Titre : L'Armoricain : journal politique, commercial, maritime et littéraire ["puis" journal de Brest et du Finistère...]
Éditeur : [s.n.] (Brest)
Date d'édition : 1848-01-15
Contributeur : Bouët, Alexandre (1798-1857). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32702269v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 15 janvier 1848 15 janvier 1848
Description : 1848/01/15 (A15,N2245). 1848/01/15 (A15,N2245).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG29 Collection numérique : BIPFPIG29
Description : Collection numérique : BIPFPIG29 Collection numérique : BIPFPIG29
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t51188180g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-59
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 12/02/2023
L'Armoricain.
menssesr
mois annoncent de l’amélioration ; et , pour ne parler que
du mois de décembre, il donne seize cent mille francs de
plus que celui de 1846.
—3-9O-
Depuis plusieurs jours , les deux grands calorifères qui
servent au chauffage des salles de la bibliothèque de la ma
rine , dans le port , ne fonctionnent plus; l'approvisionne-
ment en bois affecté à cet établissement est à - peu-
près épuisé. Une demande supplémentaire de combustible ,
autorisée par M. le major général, et basée sur le peu d'effi-
cacitée de ces calorifères, malgré la quantité énorme de
bois qu’ils absorbent, a été faite à M. le préfet ma
ritime , par M. le bibliothécaire. Il aurait, dit-on , été ré
pondu à cette demande par un refus formel, motivé sur
l’impossibilité d’augmenter la quotité de bois de chauffage
réglementairement accordée pour chaque feu. Ce refus, s’il
devait être irrévocable, aurait pour résultat immédiat de
faire fuir la bibliothèque pendant l’hiver , et d’exposer les
livres à une prompte détérioration. Nous ne pensons pas que
telle soit l’intention du gouvernement. L’autorité maritime
songe peut-être à remplacer ces inutiles et trop dispendieux
poêles par un appareil de chauffage mieux combiné ; mais
en attendant celte indispensable modification , il est de la
dernière urgence de ne pas laisser la bibliothèque sans feu.
M. le préfet maritime aura probablement été mal compris ;
en tous cas nous ne doutons pas qu’il ne s’empresse de pres
crire des mesures propres à assurer la conservation des livres
et à ménager la santé des personnes qui fréquentent la bi
bliothèque. Deux ou trois poêles volans suffiraient en atten
dant le nouveau système de chauffage qui, l'été prochain ,
pourrait être adopté.
NECROLOGIE.
M. Christophe-Paulin DE LA POIX, Chevalier DE FREMINVILLE.
Nous avons annoncé la mort de M. de Fréminville. Jeudi
ont eu lieu ses obsèques, auxquelles ont assisté un grand
nombre de citoyens et d’officiers appartenant ‘aux différens
corps des armes de terre et de mer.
M. le chevalier de Fréminville n’était pas un homme or
dinaire. Comme officier , comme naturaliste , comme anti
quaire et archéologue , il a laissé dans la marine et dans
notre province des souvenirs qui ne périront pas.
Né à Ivry , en 1786 , il entra fort jeune dans la marine.
Ses premiers pas dans la carrière furent éprouvés par de
rudes et pénibles croisières sur les côtes, d’Islande et d’Ir
lande. Puis il fut embarqué sur un des navires de la première
flotille de Boulogne , contre laquelle vinrent deux fois se
briser les efforts de Nelson et de l’Angleterre. Il partit en
suite pour cette désastreuse campagne de Saint-Domingue
qui moissonna tant de braves et où succombèrent tant de
jeunes officiers , l’élite et l’espoir de la marine. Il était em
barqué sur le vaisseau l’ Intrépide. Le poste se composait de
dix-sept élèves ; q uatre seuls revirent le sol de la France :
c’étaient lui , l’honorable M. Gicquel des Touches, aujour
d’hui capitaine de vaisseau en retraite , M. Le Coupé , lieu
tenant de vaisseau en retraite, et M. Lépeagnol.
De retour en France , M. de Fréminville fut appelé au
commandement d’une péniche lors de la création de la se
conde flotille de Boulogne. Il eut l’honneur de recevoir
l’Empereur à son bord et d'échanger avec lui les paroles
suivantes ; Vous êtes noble, monsieur? — Sire, je l’étais :
aujourd’hui je ne le suis plus que de cœur. — c’est bien,
reprit l’Empereur en lui touchant la main , je vous fais offi
cier. — Je ne suivrai pas M. de Fréminville dans ses lon
gues et pénibles croisières pendant les guerres de l’empire,
ou dans ses campagnes aux Antilles, au Brésil, etc. Officier
ou commandant il sut, par l'affabilité de son esprit et l'élé-
vation de son âme, s’attirer l’affection de ses camarades et de
ses subordonnés, et, tout en remplissant ses devoirs de marin,
il utilisa ses loisirs au profit de l’histoire naturelle. — Par-
Eme scm eccre a esoceccmcnncecmn ca
venu au grade de capitaine de frégate et ressentant déjà les
atteintes de la maladie à laquelle il a succombé, il se vit
contraint de se condamner à la retraite.
Considéré comme naturaliste , il nous suffira , pour faire
apprécier le mérite de M. de Fréminville, de dire qu’il jouis
sait de l’estime entière des Cuvier , des Brogniart, des
Prony, savans illustres qui attachaient un haut prix à sa
collaboration.
