Titre : Les Veillées des chaumières ...
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1910-07-20
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32887117c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 20 juillet 1910 20 juillet 1910
Description : 1910/07/20 (A33,N75). 1910/07/20 (A33,N75).
Description : Collection numérique : Littérature de jeunesse Collection numérique : Littérature de jeunesse
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t521509589
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, FOL-Y2-34
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/06/2023
LES VEILLÉES DES CHAUMIÈRES
597
gens très modernes, sans scrupule aucun et qui, après avoir
dilapidé une partie de la fortune dont ils ont eu la gestion pen
dant la minorité de leur pupille, espèrent éluder le moment de
la reddition des comptes en lui faisant épouser leur fils unique,
le peu intéressant Raymond, qui ne demande qu’à avoir la bride
sur le cou pour mener joyeuse vie avec ses compagnons de fête.
Edith entreprend alors son œuvre qui sera double et ardue.
Il lui faudra d’abord se faire aimer de Monique, corriger l’im
pétuosité d’un caractère trop longtemps livré à lui-même et
secourir les trésors qui dorment au fond de ce petit cœur. Elle
devra ensuite l’arracher à l’odieux traquenard qui la menace et
où elle va se précipiter tête baissée.
Comment la courageuse Edith mène-t-elle à bonne fin cette
entreprise qui semblait au-dessus de ses forces?... Comment
déjoue-t-elle les savan tes combinaisons du ménage de Morailles ?...
Comment, après avoir brisé, un à un, les fils de la conspiration
qui enserrait la malheureuse héritière, achève-t-elle son œuvre
libératrice en donnant à l’enfant fantasque et terrible, devenue
jeune fille forte et sérieuse, le mari vraiment digne d’elle ?... Nos
lecteurs nous en voudraient de le leur dire ici, car cette intrigue,
conduite de main de maître, fait tout le charme du beau livre
de Mme la baronne de Boüard.
A cette action, si adroitement combinée, viennent concourir
des types qui semblent calqués sur le vif. Aux côtés de Monique,
d'Edith, de son frère, le capitaine O’Bryan, de sœur Angélique,
du vénérable abbé de Rohir, personnages sympathiques s’il en
fut, nous voyons évoluer les bizarres commensaux desMorailles:
une baronne israélite, un financier plus ou moins honnête, un
homme de lettres tout à fait sceptique en matière religieuse, et
d’autres encore qui offrent, par opposition avec les premiers, de
perpétuels contrastes. Et nous pouvons dire que, à cet égard,
VŒuvre d’Edith est une étude de mœurs, merveilleusement
fouillée et exposée avec toute la finesse qui est le don particulier
de l’auteur.
Le nouveau roman de Mme la baronne de Boüard, est donc
une œuvre à lire et à faire lire; sa place est désignée dans toutes
les bibliothèques chrétiennes et nos lecteurs nous sauront gré
de la leur avoir chaudement recommandée.
Envoi franco contre mandat-poste ou timbres français à
l’adresse de M. Henri Gautier, éditeur, 55, quai des Grands-
Augustins, à Paris.
Or, le vieux loup se tut. On entendit la terre ;
« Ce guerrier, la terreur d’une province entière,
Au massacre toujours dispos,
En son ambition jalouse,
A voulu ceindre dans Toulouse
La couronne des vieux rois goths.
« Et l’on vit, à côté des comtes de Saint-Gilles
Les enfants d’Aragon et les fils des Castilles
Confondus en un même sort,
Liés en une même étreinte,
Exhaler la suprême plainte,
Celle qui s’éteint dans la mort! »
Et l’onde : « Il a gonflé les flots de la Garonne ;
De Toulouse à Muret, la vague bouillonne
Emporte, en ses sombres remous,
Les blessés et les morts en foule,
Et le tourbillon qui les roule
Rapproche fils, frères, époux... »
Le vent dit : « J’ai suivi pas à pas son armée,
Et j’ai vu, sous des noirs tourbillons de fumée,
Des villes entières en feu,
Quand j’emportais dans mes rafales
Les gémissements et les râles
Des mourants, implorant leur Dieu !...
