Titre : L'Ordre
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1947-02-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32829724j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 février 1947 01 février 1947
Description : 1947/02/01 (A19,N626). 1947/02/01 (A19,N626).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t51178241
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-1857
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/11/2021
L’ÉDITORIAL
A93 AnnSe - Nouvelle Sérle - Ni 626
4 F RANC S
--=----===== ======= a ne ==
Samedi 1* «vrter 1947 3
mnel
dEmite Sué
morceler
l’Allemagne ?
Notre gouvernement estime que la sécurité de notre pays
serait mieux garantie si l'Etat allemand était fédéralisé au lieu
d’être centralisé. Il se montre prêt à encourager le particula
risme allemand. Soit ! Mais qu’il ne s’exagère pas la valeur de
son plan qui, même approuvé par tous les alliés et exécuté, ne
saurait suffire à réduire l’Allemagne à la paix. C’est l’opinion de
Pertinax qui écrit dans la Bataille :
« Nous prétendons croire au particularisme allemand. Notre
projet repose sur le « principe » que l’État central et les Etats
particuliers ne sont pas deux forces complémentaires. Voilà
qui s’appelle prendre son désir pour la réalité. D’ailleurs, som
mes-nous si convaincus ? Quelles précautions pour que l’Etat
central ne dévore pas les Etats particuliers ! Nous lui infligeons
(à l’Etat central) une sorte de diminutio capitis. Il
ne sera pas
Bundesstaat, à la façon de l’Etat façonné par Bismarck, mais
Staatenbund, conformément au modèle créé par le congrès de
Vienne. Et cela signifie qu’un conseil fédéral, c’est-à-dire un
conseil diplomatique (quatre membres par Etat représentera le
peuple allemand avec, au-dessus, un Bundespresident. En bref,
Chambre ne sera élue, au suffrage universel, sur Ben ¬
.aucune
semble
du territoire allemand.
Mais imagine-t-on que, dans quinze ou vingt ans, sinon plus
tôt, le public américain et le public britannique menaceront de
leur courroux une nation allemande prenant sur elle d’élire une
assemblée populaire ? Or, dès qu’une assemblée populaire entre
en scène, se dissipe la substance laborieusement impartie aux
Etats. »
Au lieu d’imposer à l’Allemagne un régime fédératif, ne pour
rait-on pas procéder à son morcellement ? Jamais les alliés n’y
consentiront, alors qu’il conviendrait que leur accord fût complet
pour assurer la durabilité de ce morcellement. Il est bien diffi
cile de ne pas donner raison à notre confrère Gaston Courty, du
Pays,
Pays, quand il déclare, exprimant sur ce point l’opinion du gé
néral de Gaulle :
« Il est certain qu’une Allemagne fédérée, c’est-à-dire dé
centralisée, cherchera toujours à se centraliser de nouveau, mais
le temps que mettront les Allemands pour atteindre ce but sera
peut-être assez long pour permettre à une ou plusieurs généra
tions de Français de vivre en paix. Et ce but waut la peine d’être
envisagé, on en conviendra. »
J’ai été partisan du morcellement de l'Allemagne, qui était
peut-être encore possible après la défaite allemande de 1918,
comme en témoigna la conversation que j’eus avec Aristide
Briand en 1921 et que je vais vous rapporter :
— Que voulez-vous savoir de moi, Monsieur Buré ?
— Je voudrais savoir sur qui vous vous appuyez en Alle
magne.
— Sur les républicains et sur les socialistes.
— Les républicains ! Il y en a deux en Hollande, deux en
Suisse. Ce sont de braves gens, honorons-les. Pour ce qui est des
socialistes, je ne pense pas qu’il vous soit possible de faire con
fiance aux socialistes du Kaiser, à Scheideman et à Noske. Il y a,
c’est vrai, des indépendants. Bernstein, Breitscheid. Je ne con
nais pas Breitscheid, mais je connais Bernstein. Encore que
Bernstein n’ait jamais admis que l’Alsace-Lorraine puisse être
restituée à notre pays et qu’il soit sans doute d’accord sur ce
point avec Breitscheid, je ne les tiens pas pour pangermanistes
aussi décidés que Scheideman et Noske, mais ils sont sans in
fluence. Restent les communistes qui, malheureusement pour
l’heure, seraient prêts à renforcer l’armée rouge, si elle marchait
au Rhin.
— Alors que feriez-vous à ma place ?
-— Je ne crois pas à la Bépublique allemande. La République
ne convient, selon Jean-Jacques Bousseau, qu'aux petites nations,
aux nations désormais sans histoire. La France la peut supporter’
parce qu'elle a réalisé lentement et pleinement son unité, ce qui
n'est pas le cas de l’Allemagne que Bismarck a brusquement et
brutalement unifiée. Si je voyais se constituer, par exemple, une
monarchie en Bavière, une république en Saxe, etc..., j’en serais
ravi et j’aiderais en conséquence à ce morcellement.
n'est
— Qui vous dit que je n’y aide pas ?
— Ça ne se sent pas.
Défaire ce qu'avait fait Bismarck, c’était, au lendemain de
la première guerre mondiale, la pensée de tous les patriotes
français, les discussions parlementaires qui précédèrent le vote
du traité de paix de 1919 en font foi. Delcassè répondait au
journaliste Henry Leyret qui lui demandait pourquoi il s’était
abstenu dans ce vote : « Je ne pouvais voter contre un traité
qui nous rend l’Alsace et la Lorraine ni pour un traité qui main
tient l’unité allemande. »
Aujourd’hui mon ami, André Fribourg, directeur du pério
dique Le fait du jour, spécialiste des questions allemandes, se
prononce encore en faveur du morcellement allemand, et il
reproche à Clemenceau de ne l’avoir pas exigé à la conférence
de la paix qu’il présida. J’ai fait à celui-ci le même reproche, non
sans violence, en dépit du culte que je lui rendais. Aujourd’hui,
ayant réfléchi, je reconnais que s’il l'avait exigé, il n’y aurait pas
eu de traité de paix tant était résolue l’opposition de Lloyd
Georges et de Wilson. Il a fait ce qu’il a pu et nul n’était capable
de mieux faire que lui, c’est pour moi maintenant l’évidence.
Que André Fribourg soit sûr qu’il était comme lui et comme
moi contre l’unité allemande et pour le rattachement à la France,
sous une forme ou sous une autre, de la rive gauche du Rhin.
Son seul tort aura été de tenter de justifier les abandons qu’il
avait été contraint de consentir en grand orgueilleux qu’il était.
Si aujourd’hui les Américains et les Anglais, conscients des
criminelles erreurs qu’ils commirent en 1919 pour leur malheur
et le nôtre, acceptaient que l’Allemagne fût à l’Ouest comme à
l’Est privée de ses arsenaux, nous n’aurions pas, nous Français,
à réclamer plus, je crois, pour assurer la sécurité de notre pays
dont dépend finalement la sécurité du monde.
AUTOUR DE LA LOI
DU I I MAI 1946
Le “Journal
La première chambre de la cour
d’appel de Paris vient de pronon
cer la mainlevée du séquestre con
cernant certains biens de la société
du Journal.
Dans les circonstances que voici:
L’instance introduite par la so
ciété dp Journal était basée sur
l’article 4, paragraphe 2, de l’or
donnance du 30 septembre 1944.
qui prescrit la mise sous séquestre
des « biens ayant servi à la publi
cation des journaux suspendus ».
Or, contrairement à cette dispo
sition, une ordonnance judiciaire
en date du 23 décembre 1944 avait
placé sous séquestre l’ensemble des
biens du Journal, y compris les
immeubles sis à Paris, 100 et 102,
rue de Richelieu, et les meubles
qui les garnissaient. H a été facile
au Journal de démontrer que, pen
dant l’occupation, ces biens n’a
vaient servi à la publication ni du
Journal édité en zone sud, ni d’au
cun autre organe.
La cour ne pouvait donc que
faire droit à la demande dont elle
était saisie. Mais la société du
Journal — qui a été l’objet d’un
non-lieu en conclusion de l’infor
mation judiciaire ouverte contre
elle — reprend-elle la libre dispo
sition des biens libérés du séques-
tre ? Nullement, car ici intervient
la loi du 11 mai 1946.
Cette loi, en effet, ne vise pas
seulement les biens qui sont sous
séquestre. Elle est générale. Elle
s’applique à tous les journaux pa
rus après le 25 juin 1940 ou qui ont
continué à paraître plus de quinze
jours après le 11 novembre 1942
dans la zone Sud, ainsi qu’aux im
primeries principalement utilisées
pour ces publications.
(Lira ta suite en traiaièm» page)
LORDRE
Directeur politique : Émile BURÉ
t Rédaction, Administration : 31, Rue Tronchet
Anjou : 86-40 « 4 lignes
L’ELABORATION
AVEC L’AUTRICHE
L’élaboration du projet de traité
avec l'Autriche, par les suppléants
des ministres des Affaires étrangères
réunis à Londres,, avance lentement,
mais, en général, d'une façon favo
rable. Le fait essentiel c’est que les
Russes, non seulement n’ont marqué
aucune oposition à l'idée de conclure
ce traité, mais encore ont manifesté
la ferme intention de le faire aboutir.
Sur le préambule, quon discute
encore, mais dont les points princi
paux ne font pas difficulté, les Russes,
les Français et les Américains de
mandent que soient seules parties au
traité les quatre puissances occupan
tes, étant donné qu’il ne s’agit pas
d’un traité de paix proprement dit,
mais d'un traité spécial ayant pour
but de rétablir l’indépendance de
l’Autriche. Les Anglais, au contraire,
insistent beaucoup pour que les dix-
huit autres Etats ayant participé à
la guerre contre l’Allemagne soient
également parties au traité : il s’agit
pour eux de donner satisfaction aux
Dominions.
En ce qui concerne la responsabi
lité de l’Autriche, que les Russes et
les Yougoslaves veulent inscrire dans
le traité, c’est évidemment une ques
tion importante, car elle domine la
dévolution des « biens allemands ».
Les Russes considèrent en effet com
me allemands tous les biens appar
tenant à des Allemands avant
l’Anschluss ou passés aux mains des
Allemands depuis l’Anschluss. Les
Anglais et les Américains, cependant,
ne sont pas disposés à reconnaître
comme allemands les biens dont les
Autrichiens ont été privés par la spo
liation hitlérienne. Si les Russes arri
vaient à imposer leur ppint de vue,
tout l’équilibre économique de l’Autri
che risquerait d’être bouleversé.
Quant aux clauses politiques, tout
le monde est d’accord pour stipuler
le rétablissement de l'indépendance et
de la souveraineté autrichiennes. La
France a demandé en outre une ga
rantie spéciale des Alliés pour empê
cher un nouvel Anschluss éventuel.
L’accueil a d'abord été assez réservé,
mais la suggestion française a. incité
les Anglais et les Américains à pré
senter également pour leur part d'au
tres formules de garantie. L'Allema
gne, dans le traité qu’elle aura à si
gner, devra s’engager de son côté
à renoncer à toute tentative en vue
d’absorber l’Autriche, politiquement
ou économiquement, et l’Autriche,
elle-même, s'interdira tout acte ca
pable de compromettre son indépen
dance.
Au sujet des frontières, la France,
les Etats-Unis et la Grande-Bretagne
souhaitent le maintien des frontières
de 1907. Les Russes ne se sont pas
prononcés, mais il est probable qu’Ils
soutiendront, ne fût-ce que pour la
forme, les revendications yougoslaves
portant sur un quart de la Carinthie,
avec 190.000 habitants et les villes
de Klagenfurth et de Villach, ainsi
que sur les garanties à accorder aux
70.000 Croates du Burgenland. Les
Tchécoslovaques, de leur côté, deman
dent de très minimes rectifications de
frontières à des fins économiques.