Antiquaire et archéologue , M. de Fréminville était compté
parmi ce que la Bretagne et la France possèdent de plus dis
tingué. Chevalier de Malte , du Temple et du Christ, il avait
voué au moyen-âge un cuite tout particulier , et pour ainsi
dire exclusi , et cette sorte de fanatisme domina toujours
ses affections et ses études. Il disait souvent dans ses
causeries intimes : je suis né 400 ans trop tard. Avec quelle
foi naïve, quelle chaleur de conviction, quelle coloration de
langage il parlait de ces temps héroïques, et surtout de ces
chevaliers du Temple , de ces moines-soldats, qui devaient
toujours accepter le combat, fût-ce d’un contre quatre , ne
jamais demander quartier , ne jamais donner de rançon , pas
un pan de mur , pas un pouce de terrain. Et puis, entraîné
par son enthousiasme , il vivait, pour ainsi dire , au sein de
la chevalerie. Il aurait volontiers endossé l’armure de fer, et,
monté sur son noble destrier, il serait allé faire office de che
valier, cherchant joustes et tournois , protégeant femmes,
veuves et orphelins , hommes mes-aisés et non-puissans.
C’étaient là sans doute des idées bizarres , excentriques;
mais ne les raillons pas : respectons-les , nous autres, enfans
de la Bretagne, car elles nous ont valu deux bons ouvrages
qui ont jeté de l’éclat sur notre contrée. Je veux parler des
Recherches sur les Antiquités Bretonnes , et de la Vie du
Connétable de Duguesclin. — Duguesclin ! Oh ! que ce nom
faisait battre le cœur de M. de Fréminville, Duguesclin!
C’était son héros à lui. C'était le preux des preux, la plus
noble expression du moyen-âge, le chevalier dans tout l’idéal
de sa beauté!
M. de Fréminville s'était voué de cœur à la Bretagne. Et
comment ne l’aurait-il pas aimée , celle terre où il retrou
vait à chaque pas les objets de ses affections : ces monumens,
ces châteaux ruinés, vieux débris de la féodalité , ces vieilles
commanderies qui lui rappelaient la puissance de ses chers
Templiers ! Aussi est-ce pour payer sa dette à sa patrie
ado; t ve qu’il entreprit d’écrire ses recherches sur les anti
quités de la Bretagne , cet ouvrage qui a donné parmi nous
une si grande impulsion aux études archéologiques; ouvrage
qui, malgré quelques erreurs , a pris dans la science un
rang qu’il ne perdra plus , et qui sauvera de l’oubli; le nom
de son auteur.
M. de Fréminville est mort dans le sein de la foi catho
lique ; le cœur plein d’espérance il répétait souvent
pendant sa longue et douloureuse maladie que notre
passage ici-bas n’est qu’un état de transition pour arriver à
une vie meilleure. Hélas ! la sienne n’a pas été exempte d’a
mertume et, comme l’a dit un de ses amis intimes, celte
âme ardente, inquiète, mais si noble et si généreuse ne de
vait trouver de repos que dans la tombe.
En lui finit le culte du moyen-âge ; en lui finit le dernier
des chevaliers.
M. de Fréminville était chevalier des ordres de la légion-
d’honneur et de Saint-Louis, des ordres militaires et reli
gieux de Malte, du Temple et du Christ, membre de la
société royale des antiquaires de France et de plusieurs
autres sociétés savanies.
M. Alexandre Bouët, dont le Bréis-izel a été si honora
blement mentionné par M. de Fréminville dans son Guide
du voyageur , nous a vivement exprimé le regret de n’avoir
pu lui payer la dette de la reconnaissance , en lui adressant
sur sa tombe un dernier adieu.
ce-
Une réunion des actionnaires de la boulangerie sociétaire
aura lieu demain dimanche , à 11 heures , à la salle Mont-
Louët , près le perron de Saint-Louis.
===== —=============
H est essentiel que tous les actionnaires s’y rendent, pous’est em
nommer les membres du comité de surveillance qui aurorétaient
à s’occuper de l’installation immédiate de la manutention
Nos concitoyens qui sont dans l’intention de souscrire
sont donc engages à le faire de suite, ou à venir à la rén
nion où les listes seront déposées pour leur éviter. tout dé
placement.
— A de
Chronique de l’Ouest.
Lecturt
suite de
M. le contre-amiral Menouvrier-Defresne , ancien préf M.
maritime , à Lorient, est mort dimanche dernier , dans cetrendu [
ville , à l’âge de 65 ans. Pontife
-- ■ glorieu
LORIENT. — Le 29 décembre, la fille Baudet, détenuele mêm
Lorient, sous la prévention de ‘complicité dans l’attentat dvernen
Pont-Sal, a tenté de se suicider en s’ouvrant la veine du br; Sur
gauche avec un morceau de bouteille. Elle avait déjà perdtage; i
beaucoup de sang lorsque, par un hasard heureux, l’arrivacquitt
des magistrats instructeurs, venus pour l’interroger, a fapar M.
