Titre : La Presse
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1947-06-17
Contributeur : Girardin, Émile de (1806-1881). Directeur de publication
Contributeur : Laguerre, Georges (1858-1912). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34448033b
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 17 juin 1947 17 juin 1947
Description : 1947/06/17 (A111,N83). 1947/06/17 (A111,N83).
Description : Collection numérique : Arts de la marionnette Collection numérique : Arts de la marionnette
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t51176218
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/11/2021
CETTE ELEGANTE BRUNE
n’est autre Que MICHEL-MARIE POULAIN
ANCIEN DRAGON, PEINTRE ET PERE DE FAMILLE
— ICHEL-MARIE POULAIN
&/ est bien l’un des plus cu-
G rieux spécimens de la faune
artistique parisienne.
Ceux qui, sans le connaître, le
croisent dans la rue, dans le métro,
ne voient en lui qu'une jeune femme
élégante, gracieuse.
Sitôt éclairé sur sa véritable iden
tité, on se prend, malgré soi, à
considérer plus attentivement les dé
tails qui devraient le trahir. Mais en
vain. Le pied est d'une pointure
normale, la jambe d’un galbe fé
minin; la main, aux longs ongles
laqués, est robuste, sans plus; s’il
parle, sa voix est celle d’un mezzo
que nos chanteuses réalistes juge
raient insuffisamment grave. Et
l’œil, d’un gris bleu assez sombre,
s’amuse du bref examen qu’il a
surpris.
M.-M. Poulain ne porte pas de
perruque; il coiffe, selon les caprices
de la mode, ses noirs cheveux, qui
furent un temps vaporeux et oxy
génés. Seuls sont postiches les légers
avantages pectoraux qui gonflent
agréablement son corsage.
Qu’on n’aille pas conclure de
cette originalité que le jeune peintre
est un anormal. Marié (aujourd’hui
divorcé) et père d’une grande fillette
de treize ans, ses fantaisies ne sont
que vestimentaires.
Quelques précédents
historiques
Tout enfant, ses parents l’habil
laient en petite fille. Lorsqu’il
grandit, il jugea très laid l’accou
trement masculin de notre époque.
Nous avons connu un poète d’ori-
gine italienne qui éprouvait une vé
ritable répugnance à revêtir ces
pantalons disgracieux, ces sombres
étoffes, et qui enviait les élégants
des siècles passés, parce qu’ils avaient
le droit de porter des velours ruti
lants, des soieries brodées d’or et
d’argent, des dentelles, des four-
ru res...
Michel-Marie Poulain, lui, a ré
solu le problème une fois pour
toutes. Il a adopté la tenue féminine,
qui permet toutes les audaces de
coloris et le luxe des beaux tissus,
des bijoux, des manteaux de re
nard... Dieu merci, nous ne sommes
plus au temps où un décret de l’An
II décidait que « tout ci-devant qui
sera pris sous le costume féminin
aura la tête tranchée ».
Il pourrait, du reste, pour sa dé
fense, rappeler d’illustres précé
dents : d’abord le fameux chevalier
d’Eon, qui, pour avoir failli en
flammer, sous un costume féminin,
le cœur du Bien-Aimé, devint agent
diplomatique secret de Louis XV et
s’acquitta, toujours travesti, de dé
licates et périlleuses missions auprès
des cours étrangères. Et ce singulier
abbé de Choisy, qui fut comédienne
à Bordeaux avant d’entrer dans les
ordres (une manière comme une au
tre de changer de robe...) et d’écrire
une Histoire de l’Eglise qui le con
duisit à l’Académie française. En
fin, le vaillant chevalier Christophe-
Paulin de Fréminville, capitaine de
frégate de la marine royale, archéo
logue, érudit, auteur d’études sur les
antiquités bretonnes, et qui éberlua
pendant vingt ans les Brestois par
l’étalage fastueux de son élégance
féminine...
1931; elle eut lieu au Touquet, où
Michel-Marie Poulain possédait déjà
une villa.
En 1939, la jolie fille fut mobi
lisée... comme maréchal des logis au
24 e dragons. Au prix de mille ruses,
Micky parvint à conserver sa longue
chevelure, jalousement dissimulée
sous le calot réglementaire. Ce qui
n’empêcha pas Michel-Marie Pou
lain, brillant cavalier, de se conduire
bravement dans le groupe de recon
naissance dont il faisait partie.
En 1940, il profita d’une pér ¬
il put, et, de Pologne, regagna la
France. Michel terrassa en lui le dra
gon, Marie adopta la dernière coif
fure, et la vie reprit comme au
sortir d’un mauvais rêve.
De cette période, il a conservé
le souvenir d’une curieuse expérience
humaine dont sa sensibilité est sortie
enrichie.
Bientôt, P Amérique..,
On aurait tort de supposer que la
singularité de Michel-Marie Poulain
n’est qu’une astuce publicitaire. Bien
au contraire, elle le fit prendre pour
un fumiste, au début de sa carrière
de peintre, et détourna de lui les
amateurs, choqués et soucieux de ne
pas être dupes.
Il persévéra néanmoins à se faire
un nom. Il aime les tons vifs, jaillis
tout crus du tube, et qu’il étale au
couteau en surfaces lisses, en con
trastes implacables. Ses bouquets de
fleurs ont l’air de feux d’artifice.
