Titre : Courrier de l'Isère : journal administratif, politique et littéraire ["puis" journal constitutionnel de Grenoble "puis" journal désigné pour l'insertion des annonces judiciaires des arrondissements de Grenoble et de Saint-Marcellin "puis" journal de Grenoble et du Dauphiné]
Éditeur : [s.n.] (Grenoble)
Date d'édition : 1851-08-05
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32750408r
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 05 août 1851 05 août 1851
Description : 1851/08/05 (A33,N4984). 1851/08/05 (A33,N4984).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG38 Collection numérique : BIPFPIG38
Description : Collection numérique : BIPFPIG05 Collection numérique : BIPFPIG05
Description : Collection numérique : BIPFPIG26 Collection numérique : BIPFPIG26
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t511964234
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-559
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 19/03/2023
a ellaleac eon ssases amasaseT,
XXXIII e ANNEE.
======
MARDI 5 AOUT 1851.
-des-Victoires, 26; chez M. Havas, 3, rue J.-J. Rousseau; chez M. Fontaine, rue Vivienne, 8, chargés de recevoir les Annonces.
On s’abonne, à Paris, chez MM. Lejolivet etC 0 , rue
Publication s
Mardi, Jeudi, Samedi.
Insertions : 20 centimes par ligne.
Les lettres non affranchies ne seront pas reçues.
Bureaux t
Chez BARATIER frères et fils
Grand’rue, 4 , à Grenoble.
L’abonnement continue jusqu’il réception d’un avis contraire
Prix d'abonnement
Dans le département de l’Isère :
Un an , 20 fr. — 6 mois, 11 fr. — 3 mois, 6 fr.
Hors du département: Un an , 25 fr.
GRENOBLE, 4 AOUT.
Conseil d'arrondissement de
Grenoble.
M. le préfet de l’Isère, dont la con
duite courageuse et l’infatigable dévoue
ment dans les sinistres journées que nous
venons de traverser, sont au-dessus de
tout éloge, a ouvert la session du con
seil d’arrondissement, commencée aujour
d’hui , par un rapport sur les inondations,
dans lequel il indique les mesures qu’il
se propose de prendre pour venir autant
que possible en aide aux misères et aux
infortunes sans nombre que le fléau a
fait naître. Nous ne doutons pas que le
conseil, dans son patriotisme éclairé,
ne joigne ses énergiques efforts aux in
tentions généreuses de l’administration
pour concourir au soulagement des mal
heureuses victimes de ce grand désas
tre. p. fissont.
Voici le rapport de M. le préfet :
Messieurs,
Au moment où je me réjouissais de me
retrouver bientôt au milieu de vous, mon
rapport préparé, écrit , me félicitant de ce
que rien n’avait, dans l’intervalle de vos
deux sessions, altéré la prospérité du dépar
tement de l'Isère, et où je m'entretenais
avec vous des moyens à prendre pour la
rendre durable, un épouvantable sinistre est
venu fondre inopinément sur plusieurs
points du département, et notamment de
l’arrondissement de Grenoble.
A Voreppe, àVoiron, au Fontanil, à Vaul-
naveys, à Allevard, àPontcharra, à Saint-
Laurent-du-Pont, à Entraigues, les torrents
deRoise,de Bréda, et une foule d’autres
cours d’eaux se sont précipités à flots pressés
des montagnes, entraînant sur leur passage
les digues , les arbres , les champs, les usi
nes, les ponts, et semant la dévastation dans
le pays.
A Voreppe, le bourg menacé pendant 36
heures, n’a dû son salut qu’au vigourenx
dévouement de la population dont les efforts
habilement dirigés par l'agent-voyer du dé
partement que j’avais conduit sur les lieux,
ont opéré en quatre heures un véritable
travail de Romains.
Plus de cent arbres traînés par six che
vaux ont été amarrés et jetés en avant des
eaux, dans le court espace de temps que
je viens d'indiquer.
