Titre : L'Art et la mode : journal de la vie mondaine
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1900-12-29
Contributeur : Étincelle (1840-1897). Éditeur scientifique
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327024729
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 29 décembre 1900 29 décembre 1900
Description : 1900/12/29 (A21,N52). 1900/12/29 (A21,N52).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t5337280m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Sciences et techniques, FOL-V-546
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/09/2022
Le calme, sur le Trieux (Bretagne). — Dessin de L. TIMMERMANS.
Rève sorentin
AR un chaud soir de septembre,
la plage de Biarritz était en
combrée de baigneurs : dé
putés en villégiature, gens
blasés venus là pour se désen
nuyer, malades à moitié gué
ris par les bains efficaces,
et quantité de jolies femmes
» brodant en babillant ; une
cinquantaine d’enfants, de
puis un an jusqu’à sept, ou
bâtissaient des montagnes de sable, ou pê
chaient la crevette avec des sortes d’in
terminables filets à papillons.
Tout à coup, des éclairs déchirèrent la
nue ; le roulement du tonnerre effraya les
oiseaux; une vague énorme surgit de l’a
bîme, s’avança menaçante, puis, brisant
son écume sur le sable roux, elle entraîna
tout ce qui se trouvait sur son passage...
Un cri désespéré frappa l’air, répercuté de roche en
roche par les échos d alentour; et une femme s’élança
vers la rive, à moitié folle, vociférant : « Lui ! mon fils
unique! disparu! Seigneur! de grâce! «Elle allait, éper
due, se précipiter dans l’abîme, lorsqu’un homme d’une
trentaine d’années, mesurant l'espace d’un rapide coup
d’œil, se jeta dans les flots, atteignit le pauvre enfant;
puis, le rapportant à sa mère, aux frénétiques applaudis
sements des spectateurs : « Sauvé, Madame! ))
On sécha les vêtements du pauvre petit. Après une
crise de larmes, tendant la main à l’inconnu, Nina de
Bris proféra, d’une voix vibrante : « Jamais, non, jamais
je n’oublierai que mon fils vous doit une seconde vie. ))
II
De ce jour data une intimité croissante entre elle
et le vicomte de Berceval. L’amour, glissant ses rêts
sans qu’on s’en aperçut, emprisonna le cœur du jeune
homme, tant et si bien que se penchant un matin vers
Mme de Bris, qui couvait du regard son fils adoré :
— Comme je suis heureux, dit-il, d’avoir pu vous
épargner une peine !
Elle répondit, avec un sourire exquis :
— Puisse l’avenir me permettre de faire à mon tour
quelque chose pour le sauveur de Stéphane!...
— Madame, cela vous serait si facile !.. Ne me laissez
pas sans espérance., donnez-moi un peu d’amour... si
peu que vous voudrez... Vous êtes veuve, n’est-ce pas?..
— Mais j’ai, au lit de mort de mon pauvre mari,
juré de demeurer fidèle à sa mémoire.
— Alors, permettez-moi d’être un ami, rien qu’un
ami; laissez moi croire...
Rève sorentin
AR un chaud soir de septembre,
la plage de Biarritz était en
combrée de baigneurs : dé
putés en villégiature, gens
blasés venus là pour se désen
nuyer, malades à moitié gué
ris par les bains efficaces,
et quantité de jolies femmes
» brodant en babillant ; une
cinquantaine d’enfants, de
puis un an jusqu’à sept, ou
bâtissaient des montagnes de sable, ou pê
chaient la crevette avec des sortes d’in
terminables filets à papillons.
Tout à coup, des éclairs déchirèrent la
nue ; le roulement du tonnerre effraya les
oiseaux; une vague énorme surgit de l’a
bîme, s’avança menaçante, puis, brisant
son écume sur le sable roux, elle entraîna
tout ce qui se trouvait sur son passage...
Un cri désespéré frappa l’air, répercuté de roche en
roche par les échos d alentour; et une femme s’élança
vers la rive, à moitié folle, vociférant : « Lui ! mon fils
unique! disparu! Seigneur! de grâce! «Elle allait, éper
due, se précipiter dans l’abîme, lorsqu’un homme d’une
trentaine d’années, mesurant l'espace d’un rapide coup
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puis, le rapportant à sa mère, aux frénétiques applaudis
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crise de larmes, tendant la main à l’inconnu, Nina de
Bris proféra, d’une voix vibrante : « Jamais, non, jamais
je n’oublierai que mon fils vous doit une seconde vie. ))
II
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et le vicomte de Berceval. L’amour, glissant ses rêts
sans qu’on s’en aperçut, emprisonna le cœur du jeune
homme, tant et si bien que se penchant un matin vers
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peu que vous voudrez... Vous êtes veuve, n’est-ce pas?..
— Mais j’ai, au lit de mort de mon pauvre mari,
juré de demeurer fidèle à sa mémoire.
— Alors, permettez-moi d’être un ami, rien qu’un
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