Titre : Les Veillées des chaumières ...
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1910-06-25
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32887117c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 25 juin 1910 25 juin 1910
Description : 1910/06/25 (A33,N68). 1910/06/25 (A33,N68).
Description : Collection numérique : Littérature de jeunesse Collection numérique : Littérature de jeunesse
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t52150951d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, FOL-Y2-34
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 11/06/2023
LES VEILLÉES DES CHAUMIÈRES
541
Cependant, une obscure intuition avertit bientôt Marie qu’elle
ne devait pas, auprès de sa mère, insister sur les visites de M. de
Renaud dans la salle d’études; elle trouvait sa mère plus acca
blée et plus nerveuse quand sa venue lui soulignait l’heure de
ces presque quotidiennes conférences et, peu à peu, elle passa
son temps à errer dans le parc et s’abstint d’entrer chez sa mère
à ce moment-là.
Berthe de Puybusque.
La suite au prochain numéro.
LES VACANCES DE SUZETTE
pour 1910
Très joli volume de 192 pages, avec encadrements,
frontispices, culs-de-lampe, nombreux dessins dans le texte,
couverture simili-aquarelle.
Comme l’an dernier à pareille époque, nous préparons en ce
moment un volume qui sera, pendant les mois de congé, le
meilleur et le plus joyeux compagnon des fillettes et de leurs
frères.
On sait l’éclatant succès qui accueillit les Vacances de
Suzette de 1908 et de 1909 : trente-cinq mille exemplaires enle
vés en quelques jours; plusieurs milliers de demandes que nous
ne pûmes satisfaire disent assez la faveur que, deux ans de suite,
rencontra notre tentative.
C’était plus qu’il ne fallait pour nous décider à y persévérer.
Il y aura donc encore, cette année, — et les années à venir, —
un volume de vacances. Les Vacances de Suzette pour 1910 ne
contiendront, bien entendu, que des textes entièrement inédits,
n’ayant paru ni dans les deux volumes précédents, ni dans
aucune autre publication. Les conteurs les plus aimés de la jeu
nesse, sous la direction de Tante Jacqueline, ont rivalisé de talent,
de verve et de gaieté pour la grande joie de leur gentil public,
et les maîtres dessinateurs que sont R. de la Nézière, Pinchon,
Avelot, Guydo, Hérouard ont été chargés de l’illustration.
Bien vite, demandez-nous les Vacances de Suzette pour 1910.
Nul cadeau ne peut faire plus de plaisir aux enfants qui vous
entourent, et, fréquemment, vous partagerez veus-mêmes leur
joie et leur amusement.
Le volume paraîtra le 9 juillet, aux prix de 1 fr. 20 broché,
et 1 fr. 70 relié (franco de port). Mais, à toutes les personnes
qui nous le demanderont directement avant le 5 juillet, nous
donnerons gratuitement la reliure. C’est un motif pour se hâter
de faire les commandes.
Les adresser directement, par lettre, à M. Henri Gautier,
éditeur, 55, quai des Grands-Augustins, Paris, en joignant 1 fr. 20
en mandat-poste. Nous acceptons aussi les timbres français, non
coloniaux, mais on nous rendra service en employant de préfé
rence le mandat.
L'ETERNEE CIIARME
Le ciel n’avait pas un nuage;
Sur nous planait l’ombre du soir.
Nous revenions par le village
Où finit le petit bois noir.
Une tranquillité profonde,
Succédant aux cent bruits du jour,
De notre course vagabonde
Charmait le paisible retour.
Le silence parfumait l’heure ;
Le hameau semblait fraternel;
Devant chaque pauvre demeure.
Régnait un calme solennel.
L’Eglise avait sa porte ouverte...
Une lumière vacillait
Au fond de l’enceinte déserte :
L’humble lampe, à l’autel, veillait.
On eût dit le phare des âmes
Qui vont errant, cherchant le port
Noyé de brume... Nous entrâmes,
Ensemble, d’un tacite accord.
Et, — le front penché sur la pierre
Dans le silence du saint lieu,
— Je crois que la même prière
De nos deux cœurs monta vers Dieu.