A Voiron, l’angle de la papeterie de M.
Frachon a été emporté.
A Saint-Laurent-du-Pont, la plaine est
entièrement submergée, les récoltes sont
perdues. Le chemin de Fourvoirie est enlevé.
A Allevard, les ponts et les moulins sont
tous détruits sans exception. Je les ai fait ré
tablir par l’artillerie.
Dans tous les lieux que je viens de par
courir, des désastres analogues se sont pro
duits, et le temps me manque pour entrer
dans les détails que ce sinistre effroyable
comporterait.
Je dépose sur votre bureau la correspon
dance officielle des diverses autorités que
vous pourrez consulter , et qui vous donnera
une idée des malheurs que les eaux ont
occasionnés aux populations rurales et in
dustrielles des campagnes.
Comme moi vous aurez l’âme navrée, mais
vous serez fiers de l’énergie, de la vigueur
de tête et de cœur, du dévouement dont les
citoyens et les autorités municipales ont fait
preuve dans cette circonstance.
Les ouvriers, suivant les habitudes géné
reuses qui leur sont familières se sont mis à
l’eau au plus fort du danger pour préserver
et réparer.
Les maires, les sapeurs-pompiers, les ci
toyens de tous rangs et de toutes conditions,
les ont secondés et ont rivalisé avec eux.
Toutes les classes de la société ont noblement
fraternisé dans le danger et ont fait connaître
ainsi leur commune origine.
M. l’agent-voyer en chef, à Voreppe et à
Allevard, a déployé une intelligence et un
courage qui l’honorent et je suis heureux de
trouver cette occasion de lui adresser mes féli-
citations. Des personnes de passage dans le
pays ne se sont pas épargnées. A Voreppe,
M. Blandin jeune, architecte, s’est mis à ma
disposition et a dirigé avec succès un atelier
de sauvetage. A Allevard, les baigneurs ont
joint leurs efforts à ceux de la population ; ils
ont fait une souscription de plus de 500 fr.
« J’ajouterai que les troupes, dirigées sur
les points les plus mauvais et les plus ravagés,
ont montré leur activité , leur zèle , leur dé
vouement, leur mépris du danger habituels.
« Deux compagnies du 25 e de ligne, arrêtées
le 31, au Chevalon , sur le torrent de Malsou
che, le lendemain à cinq heures du matin ,
l’ont traversé en faisant la chaîne pour ne
point être emportés par la violence des eaux.
Arrivées à Voreppe à six heures, elles ont
puissamment contribué à achever le sauvetage
et à préserver le bourg.
A Allevard, un détachement d’artillerie,
commandé par M. le capitaine de Ménibus,
officier d’un rare mérite et d’avenir, a jeté un
pont provisoire sur le Bréda afin de rétablir
le passage entre les deux parties du bourg qui
depuis deux jours étaient sanscommunication.
Douze hommes, sous la conduite d’un offi
cier, ont rendu le même service aux commu-
nés d’Allevard , de Pinsot et de la Chapelle-
du-Bard, en rétablissant le pont de Veyton.
L’artillerie a également aidé à rétablir les
moulins. Vingt hommes travaillaient à l’usine,
dirigée par M. Charrière.
Cet important établissement a éprouvé des
pertes énormes malgré le zèle des employés,
des ouvriers , de la population et l’intelligent
dévouement de son chef.
Maintenant, Messieurs, il nous reste à
nous occuper des moyens de rémédier à tant
de maux.
Des souscriptions sont ouvertes, j’espère
qu’elles seront abondantes.
Déjà , par première dépêche , j’ai réclamé
un secours au gouvernement.
Je vais vous demander, bientôt, la per
mission de vous quitter pour faire un rapport
plus détaillé, général, et solliciter des secours
plus abondants. Il est impossible que les fonds
ordinaires suffisent. L’Assemblée législative
ne refusera pas, avant de se séparer, de voter
les ressources indispensables pour adoucir de
telles misères.
