Titre : Le Figaro littéraire / directeur Pierre Brisson
Éditeur : Le Figaro (Paris)
Date d'édition : 1950-09-23
Contributeur : Brisson, Pierre (1896-1964). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34348629k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 23 septembre 1950 23 septembre 1950
Description : 1950/09/23 (A5,N231). 1950/09/23 (A5,N231).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t51176362b
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-246
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/07/2023
LE FIGARO LITTERAIRE — SAMEDI 23 SEPTEMBRE 1950 =========== ==== = = ======== ===== - . =---
AUX QUATRE Vents
Au jeu avec le roi Farouk
T ES parties de baccara du roi Farouk
— ont été pour les familiers des casi
nos un véritable spectacle en minia
ture. Il en fut une tragique, lorsqu’un
des partenaires du souverain s’écroula,
frappé d’embolie. Les autres furent.
Dieu merci ! aimablement pittoresques.
Le roi, en chemisette, s’asseyait à la
table l’après-midi. A portée de voix ou
de geste, son cafetier, tasses et cafetière
sur un plateau, lui versait à boire.
Surviennent, au milieu d’une partie,
le duc et la duchesse de Windsor qui
s’assoient en face du souverain.
Un signe, et le cafetier verse le café
turc dans deux tasses en or incrustées
d’émeraudes et de rubis.
La duchesse de Windsor trempe ses
lèvres et se brûle :
— Oh ! mais c’est bouillant ! ,
— Madame, dit le roi, excusez-moi !
Mais nous autres, indigènes, nous avons
la langue en cuir !
♦
Le roi Farouk finissait son dernier
baccara à Biarritz quand une jeune
femme, assise en face de lui, tira une
cigarette de son étui et quêta du regard
de quoi l’allumer.
Absorbé par les cartes, le roi lui
lança, glissant sur le tapis, son briquet
en or..
La jeune femme prit pour de la désin
volture la distraction royale. Elle saisit
le briquet et le tendit au croupier :
— Personnel !
Sur mesures
L E quadrilatère formé, dans le 11 e ar
rondissement, par les rues Duranti,
Merlin, .Servan et de la Roquette est le
parcours idéal pour juger des aptitudes
des élèves automobilistes ; ce qui ex
plique que les ingénieurs chargés de
faire passer les épreuves de conduite
automobile l’aient adopté. Ces rues,
peu fréquentées, offrent, en effet, autant
de virages à angles droits que l’on en
peut souhaiter, et une chaussée pavée,
en rampe, tout indiquée pour les dé
parts en côte.
— Ce n’est pas tout, disait l’autre
jour une jeune femme qui racontait
comment elle avait conquis son permis,
le matin même, en exhibant fièrement
sa carte rouge toute neuve, nulle part,
certainement, on ne trouve autant de
symboles et d'avertissements : rue Du
rant!, on côtoie l’immense bâtiment du
Crédit municipal, là précisément où
l’automobiliste pourra engager sa voi
ture quand il n’aura plus d’argent ;
sur les quatre rues, on longe les murs
de -la Petite-Roquette, ce qui rappelle
aux élèves qu’il vaut mieux ne jamais
tuer personne ; et, pour finir, le par
cours aboutit au Père-Lachaise, ce qui
donne encore plus à réfléchir. Je l’ai,
ce permis, mais je ne veux plus retour
ner dans ce quartier.
Le chat du Matterhorn
U N alpiniste, inconnu jusqu’ici, a réa
lisé un exploit sans précédent : tout
seul, sans corde ni chaussures ni pio
let et tout nu. Il bivouaqua même, au
bout de son ascension, dans un cou
loir, sous l’épaule du Matterhorn, à
quatre mille quatre cent trente mètres.
Cet alpiniste est un chat. Quittant
l’hôtel Belvédère (altitude trois mille
deux cent quarante mètres), il suit une
cordée qui attaque l’arête Hœmli. La
cordée ne prend pas garde au félin soli
taire, qui la distance à longues foulées.
Notre chat passe sa première nuit
d’alpiniste à la cabane Solway (altitude
trois mille sept cent soixante mètres).
Il repart à l’aube, bivouaque, à quatre
mille mètres, dans un redoutable enton
noir où le Matterhorn évacue sa pier
raille. Ragaillardi, le solitaire gravit le
sommet et rejoint, au moment de sa
collation, une cordée d’alpinistes émer
geant du versant italien.
Le chat est revenu dans la vallée, au
fond du sac du guide qui sait que, si
les chats “peuvent être bons grimpeurs,
ils n’aiment guère redescendre.
Indignation
I ES Bourguignons n’en reviennent pas
— qu’un nombre croissant de Français
pensent qu’Alésia soit Alaise, dans le
Doubs, et non Alise, dans la Côte-d’Or.
Il faut bien qu’ils s’y résignent, puis
que toutes les probabilités historiques
sont contre eux.
Ils s’y résignent mal.
Dans un journal de Dijon, amer et
violent, M. Jovignot rend responsable
de « l’expropriation » dont il souffre
Le Figaro Littéraire, d’abord et de lon
gue date, puis Le Figaro, plus récem
ment, par une chronique d’André Billy.
M. Billy — . écrit le bouillant' chroni
queur — a tort, à une heure grave, de
traiter légèrement une cause très noble.
On ne joue pas avec l’une des plus bel
les pages, et la première, de l’Histoire
de France.
Nous doutions-nous qu’à Dijon l’on
pût porter un tel amour, non à la vic
toire, mais à la défaite !
On nous dit bien que tant d’indi
gnation naît de quelques alarmes sur
le capital touristique de la Bourgogne.
Nous n’en croyons rien. Que notre
confrère dijonnais se rassure : les Fran
çais mettront plus de temps à s’attacher
à la défaite d'Alésia qu’à se déprendre
du chambertin, du lièvre à la crème et
des nonnettes de Dijon.
Deux aiglons dans un nid neuf
ÏEAN WEBER et Marguerite Jamois
• jouent L’Aiglon, chaque soir, par
alternance, sur la scène remise à neuf
du théâtre Sarah-Bernhardt.
C’est en avril 1900 que l’œuvre fut
créée, à la Porte-Saint-Martin.
— Si je ne l’ai pas montée en avril
même, déclare A.-M. Julien, directeur
de Sarah-Bernhardt, c’est parce que je
voulais donner à cette reprise un cadre
digne d’elle. La salle, entièrement re
faite, est maintenant prête à l'accueillir.
Pour son cinquantenaire, L’Aiglon
essuie donc les plâtres et les ors d’un
théâtre flambant neuf. Ce qui ne lui était
jamais arrivé. Pas plus, d’ailleurs, qu'à
Jean Weber ni qu’à Marguerite Jamois.
— Ça doit produire un curieux effet,
disait l’autre jour celle-ci, de jouer dans
l’odeur de la peinture fraîche.
Quant à Jean Weber, il déclara :
— Une salle neuve ? Non ! Jamais
connu ça à Paris. Quand je suis entré
à la Comédie-Française, j’étais, moi, très,
très neuf. Plus elle... Mais voilà le mi
racle des vieilles dames : elle, n’a pas
changé.
PROPOS OU
Un entretien chez Judith
Gautier
E feuilletais
respondance
tome
sur la
l’autre jour la Cor-
générale de Baude-
laire, si bien procurée par M. Jac
ques Crépet et qui en est à son
IV, lorsque mes yeux tombèrent
lettre du poète à Judith Gautier,
ne reconnus pas les lieux où, voilà plus
de quarante ans, j’eus l’honneur d’être
reçu par elle. C’est que Judith Gautier
avait deux appartements rue Washing
ton : l’un au cinquième, sur la rue, com-
au crayon, par Sargent, sur un délicieux
pastel fait par elle — une jeune fille au
béret — où se retrouve je ne sais quelle
grâce, je ne sais quelle fantaisie digne
de Marie Laurencin, sur une cire per ¬
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(Les zoologues patentés savent que le
homard est un membre notable de cette
famille de crustacés : nous le savons
aussi grâce au Larousse du vingtième
siècle.) Un restaurateur du cru, plein de
courage et d’astuce, a pris le parti de
plonger derrière des congres dans les
profondeurs du trou Saint-Yves. Le
congre pointe vers le homard : le pê
cheur s’arrange pour le cueillir avant
son rival. Et la farce est jouée. On peut
bien en
l’affaire
Autre
vraie),
ainsi :
prévoir une autre, mais c’est
du cuisinier.
histoire gasconne (et pourtant
qu’un ostréiculteur rapporte
En vente 4 1» Société d'Édition
« Les Belles LETTRES », 95, Bd Rasput, Paris
— Mon grossiste parisien se plaint
que mes huîtres sont moins grasses. Il
me reproche de les mal nourrir...
A l’idée de nourrir artificiellement les
milliards de mollusques de son bassin,
tout Arcachon est malade de rire.
1 A vogue de Sponde dans quelques-
milieux cultivés a ressemblé à une
- mode littéraire au cours de ces der
nières années. Elle a suivi de peu
celle de Maurice Scève, et peut paraître,
à première vue, procéder du même es
prit : deux poètes dont l’œuvre est rare
et l’art savant sont soudain remis en hon
neur. On s’avise en outre que toute une
époque de la poésie française, injustement
oubliée, gardait des trésors méconnus. Il
s’agit toujours de ce seizième siècle pour
qui le fameux « Enfin Malherbe vint »
fut un coup fatal à plus d’œuvres qu’on
n’imagine. La revanche donnée à la
Pléiade depuis l’époque romantique
la
fut
loin de tout réparer.