Ses paysages de Bretagne éclatent en
verts, en rouges et en bleus aveu
glants. Est-ce le signe naturel d’une
virilité qui s’affirme, ou tout au
contraire la lutte inconsciente de
l’instinct masculin refoulé contre
une sensibilité toute féminine qui
mission pour se marier,
en uniforme de dragon;
formalité qu’il avait tou
jours négligée, car il lui
eût fallut, pour compa
raître devant M. le
Maire, se commander un
costume masculin qu’il
n’eût porté (peut-être
gauchement !) qu’une
seule fois.
En haut : Michel-
Marie Christophe* à
la ville.
A droite : Le pein
tre en compagnie de
Tania Fédor.
Vedette de stalag
Et puis, ce fut la captivité. Micky
réclama ses vêtements habituels et
devint d’emblée la vedette féminine
de la troupe artistique du Stalag
XI B. Décorateur, danseuse et co
médienne, il connut un vrai triom
phe auprès de ces camarades pri
sonniers.
Pourtant, il s’évada en 1941,
nanti de faux papiers... et vêtu
d'habits masculins ! Sans savoir
l’allemand, il se débrouilla comme
transparaît surtout dans ses por
traits ?
— Je compte partir pour l’Amé
rique l’an prochain, nous confie
l’artiste. Mes projets ? Ils sont de
deux sortes : expositions de pein
ture et représentations théâtrales...
J’ai déjà joué Fanny, de Pagnol, et
compte bien créer là-bas quelque
comédie...
On imagine sans peine de quelle
publicité « mammouth » va béné
ficier là-bas notre peu banal com
patriote 1
Actrice, mannequin et
dragon
Sous le nom de Micky, cette belle
fille aux grands yeux rieurs, se fit
applaudir au cirque dans un élégant
numéro de danses acrobatiques. Mo
déliste pour plusieurs maisons de
couture, l’artiste Micky se vit con
fier le soin de présenter aux courses
de nombreuses toilettes... On le vit
figurer dans les magazines de modes,
vêtu de robes d’organdi et coiffé de
grands chapeaux, qu’il portait avec
beaucoup d’allure.
Il ne cessait pourtant pas de pein
dre: sa première exposition date de
VOIE LACTEE
() UA^D M. Ramadier eut rendu
% compte à T Assemblée de la fin de
la grève des cheminots, on passa au bud
get du Ravitaillement.
On parla des vaches laitières.
Le président du Conseil déclara que la
production du lait était satisfaisante.
— Elle sera encore meilleure, murmu-
ra M. Pineau a
qu’elles vont de
trains.
son voisin, maintenant
nouveau voir passer les
BISTROT-ROI 1
/V DU CLOS dans sa hâte de trouver
- —° les neuf milliards des cheminots
a proposé sérieusement à l’Assemblée, de
rogner 5 millions sur le traitement des
députés et de les donner aux travailleurs
de la S.N.C.F.
— Cest un argument de bistrot I pro
testa M. Triboulet.
A quoi M. Fernand Grenier répliqua :
— Et après ! c'est au bistrot que se
fait la politique.
C’est vrai/ surtout pour M. Grenier qui
de garçon de café
ministre.
DANIEL
devint — député et
DANS LA FOSSE
AUX LIONS
dans la cour du mi-
" 'AUTRE jour,
nistère du Travail, encombrée de
grévistes, le conducteur d’une modeste
RÉFUGIÉ N° 1
AURA BESOIN D’UN HOMME TEL QUE LUI
I L fait très chaud. Sous le so
leil, les montagnes étincellent.
Une voile s’incline sur l’eau
claire du lac de Genève. A flanc de
coteau, les vignes s’enroulent sage
ment autour des échalas. bien ali
gnés. Le pett tramway qui joint
Vevey à la Tour-de-Peilz — que les
Suisses prononcent « la Tour-de-
Paix » — flâne doucement. Il est
certain que Georges Bonnet habite
une contrée magnifique. Simple
constatation qui ne prouve rien. La
Suisse, ce chaos admirablement do
mestiqué, offre partout ces paysa
ges somptueux et ces décors de
cataclysme ordonnancé. On ne
peut raisonnablement reprocher à
un homme de ne pas habiter la
brume, la lande et le crassier.
Je ne suis pas venu en Suisse
pour dresser un réquisitoire ou pour
bâtir une plaidoirie.
Le Sacré-Cœur,
quelques photos,
des papiers
On m’a dit :
— Bonnet ? Il vit très modes
tement, très retiré. Il sort peu et
ne voit que quelques vieux amis
comme Grégoire Gafenco, l’ancien
ministre roumain des Affaires
étrangères. Certains ont voulu y
voir les prodromes d’un complot :
c’est une plaisanterie...
« Sa femme ? La fille de
Camille Pelletan ? Après lavoir
poussé dans la carrière politique
par ambition, elle s’est effacée.
Elle mène à ses côtés la vie pai
sible de l’exilé. Elle sort peu, se
mêle à peine des détails domesti
ques — marché, entretien de l’in
térieur — qui sont le lot habituel
des femmes. D’ailleurs la Suisse
se prête mal à ce genre de vie.
Le marché noir y est inconnu en
matière d’alimentation et une
bonne suffit. Les droits d’auteur
que son livre a rapportés per
mettent à Georges Bonnet ce mé
diocre 'luxe, □'ailleurs l’état de
santé de Mme Bonnet n’est pas
tel qu’il lui permette un rôle très
actif. Tout au plus peut-elle en
tretenir chez l’ancien ministre
cette flamme ambitieuse qu’elle
avait allumée. Quoi qu’il en dise,
Bonnet se résigne mal à son effa
cement. S’il a la sagesse d’attendre
que soit dissipée la confusion ac
tuelle, il pense, in petto, que la
France aurait besoin d’un homme
tel que lui. Mais il préfère atten
dre et voir.