D’autre part, je prends des mesures pour
que l’évaluation officielle des perles soit faite
le plus promptement possible. Je cherche à
abréger les détails. J’ai écrit dans ce sens,
hier, à mon arrivée , à la direction des con
tributions directes.
M, l’ingénieur en chef, qui a déjà montré
sa sollicitude en se portant, dès le 31 au soir,
au Chevalon , pour rétablir les communica
tions entre Grenoble et Lyon , et qui a passé
la journée d’hier à Allevard, s’occupe du
soin de rendre parfaitement viables les rou
tes nationales et départementales qui ont souf
fert.
M. l’agent-voyer en chef a donné des in
structions dans le même but en ce qui con
cerne les chemins de grande communication
et les chemins intérieurs.
J’écris à M. l’ingénieur en chef des mines
pour l’inviter à vouloir bien faire visiter les
bassins de réception des torrents de Roise,
du Fontanil, du Chevalon, ainsi que tous les
lieux où les divers torrents qui ont désolé le
département de l’Isère prennent leur sour
ce, afin de connaître les causes qui ont amené
les derniers sinistres, d’examiner si les pro
babilités doivent en faire redouter le retour,
et d’autre part, s’il n’y aurait pas des me
sures de prévoyance et de précaution à pren
dre pour prévenir de nouvelles inondations.
. Tout ce que les diverses administrations
pourront faire dans ces déplorables circon
stances pour contribuer à alléger le lourd
fardeau qui pèse sur les populations , elles
le feront avec un vif sentiment de patriotisme.
Messieurs, vous les aiderez dans cette rude
tâche. Vous voudrez bien de votre côté, me
transmettre tous les renseignements à votre
disposition sur les causes et l’étendue des
désastres, sur les traits de dévouement et de
courage qui se sont produits, sur les moyens
à prendre pour réparer le mal.
La connaissance des causes des sinistres
nous permettra de préserver l’avenir du
retour de pareils malheurs. Celle de l’étendue
des pertes nous donnera la mesure des se
cours qu’il faut demander et chercher à
obtenir. Celle des traits de courage et de dé
vouement, nous fournira le texte des rapports
qui serviront à éclairer l’autorité supérieure
sur les récompenses à accorder.
Veuillez aussi me signaler les pauvres fa
milles qui ont trop perdu , qui ont tout
perdu, à qui les ressources nécessaires à la
vie ont été complètement enlevées. Celles-là
auront la préférence, triste préférence, dans
la distribution à faire.
Veuillez aussi, Messieurs , en constatant
officiellement ce malheur, émettre un vœu
pour que le conseil général dont vous ne
ferez que prévenir les intentions généreuses,
et pour que le gouvernement , toujours
prêt à donner l’aide de la France à toutes
les grandes infortunes qui viennent assaillir
le pays, accorde les secours les plus larges
aux victimes de l’inondation de 1851 dans
l’Isère.
Je dépose le rapport général que j’avais
préparé , sur votre bureau , en vous priant
d’agréer mes excuses et les regrets que j‘é-
prouve de ne pas suivre, selon mon habitude,
vos travaux.
Veuillez cependant, Messieurs, me per
mettre de vous offrir, en terminant, l’assu
rance de mes vives sympathies et de mon
patriotique dévouement.
Le préfet de l'Isère^ CHAPUYS-MONTLAVILLE.
Sinistres arrivés à Allevard par
les inondations du torrent du
Bréda.
Pendant les journées des 30 et 31 juil
let , il ne cessa de tomber des pluies tor
rentielles accompagnées d’un vent du sud
violent et très-chaud , qui firent fondre
rapidement les neiges accumulées pen
dant l’hiver sur la grande chaîne des Al
pes qui séparent le canton d’Allevard de
la province sarde de Saint-Jean-de-Mau-
rienne.
