Titre : L' Observateur politique, économique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1950-07-27
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32827858n
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 27 juillet 1950 27 juillet 1950
Description : 1950/07/27 (N16). 1950/07/27 (N16).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t52130388t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 4-Z-4405
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/02/2023
30 FRANCS TOUS LES JEUDIS 27 juillet 1950. — N° 16
l’Observateur
politique, économique et littéraire
E. DEPREUX : Pleven ou Mendès-France ?.. 3
P. ROSSEL : De la Corée à l’Inde............ 4
P. BRISARD : L’heure de Formose 6
W. SHELTON : L’initiative Nehru a gêné
Truman 7
G. MARTINET : Sainte-Alliance et sécurité
collective 8
E. GABEY : L’Allemrtgne n’est pas la Corée. . 9
C. DOTREMONT : Le roi et ses gendarmes.. 10
M. BEAUPUY : La Conférence de Pau 10
M. BARAT : Le sultan du Maroc renoncerait
à son voyage Il
C. DELASNERIE : Une grande puissance :
l'Eglise ....................... 12
J. ARMEL : Les U.S.A. mobilisent l'Europe. . 14
J.-P. REGNIER ; La « politique de sécurité »
politique d’abandon ..................... 15
R. STEPHANE : Le beurre ou les canons. .. . 16
L. DELVAL : Les enseignants devant les me
naces de conflit mondial ................ 18
L.-Pierre QUINT : Le roman entre les deux
guerres 19
J. NEPVEU-DEGAS : L’Henri IV d’Avignon 21
D. HANDMAN : Le festival d’Aix 21
J.-P. VIVET : Bilan de fin de saison 22
Lettres à l'Observateur 23
LA PEUR
Les conversations sont curieuses à Paris cette se
maine. « Y aura-t-il la guerre... n’y aura-t-il pas la
guerre ? ». Les gens font des provisions — comme si
l’éventuel cataclysme pouvait être conjuré par quel
ques armoires pleines. D'autres hésitent à partir en
vacances — comme si l’on était mieux à Paris pour
prendre des décisions : lesquelles ? D’autres enfin font
la queue au consulat d’Espagne. S’il relevait leur nom
bre, M. Pleven serait édifié sur le courage des bouil
lants partisans de la politique atlantique et sur la
confiance qu’ils font à la stratégie du même nom.
On n’a jamais raison d’avoir peur : si le peuple
français était unanimement, ou même en grande par
tie, décidé à se faire tuer plutôt que d’accepter en
France telle ou telle-variante du nouvel ordre euro
péen, version russe, aucune nation ne songerait à occu
per et dompter un pays inoccupable et indomptable.
Nos concitoyens pourraient vaquer sans inquiétude à
leurs occupations. La France pourrait penser à sa
Propre paix intérieure et à la paix du monde, et la
menace même d’une guerre reculerait. C’est la foi qui
lui fait défaut, écrivait Sirius dans le Monde. Par une
étrange ironie, les adversaires du « matérialisme »
espèrent acheter cette foi avec du matériel.
En l’absence d’une France indépendante, unie et
courageuse — unie et courageuse parce qu’indépen
dante — la guerre est-elle, pour autant, vraisemblable?
Je pense ‘que demain, c’est-à-dire d’ici un an ou
deux, le risque en est, en effet, très grand. A la mobi-
isation américaine, maintenant lancée -sur une pente
où on ne s’arrête pas facilement, va répondre — ré
pond déjà — un équipement accéléré du bloc sovié-
Loue. D’ici un an ou deux, ces deux formidables ma
chines auront atteint le point où leurs dirigeants n’au-
r 0nt plus le sentiment de l’impréparation. A un tel
moment, l’histoire le démontre, il suffit d’une étincelle.
Aujourd’hui, au contraire, il est certain que les
S.A. chercheront à gagner du temps. Les rôles seront-
18 retournés et l’U.R.S.S., qui a constamment cherché
pi HI 1950
U O U UIL — - "
jusqu’ici à gagner des mois et des années, peut-elle
risquer de déclencher cet été ou cet automne une
guerre préventive, sachant que les conséquences, si
effrayantes soient-elles, peuvent être pires pour elle
si elle attend encor» ? La peur peut-elle pousser le
gouvernement russe à une sorte de fuite en avant ?
Il ne faut pas proscrire tout à fait cette éventualité.
Mais, pour qu’un tel renversement soit possible, il
faudrait d’abord que l’U.R.S.S. ait écarté tout espoir
d’établir un modus vivendi mondial et d’assurer ainsi
la paix dont.elle a besoin pendant au moins cinq ou
dix ans : car elle peut estimer avec raison que si le
temps travaille contre elle dans l’immédiat. il tra
vaillera de nouveau pour elle dans un délai plus long.
Je pense que l’époque d’une pareille tentative de
règlement général peut être fixée avec vraisemblance :
après les élections américaines d’automne, le parti
démocrate ayant alors probablement battu l’opposition
— grâce à la guerre, il faut bien le dire — l’adminis
tration Truman peut, éventuellement, se sentir libre
de « causer ». La tentative Nehru aura eu le mérite
de prendre date pour ce jour-là. Il faut, dans l’in
térêt de la paix, espérer que d’ici là aucun désastre
américain ne sera venu bloquer le président des U.S.A.
dans un raidissement définitif. Et il faut espérer
aussi que Truman ne commettra pas l’erreur d’inter
venir réellement contre les forces de Mao si celles-ci
attaquent Formose. En liant la question de Formose
à l’affaire de Corée, Truman a aggravé une position
déjà difficile. Peu de ses alliés le suivront dans cette
protection d’un lambeau de territoire chinois. Et l’on
verra peut-être le Conseil de Sécurité refuser d’avali
ser les opérations menées en défense d’un de ses mem
bres : puisque le « gouvernement » de Chang fait en
core partie théoriquement dudit Conseil...