La découverte de Sponde est due à un
écrivain anglais, M. Alan Boase, qui, —
1930, fit paraître dàns la revue de T. S.
Eliot, The Criterion, une étude sur quel
ques-uns des poètes qui précèdent Mal
herbe immédiatement. Neuf ans plus tard,
dans la revue Mesures, M. Boase devait
en
compléter sa révélation par une publica
tion de textes choisis. Sponde allait de
venir dès lors la tarte à la crème des
anthologistes. Nous n’avions pas cependant
d’édition satisfaisante de son œuvre poé
tique, celle qui a été publiée en 1944 four
millant de fautes qui en altèrent parfois
le texte gravement. Si bien que l’édition
récente à laquelle ont abouti les patients
travaux de M. Alan Boase, en collabora
tion avec ceux, non moins sérieux, de
M. François Ruchon, constitue en somme
la première qui remette en lumière la
gloire obscurcie de Jean de Sponde, •—
peut-être même la première qui donne de
sa poésie une expression complète et par
faitement fidèle.
Découverte, disons-nous, et encore révé
lation. Ces mots ne sont pas trop forts,
si l’on sait que Sponde, personnage nota
ble à son époque pour de toutes autres
raisons que la poésie, est mort à trente-
huit ans (en 1595) sans avoir publié un
des poèmes qui sauvent maintenant son
nom de l’oubli. Ceux-ci parurent, deux ou
trois ans après sa mort, dans un recueil
collectif. Encore une édition, médiocre
d’ailleurs, au début du siècle suivant ; et
puis c’est la disparition totale, pour plus
de trois cents ans. Sponde évidemment
est à mettre au nombre des victimes de
la révolution malherbienne. Mais cette ad
versité d’ordre littéraire est un malheur
qui vient s’ajouter à une inimitié d’une
autre espèce. Il n’est pas exagéré de dire
que Jean de Sponde a été moralement
assassiné par Agrippa d’Aubigné, — ce-
datée du 9 avril 1864, où il la félicite
de son article du Moniteur sur Eurêka.
Comme j’avais, peu de jours auparavant,
raconté ici une visite à la tombe de
Judith, au cimetière de Saint-Enogat,
en compagnie de Roger Vercel, de Chris
tian Melchior-Bonnet et d’Henry Cas-
tillou, et fait*allusion au. centenaire de
sa naissance tombé précisément le mois
dernier, je me dis que, collaborant au Mo
niteur en 1864, Judith Gautier ne pou
vait être née en 1850. Quatorze ans n’est
pas un âge pour faire paraître dans les
journaux des articles sur Edgar Poe !
Et puis, à quatorze ans, peut-on être une
« belle jeune fille », comme dit Baude ¬
Un portrait de femme
dû à Théophile Gantier.
laire dans sa lettre ? Je voulus en avoir
le cœur net et allai voir l’héritière de
Judith Gautier, Mme Suzanne Meyer-
Zundel, qui habite toujours rue Washing
ton l’appartement où Judith Gautier,
présidente du jury Vie heureuse, réunis
sait les dames de lettres, ses amies. Je
par ANIIRIÉ BBIILILY
muniquant par un petit escalier avec
l’autre, au deuxième, sur la cour et sur
les anciens jardins des écuries du comte
d’Artois. Mme Suzanne Meyer-Zundel a
rassemblé dans ce second appartement
tous les souvenirs qu’elle a gardés de
sa grande amie, à l’exception de ceux
qu’elle conserve dans le petit pavillon
de brique de Saint-Enogat, pavillon
qu’elle possède encore et où, comme je
le disais l’autre jour, Pierre Louys a
écrit Les Chansons de Bilitis et Claude
Debussy composé La Mer.
Mme Suzanne Meyer-Zundel, à qui je
posai d’abord la question, tient la date
de 1850 pour exacte ; elle n’en a jamais
vu mentionner une autre. Certes, il est
surprenant qu’une fillette de quatorze
ans ait pu donner au Moniteur un arti
cle sur Poe, mais la précocité de Judith
était, de l’avis général, tout à fait ex
traordinaire, et, aussi bien, rien n’inter
dit de croire qu’à cet article Théophile
Gautier, son père, avait quelque peu mis
la main ; c’était bien naturel.
A une autre question concernant la mort
de Judith et l’apparition d’un jeune
« prince du Nord » dans sa chambre au
moment même qu’elle expirait, fait qui
m’a été rapporté de'deux côtés au moins
en Bretagne :
— Il y a confusion, me répondit mon
aimable interlocutrice en souriant. Ce
prince du Nord était en réalité un grand
d’Espagne, le marquis de Casafuerte,
neveu de l’impératrice Eugénie, et il
n’était nullement un inconnu pour Judith;
ce qui est vrai, c’est qu’il avait eu un
pressentiment soudain de sa mort et
qu’il se présenta pour la voir juste
comme elle expirait...
Je suis assis dans le salon et promène
mes regards sur le portrait de Judith
due modelée par elle et représentant
marchand chinois accroupi, sur
un
un
crayon de Théophile Gautier, qui est le
portrait du chanteur Mario, et je n’ou
blierai pas non plus deux peintures du
bon Théo, datées et signées de 1829, et
qui sont les portraits de deux dames de
la Restauration. Pourquoi m’imaginais-je
que la peinture de Théophile Gautier
ressemblait à celle de Delacroix ? On se
« La jeune fille au béret »,
de Judith Gautier.
(et il passait ses mains sur mes joues),
vous êtes de ma race ! J’aurais dû vous
trouver ! J’ai manqué ma destinée ! Mais
soyons.sages ! » En 1881, ce fut la pé
riode déchirante des regrets. En 1876,
Judith, enthousiaste, amoureuse, s’était
heurtée à la réserve du grand homme.
Cinq ans après, il lui disait : « Il était
temps, plus que vous ne le pensiez, de
fuir brusquement, cela devenait sé
rieux. » Une autre fois, il vint la voir,
suivi de deux chiens énormes. Elle le
reçut gaîment, sans aucune arrière-
pensée, et tout à coup elle s’aperçut
qu’il avait changé d’expression et, tout
ému, il murmura : « Je ne vous écoutais
plus, je regardais votre bouche... », et,
avec une tristesse indicible : « Je ne
vous avais pas vue telle que vous êtes. »
« Ce jour-là, disait Judith à Mme Meyer-
Zundel, ce fut comme un voile qui se
serait déchiré tout à coup. » Dès lors,
un nouveau Wagner se révéla, très vio
lent. Il s’asseyait à côté d’elle au théâ
tre et, aussitôt la salle éteinte, lui serrait
le bras avec force : « Je ne veux plus
écouter ma musique autrement que
comme cela... Je voudrais entendre tou
tes mes œuvres dans vos bras. »
Louis II entra au théâtre. Wagner de
vait rejoindre le roi dans sa loge : « Ce
fut véritablement dramatique, racontait
Judith. Il pleura. « Qu’avez-vous ? », lui
demandai-je, inquiète. —• « Ce n’est pas
la peine de vous le dire si vous ne com
prenez pas : c’est que le roi nous sé
pare. » Le roi, en effet, ajouta-t-elle
amèrement, le privait de son joujou. Il
en était de lui et de moi,, pour le roi,
comme si le Christ se fût mis à faire la
— On annonce la prochaine parution
des Sonnets de Louise Labé, illustrés 4
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lani et tirés sur les presses de R. Jad
quet (édition limitée à deux cents exem,
plaires).
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Pierre Molaine : Les Orgues de l’enfe r
Eva, de Daniel May, et, dans la colled
tion « Le Chemin de la vie », il f ailj
que je tue M. Rumann, de Jean-Charle
Pichon.
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née deux nouvelles pièces de G. Ber.
nard Shaw : La première pièce de Far
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naîtront : une Vie quotidienne au tem,
d’Elisabeth d’Angleterre, par Léon L,
monnier ; une Vie privée de Moliè
par Georges Mongrédien, et le deuxièn
tome de l’Histoire de la France poy
tous les Français.
La librairie Hachette mettra égal
nient en vente au mois d’octobre le ]■
vte de souvenirs d’une ambassadrice]
Je les ai bien connus, de Mme Cerruf
et le livre de W. Vogt : La Faim J
Monde.
— Calmann-Lévy-va mettre en vent
Et la fête continue, roman d’Yves Gi
beau, et un ouvrage de Vannevar Bus"
ancien directeur des services scient»
ques de l’armée américaine : Les arms
d’aujourd’hui et de demain. Au cou
du mois d’octobre, le même éditeur me
tra en librairie Pour l’amour de CM
pâtre, roman de P. Foucauld ; La HaM
de Wandsbeck, d’Arnold Zweig, tradit
de l’allemand, et Les Mailles du fil
récit d’une évasion de Roumanie, nt
Sorana Gurian. Enfin, dans la colle
tion Masques et Visages, Calmann-LM
publiera un Pierre Fresnay de A. Dg
beux. 1
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ï sprin
cour à
Marie-Madeleine. Il revint me
voir et me demanda si je ne désirais
pas un
fried »,
ajoutait.
fils de lui. « Vous avez Sieg-
lui répondis-je. Judith Gautier
s’adressant à Mme Meyer-
MOTS CROISES LITTERAIRES
Par ROGER LA FERTE
PROBLEME N° 230
LIANVVVVX
Horizontalement. — 1. Certaine fait , une
belle entrée à un héros romantique. — 2.
