme de
395 fr. 15, qui auraient dû être payés
sur l'exercice de 1882, quatre datés du
l°r avril, 1«r juillet, 1" octobre et 31 dé-
cembre 1883 se montant à la somme de
776 fr. 08, soit ensemble, 1.161 fr. 23
Cette dépense a été considérable-
ment augmentée, sans votre autorisa-
tion. On a fait pour ce chapitre, ce que
l'on a fait malheureusement trop sou-
vent, pour le finances du département
op est allé de l'avant, dépensant tou-
jours, sans se préoccuper des crédits
ouverts, conservant cet espoir ou cette
certitude, qu'il suffirait de demander
des crédits nouveaux, tous la rubri-
?[ue Insuffisance de crédits, qu'il aurait
allu appeler excès de dépense; avant
1883, le conseil général n'inscrivait
pour cette dépense que la somme de
900 fr.
Eu 1882, cette somme aurait été suf-
fisante sans l'installation faite par M.
le Préfet Doucin, d'appareils à gaz,
pour faire sa cuisine, installation dont
personne au Conseil général n'avait
prévu les conséquences. M. le préfet
Doucin s'est bien gardé de vous dire,
que les 300 francs d'augmentation qu'il
vous proposait d'inscrire au budget
de 1883, étaient nécessaires pour payer
les frais de chauffage de sa cuisine ;
ce qui devait rester évidemment à sa
charge personnelle a été payé par le
département. Mais cette élévation de
crédit de 300 fr. n'a pas suffi, puis-
qu'on 1883, il a fallu une nouvelle aug-
mentation de 500 fr.
Il ne peut s'élever le moindre doute,
que le préfet Doucin n'avait nullement
le droit de faire payer le gaz de sa
cuisine et de ses appartements parti-
culiers au département pour deux rai-
sons aussi certaines l'une que l'au-
tre.
En premier lieu, lorsque le Conseil
général a voté, non pas à titre obliga-
toire, mais à titre gracieux, la somme
de 9'i0 fr. il a eu l'intention d'augmen-
ter le fonds d'abonnement de la préfec-
ture et venir en aide à M. le préfet,
afin que le personnel de la préfecture
n'eût pas à souffrir d'une insuffisance
de crédits.
En second lieu, et, ce qui prouye que
le département n'a pas entendu payer
le chauffage ni l'éclairage personnel et
privé de M. le Préfet, c'est qu'il a fait
faire deux installations bien distinctes à
la préfecture, l'une, la plus importante,
celle qui dépense le moins, c'est celle qui
dessert tous les bureaux y compris les
cabinets de travail de M. le préfet, du
secrétaire particulier et de M. le secré-
taire général. Elle est réglée par un
compteur à gaz de 30 becs ; l'autre, la
moins importante, celle qui dépense le
plus, dessert les appartements person-
nels et privés de M. le préfet, de
l'huissier et du concierge ; elle est ré-
glée par un compteur à 10 bec».
DEMOCRATIE - AUTORITÉ
LUNDI 22 SEPTEMBRE 1884
LE PATRIOTE
m
Le Numéro .
QRQ CEP«TIMES
9ss fYaÉsrÉgs-taïg&tT&s.gs
PARAISSANT TOUS LES JOURS \U Dimtmeht **t*pté)
Journal de l'Appel SLIX Peuple
Le Numéro :
CINQ CENTIMES
ABOMTOBHTS
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Les antres
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Perpignan
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du Journal, et à Paris, chez H. Hivij, 8, place de la Bouree
( Annonces judiciaires. — » 30
THOIS MOIS .
Six M OIS . . .
UH AU ... .
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38 -
8 franco 1
15 - 1
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Adresser ce qui concerne la Rédaction à M. le Rédacteur en ciel
Perpignan, 22 Septembre 18" \
UN COMPLOT
OPPORTUNISTE
Les comédiens ordinaires de la
République — nous voulons dire
les opportunistes — nous prépa-
rent une pièce nouvelle.