De fait, il n’est rien que Geor ¬
PITIE POUR LES VOYAGEURS
Georges BONNET
PENSE QU’UN JOUR LA FRANCE
ges Bonnet craigne plus que la
publicité. L’ancien ministre des Af
faires étrangères a quitté la Fran
ce pour éviter des ennuis certains
avec la Gestapo et s’il attend peut-
être que la période trouble que
nous vivons soit dissipée pour ren
trer en France, il se défend vigou
reusement d’avoir encore des am
bitions politiques.
J’ai frappé à la porte d’un cha
let de bois, retiré à mi-coteau,
ombragé de pins. Une femme m’a
introduit. Georges Bonnet habite
au premier étage, trois pièces so
brement meublées. Par des amis,
j’ai su qu’arrivé à Lausanne dans
un dénuement presque absolu, son
logement a été aménagé par des
Suisses qu’il ne connaissait pas mais
qui ont jugé indigne d’un ancien
ambassadeur de France le pauvre
décor qui l’entourait.
Le bureau est petit, entièrement
revêtu de bois sombre. Au centre,
une table couverte de papiers. Sur
un meuble, une pendule d’onyx, au
mur un triptyque et une aquarelle
représentant le Sacré-Cœur. C’est le
seul détail qui rappelle Paris. Dans
la pièce voisine, des photos dédi
cacées du roi George VI, de la reine
Elizabeth, des princesses d’Angle
terre, de Franklin Roosevelt —
to Georges Bonnet from bis friend
— de Briand, de Caillaux et de
Painlevé.
— Ce n’est pas une interview,
n’est-ce pas?
— Ce n’est pas une interview, ai-
je consenti. Je suis simplement ve
nu m’enquérir de la manière dont
vous vivez.
Georges Bonnet a souri. Depuis
1939, il a à peine changé. Les che
veux ont blanchi mais le regard
bleu pervenche n’a rien perdu de
sa limpidité. Il est vêtu de gris.
D’un geste, il enveloppe la pièce :
— Comment je vis ? Voyez. Au
milieu de mes papiers.
« Je viens de publier le premier
livre de mes souvenirs sur les ori
gines de la guerre, < de Washington
au Quai d’Orsay ». J’achève le se
cond qui ira d’octobre 1938 au 15
septembre 1939. Ensuite, je pense
écrire une étude philosophique de
tous ces événements et des consé
quences qu’on peut en dégager
pour l’avenir. Cela m’occupe suf
fisamment pour que je ne songe
pas à rentrer en France avant sept
ou huit ans. Mon fils poursuit ses
études à Lausanne, ma femme se
trouve bien du climat, j’ai ici la
paix et mes documents que j’ai
réussi à sauver et qui sont le ma-
De notre envoyé spécial
André CHASSAIGNON
tériau de mes ouvrages. Je sors peu,
mes moyens ne me le permettent
d’ailleurs pas. On raconte, je crois,
beaucoup d’histoires sur moi. J’en
Georges BONNET.
suis le premier étonné. Vos confrè
res ont encore plus d’imagination
que je ne pensais.
Les secrets d’Etat
sauvés du feu
et de Peau
L’interview — si l’on peut qua
lifier ce bref dialogue d’interview
— s’est terminée là. Si, pendant
une heure et demie l’ancien mi
nistre et moi avons ensuite bavar
dé, ce n’est que de la Suisse, du
Périgord, son pays natal, et de la
magnifique exposition des trésors
vénitiens actuellement exposés à
Lausanne. Ce n’est pas par Georges
Bonnet que j’ai su l’odyssée singu
lière des dépêches diplomatiques
qui lui permettent d'écrire ses li
vres et qui ont, en grande partie,
permis au Quai d'Orsay de recons
tituer ses archives calcinées. L’his-
toire vaut d’être contée.
16 mai 1940. L’affolement règne
au ministère des Affaires étrangè-
res. On jette par les fenêtres les
cartons verts bourrés jusqu’à la
gueule de documents secrets. « Ça
faisait ploc ! racontent les témoins
et l’on eut le plus grand mal à y
mettre le feu ».
. Toute l’histoire de l’époque anté
rieure à la guerre et en particulier
l'histoire des accords de Munich,
de l’invasion de la Tchécoslovaquie
et de la déclaration de guerre,
eût été ainsi anéantie sans les co
pies ministérielles.
Les dépêches diplomatiques sont,
en effet, rédigées en trois exem
plaires, à en-tête rouge pour les
« départs », bleu pour les « arri
vées ». L’un destiné au ministre,
l'autre à l’ambassade intéressée, le
dernier aux archives. Averti par un
coup de téléphone de son chef de
cabinet que les Allemands avaient
percé à Sedan, Georges Bonnet, qui
se trouvait à Périgueux, sauta dans
sa voiture, rejoignit la capitale, y
parvint avant l’autodafé et réussit
à sauver ses dépêches personnelles.