connaître sa situation. De prompts secours lui ont été donplan » 1
nés, et son état n’offrait rien d’inquiétant dès le lendemainpassé e
• A la
Rennes. — Une femme âgée, nommée Guillard, qui demençai
meurait dans une mansarde de la rue Trinité , et y vivabassade
plus que modestement, avait invité , dimanche dernier , uconseil
de ses neveux , commerçant dans la rue Louis-Philippe .n’aurai
venir faire les Rois chez elle.
le gén
Quand celui-ci arriva le soir, il trouva sa tante tombée eétrang
travers de la cheminée où die avait préparé le souper : elMontal
avait succombé à une affection du cœur. M. Laf
Mais le souper des Rois n’en a pas été moins splendidminist
pour les héritiers. Dans un tiroir on a trouvé un porte II ai
feuille contenant 20,000 fr. en billets de banque, plus unen Ital
rente de 1,000 fr. sur le grand-livre , et dans une malbéralis
environ 500 fr. en or et 9,400 fr. en argent C’est en totquesi
une succession de 54 à 55,000 fr. , laissée par une femmaurait
à qui on eût cru à peine 200 à 300 fr. de rente.
Extérieur.
bilité ;
que s’
change
de sor
Plata. — Nous recevons de Liverpool, dit le Commerceltalien
par le Modeste , des nouvelles de la plus haute importancavait c
sur les affaires de la république Orientale. autric
Après les avoir lues, on demeurera bien convaincu dsecon
toute l’opportunité des réflexions que nous avons faites danconcel
le temps sur les effets inévitables de la levée du blocus pades as
la flotte anglaise. Quand Rosas n’a plus eu affaire qu’à unminis
seule des puissances protectrices de Montevideo, toute soi । ? ca
audace s’est réveillée ; et si Montevideo n’est point en ce mochien
ment au pouvoir de son lieutenant, Oribe , cela tient au couAY
rage des Montevidéens et de ces Français tant de fois aban"ideel
donnés par la mère-patrie , et qui semblent puiser sanscessPFEr.
une nouvelle énergie , dans le dénuement même où ils sh al
trouvent. ) 1
Voici d’ailleurs les faits :
Le 13 novembre , le gouvernement brésilien avait reçu I; —
réponse de Rosas aux nouvelles propositions de paix faite paag
unemiere
par le cabinet de Rio. Le dictateur se refusait encore
fois à toute espèce d’arrangement.
A la date du 22 octobre, Rosas a rendu un décret
d’empêcher toute communication avec Montevideo. Ce
cret, rendu le 26 octobre , est ainsi conçu :
pas a(
afintrouvi
dé-estar
maint
a Tout bâtiment de commerce venant de haute mer quitandis
entrera à Montevideo ne sera plus reçu à Buenos-Ayres nicoura
dans aucun port appartenant à la république. Aucun bâti' —
ment de moins de 120 tonneaux ne sera admis à prendre unprote:
chargement. » poser
Dès que les autorités françaises ont eu connaissance de ceanan
décret, l’amiral Leprédour a donné des ordres pour que le asset
blocus de Buenos-Ayres fût exécuté en toute rigueur. ehe 1
Le Pandour , frégate à vapeur, est venu renforcer lesCome
bâtimens faisant le blocus, et ce vapeur s’est rendu , le 264 n s
octobre , au port Ensenada (province de Buenos-Ayres) ; iP ’
sucui
même , il était aisé de se convaincre que c’était la première
manifestation du beau Tancrède.
Hector ne se fit pas prier.
— Eh bien ! monsieur, lui dit-elle , lorsqu’il l’eût ache
vée , pensez-vous toujours que le chevalier ?... — Oh ! par
donnez-moi , mademoiselle, pardonnez la folie de mes soup
çons !... mais, je me rends justice, le chevalier a plus qu’il
ne faut pour plaire , et moi... je n’ai que mon amour !
Il s'était insensiblement rapproché d’elle, il s’assit sur le
sopha, à ses côtés , et lui saisit la main avec une sorte de
violence.
— Et je vous aime mieux qu’il ne vous aime, croyez-
le bien ! vous me feriez trop de mal d’en douter ! Mon amour
à moi , c’est mon seul bien, c’est la seule chose que je
puisse vous offrir , c’est mon seul titre !... Oh ! si vous le
vouliez, dire aimée ce serait ne rien dire, vous seriez ido
lâtrée !...
Zacharie, à qui l’émotion coupait la voix, n’avait pas eu la
force de retirer sa main; elle écoulait chaque parole de Colris,
comme on écoute une musique délicieuse. Son cœur bondis
sait dans sa poitrine, ses tempes battaient à se briser : la pau
vre petite sesentail en proie à une sorte d’extase Tout con
tribuait aussi à donner à ce tête-à-tête cette attraction magné
tique si vertigieuse : la nuit avait peu à peu étendu ses ombres
et plongé le boudoir dans cette obscurité qui rend la faiblesse
plus grande, la résistance plus molle, et la témérité plus
audacieuse. Ces deux enfans , ivres d’amour, que tout sem
blait entraîner l’un vers l’autre, ne pouvaient tarder à s’en
tendre. Celle-ci , qui n’avait guère rencontré chez sa tante
une école de réserve et de pruderie , loin d’avoir été habi
tuée à commander à son cœur, en avait jusqu’alors subi les
élans avec cette fougue des caractères de feu. Pourquoi,
d’ailleurs, eût-elle combattu le sentiment qui l’envahissait?