Il ne s'agit pas de la Chine, qui
est une chose usée mais pour la-
quelle nous aurons à payer long-
temps des millions tout neuCs.
La pièce en question est une co-
médie électorale.
C'est avec une certaine inquié-
tude que le prestidigitateur Ferry
envisage le renouvellement un peu
éloigné de la Chambre.
Presque douze mois de délai.
C'est-à-dire douze mois de tirait-,
lements, douze mois d'exercices
sur la corde raide.
Si souples que soient les mem-
bres de ce Cabinet désarticulé, il
est à craindre qu'il ne fasse, d'ici
la fin, une de ces chutes qui brisent
la carrière des saltimbanques les
plus distingués.
Actuellement, la majorité du
Pala«-Bourbon est trè3 gouverne-
mentale.
Il serait malaisé d'en trouver
une plus malproprement dévouée
à un ministère sans boussole.
Mais il se produit, dans l'esprit
public, une fermentation qu'il se-
rait bon de ne pas laisser aller
trop loin.
La cuisine opportuniste, sous
l'influence des fétides émanations
de ses chefs, menace de tourner à
l'aigre.
M. Ferry estime, paraît-il, qu'il
serait dangereux de laisser cuire
trop longtemps la matière électo-
rale.
Et il projette d'avance l'époque
des élections générales.
Les députés officiels seraient de
son avis.
L'accumulation de leurs défail-
lances et de leurs lâchetés leur fait
désirer une reddition de comptes
anticipée, qui leur facilite l'aveu-
glement des électeurs.
On va voir, ce que l'on n'avait
jamais vu.
Une Chambre implorant sa dis-
solution.
Et un gouvernement réclamant
cette dissolution parce que la ma-
jorité est à ses genoux.
Le pétard est chargé de manière
à éclater au commencement du
mois de février 188b.
Dans ces conditions, M. Ferry
se croit sûr d'obtenir le renouvel-
lement d'une majorité dont la pla-
titude lui assurerait un long règne.
Le complot réussira-t-il ?
Le Sénat est-il assez avachi pour
prêter les mains à la confection de
ce ragoût aussi écoeurant qu'op-
portuniste 1
Et les électeurs auront-ils l'esto-
mac assez blasé pour digérer une
pareille pâtée ?
Le plan de Ferry
On lit dans VIntransigeant :
« Si nous en croyons certains bruits,
le Tonkinois Ferry se voyant acculé à
la nécessité de déclarer la guerre à la
Chine, et redoutant pour ses fidèles
députés de la majorité l'effet de cette
déclaration ne peut manquer de pro-
duire sur l'opinion publique, aurait pris
la résolution de brusquer les élections,
qui auraient lieu en janvier 1885 ou au
commencement de février.
D'ici là on traînerait en longueur les
affaires de Chine, en obtenant d'un
mandarin quelconque un traité qui au-
ra tout juste la valeur de celui de Tien-
tsin, mais dont l'annonce permettra à
la majorité de se déclarer satisfaite. M.
Ferry espère ainsi pouvoir retarder jus-
qu'après les élections générales l'envoi
d'un corps d'armée dans l'Extrême-
Orient.
On veut surtout prendre l'opposition
à l'improviste, sans lui donner le temps
d'organiser la lutte électorale. Déjà les
ministres, en prolongeant leur villégia-
ture, préparent leur réélection ; dans
chaque département où un député pos-
sède un portefeuille, les faveurs de tout
genre pleuvant sur les électeurs.
Enfin, le corps préfectoral sera épu-
ré ; les listes de proscription sont prê-
tes, les noms des douteux et des indé-
cis sont marqués au crayon rouge ; on
ne conservera que les fonctionnaires à
poigne.