Il fréta une camionnette, bourra sa
propre auto et s’en revint à Péri
gueux. Mais l’avance allemande
s’accélérait. Il fallait protéger la vo
lumineuse masse déjà rescapée de
l’incendie. Les doubles partirent
pour Royan où une partie fut dis
simulée dans une cachette qui avait
jadis permis au pasteur Jarousseau,
« le pasteur du désert » d’échap
per aux dragonnades qui suivirent
la révocation de l’Edit de Nantes
et par un curieux retour des choses,
à protéger le curé du village, tra
qué en 1793 par les Jacobins. Mal
gré plusieurs perquisitions, les Al
lemands ne découvrirent jamais les
précieux papiers qui, par petits pa
quets, gagnèrent la Suisse. L’autre
partie des documents, la plus im
portante, fut confiée au patron
d’une barque de pêche qui les
achemina vers Saint-Sébastien, à
destination du consul général de
France, ami personnel du ministre.
L'opération fut d’autant plus
heureuse que la célèbre « armoire
de fer » qui contient les documents
les plus confidentiels des Affaires
étrangères et qu’on s’était efforcé
de sauver est à jamais .perdue. Des
cellée de son mur le 16 mai 1940,
transportée à Bordeaux, elle fut em
barquée sur un caboteur et coulée
par un sous-marin allemand qui pa
trouillait dans le golfe de Gasco
gne.
Les nazis ne se doutèrent sans
doute jamais que cette torpille les
privait de tous les secrets d'Etat de
la France.
P OUR ne pas compromettre
l’avenir de son fils, Didier
Collet accepta de vivre
avec sa femme vingt années,
ivingt années pendant les-
quelles il eut à supporter d’in
nombrables scènes violentes et
querelles mesquines.
Quand son fils manifeste son
intention de se marier, Didier
décide de quitter son épouse.
H va tenter de vivre tranquil
lement ses années de vieillesse.
Un soir, il avertit son fils
de son intention. Sous le pré
texte d’aller acheter deux ci
gares, il quitte pour toujours le
domicile conjugal.
Mais l’attitude de sa femme
délaissée devra compromettre
sérieusement le mariage et le
bonheur de son fils.
Le père et le fils resteront-
ils « amis comme avant » ?
C’est un drame douloureux
et l’exposé savant d’un éternel
dilemme que nous soumet ici
le grand écrivain Henri Jean-
son.
« Amis comme avant » est
une œuvre poignante qui ne
laissera aucun lecteur insen
sible.
★
C'EST UN LIVRE DE
LA « COLLECTION THALIE »
cinq chevaux essayait en vain de se
frayer un passage à grands coups de
klaxon.
— Tu nous casses les oreilles, dit en
langage démocratique l’un des travail
leurs.
Cependant qu’un autre s’écriait :
— Nous. On est là pour voir le minis
tre dans son bureau.
— Alors si vous ne me laissez pas pas
ser, messieurs, répliqua poliment l’occu
pant de la petite voiture, vous risquez
d attendre longtemps, car c’est moi le
ministre !
Et M. Daniel Mayer eut enfin l’autori
sation de rentrer chez lui !
FRIC-FRAC
A U cours de la grève des fonctionnai-
11 res, M. Fosset, syndic du Conseil
municipal, ne pouvant obtenir les clefs
de son bureau, d’un coup d’épaule enfon
ça la porte.
M. Fosset — benjamin du Conseil mu
nicipal - est un débrouillard et un cos
taud de 27 ans.
— J e leur ferai bien voir, dit-il, que
je suis de la commission de la jeunesse
et des sports.
— Dommage, lui dit alors un de ses
collègues, que tu ne représentes pas le
quartier des Epinettes : on t’appellerait
le costaud I
★
Envoi franco contre 45 francs
à la LIBRAIRIE DE LA RADIO,
101» rue Réaumur, Paris {2 e )
(Chèque» postaux Paris 2026-99).
HISTOIRE DE FOUS
" ES augmentations de salaires dans
les entreprises d’Etat préoccupent
M. Robert Schuman et les membres de la
Commission des Finances.
— Nous faisons un bilan un soir ; le
lendemain, il faut recommencer, les chif
fres changeant chaque jour, se plaignait
M. Baranger. Un vrai travail de Pénélope.
— Pénélope ? dit M. Pleven. Dites plu
tôt Ferdinand Lop, prince des fols.
— Neuf milliards neuf cent
millions de dépenses supplé
mentaires pour la S.N.C.F. !
s’exclame M. Robert Schuman.
Je ne puis tolérer que le bud
get ne soit pas en équilibre. Il faut pren
dre des mesures.
— Que proposez-vous ? dit M. Moch.
— Une augmentation du tarif voya
geurs me semble inévitable.
M. Ramadier intervient :
— Avez-vous songé que nous entrons
dans la période des vacances ?
— Justement, réplique M. Schuman.
Ces trois mois de hautes eaux peuvent
nous aider à combler le déficit.
— D’autant, précise M. Moch, que nos
chemins de fer sont parmi les moins
chers d’Europe. J’ai là des statistiques...
M. Ramadier l’arrête du geste.
— Le public se moque de ce que paie
l’Anglais, le Belge ou l’Italien. Il cons
tate seulement que pour aller de Paris
à Nice il débourse plus de 1.600 francs.
Les congés payés vont partir. Si nous re
levons les tarifs ce sera un tollé général.
— On l’a bien fait, l’an dernier, ob
serve M. Moch.
— ...Et les voyageurs, tranche M. Ra
madier, ont accusé le gouvernement de
les prendre en traître.
— L’arithmétique budgétaire, observe
M. Moch, ne fait pas de sentiment.
— Mais le gouvernement a le droit
de se préoccuper de l’opinion ! profère
M. Ramadier. Il y a assez de méconten
tement comme cela ! Croyez-moi : étu
dions le relèvement des tarifs et atten
dons un peu... En septembre, nous avi
serons...
passé de 25 % celle de 1938 et que, dans
l’ensemble, la production française des
pneus pendant la même période a dépassé
celle de 1938 dans les mêmes proportions.