En sortant, nos doigts s’effleurèrent
Pour l’eau bénite; et, d’un clocher,
Quelques sons émus s’égrenèrent...
— Nous nous remîmes à marcher.
Comme elle n’était pas très brave,
Elle se rapprochait de moi...
Elle était pensive, et moi grave,
Et nous nous demandions pourquoi...
J’ai su depuis, triste ironie,
Qu’en cette heure étaient renfermés
Les meilleurs moments de ma vie,
Et que nous nous étions aimés !
Louis Maigue.
LES MAITRES DE LA PENSÉE
NIETZSCHE
Si nous avons rangé Nietzsche dans cette galerie consacrée
aux « Maîtres de la pensée », c’est qu’il faut entendre, par cette
épithète de « maîtres », ceux qui faisant école — bonne ou néfaste
— marchèrent à la conquête intellectuelle de leur temps — pour
le conduire — ou l’égarer.
Et Nietzsche, dans cette acception, fut bien un « Maître »,
car, pour le malheur de l’avenir social, il eut, a et aura long
temps encore de fervents disciples.
L’histoire de son enfance annonce déjà la suzeraineté intel
lectuelle. L’éveil de son esprit fut précoce, et plus précoce encore
celui d’une sensibilité exaspérée par un don d’analyse et de
dissection singulièrement aigu, dans un être aussi jeune.
Deux sources ataviques si elles n’ont pas créé, chez
Nietzsche, la forme du tempérament, ont, du moins, aidé au
développement de celui-ci : la race polonaise dont sa lignée était
issue ; la famille protestante où il naquit.
La première, avec son long passé de souffrances muettes, de
révoltes mystiques et comprimées, avait jeté, en cet esprit
ameubli pour toutes les semences d’indépendance, le germe des
rancunes latentes. La seconde, avec son héritage de rationalisme
dogmatique, avait fait passer, sur ce cerveau bouillonnant, le
souffle glacé d’une raison niveleuse.
Lorsque Nietzsche comprit le monde — et ce fut de bonne
heure — tout l’y blessa. Nature affinée, tenant de la race polo
naise cet instinct de séparativité qu’on appelle sens aristocra
tique, il recula devant la démocratie lourde et l’inélégance des
mœurs que nous devons à la trop rapide montée populaire. Il
fut écœuré par l’absence d’idéalisme de cette bourgeoisie nou
velle, née du peuple, hantée de la peur de manquer, trop respec
tueuse de l’argent, ennemie du travail d’initiative et férue de
fonctionnarisme.
La sécurité matérielle due au développement commercial,
aux découvertes scientifiques, l’irritait presque autant que
l’embourgeoisement des mœurs. Il y avait en lui, dans sa
première façon d’être, du paladin français et du grec d’Athènes.
Quand on est mécontent de tout, se lève un risque pour
l’esprit : se contenter de pire, ce qu’il fit en pactisant avec
Shopenhauër. Un instant, on put croire que son amitié fervente
pour Richard Wagner allait le fixer pour toujours au domaine
de l’admiration — cette terre promise du génie. Mais trop
orgueilleux pour l’amitié, il s’y blessa cruellement et s’en éloigna
mieux armé pour son œuvre de haine.
D’une intelligence vibrante, mystique, Nietzsche nous appa
raît, alors, dans l’émerveillement de lui-même. Contrairement à
tant d’esprits supérieurs dont tout l’effort est en extériorisation, il
n’a, pour champ d’études, que son propre cerveau, et, de cette
analyse unique et persistante, le résultat se formule ainsi : Tout,
dans la société, doit être sacrifié à l’individu le plus fort, et tout
les individus, au plus fort d’entre eux.
Même en négligeant momentanément l’intense répercussion
qu’un pareil mode philosophique devait avoir sur l’époque per
sonnelle et névrosée qui est la nôtre, la figure de Nietzsche est
intéressante à la façon d’un cas pathologique assez rare. Ce fut
chez lui la folie de l’orgueil compliquée d’une hantise de la soli-<
tude poussée au dernier paroxysme. Et c’est sur cette dernière
disposition très caractéristique que je voudrais insister, car elle
me paraît avoir été laissée un peu trop dans l’ombre — au moins
comme agent déterminant — par ceux qui ont suivi à la piste ce
rude et étrange penseur.