Sans doute, pour que l'époque des
élections soit avancée, 11 faut que
M. Jules Grévy consente à demander
au Sénat la dissolution de la Chambre.
M. J. Ferry ne doute pas de la com-
plaisance du président de la Républi-
que qui, du reste, lui a récemment
donné — lors de la démarche de l'Ex-
trême-Gauche — une preuve de son
absolue docilité.
Ces bruits sont-ils fondés ? Nous ne
savons ; en tout cas, nous avons cru
devoir les mentionner, afin que nos
amis se tiennent sur leurs gardes et se
préparent dès maintenant aux élec-
tions, forment des comités, se grou-
pent, s'organisent en prévision d'une
dissolution anticipée de la Chamb-e. »
RIONS
Sous ce titre gai, le Peuple publie la
lettre suivante qui lui est adressée de
Bressuire, à la date du 15 septembre,
par M.~ Eugène Rendu fils, le sympa-
thique et éloquent bonapartiste.
C'est amusant de rire I Aussi nous
sommes-nous bien amusés à Bres-
suire 1
Oyez plutôt !
C'était jour de concours et de comice
j agricoles, le dimanche 14 septembre,
j Le Comité Napoléonien des Djux-Sè-
j vres et notre excellent confrère du Ré-
veil du Bocage, Furgier, avaient profité
de l'affluence des populations de la ré-
gion^ Bressuire, pour y organiser une
RÉUNION PUBLIQUE BONAPARTISTE dans
laquelle ils avaient bien voulu me de-
mander de prendre la parole.
Vous voyez qu'ici, comme à Paris,
comme... partout, nous ne cherchons
que les occasions Je nous trouver en
contact direct avec le peuple, de lui
parler et de le mettre en état de com-
parer nos déclarations nettes, précises
et loyales aux ambiguïtés, aux réticen-
ces, aux hypocrisies, de l'opportunis-
me et des partisans déclarés ou hon-
teux de la royauté 1
Mais il s'agit de rire, et me voilà
emballé dans la politique 1
Donc, notre réunion était fixée à
trois heures et la distribution des ré-
compenses du Comice à deux heures.
Les organisateurs, les grands chefs
dudit Comice, le préfet de Niort, les
députés Antonin Proust, Giraud, etc.,
inquiet de l'annonce de notre réunion,
ont cru faire un coup de maître en re-
culant d'une heure leur distribution
des récompenses pour nous enlever
nos auditeurs.
Hélas 1 trois fois hélas 1 le ciel qui
dimanche n'était pas opportuniste à
joué à ces hautes autorités un bien vi.
lain tour.
A trois heures moins le quart, une
trombe d'eau est venue s'abattre sur la
capitale du Bocage, de sorte que, com-
me le comice opérait en plein air, et
nous a couvert sous unsuperbe hangar,
toute la foule à quitté la place pour ve-
nir chez nous.
Vous voyez d'ici les têtes adminis-
tratives I
Ça n'est pas tout.
11 devait y avoir feu d'artifice, re-
traite aux flambeaux, illuminations,
feux de bengale... que sais-je encore I
Pauvre préfet I pauvre màire 1 pau-
vres autorités I il n'y rien eu du tout I
Tout n'est pas tombé dans l'eau,
mais c'est l'eau qui est tombé sur tout.
Mais il y avait le ballon 1
Ah 1 le ballon 1 voilà qui était cu-
rieux 1 II était là, se gonflant pénible-
ment sous la pluie, grâce au gaz de la
Ville; mais à l'heure fixée... impossi-
ble de partir I
Encore une déception pour les invi-
tés de monsieur le préfet et de mon-
sieur le maire I
Le plus cocace de la fête — non,
vrai 1 c'est trop drôle — c'est que le
gonflement du ballon avait absorbé"
tout le gaz municipal 1
De sorte que le soir, au lieu de l'em-
brasement du clocher, des feux de
bengale et d'artifice, il y a eu extinc-
tion de tous les feux, y compris des
biesde gaz dam les rues et les établis-
sements publies I . ; '
C'était lugubre I
Les cafetiers mettaient des bougies
dans les bouteilles. — On dit même
qu'au grrrand banquet des « autorités »
les dites autorités tenaient la chan-
delle.