Les clauses militaires paraissent
devoir être facilement résolues, sauf
une, qui a trait au contrôle. Nous es
timons, en effet, d’accord avec les
Russes, qu’il doit y avoir en Autriche
un contrôle spécial destiné à empê
cher le pays de devenir le laboratoire
de recherches des Allemands. Le bien-
fondé de cette revendication est tel
lement évident qu'on peut espérer
qu’il sera reconnu por les Anglo-Sa-
xons. Quant au délai d’évacuation des
troupes, les Anglais, les Américains et
nous-mêmes proposons quatre-vingt-
dix Jours après la signature du traité.
Les Russes n’ont pas encore pris po
sition.
Reste la question la plus débattue
et la plus épineuse, celle des « per
sonnes déplacées ». Il y en a environ
450.000 à l’heure actuelle en Autriche,
vivant a la charge de ce pays et ras
semblées dans les trois zones « occi
dentales » à l’exclusion de la zone
soviétique. Sur ce chiffre, on compte
environ 165.000 Yougoslaves, Polonais,
Ukrainiens, Hongrois et Juifs, 45.000
Allemands et 225.000 membres des mi
norités allemandes dans les Etats de
l'Europe centrale et danubienne.
Leur présence préoccupe beaucoup
[ les Russes, qui considèrent, non sans
raison, que la plupart de ces «per.
sonnes déplacées » sont des hitlériens
expulsés
gouvernements.
Que va-t-on en faire ? Quelle déci
sion prendra-t-on à leur égard ? li
est certain que c’est un problème po
litique important.
Claude VI VIBRES.
L’ «ORDRE» DANS LES IDÉES
Les limites du roman
par Lucien FABRE
Publicité s Régie-Presse, 65, Champs-Elysées
Après 21 heures : TRUdaine 16-30
LES PROBLEMES DE DEMAIN
Quand pourra-t-on utiliser
l’énergie atomique ?
par Geraud JOUVE
Loisque les Tignards, émus par la
menace qu’un nouveau barrage fai
sait peser sur leur village, s’en vin
rent en délégation à Paris, ils appor
taient dans leur dossier de défense
les appréciations de divers savants
laissant prévoir dans un proche ave
nir la relève de l’électricite par
NEIGE SUR PARIS !
Seuls, dans la rue, les enfants Pour entendre encore une
s’attardent, conquis par la neige et leurs doux cris d’oiseaux...
ses jeux.
Las !... Las !... L’armée de
LES ACOMPTES
aux fonctionnaires
par André STIBIO
Le Parlement a fonctionné hier
pour la première fois conformé
ment aux nouvelles règles consti
tutionnelles. Ainsi la IV e Républi
que prouve le mouvement en mar
chant. Le travail législatif recom
mence et nous redirons qu’il faut
qu’il s’intensifie encore, pour le
plus grand profit de la nation. Ce
ne sont pas les ministres seuls qui
ont pris hier, comme on le souhai-
tait, le
c’est le
même.
pas eu
chemin du Luxembourg,
chef du gouvernement lui-
Et Paul Ramadier n’aura
à le regretter. Un accueil
léneigie nucléaire. Les plus récents
développements de la physique
étaient invoqués par ces villageois de
la haute vallée de l’Isère pour s’op
poser au progrès. A côté des argu
ments sentimentaux, de leur cime
tière noyé, de la terre de leurs morts,
ils jetaient dans la discussion les
expertises de la science la plus mo
derne.
Si ce mouvement se généralisait,
partout où les techniciens de l’élec-
tricite ont reconnu la possibilité
d’élever un barrage, on verrait
s'amorcer une réaction sentimentale
fois
Vin-
tendance, avec ses balais et ses
ouvre, toutes grandes, ses
9 -==- * hue ^partes e t mes petits amis s enfuient
i comme une volée de moineaux.
Petits prisonniers de la main ma -
classes enfantines, tirent à « i
à dia », pour regarder, pleins de
convoitise d’autres petits hommes.
Ceuxlà, indépendants, rentrant
tout seuls de classe, ont formé le
carré parfait d’une belle bataille
rangée. Les cartables ont été jetés
sur mes fenêtres qui bordent ce bon
coin stratégique, suivis des bérets,
des amusantes casquettes de jockeys,
des gants, des moufles.
Manteau ouvert, et Vécharpe au
vent comme un étendard, c’est plai
sir de voir les loyaux et braves pe
tits combattants. Feintes rapides,
ripostes vives, il n'est pas de peu
reux ni de pusillanimes dans ma
petite guerre. Mais il n’est pas non
plus de traîtres... la neige est blan
che... et c’est une guerre honnête et
joyeuse.
Je ne veüx pas regarder l’ombre,
sur cette neige, des adultes : ni ce
lui-ci, au teint livide, ni celle-là,
traînant péniblement sa raideur
arthritique.
Je veux être en vacances aujour
d’hui, comme si c'était jeudi. Je ne
veux voir que mes petits braves aux
joues lisses, aux yeux étincelants,
aux mèches en désordre, fardés
comme des jolies filles, par le froid.
Je veux être leur « dame du ves
tiaire ». Je veux à nouveau ouvrir
sur eux, ma fenêtre et leur crier :
.— Battez-vous au milieu de la
rue !
— Oui !... Oui !
— N’envoyez pas vos projectiles
dans mes fenêtres.
— Non !... Non !...
MÉMORABLE FIN DE MOIS
ON FUME
< La neige a tout pris sur la
terre. >
FRANÇOISE.
qu’invoque les conquêtes dernières de
la physique nucléaire et fait état
d’anticipations pour le moins
prématurées.
Les possibilités
très
On a beaucoup écrit sur le roman, sur ses modes, sur ses lois,
sur ses limites, sur sa nature propre ; les querelles de cet ordre sont
en général byzantines parce qu’elles ne sont que de classification,
c est-à-dire de mots : qu’un roman soit poétique, réaliste, psycholo
gique, policier, fantasti
ique ou ce qu’il vous plaira de dire, cela n’a
le chaland qui exprime au libraire le genre de
C importance que pour le chaland qui exprime au libraire le genre de
plaisir qu il désire éprouver.
Ce qui est important, c’est de définir le contenu du roman dans
le sens le plus général et même le plus universel de ce mot. Et il me
semble que cette définition est facile à donner : le roman est le récit
C une aventure humaine contée de telle manière que le lecteur soit
leurré par 1 ambiance et, conscient ou inconscient de ce leurre, s’y re-
trouve, s y captive, enfin participe par sa sensibilité, son esprit, sa
volonté, aux péripéties qui lui sont décrites. L’art du romancier est
donc de donner couleur et vie à des créatures assez authentiques (par
quelques côtés sinon par tous) pour éveiller le mimétisme du lecteur ;
il doit, d une certaine manière, tirer de cette harpe fictive qu’est son
œuvre des sons qui éveillent leurs harmoniques dans les harpes vivantes
et animées oui les entendront. On peut dire qu’en ce sens le roman
exige bien plus (en quantité sinon en qualité) que le poème ; car ce
dernier a rempli sa mission dès qu’il a créé dans son lecteur l’état
d âme recherché ; tandis que le roman doit en outre entraîner ce lec
teur dans une aventure, le faire agir (et non pas seulement sentir) au
moins par la pensée.
LES ACCIDENTS
L’O.N.M. prévoit la- fin de la vague
de froid. Une chute de neige s’est pro
duite hier matin à partir de 7 heures,
sur Paris et la banlieue, de même que
dans le Nord, Nord-Ouest, dans le
Centre et, dans le Massif Central. La
température minimum est en hausse
de 3 à 5 degrés sur la veille et
l’O-N.M, annonce un réchauffement
progressif, mais insuffisant toutefois
pour amener le dégel, sauf dans la
région côtière de l’Atlantique.
L’installation de moyens de chauf
fage de fortune a provoqué de nom
breux cas d'intoxication mortelle par
le gaz d’éclairage au cours des der-
nières vingt-quatre heures :
Mme Andréa Beauvaix, 32 ans, et
ses deux fillettes : Annik, 5 ans, et
Nicole, 3 ans, 17, avenue de la Porte-
Brunet ; Mme Anna- Van Der Vecken,
10, rue Amélie ; Mime Gabrielle Saliot,
28, rue Villiers-de-l‘Isle-Adam ; M.
Georges Dejollein, 94, avenue Victor-
Hugo ; Mme Claire Patte, 11, avenue
de la Grande-Armée ; M. Joseph Ca
valière, 18, rue Henri-Barbusse, aux
Lilas, et Mme Le Goazon, 76, rue de
Suresnes, à Puteaux.
En Vendée, la neige a été précédée
d’un violent orage accompagné de
grêle et de pluies torrentielles ; la cir
culation routière a été interrompue
et les trains subissent d’importants
retards. A Noirmoutiers, des centaines
de mimosas ont été grillés. A Tar-
nière, un jeune homme de 20 ans.
Gaston Foulard, cultivateur,-est mort
frappé de congestion.
GRATIS
Nous avons vécu hier une .jour
née mémorable, une journée dont
on se souviendra longtemps... En
quoi ? Mais voyons, en premier
lieu il y avait la neige, d’abord la
belle neige blanche, immaculée, puis
la boue jaunâtre et sale que l’ad
ministration de la Ville de Paris
doit beaucoup aimer puisqu’elle n’a
pas engagé, comme d’habitude, clo
chards et chômeurs pour la dé
blayer, laissant les piétons patau
ger désespérément dans une ville
dégoûtante, c’est le cas de le dire.
On nous avait parlé depuis long
temps de 10 tonnes de sel qui « bi-
kiniseraient » la neige, mais cette
prudente administration les garde
pour plus tard. S’il n’y a pas de
nouvelles chutes de neige, on dis
tribuera ce sel aux consommateurs,
à Pâques ou à la Trinité...
Pourquoi encore journée mémo
rable? Eh bien! entre autres, parce
que ce fut le quatorzième anniver
saire d’un événement qui fut la
base de tous nos malheurs, un an
niversaire que tout le monde a ou
blié et que je retrouve par hasard :
la prise du pouvoir en Allemagne
par le chef du parti nazi : Adolf
Hitler...
Et puis encore 1...
Simplement que c’était notre der
nier jour de souffrances : si vous
n’avez pas la mémoire courte, vous
devez vous en souvenir !... Des gens
sérieux, honnêtes, simples, des mi
nistres. à la veille des élections,
pour tout dire, nous ont promis...
L’un affirma, : « Les restrictions
d’électricité seraient abolies au 1er
février ! »
Vous voyez ? A partir d’aujour
d’hui, plus de coupures... Si ça n’a
pas été hier, c’était certainement
pour mieux nous faire sentir la
transition, pour mieux nous faire
goûter notre bonheur... D’ailleurs,
ce ministre n’avait pas parlé du
gaz et, s’il était réduit hier, ce n’est
pas parce qu’il y avait de l’eau de
dans, c’était pour donner « plein
gaz » aujourd’hui-
Encore mieux ! Si toutes ces cou
pures vous ont fait fumer, vous
allez pouvoir fumer aujourd’hui, et
pour de bon ! Je retrouve, en feuil-
que le poème ; car ce
dans son lecteur l’état
letant les
note des
(Robert),
financier,
du tabac
coupures (de presse), une
services de M. Schuman
pas le parachutiste, le
annonçant la vente libre
- pour le 1er février...