« J’ai vu des vautours noirs en lugubres cohortes
Sur les crânes piqués aux colonnes des portes,
S’abattre comme un vil essaim,
Et fouiller le flanc des cadavres
Sur les places, sinistres havres,
Où venait s’apaiser leur faim ! »
Et le loup répondit : « Brise, chêne, bruyère,
Bien; qu’on appelle loup cet homme : il est mon frère?... »
Philine Burnet.
LES MAITRES DE LA PENSÉE
SIMON DE MO NTFORT
A Mademoiselle Hortense Gout.
Donc, Simon de Montfort, descendu deNeustrie
Avec ses gens de pied, farouche théorie,
Ét la fleur de ses chevaliers,
Emporté pour la foi d’une ardeur frénétique,
Allait, brûlant le bourg et pendant l’hérétique
Au chêne isolé des halliers.
Et bientôt, sur ses pas, le soir dans les chaumières,
On ne vit plus chez nous s’allumer les lumières,
Les voix se taisaient tout à coup,
Mais l’autan répétait, confondant son haleine
Avec le bruit des eaux et l’écho de la plaine :
Au loup, au loup ! au loup, au loup!
Or, un vrai loup, de ceux que la faim accompagne
Lorsque, les nuits d’hiver, ils quittent la montagne,
Suivant les pâtres égarés,
Un de ces loups venus des hauteurs de Sorrèze,
Aux longs crocs acérés, aux prunelles de braise,
Hôte familier des forêts,
Un vieux loup qui dormait au bord de sa tanière,
Ouït ce nom, suivi d’une clameur guerrière,
Et, surpris, se dressa debout :
« Bruyère, onde claire, et toi, brise qui passe.
Dites, qu’a fait cet homme ? est-il de notre race?
Pourquoi l’appelle-t-on le Loup ? »
Une bruyère dit : « Pendant les nuits tragiques,
Les soldats promenaient des têtes sur des piques,
Autour des remparts toulousains;
Et quand ils venaient du pillage,
Ivres de sang et de carnage,
Les jetaient aux fossés voisins...
« Il mit des vieillards nus exposés sur des claies ;
Une rouge rosée en tombant de leurs plaies
Baignait les tiges de mes sœurs;
A l’heure où le soleil décline,
Nous sentions frémir'la colline
Sous le pied des envahisseurs. »
HIPPOLYTE TAINE
Nous n’avons pas la prétention de faire, en quelques causeries
familières, l’intéressante et difficile critique des œuvres philo
sophiques qui ont voulu servir de phares à la pensée. Notre but,
plus modeste, est d’indiquer seulement les grands courants
d’idées qui passèrent ou passent encore dans le domaine'mental
et moral.
Celte topographie du royaume de la pensée est utile à con
naître car son tracé succint, mais précis, délimite les phases de
l’évolution humaine dans le temps. Les femmes de notre époque
sont généralement, sur ce chapitre, d’une ignorance ou d’une
indifférence regrettable. Nos aïeules, moins instruites que nous,
au sens méthodique et spécial du mot, étaient cependant plus
lettrées, d’imagination mieux meublée. Pourquoi? Parce qu’elles
se préoccupaient de «penser », qu’elles groupaient autour d’elles
les philosophes et s’intéressaient aux choses de l’esprit.
Aujourd’hui, l’éducation féminine est sous la férule des
« leçons de choses ». Faire vivre l’intelligence dans le seul pré
sent, la dresser pour la vie pratique, est la formule, le seul pro
gramme, la geôle que l’on verrouille sur l’imagination adoles
cente, le vade retro prononcé sur la chimère. L’esprit moderne
est assez semblable au voyageur qui se dit touriste pour avoir
parcouru en express des sites merveilleux et innombrables et
en avoir impressionné parfois les plaques de son kodak. Il rap
porte des documents à la place de sensations.
Que de joies intellectuelles sont ainsi gaspillées!
Nous avons, dans la précédente causerie, fait halte devant la
sauvage philosophie de Nietzsche, plongeant, avec elle, pour
un instant, au gouffre des conceptions extravagantes dues à
l’orgueil.
Ét voici Taine en lequel nous allons trouver le même moteur
pour un système tout différent.