Et nous autres, pendant ce temps-là,
■■ mes amis, nous nous félicitions des
' brillants résultats de notre conférence,
! et, riant de la déconfiture des porte-
queues des Ferry, Grévy et C° ; nous
riions à gorge déployée, et nous bu-
' vions pleins de confiance et de gaieté
1 au triomphe des idées Napoléonien-
. nés 1
I
L'administration républicaine
M. Tirard est toujours plongé dans
un ahurissement profond. Cet adminis-
trateur étonnant, sans cesse à la re-
cherche du Pactole qui le fuit, dans la
| crainte sans doute d'être desséché par
le trop besogneux ministre, ce remueur
de millions flatte ses employés, sti-
mule leur zèle pour qu'ils l'aident à
trouver de l'argent.
I Les moyens, il n'y tient pas. La lé-
galité, il la méprise, les traités con-
clus, il les rompt, la parole donnée; il
ne la tient pas. Son incapacité réunie
à celle de ses collègues a abouti à un
résultat sur lequel nos Excellences ne
comptaient pas.
Les sources auxquelles s'abreuvaient
le budget de l'Etat sont taries, les dé-
penses augmentent, et ne pouvant
obliger par un vote les contribuables à
dépenser de l'argent, on cherche par
des procès à en soutirer aux compa-
gnies d'assurances.
Ces compagnies, pour éviter les tra-
cas de l'opération du timbrage de leur
polices, s'étaient entendues Avec l'ad-
ministration du Timbre pour rempla-
cer les ennuis et les pertes de temps
par un abonnement.
Naturellement, le fisc ne perdait pas
à cette combinaison, au contraire ; mais
en échange d'un sacrifice d'argent de
la part des compagnies, celles-ci
étaient affranchies d'obligations en-
nuyeuses.
Cela marcha bien sous l'Empire et
jusqu'à ces derniers temps. M. Tirard,
aux abois, mit en avant ses limiers et
rétablit en partie l'obligation du tim-
bre de dimension, tout en encaissant
l'abonnement.
Les compagnies ne l'entendirent pas
ainsi, dénoncèrent l'abonnement et re-
vinrent simplement à l'exécution de la
loi.
Aussitôt le fils s'aperçut qu'il avait
fait une sottise, car les pertes qu'il
éprouvait par sa faute se chiffraient par
dizaines de millions.
Il fallait retrouver ces sommes si sot-
tement perdues, des agents du ministre
des finances essayèrent de torturer la
loi pour reprendre aux compagnies ce
qu'elles ne donnaient plus à l'Etat.
Mais, après avoir essayé de l'intimida-
tion, l'administration a battu en retrai-
te. Elle a compris, bien que son chef
ne brille pas par le jugement, qu'elle
perdrait son procès en plus de ses mil-
lions.
Chronique Locale
Nous donnons ci-après les rapports
de M. Blanc, en en recommandant la
lecture, à tous les contribuables. lisse
rendront compte par le court examen
auquel a procédé M. Blanc, des comp-
tes de l'Indépendant du désintéresse-
ment et de la probité des opportunis-
tes.
COMPTE DÉPARTEMENTAL
Budget ordinaire de 1883
SODS-CHAPITRE II
Propriétés départementales im-
mobilières.