Pays de l’auteur des « Sylves ». — 3. L’n
Comnène la fonda. — 4. Initiales d’un per
sonnage de Walter Scott ; Se suivent chez
Voltaire. — 5. Sied à celui qui revient ; Vieil
anglais. — 6. Retourné : réclamé par le
traiteur ;■ Ce que vit à son retour un frère
de Corneille. — 7. Dans l’entourage des
Troyens ; Dieu. — 8. Arbre de France ; Ses
éruptions ne sont pas redoutables. — 9. Fin
de participe. — 10. Charrettes ; Symbole. —
11. L’une d’elles est une héroïne de Colette.
—• 12. Un romancier français fut accusé
d’avoir plagié ce roman anglais ; Telle une
simulatrice dont l’état fut confirmé par un
étrange diagnostic.
lui-ci d’ailleurs n’étant que le coryphée
d’une équipe d’exécuteurs féroces : le
monde protestant ne pardonna pas à
Sponde, huguenot de qualité, son abjura
tion.
Il était originaire de Mauléon, au Pays
basque. Jeanne d’Albret le protégea. Il
servit le roi de Navarre, et se trouva
même, à ce qu’il semble, parmi ses pro
ches à certains moments. Cela lui valut de
passer, aux yeux de ses ennemis, pour
un renégat de l’espèce la plus vile, celui
qui change de foi par intérêt. Sa conver
sion ne coïncide-t-elle pas avec celle du
Béarnais ? A supposer que celle-ci eût été
politique, celle de Sponde serait courti
sane, si l’on en croyait ses calomniateurs.
Mais la vérité est que le converti fut écarté
de la Cour, et qu’il s’en écarta lui-même.
Tout cela demeure obscur, d’ailleurs, et
l’on doit admirer M. François Ruchon de
reconstituer avec des éléments fugitifs une
histoire qui se dérobe.
Le personnage de Sponde a été trop
couvert de mensonges pour n’être pas des
servi par ce qu’on appelle la vérité histo
rique. Une carrière comme la sienne avait
tout pour suivre, dans le sillage d’Henri IV,
une ascension qui aurait pu le mener
haut. Il se ménagea, en fait, plus d’échecs
que de succès. Les dons éclatants qu'il
avait s’orientaient dans une autre direc
tion. Si l’histoire se referme sur son sou
venir, c’est qu’il n'en a guère cherché les
assises pour s’y installer. « Il avait fait
our
gne
le sacrifice de ses aises temporelles p
trouver la paix de son âme. » Celte li,
de M. Ruchon me semble ouvrir le che ¬
min qui va peut-être vers le secret de
Sponde. Figure énigmatique et mystérieu
sement attachante que celle-là. Ame fière,
probablement, et même farouche, qui met
tait ses recherches, ses spéculations, ses
vérités durement acquises, à un plus haut
prix que le confort moral et social dont
vous assurent les accommodements avec
ue. Au centre
un parti religieux ou
de ce mystère se pose
touche le plus aujourd’hui : cette ardente
solitude spirituelle savait-elle que pour
certaines déclarations le génie poétique ne
question qui nous
lui était pas refusé ?
Tout se passe comme si les vers, pour
Sponde, étaient un divertissement de
grand lettré ; ou bien quelque façon de
jeter pour soi-même sur une page des pen
sées qui prennent la forme d’un chant.
L’humanisme de son siècle n’a pas de re
présentant plus accompli que cet érudit,
éditeur d’Homère, d’Hésiode, d’Aristote.
Verticalement. — 1. Stances dans la poésie
grecque. — II. Préposition ; Voyelles ; Cité
au berceau de Maeterlinck. — III. Moins
grave que « Sigurd », moins gai que « Miss
Helyett ». — IV. Fait totalement défaut à un
soudard mis à la scène par E. Augier ; Dans
Daudet. — V. S’instruit (anag.) ; Peintre
d'histoire du dix-neuvième. — VI. On y
cultive certaines graminées ; Dans un alpha
bet. — VII. Préfixe médical ; Affluent de
l’Oise. — VIII. La perte de certaine fit la
fortune d’une héroïne de conte ; Initiales
d’un poète italien du seizième. — IX. On
peut y comprendre Don Diègue et Don Gor-
mas ; Vieux crâne. — X. Ce sont les aven
tures du fils de Vénus ; Reçut un chaleu
reux accueil d’une fille de Benjamin.
SOLUTION DU PROBLEME No 229
I IIVVVIWIXX
CNGE.
RbIA
fait de ces idées... Gautier avait dix-neuf
ans lorsqu’il peignit ces deux petites
toiles traitées plutôt comme des minia
tures ; la facture- en est appliquée, mi
nutieuse, un peu féminine ; nulle fougue
à la « Jeune France »...
Pouvais-je me dispenser de question
ner Mme Suzanne Meyer-Zundel sur les
rapports de Judith et de Richard Wag
ner ?
— Non, monsieur, Judith Gautier n’a
pas été, quoi qu’on en ait dit, la maî
tresse de Wagner. Tenez, ces jours-ci,
j’ai eu le grand plaisir de recevoir
Mme Marie de Régnier, ou Gérard
c'Houville, si vous préférez. Nous avons
causé de Judith Gautier et de Wagner,
et Mme de Régnier m’a répété ce mot
que lui a dit un jour notre grande amie :
« Jamais je n’aurais pu être à un homme
qui avait la langue noire ! »
Une langue noire serait-elle un des
traits distinctifs de cette dégénérescence
supérieure à laquelle on assimile parfois
le génie ? Ou Wagner buvait-il de l’en
cre ?
Mme Meyer-Zundel a publié un re
cueil de vers : La Gloire de l’Illusion, et
elle a écrit sur Judith Gautier des sou
venirs encore inédits dont elle a bien
voulu me laisser feuilleter le manuscrit.
J’y lis sur Wagner des confidences qui,
ma foi, paraissent démentir le mot sur
la langue noire : « Oh ! soupirait-elle,
sur ces amours lourdes comme un pavé,
en tout temps pesa toujours cette triste
pensée du Trop tard, cette atroce chose :
le Regret, car il sentait bien que c’était
moi qui aurais dû être sa femme, sa
vraie moitié, sa « femelle », comme il
disait dans son langage... En tout, je fis
pour le voir cinq.voyages : deux à Lu
cerne, le premier en 1869, le second en
70, et trois à Bayreuth, dont le premier
cinq ou six ans après le dernier de Lu
cerne pour l’inauguration du théâtre en
1876. L’année 1876 fut la plus brillante,
la plus étonnante. C’est cette année-là
qu’il me dit un jour, chez lui, et me l’écri
vit d’ailleurs : « Vous êtes ma délivrance
Zundel : « J’avoue que j’aimerais main
tenant avoir un fils de Wagner, je te le
donnerais comme époux... » La visite
d’adieu fut poignante. Très grave, pâle
et triste, Wagner pleura et baisa Judith
sur les yeux en murmurant : « La vie
est une tragédie. » Puis il se dirigea
vers le piano et y improvisa quelques
phrases d’une grande beauté...
Le manuscrit de Mme Meyer-Zundel,
fait pour une large part des confidences
de Judith Gautier, contient bien des ren
seignements nouveaux sur Théophile
Gautier, sur Catulle Mendès dont le pas
sage dans la vie de sa jeune femme ne
lui avait pas laissé, on le sait, un très
agréable souvenir, et sur tous les amis
de celle dont nous avons gardé une
image si énigmatique et si belle.
Je demandai à Mme Meyer-Zundel si
Judith Gautier ne s’était pas convertie
au bouddhisme, comme pourraient le faire
croire les caractères chinois gravés sur
le granit de sa tombe : . « Non, me ré
pondit-elle, Judith Gautier n’était pas
bouddhiste; Ces caractères, je les ai co
piés et gravés moi-même à coups de
ciseau d’après un bibelot chinois auquel
elle tenait beaucoup. Ils signifient : la
lumière du ciel arrive... »
André Billy,
de l'Académie Concourt.
NOUVELLES DES LETTRE
— Le Prix de Poésie populiste sen
décerné, dans le courant d’octobre,
une œuvre éditée. Candidatures aupr
de J.-P. Coutisson, 9, avenue Anatole
France, Clichy (Seine).
— L’Association des amis d’Hen
Vendel, inspecteur général des Bibli
thèques, décernera un prix de poésie J
janvier prochain, à Grasse. Ce prix an
nuel est destiné à couronner l’aute
d’une plaquette de vers parue en librai
rie, n’excédant pas cent pages et dïuJ
piration méditerranéenne. Les candida
peuvent adresser leurs envois à M.P
Forestier, Bibliothèque municipale,!]
Grasse (A.-M.).
— Le Prix de la Guilde du Liv
d’une valeur de cinq mille francs su.
ses, sera décerné, à la fin du mois,
Genève, à un manuscrit inédit de lat]
gue française.
ANDRÉ BRETON
ANTHOLOGIE DE L’
HUMOUR NOIR
Nouvelle édition revue
et augmentée et comprenant
23 photographies
Un fort volume grand format: 875 Fron
SAGITTAIRE
eooadesssssrtnt
( JOSÉ ANDRÉ LACOUR
Notre ami Dimitri
roman
i( A combien l’amour revient aux
vieillards "
PAR L'AUTEUR DE,
CHATIMENT DES VICTIMES
par ANDRÉ ROUSSEAUX ===
L'aventure de Jean de Sponde
Savant aussi, et même prospecteur d’un
au-delà scientifique dont l’esprit était sou
vent curieux alors : Sponde s’est penché
sur les cornues de l’alchimiste, et se flat
terait d’avoir fait paraître de l’or dans les
siennes. Enfin, la passion théologienne de
l’époque ne possède pas moins ce hugue-
not de bonne origine, élevé au cœur du
foyer protestant qu’est le royaume de Na
varre, puis poursuivant sa course intellec
tuelle dans les plus grands centres euro
péens de la Réforme, à Bâle et à Genève.