Avec lui nous entrons au domaine du « frein » inconnu à
Nietzsche, au royaume de la rhétorique, et il sera curieux,
peut-être, de voir quels appuis la méthode et le syllogisme peu
vent fournir à l’omnipotence cérébrale après avoir constaté, chez
Nietzsche, à quel degré d’hypertrophie intellectuelle conduit
l’absence de toute discipline.
597
gens très modernes, sans scrupule aucun et qui, après avoir
dilapidé une partie de la fortune dont ils ont eu la gestion pen
dant la minorité de leur pupille, espèrent éluder le moment de
la reddition des comptes en lui faisant épouser leur fils unique,
le peu intéressant Raymond, qui ne demande qu’à avoir la bride
sur le cou pour mener joyeuse vie avec ses compagnons de fête.
Edith entreprend alors son œuvre qui sera double et ardue.
Il lui faudra d’abord se faire aimer de Monique, corriger l’im
pétuosité d’un caractère trop longtemps livré à lui-même et
secourir les trésors qui dorment au fond de ce petit cœur. Elle
devra ensuite l’arracher à l’odieux traquenard qui la menace et
où elle va se précipiter tête baissée.
Comment la courageuse Edith mène-t-elle à bonne fin cette
entreprise qui semblait au-dessus de ses forces?... Comment
déjoue-t-elle les savan tes combinaisons du ménage de Morailles ?...
Comment, après avoir brisé, un à un, les fils de la conspiration
qui enserrait la malheureuse héritière, achève-t-elle son œuvre
libératrice en donnant à l’enfant fantasque et terrible, devenue
jeune fille forte et sérieuse, le mari vraiment digne d’elle ?... Nos
lecteurs nous en voudraient de le leur dire ici, car cette intrigue,
conduite de main de maître, fait tout le charme du beau livre
de Mme la baronne de Boüard.
A cette action, si adroitement combinée, viennent concourir
des types qui semblent calqués sur le vif. Aux côtés de Monique,
d'Edith, de son frère, le capitaine O’Bryan, de sœur Angélique,
du vénérable abbé de Rohir, personnages sympathiques s’il en
fut, nous voyons évoluer les bizarres commensaux desMorailles:
une baronne israélite, un financier plus ou moins honnête, un
homme de lettres tout à fait sceptique en matière religieuse, et
d’autres encore qui offrent, par opposition avec les premiers, de
perpétuels contrastes. Et nous pouvons dire que, à cet égard,
VŒuvre d’Edith est une étude de mœurs, merveilleusement
fouillée et exposée avec toute la finesse qui est le don particulier
de l’auteur.
Le nouveau roman de Mme la baronne de Boüard, est donc
une œuvre à lire et à faire lire; sa place est désignée dans toutes
les bibliothèques chrétiennes et nos lecteurs nous sauront gré
de la leur avoir chaudement recommandée.
Envoi franco contre mandat-poste ou timbres français à
l’adresse de M. Henri Gautier, éditeur, 55, quai des Grands-
Augustins, à Paris.
Or, le vieux loup se tut. On entendit la terre ;
« Ce guerrier, la terreur d’une province entière,
Au massacre toujours dispos,
En son ambition jalouse,
A voulu ceindre dans Toulouse
La couronne des vieux rois goths.
« Et l’on vit, à côté des comtes de Saint-Gilles
Les enfants d’Aragon et les fils des Castilles
Confondus en un même sort,
Liés en une même étreinte,
Exhaler la suprême plainte,
Celle qui s’éteint dans la mort! »
Et l’onde : « Il a gonflé les flots de la Garonne ;
De Toulouse à Muret, la vague bouillonne
Emporte, en ses sombres remous,
Les blessés et les morts en foule,
Et le tourbillon qui les roule
Rapproche fils, frères, époux... »
Le vent dit : « J’ai suivi pas à pas son armée,
Et j’ai vu, sous des noirs tourbillons de fumée,
Des villes entières en feu,
Quand j’emportais dans mes rafales
Les gémissements et les râles
Des mourants, implorant leur Dieu !...
« J’ai vu des vautours noirs en lugubres cohortes
Sur les crânes piqués aux colonnes des portes,
S’abattre comme un vil essaim,
Et fouiller le flanc des cadavres
Sur les places, sinistres havres,
Où venait s’apaiser leur faim ! »
Et le loup répondit : « Brise, chêne, bruyère,
Bien; qu’on appelle loup cet homme : il est mon frère?... »
Philine Burnet.