Pendant la nuit du 31 juillet au 1 er
août , la pluie continua avec plus de
force ; les eaux du torrent du Bréda, qui
prend sa source dans les montagnes des
sept lacs, grossies déjà par les pluies pré
cédentes augmentées par la fonte des
glaciers qui bordent les sept lacs, par les
avalanches détachées du glacier de Gley-
sin dans la soirée du 31, s’élevèrent tout
à coup à un niveau inconnu jusqu’alors ,
ce qui fît présager de suite les terribles si
nistres qui devaient bientôt arriver.
Dès les quatre heures du matin , cinq
ponts reliant les différents quartiers du
bourg d’Allevard furent emportés ; à cinq
heures, le pont qui établit les communi
cations entre les communes de Pinsot, la
Ferrière et Allevard, situé à l’entrée de
l’usine métallurgique , fut enlevé ; une
demi-heure après, une partie des bureaux
et magasins de l’usine s’écroulèrent. Peu
d’instants après , les digues qui encais
saient le lit du torrent et qui protégeaient
l’usine de M. Charrière, furent emportées.
Ce ne fut qu’après avoir percé un mur,
que l’on parvint à sauver tous les regis
tres et les papiers de l’usine, ainsi que la
caisse ; les ouvriers enlevèrent des maga
sins tous les aciers qu’ils contenaient.
Une heure après, il devint nécessaire
d’abattre le pont situé à l’extrémité de l’u
sine , contre lequel s’étaient accumulés et
amassés tous les arbres entraînés par le
torrent, dont le cours impétueux grossis
sait à chaque minute. Ce ne fut qu’après
des efforts continuels et multipliés qu’on
parvint à faire sauter ce pont. Dès lors
le niveau des eaux baissa un peu. Sur
les sept heures , les digues qui proté
geaient le four à plâtre situé derrière le
bâtiment des laminoirs , furent empor
tées , et le torrent enlevant à chaque in
stant des portions nouvelles de terrain,
on s’efforça d’amener sur ce point battu
en brèche, des arbres entiers abattus dans
le voisinage , des madriers de sapin, des
branches feuillées , afin d’arrêter l’enva-
hissement des eaux.
A huit heures, la route qui conduit
d’Allevard à l’usine fut enlevée, et le tor
rent se creusa un lit profond à la place
du chemin. A neuf heures, les moulins
XXXIII e ANNEE.
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MARDI 5 AOUT 1851.
-des-Victoires, 26; chez M. Havas, 3, rue J.-J. Rousseau; chez M. Fontaine, rue Vivienne, 8, chargés de recevoir les Annonces.
On s’abonne, à Paris, chez MM. Lejolivet etC 0 , rue
Publication s
Mardi, Jeudi, Samedi.
Insertions : 20 centimes par ligne.
Les lettres non affranchies ne seront pas reçues.
Bureaux t
Chez BARATIER frères et fils
Grand’rue, 4 , à Grenoble.
L’abonnement continue jusqu’il réception d’un avis contraire
Prix d'abonnement
Dans le département de l’Isère :
Un an , 20 fr. — 6 mois, 11 fr. — 3 mois, 6 fr.
Hors du département: Un an , 25 fr.
GRENOBLE, 4 AOUT.
Conseil d'arrondissement de
Grenoble.
M. le préfet de l’Isère, dont la con
duite courageuse et l’infatigable dévoue
ment dans les sinistres journées que nous
venons de traverser, sont au-dessus de
tout éloge, a ouvert la session du con
seil d’arrondissement, commencée aujour
d’hui , par un rapport sur les inondations,
dans lequel il indique les mesures qu’il
se propose de prendre pour venir autant
que possible en aide aux misères et aux
infortunes sans nombre que le fléau a
fait naître. Nous ne doutons pas que le
conseil, dans son patriotisme éclairé,
ne joigne ses énergiques efforts aux in
tentions généreuses de l’administration
pour concourir au soulagement des mal
heureuses victimes de ce grand désas
tre. p. fissont.
