Titre : Sciences et voyages : revue hebdomadaire illustrée
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1920-11-04
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32865989j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 04 novembre 1920 04 novembre 1920
Description : 1920/11/04 (A3,N62). 1920/11/04 (A3,N62).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t521304729
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, FOL-Z-1147
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/02/2023
SCIENCES ET VOYAGES
UNE VISITE A SINAIA, LE VERSAILLES ROUMAIN
NOTRE COLLABORATEUR M. LÉO CLARETIE, QUI FUT L’HOTE DES SOUVERAINS DE ROUMANIE
EN LEUR RÉSIDENCE DE SINAIA, NOUS DÉCRIT ICI LA RICHESSE, LE PITTORESQUE SAUVAGE
ET LES LÉGENDES PRIMITIVES DES CARPATHES.
S INAIA, la résidence royale des sou
verains de Roumanie, se trouve
dans les Carpathes, près de la fron
tière hongroise. Elle a été l’une des
premières localités envahies et l’une des plus
gravement atteintes.
Le calme y est à présent revenu, et l’on pré
voit déjà que l’animation d’avant-guerre va
reprendre.
Avant la guerre, Sinaïa avait une rép itation,
à vrai dire récente, de ville d’eaux et de jeux,
comparable à celle de Monte -Carlo ou d’Ostende.
Mais ce caractère était de fraîche date.
Sinaïa était, il y a quelques années, une station
thermale assez paisible avant d’être envahie
par les ingénieurs et les clients de la société
qui créa à la fois le Casino de Sinaïa et le
Casino de la Plage des bains, à Constantza,
sur la mer Noire.
J’ai connu Sinaïa au temps de sa paisible,
poétique et romantique tranquillité.
Une année, j’y fus en hiver. C’était un spec
tacle de toute beauté. La neige recouvrait d’un
tapis épais les contreforts des Carpathes. Des
glaçons s’effilaient en fines aiguilles sur les
branches de sapins. Le village était endormi,
engourdi, silencieux. Les villas d’été étaient
closes, avec des planches ; les rues étaient
désertes ; les toits blancs se détachaient sur la
masse sombre des forêts.
Pas un être, pas un traîneau ne profanaient
la solitude.
J’allai devant moi. Au détour de la route je
trouvai un petit monastère. A la porte, deux
ours dormaient dans une grande cage, où les
moines leur apportent leur pâture.
Le frère portier vint m’accueillir. Nous
entrâmes dans la cour entourée d’arcades
roumaines et de cellules. Il me montra celles
où le prince Carol et la princesse Elisabeth
logèrent à leur arrivée dans la principauté
dont ils allaient devenir les souverains.
La résidence royale des souverains de la Roumanie a Sinaïa.
Ce château a été construit sur l’ordre du roi Carol 1 er dans le style delà Renaissance allemande ; l’architecte fut
le Viennois Doderer, les travaux ont duré huit années (1875-1883); le torrent voisin le Pelesch a rendu très
difficile l’établissement des fondations qui furent souvent submergées et emportées par les inondations. Le
château est situé dans un des sites les plus pittoresques des Carpathes.
Voici les Carpathes aux pics dénudés qui ont tous leurs légendes comme les rochers du Rhin. Ils émergent de
forêts sombres et à leurs pieds vous voyez la richesse industrielle gui se manifeste ici par des cheminées d’usines,
ailleurs par des puits de pétrole.
La princesse avait crayonné des ornements
sur le mur. Nous allâmes à la petite chapelle.
Le moine avait une longue robe noire unie,
et de longs cheveux noirs bouclés s’échap
paient sous sa toque noire, droite, et sans bord.
La neige mettait au bas de sa soutane une
large frange d’hermine. Il avait une belle
barbe noire ; il était souriant et aimable. Il me
fit visiter la chapelle où, dans la pénombre,
on apercevait les fresques anciennes d’une
tonalité vert sombre, les cuivres des grands
porte-cierges, des lutrins, l’or des icônes et les
parois dorées de l’iconostase.
Ce petit monastère perdu dans la montagne
n’a certes pas la somptueuse et imposante
magnificence des grandes basiliques comme
Courtéa de Argesch, ou encore les Trois Hié
rarques, de lassi, mais, dans sa touchante
simplicité, il fait un tableau de poésie douce et
reposante, et quand l’écho répéta le son grêle
de sa cloche, c’était toute la douceur de Jocelyn
qui semblait flotter dans l’air pur et glacial du
paysage hivernal.
Je pris plaisir à errer dans la montagne,
qu’aucun bruit ne venait troubler.
J’apercevais les clochetons du Palais du Roi,
Castel Pelesch, et les flèches du Palai ; des
Princes, le château Foischor, au style h ivétien.
Je suis depuis retourné plusieurs fois à
Sinaïa. Un de mes souvenirs les plus présents
est un déjeuner au château royal.
C’était dans l’intimité. Il n’y avait là, avec
le Roi et la Reine, que le comte San Martino,
alors maire de Rome. La salle à manger, toute
blanche, revêtue d: marbre, est spacieuse ; la
lumière s’y engouffre en une large nappe par
une haute et grande verrière, à travers laquelle
la vue s’étend sur le splendide panorama des
Carpathes aux forêts sombres.