Depuis sa naissance, avait-elle respiré un seul instant dans
une atmosphère qui ne fût pas une atmosphère de volupté ?
De qui eût-elle appris à fuir l’amour comme un danger, à le
craindre comme une peste ? L’amour vieux et cacochyme
l'avait rempli de dégoût ; l’amour jeune , rosé , souriant,
dévoué, devait laf assiner. Et cela n’est-il pas bien naturel?
Au bout de tout, songez-donc! nous sommes encore au
XVIIIe siècle, au sein de ce siècle immoral et débauché,
qui joue de ses restes et qui papillonne , un pied déjà dans
la tombe.
Le silence de la jeune fille était un encouragement tacite;
Hector continua avec cette éloquence de l’âme, qui vaut
toutes les éloquences :
— Vous ne me répondez pas ! Si vous saviez pourtant ce
que pourrait un mot de vous ! ce qu’il y aurait pour moi
d’ivresse à apprendre que ma tendresse m’a gagné la vôtre ;
à m’entendre dire que je puis espérer !... espérer ! OL !
rien que ce mot !...
Ses yeux étaient attachés sur les siens avec une fixité qui
la brûlait ; son haleine lui tombait sur les joues en vapeur
de feu. Zacharie demeurait silencieuse, mais tout disait au
chevalier que ce silence était plutôt de la confusion que de
la colère. Au reste, les violentes palpitations de la main qu’il
tenait étaient un témoignage délateur de ce trouble , qu’on
était deux à partager. Si l’amour ne se complaisait pas dans
les rédites, Hector se fût tu et n’eût plus éprouvé le besoin
d’interroger : il ne pouvait plus ignorer son bonheur !
Il glissa son bras sous la taille flexible qui s’abandonnait
à lui, il l’attira sur son cœur par un geste passionné , et lui
demanda, ses lèvres à un doigt des siennes :
— Zacharie ! Zacharie !... m’aimes-lu ?
Il n’attendit pas la réponse : leurs lèvres se touchaient
presque , ces deux aimans étaient trop voisins pour ne pas
subir les lois irrésistibles de l’attraction ; ils se joignirent.
Après cette première caresse , suivit une avalanche d’a
veux , de paroles brûlantes, de phrases folles, de soupirs
ardens , un flot de mots entrecoupés et sans signification ,
qui se heurtaient, s’entrechoquaient comme le fer de deux
ennemis.
La petite Zacharie, cédant enfin au besoin d’épanche
ment qui l’étouffait, lui avoua, à son tour, combien elle l’ai
mait. Elle lui dit que son amour avait la même date que le
sien, et que la joie qu’elle ressentit en le voyant au Mariage
de Figaro ne pouvait être autre chose, bien qu’elle ne s’en
douta pas alors. Elle lui dit combien le vieux maréchal lui
était antipathique depuis qu’elle le connaissait, lui, Colris preul
combien elle avait été affligée , désespérée en apprenant sasa.s
maladie. Puis, ce fut entr’eux une querelle sérieuse sur le renia
plus ou le moins de force de leur affection : Hector préten-Sente
dait aimer le plus; Zacharie jurait ses grands dieux qu’il 9" V
n’en était rien , et que c’était elle qui aimait d’avantage; de
là des baisers, de nouvelles caresses, des étreintes sans fin à
l’appui de chaque assertion, adorables enfantillages qui pas- Le
sèrent comme l’éclair et durèrent deux bonnes heures. avjot
Pour les gens heureux, le temps n’est pas un vieillard se 1849
traînant sur ses ailes de plomb ; c’est une flèche qui fendl’ens
l’air, c’est un aigle qui dévore l’espace. Les deux amoureux s’est
comprirent que leur ivresse ne pouvait se prolonger davan- n’éla
tage,etla prudence, cette sauvage conseillère, vint leur com]
signifier de mettre un terme à ce délire passionné qui ne de- mini
vrait jamais finir. 1848
Ce fut la jeune fille , parce qu’elle avait le plus à redouter, Q
qui s’aperçut la première de l’inexorable rapidité des heures: situa
—Voici la nuit. Le maréchal vient quelquefois me prendre les a
pour me mener dans sa loge à l’Opéra. S’il te voyait ici ! Il rien
est jaloux de toi, sais-tu ?... et il a raison ! ajouta-t-elle en effor
lui prenant le menton de sa petite main blanche. — Oh ! résu
maudit soit le vieux grison ! — Qu’as-lu tant à lui en vou- Ir
loir !... Il me semble qu’il n’est qu’à plaindre. —A plaindre! nisti
quand ce trésor, que je paierais de ma vie, est en son pou- la m
voir ! quand , à chaque instant, il peut te voir, te parler, seco
que sais-je !... — Ingrat ! je vous conseille de vous désoler! peu
Le pauvre homme changerait bien avec vous, lui. — C’est L
égal, vois-tu ! j’ai l’enfer dans l’âme en songeant à l’auto- la so
rité qu’il s’est arrogée sur toi ! Il est puissant ; tu es entre 184
ses mains.. — C’est une bonne pâte au fond ; j’en fais ce cou
que je veux , ne crains rien. — Oui, jusqu’à-présent , mais ann
un jour peut venir... Oh ! c’est l’enfer que cette idée ! — per:
Repose-t-en sur moi, je saurai me défendre. D’ailleurs, un
qu’y pouvons-nous ? Le plus sage est de se soumettre, les
quand un mal est sans remède. — Sans remède ! soupira- real
t-il tristement. — En connais-tu un ? — Peut-être , si tu 1
m’aimais bien. — Parle ! parle ! ten
La suite du prochain numéro.
menssesr
mois annoncent de l’amélioration ; et , pour ne parler que
du mois de décembre, il donne seize cent mille francs de
plus que celui de 1846.