Voici le rapport de M. le préfet :
Messieurs,
Au moment où je me réjouissais de me
retrouver bientôt au milieu de vous, mon
rapport préparé, écrit , me félicitant de ce
que rien n’avait, dans l’intervalle de vos
deux sessions, altéré la prospérité du dépar
tement de l'Isère, et où je m'entretenais
avec vous des moyens à prendre pour la
rendre durable, un épouvantable sinistre est
venu fondre inopinément sur plusieurs
points du département, et notamment de
l’arrondissement de Grenoble.
A Voreppe, àVoiron, au Fontanil, à Vaul-
naveys, à Allevard, àPontcharra, à Saint-
Laurent-du-Pont, à Entraigues, les torrents
deRoise,de Bréda, et une foule d’autres
cours d’eaux se sont précipités à flots pressés
des montagnes, entraînant sur leur passage
les digues , les arbres , les champs, les usi
nes, les ponts, et semant la dévastation dans
le pays.
A Voreppe, le bourg menacé pendant 36
heures, n’a dû son salut qu’au vigourenx
dévouement de la population dont les efforts
habilement dirigés par l'agent-voyer du dé
partement que j’avais conduit sur les lieux,
ont opéré en quatre heures un véritable
travail de Romains.
Plus de cent arbres traînés par six che
vaux ont été amarrés et jetés en avant des
eaux, dans le court espace de temps que
je viens d'indiquer.
A Voiron, l’angle de la papeterie de M.
Frachon a été emporté.
A Saint-Laurent-du-Pont, la plaine est
entièrement submergée, les récoltes sont
perdues. Le chemin de Fourvoirie est enlevé.
A Allevard, les ponts et les moulins sont
tous détruits sans exception. Je les ai fait ré
tablir par l’artillerie.
Dans tous les lieux que je viens de par
courir, des désastres analogues se sont pro
duits, et le temps me manque pour entrer
dans les détails que ce sinistre effroyable
comporterait.
Je dépose sur votre bureau la correspon
dance officielle des diverses autorités que
vous pourrez consulter , et qui vous donnera
une idée des malheurs que les eaux ont
occasionnés aux populations rurales et in
dustrielles des campagnes.
Comme moi vous aurez l’âme navrée, mais
vous serez fiers de l’énergie, de la vigueur
de tête et de cœur, du dévouement dont les
citoyens et les autorités municipales ont fait
preuve dans cette circonstance.
Les ouvriers, suivant les habitudes géné
reuses qui leur sont familières se sont mis à
l’eau au plus fort du danger pour préserver
et réparer.
Les maires, les sapeurs-pompiers, les ci
toyens de tous rangs et de toutes conditions,
les ont secondés et ont rivalisé avec eux.
Toutes les classes de la société ont noblement
fraternisé dans le danger et ont fait connaître
ainsi leur commune origine.
M. l’agent-voyer en chef, à Voreppe et à
Allevard, a déployé une intelligence et un
courage qui l’honorent et je suis heureux de
trouver cette occasion de lui adresser mes féli-
citations. Des personnes de passage dans le
pays ne se sont pas épargnées. A Voreppe,
M. Blandin jeune, architecte, s’est mis à ma
disposition et a dirigé avec succès un atelier
de sauvetage. A Allevard, les baigneurs ont
joint leurs efforts à ceux de la population ; ils
ont fait une souscription de plus de 500 fr.
« J’ajouterai que les troupes, dirigées sur
les points les plus mauvais et les plus ravagés,
ont montré leur activité , leur zèle , leur dé
vouement, leur mépris du danger habituels.
« Deux compagnies du 25 e de ligne, arrêtées
le 31, au Chevalon , sur le torrent de Malsou
che, le lendemain à cinq heures du matin ,
l’ont traversé en faisant la chaîne pour ne
point être emportés par la violence des eaux.