Claude BOURDET.
1 (Suite en page 2) <
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l’Observateur
politique, économique et littéraire
E. DEPREUX : Pleven ou Mendès-France ?.. 3
P. ROSSEL : De la Corée à l’Inde............ 4
P. BRISARD : L’heure de Formose 6
W. SHELTON : L’initiative Nehru a gêné
Truman 7
G. MARTINET : Sainte-Alliance et sécurité
collective 8
E. GABEY : L’Allemrtgne n’est pas la Corée. . 9
C. DOTREMONT : Le roi et ses gendarmes.. 10
M. BEAUPUY : La Conférence de Pau 10
M. BARAT : Le sultan du Maroc renoncerait
à son voyage Il
C. DELASNERIE : Une grande puissance :
l'Eglise ....................... 12
J. ARMEL : Les U.S.A. mobilisent l'Europe. . 14
J.-P. REGNIER ; La « politique de sécurité »
politique d’abandon ..................... 15
R. STEPHANE : Le beurre ou les canons. .. . 16
L. DELVAL : Les enseignants devant les me
naces de conflit mondial ................ 18
L.-Pierre QUINT : Le roman entre les deux
guerres 19
J. NEPVEU-DEGAS : L’Henri IV d’Avignon 21
D. HANDMAN : Le festival d’Aix 21
J.-P. VIVET : Bilan de fin de saison 22
Lettres à l'Observateur 23
LA PEUR
Les conversations sont curieuses à Paris cette se
maine. « Y aura-t-il la guerre... n’y aura-t-il pas la
guerre ? ». Les gens font des provisions — comme si
l’éventuel cataclysme pouvait être conjuré par quel
ques armoires pleines. D'autres hésitent à partir en
vacances — comme si l’on était mieux à Paris pour
prendre des décisions : lesquelles ? D’autres enfin font
la queue au consulat d’Espagne. S’il relevait leur nom
bre, M. Pleven serait édifié sur le courage des bouil
lants partisans de la politique atlantique et sur la
confiance qu’ils font à la stratégie du même nom.
On n’a jamais raison d’avoir peur : si le peuple
français était unanimement, ou même en grande par
tie, décidé à se faire tuer plutôt que d’accepter en
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péen, version russe, aucune nation ne songerait à occu
per et dompter un pays inoccupable et indomptable.
Nos concitoyens pourraient vaquer sans inquiétude à
leurs occupations. La France pourrait penser à sa
Propre paix intérieure et à la paix du monde, et la
menace même d’une guerre reculerait. C’est la foi qui
lui fait défaut, écrivait Sirius dans le Monde. Par une
étrange ironie, les adversaires du « matérialisme »
espèrent acheter cette foi avec du matériel.
En l’absence d’une France indépendante, unie et
courageuse — unie et courageuse parce qu’indépen
dante — la guerre est-elle, pour autant, vraisemblable?
Je pense ‘que demain, c’est-à-dire d’ici un an ou
deux, le risque en est, en effet, très grand. A la mobi-
isation américaine, maintenant lancée -sur une pente
où on ne s’arrête pas facilement, va répondre — ré
pond déjà — un équipement accéléré du bloc sovié-
Loue. D’ici un an ou deux, ces deux formidables ma
chines auront atteint le point où leurs dirigeants n’au-
r 0nt plus le sentiment de l’impréparation. A un tel
moment, l’histoire le démontre, il suffit d’une étincelle.
Aujourd’hui, au contraire, il est certain que les
S.A. chercheront à gagner du temps. Les rôles seront-
18 retournés et l’U.R.S.S., qui a constamment cherché
pi HI 1950
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jusqu’ici à gagner des mois et des années, peut-elle
risquer de déclencher cet été ou cet automne une
guerre préventive, sachant que les conséquences, si
effrayantes soient-elles, peuvent être pires pour elle
si elle attend encor» ? La peur peut-elle pousser le
gouvernement russe à une sorte de fuite en avant ?
Il ne faut pas proscrire tout à fait cette éventualité.
Mais, pour qu’un tel renversement soit possible, il
faudrait d’abord que l’U.R.S.S. ait écarté tout espoir
d’établir un modus vivendi mondial et d’assurer ainsi
la paix dont.elle a besoin pendant au moins cinq ou
dix ans : car elle peut estimer avec raison que si le
temps travaille contre elle dans l’immédiat. il tra
vaillera de nouveau pour elle dans un délai plus long.
Je pense que l’époque d’une pareille tentative de
règlement général peut être fixée avec vraisemblance :
après les élections américaines d’automne, le parti
démocrate ayant alors probablement battu l’opposition
— grâce à la guerre, il faut bien le dire — l’adminis
tration Truman peut, éventuellement, se sentir libre
de « causer ». La tentative Nehru aura eu le mérite
de prendre date pour ce jour-là. Il faut, dans l’in
térêt de la paix, espérer que d’ici là aucun désastre
américain ne sera venu bloquer le président des U.S.A.
dans un raidissement définitif. Et il faut espérer
aussi que Truman ne commettra pas l’erreur d’inter
venir réellement contre les forces de Mao si celles-ci
attaquent Formose. En liant la question de Formose
à l’affaire de Corée, Truman a aggravé une position
déjà difficile. Peu de ses alliés le suivront dans cette
protection d’un lambeau de territoire chinois. Et l’on
verra peut-être le Conseil de Sécurité refuser d’avali
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bres : puisque le « gouvernement » de Chang fait en
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