La « Tour d’ivoire » n’est pas une métaphore sans valeur ni
signification. La retraite s’impose à ceux qui font métier de
penser, et cette obligation relève de raisons physiques et mentales. )
541
Cependant, une obscure intuition avertit bientôt Marie qu’elle
ne devait pas, auprès de sa mère, insister sur les visites de M. de
Renaud dans la salle d’études; elle trouvait sa mère plus acca
blée et plus nerveuse quand sa venue lui soulignait l’heure de
ces presque quotidiennes conférences et, peu à peu, elle passa
son temps à errer dans le parc et s’abstint d’entrer chez sa mère
à ce moment-là.
Berthe de Puybusque.
La suite au prochain numéro.
LES VACANCES DE SUZETTE
pour 1910
Très joli volume de 192 pages, avec encadrements,
frontispices, culs-de-lampe, nombreux dessins dans le texte,
couverture simili-aquarelle.
Comme l’an dernier à pareille époque, nous préparons en ce
moment un volume qui sera, pendant les mois de congé, le
meilleur et le plus joyeux compagnon des fillettes et de leurs
frères.
On sait l’éclatant succès qui accueillit les Vacances de
Suzette de 1908 et de 1909 : trente-cinq mille exemplaires enle
vés en quelques jours; plusieurs milliers de demandes que nous
ne pûmes satisfaire disent assez la faveur que, deux ans de suite,
rencontra notre tentative.
C’était plus qu’il ne fallait pour nous décider à y persévérer.
Il y aura donc encore, cette année, — et les années à venir, —
un volume de vacances. Les Vacances de Suzette pour 1910 ne
contiendront, bien entendu, que des textes entièrement inédits,
n’ayant paru ni dans les deux volumes précédents, ni dans
aucune autre publication. Les conteurs les plus aimés de la jeu
nesse, sous la direction de Tante Jacqueline, ont rivalisé de talent,
de verve et de gaieté pour la grande joie de leur gentil public,
et les maîtres dessinateurs que sont R. de la Nézière, Pinchon,
Avelot, Guydo, Hérouard ont été chargés de l’illustration.
Bien vite, demandez-nous les Vacances de Suzette pour 1910.
Nul cadeau ne peut faire plus de plaisir aux enfants qui vous
entourent, et, fréquemment, vous partagerez veus-mêmes leur
joie et leur amusement.
Le volume paraîtra le 9 juillet, aux prix de 1 fr. 20 broché,
et 1 fr. 70 relié (franco de port). Mais, à toutes les personnes
qui nous le demanderont directement avant le 5 juillet, nous
donnerons gratuitement la reliure. C’est un motif pour se hâter
de faire les commandes.
Les adresser directement, par lettre, à M. Henri Gautier,
éditeur, 55, quai des Grands-Augustins, Paris, en joignant 1 fr. 20
en mandat-poste. Nous acceptons aussi les timbres français, non
coloniaux, mais on nous rendra service en employant de préfé
rence le mandat.
L'ETERNEE CIIARME
Le ciel n’avait pas un nuage;
Sur nous planait l’ombre du soir.
Nous revenions par le village
Où finit le petit bois noir.
Une tranquillité profonde,
Succédant aux cent bruits du jour,
De notre course vagabonde
Charmait le paisible retour.
Le silence parfumait l’heure ;
Le hameau semblait fraternel;
Devant chaque pauvre demeure.
Régnait un calme solennel.
L’Eglise avait sa porte ouverte...
Une lumière vacillait
Au fond de l’enceinte déserte :
L’humble lampe, à l’autel, veillait.
On eût dit le phare des âmes
Qui vont errant, cherchant le port
Noyé de brume... Nous entrâmes,
Ensemble, d’un tacite accord.
Et, — le front penché sur la pierre
Dans le silence du saint lieu,
— Je crois que la même prière
De nos deux cœurs monta vers Dieu.
En sortant, nos doigts s’effleurèrent
Pour l’eau bénite; et, d’un clocher,
Quelques sons émus s’égrenèrent...
— Nous nous remîmes à marcher.