Arrivées à Voreppe à six heures, elles ont
puissamment contribué à achever le sauvetage
et à préserver le bourg.
A Allevard, un détachement d’artillerie,
commandé par M. le capitaine de Ménibus,
officier d’un rare mérite et d’avenir, a jeté un
pont provisoire sur le Bréda afin de rétablir
le passage entre les deux parties du bourg qui
depuis deux jours étaient sanscommunication.
Douze hommes, sous la conduite d’un offi
cier, ont rendu le même service aux commu-
nés d’Allevard , de Pinsot et de la Chapelle-
du-Bard, en rétablissant le pont de Veyton.
L’artillerie a également aidé à rétablir les
moulins. Vingt hommes travaillaient à l’usine,
dirigée par M. Charrière.
Cet important établissement a éprouvé des
pertes énormes malgré le zèle des employés,
des ouvriers , de la population et l’intelligent
dévouement de son chef.
Maintenant, Messieurs, il nous reste à
nous occuper des moyens de rémédier à tant
de maux.
Des souscriptions sont ouvertes, j’espère
qu’elles seront abondantes.
Déjà , par première dépêche , j’ai réclamé
un secours au gouvernement.
Je vais vous demander, bientôt, la per
mission de vous quitter pour faire un rapport
plus détaillé, général, et solliciter des secours
plus abondants. Il est impossible que les fonds
ordinaires suffisent. L’Assemblée législative
ne refusera pas, avant de se séparer, de voter
les ressources indispensables pour adoucir de
telles misères.
D’autre part, je prends des mesures pour
que l’évaluation officielle des perles soit faite
le plus promptement possible. Je cherche à
abréger les détails. J’ai écrit dans ce sens,
hier, à mon arrivée , à la direction des con
tributions directes.
M, l’ingénieur en chef, qui a déjà montré
sa sollicitude en se portant, dès le 31 au soir,
au Chevalon , pour rétablir les communica
tions entre Grenoble et Lyon , et qui a passé
la journée d’hier à Allevard, s’occupe du
soin de rendre parfaitement viables les rou
tes nationales et départementales qui ont souf
fert.
M. l’agent-voyer en chef a donné des in
structions dans le même but en ce qui con
cerne les chemins de grande communication
et les chemins intérieurs.
J’écris à M. l’ingénieur en chef des mines
pour l’inviter à vouloir bien faire visiter les
bassins de réception des torrents de Roise,
du Fontanil, du Chevalon, ainsi que tous les
lieux où les divers torrents qui ont désolé le
département de l’Isère prennent leur sour
ce, afin de connaître les causes qui ont amené
les derniers sinistres, d’examiner si les pro
babilités doivent en faire redouter le retour,
et d’autre part, s’il n’y aurait pas des me
sures de prévoyance et de précaution à pren
dre pour prévenir de nouvelles inondations.
. Tout ce que les diverses administrations
pourront faire dans ces déplorables circon
stances pour contribuer à alléger le lourd
fardeau qui pèse sur les populations , elles
le feront avec un vif sentiment de patriotisme.
Messieurs, vous les aiderez dans cette rude
tâche. Vous voudrez bien de votre côté, me
transmettre tous les renseignements à votre
disposition sur les causes et l’étendue des
désastres, sur les traits de dévouement et de
courage qui se sont produits, sur les moyens
à prendre pour réparer le mal.
La connaissance des causes des sinistres
nous permettra de préserver l’avenir du
retour de pareils malheurs. Celle de l’étendue
des pertes nous donnera la mesure des se
cours qu’il faut demander et chercher à
obtenir. Celle des traits de courage et de dé
vouement, nous fournira le texte des rapports
qui serviront à éclairer l’autorité supérieure
sur les récompenses à accorder.