— Et dire que j’ai fait une demande de
pneus en février 1946 et que je n’ai pas
encore obtenu satisfaction ! Quand on
pense que les pneus coutent à la taxe
3.000 francs et qu’on les paie au marché
noir 18.000, c’est à devenir enragé ! L’au
tre jour, je suis allé à Clermont-Ferrand:
Michelin ne sait plus où mettre les pneus
qu’il fabrique. Ça s’entasse. Ça s’entasse
au soleil et à la pluie ! Que diantre veut-
on faire de tous ces pneus ?
— On les exporte... Ce qui n’empêche pas
les étrangers qui achètent des voitures
françaises de changer les pneus français
contre des pneus américains, parce qu’ils
sont meilleurs.
— C’est inimaginable !
— Et il y a mieux : nous exportons des
pneus et nous achetons au Brésil du
caoutchouc.
— Pour fabriquer des pneus ?
— Bien sûr !
— C’est une histoire de fou ?
— Hélas !
MONTGOMERY
SUR LES TRACES DE MARSHALL
TITRE DE NOBLESSE
A) s Pierre Blanchar est venu
C. -4 voir J.-L. Barrault dans sa lo-
• " 4 ge du théâtre Marigny, qui
V e communique avec celle d’Y-
G2. s vonne Printemps.
un sait que les deux comédiens pas
sent pour être assez communisants.
— Tu as vu ? dit Pierre Blanchar :
Laurence Olivier et Vivian Leigh sont
anoblis par la roi d’Angletrre. Voici donc
un « sir Laurence » et une « lady Vi
vian ».
— Tant mieux pour l’art dramatique,
dit J.-L. Barrault, mais personnellement
cela me laisse indifférent.
Pierre Blanchar semble songeur :
— Il est tout de même amusant de
penser que s’il y avait un roi de France,
tu serais peut-être marquis et moi comte
ou inversement.
Un sourire sur le visage tourmenté de
J.-L. Barrault.
— Pourquoi pas ? J’ai au moins un
point commun avec Laurence Olivier :
tous les deux nous jouons Hamlet. C’est
un titre de noblesse !
Ba Dans le petit bureau très
s ( )a simple de M. Clement Attlee
Con 3à Downing Street, lé maréchal
.//I Montgomery réfléchit. Ses re-
9 égards se promènent distraite
ment sur un planisphère que le Premier
a étendu par terre tout à l’heure et
maintenu avec de superbes bibelots de
l'époque élisabethaine.
— Sir Bernard, dit le chef du gou
vernement de Sa Majesté, je me permets
d’insister. Votre voyage dans le Moyen-
Orient en tant que chef de l’état-major
impérial revêtira déjà une importance
considérable. La Palestine s’apaisera
peut-être, l’Egypte aussi. L’Irak et l’Iran
détourneront les yeux de Washington pour
penser de nouveau que la Grande-Breta
gne les comprend mieux.
— Monsieur le Premier, interrompt sir
Bernard Montgomery, je suis d’accord
avec vous, mais ce voyage en Chine ?...
— J’aimerais que vous y fassiez une
enquête assez complète sur la situation
entre nationalistes et communistes. Et
surtout savoir quelles sont les intentions
des Soviets... Vous n’ignorez pas que la
cavalerie de leur protectorat de la Mon
golie extérieure faits des raids fréquents
dans la province du Siu-Kiang. Que pré
parent les Russes ?
Montgomery songe. Un long voyage en
perspective ; une belle mission : percer à
jour l’imbroglio asiatique. Georges Mars
hall la tenta pour les Etats-Unis, mais
en vain. Après tout, pourquoi lui, ne réus
sirait-il pas ?
et « œil » des Soviets au parlement au
trichien.
— Au nom des principes démocratiques...
Figl interrompt Fischer de la main :
— Laissez donc la démocratie tranquil
le ! Parlez franchement.
— Je dis qu'au nom de la démocratie
et des intérêts du pays, s’obstine l’ancien
élève du Komintern, il faut que vous
quittiez le pouvoir. De nouvelles élections
seront alors organisées.
Le chancelier ironise et demande au
chef communiste s’il fait un rêve.
— Mais enfin, hurle celui-ci, puisque
je vous répète que l’U.R.S.S., la première
puissance du monde, ne veut pas signer
à vos côtés le traité de paix avec l’Au
triche. Alors, partez, démissionnez. Et,
nerveusement, il fait de petits gestes de
la main : « Weg ! Weg !... »
Figl a souri, puis redevenu grave, il dit
avec fermeté :
— Je ne veux que la prospérité et le
bonheur de l’Autriche. Mais les Soviets
ne feront pas à Vienne ce qu’ils ont fait
en Hongrie. Ici, pas de coup de force
possible. Américains, Anglais et Français
sont là également et le « système » du
complot terroriste n’est pas utilisable ici.
Et, fort de ma majorité dans le pays, je
reste à mon poste.
Et M. Figl a frappé sèchement sur le
timbre pour faire reconduire son visiteur
par l’huissier.
LE « TOUR » EST ASSURE
ET LA GUYANE ?
A U cours de la dernière conférence
- des présidents, à l'Assemblée, le
président Herriot s'inquiéta de l'ajourne
ment indéfini de l'examen des opérations
électorales à la Guyane.
— Sept mois après le scrutin, c'est
bien long ! dit-il, et si des désordres écla
taient là-bas ?...