Personne n’en parle, également
La liberté
du marche
de l’or
A PROPOS D'UN ARTICLE
. Considéré de ce point de vue, il n est rien d’humain qui soit en
principe étranger au roman Le progrès de ce genre littéraire qui est
considérable depuis le XVII e siècle consiste justement dans l’intégra-
tion lente mais irrésistible et continue de quantités d’éléments dont les
auteurs de VAstrée, de La Princesse de Clèves, d’Adolphe, de Domi
nique se fussent successivement étonnés et, plus encore qu’eux les cri-
tiques conformistes qui leur étaient contemporains... On se rappelle le
toile qui accueillit les récits de combinaisons notariales de Balzac dès
ses premiers romans. Ils nous paraissent aujourd’hui fort savoureux et
seuls capables de nous donner le mot des personnages qui en sont les
artisans., J’ai déjà raconté les mines effarées des critiques conformistes
(rares d’ailleurs) qui proposaient, de remplacer le deuxième volume de
Kabevel par la phrase : « Il s’enrichit. » Aujourd’hui, nous voyons
pour nous faire une surprise, car
•je suis sûr que M. Schuman, qui
est encore ministre dans le nou
veau cabinet, n’a pas oublié les
promesses qu’il fit avant de quit
ter l’ancien; c’est un homme bien
pensant, M.R.P. jusqu’au bout des
ongles et... « franc » comme un je-
ton de sa monnaie : sa promesse de
nous faire pétuner ne peut, ce se
rait un comble, n’être que fumée...
FRANC K-DOMINIQUE.
I 1 A Z y 11 J "—P ——9
nos plus grands aines, Duhamel et Romains, entrer dans le détail le
plus fouillé de spéculations financières et y entraîner des lecteurs cap
tivés qui comprennent parfaitement que sans ce détail, la vérité pro
fonde d’êtres tels qu’un Pasquier ou un Hayerskemp leur échapperait
totalement.Et de même qu’un jeune poulain n’est pas effrayé en voyant
pour la première fois une automobile dont m mère fut terrorisée, de
(Lire la mite en deuzleme page.)
L’Angleterre aura à choisir
entre les Arabes et Ankara
Damas, 31 janvier. ■— Les journaux
dé Damas protestent aujourd’hui
contre les attaques de' la presse
turque. ‘
« Ces attaques, écrit le. journal
Alyakaza, n’auront pour résultat
que de pousser la Syrie — et plus
exactement tous les peuples arabes
- jusqu’à l’extrême limite du rap-
prochement avec la Russie sovie-
A sen tenir aux estimations théo
riques (1) sur le rendement en éner
gie d’une livre d’uranium entière
ment désintégré, on aboutit à des
conclusions nettement optimistes
sur la possibilité d’utiliser les sources
d’énergie nucléaire. Au Congrès tech
nique international qui s’est tenu à
Paris du 16 au 21 • septembre 1946,
M. Hanry A. Winne, vice-président
de la General Electric Company, un
des plus forts groupes intéressés par
ce problème, s’est livré à un calcul
qui peut paraître instructif. Une li
vre d’uranium 235 ou de plutonium
entièrement désintégré libère une
énergie équivalant à la combustion
de 1.500 tonnes de houille. Mais, at
tention ! Dans le mineral courant
d’uranium, l‘U 235 qui se prête à
la désintégration n’apparaît que dans
la proportion d’une part pour 140.
C’est-à-dire, poursuit M. Winne, que
si une livre d‘U.235 peut remplacer
1.500 tonnes de charbon valant 7.500
dollars (à 5 dollars la tonne), il faut
que le coût de revient de la livre d’u-
ranium naturel s'établisse au-des
sous de 55 dollars puisque, pour ob
tenir une livre d’U 235 il faut trai
ter 140 livres de minerai naturel dé
jà purifié.
(Lire la suite en troisième page)
déférent, fait d’une sympathie una
nime, lui a été réservé. Les quel
ques mots qu’il a prononcés ont
fait la part belle à la deuxième
Assemblée, peut-être trop illusoire
ment belle. Car le « pouvoir de
conseil » est une chose appréciable,
certes, mais qu’on ne saurait met
tre à égalité avec le « pouvoir de
décision ». En disant que l’un va
lait l’autre, Paul Ramadier mettait
simplement du baume sur certains
regrets.
Faut-il noter, comme une nuance
à retenir que, parlant de son gou
vernement, il a dit que celui-ci
avait reçu l’investiture et la con
fiance de l’Assemblée. La formule
semble bien indiquer qu’il s’agis
sait, dans l’esprit du président du
gouvernement, de deux étapes dis
tinctes, la première n’impliquant
pas forcément la seconde. Si cette
interprétation est juste, si Paul Ra
madier ne s’est considéré vraiment
comme ayant obtenu la « confian
ce » de l'Assemblée nationale
qu’après le deuxième vote, il ins
tituera un précédent formel. Et
l’investiture ne dispensera pas plus
les présidents du Conseil de récla
mer une fois encore l'approbation
de l'Assemblée, sur la composition
de leur équipe ministérielle, qu’elle
ne les en dispensait sous l’ancien
système. Tôt ou tard on s’aperce
vra qu’il y a une des deux forma
lités qui est de trop. A l'usage,
nous saurons si c’est la première ou
la seconde.
De ce double labeur au Palais-
Bourbon et au Luxembourg est
sorti le vote d’un acompte provi
sionnel aux fonctionnaires. Ceux-ci
l’attendaient avec impatience. Nous
ne sommes pas sûr que tel qu’on
le leur offre il leur donnera néan
moins satisfaction. Deux nécessités
contradictoires expliquent les in
justices apparentes des dispositions
qui ont été adoptées hier. Le point
de départ avait été le statut de la
fonction publique, adopté, à la de
mande de Maurice Thorez, par la
deuxième Constituante. Dans un
tel statut, dont l’un des objets est
de former des cadres administra-
tifs de qualité et, par conséquent,
payés selon leurs mérites, les hauts
fonctionnaires bénéficient d’un re
classement avantageux, celui-là
même qu’on souhaitait pour eux
depuis longtemps. En face de cette
revendication d’un caractère spé
cial se dresse celle des catégories
petites ou moyennes qui, ne se pla
çant, bien légitimement d’ailleurs,
qu’au point de vue des nécessités
urgentes de l'existence, réclament
des compléments de traitement leur
permettant avant tout de faire face
à la hausse continuelle des prix.
Tels qu’ils sont calculés, les acomp
tes provisionnels ne satisfont pas
ou satisfont mal les moyens ou les
petits fonctionnaires.
Il est donc à craindre que ces
milliards que devra débourser M.
Robert Schuman, et qui vont pour
tant peser de façon écrasante sur
nos budgets, n'apaisent pas le mé
contentement des intéressés. Fal
lait-il cenendant sacrifier nos ca
dres supérieurs, que le secteur pri
vé, plus généreux, débauche déjà
bien largement ? Evidemment, non.
Il est même plus urgent que jamais
de prévenir le découragement de
certains fonctionnaires, les profes
seurs par exemple, qui sont des
déshérités dans la famille adminis
trative française depuis de nom
breuses années.
Ces aménagements précaires, ces
acomptes à la fois onéreux et insuf
fisants appellent, en réalité, une
politique différente. Nous ne pou
vons plus continuer ainsi. Dans le
remarquable discours qu’il a pro
noncé à l'Assemblée nationale et
que devait renforcer un exposé lu-
mineux et honnête du ministre des
Finances, M. René Mayer a mon
tré que l’inflation, le désordre ad
ministratif, les mauvaises métho
des annuleront les avantages qu’on
accorde aujourd’hui aux diverses
catégories de travailleurs. C’est la
baisse des prix qu’il faut poursui
vre, qu’il faut rendre effective, car
elle n’est jusqu’à présent qu’un
mouvement de surface, si l’on veut
vraiment que les traitements et les
salaires représentent un pouvoir
d'achat réel, sérieux. C’est la mon
naie qu’il faut préserver. Ce sont
les milliers de « contractuels » qui,
constituant dans les administra
tions de coûteuses clientèles poli
tiques, qu’il faut licencier et rendre
à des activités productives. Tant
que le fonctionnaire inutile pren
dra la part du fonctionnaire indis
pensable, tant que le train de l’Etat
ne sera pas héroïquement réduit,
tant que les prix monteront et que
la valeur du franc s’amenuisera,
les acomptes provisionnels seront
simple monnaie de singe.
L’Assemblée nationale
vote 46 milliards de crédits
SAU CONSEIL DE LA REPUBLIQUE
VOTE
DE M. CHARLES RIST
M. Charles Rist vient de se pro
noncer à nouveau dans « l’opi
nion » pour la liberté du marché
de l’or. L’éminent expert s’attache
particulièrement à démontrer que
cette mesure n’aboutirait pas à la
mise en circulation de deux mon
naies, se faisant concurrence, et
dont l’évolution des marchés dé
montrerait une fois de plus la jus
tesse de la loi de Gresham.
Je suis moi-même partisan de la
liberté du marché de l'or. Comme
l’écrit M. Rist, « le cours de l’or
est un thermomètre ». La confu
sion actuelle des esprits a en par
tie pour cause cette absence de
points de repère dont une des con
séquences les plus fâcheuses est
l’atonie de l’opinion publique. L’of
fice des changes, l’Impex, la répar
tition bureaucratique, etc., ont
pour effet de masquer la réalité,
prise dans son ensemble. Leur ma
niement complexe est à peu près
inintelligible au Français moyen,
défaut qui apparaît peut-être une
qualité aux yeux des tenants du
système. Le voile est suffisamment
épais pour que le public n’ait pas
conscience du danger et, par con
séquent, n’ait pas à temps les ré
flexes de défense qui suscitent les
grands mouvements d’opinion, qui
provoquent et font accepter les
mesures salvatrices. Dans le sys
tème actuel, l'immense majorité
des citoyens ne peut prendre cons
cience de l’imminence de la catas
trophe que lorsque, déjà, le méca
nicien a brûlé tous les signaux et
négligé d’entendre les pétards
d’alerte.
Mais je ne peux partager l’opi
nion de M. Rist quand il soutient
que l’or n’est qu’une marchandise
sur le marché clandestin et que,
par conséquent, il n’y remplit pas
de fonction monétaire. J’ai soutenu
récemment (1) la thèse contraire.
Je ne conteste pas l’argument juri
dique mis en avant, à savoir que
l’or n’a pas pouvoir libératoire,
mais, dans les faits, il n’en de
meure pas moins la valeur étalon.
H. BUFFANDEAU.
Le vote des crédits nécessaires pour
amorcer, per application dun decret
rendu par le ministère Blum, la pro-
chaine revalorisation- de la fonction
publique, avait eu beau susciter une
certaine effervescence parmi les in
téressés, et surtout les représentants
de leurs catégories se jugeant les
moins bien partagées, n’en a pas
moins été obtenu de l’Assemblée na
tionale sans difficulté, par un accord
unanime fait, comme le fut le vote
final,' avec le ministre des Finances,
dont les explications ont été trop
loyalement claires pour n’être pas
parfaitement convaincantes.
L'artloise du ministère Blum
On commença d’abord par régler
les crédits supplémentaires exigés par
la composition du gouvernement que
fit M. Léon Blum, mais ce ministère
ayant cessé ses fonctions au 22 jan
vier, la dépense précédemment prevue
pour un trimestre a été réduite de
08/90 par la commission, ce qui re
présente seulement une petite ar
doise de 10.684.000 francs à régie»’.
M. Pierre Montel, du P.R.L., s’y est
refusé.
« Le pays, dit-il, n’apprendra pas
sans surprise que, dans le temps où
des sacrifices étaient demandés a cer
tains pour l’application de la baisse
de 5 0/0, les dépenses du gouverne
ment se sont augmentées de
8.931.000 francs. »
Au contraire, le ministre des Fi
nances fait fléchir la commission
pour un petit supplément de
8.409.000 francs destines à ratifier la
création de quatorze emplois nou
veaux de chargés de mission ratta
chés au commissariat du plan.