—3-9O-
Depuis plusieurs jours , les deux grands calorifères qui
servent au chauffage des salles de la bibliothèque de la ma
rine , dans le port , ne fonctionnent plus; l'approvisionne-
ment en bois affecté à cet établissement est à - peu-
près épuisé. Une demande supplémentaire de combustible ,
autorisée par M. le major général, et basée sur le peu d'effi-
cacitée de ces calorifères, malgré la quantité énorme de
bois qu’ils absorbent, a été faite à M. le préfet ma
ritime , par M. le bibliothécaire. Il aurait, dit-on , été ré
pondu à cette demande par un refus formel, motivé sur
l’impossibilité d’augmenter la quotité de bois de chauffage
réglementairement accordée pour chaque feu. Ce refus, s’il
devait être irrévocable, aurait pour résultat immédiat de
faire fuir la bibliothèque pendant l’hiver , et d’exposer les
livres à une prompte détérioration. Nous ne pensons pas que
telle soit l’intention du gouvernement. L’autorité maritime
songe peut-être à remplacer ces inutiles et trop dispendieux
poêles par un appareil de chauffage mieux combiné ; mais
en attendant celte indispensable modification , il est de la
dernière urgence de ne pas laisser la bibliothèque sans feu.
M. le préfet maritime aura probablement été mal compris ;
en tous cas nous ne doutons pas qu’il ne s’empresse de pres
crire des mesures propres à assurer la conservation des livres
et à ménager la santé des personnes qui fréquentent la bi
bliothèque. Deux ou trois poêles volans suffiraient en atten
dant le nouveau système de chauffage qui, l'été prochain ,
pourrait être adopté.
NECROLOGIE.
M. Christophe-Paulin DE LA POIX, Chevalier DE FREMINVILLE.
Nous avons annoncé la mort de M. de Fréminville. Jeudi
ont eu lieu ses obsèques, auxquelles ont assisté un grand
nombre de citoyens et d’officiers appartenant ‘aux différens
corps des armes de terre et de mer.
M. le chevalier de Fréminville n’était pas un homme or
dinaire. Comme officier , comme naturaliste , comme anti
quaire et archéologue , il a laissé dans la marine et dans
notre province des souvenirs qui ne périront pas.
Né à Ivry , en 1786 , il entra fort jeune dans la marine.
Ses premiers pas dans la carrière furent éprouvés par de
rudes et pénibles croisières sur les côtes, d’Islande et d’Ir
lande. Puis il fut embarqué sur un des navires de la première
flotille de Boulogne , contre laquelle vinrent deux fois se
briser les efforts de Nelson et de l’Angleterre. Il partit en
suite pour cette désastreuse campagne de Saint-Domingue
qui moissonna tant de braves et où succombèrent tant de
jeunes officiers , l’élite et l’espoir de la marine. Il était em
barqué sur le vaisseau l’ Intrépide. Le poste se composait de
dix-sept élèves ; q uatre seuls revirent le sol de la France :
c’étaient lui , l’honorable M. Gicquel des Touches, aujour
d’hui capitaine de vaisseau en retraite , M. Le Coupé , lieu
tenant de vaisseau en retraite, et M. Lépeagnol.
De retour en France , M. de Fréminville fut appelé au
commandement d’une péniche lors de la création de la se
conde flotille de Boulogne. Il eut l’honneur de recevoir
l’Empereur à son bord et d'échanger avec lui les paroles
suivantes ; Vous êtes noble, monsieur? — Sire, je l’étais :
aujourd’hui je ne le suis plus que de cœur. — c’est bien,
reprit l’Empereur en lui touchant la main , je vous fais offi
cier. — Je ne suivrai pas M. de Fréminville dans ses lon
gues et pénibles croisières pendant les guerres de l’empire,
ou dans ses campagnes aux Antilles, au Brésil, etc. Officier
ou commandant il sut, par l'affabilité de son esprit et l'élé-
vation de son âme, s’attirer l’affection de ses camarades et de
ses subordonnés, et, tout en remplissant ses devoirs de marin,
il utilisa ses loisirs au profit de l’histoire naturelle. — Par-
Eme scm eccre a esoceccmcnncecmn ca
venu au grade de capitaine de frégate et ressentant déjà les
atteintes de la maladie à laquelle il a succombé, il se vit
contraint de se condamner à la retraite.
Considéré comme naturaliste , il nous suffira , pour faire
apprécier le mérite de M. de Fréminville, de dire qu’il jouis
sait de l’estime entière des Cuvier , des Brogniart, des
Prony, savans illustres qui attachaient un haut prix à sa
collaboration.