— Soyez tranquille, intervint M. Du-
clos, ce n'est pas nous qui susciterons des
incidents dans un pays si proche des
Etats-Unis !
POLITESSES
7 ANTIER est président du groupe
paysan, à l'Assemblée nationale.
Bien qu'il soit de caractère assez... « en
tier », ce parlementaire est des plus cour
tois.
Pour un détail de procédure, il n'était
pas d’accord avec M. Herriot, lors d'une
récente séance. Mais, s'inclinant devant le
président, il finit par lui dire t « Je m’en
rapporte à votre sagesse. »
— A mon expérience, tout au plus !
corrigea en souriant le président accadé-
micien.
LA COURSE AU POTEAU
LES MYSTERES DE BIBENDUM
FIGL ET FISCHER
— soumis vendredi aux actionnai-
2 PT res des usines Goodrich. Très
7 t J intéressant !
" — Que dit-il ?
— Il indique que, au cours de l’exer-
cice 1946, la fabrication des pneus a dé-
de 6 H Les deux hommes sont face
6 Bà face : Figl, le chancelier dé-
■mocrate-chrétien, continuateur
S ® Bde la tradition de Dollfuss et
69 =de Schuschnigg, et Fischer l’a
gitateur communiste, ambassadeur officieux
De son bureau du 13, fau
bourg Montmartre, Jacques
Goddet, directeur de l'Equipe,
appelle au téléphone Claude
Bellanger, directeur du Pari
sien libéré, co-organisateur du Tour de
France.
M. Jacques Goddet est soucieux. Ner
veusement, il caresse sa moustache court
taillée.
— Allo, Bellanger... Dites-moi, cher
ami, je suis extrêmement inquiet. « No
tre » Tour de France part le 25 et avec
toutes ces grèves...
— Mais non, répond au bout du fil,
Claude Bellanger qui ne s’inquiète pas
facilement. Tout s’arrange. La grève des
cheminots est terminée.
— Ne croyez-vous pas qu’une recru
descence de l’agitation sociale puisse
compromettre l’épreuve ? Imaginez que
des mouvements politiques nous obligent
à interrompre la course. En ces temps
troublés, il faut tout prévoir !
Claude Bellanger réfléchit. Le matin
même, il vient de déposer à la Fédération
de cyclisme, en son nom et en celui de
Jacques Goddet, 5.400.000 francs, repré
sentant la garantie des prix offerts aux
coureurs par ces deux journaux. Au fond,
le directeur de l’Equipe a raison. On ne
sait jamais.
— Eh bien ! propose-t-il, assurons-
nous. Après tout, on assure bien les
réunions de vélodrome contre la pluie.
Coup de téléphone aux assurances. Il
n’en coûtera que 500.000 francs de pri
me pour garantir le Tour de France
contre une fâcheuse interruption.
(g‘ U brûleras ce que tu as adoré », dit
— l'Ecriture.
Le M. R. P. jadis friand de nationali
sations, les vilipende par la voix de M.
Lespès. Aujourd’hui, que leur faillite est
effective. M. Rousseau, leur a lançé :
— Vous avez voulu courir plus vite que
la gauche vers les nationalisations et vous
vous êtes cassé le nez sur le poteau.
— Et ce poteau servira peut-être a autre
chose encore renchérit M. Petit ; surtout
si vous y arrivez en compagnie de M.
Marty !
L'AUTO DE STALINE
7V BIDAULT racontait que le fils de
-• M. Nagy, le président du Con
seil de Hongrie « démissionné » dan s les
circonstances que Ton sait, est arrivé en
Suisse dans Tauto offerte à son père par
Staline — au moment où M. Nagy n'était
pas encore « une vipère lubrique ».
— Le père, dit M. Coste-Floret a été
roulé par les Russes, mais le fils a roulé
à leurs dépens.
OTHELLO MOSCOVITE
TT N théâtre de Moscou présente actuel-
- lement a son public un « Othello »
de Shakespeare dans lequel le personna
ge d’Othello est interprété par un nègre
authentique.
Ce noir fut jadis citoyen américain et
se fit naturaliser soviétique. Il est devenu
le spécialiste des rôles de nègres qui se
soulèvent contre l'esclavage yankee, dans
les pièces russes.
... Un noir qui a viré au rouge.
LaNOUVELLE
GUILLOTINE
(/Suite de notre première page)
— Soyez calme, disait Deibler
à Landru, vous éviterez la souf
france.
— Eh ! fit l’homme à la cuisi
nière, venez donc à ma place !
Manequehen, à Rouen, alors
qu’on lui offrait une cigarette ré
pondit :
— Je ne fume que le Nil !
Un nommé Passevache, à
Reims, écarta le prêtre :
— Laissez-moi voir l’outil. J’ai
payé pour ça !
Le parricide Valence, à Epinal,
comme on lui tendait le verre de
rhum traditionnel, répondit :
— Non, merci... Je ne bois ja
mais. Quand je suis ivre, je ne
sais pas ce que je fais.
Depuis 1909, la guillotine avait
quitté la place de la Roquette
pour le boulevard Arago, à mi-
longueur du trottoir qui longe le
mur de la Santé. La disposition
des lieux permettait un service
d’ordre strict. En dehors des por-
teurs de cartes spéciales, barrées
de violet, nul curieux ne pouvait
approcher assez pour voir autre
chose que le fourgon attelé du
vieux cheval Fend l’Air amenant
le condamné. Il n’en était pas de
même en province, à Versailles
notamment, où la prison Saint-
Piere est située en pleine ville,
surplombée de hauts immeubles
à douzaines de fenêtres. Aux exé
cutions de vedettes, ces fenêtres
étaient louées à prix d’or et bon
dées de curieux dont l’attitude,
après une nuit blanche trop dé
saltérée, se manifestait souvent
scandaleuse.