à
Les acompies
aux fonctionnaires
Ces chiffres ne comptaient
pas,
côté des 45 milliards 600 millions
(1) Voir l’ a Ordre » du 26 janv.
(Lire la suite en troisième page.)
Macbeth poignardé
pour de vrai
Londres n’a plus rien à envier
maintenant à Toulon où, on le
sait, dimanche dernier, un ar
tiste lyrique se blessa accidentelle
ment sur scène avec un poignard.
En effet, hier soir, au théâtre
de Oldham, les applaudissements
frénétiques des spectateurs saluè-
rent le Jeu . réaliste de
Harold Norman lorsque,
rôle de « Macbeth U
couvert de sang après le
final avec Mac Duff.
l'acteur
dans le
s'abattit
dialogue
Après le baisser du rideau, un
médecin fut mandé d’urgence et
« Macbeth », grièvement blessé,
dût être transporté à l’hôpital.
Par une erreur inexplicable, Mac
Duff avait frappé Macbeth avec un
véritable poignard dont la lame
pénétra de doute centimètres dans
là poitrine. n. , .
demandés par le gouvernement pour
l’attribution d’allocations provision
nelles, aux personnels de l’Etat en
activité et en retraite.
Le rapporteur général, M. Barangé,
M.R.P., dont le seul mérite oratoire
est la brièveté, signala que ces cré
dits étaient nécessaires à l’applica-
tion des décrets pris le 16 janvier
1947 parle gouvernement précédent
pour assurer un acompte aux fonc
tionnaires et agents de l’État. La
commission des Finances a dû pren
dre acte du fait que l’article 17 de
la Constitution, du à l’initiative de
M. Paul Reynaud, ne permet pas aux
législateurs d’augmenter les crédita
demandés, mais, malgré certaines
anomalies dans la classification pro
visoire des bénéficiaires, est unani
me à demander le vote des crédits.
M- Guillant, de l'Eure, a apporté
sur un ton pompeux, ponctué de
larges gestes, l’approbation des M.R.P.
Discours de M. René Mayer
M. René Mayer, dont la place gran
dit justement dans l’assemblée, pro
nonça le bon discours de la séance.
— Nous voulons, dit-il, au nom
du groupe radical-socialiste, ec il
fut pour cela une première fois ap-
plaudi, que les fonctionnaires aient
une existence digne et puissent éle
ver de nombreux enfants, hors des
préoccupations matérielles, dans le
respect de principes moraux dont la
revalorisation est au moins aussi
nécessaire que celle des rémunéra-
dons.
Nous souhaitons aussi, et depuis
longtemps, la diminution du nombre
des fonctionnaires non seulement
pour des raisons budgétaires mais
surtout pour des raisons économi
ques : le personnel en surnombre
doit être dirigé vers des tâches plus
directement productives.
L'article 11 de la loi votée en dé
cembre disposait qu’avant le 1er fé
vrier 1947 un plan de compression
établi par chaque ministre devrait
permettre le dégagement de 50.000
fonctionnaires. Nous sommes le 31
janvier : c’est demain que ce plan
doit être prêt.
Nuso aimerions savoir ce qui a été
réalisé, car nous voulons que ces
compressions soient effectives. Nous
sommes convaincus, dit-il, aux ap
plaudissements chaleureux de la
droite comme du centre et d’une
bonne partie de la gauche, que, pour
aller au-delà de ces 50.000 premiè
res suppressions d’emplois, il faudra
s’attaquer à des suppresions de ser
vices, et non plus seulement de
fonctionaires, et qu’il sera nécessaire
de trancher dans la broussaille des
doubles emplois. Le tableau synop
tique, que je dresse actuellement
pour les rapports économiques entre
la France et l’Algérie comportera
une trentaine de services ou de per
sonnes.
« Il faudra aussi, dit-il, applaudi à
nouveau par la gauche, nous éclairer
sur l’utilité de tous les inspecteurs
généraux de l’Economie nationale et
de la Production industrielle, survi
vance des administrations régionales
supprimées : s’ils ont un personnel
de bureau fixe, eux-mêmes sont mou
vants, c’est-à-dire insaisissables. Il
est encore beaucoup de services ré
gionaux dont nous voudrions voir la
disparition, comme ceux de l'Infor-
mation, de même qu’il serait temps de
réduire dès services du ministère des
Anciens Combattants, trop importants
depuis le retour des prisonniers de
guerre..
« L’Armement installe des services
de laboratoires et de recherches qui
sont, paraît-il, le prélude de certains
regroupements : nous voudrions être
sûrs que ces regroupements auront
lieu et dégageront des locaux actuel
lement occupés.
« Les suppressions des services ré
gionaux en entraîneront d’autres
dans les services centraux.
« Une telle tâche n'est pas facile.
Il y a déjà 25 ans, jeune auditeur au
Conseil d’Etat, j’avais été, comme
rapporteur d’une commisison d’écono-
mies, présidée par M. Louis Marin,
que je vois sur ces bancs, chargé du
rapport relatif au regroupement des
services de l’énergie dans un futur
ministère de l’Economie nationale.
Mon œuvre m’a inspiré, depuis, quel
ques remords, et même quelques cau
chemars.
Il faudra renoncer à ce jeu de bal
lon entre les ministres et les organi
sations syndicales : chacun se dé-
clare prêt à présenter un plan de ré
organisation et accuse ensuite les au
tres de l’échec en ce qui concerne la
mise en appplication.
L’article 1.1 de la loi de décembre
donne d’ailleurs au chef du gouverne
ment l’occasion de se saisir de l’en-
semble de ces projets : en cas d’iné-
xécution de la première tranche de
licenciement, il doit, avec l’aide d’une
commission comprenant notamment
des représentants du ministère des
Finances, de la commission parle
mentaire des Finances et de la Fédé
ration des fonctionnaires, préparer
des decrets qui procéderont d’office
à des suppressions d’emplois.
Nous ne sommes pas très optimis
tes sur la fin des travaux de la com
mission de reclassement : que le gou
vernement use de ses pouvoirs d’ar
bitrage.
M. René Mayer critique la différen
ciation des allocations par zone, qui
risque d’amener des complications et
de créer des conflits intérieur chez
des deux premiers
projets de loi
las fonctionnaires.
ministre des
Finances l’a justifiée par la nécessi
té de maintenir la comparaison en
tre la rémunération de certains fonc
tionnaires publics avec les employés
de services privés.
ROBERT-PIMIENTA.
(Lire la suite en troisième page)
Un Conseil interministériel a
discuté hier soir des problè
mes de ravitaillement.
Les délibérations du conseil in
terministériel qui s’est réuni hier
soir, à l’hôtel Matignon, sous la
présidence de M. Paul Ramadier,
ont pris fin à 21 h. 15.
Les problèmes du ravitaillement
ont fait l'objet de la majeure par
tie des délibérations de la soirée,
particulièrement l'approvisionne-
ment en viande. M. Georges Ras-
tel, haut commissaire à la Distri
bution, a fait un exposé sur la
réorganisation de ses services.
D’autre part, le régime de l'es-
sence a été examiné. On procède
actuellement à la révision des at-
tributions prioritaires. Dès
cette tâche sera terminée, le
cret créant le double secteur
trera en application et. à ce
ment seulement, le prix sera
que
dé-
en-
mo-
fixé.
En marge des délibérations, on
a appris que M. Jaussaud a été
nommé directeur au ministère du
Travail.
Le ministre de la Défense natio
nale et les trois ministres d’ar-
mée tiendront une réunion com
mune, aujourd’hui, à 18 heures, à
l'hôtel Matignon, sous la prési
dence de M. Paul Ramadier.
Le Conseil de la République a tenu
hier au première séance vraiment im
portante, puisqu’il a examiné, discuté
et adopté le projet de loi gouverne
mental concernant le mode d'élection
au conseil supérieur de la magistra
ture, lequel texte avait été soumis
la veille aux délibérations de l'Assem
blée nationale.
Non content d'ailleurs de donner son
avis sur ce seul texte dont l'urgence
ne lui a pas échappé et, après avoir
nommé M. Henri Martel, vice-prési
dent en remplacement de M. Georges
Marrane, le Conseil s’est encore offert
le luxe de se réunir en séance de nuit
pour étudier un second projet voté
en fin d’après-midi par l’Assemblée
nationale. Cette fois, il s’agissait de
l’ouverture d’un crédit destiné à payer
aux fonctionnaires leur acompte pro
visionnel.
En ces deux circonstances, le Con
seil de la République a donné la me
sure de son ardent désir de travail.
Il a montré qu’on avait pas tort de
lui faire confiance. Il a répondu aussi
comme il convenait, c’est-à-dire par
une illustration immédiate et vivante
aux paroles d’espoir que M. Paul Ra
madier venait de lancer à la tribune
même de l’Assemblée.
En demandant à l’Assemblée, dès
l’ouverture de la séance que présidait
Mme Brossolette de bien vouloir adop
ter la procédure d’extrême urgence
en faveur du projet de loi relatif au
conseil supérieur de la magistrature,
M. André Marie, garde des Sceaux,
avait, en effet, annoncé aux conseil
lers, la visite du chef du gouverne
ment. Suivant en cela l’exemple de
son prédeccseur, M. Léon Blwn, M.
Paul Ramadier devait prononcer une
courte allocution.
« Au moment même, déclara-t-il,
où commence la discussion du premier
projet de loi adopté par l’Assemblée
nationale, Je gouvernementa tenu d
vous apporter son salut et à vous dire
combien il est heureux de collaborer
avec vous et combien il en attend
d'heureux résultats.
« Le pouvoir de décision appartient
à l’Assemblée nationale, dit-il encore,
mais parce que vous représentez les
éléments permanents de la nation à
travers les situations de l’opinion,
Vous êtes investis d’un autre pouvoir
parfois plus utile que le pouvoir d’exé
cution, celui de mettre en garde. »
Après M. Ramadier, M. Chaumel,
au nom de la commission de la Jus
tice, rapportait devant l’Assemblée le
projet gouvernemental. Il insista
tout d’abord sur l'urgence de la ques
tion, puis, sous réserve de quelques
précisions à recevoir du garde des
Sceaux, notamment en ce qui con
cerne le fonctionnement de la sup
pléance, il donna l’accord de la com
mission au texte qui ^ui avait été
soumis.
De son côté, M. Georges Pernot,
tout en soulignant ce qu’avait de
gênant pour une chambre dite de ré
flexion une procédure d’extrême ur
gence, regretta que les magistrats du
Parquet ne fussent pas admis à par
ticiper aux élections au Conseil de
la magistrature, au même titre que
leurs collègues du siège. Et il pria
le gouvernement de ne pas creuser
un fossé infranchissable entre ces
deux catégories.
M. André Marie, garde des Sceaux,
prit ensuite la parole. Il s’excusa d'a
voir demandé à titre exceptionnel la
procédure d’urgence, mais la ques
tion l'exigeait.
« Depuis l’entrée en vigueur de la
Constitution, dit-il, le garde des
Sceaux ne peut plus nommer un seul
magistrat du siège, pas plus que ne
peut être examiné un recours en
grâce. Faute de magistrats, les tribu
naux ne peuvent pas fonctionner, et
dans l’année qui vient de se termi
ner, 75.000 recours en grâce ont été
déposés qui réclament une solution.
C’est cette préoccupation d’aller très
vite qui a inspiré ce texte simple ; il
se borne à fixer pour le moment les
conditions d'éligibilité des représen
tants des magistrats au Conseil de la
magistrature. Plus tard, un texte
fixant le statut de la magistrature
vous sera soumis. »
Après les explication du ministre,
l’Assemblée procéda à la discussion
des articles. Les amendements, il y
en avait quelques-uns, furent, à la
demande même de M. Marie, retirés
par leurs auteurs : MM. Bendjelicnil
et Marc Rucart. Puis l’ensemble fut
adopté à main levée.