Art. 10.— Les fan ds affectés à cet article
n'ont pas pu faire face à la dépense, il a
fallu créer un crédit nouveau de la
somme de 500 fr. Parmi les pièces de
comptabilité, qui m'ont paru pouvoir
intéresser le Conseil général, je crois
devoir signaler les suivantes :
1° Un mémoire daté de Perpignan du
10 janvier 1883, signé Olive, marchand
de bois, ainsi conçu:
175 quintaux de bois à 2 fr. 50 le
quintal 437fr. 50
Sciage et mise en place à
raison de 0,15 le quintal, prix
convenu 26 25
Ce mémoire est excessif, le prix du
bois à 2 fr. 50 le quintal, est presque
double du prix réel, le eoupeur.de lois,
Olive seul pourrait expliquer ce qui
s'est passé dans cette affaire de bois,
où il a joué le plus grand rôle. Si on
entrait dans cette voie, il est probable
que l'on découvrirait que ce mémoire
est fictif, mais que les conséquences
n'ont pas pu porter préjudice au dé-
partement, parce que l'ont aurait tou-
jours dépensé la somme.
2» Six mémoires de M. le directeur
de l'usine à gaz de Perpignan, dont
deux datés du 22 novembre et 31 dé-
cembre 1882, se portant à la somme de
395 fr. 15, qui auraient dû être payés
sur l'exercice de 1882, quatre datés du
l°r avril, 1«r juillet, 1" octobre et 31 dé-
cembre 1883 se montant à la somme de
776 fr. 08, soit ensemble, 1.161 fr. 23
Cette dépense a été considérable-
ment augmentée, sans votre autorisa-
tion. On a fait pour ce chapitre, ce que
l'on a fait malheureusement trop sou-
vent, pour le finances du département
op est allé de l'avant, dépensant tou-
jours, sans se préoccuper des crédits
ouverts, conservant cet espoir ou cette
certitude, qu'il suffirait de demander
des crédits nouveaux, tous la rubri-
?[ue Insuffisance de crédits, qu'il aurait
allu appeler excès de dépense; avant
1883, le conseil général n'inscrivait
pour cette dépense que la somme de
900 fr.
Eu 1882, cette somme aurait été suf-
fisante sans l'installation faite par M.
le Préfet Doucin, d'appareils à gaz,
pour faire sa cuisine, installation dont
personne au Conseil général n'avait
prévu les conséquences. M. le préfet
Doucin s'est bien gardé de vous dire,
que les 300 francs d'augmentation qu'il
vous proposait d'inscrire au budget
de 1883, étaient nécessaires pour payer
les frais de chauffage de sa cuisine ;
ce qui devait rester évidemment à sa
charge personnelle a été payé par le
département. Mais cette élévation de
crédit de 300 fr. n'a pas suffi, puis-
qu'on 1883, il a fallu une nouvelle aug-
mentation de 500 fr.
Il ne peut s'élever le moindre doute,
que le préfet Doucin n'avait nullement
le droit de faire payer le gaz de sa
cuisine et de ses appartements parti-
culiers au département pour deux rai-
sons aussi certaines l'une que l'au-
tre.
En premier lieu, lorsque le Conseil
général a voté, non pas à titre obliga-
toire, mais à titre gracieux, la somme
de 9'i0 fr. il a eu l'intention d'augmen-
ter le fonds d'abonnement de la préfec-
ture et venir en aide à M. le préfet,
afin que le personnel de la préfecture
n'eût pas à souffrir d'une insuffisance
de crédits.
En second lieu, et, ce qui prouye que
le département n'a pas entendu payer
le chauffage ni l'éclairage personnel et
privé de M. le Préfet, c'est qu'il a fait
faire deux installations bien distinctes à
la préfecture, l'une, la plus importante,
celle qui dépense le moins, c'est celle qui
dessert tous les bureaux y compris les
cabinets de travail de M. le préfet, du
secrétaire particulier et de M. le secré-
taire général. Elle est réglée par un
compteur à gaz de 30 becs ; l'autre, la
moins importante, celle qui dépense le
plus, dessert les appartements person-
nels et privés de M. le préfet, de
l'huissier et du concierge ; elle est ré-
glée par un compteur à 10 bec».
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