L’exécution de Weidmann —
la première d’Henri Desfournaux
en qualité d’exécuteur en chef —
donna l’occasion d’un spectacle si
révoltant dans le genre qu’E-
douard Daladier, alors président
du Conseil, prit un décret stipu
lant que les exécutions auraient
lieu désormais dans l’enceinte des
prisons et en présence des seuls
magistrats.
Le précédent de Sanson
C’est donc la petite cour d’en
trée de la Santé qui a fait
le décor des dix-huit exécutions
opérées par Desfournaux à Paris,
durant la guerre. Ces exécu
tions, dont des « terroristes »
communistes furent victimes, ont
failli, après la libération, coûter
sa place à Henri Desfournaux.
— Je n’étais qu’un instrument,
s’est-il défendu. Ce n’est pas moi
qui condamnais.
Et il a objecté l’article 327 du
Code pénal qui assure l’impunité
aux homicides, coups et blessures
ordonnés par la Justice, rappelé
le précédent de Sanson, qui ne
fut point inquiété après la Ter
reur. Sa thèse l’a emporté. H s’est
vu confirmer son traitement de
96.000 francs, plus 15.000 francs
pour l’entretien des bois de jus
tice. En effet, malgré qu’on le
croie communément, le bourreau
n’est pas payé à la tête.
Mme Desfournaux
Henri Desfournaux est un haut
gaillard solidement charpenté, aux
cheveux tout blancs, mais drus,
moustachu, aux gestes lents et
d’un grand flegme qu’on ne lui
voit perdre qu’au billard dont il
a la passion, quand un maladroit
le heurte et lui fait perdre une
série.
On affirme qu’il laisse tenir les
rênes du ménage par son épouse,
une maîtresse femme employée
comme infirmière-chef dans un
hôpital. On ajoute que si, pen
dant la guerre, il a persisté à son
poste malgré la défection unanime
de ses aides, c’est que Mme Des
fournaux explosa :
— Tu ne vas pas abandonne?
ton traitement pour si peu !
Gérant de l’immeuble qu’il ha
bite 54, rue de la Convention et
qui appartient à la famille Dei
bler, ses locataires n’ont d’ailleurs
qu’une voix pour le dire infini-
ment plus coulant que feu Ana
tole, lequel avait la manie des
procès.
H ne boit de vin ni ne fume
chez lui, Mme Desfournaux étant
une antialcoolique militante et
professant qu’un fumeur dans un
appartement constitue un fléau
pour les tapis. Toutefois, il fait
garder une pipe bien culottée en
consigne par trois bistrots du coin
renommés pour leurs petits vins
de la Loire.
L’avenir est à la vitesse
Faute d’héritier direct Henri
Desfournaux a reporté son af
fection sur son neveu et pre
mier adjoint André Obrecht. Ac
tuellement fabricant de bonbons,
caramels et chocolats glacés dans
le civil, André Obrecht fabriquait
avant la guerre des jouets chez
Citroën.
Il a acquis des connaissances
mécaniques qui ont été précieuses
à Desfournaux pour les deux der
niers perfectionnements qu’il a
apportés à la guillotine et que
Bernardi de Sigoyer et Albert
Brunet viennent d’inaugurer.
La première — une modification
du système de glissière — assure
une mise en place en quelque
sorte automatique du cou du pa
tient dans la lunette, quels que
soient ses sursauts. La deuxième
permet de remonter le « glaive »
aussi vite qu’on le désire sans
risquer que la corde déraille de la
poulie. Il s’ensuit premièrement
un gain de temps qui réduit pres
que de moitié la durée de l’exécu
tion elle-même et deuxièmement
une remise en état de marche
quasi instantanée de la machine.
Suivant le mot d’André Obrecht
l’autre matin aux magistrats qui
s’étonnaient de la rapidité sans
précédent de la double exécution
« pourvu que les hommes soient
tenus prêts, la machine peut
fonctionner de deux minutes en
deux minutes, sans arrêt, avec
une régularité de piston ».
Bon cœur quand même
Mot effrayant. La vérité oblige
pourtant à dire que de l’avis des
spécialistes des exécutions capi
tales, André Obrecht fera, le jour
venu, un bourreau plus « sensi
ble » que ses prédécesseurs. Pen
dant la guerre, comme la cantine
de la Santé manquait de rhum,
il en apportait lui-même, qu’il
payait de sa bourse, bien que l’ex
périence des bourreaux leur fasse
redouter les hommes dopés, plus
difficiles à manier. En chaque oc
casion où l’emploi de la force de
vient nécessaire, il laisse à un
collègue le soin d’intervenir et on
l’a même vu quitter la pièce.
Pourtant, c’est un costaud. Les
agents conscrits en ont chaque
fois une occasion de le vérifier
qui, envoyés par des anciens
joyeux drilles, viennent sonner
à sa porte, avenue de Versailles,
pour réclamer le «spécialiste des
maux de tête ». Il est vrai qu’ils
redescendent encore plus vite
l’escalier quand on les a dirigés
sur la rue de la Convention et
que c’est Mme Desfournaux qui
leur ouvre. j
n’est autre Que MICHEL-MARIE POULAIN
ANCIEN DRAGON, PEINTRE ET PERE DE FAMILLE
— ICHEL-MARIE POULAIN
&/ est bien l’un des plus cu-
G rieux spécimens de la faune
artistique parisienne.