Pierre ROCHE.
(Lire la suite en troisième page)
A93 AnnSe - Nouvelle Sérle - Ni 626
4 F RANC S
--=----===== ======= a ne ==
Samedi 1* «vrter 1947 3
mnel
dEmite Sué
morceler
l’Allemagne ?
Notre gouvernement estime que la sécurité de notre pays
serait mieux garantie si l'Etat allemand était fédéralisé au lieu
d’être centralisé. Il se montre prêt à encourager le particula
risme allemand. Soit ! Mais qu’il ne s’exagère pas la valeur de
son plan qui, même approuvé par tous les alliés et exécuté, ne
saurait suffire à réduire l’Allemagne à la paix. C’est l’opinion de
Pertinax qui écrit dans la Bataille :
« Nous prétendons croire au particularisme allemand. Notre
projet repose sur le « principe » que l’État central et les Etats
particuliers ne sont pas deux forces complémentaires. Voilà
qui s’appelle prendre son désir pour la réalité. D’ailleurs, som
mes-nous si convaincus ? Quelles précautions pour que l’Etat
central ne dévore pas les Etats particuliers ! Nous lui infligeons
(à l’Etat central) une sorte de diminutio capitis. Il
ne sera pas
Bundesstaat, à la façon de l’Etat façonné par Bismarck, mais
Staatenbund, conformément au modèle créé par le congrès de
Vienne. Et cela signifie qu’un conseil fédéral, c’est-à-dire un
conseil diplomatique (quatre membres par Etat représentera le
peuple allemand avec, au-dessus, un Bundespresident. En bref,
Chambre ne sera élue, au suffrage universel, sur Ben ¬
.aucune
semble
du territoire allemand.
Mais imagine-t-on que, dans quinze ou vingt ans, sinon plus
tôt, le public américain et le public britannique menaceront de
leur courroux une nation allemande prenant sur elle d’élire une
assemblée populaire ? Or, dès qu’une assemblée populaire entre
en scène, se dissipe la substance laborieusement impartie aux
Etats. »
Au lieu d’imposer à l’Allemagne un régime fédératif, ne pour
rait-on pas procéder à son morcellement ? Jamais les alliés n’y
consentiront, alors qu’il conviendrait que leur accord fût complet
pour assurer la durabilité de ce morcellement. Il est bien diffi
cile de ne pas donner raison à notre confrère Gaston Courty, du
Pays,
Pays, quand il déclare, exprimant sur ce point l’opinion du gé
néral de Gaulle :
« Il est certain qu’une Allemagne fédérée, c’est-à-dire dé
centralisée, cherchera toujours à se centraliser de nouveau, mais
le temps que mettront les Allemands pour atteindre ce but sera
peut-être assez long pour permettre à une ou plusieurs généra
tions de Français de vivre en paix. Et ce but waut la peine d’être
envisagé, on en conviendra. »
J’ai été partisan du morcellement de l'Allemagne, qui était
peut-être encore possible après la défaite allemande de 1918,
comme en témoigna la conversation que j’eus avec Aristide
Briand en 1921 et que je vais vous rapporter :
— Que voulez-vous savoir de moi, Monsieur Buré ?
— Je voudrais savoir sur qui vous vous appuyez en Alle
magne.
— Sur les républicains et sur les socialistes.
— Les républicains ! Il y en a deux en Hollande, deux en
Suisse. Ce sont de braves gens, honorons-les. Pour ce qui est des
socialistes, je ne pense pas qu’il vous soit possible de faire con
fiance aux socialistes du Kaiser, à Scheideman et à Noske. Il y a,
c’est vrai, des indépendants. Bernstein, Breitscheid. Je ne con
nais pas Breitscheid, mais je connais Bernstein. Encore que
Bernstein n’ait jamais admis que l’Alsace-Lorraine puisse être
restituée à notre pays et qu’il soit sans doute d’accord sur ce
point avec Breitscheid, je ne les tiens pas pour pangermanistes
aussi décidés que Scheideman et Noske, mais ils sont sans in
fluence. Restent les communistes qui, malheureusement pour
l’heure, seraient prêts à renforcer l’armée rouge, si elle marchait
au Rhin.
— Alors que feriez-vous à ma place ?
-— Je ne crois pas à la Bépublique allemande. La République
ne convient, selon Jean-Jacques Bousseau, qu'aux petites nations,
aux nations désormais sans histoire. La France la peut supporter’
parce qu'elle a réalisé lentement et pleinement son unité, ce qui
n'est pas le cas de l’Allemagne que Bismarck a brusquement et
brutalement unifiée. Si je voyais se constituer, par exemple, une
monarchie en Bavière, une république en Saxe, etc..., j’en serais
ravi et j’aiderais en conséquence à ce morcellement.
n'est
— Qui vous dit que je n’y aide pas ?
— Ça ne se sent pas.
Défaire ce qu'avait fait Bismarck, c’était, au lendemain de
la première guerre mondiale, la pensée de tous les patriotes
français, les discussions parlementaires qui précédèrent le vote
du traité de paix de 1919 en font foi. Delcassè répondait au
journaliste Henry Leyret qui lui demandait pourquoi il s’était
abstenu dans ce vote : « Je ne pouvais voter contre un traité
qui nous rend l’Alsace et la Lorraine ni pour un traité qui main
tient l’unité allemande. »
Aujourd’hui mon ami, André Fribourg, directeur du pério
dique Le fait du jour, spécialiste des questions allemandes, se
prononce encore en faveur du morcellement allemand, et il
reproche à Clemenceau de ne l’avoir pas exigé à la conférence
de la paix qu’il présida. J’ai fait à celui-ci le même reproche, non
sans violence, en dépit du culte que je lui rendais. Aujourd’hui,
ayant réfléchi, je reconnais que s’il l'avait exigé, il n’y aurait pas
eu de traité de paix tant était résolue l’opposition de Lloyd
Georges et de Wilson. Il a fait ce qu’il a pu et nul n’était capable
de mieux faire que lui, c’est pour moi maintenant l’évidence.
Que André Fribourg soit sûr qu’il était comme lui et comme
moi contre l’unité allemande et pour le rattachement à la France,
sous une forme ou sous une autre, de la rive gauche du Rhin.
Son seul tort aura été de tenter de justifier les abandons qu’il
avait été contraint de consentir en grand orgueilleux qu’il était.
Si aujourd’hui les Américains et les Anglais, conscients des
criminelles erreurs qu’ils commirent en 1919 pour leur malheur
et le nôtre, acceptaient que l’Allemagne fût à l’Ouest comme à
l’Est privée de ses arsenaux, nous n’aurions pas, nous Français,
à réclamer plus, je crois, pour assurer la sécurité de notre pays
dont dépend finalement la sécurité du monde.
AUTOUR DE LA LOI
DU I I MAI 1946
Le “Journal
La première chambre de la cour
d’appel de Paris vient de pronon
cer la mainlevée du séquestre con
cernant certains biens de la société
du Journal.
Dans les circonstances que voici:
L’instance introduite par la so
ciété dp Journal était basée sur
l’article 4, paragraphe 2, de l’or
donnance du 30 septembre 1944.
qui prescrit la mise sous séquestre
des « biens ayant servi à la publi
cation des journaux suspendus ».
Or, contrairement à cette dispo
sition, une ordonnance judiciaire
en date du 23 décembre 1944 avait
placé sous séquestre l’ensemble des
biens du Journal, y compris les
immeubles sis à Paris, 100 et 102,
rue de Richelieu, et les meubles
qui les garnissaient. H a été facile
au Journal de démontrer que, pen
dant l’occupation, ces biens n’a
vaient servi à la publication ni du
Journal édité en zone sud, ni d’au
cun autre organe.
La cour ne pouvait donc que
faire droit à la demande dont elle
était saisie. Mais la société du
Journal — qui a été l’objet d’un
non-lieu en conclusion de l’infor
mation judiciaire ouverte contre
elle — reprend-elle la libre dispo
sition des biens libérés du séques-
tre ? Nullement, car ici intervient
la loi du 11 mai 1946.
Cette loi, en effet, ne vise pas
seulement les biens qui sont sous
séquestre. Elle est générale. Elle
s’applique à tous les journaux pa
rus après le 25 juin 1940 ou qui ont
continué à paraître plus de quinze
jours après le 11 novembre 1942
dans la zone Sud, ainsi qu’aux im
primeries principalement utilisées
pour ces publications.
(Lira ta suite en traiaièm» page)
LORDRE
Directeur politique : Émile BURÉ
t Rédaction, Administration : 31, Rue Tronchet
Anjou : 86-40 « 4 lignes
L’ELABORATION
AVEC L’AUTRICHE
L’élaboration du projet de traité
avec l'Autriche, par les suppléants
des ministres des Affaires étrangères
réunis à Londres,, avance lentement,
mais, en général, d'une façon favo
rable. Le fait essentiel c’est que les
Russes, non seulement n’ont marqué
aucune oposition à l'idée de conclure
ce traité, mais encore ont manifesté
la ferme intention de le faire aboutir.
Sur le préambule, quon discute
encore, mais dont les points princi
paux ne font pas difficulté, les Russes,
les Français et les Américains de
mandent que soient seules parties au
traité les quatre puissances occupan
tes, étant donné qu’il ne s’agit pas
d’un traité de paix proprement dit,
mais d'un traité spécial ayant pour
but de rétablir l’indépendance de
l’Autriche. Les Anglais, au contraire,
insistent beaucoup pour que les dix-
huit autres Etats ayant participé à
la guerre contre l’Allemagne soient
également parties au traité : il s’agit
pour eux de donner satisfaction aux
Dominions.
En ce qui concerne la responsabi
lité de l’Autriche, que les Russes et
les Yougoslaves veulent inscrire dans
le traité, c’est évidemment une ques
tion importante, car elle domine la
dévolution des « biens allemands ».
Les Russes considèrent en effet com
me allemands tous les biens appar
tenant à des Allemands avant
l’Anschluss ou passés aux mains des
Allemands depuis l’Anschluss. Les
Anglais et les Américains, cependant,
ne sont pas disposés à reconnaître
comme allemands les biens dont les
Autrichiens ont été privés par la spo
liation hitlérienne. Si les Russes arri
vaient à imposer leur ppint de vue,
tout l’équilibre économique de l’Autri
che risquerait d’être bouleversé.
Quant aux clauses politiques, tout
le monde est d’accord pour stipuler
le rétablissement de l'indépendance et
de la souveraineté autrichiennes. La
France a demandé en outre une ga
rantie spéciale des Alliés pour empê
cher un nouvel Anschluss éventuel.
L’accueil a d'abord été assez réservé,
mais la suggestion française a. incité
les Anglais et les Américains à pré
senter également pour leur part d'au
tres formules de garantie. L'Allema
gne, dans le traité qu’elle aura à si
gner, devra s’engager de son côté
à renoncer à toute tentative en vue
d’absorber l’Autriche, politiquement
ou économiquement, et l’Autriche,
elle-même, s'interdira tout acte ca
pable de compromettre son indépen
dance.
Au sujet des frontières, la France,
les Etats-Unis et la Grande-Bretagne
souhaitent le maintien des frontières
de 1907. Les Russes ne se sont pas
prononcés, mais il est probable qu’Ils
soutiendront, ne fût-ce que pour la
forme, les revendications yougoslaves
portant sur un quart de la Carinthie,
avec 190.000 habitants et les villes
de Klagenfurth et de Villach, ainsi
que sur les garanties à accorder aux
70.000 Croates du Burgenland. Les
Tchécoslovaques, de leur côté, deman
dent de très minimes rectifications de
frontières à des fins économiques.