Veuillez aussi me signaler les pauvres fa
milles qui ont trop perdu , qui ont tout
perdu, à qui les ressources nécessaires à la
vie ont été complètement enlevées. Celles-là
auront la préférence, triste préférence, dans
la distribution à faire.
Veuillez aussi, Messieurs , en constatant
officiellement ce malheur, émettre un vœu
pour que le conseil général dont vous ne
ferez que prévenir les intentions généreuses,
et pour que le gouvernement , toujours
prêt à donner l’aide de la France à toutes
les grandes infortunes qui viennent assaillir
le pays, accorde les secours les plus larges
aux victimes de l’inondation de 1851 dans
l’Isère.
Je dépose le rapport général que j’avais
préparé , sur votre bureau , en vous priant
d’agréer mes excuses et les regrets que j‘é-
prouve de ne pas suivre, selon mon habitude,
vos travaux.
Veuillez cependant, Messieurs, me per
mettre de vous offrir, en terminant, l’assu
rance de mes vives sympathies et de mon
patriotique dévouement.
Le préfet de l'Isère^ CHAPUYS-MONTLAVILLE.
Sinistres arrivés à Allevard par
les inondations du torrent du
Bréda.
Pendant les journées des 30 et 31 juil
let , il ne cessa de tomber des pluies tor
rentielles accompagnées d’un vent du sud
violent et très-chaud , qui firent fondre
rapidement les neiges accumulées pen
dant l’hiver sur la grande chaîne des Al
pes qui séparent le canton d’Allevard de
la province sarde de Saint-Jean-de-Mau-
rienne.
Pendant la nuit du 31 juillet au 1 er
août , la pluie continua avec plus de
force ; les eaux du torrent du Bréda, qui
prend sa source dans les montagnes des
sept lacs, grossies déjà par les pluies pré
cédentes augmentées par la fonte des
glaciers qui bordent les sept lacs, par les
avalanches détachées du glacier de Gley-
sin dans la soirée du 31, s’élevèrent tout
à coup à un niveau inconnu jusqu’alors ,
ce qui fît présager de suite les terribles si
nistres qui devaient bientôt arriver.
Dès les quatre heures du matin , cinq
ponts reliant les différents quartiers du
bourg d’Allevard furent emportés ; à cinq
heures, le pont qui établit les communi
cations entre les communes de Pinsot, la
Ferrière et Allevard, situé à l’entrée de
l’usine métallurgique , fut enlevé ; une
demi-heure après, une partie des bureaux
et magasins de l’usine s’écroulèrent. Peu
d’instants après , les digues qui encais
saient le lit du torrent et qui protégeaient
l’usine de M. Charrière, furent emportées.
Ce ne fut qu’après avoir percé un mur,
que l’on parvint à sauver tous les regis
tres et les papiers de l’usine, ainsi que la
caisse ; les ouvriers enlevèrent des maga
sins tous les aciers qu’ils contenaient.
Une heure après, il devint nécessaire
d’abattre le pont situé à l’extrémité de l’u
sine , contre lequel s’étaient accumulés et
amassés tous les arbres entraînés par le
torrent, dont le cours impétueux grossis
sait à chaque minute. Ce ne fut qu’après
des efforts continuels et multipliés qu’on
parvint à faire sauter ce pont. Dès lors
le niveau des eaux baissa un peu. Sur
les sept heures , les digues qui proté
geaient le four à plâtre situé derrière le
bâtiment des laminoirs , furent empor
tées , et le torrent enlevant à chaque in
stant des portions nouvelles de terrain,
on s’efforça d’amener sur ce point battu
en brèche, des arbres entiers abattus dans
le voisinage , des madriers de sapin, des
branches feuillées , afin d’arrêter l’enva-
hissement des eaux.
A huit heures, la route qui conduit
d’Allevard à l’usine fut enlevée, et le tor
rent se creusa un lit profond à la place
du chemin. A neuf heures, les moulins
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