LES MAITRES DE LA PENSÉE
SIMON DE MO NTFORT
A Mademoiselle Hortense Gout.
Donc, Simon de Montfort, descendu deNeustrie
Avec ses gens de pied, farouche théorie,
Ét la fleur de ses chevaliers,
Emporté pour la foi d’une ardeur frénétique,
Allait, brûlant le bourg et pendant l’hérétique
Au chêne isolé des halliers.
Et bientôt, sur ses pas, le soir dans les chaumières,
On ne vit plus chez nous s’allumer les lumières,
Les voix se taisaient tout à coup,
Mais l’autan répétait, confondant son haleine
Avec le bruit des eaux et l’écho de la plaine :
Au loup, au loup ! au loup, au loup!
Or, un vrai loup, de ceux que la faim accompagne
Lorsque, les nuits d’hiver, ils quittent la montagne,
Suivant les pâtres égarés,
Un de ces loups venus des hauteurs de Sorrèze,
Aux longs crocs acérés, aux prunelles de braise,
Hôte familier des forêts,
Un vieux loup qui dormait au bord de sa tanière,
Ouït ce nom, suivi d’une clameur guerrière,
Et, surpris, se dressa debout :
« Bruyère, onde claire, et toi, brise qui passe.
Dites, qu’a fait cet homme ? est-il de notre race?
Pourquoi l’appelle-t-on le Loup ? »
Une bruyère dit : « Pendant les nuits tragiques,
Les soldats promenaient des têtes sur des piques,
Autour des remparts toulousains;
Et quand ils venaient du pillage,
Ivres de sang et de carnage,
Les jetaient aux fossés voisins...
« Il mit des vieillards nus exposés sur des claies ;
Une rouge rosée en tombant de leurs plaies
Baignait les tiges de mes sœurs;
A l’heure où le soleil décline,
Nous sentions frémir'la colline
Sous le pied des envahisseurs. »
HIPPOLYTE TAINE
Nous n’avons pas la prétention de faire, en quelques causeries
familières, l’intéressante et difficile critique des œuvres philo
sophiques qui ont voulu servir de phares à la pensée. Notre but,
plus modeste, est d’indiquer seulement les grands courants
d’idées qui passèrent ou passent encore dans le domaine'mental
et moral.
Celte topographie du royaume de la pensée est utile à con
naître car son tracé succint, mais précis, délimite les phases de
l’évolution humaine dans le temps. Les femmes de notre époque
sont généralement, sur ce chapitre, d’une ignorance ou d’une
indifférence regrettable. Nos aïeules, moins instruites que nous,
au sens méthodique et spécial du mot, étaient cependant plus
lettrées, d’imagination mieux meublée. Pourquoi? Parce qu’elles
se préoccupaient de «penser », qu’elles groupaient autour d’elles
les philosophes et s’intéressaient aux choses de l’esprit.
Aujourd’hui, l’éducation féminine est sous la férule des
« leçons de choses ». Faire vivre l’intelligence dans le seul pré
sent, la dresser pour la vie pratique, est la formule, le seul pro
gramme, la geôle que l’on verrouille sur l’imagination adoles
cente, le vade retro prononcé sur la chimère. L’esprit moderne
est assez semblable au voyageur qui se dit touriste pour avoir
parcouru en express des sites merveilleux et innombrables et
en avoir impressionné parfois les plaques de son kodak. Il rap
porte des documents à la place de sensations.
Que de joies intellectuelles sont ainsi gaspillées!
Nous avons, dans la précédente causerie, fait halte devant la
sauvage philosophie de Nietzsche, plongeant, avec elle, pour
un instant, au gouffre des conceptions extravagantes dues à
l’orgueil.
Ét voici Taine en lequel nous allons trouver le même moteur
pour un système tout différent.
Avec lui nous entrons au domaine du « frein » inconnu à
Nietzsche, au royaume de la rhétorique, et il sera curieux,
peut-être, de voir quels appuis la méthode et le syllogisme peu
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Nietzsche, à quel degré d’hypertrophie intellectuelle conduit
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