Les clauses militaires paraissent
devoir être facilement résolues, sauf
une, qui a trait au contrôle. Nous es
timons, en effet, d’accord avec les
Russes, qu’il doit y avoir en Autriche
un contrôle spécial destiné à empê
cher le pays de devenir le laboratoire
de recherches des Allemands. Le bien-
fondé de cette revendication est tel
lement évident qu'on peut espérer
qu’il sera reconnu por les Anglo-Sa-
xons. Quant au délai d’évacuation des
troupes, les Anglais, les Américains et
nous-mêmes proposons quatre-vingt-
dix Jours après la signature du traité.
Les Russes n’ont pas encore pris po
sition.
Reste la question la plus débattue
et la plus épineuse, celle des « per
sonnes déplacées ». Il y en a environ
450.000 à l’heure actuelle en Autriche,
vivant a la charge de ce pays et ras
semblées dans les trois zones « occi
dentales » à l’exclusion de la zone
soviétique. Sur ce chiffre, on compte
environ 165.000 Yougoslaves, Polonais,
Ukrainiens, Hongrois et Juifs, 45.000
Allemands et 225.000 membres des mi
norités allemandes dans les Etats de
l'Europe centrale et danubienne.
Leur présence préoccupe beaucoup
[ les Russes, qui considèrent, non sans
raison, que la plupart de ces «per.
sonnes déplacées » sont des hitlériens
expulsés
gouvernements.
Que va-t-on en faire ? Quelle déci
sion prendra-t-on à leur égard ? li
est certain que c’est un problème po
litique important.
Claude VI VIBRES.
L’ «ORDRE» DANS LES IDÉES
Les limites du roman
par Lucien FABRE
Publicité s Régie-Presse, 65, Champs-Elysées
Après 21 heures : TRUdaine 16-30
LES PROBLEMES DE DEMAIN
Quand pourra-t-on utiliser
l’énergie atomique ?
par Geraud JOUVE
Loisque les Tignards, émus par la
menace qu’un nouveau barrage fai
sait peser sur leur village, s’en vin
rent en délégation à Paris, ils appor
taient dans leur dossier de défense
les appréciations de divers savants
laissant prévoir dans un proche ave
nir la relève de l’électricite par
NEIGE SUR PARIS !
Seuls, dans la rue, les enfants Pour entendre encore une
s’attardent, conquis par la neige et leurs doux cris d’oiseaux...
ses jeux.
Las !... Las !... L’armée de
LES ACOMPTES
aux fonctionnaires
par André STIBIO
Le Parlement a fonctionné hier
pour la première fois conformé
ment aux nouvelles règles consti
tutionnelles. Ainsi la IV e Républi
que prouve le mouvement en mar
chant. Le travail législatif recom
mence et nous redirons qu’il faut
qu’il s’intensifie encore, pour le
plus grand profit de la nation. Ce
ne sont pas les ministres seuls qui
ont pris hier, comme on le souhai-
tait, le
c’est le
même.
pas eu
chemin du Luxembourg,
chef du gouvernement lui-
Et Paul Ramadier n’aura
à le regretter. Un accueil
léneigie nucléaire. Les plus récents
développements de la physique
étaient invoqués par ces villageois de
la haute vallée de l’Isère pour s’op
poser au progrès. A côté des argu
ments sentimentaux, de leur cime
tière noyé, de la terre de leurs morts,
ils jetaient dans la discussion les
expertises de la science la plus mo
derne.
Si ce mouvement se généralisait,
partout où les techniciens de l’élec-
tricite ont reconnu la possibilité
d’élever un barrage, on verrait
s'amorcer une réaction sentimentale
fois
Vin-
tendance, avec ses balais et ses
ouvre, toutes grandes, ses
9 -==- * hue ^partes e t mes petits amis s enfuient
i comme une volée de moineaux.
Petits prisonniers de la main ma -
classes enfantines, tirent à « i
à dia », pour regarder, pleins de
convoitise d’autres petits hommes.
Ceuxlà, indépendants, rentrant
tout seuls de classe, ont formé le
carré parfait d’une belle bataille
rangée. Les cartables ont été jetés
sur mes fenêtres qui bordent ce bon
coin stratégique, suivis des bérets,
des amusantes casquettes de jockeys,
des gants, des moufles.
Manteau ouvert, et Vécharpe au
vent comme un étendard, c’est plai
sir de voir les loyaux et braves pe
tits combattants. Feintes rapides,
ripostes vives, il n'est pas de peu
reux ni de pusillanimes dans ma
petite guerre. Mais il n’est pas non
plus de traîtres... la neige est blan
che... et c’est une guerre honnête et
joyeuse.
Je ne veüx pas regarder l’ombre,
sur cette neige, des adultes : ni ce
lui-ci, au teint livide, ni celle-là,
traînant péniblement sa raideur
arthritique.
Je veux être en vacances aujour
d’hui, comme si c'était jeudi. Je ne
veux voir que mes petits braves aux
joues lisses, aux yeux étincelants,
aux mèches en désordre, fardés
comme des jolies filles, par le froid.
Je veux être leur « dame du ves
tiaire ». Je veux à nouveau ouvrir
sur eux, ma fenêtre et leur crier :
.— Battez-vous au milieu de la
rue !
— Oui !... Oui !
— N’envoyez pas vos projectiles
dans mes fenêtres.
— Non !... Non !...
MÉMORABLE FIN DE MOIS
ON FUME
< La neige a tout pris sur la
terre. >
FRANÇOISE.
qu’invoque les conquêtes dernières de
la physique nucléaire et fait état
d’anticipations pour le moins
prématurées.
Les possibilités
très
On a beaucoup écrit sur le roman, sur ses modes, sur ses lois,
sur ses limites, sur sa nature propre ; les querelles de cet ordre sont
en général byzantines parce qu’elles ne sont que de classification,
c est-à-dire de mots : qu’un roman soit poétique, réaliste, psycholo
gique, policier, fantasti
ique ou ce qu’il vous plaira de dire, cela n’a
le chaland qui exprime au libraire le genre de
C importance que pour le chaland qui exprime au libraire le genre de
plaisir qu il désire éprouver.
Ce qui est important, c’est de définir le contenu du roman dans
le sens le plus général et même le plus universel de ce mot. Et il me
semble que cette définition est facile à donner : le roman est le récit
C une aventure humaine contée de telle manière que le lecteur soit
leurré par 1 ambiance et, conscient ou inconscient de ce leurre, s’y re-
trouve, s y captive, enfin participe par sa sensibilité, son esprit, sa
volonté, aux péripéties qui lui sont décrites. L’art du romancier est
donc de donner couleur et vie à des créatures assez authentiques (par
quelques côtés sinon par tous) pour éveiller le mimétisme du lecteur ;
il doit, d une certaine manière, tirer de cette harpe fictive qu’est son
œuvre des sons qui éveillent leurs harmoniques dans les harpes vivantes
et animées oui les entendront. On peut dire qu’en ce sens le roman
exige bien plus (en quantité sinon en qualité) que le poème ; car ce
dernier a rempli sa mission dès qu’il a créé dans son lecteur l’état
d âme recherché ; tandis que le roman doit en outre entraîner ce lec
teur dans une aventure, le faire agir (et non pas seulement sentir) au
moins par la pensée.
LES ACCIDENTS
L’O.N.M. prévoit la- fin de la vague
de froid. Une chute de neige s’est pro
duite hier matin à partir de 7 heures,
sur Paris et la banlieue, de même que
dans le Nord, Nord-Ouest, dans le
Centre et, dans le Massif Central. La
température minimum est en hausse
de 3 à 5 degrés sur la veille et
l’O-N.M, annonce un réchauffement
progressif, mais insuffisant toutefois
pour amener le dégel, sauf dans la
région côtière de l’Atlantique.
L’installation de moyens de chauf
fage de fortune a provoqué de nom
breux cas d'intoxication mortelle par
le gaz d’éclairage au cours des der-
nières vingt-quatre heures :
Mme Andréa Beauvaix, 32 ans, et
ses deux fillettes : Annik, 5 ans, et
Nicole, 3 ans, 17, avenue de la Porte-
Brunet ; Mme Anna- Van Der Vecken,
10, rue Amélie ; Mime Gabrielle Saliot,
28, rue Villiers-de-l‘Isle-Adam ; M.
Georges Dejollein, 94, avenue Victor-
Hugo ; Mme Claire Patte, 11, avenue
de la Grande-Armée ; M. Joseph Ca
valière, 18, rue Henri-Barbusse, aux
Lilas, et Mme Le Goazon, 76, rue de
Suresnes, à Puteaux.
En Vendée, la neige a été précédée
d’un violent orage accompagné de
grêle et de pluies torrentielles ; la cir
culation routière a été interrompue
et les trains subissent d’importants
retards. A Noirmoutiers, des centaines
de mimosas ont été grillés. A Tar-
nière, un jeune homme de 20 ans.
Gaston Foulard, cultivateur,-est mort
frappé de congestion.
GRATIS
Nous avons vécu hier une .jour
née mémorable, une journée dont
on se souviendra longtemps... En
quoi ? Mais voyons, en premier
lieu il y avait la neige, d’abord la
belle neige blanche, immaculée, puis
la boue jaunâtre et sale que l’ad
ministration de la Ville de Paris
doit beaucoup aimer puisqu’elle n’a
pas engagé, comme d’habitude, clo
chards et chômeurs pour la dé
blayer, laissant les piétons patau
ger désespérément dans une ville
dégoûtante, c’est le cas de le dire.
On nous avait parlé depuis long
temps de 10 tonnes de sel qui « bi-
kiniseraient » la neige, mais cette
prudente administration les garde
pour plus tard. S’il n’y a pas de
nouvelles chutes de neige, on dis
tribuera ce sel aux consommateurs,
à Pâques ou à la Trinité...
Pourquoi encore journée mémo
rable? Eh bien! entre autres, parce
que ce fut le quatorzième anniver
saire d’un événement qui fut la
base de tous nos malheurs, un an
niversaire que tout le monde a ou
blié et que je retrouve par hasard :
la prise du pouvoir en Allemagne
par le chef du parti nazi : Adolf
Hitler...
Et puis encore 1...
Simplement que c’était notre der
nier jour de souffrances : si vous
n’avez pas la mémoire courte, vous
devez vous en souvenir !... Des gens
sérieux, honnêtes, simples, des mi
nistres. à la veille des élections,
pour tout dire, nous ont promis...
L’un affirma, : « Les restrictions
d’électricité seraient abolies au 1er
février ! »
Vous voyez ? A partir d’aujour
d’hui, plus de coupures... Si ça n’a
pas été hier, c’était certainement
pour mieux nous faire sentir la
transition, pour mieux nous faire
goûter notre bonheur... D’ailleurs,
ce ministre n’avait pas parlé du
gaz et, s’il était réduit hier, ce n’est
pas parce qu’il y avait de l’eau de
dans, c’était pour donner « plein
gaz » aujourd’hui-
Encore mieux ! Si toutes ces cou
pures vous ont fait fumer, vous
allez pouvoir fumer aujourd’hui, et
pour de bon ! Je retrouve, en feuil-
que le poème ; car ce
dans son lecteur l’état
letant les
note des
(Robert),
financier,
du tabac
coupures (de presse), une
services de M. Schuman
pas le parachutiste, le
annonçant la vente libre
- pour le 1er février...