C’est là cependant que la rupture va com
mencer. La rencontre avec Théodore de
Bèze dégénère en discussion, en polémi
que, en guerre spirituelle. C’est pourquoi
l’œuvre de Sponde, aux yeux de ses
contemporains, consiste surtout en justifi
cations de sa foi catholique, en réfutations
de ses adversaires. Ceux qui ont mis le
nez dans ces ouvrages nous disent qu’ils
sont souvent pleins de feu. Je vois Sponde
comme un insoumis — fût-ce à une doc
trine genevoise —, chez qui le libre exa
men conduit une âme vraiment présente
à son destin éternel. On ne peut pas pen
ser, en lisant certains de ses poèmes, que
sa conversion ait été, ne disons même pas
insincère, mais superficiellement motivée.
Et peut-être cette conversion importe-t-elle
assez peu, en définitive. L’aventure de
Sponde est l’aventure spirituelle d’un
homme qui a vécu personnellement et in-
lensément le drame religieux de l’époque,
et qui en a épousé la valeur tragique. Les
beautés les plus certaines de sa poésie sont
issues de cette vie-là.
Car il faut bien dire que les raisons de
s’attacher à cette poésie, du moins en plu
sieurs de ses ouvrages, ne sont pas
convaincantes pour tous les goûts. La pre
mière qui excite l’intérêt est de s’aviser
qu'entre les deux sommets représentés par
Ronsard restauré et Boileau maintenu (ou
plutôt Boileau maintenant Malherbe) il de-
meurait un creux. On s’aperçoit que ce
creux n’est pas vide : on y voit Sponde
entre autres. Mais il reste à rouvrir le dia
logue avec Boileau, pour savoir s’il fal
lait, ou non, rejeter dans ce creux-là,
comme au rebut, une poésie condamnable.
il y a là tout un problème d’histoire lit
téraire, dont M. Alan Boase sait bien, pour
l’avoir posé Je premier, qu’on ne saurait
le résoudre en un tournemain. C'est le
problème du baroque. Son étude actuelle
ment est beaucoup plus avancée dans les
arts plastiques qu’en littérature. Mais de
ceux-là à celle-ci M. Boase esquisse ce pa
rallèle : « Dans les arts plastiques on
pourrait dire que le baroque prend son
développement entre le classicisme archi
tectural de Bramante et le dessin des maî
tres du Quattrocento d’une part, et le Clas
sicisme de Winckelmann et de David à la
fin du dix-huitième siècle. En littérature,
entre un classicisme renaissant et le clas
sicisme du siècle de Louis XIV. » Le mou
vement baroque s’oppose aux époques clas
siques entre lesquelles il fait sa poussée,
par son esprit moderne, libre, individuel.
Ainsi l’art de Sponde fournit-il l’exemple
de maintes libertés et de maintes audaces:
des enjambements, de,s coupes de vers qui
rompent la monotonie de la césure. Toutes
choses qui semblent nous faire entendre
parfois, à travers cette poésie, la voix
même de l’homme qui la conçut, car il est
très juste de remarquer qu’elles représen
tent « une exploitation très hardie des
rythmes et de l’accentuation de la langue
parlée ». Ce sera du reste un des motifs
de la condamnation de Boileau, pour qui
cette souple correspondance à la parole
de l’homme, ou même à son cri, ne sera
que rudesse et dureté barbare. Cette dureté
est encore celle de Corneille, par tout le
rocailleux qui se mêle à ses éclats subli
mes. C’est tout cela que Boileau passera
au laminoir de sa « juste cadence ». Ajou-
tons que la juste cadence aboutit à l’excès
inverse, qui est la platitude de Jean-Bap
tiste Rousseau. La chance de Boileau est
que, pour faire valoir les règles de son art
poétique, il y ait eu à point nommé les
"génies de La Fontaine et de Racine.
Le baroque cependant, c’est encore un
débordement ornemental de métaphores
qui sentent furieusement la rhétorique. Ici
la poésie semble bien être en liaison avec
l’humanisme du siècle par les voies fâ
cheuses du pédantisme. J’avoue que nulle
inclination intellectuelle ne me rend in
dulgent à cet amphigouri. L’œuvre poéti
que" de Sponde en est obérée pour plus
de la moitié. La rhétorique galante, dans
ses sonnets d’amour, ne vaut pas mieux
qu’une autre. Le lecteur — moi du moins
—- est vite excédé de ces antithèses qui
balancent constance et légèreté, terre et
ciel, mort et vie, flamme d'espoir et cen
dre d’abandon. Le goût d’aimer les vers
de Sponde risquerait de nous venir assez
peu si, au cœur de Vouvrage, n’apparais
saient les poèmes où son âme profonde se
révèle : les Stances et les Sonnets sur la
Mort. Et là, en même temps, il apparaît
que le procédé de l’antithèse, tout rhéto
riques que soient son usage et son manie-
ment, a de quoi communiquer, chez
Sponde, avec les plus graves dispositions
spirituelles.
Que nous disent-ils donc, ces vers dont
la beauté est d’abord qu’ils expriment une
vérité dont l’âme de Sponde est possédée ?
Ils chantent la Mort comme l'avènement
de la Vie ; et l’antithèse où l’une
sont mises en réplique s’enivre
où ses termes sont renversés.
O la plaisante Mort qui nous pousse
Vie qui ne craint plus d'estre encore
et l’autre
d’un jeu
à la Vie,
ravie !
O le vivre cruel qui craint encor la mort !
Voilà le thème. D’où vient que le jeu
des concetti ne l’affaiblit pas, et que le
maniérisme ne soit pas une faiblesse dans
des vers comme ceux-ci, par exemple :
Mortels, qui des mortels avez pris vostre vie,
Vie qui meurt encor dans le tombeau du Corps,
Vous qui n’amoncelez vos trésors, des trésors
De ceux dont par la mort la vie fust ravie :
Vous qui voyant de morts leur mort entresuivie
N’avez point de maisons que les maisons des
[morts, etc.
C’est, me semble-t-il, que ces vers, dont
certains sont admirables (relisez le pre
mier et le dernier de ceux que je viens
de citer), répondent d’une voix irrésisti
ble à l’idée dont Sponde est dévoré, et
qui a probablement orienté toute sa vie.
Age de la poésie métaphysique, d
M. Alan Boase de cette époque littéraire
Et cette métaphysique obsède les esprl
parce qu’elle vient d’ouvrir dans le mon"
d’alors . des perspectives nouvelles et r
doutables : c’est le grand conflit entres
grâce et la nature, entre l’éternel et
temporel, qui s’est instauré avec ,8 "
forme dans le monde chrétien. J'ecn)'
plus haut que la conversion de Sponde.
qu’une demi-importance à l’égard de si
inspiration poétique. J’entends. par J
qu’à partir de la Réforme les chrétiens 1
l’un et l’autre bord sont presque U |
ment marqués par ce sentiment de ni
turc entre la chair et l’esprit. Toute
logie mise à part, là est la crise P0" |
destin de la littérature. Une harmonie 1
tre le corps et l’âme, une douce PyJ
temporel. sous le regard de l’éternel, l
fait le climat moral autant qu'est he r J
de la chrétienté, de Giotto à Villode.e
se déchire au seizième siècle, p 0111 U
l’âme soit lancée vers l’éternel Palvije.
évasion qui se détourne de la terre a 1
En France, le jansénisme acheyendra
schisme de la terre et du ciel, pwi
quatre siècles et l'avènement de Te
pour que l’harmonie médiévale soi 1 ■
trouvée avec les lois mêmes de son |
L’art et le génie de Sponde donnent
cette crise-là une expression littera
les études d’art poétique serraient ni
près qu’elles le doivent les rapportsne
forme et .du fond, elles auraient P e y J
à se demander si le jeu de l'antien
s’imposait pas à un monde que JJ
d’ébranler soudain le sentiment de J
lité contradictoire. Peut-être pour Ul
si magnifiquement, quand il s est
dresser l’antithèse du temps et d J
nité, Sponde était-il servi partic, Aprein"
par tout ce qu’il avait reçu d en F 100
de la Réforme. Avec lui, en tous ca > d
sommes loin de la tendre compatortu
Villon pour la chair que la mort |
et détruit. Loin même de Scève e de il
subtils accords entre les amour ■
terre et du ciel : Scève demesde é
versant médiéval du siècle, DPg+ded
tourné vers les temps modernes. pal
modernisme vient peut-être pour jout
l’actualité qu’il a retrouvée de U ■ M
Il prend place à l’avance parmi 17
de l’esprit pur, qui ne chantent
que pour l’abolir. ]
André Rouss^u |
• bi082
Sponde : Poésies, précédées d'un1eSStud
phique par François Ruchon, et d un eGenevent
raire par Alan. Boase (Pierre Cailler» ■
M
d’un
vains
Jean
L buffe
] Su
| vants
[ qu'or
l térair
I — de
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Pêche. -
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AUX QUATRE Vents
Au jeu avec le roi Farouk
T ES parties de baccara du roi Farouk
— ont été pour les familiers des casi
nos un véritable spectacle en minia
ture. Il en fut une tragique, lorsqu’un
des partenaires du souverain s’écroula,
frappé d’embolie. Les autres furent.
