Titre : La Semaine : encyclopédie de la presse périodique
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1847-08-01
Contributeur : Dehay, Timothée (1794-1851). Directeur de publication
Contributeur : Husson, Auguste. Directeur de publication
Contributeur : Coq, Paul (1806-1880). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32866664m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 août 1847 01 août 1847
Description : 1847/08/01 (A2,N40). 1847/08/01 (A2,N40).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t5144388z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, FOL-LC2-1615
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2022
r’ AOÛT 1847.
LA SEMAINE.
2" ANNÉE. -- NUMÉRO 40
dé des ren-
ps de trou,
iro pour la
rdinaire de
eine, avant
pas résider
5 royale de
ner l’ordre
s au palais,
soir. Tous
allebardiers
arde d hon.
S du palais
• les halle-
1 Cordova,
t présenté
ané lecture
dans le pa-
1 JOURNAL DE LITTÉRATURE.
2 JOURNAL DES ENFANTS.
3 JOURNAL DES MODES.
t JOURNAL DE MUSIQUE.
Deuxième Partie.
HUIT JOUANAUX
DE
LITTERATURE, D'ILLUSTRATIONS ET DE PUBLICITÉ.
1 BULLETIN DE LA CORRESPONDANCE.
S BULLETIN DES DIVERTISSEMENTS TUBLICS.
SIX BULLETINS - RENSEIGNEMENTS.
S BULLETIN DES ÉTRANGERS.
4 BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE.
Buresuxs , rue S*int-Mare-Feydear, 6.
5 JOURNAL MOSAÏQUE.
6 JOURNAL DES CARICATURES.
7 JOURNAL RÉBUS.
8 JOURNAL D’ANNONCES.
& BULLETIN ASTRONOMIQUE.
6 BULLETIN DE L’ÉTAT-CIVIL.
s a échappé
remier an-
é que des
lent contre
r de la cir-
me correc-
ux ennemis
essa de ré-
a ville fut
S prépara-!
t dénoncé
onfidences,
néral de la
eçu l’ordre
u est tou-
imme l'au-
; dans Fer-!
e à la cita-
des lettres
is la ville,
s dans une
itants.
lein : « Les
t prochaine
ne, seront
ar le sénat
ayant pour
orale et la
SALONS.
éral Grivas
es du gou-
on monde à
ir grec, en
doit avoir
ire.
Sa daBan-
retournés à
es du gou-
oi. Le cor-
fr. le dom-
nation prO-
nite de La-
odérés, , ca :
Le général
. h‘est re-
d'un nou-
ies la proie
ment dans
i en juponS
in de can-
usils et des
de mettre»
s primitif
prêt à tout
Zug feront
nés. Le gé-
Zelalands
des redou-
— 22 mai
Ti’’l
mt
et sont 1
ine. {nau
amdisBar
Santo5 I
e 29 mai
’ le cont a
le Si s Pa
r tâcher I
qeîle.”
leme rappelle toujours avec bonheur le temps
mmitif où les Parisiens s’occupaient six mois d’a
ta d’une partie de campagne. L’époque, le lieu,
kombre et le choix des convives, les pâtés, les
fes froides, le panier de chablis, les moyens de
port, tout cela était pesé, calculé, controversé
tant les longues soirées d’hiver; et, quand arri-
pille jour fixé pour l’exécution, une foule d’acci
ta nécessitaient encore l'ajournement d’un plai-
"préparé de si loin. L’un était mort sans préve-
fl autre était malade, un troisième n’avait pu se
Wnrer le cheval de louage sur lequel il se pro-
"ait de caracoler à côté d’un char-à-banc qui
pétait cher à divers titres. Celle-ci boudait ou
dülla migraine ; celle là était retenue à Paris par
Se indisposition subite de son épagneul; cette
R ne pouvait quitter un enfant atteint de la co-
Rehe. Puis, quand l’émigration était à peu
Réunie, survenaient les distractions insépara-
Res apprêts d’un voyage : qui avait oublié
“6s de ses armoires ; qui, son sac à ouvrage ;
pon ombrelle, et force était d'attendre qu’un
" morose ou un ami officieux fût allé pré-
s les conséquences de l’étourderie de ces dames,
p au lieu de partir à six heures du matin, pour
Rr les bois de Meudon ou de la Selle-Saint-
p, le convoi ne s’ébranlait qu’à midi, tout aussi
[occupé, empêtré et contrarié que s’il se fût agi
Sonder une colonie dans les forêts vierges du
Ma.