— 155 —
UNE VISITE A SINAIA, LE VERSAILLES ROUMAIN
NOTRE COLLABORATEUR M. LÉO CLARETIE, QUI FUT L’HOTE DES SOUVERAINS DE ROUMANIE
EN LEUR RÉSIDENCE DE SINAIA, NOUS DÉCRIT ICI LA RICHESSE, LE PITTORESQUE SAUVAGE
ET LES LÉGENDES PRIMITIVES DES CARPATHES.
S INAIA, la résidence royale des sou
verains de Roumanie, se trouve
dans les Carpathes, près de la fron
tière hongroise. Elle a été l’une des
premières localités envahies et l’une des plus
gravement atteintes.
Le calme y est à présent revenu, et l’on pré
voit déjà que l’animation d’avant-guerre va
reprendre.
Avant la guerre, Sinaïa avait une rép itation,
à vrai dire récente, de ville d’eaux et de jeux,
comparable à celle de Monte -Carlo ou d’Ostende.
Mais ce caractère était de fraîche date.
Sinaïa était, il y a quelques années, une station
thermale assez paisible avant d’être envahie
par les ingénieurs et les clients de la société
qui créa à la fois le Casino de Sinaïa et le
Casino de la Plage des bains, à Constantza,
sur la mer Noire.
J’ai connu Sinaïa au temps de sa paisible,
poétique et romantique tranquillité.
Une année, j’y fus en hiver. C’était un spec
tacle de toute beauté. La neige recouvrait d’un
tapis épais les contreforts des Carpathes. Des
glaçons s’effilaient en fines aiguilles sur les
branches de sapins. Le village était endormi,
engourdi, silencieux. Les villas d’été étaient
closes, avec des planches ; les rues étaient
désertes ; les toits blancs se détachaient sur la
masse sombre des forêts.
Pas un être, pas un traîneau ne profanaient
la solitude.
J’allai devant moi. Au détour de la route je
trouvai un petit monastère. A la porte, deux
ours dormaient dans une grande cage, où les
moines leur apportent leur pâture.
Le frère portier vint m’accueillir. Nous
entrâmes dans la cour entourée d’arcades
roumaines et de cellules. Il me montra celles
où le prince Carol et la princesse Elisabeth
logèrent à leur arrivée dans la principauté
dont ils allaient devenir les souverains.
La résidence royale des souverains de la Roumanie a Sinaïa.
Ce château a été construit sur l’ordre du roi Carol 1 er dans le style delà Renaissance allemande ; l’architecte fut
le Viennois Doderer, les travaux ont duré huit années (1875-1883); le torrent voisin le Pelesch a rendu très
difficile l’établissement des fondations qui furent souvent submergées et emportées par les inondations. Le
château est situé dans un des sites les plus pittoresques des Carpathes.
Voici les Carpathes aux pics dénudés qui ont tous leurs légendes comme les rochers du Rhin. Ils émergent de
forêts sombres et à leurs pieds vous voyez la richesse industrielle gui se manifeste ici par des cheminées d’usines,
ailleurs par des puits de pétrole.
La princesse avait crayonné des ornements
sur le mur. Nous allâmes à la petite chapelle.
Le moine avait une longue robe noire unie,
et de longs cheveux noirs bouclés s’échap
paient sous sa toque noire, droite, et sans bord.
La neige mettait au bas de sa soutane une
large frange d’hermine. Il avait une belle
barbe noire ; il était souriant et aimable. Il me
fit visiter la chapelle où, dans la pénombre,
on apercevait les fresques anciennes d’une
tonalité vert sombre, les cuivres des grands
porte-cierges, des lutrins, l’or des icônes et les
parois dorées de l’iconostase.
Ce petit monastère perdu dans la montagne
n’a certes pas la somptueuse et imposante
magnificence des grandes basiliques comme
Courtéa de Argesch, ou encore les Trois Hié
rarques, de lassi, mais, dans sa touchante
simplicité, il fait un tableau de poésie douce et
reposante, et quand l’écho répéta le son grêle
de sa cloche, c’était toute la douceur de Jocelyn
qui semblait flotter dans l’air pur et glacial du
paysage hivernal.
Je pris plaisir à errer dans la montagne,
qu’aucun bruit ne venait troubler.
J’apercevais les clochetons du Palais du Roi,
Castel Pelesch, et les flèches du Palai ; des
Princes, le château Foischor, au style h ivétien.
Je suis depuis retourné plusieurs fois à
Sinaïa. Un de mes souvenirs les plus présents
est un déjeuner au château royal.
C’était dans l’intimité. Il n’y avait là, avec
le Roi et la Reine, que le comte San Martino,
alors maire de Rome. La salle à manger, toute
blanche, revêtue d: marbre, est spacieuse ; la
lumière s’y engouffre en une large nappe par
une haute et grande verrière, à travers laquelle
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Carpathes aux forêts sombres.
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