Antiquaire et archéologue , M. de Fréminville était compté
parmi ce que la Bretagne et la France possèdent de plus dis
tingué. Chevalier de Malte , du Temple et du Christ, il avait
voué au moyen-âge un cuite tout particulier , et pour ainsi
dire exclusi , et cette sorte de fanatisme domina toujours
ses affections et ses études. Il disait souvent dans ses
causeries intimes : je suis né 400 ans trop tard. Avec quelle
foi naïve, quelle chaleur de conviction, quelle coloration de
langage il parlait de ces temps héroïques, et surtout de ces
chevaliers du Temple , de ces moines-soldats, qui devaient
toujours accepter le combat, fût-ce d’un contre quatre , ne
jamais demander quartier , ne jamais donner de rançon , pas
un pan de mur , pas un pouce de terrain. Et puis, entraîné
par son enthousiasme , il vivait, pour ainsi dire , au sein de
la chevalerie. Il aurait volontiers endossé l’armure de fer, et,
monté sur son noble destrier, il serait allé faire office de che
valier, cherchant joustes et tournois , protégeant femmes,
veuves et orphelins , hommes mes-aisés et non-puissans.
C’étaient là sans doute des idées bizarres , excentriques;
mais ne les raillons pas : respectons-les , nous autres, enfans
de la Bretagne, car elles nous ont valu deux bons ouvrages
qui ont jeté de l’éclat sur notre contrée. Je veux parler des
Recherches sur les Antiquités Bretonnes , et de la Vie du
Connétable de Duguesclin. — Duguesclin ! Oh ! que ce nom
faisait battre le cœur de M. de Fréminville, Duguesclin!
C’était son héros à lui. C'était le preux des preux, la plus
noble expression du moyen-âge, le chevalier dans tout l’idéal
de sa beauté!
M. de Fréminville s'était voué de cœur à la Bretagne. Et
comment ne l’aurait-il pas aimée , celle terre où il retrou
vait à chaque pas les objets de ses affections : ces monumens,
ces châteaux ruinés, vieux débris de la féodalité , ces vieilles
commanderies qui lui rappelaient la puissance de ses chers
Templiers ! Aussi est-ce pour payer sa dette à sa patrie
ado; t ve qu’il entreprit d’écrire ses recherches sur les anti
quités de la Bretagne , cet ouvrage qui a donné parmi nous
une si grande impulsion aux études archéologiques; ouvrage
qui, malgré quelques erreurs , a pris dans la science un
rang qu’il ne perdra plus , et qui sauvera de l’oubli; le nom
de son auteur.
M. de Fréminville est mort dans le sein de la foi catho
lique ; le cœur plein d’espérance il répétait souvent
pendant sa longue et douloureuse maladie que notre
passage ici-bas n’est qu’un état de transition pour arriver à
une vie meilleure. Hélas ! la sienne n’a pas été exempte d’a
mertume et, comme l’a dit un de ses amis intimes, celte
âme ardente, inquiète, mais si noble et si généreuse ne de
vait trouver de repos que dans la tombe.
En lui finit le culte du moyen-âge ; en lui finit le dernier
des chevaliers.
M. de Fréminville était chevalier des ordres de la légion-
d’honneur et de Saint-Louis, des ordres militaires et reli
gieux de Malte, du Temple et du Christ, membre de la
société royale des antiquaires de France et de plusieurs
autres sociétés savanies.
M. Alexandre Bouët, dont le Bréis-izel a été si honora
blement mentionné par M. de Fréminville dans son Guide
du voyageur , nous a vivement exprimé le regret de n’avoir
pu lui payer la dette de la reconnaissance , en lui adressant
sur sa tombe un dernier adieu.
ce-
Une réunion des actionnaires de la boulangerie sociétaire
aura lieu demain dimanche , à 11 heures , à la salle Mont-
Louët , près le perron de Saint-Louis.
===== —=============
H est essentiel que tous les actionnaires s’y rendent, pous’est em
nommer les membres du comité de surveillance qui aurorétaient
à s’occuper de l’installation immédiate de la manutention
Nos concitoyens qui sont dans l’intention de souscrire
sont donc engages à le faire de suite, ou à venir à la rén
nion où les listes seront déposées pour leur éviter. tout dé
placement.
— A de
Chronique de l’Ouest.
Lecturt
suite de
M. le contre-amiral Menouvrier-Defresne , ancien préf M.
maritime , à Lorient, est mort dimanche dernier , dans cetrendu [
ville , à l’âge de 65 ans. Pontife
-- ■ glorieu
LORIENT. — Le 29 décembre, la fille Baudet, détenuele mêm
Lorient, sous la prévention de ‘complicité dans l’attentat dvernen
Pont-Sal, a tenté de se suicider en s’ouvrant la veine du br; Sur
gauche avec un morceau de bouteille. Elle avait déjà perdtage; i
beaucoup de sang lorsque, par un hasard heureux, l’arrivacquitt
des magistrats instructeurs, venus pour l’interroger, a fapar M.
connaître sa situation. De prompts secours lui ont été donplan » 1
nés, et son état n’offrait rien d’inquiétant dès le lendemainpassé e
• A la
Rennes. — Une femme âgée, nommée Guillard, qui demençai
meurait dans une mansarde de la rue Trinité , et y vivabassade
plus que modestement, avait invité , dimanche dernier , uconseil
de ses neveux , commerçant dans la rue Louis-Philippe .n’aurai
venir faire les Rois chez elle.
le gén
Quand celui-ci arriva le soir, il trouva sa tante tombée eétrang
travers de la cheminée où die avait préparé le souper : elMontal
avait succombé à une affection du cœur. M. Laf
Mais le souper des Rois n’en a pas été moins splendidminist
pour les héritiers. Dans un tiroir on a trouvé un porte II ai
feuille contenant 20,000 fr. en billets de banque, plus unen Ital
rente de 1,000 fr. sur le grand-livre , et dans une malbéralis
environ 500 fr. en or et 9,400 fr. en argent C’est en totquesi
une succession de 54 à 55,000 fr. , laissée par une femmaurait
à qui on eût cru à peine 200 à 300 fr. de rente.