Personne n’en parle, également
La liberté
du marche
de l’or
A PROPOS D'UN ARTICLE
. Considéré de ce point de vue, il n est rien d’humain qui soit en
principe étranger au roman Le progrès de ce genre littéraire qui est
considérable depuis le XVII e siècle consiste justement dans l’intégra-
tion lente mais irrésistible et continue de quantités d’éléments dont les
auteurs de VAstrée, de La Princesse de Clèves, d’Adolphe, de Domi
nique se fussent successivement étonnés et, plus encore qu’eux les cri-
tiques conformistes qui leur étaient contemporains... On se rappelle le
toile qui accueillit les récits de combinaisons notariales de Balzac dès
ses premiers romans. Ils nous paraissent aujourd’hui fort savoureux et
seuls capables de nous donner le mot des personnages qui en sont les
artisans., J’ai déjà raconté les mines effarées des critiques conformistes
(rares d’ailleurs) qui proposaient, de remplacer le deuxième volume de
Kabevel par la phrase : « Il s’enrichit. » Aujourd’hui, nous voyons
pour nous faire une surprise, car
•je suis sûr que M. Schuman, qui
est encore ministre dans le nou
veau cabinet, n’a pas oublié les
promesses qu’il fit avant de quit
ter l’ancien; c’est un homme bien
pensant, M.R.P. jusqu’au bout des
ongles et... « franc » comme un je-
ton de sa monnaie : sa promesse de
nous faire pétuner ne peut, ce se
rait un comble, n’être que fumée...
FRANC K-DOMINIQUE.
I 1 A Z y 11 J "—P ——9
nos plus grands aines, Duhamel et Romains, entrer dans le détail le
plus fouillé de spéculations financières et y entraîner des lecteurs cap
tivés qui comprennent parfaitement que sans ce détail, la vérité pro
fonde d’êtres tels qu’un Pasquier ou un Hayerskemp leur échapperait
totalement.Et de même qu’un jeune poulain n’est pas effrayé en voyant
pour la première fois une automobile dont m mère fut terrorisée, de
(Lire la mite en deuzleme page.)
L’Angleterre aura à choisir
entre les Arabes et Ankara
Damas, 31 janvier. ■— Les journaux
dé Damas protestent aujourd’hui
contre les attaques de' la presse
turque. ‘
« Ces attaques, écrit le. journal
Alyakaza, n’auront pour résultat
que de pousser la Syrie — et plus
exactement tous les peuples arabes
- jusqu’à l’extrême limite du rap-
prochement avec la Russie sovie-
A sen tenir aux estimations théo
riques (1) sur le rendement en éner
gie d’une livre d’uranium entière
ment désintégré, on aboutit à des
conclusions nettement optimistes
sur la possibilité d’utiliser les sources
d’énergie nucléaire. Au Congrès tech
nique international qui s’est tenu à
Paris du 16 au 21 • septembre 1946,
M. Hanry A. Winne, vice-président
de la General Electric Company, un
des plus forts groupes intéressés par
ce problème, s’est livré à un calcul
qui peut paraître instructif. Une li
vre d’uranium 235 ou de plutonium
entièrement désintégré libère une
énergie équivalant à la combustion
de 1.500 tonnes de houille. Mais, at
tention ! Dans le mineral courant
d’uranium, l‘U 235 qui se prête à
la désintégration n’apparaît que dans
la proportion d’une part pour 140.
C’est-à-dire, poursuit M. Winne, que
si une livre d‘U.235 peut remplacer
1.500 tonnes de charbon valant 7.500
dollars (à 5 dollars la tonne), il faut
que le coût de revient de la livre d’u-
ranium naturel s'établisse au-des
sous de 55 dollars puisque, pour ob
tenir une livre d’U 235 il faut trai
ter 140 livres de minerai naturel dé
jà purifié.
(Lire la suite en troisième page)
déférent, fait d’une sympathie una
nime, lui a été réservé. Les quel
ques mots qu’il a prononcés ont
fait la part belle à la deuxième
Assemblée, peut-être trop illusoire
ment belle. Car le « pouvoir de
conseil » est une chose appréciable,
certes, mais qu’on ne saurait met
tre à égalité avec le « pouvoir de
décision ». En disant que l’un va
lait l’autre, Paul Ramadier mettait
simplement du baume sur certains
regrets.
Faut-il noter, comme une nuance
à retenir que, parlant de son gou
vernement, il a dit que celui-ci
avait reçu l’investiture et la con
fiance de l’Assemblée. La formule
semble bien indiquer qu’il s’agis
sait, dans l’esprit du président du
gouvernement, de deux étapes dis
tinctes, la première n’impliquant
pas forcément la seconde. Si cette
interprétation est juste, si Paul Ra
madier ne s’est considéré vraiment
comme ayant obtenu la « confian
ce » de l'Assemblée nationale
qu’après le deuxième vote, il ins
tituera un précédent formel. Et
l’investiture ne dispensera pas plus
les présidents du Conseil de récla
mer une fois encore l'approbation
de l'Assemblée, sur la composition
de leur équipe ministérielle, qu’elle
ne les en dispensait sous l’ancien
système. Tôt ou tard on s’aperce
vra qu’il y a une des deux forma
lités qui est de trop. A l'usage,
nous saurons si c’est la première ou
la seconde.
De ce double labeur au Palais-
Bourbon et au Luxembourg est
sorti le vote d’un acompte provi
sionnel aux fonctionnaires. Ceux-ci
l’attendaient avec impatience. Nous
ne sommes pas sûr que tel qu’on
le leur offre il leur donnera néan
moins satisfaction. Deux nécessités
contradictoires expliquent les in
justices apparentes des dispositions
qui ont été adoptées hier. Le point
de départ avait été le statut de la
fonction publique, adopté, à la de
mande de Maurice Thorez, par la
deuxième Constituante. Dans un
tel statut, dont l’un des objets est
de former des cadres administra-
tifs de qualité et, par conséquent,
payés selon leurs mérites, les hauts
fonctionnaires bénéficient d’un re
classement avantageux, celui-là
même qu’on souhaitait pour eux
depuis longtemps. En face de cette
revendication d’un caractère spé
cial se dresse celle des catégories
petites ou moyennes qui, ne se pla
çant, bien légitimement d’ailleurs,
qu’au point de vue des nécessités
urgentes de l'existence, réclament
des compléments de traitement leur
permettant avant tout de faire face
à la hausse continuelle des prix.
Tels qu’ils sont calculés, les acomp
tes provisionnels ne satisfont pas
ou satisfont mal les moyens ou les
petits fonctionnaires.
Il est donc à craindre que ces
milliards que devra débourser M.
Robert Schuman, et qui vont pour
tant peser de façon écrasante sur
nos budgets, n'apaisent pas le mé
contentement des intéressés. Fal
lait-il cenendant sacrifier nos ca
dres supérieurs, que le secteur pri
vé, plus généreux, débauche déjà
bien largement ? Evidemment, non.
Il est même plus urgent que jamais
de prévenir le découragement de
certains fonctionnaires, les profes
seurs par exemple, qui sont des
déshérités dans la famille adminis
trative française depuis de nom
breuses années.
Ces aménagements précaires, ces
acomptes à la fois onéreux et insuf
fisants appellent, en réalité, une
politique différente. Nous ne pou
vons plus continuer ainsi. Dans le
remarquable discours qu’il a pro
noncé à l'Assemblée nationale et
que devait renforcer un exposé lu-
mineux et honnête du ministre des
Finances, M. René Mayer a mon
tré que l’inflation, le désordre ad
ministratif, les mauvaises métho
des annuleront les avantages qu’on
accorde aujourd’hui aux diverses
catégories de travailleurs. C’est la
baisse des prix qu’il faut poursui
vre, qu’il faut rendre effective, car
elle n’est jusqu’à présent qu’un
mouvement de surface, si l’on veut
vraiment que les traitements et les
salaires représentent un pouvoir
d'achat réel, sérieux. C’est la mon
naie qu’il faut préserver. Ce sont
les milliers de « contractuels » qui,
constituant dans les administra
tions de coûteuses clientèles poli
tiques, qu’il faut licencier et rendre
à des activités productives. Tant
que le fonctionnaire inutile pren
dra la part du fonctionnaire indis
pensable, tant que le train de l’Etat
ne sera pas héroïquement réduit,
tant que les prix monteront et que
la valeur du franc s’amenuisera,
les acomptes provisionnels seront
simple monnaie de singe.
L’Assemblée nationale
vote 46 milliards de crédits
SAU CONSEIL DE LA REPUBLIQUE
VOTE
DE M. CHARLES RIST
M. Charles Rist vient de se pro
noncer à nouveau dans « l’opi
nion » pour la liberté du marché
de l’or. L’éminent expert s’attache
particulièrement à démontrer que
cette mesure n’aboutirait pas à la
mise en circulation de deux mon
naies, se faisant concurrence, et
dont l’évolution des marchés dé
montrerait une fois de plus la jus
tesse de la loi de Gresham.
Je suis moi-même partisan de la
liberté du marché de l'or. Comme
l’écrit M. Rist, « le cours de l’or
est un thermomètre ». La confu
sion actuelle des esprits a en par
tie pour cause cette absence de
points de repère dont une des con
séquences les plus fâcheuses est
l’atonie de l’opinion publique. L’of
fice des changes, l’Impex, la répar
tition bureaucratique, etc., ont
pour effet de masquer la réalité,
prise dans son ensemble. Leur ma
niement complexe est à peu près
inintelligible au Français moyen,
défaut qui apparaît peut-être une
qualité aux yeux des tenants du
système. Le voile est suffisamment
épais pour que le public n’ait pas
conscience du danger et, par con
séquent, n’ait pas à temps les ré
flexes de défense qui suscitent les
grands mouvements d’opinion, qui
provoquent et font accepter les
mesures salvatrices. Dans le sys
tème actuel, l'immense majorité
des citoyens ne peut prendre cons
cience de l’imminence de la catas
trophe que lorsque, déjà, le méca
nicien a brûlé tous les signaux et
négligé d’entendre les pétards
d’alerte.
Mais je ne peux partager l’opi
nion de M. Rist quand il soutient
que l’or n’est qu’une marchandise
sur le marché clandestin et que,
par conséquent, il n’y remplit pas
de fonction monétaire. J’ai soutenu
récemment (1) la thèse contraire.
Je ne conteste pas l’argument juri
dique mis en avant, à savoir que
l’or n’a pas pouvoir libératoire,
mais, dans les faits, il n’en de
meure pas moins la valeur étalon.
H. BUFFANDEAU.
Le vote des crédits nécessaires pour
amorcer, per application dun decret
rendu par le ministère Blum, la pro-
chaine revalorisation- de la fonction
publique, avait eu beau susciter une
certaine effervescence parmi les in
téressés, et surtout les représentants
de leurs catégories se jugeant les
moins bien partagées, n’en a pas
moins été obtenu de l’Assemblée na
tionale sans difficulté, par un accord
unanime fait, comme le fut le vote
final,' avec le ministre des Finances,
dont les explications ont été trop
loyalement claires pour n’être pas
parfaitement convaincantes.
L'artloise du ministère Blum
On commença d’abord par régler
les crédits supplémentaires exigés par
la composition du gouvernement que
fit M. Léon Blum, mais ce ministère
ayant cessé ses fonctions au 22 jan
vier, la dépense précédemment prevue
pour un trimestre a été réduite de
08/90 par la commission, ce qui re
présente seulement une petite ar
doise de 10.684.000 francs à régie»’.
M. Pierre Montel, du P.R.L., s’y est
refusé.
« Le pays, dit-il, n’apprendra pas
sans surprise que, dans le temps où
des sacrifices étaient demandés a cer
tains pour l’application de la baisse
de 5 0/0, les dépenses du gouverne
ment se sont augmentées de
8.931.000 francs. »
Au contraire, le ministre des Fi
nances fait fléchir la commission
pour un petit supplément de
8.409.000 francs destines à ratifier la
création de quatorze emplois nou
veaux de chargés de mission ratta
chés au commissariat du plan.
à
Les acompies
aux fonctionnaires
Ces chiffres ne comptaient
pas,
côté des 45 milliards 600 millions
(1) Voir l’ a Ordre » du 26 janv.