ls aujourd’hui, quelle différence ! Que la fiè-
Pwpêtre vous saisisse seulement à huit heu-
P matin, à dix heures vous êtes en pleine fo-
“r illers-Cotterets ou de Fontainebleau ; et,
I peu que vous y teniez, vous pouvez , grâce
chemins de fer, revenir entendre vêpres à
F ustache ou à la Madeleine.
dans le parlement, un ami qui joint à la gra-
14.3-68islateur et à l’énergie du tribun, les ha-
Asashionables d’un homme du monde , et,
rarement, le futile avantage d’une fortune
goniale de quatre-vingt mille livres de rentes.
K Part de l’indigence et du malheur une fois
hease diable d’homme a la manie d’avoir des
ivdes chevaux, des amis, des En
s.suis tenté de croire que oui, puisque l’E-
K : "I quelque part que l’homme ne doit pas
h y! — Toutefois, ce n’est qu’une supposi-
"alls, quant à des chevaux, il en a, je le certi-
Toici pourquoi :
"anche dernier , il était à peine sept heures,
1 » entrant brusquement dans ma chambre,
et m'éveillant aux cris de : Debout ! debout ! il me
proposa de l’accompagner à Mongeron.
Pourquoi à Mongeron plutôt qu’ailleurs ?
répondis-je en me frottant les yeux.
Parce que c’est aujourd’hui la Saint-Jac
ques, fête du lieu , et que nous sommes attendus
par une famille anglaise qui, par ses bonnes ma
nières et son aimable hospitalité, honorerait tous les
pays où la nature aurait pu la faire naître.
Ces mots me rappelèrent qu’en effet j’avais pro
mis à madame J.., charmante femme qui n’est
étrangère nulle part, d’assister à la célébration de
la fête de saint Jacques, patron de la commune où
elle occupe depuis quelques années une délicieuse
maison de campagne. J’avoue cependant que saint
Jacques m’eût fait un sensible plaisir, s’il eût con
senti à permuter avec saint Abdon, dont la Tête ne
devait avoir lieu que huit jours plus tard. Dans ce
moment, l’aspect du ciel gâtait considérablement le
plaisir que j’éprouve toujours à sortir des barriè
res et de l’atmosphère de Paris.
Néanmoins, mon ami, le député-sportman, ayant
ajouté que sa voiture nous attendait à la porte, et
qu’il fallait nous hâter si nous voulions arriver à
l’heure habituelle du déjeuner, je pris ma douillette
sur mon bras, je m’armai d un parapluie et me ha
sardai.
Mais quelle ne fut pas ma surprise, quand, au
lieu d’un coupé clos et chaud, je me trouvai en
présence d’une américaine , espèce de phaéton
aérien, attelé d’un cheval anglais frémissant d’im
patience ! Je me serais cru tout aussi en sûreté
dans la nacelle d’un aéronaute. Cependant j’étais
trop avancé pour reculer; je recommandai mon
âme à Dieu et nous partîmes, m’en rapportant à
la Providence du soin de me faire arriver tout en
tier à Mongeron;
Mon ami le député, qui se distingue par un res
pect religieux pour le peuple, maîtrisait le bouil
lant animal, de manière à n’effrayer personne;
il criait gare cinq minutes avant d’approcher des
bons citoyens qui se trouvaient sur son pas
sage, et s’arrêtait tout court chaque fois qu’une
femme, un enfant ou un vieillard faisait mine de
vouloir couper les rues que nous parcourions. Et
cependant toutes ces sollicitudes n’empêchèrent
pas un groupe d’ouvriers, qui stationnaient devant
le Jardin-des-Plantes, de nous prendre pour deux
ministres et de nous traiter comme tels.