Extérieur.
bilité ;
que s’
change
de sor
Plata. — Nous recevons de Liverpool, dit le Commerceltalien
par le Modeste , des nouvelles de la plus haute importancavait c
sur les affaires de la république Orientale. autric
Après les avoir lues, on demeurera bien convaincu dsecon
toute l’opportunité des réflexions que nous avons faites danconcel
le temps sur les effets inévitables de la levée du blocus pades as
la flotte anglaise. Quand Rosas n’a plus eu affaire qu’à unminis
seule des puissances protectrices de Montevideo, toute soi । ? ca
audace s’est réveillée ; et si Montevideo n’est point en ce mochien
ment au pouvoir de son lieutenant, Oribe , cela tient au couAY
rage des Montevidéens et de ces Français tant de fois aban"ideel
donnés par la mère-patrie , et qui semblent puiser sanscessPFEr.
une nouvelle énergie , dans le dénuement même où ils sh al
trouvent. ) 1
Voici d’ailleurs les faits :
Le 13 novembre , le gouvernement brésilien avait reçu I; —
réponse de Rosas aux nouvelles propositions de paix faite paag
unemiere
par le cabinet de Rio. Le dictateur se refusait encore
fois à toute espèce d’arrangement.
A la date du 22 octobre, Rosas a rendu un décret
d’empêcher toute communication avec Montevideo. Ce
cret, rendu le 26 octobre , est ainsi conçu :
pas a(
afintrouvi
dé-estar
maint
a Tout bâtiment de commerce venant de haute mer quitandis
entrera à Montevideo ne sera plus reçu à Buenos-Ayres nicoura
dans aucun port appartenant à la république. Aucun bâti' —
ment de moins de 120 tonneaux ne sera admis à prendre unprote:
chargement. » poser
Dès que les autorités françaises ont eu connaissance de ceanan
décret, l’amiral Leprédour a donné des ordres pour que le asset
blocus de Buenos-Ayres fût exécuté en toute rigueur. ehe 1
Le Pandour , frégate à vapeur, est venu renforcer lesCome
bâtimens faisant le blocus, et ce vapeur s’est rendu , le 264 n s
octobre , au port Ensenada (province de Buenos-Ayres) ; iP ’
sucui
même , il était aisé de se convaincre que c’était la première
manifestation du beau Tancrède.
Hector ne se fit pas prier.
— Eh bien ! monsieur, lui dit-elle , lorsqu’il l’eût ache
vée , pensez-vous toujours que le chevalier ?... — Oh ! par
donnez-moi , mademoiselle, pardonnez la folie de mes soup
çons !... mais, je me rends justice, le chevalier a plus qu’il
ne faut pour plaire , et moi... je n’ai que mon amour !
Il s'était insensiblement rapproché d’elle, il s’assit sur le
sopha, à ses côtés , et lui saisit la main avec une sorte de
violence.
— Et je vous aime mieux qu’il ne vous aime, croyez-
le bien ! vous me feriez trop de mal d’en douter ! Mon amour
à moi , c’est mon seul bien, c’est la seule chose que je
puisse vous offrir , c’est mon seul titre !... Oh ! si vous le
vouliez, dire aimée ce serait ne rien dire, vous seriez ido
lâtrée !...
Zacharie, à qui l’émotion coupait la voix, n’avait pas eu la
force de retirer sa main; elle écoulait chaque parole de Colris,
comme on écoute une musique délicieuse. Son cœur bondis
sait dans sa poitrine, ses tempes battaient à se briser : la pau
vre petite sesentail en proie à une sorte d’extase Tout con
tribuait aussi à donner à ce tête-à-tête cette attraction magné
tique si vertigieuse : la nuit avait peu à peu étendu ses ombres
et plongé le boudoir dans cette obscurité qui rend la faiblesse
plus grande, la résistance plus molle, et la témérité plus
audacieuse. Ces deux enfans , ivres d’amour, que tout sem
blait entraîner l’un vers l’autre, ne pouvaient tarder à s’en
tendre. Celle-ci , qui n’avait guère rencontré chez sa tante
une école de réserve et de pruderie , loin d’avoir été habi
tuée à commander à son cœur, en avait jusqu’alors subi les
élans avec cette fougue des caractères de feu. Pourquoi,
d’ailleurs, eût-elle combattu le sentiment qui l’envahissait?
Depuis sa naissance, avait-elle respiré un seul instant dans
une atmosphère qui ne fût pas une atmosphère de volupté ?
De qui eût-elle appris à fuir l’amour comme un danger, à le
craindre comme une peste ? L’amour vieux et cacochyme
l'avait rempli de dégoût ; l’amour jeune , rosé , souriant,
dévoué, devait laf assiner. Et cela n’est-il pas bien naturel?