(Lire la suite en troisième page.)
Macbeth poignardé
pour de vrai
Londres n’a plus rien à envier
maintenant à Toulon où, on le
sait, dimanche dernier, un ar
tiste lyrique se blessa accidentelle
ment sur scène avec un poignard.
En effet, hier soir, au théâtre
de Oldham, les applaudissements
frénétiques des spectateurs saluè-
rent le Jeu . réaliste de
Harold Norman lorsque,
rôle de « Macbeth U
couvert de sang après le
final avec Mac Duff.
l'acteur
dans le
s'abattit
dialogue
Après le baisser du rideau, un
médecin fut mandé d’urgence et
« Macbeth », grièvement blessé,
dût être transporté à l’hôpital.
Par une erreur inexplicable, Mac
Duff avait frappé Macbeth avec un
véritable poignard dont la lame
pénétra de doute centimètres dans
là poitrine. n. , .
demandés par le gouvernement pour
l’attribution d’allocations provision
nelles, aux personnels de l’Etat en
activité et en retraite.
Le rapporteur général, M. Barangé,
M.R.P., dont le seul mérite oratoire
est la brièveté, signala que ces cré
dits étaient nécessaires à l’applica-
tion des décrets pris le 16 janvier
1947 parle gouvernement précédent
pour assurer un acompte aux fonc
tionnaires et agents de l’État. La
commission des Finances a dû pren
dre acte du fait que l’article 17 de
la Constitution, du à l’initiative de
M. Paul Reynaud, ne permet pas aux
législateurs d’augmenter les crédita
demandés, mais, malgré certaines
anomalies dans la classification pro
visoire des bénéficiaires, est unani
me à demander le vote des crédits.
M- Guillant, de l'Eure, a apporté
sur un ton pompeux, ponctué de
larges gestes, l’approbation des M.R.P.
Discours de M. René Mayer
M. René Mayer, dont la place gran
dit justement dans l’assemblée, pro
nonça le bon discours de la séance.
— Nous voulons, dit-il, au nom
du groupe radical-socialiste, ec il
fut pour cela une première fois ap-
plaudi, que les fonctionnaires aient
une existence digne et puissent éle
ver de nombreux enfants, hors des
préoccupations matérielles, dans le
respect de principes moraux dont la
revalorisation est au moins aussi
nécessaire que celle des rémunéra-
dons.
Nous souhaitons aussi, et depuis
longtemps, la diminution du nombre
des fonctionnaires non seulement
pour des raisons budgétaires mais
surtout pour des raisons économi
ques : le personnel en surnombre
doit être dirigé vers des tâches plus
directement productives.
L'article 11 de la loi votée en dé
cembre disposait qu’avant le 1er fé
vrier 1947 un plan de compression
établi par chaque ministre devrait
permettre le dégagement de 50.000
fonctionnaires. Nous sommes le 31
janvier : c’est demain que ce plan
doit être prêt.
Nuso aimerions savoir ce qui a été
réalisé, car nous voulons que ces
compressions soient effectives. Nous
sommes convaincus, dit-il, aux ap
plaudissements chaleureux de la
droite comme du centre et d’une
bonne partie de la gauche, que, pour
aller au-delà de ces 50.000 premiè
res suppressions d’emplois, il faudra
s’attaquer à des suppresions de ser
vices, et non plus seulement de
fonctionaires, et qu’il sera nécessaire
de trancher dans la broussaille des
doubles emplois. Le tableau synop
tique, que je dresse actuellement
pour les rapports économiques entre
la France et l’Algérie comportera
une trentaine de services ou de per
sonnes.
« Il faudra aussi, dit-il, applaudi à
nouveau par la gauche, nous éclairer
sur l’utilité de tous les inspecteurs
généraux de l’Economie nationale et
de la Production industrielle, survi
vance des administrations régionales
supprimées : s’ils ont un personnel
de bureau fixe, eux-mêmes sont mou
vants, c’est-à-dire insaisissables. Il
est encore beaucoup de services ré
gionaux dont nous voudrions voir la
disparition, comme ceux de l'Infor-
mation, de même qu’il serait temps de
réduire dès services du ministère des
Anciens Combattants, trop importants
depuis le retour des prisonniers de
guerre..
« L’Armement installe des services
de laboratoires et de recherches qui
sont, paraît-il, le prélude de certains
regroupements : nous voudrions être
sûrs que ces regroupements auront
lieu et dégageront des locaux actuel
lement occupés.
« Les suppressions des services ré
gionaux en entraîneront d’autres
dans les services centraux.
« Une telle tâche n'est pas facile.
Il y a déjà 25 ans, jeune auditeur au
Conseil d’Etat, j’avais été, comme
rapporteur d’une commisison d’écono-
mies, présidée par M. Louis Marin,
que je vois sur ces bancs, chargé du
rapport relatif au regroupement des
services de l’énergie dans un futur
ministère de l’Economie nationale.
Mon œuvre m’a inspiré, depuis, quel
ques remords, et même quelques cau
chemars.
Il faudra renoncer à ce jeu de bal
lon entre les ministres et les organi
sations syndicales : chacun se dé-
clare prêt à présenter un plan de ré
organisation et accuse ensuite les au
tres de l’échec en ce qui concerne la
mise en appplication.
L’article 1.1 de la loi de décembre
donne d’ailleurs au chef du gouverne
ment l’occasion de se saisir de l’en-
semble de ces projets : en cas d’iné-
xécution de la première tranche de
licenciement, il doit, avec l’aide d’une
commission comprenant notamment
des représentants du ministère des
Finances, de la commission parle
mentaire des Finances et de la Fédé
ration des fonctionnaires, préparer
des decrets qui procéderont d’office
à des suppressions d’emplois.
Nous ne sommes pas très optimis
tes sur la fin des travaux de la com
mission de reclassement : que le gou
vernement use de ses pouvoirs d’ar
bitrage.
M. René Mayer critique la différen
ciation des allocations par zone, qui
risque d’amener des complications et
de créer des conflits intérieur chez
des deux premiers
projets de loi
las fonctionnaires.
ministre des
Finances l’a justifiée par la nécessi
té de maintenir la comparaison en
tre la rémunération de certains fonc
tionnaires publics avec les employés
de services privés.
ROBERT-PIMIENTA.
(Lire la suite en troisième page)
Un Conseil interministériel a
discuté hier soir des problè
mes de ravitaillement.
Les délibérations du conseil in
terministériel qui s’est réuni hier
soir, à l’hôtel Matignon, sous la
présidence de M. Paul Ramadier,
ont pris fin à 21 h. 15.
Les problèmes du ravitaillement
ont fait l'objet de la majeure par
tie des délibérations de la soirée,
particulièrement l'approvisionne-
ment en viande. M. Georges Ras-
tel, haut commissaire à la Distri
bution, a fait un exposé sur la
réorganisation de ses services.
D’autre part, le régime de l'es-
sence a été examiné. On procède
actuellement à la révision des at-
tributions prioritaires. Dès
cette tâche sera terminée, le
cret créant le double secteur
trera en application et. à ce
ment seulement, le prix sera
que
dé-
en-
mo-
fixé.
En marge des délibérations, on
a appris que M. Jaussaud a été
nommé directeur au ministère du
Travail.
Le ministre de la Défense natio
nale et les trois ministres d’ar-
mée tiendront une réunion com
mune, aujourd’hui, à 18 heures, à
l'hôtel Matignon, sous la prési
dence de M. Paul Ramadier.
Le Conseil de la République a tenu
hier au première séance vraiment im
portante, puisqu’il a examiné, discuté
et adopté le projet de loi gouverne
mental concernant le mode d'élection
au conseil supérieur de la magistra
ture, lequel texte avait été soumis
la veille aux délibérations de l'Assem
blée nationale.
Non content d'ailleurs de donner son
avis sur ce seul texte dont l'urgence
ne lui a pas échappé et, après avoir
nommé M. Henri Martel, vice-prési
dent en remplacement de M. Georges
Marrane, le Conseil s’est encore offert
le luxe de se réunir en séance de nuit
pour étudier un second projet voté
en fin d’après-midi par l’Assemblée
nationale. Cette fois, il s’agissait de
l’ouverture d’un crédit destiné à payer
aux fonctionnaires leur acompte pro
visionnel.
En ces deux circonstances, le Con
seil de la République a donné la me
sure de son ardent désir de travail.
Il a montré qu’on avait pas tort de
lui faire confiance. Il a répondu aussi
comme il convenait, c’est-à-dire par
une illustration immédiate et vivante
aux paroles d’espoir que M. Paul Ra
madier venait de lancer à la tribune
même de l’Assemblée.
En demandant à l’Assemblée, dès
l’ouverture de la séance que présidait
Mme Brossolette de bien vouloir adop
ter la procédure d’extrême urgence
en faveur du projet de loi relatif au
conseil supérieur de la magistrature,
M. André Marie, garde des Sceaux,
avait, en effet, annoncé aux conseil
lers, la visite du chef du gouverne
ment. Suivant en cela l’exemple de
son prédeccseur, M. Léon Blwn, M.
Paul Ramadier devait prononcer une
courte allocution.
« Au moment même, déclara-t-il,
où commence la discussion du premier
projet de loi adopté par l’Assemblée
nationale, Je gouvernementa tenu d
vous apporter son salut et à vous dire
combien il est heureux de collaborer
avec vous et combien il en attend
d'heureux résultats.
« Le pouvoir de décision appartient
à l’Assemblée nationale, dit-il encore,
mais parce que vous représentez les
éléments permanents de la nation à
travers les situations de l’opinion,
Vous êtes investis d’un autre pouvoir
parfois plus utile que le pouvoir d’exé
cution, celui de mettre en garde. »
Après M. Ramadier, M. Chaumel,
au nom de la commission de la Jus
tice, rapportait devant l’Assemblée le
projet gouvernemental. Il insista
tout d’abord sur l'urgence de la ques
tion, puis, sous réserve de quelques
précisions à recevoir du garde des
Sceaux, notamment en ce qui con
cerne le fonctionnement de la sup
pléance, il donna l’accord de la com
mission au texte qui ^ui avait été
soumis.
De son côté, M. Georges Pernot,
tout en soulignant ce qu’avait de
gênant pour une chambre dite de ré
flexion une procédure d’extrême ur
gence, regretta que les magistrats du
Parquet ne fussent pas admis à par
ticiper aux élections au Conseil de
la magistrature, au même titre que
leurs collègues du siège. Et il pria
le gouvernement de ne pas creuser
un fossé infranchissable entre ces
deux catégories.
M. André Marie, garde des Sceaux,
prit ensuite la parole. Il s’excusa d'a
voir demandé à titre exceptionnel la
procédure d’urgence, mais la ques
tion l'exigeait.
« Depuis l’entrée en vigueur de la
Constitution, dit-il, le garde des
Sceaux ne peut plus nommer un seul
magistrat du siège, pas plus que ne
peut être examiné un recours en
grâce. Faute de magistrats, les tribu
naux ne peuvent pas fonctionner, et
dans l’année qui vient de se termi
ner, 75.000 recours en grâce ont été
déposés qui réclament une solution.
C’est cette préoccupation d’aller très
vite qui a inspiré ce texte simple ; il
se borne à fixer pour le moment les
conditions d'éligibilité des représen
tants des magistrats au Conseil de la
magistrature. Plus tard, un texte
fixant le statut de la magistrature
vous sera soumis. »
Après les explication du ministre,
l’Assemblée procéda à la discussion
des articles. Les amendements, il y
en avait quelques-uns, furent, à la
demande même de M. Marie, retirés
par leurs auteurs : MM. Bendjelicnil
et Marc Rucart. Puis l’ensemble fut
adopté à main levée.
Pierre ROCHE.
(Lire la suite en troisième page)
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