Voilà, dis-je, les inconvénients de l’opulence
Vous vous trompez, répondit mon ami, ce
sont les inconvénients d’un système qui met en
suspicion toutes les fortunes. Le peuple ne hait
que les richesses mal acquises, celles qu’il paie de
ses sueurs, et, s’il nous insulte, c’est qu’il pense
sans doute que l’aisance que semble trahir ce
frêle équipage, pourrait bien être le prix d’une
des mille vilenies qui se révèlent à ses yeux. Pen
sez-vous, par exemple, que les habitants de ce
quartier ignorent ce qu’a coûté à l’état, c’est-à-
dire à eux-mêmes, ce palais des singes que vous
apercevez dans l’angle du Jardin-des-Plantes,
indûment appelé Jardin-du-Roi; et qu’ils ne sa
chent pas que le terrain qu’on acheta,l’an dernier,
rue de Buffon, pour agrandir cet établissement na
tional, a été payé le double de ce qu’il vaut? Eh bien!
qui sait si les ouvriers qui viennent de nous saluer
d’une épithète un peu hasardée, ne vous prennent
pas pour l’un des naturalistes qui négocièrent cette
affaire ?
Ce raisonnement ne me parut pas concluant, et
je ne me sentis complètement rassuré que lors-
qu’arrivé sur la grande route, je me vis affran
chi de la nécessité de décliner mes nom, prénoms
et qualités, pour échapper aux fâcheuses interpré
tations du peuple.
Cependant la conversation ayant pris un carac
tère grave, nous nous mîmes, chemin faisant, à
nous communiquer les réflexions que nous suggé
raient les différents objets qui frappaient nos
regards.
C’étaient, à notre gauche, et sur la rive droite de
la Seine, le parc et le château de Bercy, patrimoine
de la famille Nicolaï. L’aspect de ce château aban
donné, de ces vastes dépendances, livrées aujour
d’hui à une espèce de spéculation seigneuriale qui
consiste à louer emphytéotiquement des par
celles de terrain, à la seule condition d’y bâtir
des maisons qui, à la fin des baux, restent acquises
au possesseur du sol; l’aspect de ces ruines, mêlées
à des constructions nouvelles , me rappela un
souvenir de jeunesse qui est resté profondément
gravé dans ma mémoire. C’était, si je ne me trom
pe, par une belle journée du mois d’avril. L’empe
reur Napoléon, auquel on avait proposé d'acheter
le parc de Bercy, pour en faire l’entrepôt des vins,
avait voulu examiner par lui même si cette localité
était propre à la destination qu’on lui réservait. Il
s’avançait à cheval, suivi de quelques officiers, lors
que l’un d’eux voulut hâter la marche d’une
charrette à bras qui obstruait le passage, et que
deux hommes traînaient péniblement. « Dou
cement, monsieur ; respect aux fardeaux et aux la
beurs du peuple ! s’écria l’empereur. Et, ra
sant la muraille, pour ne pas déranger la petite
charrette, le héros continua sa route, aux accla
mations de la foule enthousiaste qui se pressait sur
ses pas.
Mon ami le député, à qui je racontai cette anec
dote du temps de l’empire, en fit le texte d’obser
vations très-judicieuses sur les dangers de cette po
litique sans* nom, qui ne permet plus au peuple et
à la royauté de se regarder en face, de peur qu'un
choc ne les mette en poudre l’un et l’autre.
Venait ensuite le château de Conflans, où la puis
sance épiscopale, poursuivie par les colères du peu
ple, fut si généieusement secourue par les patriotes
de juillet.Lorsque l’archevêque de Paris se réfugiait,
en 1830, dans une communauté de religieuses du
faubourg Saint-Germain, sous prétexte,—ce qui n’é
tait pas vrai, — que les autels et la liberté du culte
étaient menacés dans sa personne, qui eût dit que,
quelques années plus tard, le clergé imposerait ses
lois au gouvernement des barricades, et balancerait
une fois encore l’autorité du trône et de l’état !