Dieu merci ! aimablement pittoresques.
Le roi, en chemisette, s’asseyait à la
table l’après-midi. A portée de voix ou
de geste, son cafetier, tasses et cafetière
sur un plateau, lui versait à boire.
Surviennent, au milieu d’une partie,
le duc et la duchesse de Windsor qui
s’assoient en face du souverain.
Un signe, et le cafetier verse le café
turc dans deux tasses en or incrustées
d’émeraudes et de rubis.
La duchesse de Windsor trempe ses
lèvres et se brûle :
— Oh ! mais c’est bouillant ! ,
— Madame, dit le roi, excusez-moi !
Mais nous autres, indigènes, nous avons
la langue en cuir !
♦
Le roi Farouk finissait son dernier
baccara à Biarritz quand une jeune
femme, assise en face de lui, tira une
cigarette de son étui et quêta du regard
de quoi l’allumer.
Absorbé par les cartes, le roi lui
lança, glissant sur le tapis, son briquet
en or..
La jeune femme prit pour de la désin
volture la distraction royale. Elle saisit
le briquet et le tendit au croupier :
— Personnel !
Sur mesures
L E quadrilatère formé, dans le 11 e ar
rondissement, par les rues Duranti,
Merlin, .Servan et de la Roquette est le
parcours idéal pour juger des aptitudes
des élèves automobilistes ; ce qui ex
plique que les ingénieurs chargés de
faire passer les épreuves de conduite
automobile l’aient adopté. Ces rues,
peu fréquentées, offrent, en effet, autant
de virages à angles droits que l’on en
peut souhaiter, et une chaussée pavée,
en rampe, tout indiquée pour les dé
parts en côte.
— Ce n’est pas tout, disait l’autre
jour une jeune femme qui racontait
comment elle avait conquis son permis,
le matin même, en exhibant fièrement
sa carte rouge toute neuve, nulle part,
certainement, on ne trouve autant de
symboles et d'avertissements : rue Du
rant!, on côtoie l’immense bâtiment du
Crédit municipal, là précisément où
l’automobiliste pourra engager sa voi
ture quand il n’aura plus d’argent ;
sur les quatre rues, on longe les murs
de -la Petite-Roquette, ce qui rappelle
aux élèves qu’il vaut mieux ne jamais
tuer personne ; et, pour finir, le par
cours aboutit au Père-Lachaise, ce qui
donne encore plus à réfléchir. Je l’ai,
ce permis, mais je ne veux plus retour
ner dans ce quartier.
Le chat du Matterhorn
U N alpiniste, inconnu jusqu’ici, a réa
lisé un exploit sans précédent : tout
seul, sans corde ni chaussures ni pio
let et tout nu. Il bivouaqua même, au
bout de son ascension, dans un cou
loir, sous l’épaule du Matterhorn, à
quatre mille quatre cent trente mètres.
Cet alpiniste est un chat. Quittant
l’hôtel Belvédère (altitude trois mille
deux cent quarante mètres), il suit une
cordée qui attaque l’arête Hœmli. La
cordée ne prend pas garde au félin soli
taire, qui la distance à longues foulées.
Notre chat passe sa première nuit
d’alpiniste à la cabane Solway (altitude
trois mille sept cent soixante mètres).
Il repart à l’aube, bivouaque, à quatre
mille mètres, dans un redoutable enton
noir où le Matterhorn évacue sa pier
raille. Ragaillardi, le solitaire gravit le
sommet et rejoint, au moment de sa
collation, une cordée d’alpinistes émer
geant du versant italien.
Le chat est revenu dans la vallée, au
fond du sac du guide qui sait que, si
les chats “peuvent être bons grimpeurs,
ils n’aiment guère redescendre.
Indignation
I ES Bourguignons n’en reviennent pas
— qu’un nombre croissant de Français
pensent qu’Alésia soit Alaise, dans le
Doubs, et non Alise, dans la Côte-d’Or.
Il faut bien qu’ils s’y résignent, puis
que toutes les probabilités historiques
sont contre eux.
Ils s’y résignent mal.
Dans un journal de Dijon, amer et
violent, M. Jovignot rend responsable
de « l’expropriation » dont il souffre
Le Figaro Littéraire, d’abord et de lon
gue date, puis Le Figaro, plus récem
ment, par une chronique d’André Billy.
M. Billy — . écrit le bouillant' chroni
queur — a tort, à une heure grave, de
traiter légèrement une cause très noble.
On ne joue pas avec l’une des plus bel
les pages, et la première, de l’Histoire
de France.
Nous doutions-nous qu’à Dijon l’on
pût porter un tel amour, non à la vic
toire, mais à la défaite !
On nous dit bien que tant d’indi
gnation naît de quelques alarmes sur
le capital touristique de la Bourgogne.
Nous n’en croyons rien. Que notre
confrère dijonnais se rassure : les Fran
çais mettront plus de temps à s’attacher
à la défaite d'Alésia qu’à se déprendre
du chambertin, du lièvre à la crème et
des nonnettes de Dijon.
Deux aiglons dans un nid neuf
ÏEAN WEBER et Marguerite Jamois
• jouent L’Aiglon, chaque soir, par
alternance, sur la scène remise à neuf
du théâtre Sarah-Bernhardt.
C’est en avril 1900 que l’œuvre fut
créée, à la Porte-Saint-Martin.
— Si je ne l’ai pas montée en avril
même, déclare A.-M. Julien, directeur
de Sarah-Bernhardt, c’est parce que je
voulais donner à cette reprise un cadre
digne d’elle. La salle, entièrement re
faite, est maintenant prête à l'accueillir.
Pour son cinquantenaire, L’Aiglon
essuie donc les plâtres et les ors d’un
théâtre flambant neuf. Ce qui ne lui était
jamais arrivé. Pas plus, d’ailleurs, qu'à
Jean Weber ni qu’à Marguerite Jamois.
— Ça doit produire un curieux effet,
disait l’autre jour celle-ci, de jouer dans
l’odeur de la peinture fraîche.
Quant à Jean Weber, il déclara :
— Une salle neuve ? Non ! Jamais
connu ça à Paris. Quand je suis entré
à la Comédie-Française, j’étais, moi, très,
très neuf. Plus elle... Mais voilà le mi
racle des vieilles dames : elle, n’a pas
changé.
PROPOS OU
Un entretien chez Judith
Gautier
E feuilletais
respondance
tome
sur la
l’autre jour la Cor-
générale de Baude-
laire, si bien procurée par M. Jac
ques Crépet et qui en est à son
IV, lorsque mes yeux tombèrent
lettre du poète à Judith Gautier,
ne reconnus pas les lieux où, voilà plus
de quarante ans, j’eus l’honneur d’être
reçu par elle. C’est que Judith Gautier
avait deux appartements rue Washing
ton : l’un au cinquième, sur la rue, com-
au crayon, par Sargent, sur un délicieux
pastel fait par elle — une jeune fille au
béret — où se retrouve je ne sais quelle
grâce, je ne sais quelle fantaisie digne
de Marie Laurencin, sur une cire per ¬
PROJETS
DES ÉDITEURS
LES EDITIONS ET PUBLICATIONS
DE LUTECE, 2, rue Lincoln, Poris-8 8 ,
qui ont lancé trois jeunes auteurs au cours
de la saison dernière, cherchent des ouvrages
de valeur. Envoyez vos manuscrits qui seront
sélectionnés et qui pourront être édités.
oas snree
Arcachonneries
L E bassin d’Arcachon est riche en ho
mards, et les hôtels d’Arcachon
riches en
amateurs de néphropsidés.
CATHASIA
3 5, rue de Sèvres - Taris-6*
Réimpression en collaboration avec les
ÉDITIONS SULLIVER
TEXTES de la CHINE
Les Pères
du Système Taoïste
par Léon Wieger
Chou-King
Anciennes Annales de la Chine
par S. Couvreur
(Les zoologues patentés savent que le
homard est un membre notable de cette
famille de crustacés : nous le savons
aussi grâce au Larousse du vingtième
siècle.) Un restaurateur du cru, plein de
courage et d’astuce, a pris le parti de
plonger derrière des congres dans les
profondeurs du trou Saint-Yves. Le
congre pointe vers le homard : le pê
cheur s’arrange pour le cueillir avant
son rival. Et la farce est jouée. On peut
bien en
l’affaire
Autre
vraie),
ainsi :
prévoir une autre, mais c’est
du cuisinier.
histoire gasconne (et pourtant
qu’un ostréiculteur rapporte
En vente 4 1» Société d'Édition
« Les Belles LETTRES », 95, Bd Rasput, Paris
— Mon grossiste parisien se plaint
que mes huîtres sont moins grasses. Il
me reproche de les mal nourrir...
A l’idée de nourrir artificiellement les
milliards de mollusques de son bassin,
tout Arcachon est malade de rire.
1 A vogue de Sponde dans quelques-
milieux cultivés a ressemblé à une
- mode littéraire au cours de ces der
nières années. Elle a suivi de peu
celle de Maurice Scève, et peut paraître,
à première vue, procéder du même es
prit : deux poètes dont l’œuvre est rare
et l’art savant sont soudain remis en hon
neur. On s’avise en outre que toute une
époque de la poésie française, injustement
oubliée, gardait des trésors méconnus. Il
s’agit toujours de ce seizième siècle pour
qui le fameux « Enfin Malherbe vint »
fut un coup fatal à plus d’œuvres qu’on
n’imagine. La revanche donnée à la
Pléiade depuis l’époque romantique
la
fut
loin de tout réparer.