Au bout de tout, songez-donc! nous sommes encore au
XVIIIe siècle, au sein de ce siècle immoral et débauché,
qui joue de ses restes et qui papillonne , un pied déjà dans
la tombe.
Le silence de la jeune fille était un encouragement tacite;
Hector continua avec cette éloquence de l’âme, qui vaut
toutes les éloquences :
— Vous ne me répondez pas ! Si vous saviez pourtant ce
que pourrait un mot de vous ! ce qu’il y aurait pour moi
d’ivresse à apprendre que ma tendresse m’a gagné la vôtre ;
à m’entendre dire que je puis espérer !... espérer ! OL !
rien que ce mot !...
Ses yeux étaient attachés sur les siens avec une fixité qui
la brûlait ; son haleine lui tombait sur les joues en vapeur
de feu. Zacharie demeurait silencieuse, mais tout disait au
chevalier que ce silence était plutôt de la confusion que de
la colère. Au reste, les violentes palpitations de la main qu’il
tenait étaient un témoignage délateur de ce trouble , qu’on
était deux à partager. Si l’amour ne se complaisait pas dans
les rédites, Hector se fût tu et n’eût plus éprouvé le besoin
d’interroger : il ne pouvait plus ignorer son bonheur !
Il glissa son bras sous la taille flexible qui s’abandonnait
à lui, il l’attira sur son cœur par un geste passionné , et lui
demanda, ses lèvres à un doigt des siennes :
— Zacharie ! Zacharie !... m’aimes-lu ?
Il n’attendit pas la réponse : leurs lèvres se touchaient
presque , ces deux aimans étaient trop voisins pour ne pas
subir les lois irrésistibles de l’attraction ; ils se joignirent.
Après cette première caresse , suivit une avalanche d’a
veux , de paroles brûlantes, de phrases folles, de soupirs
ardens , un flot de mots entrecoupés et sans signification ,
qui se heurtaient, s’entrechoquaient comme le fer de deux
ennemis.
La petite Zacharie, cédant enfin au besoin d’épanche
ment qui l’étouffait, lui avoua, à son tour, combien elle l’ai
mait. Elle lui dit que son amour avait la même date que le
sien, et que la joie qu’elle ressentit en le voyant au Mariage
de Figaro ne pouvait être autre chose, bien qu’elle ne s’en
douta pas alors. Elle lui dit combien le vieux maréchal lui
était antipathique depuis qu’elle le connaissait, lui, Colris preul
combien elle avait été affligée , désespérée en apprenant sasa.s
maladie. Puis, ce fut entr’eux une querelle sérieuse sur le renia
plus ou le moins de force de leur affection : Hector préten-Sente
dait aimer le plus; Zacharie jurait ses grands dieux qu’il 9" V
n’en était rien , et que c’était elle qui aimait d’avantage; de
là des baisers, de nouvelles caresses, des étreintes sans fin à
l’appui de chaque assertion, adorables enfantillages qui pas- Le
sèrent comme l’éclair et durèrent deux bonnes heures. avjot
Pour les gens heureux, le temps n’est pas un vieillard se 1849
traînant sur ses ailes de plomb ; c’est une flèche qui fendl’ens
l’air, c’est un aigle qui dévore l’espace. Les deux amoureux s’est
comprirent que leur ivresse ne pouvait se prolonger davan- n’éla
tage,etla prudence, cette sauvage conseillère, vint leur com]
signifier de mettre un terme à ce délire passionné qui ne de- mini
vrait jamais finir. 1848
Ce fut la jeune fille , parce qu’elle avait le plus à redouter, Q
qui s’aperçut la première de l’inexorable rapidité des heures: situa
—Voici la nuit. Le maréchal vient quelquefois me prendre les a
pour me mener dans sa loge à l’Opéra. S’il te voyait ici ! Il rien
est jaloux de toi, sais-tu ?... et il a raison ! ajouta-t-elle en effor
lui prenant le menton de sa petite main blanche. — Oh ! résu
maudit soit le vieux grison ! — Qu’as-lu tant à lui en vou- Ir
loir !... Il me semble qu’il n’est qu’à plaindre. —A plaindre! nisti
quand ce trésor, que je paierais de ma vie, est en son pou- la m
voir ! quand , à chaque instant, il peut te voir, te parler, seco
que sais-je !... — Ingrat ! je vous conseille de vous désoler! peu
Le pauvre homme changerait bien avec vous, lui. — C’est L
égal, vois-tu ! j’ai l’enfer dans l’âme en songeant à l’auto- la so
rité qu’il s’est arrogée sur toi ! Il est puissant ; tu es entre 184
ses mains.. — C’est une bonne pâte au fond ; j’en fais ce cou
que je veux , ne crains rien. — Oui, jusqu’à-présent , mais ann
un jour peut venir... Oh ! c’est l’enfer que cette idée ! — per:
Repose-t-en sur moi, je saurai me défendre. D’ailleurs, un
qu’y pouvons-nous ? Le plus sage est de se soumettre, les
quand un mal est sans remède. — Sans remède ! soupira- real
t-il tristement. — En connais-tu un ? — Peut-être , si tu 1
m’aimais bien. — Parle ! parle ! ten
La suite du prochain numéro.
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