Mais alors....
Nous faisions ces réflexions et bien d’autres en
core, lorsque nous aperçûmes la maison de Cha-
renton qui réveille une si grande variété de sou
venirs.
Vous voyez, dit mon ami le député, cet
asile de la folie et du malheur, où tant d'infortu-
nes grouillent pêle-mêle. Eh bien! ils avaient trouvé
le moyen de spéculer aussi sur ces misères et
ces douleurs. il y a deux ans, l’infatigable Lher-
LA SEMAINE.
2" ANNÉE. -- NUMÉRO 40
dé des ren-
ps de trou,
iro pour la
rdinaire de
eine, avant
pas résider
5 royale de
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s au palais,
soir. Tous
allebardiers
arde d hon.
S du palais
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1 Cordova,
t présenté
ané lecture
dans le pa-
1 JOURNAL DE LITTÉRATURE.
2 JOURNAL DES ENFANTS.
3 JOURNAL DES MODES.
t JOURNAL DE MUSIQUE.
Deuxième Partie.
HUIT JOUANAUX
DE
LITTERATURE, D'ILLUSTRATIONS ET DE PUBLICITÉ.
1 BULLETIN DE LA CORRESPONDANCE.
S BULLETIN DES DIVERTISSEMENTS TUBLICS.
SIX BULLETINS - RENSEIGNEMENTS.
S BULLETIN DES ÉTRANGERS.
4 BULLETIN MÉTÉOROLOGIQUE.
Buresuxs , rue S*int-Mare-Feydear, 6.
5 JOURNAL MOSAÏQUE.
6 JOURNAL DES CARICATURES.
7 JOURNAL RÉBUS.
8 JOURNAL D’ANNONCES.
& BULLETIN ASTRONOMIQUE.
6 BULLETIN DE L’ÉTAT-CIVIL.
s a échappé
remier an-
é que des
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e 29 mai
’ le cont a
le Si s Pa
r tâcher I
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leme rappelle toujours avec bonheur le temps
mmitif où les Parisiens s’occupaient six mois d’a
ta d’une partie de campagne. L’époque, le lieu,
kombre et le choix des convives, les pâtés, les
fes froides, le panier de chablis, les moyens de
port, tout cela était pesé, calculé, controversé
tant les longues soirées d’hiver; et, quand arri-
pille jour fixé pour l’exécution, une foule d’acci
ta nécessitaient encore l'ajournement d’un plai-
"préparé de si loin. L’un était mort sans préve-
fl autre était malade, un troisième n’avait pu se
Wnrer le cheval de louage sur lequel il se pro-
"ait de caracoler à côté d’un char-à-banc qui
pétait cher à divers titres. Celle-ci boudait ou
dülla migraine ; celle là était retenue à Paris par
Se indisposition subite de son épagneul; cette
R ne pouvait quitter un enfant atteint de la co-
Rehe. Puis, quand l’émigration était à peu
Réunie, survenaient les distractions insépara-
Res apprêts d’un voyage : qui avait oublié
“6s de ses armoires ; qui, son sac à ouvrage ;
pon ombrelle, et force était d'attendre qu’un
" morose ou un ami officieux fût allé pré-
s les conséquences de l’étourderie de ces dames,
p au lieu de partir à six heures du matin, pour
Rr les bois de Meudon ou de la Selle-Saint-
p, le convoi ne s’ébranlait qu’à midi, tout aussi
[occupé, empêtré et contrarié que s’il se fût agi
Sonder une colonie dans les forêts vierges du
Ma.
ls aujourd’hui, quelle différence ! Que la fiè-
Pwpêtre vous saisisse seulement à huit heu-
P matin, à dix heures vous êtes en pleine fo-
“r illers-Cotterets ou de Fontainebleau ; et,
I peu que vous y teniez, vous pouvez , grâce
chemins de fer, revenir entendre vêpres à
F ustache ou à la Madeleine.
dans le parlement, un ami qui joint à la gra-
14.3-68islateur et à l’énergie du tribun, les ha-
Asashionables d’un homme du monde , et,
rarement, le futile avantage d’une fortune
goniale de quatre-vingt mille livres de rentes.