La découverte de Sponde est due à un
écrivain anglais, M. Alan Boase, qui, —
1930, fit paraître dàns la revue de T. S.
Eliot, The Criterion, une étude sur quel
ques-uns des poètes qui précèdent Mal
herbe immédiatement. Neuf ans plus tard,
dans la revue Mesures, M. Boase devait
en
compléter sa révélation par une publica
tion de textes choisis. Sponde allait de
venir dès lors la tarte à la crème des
anthologistes. Nous n’avions pas cependant
d’édition satisfaisante de son œuvre poé
tique, celle qui a été publiée en 1944 four
millant de fautes qui en altèrent parfois
le texte gravement. Si bien que l’édition
récente à laquelle ont abouti les patients
travaux de M. Alan Boase, en collabora
tion avec ceux, non moins sérieux, de
M. François Ruchon, constitue en somme
la première qui remette en lumière la
gloire obscurcie de Jean de Sponde, •—
peut-être même la première qui donne de
sa poésie une expression complète et par
faitement fidèle.
Découverte, disons-nous, et encore révé
lation. Ces mots ne sont pas trop forts,
si l’on sait que Sponde, personnage nota
ble à son époque pour de toutes autres
raisons que la poésie, est mort à trente-
huit ans (en 1595) sans avoir publié un
des poèmes qui sauvent maintenant son
nom de l’oubli. Ceux-ci parurent, deux ou
trois ans après sa mort, dans un recueil
collectif. Encore une édition, médiocre
d’ailleurs, au début du siècle suivant ; et
puis c’est la disparition totale, pour plus
de trois cents ans. Sponde évidemment
est à mettre au nombre des victimes de
la révolution malherbienne. Mais cette ad
versité d’ordre littéraire est un malheur
qui vient s’ajouter à une inimitié d’une
autre espèce. Il n’est pas exagéré de dire
que Jean de Sponde a été moralement
assassiné par Agrippa d’Aubigné, — ce-
datée du 9 avril 1864, où il la félicite
de son article du Moniteur sur Eurêka.
Comme j’avais, peu de jours auparavant,
raconté ici une visite à la tombe de
Judith, au cimetière de Saint-Enogat,
en compagnie de Roger Vercel, de Chris
tian Melchior-Bonnet et d’Henry Cas-
tillou, et fait*allusion au. centenaire de
sa naissance tombé précisément le mois
dernier, je me dis que, collaborant au Mo
niteur en 1864, Judith Gautier ne pou
vait être née en 1850. Quatorze ans n’est
pas un âge pour faire paraître dans les
journaux des articles sur Edgar Poe !
Et puis, à quatorze ans, peut-on être une
« belle jeune fille », comme dit Baude ¬
Un portrait de femme
dû à Théophile Gantier.
laire dans sa lettre ? Je voulus en avoir
le cœur net et allai voir l’héritière de
Judith Gautier, Mme Suzanne Meyer-
Zundel, qui habite toujours rue Washing
ton l’appartement où Judith Gautier,
présidente du jury Vie heureuse, réunis
sait les dames de lettres, ses amies. Je
par ANIIRIÉ BBIILILY
muniquant par un petit escalier avec
l’autre, au deuxième, sur la cour et sur
les anciens jardins des écuries du comte
d’Artois. Mme Suzanne Meyer-Zundel a
rassemblé dans ce second appartement
tous les souvenirs qu’elle a gardés de
sa grande amie, à l’exception de ceux
qu’elle conserve dans le petit pavillon
de brique de Saint-Enogat, pavillon
qu’elle possède encore et où, comme je
le disais l’autre jour, Pierre Louys a
écrit Les Chansons de Bilitis et Claude
Debussy composé La Mer.
Mme Suzanne Meyer-Zundel, à qui je
posai d’abord la question, tient la date
de 1850 pour exacte ; elle n’en a jamais
vu mentionner une autre. Certes, il est
surprenant qu’une fillette de quatorze
ans ait pu donner au Moniteur un arti
cle sur Poe, mais la précocité de Judith
était, de l’avis général, tout à fait ex
traordinaire, et, aussi bien, rien n’inter
dit de croire qu’à cet article Théophile
Gautier, son père, avait quelque peu mis
la main ; c’était bien naturel.
A une autre question concernant la mort
de Judith et l’apparition d’un jeune
« prince du Nord » dans sa chambre au
moment même qu’elle expirait, fait qui
m’a été rapporté de'deux côtés au moins
en Bretagne :
— Il y a confusion, me répondit mon
aimable interlocutrice en souriant. Ce
prince du Nord était en réalité un grand
d’Espagne, le marquis de Casafuerte,
neveu de l’impératrice Eugénie, et il
n’était nullement un inconnu pour Judith;
ce qui est vrai, c’est qu’il avait eu un
pressentiment soudain de sa mort et
qu’il se présenta pour la voir juste
comme elle expirait...
Je suis assis dans le salon et promène
mes regards sur le portrait de Judith
due modelée par elle et représentant
marchand chinois accroupi, sur
un
un
crayon de Théophile Gautier, qui est le
portrait du chanteur Mario, et je n’ou
blierai pas non plus deux peintures du
bon Théo, datées et signées de 1829, et
qui sont les portraits de deux dames de
la Restauration. Pourquoi m’imaginais-je
que la peinture de Théophile Gautier
ressemblait à celle de Delacroix ? On se
« La jeune fille au béret »,
de Judith Gautier.
(et il passait ses mains sur mes joues),
vous êtes de ma race ! J’aurais dû vous
trouver ! J’ai manqué ma destinée ! Mais
soyons.sages ! » En 1881, ce fut la pé
riode déchirante des regrets. En 1876,
Judith, enthousiaste, amoureuse, s’était
heurtée à la réserve du grand homme.
Cinq ans après, il lui disait : « Il était
temps, plus que vous ne le pensiez, de
fuir brusquement, cela devenait sé
rieux. » Une autre fois, il vint la voir,
suivi de deux chiens énormes. Elle le
reçut gaîment, sans aucune arrière-
pensée, et tout à coup elle s’aperçut
qu’il avait changé d’expression et, tout
ému, il murmura : « Je ne vous écoutais
plus, je regardais votre bouche... », et,
avec une tristesse indicible : « Je ne
vous avais pas vue telle que vous êtes. »
« Ce jour-là, disait Judith à Mme Meyer-
Zundel, ce fut comme un voile qui se
serait déchiré tout à coup. » Dès lors,
un nouveau Wagner se révéla, très vio
lent. Il s’asseyait à côté d’elle au théâ
tre et, aussitôt la salle éteinte, lui serrait
le bras avec force : « Je ne veux plus
écouter ma musique autrement que
comme cela... Je voudrais entendre tou
tes mes œuvres dans vos bras. »
Louis II entra au théâtre. Wagner de
vait rejoindre le roi dans sa loge : « Ce
fut véritablement dramatique, racontait
Judith. Il pleura. « Qu’avez-vous ? », lui
demandai-je, inquiète. —• « Ce n’est pas
la peine de vous le dire si vous ne com
prenez pas : c’est que le roi nous sé
pare. » Le roi, en effet, ajouta-t-elle
amèrement, le privait de son joujou. Il
en était de lui et de moi,, pour le roi,
comme si le Christ se fût mis à faire la
— On annonce la prochaine parution
des Sonnets de Louise Labé, illustrés 4
lithographies originales d'Emilienne Mi
lani et tirés sur les presses de R. Jad
quet (édition limitée à deux cents exem,
plaires).
— Corrêa met en vente un roman q
Pierre Molaine : Les Orgues de l’enfe r
Eva, de Daniel May, et, dans la colled
tion « Le Chemin de la vie », il f ailj
que je tue M. Rumann, de Jean-Charle
Pichon.
— Aubier publiera au cours de l'an,
née deux nouvelles pièces de G. Ber.
nard Shaw : La première pièce de Far
ny et La Dame brune des sonnets.
— La librairie Hachette annonce pou,
le mois d’octobre deux romans étran,
gers : Le Roc entrouvert, d’Alice Ti,
dale Hobart, et Appassionata, de Jam
Hilton, et un roman historique françai,
Mahaut, de Lucien Fabre. 1
Dans ses collections historiques pa
naîtront : une Vie quotidienne au tem,
d’Elisabeth d’Angleterre, par Léon L,
monnier ; une Vie privée de Moliè
par Georges Mongrédien, et le deuxièn
tome de l’Histoire de la France poy
tous les Français.
La librairie Hachette mettra égal
nient en vente au mois d’octobre le ]■
vte de souvenirs d’une ambassadrice]
Je les ai bien connus, de Mme Cerruf
et le livre de W. Vogt : La Faim J
Monde.
