- V
118112
(1)
Un philologue des plus distingués de
otre pays, M. J.-B. Jouancoux, qui s’est
étiré depuis plusieurs années à Cachy,
n pays natal, près d’Amiens, après
voir passé de longues années dans l'en-
ignement, nous adresse une étude fort
amarquable sur le patois picard. Ce tra-
ail consciencieux qui témoigne à la fois
e la persévérance et des études approfon-
ies dé son auteur, restera comme un des
lus précieux monuments de la philologie
icarde à notre époque.
Nous commençons aujourd’hui cette
ublication dont nous reproduirons un
u deux chapitres par semaine.
PATOIS PICARD
Excursion philologique dans un village
de Picardie,
PAR J.-B. JOUANCOUX.
M. le Directeur du Journal d’Amiens.
Monsieur,
Je lis toujours avec plaisir les Va-
'étés en patois picard que vous pu
iez assez souvent dans votre estima-
e journal. Nos paysans sont enchan-
s de voir qu’on use encore de leur
ngage qui ne manque d’ailleurs ni
énergie, ni de finesse, ni surtout
un certain air de bonhomie railleuse.
! pense que l’intérêt qu’il suscite de-
endrait plus vif encore, si on leur.
' outrait que la plupart des mots pi-
rds ayant une origine latine, se con-
ndent dans des siècles bien reculés
ec ceux du vieux français, et re-
ontent par cette filiation au langage
rlé par les populations rurales après
conquête de la Gaule par les Ro-
ains, ou après celle qu’opérèrent les
uples d’origine germanique quand le
démembrement de l’Empire fut con
sommé.
Les divers patois de la France ont
été depuis une trentaine d’années l’ob
jet de recherches très-suivies qui ont
donné, sous le rapport de la philolo
gie, des résultats importants et vrai
ment inespérés. L’attention publique
a été éveillée et s’est portée avec in
térêt sur les origines du langage popu
laire. Je ne viens pas reproduire ici ce
que j’ai dit dans mon Essai (1) relati
vement à celles du patois picard, ni
exposer de nouveau les principes qui
président à la transformation des mots.
J’ai seulement l’intention de mettre en
pleine et évidente lumière un fait que
j’énonce ainsi : les paysans picards sont
encore dans le latin jusqu’au cou, et
presque tous les mots qu’ils emploient
dans les usages ordinaires de la vie,
remontent à la domination romaine ou
aux invasions germaniques.
Voilà, je pense, qui est net et clair.
Je ne justifierai point les transfor
mations : cela me mènerait trop loin
et n'intéresserait du reste qu’un nom
bre très-restreint de philologues suffi
samment au courant des lois qui pré
sident à ces transformations. J’écris
pour les gens qui ont reçu une instruc
tion moyenne plus ou moins complète,
surtout pour ceux qui habitent la cam
pagne où, comme me l’écrivait unjour
Littré, le patois est encore en plein
exercice. Quant aux savants et — ce
qui n’est pas toujours la même chose
— aux membres d’une ou de plusieurs
(1) Essai sur l’origine et la formation du pa
tois picard. — Amiens. 18*73.
sociétés savantes, s’il leur prend fan
taisie de s’occuper de mes recherches
•— ce qui n’est guère probable —, ou
de les critiquer — ce qui est leur droit
— je les prie de croire que je suis à
leur disposition pour une discussion à
fond, sérieuse, complète, telle d’ail
leurs qu’il leur plaira de l’engager. Je
leur fais seulement l’observation sui
vante : on a suffisamment étudié nos
antiquités locales, églises, châteaux,
beffrois, etc. : il serait temps de s’occu
per de notre patois dont l’origine est
plus ancienne que celle de nos plus
vieux monuments et dont l’histoire est
intimement liée à celle du français par
le dialecte qui donna, au moyen âge,
un si grand nombre de productions
poétiques.
Permettez-moi, Monsieur, de vous
remercier de l’hospitalité que vous
voulez bien accorder dans les colonnes
de votre journal à mon Excursion
philologique dans un village de Picar
die.
Cachy, le 7 septembre 18*75.
J.B. Jouancoux.
Dans les Champs.
Avant de prier le lecteur de vouloir
bien me suivre dans une excursion phi
lologique, je crois devoir lui exposer
quelques courtes observations.
Les mots dont je me propose d’indiquer
l’origine forment deux classes : les uns
sont communs au picard et au français,
les autres sont particuliers au picard.