K Part de l’indigence et du malheur une fois
hease diable d’homme a la manie d’avoir des
ivdes chevaux, des amis, des En
s.suis tenté de croire que oui, puisque l’E-
K : "I quelque part que l’homme ne doit pas
h y! — Toutefois, ce n’est qu’une supposi-
"alls, quant à des chevaux, il en a, je le certi-
Toici pourquoi :
"anche dernier , il était à peine sept heures,
1 » entrant brusquement dans ma chambre,
et m'éveillant aux cris de : Debout ! debout ! il me
proposa de l’accompagner à Mongeron.
Pourquoi à Mongeron plutôt qu’ailleurs ?
répondis-je en me frottant les yeux.
Parce que c’est aujourd’hui la Saint-Jac
ques, fête du lieu , et que nous sommes attendus
par une famille anglaise qui, par ses bonnes ma
nières et son aimable hospitalité, honorerait tous les
pays où la nature aurait pu la faire naître.
Ces mots me rappelèrent qu’en effet j’avais pro
mis à madame J.., charmante femme qui n’est
étrangère nulle part, d’assister à la célébration de
la fête de saint Jacques, patron de la commune où
elle occupe depuis quelques années une délicieuse
maison de campagne. J’avoue cependant que saint
Jacques m’eût fait un sensible plaisir, s’il eût con
senti à permuter avec saint Abdon, dont la Tête ne
devait avoir lieu que huit jours plus tard. Dans ce
moment, l’aspect du ciel gâtait considérablement le
plaisir que j’éprouve toujours à sortir des barriè
res et de l’atmosphère de Paris.
Néanmoins, mon ami, le député-sportman, ayant
ajouté que sa voiture nous attendait à la porte, et
qu’il fallait nous hâter si nous voulions arriver à
l’heure habituelle du déjeuner, je pris ma douillette
sur mon bras, je m’armai d un parapluie et me ha
sardai.
Mais quelle ne fut pas ma surprise, quand, au
lieu d’un coupé clos et chaud, je me trouvai en
présence d’une américaine , espèce de phaéton
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patience ! Je me serais cru tout aussi en sûreté
dans la nacelle d’un aéronaute. Cependant j’étais
trop avancé pour reculer; je recommandai mon
âme à Dieu et nous partîmes, m’en rapportant à
la Providence du soin de me faire arriver tout en
tier à Mongeron;
Mon ami le député, qui se distingue par un res
pect religieux pour le peuple, maîtrisait le bouil
lant animal, de manière à n’effrayer personne;
il criait gare cinq minutes avant d’approcher des
bons citoyens qui se trouvaient sur son pas
sage, et s’arrêtait tout court chaque fois qu’une
femme, un enfant ou un vieillard faisait mine de
vouloir couper les rues que nous parcourions. Et
cependant toutes ces sollicitudes n’empêchèrent
pas un groupe d’ouvriers, qui stationnaient devant
le Jardin-des-Plantes, de nous prendre pour deux
ministres et de nous traiter comme tels.