— Calmann-Lévy-va mettre en vent
Et la fête continue, roman d’Yves Gi
beau, et un ouvrage de Vannevar Bus"
ancien directeur des services scient»
ques de l’armée américaine : Les arms
d’aujourd’hui et de demain. Au cou
du mois d’octobre, le même éditeur me
tra en librairie Pour l’amour de CM
pâtre, roman de P. Foucauld ; La HaM
de Wandsbeck, d’Arnold Zweig, tradit
de l’allemand, et Les Mailles du fil
récit d’une évasion de Roumanie, nt
Sorana Gurian. Enfin, dans la colle
tion Masques et Visages, Calmann-LM
publiera un Pierre Fresnay de A. Dg
beux. 1
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cour à
Marie-Madeleine. Il revint me
voir et me demanda si je ne désirais
pas un
fried »,
ajoutait.
fils de lui. « Vous avez Sieg-
lui répondis-je. Judith Gautier
s’adressant à Mme Meyer-
MOTS CROISES LITTERAIRES
Par ROGER LA FERTE
PROBLEME N° 230
LIANVVVVX
Horizontalement. — 1. Certaine fait , une
belle entrée à un héros romantique. — 2.
Pays de l’auteur des « Sylves ». — 3. L’n
Comnène la fonda. — 4. Initiales d’un per
sonnage de Walter Scott ; Se suivent chez
Voltaire. — 5. Sied à celui qui revient ; Vieil
anglais. — 6. Retourné : réclamé par le
traiteur ;■ Ce que vit à son retour un frère
de Corneille. — 7. Dans l’entourage des
Troyens ; Dieu. — 8. Arbre de France ; Ses
éruptions ne sont pas redoutables. — 9. Fin
de participe. — 10. Charrettes ; Symbole. —
11. L’une d’elles est une héroïne de Colette.
—• 12. Un romancier français fut accusé
d’avoir plagié ce roman anglais ; Telle une
simulatrice dont l’état fut confirmé par un
étrange diagnostic.
lui-ci d’ailleurs n’étant que le coryphée
d’une équipe d’exécuteurs féroces : le
monde protestant ne pardonna pas à
Sponde, huguenot de qualité, son abjura
tion.
Il était originaire de Mauléon, au Pays
basque. Jeanne d’Albret le protégea. Il
servit le roi de Navarre, et se trouva
même, à ce qu’il semble, parmi ses pro
ches à certains moments. Cela lui valut de
passer, aux yeux de ses ennemis, pour
un renégat de l’espèce la plus vile, celui
qui change de foi par intérêt. Sa conver
sion ne coïncide-t-elle pas avec celle du
Béarnais ? A supposer que celle-ci eût été
politique, celle de Sponde serait courti
sane, si l’on en croyait ses calomniateurs.
Mais la vérité est que le converti fut écarté
de la Cour, et qu’il s’en écarta lui-même.
Tout cela demeure obscur, d’ailleurs, et
l’on doit admirer M. François Ruchon de
reconstituer avec des éléments fugitifs une
histoire qui se dérobe.
Le personnage de Sponde a été trop
couvert de mensonges pour n’être pas des
servi par ce qu’on appelle la vérité histo
rique. Une carrière comme la sienne avait
tout pour suivre, dans le sillage d’Henri IV,
une ascension qui aurait pu le mener
haut. Il se ménagea, en fait, plus d’échecs
que de succès. Les dons éclatants qu'il
avait s’orientaient dans une autre direc
tion. Si l’histoire se referme sur son sou
venir, c’est qu’il n'en a guère cherché les
assises pour s’y installer. « Il avait fait
our
gne
le sacrifice de ses aises temporelles p
trouver la paix de son âme. » Celte li,
de M. Ruchon me semble ouvrir le che ¬
min qui va peut-être vers le secret de
Sponde. Figure énigmatique et mystérieu
sement attachante que celle-là. Ame fière,
probablement, et même farouche, qui met
tait ses recherches, ses spéculations, ses
vérités durement acquises, à un plus haut
prix que le confort moral et social dont
vous assurent les accommodements avec
ue. Au centre
un parti religieux ou
de ce mystère se pose
touche le plus aujourd’hui : cette ardente
solitude spirituelle savait-elle que pour
certaines déclarations le génie poétique ne
question qui nous
lui était pas refusé ?
Tout se passe comme si les vers, pour
Sponde, étaient un divertissement de
grand lettré ; ou bien quelque façon de
jeter pour soi-même sur une page des pen
sées qui prennent la forme d’un chant.
L’humanisme de son siècle n’a pas de re
présentant plus accompli que cet érudit,
éditeur d’Homère, d’Hésiode, d’Aristote.
Verticalement. — 1. Stances dans la poésie
grecque. — II. Préposition ; Voyelles ; Cité
au berceau de Maeterlinck. — III. Moins
grave que « Sigurd », moins gai que « Miss
Helyett ». — IV. Fait totalement défaut à un
soudard mis à la scène par E. Augier ; Dans
Daudet. — V. S’instruit (anag.) ; Peintre
d'histoire du dix-neuvième. — VI. On y
cultive certaines graminées ; Dans un alpha
bet. — VII. Préfixe médical ; Affluent de
l’Oise. — VIII. La perte de certaine fit la
fortune d’une héroïne de conte ; Initiales
d’un poète italien du seizième. — IX. On
peut y comprendre Don Diègue et Don Gor-
mas ; Vieux crâne. — X. Ce sont les aven
tures du fils de Vénus ; Reçut un chaleu
reux accueil d’une fille de Benjamin.
SOLUTION DU PROBLEME No 229
I IIVVVIWIXX
CNGE.
RbIA
fait de ces idées... Gautier avait dix-neuf
ans lorsqu’il peignit ces deux petites
toiles traitées plutôt comme des minia
tures ; la facture- en est appliquée, mi
nutieuse, un peu féminine ; nulle fougue
à la « Jeune France »...
Pouvais-je me dispenser de question
ner Mme Suzanne Meyer-Zundel sur les
rapports de Judith et de Richard Wag
ner ?
— Non, monsieur, Judith Gautier n’a
pas été, quoi qu’on en ait dit, la maî
tresse de Wagner. Tenez, ces jours-ci,
j’ai eu le grand plaisir de recevoir
Mme Marie de Régnier, ou Gérard
c'Houville, si vous préférez. Nous avons
causé de Judith Gautier et de Wagner,
et Mme de Régnier m’a répété ce mot
que lui a dit un jour notre grande amie :
« Jamais je n’aurais pu être à un homme
qui avait la langue noire ! »
Une langue noire serait-elle un des
traits distinctifs de cette dégénérescence
supérieure à laquelle on assimile parfois
le génie ? Ou Wagner buvait-il de l’en
cre ?
Mme Meyer-Zundel a publié un re
cueil de vers : La Gloire de l’Illusion, et
elle a écrit sur Judith Gautier des sou
venirs encore inédits dont elle a bien
voulu me laisser feuilleter le manuscrit.
J’y lis sur Wagner des confidences qui,
ma foi, paraissent démentir le mot sur
la langue noire : « Oh ! soupirait-elle,
sur ces amours lourdes comme un pavé,
en tout temps pesa toujours cette triste
pensée du Trop tard, cette atroce chose :
le Regret, car il sentait bien que c’était
moi qui aurais dû être sa femme, sa
vraie moitié, sa « femelle », comme il
disait dans son langage... En tout, je fis
pour le voir cinq.voyages : deux à Lu
cerne, le premier en 1869, le second en
70, et trois à Bayreuth, dont le premier
cinq ou six ans après le dernier de Lu
cerne pour l’inauguration du théâtre en
1876. L’année 1876 fut la plus brillante,
la plus étonnante. C’est cette année-là
qu’il me dit un jour, chez lui, et me l’écri
vit d’ailleurs : « Vous êtes ma délivrance
Zundel : « J’avoue que j’aimerais main
tenant avoir un fils de Wagner, je te le
donnerais comme époux... » La visite
d’adieu fut poignante. Très grave, pâle
et triste, Wagner pleura et baisa Judith
sur les yeux en murmurant : « La vie
est une tragédie. » Puis il se dirigea
vers le piano et y improvisa quelques
phrases d’une grande beauté...
Le manuscrit de Mme Meyer-Zundel,
fait pour une large part des confidences
de Judith Gautier, contient bien des ren
seignements nouveaux sur Théophile
Gautier, sur Catulle Mendès dont le pas
sage dans la vie de sa jeune femme ne
lui avait pas laissé, on le sait, un très
agréable souvenir, et sur tous les amis
de celle dont nous avons gardé une
image si énigmatique et si belle.
Je demandai à Mme Meyer-Zundel si
Judith Gautier ne s’était pas convertie
au bouddhisme, comme pourraient le faire
croire les caractères chinois gravés sur
le granit de sa tombe : . « Non, me ré
pondit-elle, Judith Gautier n’était pas
bouddhiste; Ces caractères, je les ai co
piés et gravés moi-même à coups de
ciseau d’après un bibelot chinois auquel
elle tenait beaucoup. Ils signifient : la
lumière du ciel arrive... »
André Billy,
de l'Académie Concourt.
NOUVELLES DES LETTRE
— Le Prix de Poésie populiste sen
décerné, dans le courant d’octobre,
une œuvre éditée. Candidatures aupr
de J.-P. Coutisson, 9, avenue Anatole
France, Clichy (Seine).
— L’Association des amis d’Hen
Vendel, inspecteur général des Bibli
thèques, décernera un prix de poésie J
janvier prochain, à Grasse. Ce prix an
nuel est destiné à couronner l’aute
d’une plaquette de vers parue en librai
rie, n’excédant pas cent pages et dïuJ
piration méditerranéenne. Les candida
peuvent adresser leurs envois à M.P
Forestier, Bibliothèque municipale,!]
Grasse (A.-M.).