Comme elle n’était pas très brave,
Elle se rapprochait de moi...
Elle était pensive, et moi grave,
Et nous nous demandions pourquoi...
J’ai su depuis, triste ironie,
Qu’en cette heure étaient renfermés
Les meilleurs moments de ma vie,
Et que nous nous étions aimés !
Louis Maigue.
LES MAITRES DE LA PENSÉE
NIETZSCHE
Si nous avons rangé Nietzsche dans cette galerie consacrée
aux « Maîtres de la pensée », c’est qu’il faut entendre, par cette
épithète de « maîtres », ceux qui faisant école — bonne ou néfaste
— marchèrent à la conquête intellectuelle de leur temps — pour
le conduire — ou l’égarer.
Et Nietzsche, dans cette acception, fut bien un « Maître »,
car, pour le malheur de l’avenir social, il eut, a et aura long
temps encore de fervents disciples.
L’histoire de son enfance annonce déjà la suzeraineté intel
lectuelle. L’éveil de son esprit fut précoce, et plus précoce encore
celui d’une sensibilité exaspérée par un don d’analyse et de
dissection singulièrement aigu, dans un être aussi jeune.
Deux sources ataviques si elles n’ont pas créé, chez
Nietzsche, la forme du tempérament, ont, du moins, aidé au
développement de celui-ci : la race polonaise dont sa lignée était
issue ; la famille protestante où il naquit.
La première, avec son long passé de souffrances muettes, de
révoltes mystiques et comprimées, avait jeté, en cet esprit
ameubli pour toutes les semences d’indépendance, le germe des
rancunes latentes. La seconde, avec son héritage de rationalisme
dogmatique, avait fait passer, sur ce cerveau bouillonnant, le
souffle glacé d’une raison niveleuse.
Lorsque Nietzsche comprit le monde — et ce fut de bonne
heure — tout l’y blessa. Nature affinée, tenant de la race polo
naise cet instinct de séparativité qu’on appelle sens aristocra
tique, il recula devant la démocratie lourde et l’inélégance des
mœurs que nous devons à la trop rapide montée populaire. Il
fut écœuré par l’absence d’idéalisme de cette bourgeoisie nou
velle, née du peuple, hantée de la peur de manquer, trop respec
tueuse de l’argent, ennemie du travail d’initiative et férue de
fonctionnarisme.
La sécurité matérielle due au développement commercial,
aux découvertes scientifiques, l’irritait presque autant que
l’embourgeoisement des mœurs. Il y avait en lui, dans sa
première façon d’être, du paladin français et du grec d’Athènes.
Quand on est mécontent de tout, se lève un risque pour
l’esprit : se contenter de pire, ce qu’il fit en pactisant avec
Shopenhauër. Un instant, on put croire que son amitié fervente
pour Richard Wagner allait le fixer pour toujours au domaine
de l’admiration — cette terre promise du génie. Mais trop
orgueilleux pour l’amitié, il s’y blessa cruellement et s’en éloigna
mieux armé pour son œuvre de haine.
D’une intelligence vibrante, mystique, Nietzsche nous appa
raît, alors, dans l’émerveillement de lui-même. Contrairement à
tant d’esprits supérieurs dont tout l’effort est en extériorisation, il
n’a, pour champ d’études, que son propre cerveau, et, de cette
analyse unique et persistante, le résultat se formule ainsi : Tout,
dans la société, doit être sacrifié à l’individu le plus fort, et tout
les individus, au plus fort d’entre eux.
Même en négligeant momentanément l’intense répercussion
qu’un pareil mode philosophique devait avoir sur l’époque per
sonnelle et névrosée qui est la nôtre, la figure de Nietzsche est
intéressante à la façon d’un cas pathologique assez rare. Ce fut
chez lui la folie de l’orgueil compliquée d’une hantise de la soli-<
tude poussée au dernier paroxysme. Et c’est sur cette dernière
disposition très caractéristique que je voudrais insister, car elle
me paraît avoir été laissée un peu trop dans l’ombre — au moins
comme agent déterminant — par ceux qui ont suivi à la piste ce
rude et étrange penseur.
La « Tour d’ivoire » n’est pas une métaphore sans valeur ni
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