Voilà, dis-je, les inconvénients de l’opulence
Vous vous trompez, répondit mon ami, ce
sont les inconvénients d’un système qui met en
suspicion toutes les fortunes. Le peuple ne hait
que les richesses mal acquises, celles qu’il paie de
ses sueurs, et, s’il nous insulte, c’est qu’il pense
sans doute que l’aisance que semble trahir ce
frêle équipage, pourrait bien être le prix d’une
des mille vilenies qui se révèlent à ses yeux. Pen
sez-vous, par exemple, que les habitants de ce
quartier ignorent ce qu’a coûté à l’état, c’est-à-
dire à eux-mêmes, ce palais des singes que vous
apercevez dans l’angle du Jardin-des-Plantes,
indûment appelé Jardin-du-Roi; et qu’ils ne sa
chent pas que le terrain qu’on acheta,l’an dernier,
rue de Buffon, pour agrandir cet établissement na
tional, a été payé le double de ce qu’il vaut? Eh bien!
qui sait si les ouvriers qui viennent de nous saluer
d’une épithète un peu hasardée, ne vous prennent
pas pour l’un des naturalistes qui négocièrent cette
affaire ?
Ce raisonnement ne me parut pas concluant, et
je ne me sentis complètement rassuré que lors-
qu’arrivé sur la grande route, je me vis affran
chi de la nécessité de décliner mes nom, prénoms
et qualités, pour échapper aux fâcheuses interpré
tations du peuple.
Cependant la conversation ayant pris un carac
tère grave, nous nous mîmes, chemin faisant, à
nous communiquer les réflexions que nous suggé
raient les différents objets qui frappaient nos
regards.
C’étaient, à notre gauche, et sur la rive droite de
la Seine, le parc et le château de Bercy, patrimoine
de la famille Nicolaï. L’aspect de ce château aban
donné, de ces vastes dépendances, livrées aujour
d’hui à une espèce de spéculation seigneuriale qui
consiste à louer emphytéotiquement des par
celles de terrain, à la seule condition d’y bâtir
des maisons qui, à la fin des baux, restent acquises
au possesseur du sol; l’aspect de ces ruines, mêlées
à des constructions nouvelles , me rappela un
souvenir de jeunesse qui est resté profondément
gravé dans ma mémoire. C’était, si je ne me trom
pe, par une belle journée du mois d’avril. L’empe
reur Napoléon, auquel on avait proposé d'acheter
le parc de Bercy, pour en faire l’entrepôt des vins,
avait voulu examiner par lui même si cette localité
était propre à la destination qu’on lui réservait. Il
s’avançait à cheval, suivi de quelques officiers, lors
que l’un d’eux voulut hâter la marche d’une
charrette à bras qui obstruait le passage, et que
deux hommes traînaient péniblement. « Dou
cement, monsieur ; respect aux fardeaux et aux la
beurs du peuple ! s’écria l’empereur. Et, ra
sant la muraille, pour ne pas déranger la petite
charrette, le héros continua sa route, aux accla
mations de la foule enthousiaste qui se pressait sur
ses pas.
Mon ami le député, à qui je racontai cette anec
dote du temps de l’empire, en fit le texte d’obser
vations très-judicieuses sur les dangers de cette po
litique sans* nom, qui ne permet plus au peuple et
à la royauté de se regarder en face, de peur qu'un
choc ne les mette en poudre l’un et l’autre.
Venait ensuite le château de Conflans, où la puis
sance épiscopale, poursuivie par les colères du peu
ple, fut si généieusement secourue par les patriotes
de juillet.Lorsque l’archevêque de Paris se réfugiait,
en 1830, dans une communauté de religieuses du
faubourg Saint-Germain, sous prétexte,—ce qui n’é
tait pas vrai, — que les autels et la liberté du culte
étaient menacés dans sa personne, qui eût dit que,
quelques années plus tard, le clergé imposerait ses
lois au gouvernement des barricades, et balancerait
une fois encore l’autorité du trône et de l’état !
Mais alors....
Nous faisions ces réflexions et bien d’autres en
core, lorsque nous aperçûmes la maison de Cha-
renton qui réveille une si grande variété de sou
venirs.
Vous voyez, dit mon ami le député, cet
asile de la folie et du malheur, où tant d'infortu-
nes grouillent pêle-mêle. Eh bien! ils avaient trouvé
le moyen de spéculer aussi sur ces misères et
ces douleurs. il y a deux ans, l’infatigable Lher-
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