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d’une valeur de cinq mille francs su.
ses, sera décerné, à la fin du mois,
Genève, à un manuscrit inédit de lat]
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vieillards "
PAR L'AUTEUR DE,
CHATIMENT DES VICTIMES
par ANDRÉ ROUSSEAUX ===
L'aventure de Jean de Sponde
Savant aussi, et même prospecteur d’un
au-delà scientifique dont l’esprit était sou
vent curieux alors : Sponde s’est penché
sur les cornues de l’alchimiste, et se flat
terait d’avoir fait paraître de l’or dans les
siennes. Enfin, la passion théologienne de
l’époque ne possède pas moins ce hugue-
not de bonne origine, élevé au cœur du
foyer protestant qu’est le royaume de Na
varre, puis poursuivant sa course intellec
tuelle dans les plus grands centres euro
péens de la Réforme, à Bâle et à Genève.
C’est là cependant que la rupture va com
mencer. La rencontre avec Théodore de
Bèze dégénère en discussion, en polémi
que, en guerre spirituelle. C’est pourquoi
l’œuvre de Sponde, aux yeux de ses
contemporains, consiste surtout en justifi
cations de sa foi catholique, en réfutations
de ses adversaires. Ceux qui ont mis le
nez dans ces ouvrages nous disent qu’ils
sont souvent pleins de feu. Je vois Sponde
comme un insoumis — fût-ce à une doc
trine genevoise —, chez qui le libre exa
men conduit une âme vraiment présente
à son destin éternel. On ne peut pas pen
ser, en lisant certains de ses poèmes, que
sa conversion ait été, ne disons même pas
insincère, mais superficiellement motivée.
Et peut-être cette conversion importe-t-elle
assez peu, en définitive. L’aventure de
Sponde est l’aventure spirituelle d’un
homme qui a vécu personnellement et in-
lensément le drame religieux de l’époque,
et qui en a épousé la valeur tragique. Les
beautés les plus certaines de sa poésie sont
issues de cette vie-là.
Car il faut bien dire que les raisons de
s’attacher à cette poésie, du moins en plu
sieurs de ses ouvrages, ne sont pas
convaincantes pour tous les goûts. La pre
mière qui excite l’intérêt est de s’aviser
qu'entre les deux sommets représentés par
Ronsard restauré et Boileau maintenu (ou
plutôt Boileau maintenant Malherbe) il de-
meurait un creux. On s’aperçoit que ce
creux n’est pas vide : on y voit Sponde
entre autres. Mais il reste à rouvrir le dia
logue avec Boileau, pour savoir s’il fal
lait, ou non, rejeter dans ce creux-là,
comme au rebut, une poésie condamnable.
il y a là tout un problème d’histoire lit
téraire, dont M. Alan Boase sait bien, pour
l’avoir posé Je premier, qu’on ne saurait
le résoudre en un tournemain. C'est le
problème du baroque. Son étude actuelle
ment est beaucoup plus avancée dans les
arts plastiques qu’en littérature. Mais de
ceux-là à celle-ci M. Boase esquisse ce pa
rallèle : « Dans les arts plastiques on
pourrait dire que le baroque prend son
développement entre le classicisme archi
tectural de Bramante et le dessin des maî
tres du Quattrocento d’une part, et le Clas
sicisme de Winckelmann et de David à la
fin du dix-huitième siècle. En littérature,
entre un classicisme renaissant et le clas
sicisme du siècle de Louis XIV. » Le mou
vement baroque s’oppose aux époques clas
siques entre lesquelles il fait sa poussée,
par son esprit moderne, libre, individuel.
Ainsi l’art de Sponde fournit-il l’exemple
de maintes libertés et de maintes audaces:
des enjambements, de,s coupes de vers qui
rompent la monotonie de la césure. Toutes
choses qui semblent nous faire entendre
parfois, à travers cette poésie, la voix
même de l’homme qui la conçut, car il est
très juste de remarquer qu’elles représen
tent « une exploitation très hardie des
rythmes et de l’accentuation de la langue
parlée ». Ce sera du reste un des motifs
de la condamnation de Boileau, pour qui
cette souple correspondance à la parole
de l’homme, ou même à son cri, ne sera
que rudesse et dureté barbare. Cette dureté
est encore celle de Corneille, par tout le
rocailleux qui se mêle à ses éclats subli
mes. C’est tout cela que Boileau passera
au laminoir de sa « juste cadence ». Ajou-
tons que la juste cadence aboutit à l’excès
inverse, qui est la platitude de Jean-Bap
tiste Rousseau. La chance de Boileau est
que, pour faire valoir les règles de son art
poétique, il y ait eu à point nommé les
"génies de La Fontaine et de Racine.
Le baroque cependant, c’est encore un
débordement ornemental de métaphores
qui sentent furieusement la rhétorique. Ici
la poésie semble bien être en liaison avec
l’humanisme du siècle par les voies fâ
cheuses du pédantisme. J’avoue que nulle
inclination intellectuelle ne me rend in
dulgent à cet amphigouri. L’œuvre poéti
que" de Sponde en est obérée pour plus
de la moitié. La rhétorique galante, dans
ses sonnets d’amour, ne vaut pas mieux
qu’une autre. Le lecteur — moi du moins
—- est vite excédé de ces antithèses qui
balancent constance et légèreté, terre et
ciel, mort et vie, flamme d'espoir et cen
dre d’abandon. Le goût d’aimer les vers
de Sponde risquerait de nous venir assez
peu si, au cœur de Vouvrage, n’apparais
saient les poèmes où son âme profonde se
révèle : les Stances et les Sonnets sur la
Mort. Et là, en même temps, il apparaît
que le procédé de l’antithèse, tout rhéto
riques que soient son usage et son manie-
ment, a de quoi communiquer, chez
Sponde, avec les plus graves dispositions
spirituelles.
Que nous disent-ils donc, ces vers dont
la beauté est d’abord qu’ils expriment une
vérité dont l’âme de Sponde est possédée ?
Ils chantent la Mort comme l'avènement
de la Vie ; et l’antithèse où l’une
sont mises en réplique s’enivre
où ses termes sont renversés.
O la plaisante Mort qui nous pousse
Vie qui ne craint plus d'estre encore
et l’autre
d’un jeu
à la Vie,
ravie !
O le vivre cruel qui craint encor la mort !
Voilà le thème. D’où vient que le jeu
des concetti ne l’affaiblit pas, et que le
maniérisme ne soit pas une faiblesse dans
des vers comme ceux-ci, par exemple :
Mortels, qui des mortels avez pris vostre vie,
Vie qui meurt encor dans le tombeau du Corps,
Vous qui n’amoncelez vos trésors, des trésors
De ceux dont par la mort la vie fust ravie :
Vous qui voyant de morts leur mort entresuivie
N’avez point de maisons que les maisons des
[morts, etc.
C’est, me semble-t-il, que ces vers, dont
certains sont admirables (relisez le pre
mier et le dernier de ceux que je viens
de citer), répondent d’une voix irrésisti
ble à l’idée dont Sponde est dévoré, et
qui a probablement orienté toute sa vie.
Age de la poésie métaphysique, d
M. Alan Boase de cette époque littéraire
Et cette métaphysique obsède les esprl
parce qu’elle vient d’ouvrir dans le mon"
d’alors . des perspectives nouvelles et r
doutables : c’est le grand conflit entres
grâce et la nature, entre l’éternel et
temporel, qui s’est instauré avec ,8 "
forme dans le monde chrétien. J'ecn)'
plus haut que la conversion de Sponde.
qu’une demi-importance à l’égard de si
inspiration poétique. J’entends. par J
qu’à partir de la Réforme les chrétiens 1
l’un et l’autre bord sont presque U |
ment marqués par ce sentiment de ni
turc entre la chair et l’esprit. Toute
logie mise à part, là est la crise P0" |
destin de la littérature. Une harmonie 1
tre le corps et l’âme, une douce PyJ
temporel. sous le regard de l’éternel, l
fait le climat moral autant qu'est he r J
de la chrétienté, de Giotto à Villode.e
se déchire au seizième siècle, p 0111 U
l’âme soit lancée vers l’éternel Palvije.
évasion qui se détourne de la terre a 1
En France, le jansénisme acheyendra
schisme de la terre et du ciel, pwi
quatre siècles et l'avènement de Te
pour que l’harmonie médiévale soi 1 ■
trouvée avec les lois mêmes de son |
L’art et le génie de Sponde donnent
cette crise-là une expression littera
les études d’art poétique serraient ni
près qu’elles le doivent les rapportsne
forme et .du fond, elles auraient P e y J
à se demander si le jeu de l'antien
s’imposait pas à un monde que JJ
d’ébranler soudain le sentiment de J
lité contradictoire. Peut-être pour Ul
si magnifiquement, quand il s est
dresser l’antithèse du temps et d J
nité, Sponde était-il servi partic, Aprein"
par tout ce qu’il avait reçu d en F 100
de la Réforme. Avec lui, en tous ca > d
sommes loin de la tendre compatortu
Villon pour la chair que la mort |
et détruit. Loin même de Scève e de il
subtils accords entre les amour ■
terre et du ciel : Scève demesde é
versant médiéval du siècle, DPg+ded
tourné vers les temps modernes. pal
modernisme vient peut-être pour jout
l’actualité qu’il a retrouvée de U ■ M
Il prend place à l’avance parmi 17
de l’esprit pur, qui ne chantent
que pour l’abolir. ]
André Rouss^u |
• bi082
Sponde : Poésies, précédées d'un1eSStud
phique par François Ruchon, et d un eGenevent
raire par Alan. Boase (Pierre Cailler» ■
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