Comparés aux mots français, les pre
miers ne présentent .que quelques diffé
rences dans leur forme ou dans la ma
nière de les prononcer : ils ont la même
118112
(1)
Un philologue des plus distingués de
otre pays, M. J.-B. Jouancoux, qui s’est
étiré depuis plusieurs années à Cachy,
n pays natal, près d’Amiens, après
voir passé de longues années dans l'en-
ignement, nous adresse une étude fort
amarquable sur le patois picard. Ce tra-
ail consciencieux qui témoigne à la fois
e la persévérance et des études approfon-
ies dé son auteur, restera comme un des
lus précieux monuments de la philologie
icarde à notre époque.
Nous commençons aujourd’hui cette
ublication dont nous reproduirons un
u deux chapitres par semaine.
PATOIS PICARD
Excursion philologique dans un village
de Picardie,
PAR J.-B. JOUANCOUX.
M. le Directeur du Journal d’Amiens.
Monsieur,
Je lis toujours avec plaisir les Va-
'étés en patois picard que vous pu
iez assez souvent dans votre estima-
e journal. Nos paysans sont enchan-
s de voir qu’on use encore de leur
ngage qui ne manque d’ailleurs ni
énergie, ni de finesse, ni surtout
un certain air de bonhomie railleuse.
! pense que l’intérêt qu’il suscite de-
endrait plus vif encore, si on leur.
' outrait que la plupart des mots pi-
rds ayant une origine latine, se con-
ndent dans des siècles bien reculés
ec ceux du vieux français, et re-
ontent par cette filiation au langage
rlé par les populations rurales après
conquête de la Gaule par les Ro-
ains, ou après celle qu’opérèrent les
uples d’origine germanique quand le
démembrement de l’Empire fut con
sommé.
Les divers patois de la France ont
été depuis une trentaine d’années l’ob
jet de recherches très-suivies qui ont
donné, sous le rapport de la philolo
gie, des résultats importants et vrai
ment inespérés. L’attention publique
a été éveillée et s’est portée avec in
térêt sur les origines du langage popu
laire. Je ne viens pas reproduire ici ce
que j’ai dit dans mon Essai (1) relati
vement à celles du patois picard, ni
exposer de nouveau les principes qui
président à la transformation des mots.
J’ai seulement l’intention de mettre en
pleine et évidente lumière un fait que
j’énonce ainsi : les paysans picards sont
encore dans le latin jusqu’au cou, et
presque tous les mots qu’ils emploient
dans les usages ordinaires de la vie,
remontent à la domination romaine ou
aux invasions germaniques.
Voilà, je pense, qui est net et clair.
Je ne justifierai point les transfor
mations : cela me mènerait trop loin
et n'intéresserait du reste qu’un nom
bre très-restreint de philologues suffi
samment au courant des lois qui pré
sident à ces transformations. J’écris
pour les gens qui ont reçu une instruc
tion moyenne plus ou moins complète,
surtout pour ceux qui habitent la cam
pagne où, comme me l’écrivait unjour
Littré, le patois est encore en plein
exercice. Quant aux savants et — ce
qui n’est pas toujours la même chose
— aux membres d’une ou de plusieurs
(1) Essai sur l’origine et la formation du pa
tois picard. — Amiens. 18*73.
sociétés savantes, s’il leur prend fan
taisie de s’occuper de mes recherches
•— ce qui n’est guère probable —, ou
de les critiquer — ce qui est leur droit
— je les prie de croire que je suis à
leur disposition pour une discussion à
fond, sérieuse, complète, telle d’ail
leurs qu’il leur plaira de l’engager. Je
leur fais seulement l’observation sui
vante : on a suffisamment étudié nos
antiquités locales, églises, châteaux,
beffrois, etc. : il serait temps de s’occu
per de notre patois dont l’origine est
plus ancienne que celle de nos plus
vieux monuments et dont l’histoire est
intimement liée à celle du français par
le dialecte qui donna, au moyen âge,
un si grand nombre de productions
poétiques.
Permettez-moi, Monsieur, de vous
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voulez bien accorder dans les colonnes
de votre journal à mon Excursion
philologique dans un village de Picar
die.
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Dans les Champs.
Avant de prier le lecteur de vouloir
bien me suivre dans une excursion phi
lologique, je crois devoir lui exposer
quelques courtes observations.
Les mots dont je me propose d’indiquer
l’origine forment deux classes : les uns
sont communs au picard et au français,
les autres sont particuliers au picard.
Comparés aux mots français, les pre
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