Ceux qui, sans le connaître, le
croisent dans la rue, dans le métro,
ne voient en lui qu'une jeune femme
élégante, gracieuse.
Sitôt éclairé sur sa véritable iden
tité, on se prend, malgré soi, à
considérer plus attentivement les dé
tails qui devraient le trahir. Mais en
vain. Le pied est d'une pointure
normale, la jambe d’un galbe fé
minin; la main, aux longs ongles
laqués, est robuste, sans plus; s’il
parle, sa voix est celle d’un mezzo
que nos chanteuses réalistes juge
raient insuffisamment grave. Et
l’œil, d’un gris bleu assez sombre,
s’amuse du bref examen qu’il a
surpris.
M.-M. Poulain ne porte pas de
perruque; il coiffe, selon les caprices
de la mode, ses noirs cheveux, qui
furent un temps vaporeux et oxy
génés. Seuls sont postiches les légers
avantages pectoraux qui gonflent
agréablement son corsage.
Qu’on n’aille pas conclure de
cette originalité que le jeune peintre
est un anormal. Marié (aujourd’hui
divorcé) et père d’une grande fillette
de treize ans, ses fantaisies ne sont
que vestimentaires.
Quelques précédents
historiques
Tout enfant, ses parents l’habil
laient en petite fille. Lorsqu’il
grandit, il jugea très laid l’accou
trement masculin de notre époque.
Nous avons connu un poète d’ori-
gine italienne qui éprouvait une vé
ritable répugnance à revêtir ces
pantalons disgracieux, ces sombres
étoffes, et qui enviait les élégants
des siècles passés, parce qu’ils avaient
le droit de porter des velours ruti
lants, des soieries brodées d’or et
d’argent, des dentelles, des four-
ru res...
Michel-Marie Poulain, lui, a ré
solu le problème une fois pour
toutes. Il a adopté la tenue féminine,
qui permet toutes les audaces de
coloris et le luxe des beaux tissus,
des bijoux, des manteaux de re
nard... Dieu merci, nous ne sommes
plus au temps où un décret de l’An
II décidait que « tout ci-devant qui
sera pris sous le costume féminin
aura la tête tranchée ».
Il pourrait, du reste, pour sa dé
fense, rappeler d’illustres précé
dents : d’abord le fameux chevalier
d’Eon, qui, pour avoir failli en
flammer, sous un costume féminin,
le cœur du Bien-Aimé, devint agent
diplomatique secret de Louis XV et
s’acquitta, toujours travesti, de dé
licates et périlleuses missions auprès
des cours étrangères. Et ce singulier
abbé de Choisy, qui fut comédienne
à Bordeaux avant d’entrer dans les
ordres (une manière comme une au
tre de changer de robe...) et d’écrire
une Histoire de l’Eglise qui le con
duisit à l’Académie française. En
fin, le vaillant chevalier Christophe-
Paulin de Fréminville, capitaine de
frégate de la marine royale, archéo
logue, érudit, auteur d’études sur les
antiquités bretonnes, et qui éberlua
pendant vingt ans les Brestois par
l’étalage fastueux de son élégance
féminine...
1931; elle eut lieu au Touquet, où
Michel-Marie Poulain possédait déjà
une villa.
En 1939, la jolie fille fut mobi
lisée... comme maréchal des logis au
24 e dragons. Au prix de mille ruses,
Micky parvint à conserver sa longue
chevelure, jalousement dissimulée
sous le calot réglementaire. Ce qui
n’empêcha pas Michel-Marie Pou
lain, brillant cavalier, de se conduire
bravement dans le groupe de recon
naissance dont il faisait partie.
En 1940, il profita d’une pér ¬
il put, et, de Pologne, regagna la
France. Michel terrassa en lui le dra
gon, Marie adopta la dernière coif
fure, et la vie reprit comme au
sortir d’un mauvais rêve.
De cette période, il a conservé
le souvenir d’une curieuse expérience
humaine dont sa sensibilité est sortie
enrichie.
Bientôt, P Amérique..,
On aurait tort de supposer que la
singularité de Michel-Marie Poulain
n’est qu’une astuce publicitaire. Bien
au contraire, elle le fit prendre pour
un fumiste, au début de sa carrière
de peintre, et détourna de lui les
amateurs, choqués et soucieux de ne
pas être dupes.
Il persévéra néanmoins à se faire
un nom. Il aime les tons vifs, jaillis
tout crus du tube, et qu’il étale au
couteau en surfaces lisses, en con
trastes implacables. Ses bouquets de
fleurs ont l’air de feux d’artifice.
Ses paysages de Bretagne éclatent en
verts, en rouges et en bleus aveu
glants. Est-ce le signe naturel d’une
virilité qui s’affirme, ou tout au
contraire la lutte inconsciente de
l’instinct masculin refoulé contre
une sensibilité toute féminine qui
mission pour se marier,
en uniforme de dragon;
formalité qu’il avait tou
jours négligée, car il lui
eût fallut, pour compa
raître devant M. le
Maire, se commander un
costume masculin qu’il
n’eût porté (peut-être
gauchement !) qu’une
seule fois.
En haut : Michel-
Marie Christophe* à
la ville.
A droite : Le pein
tre en compagnie de
Tania Fédor.
Vedette de stalag
Et puis, ce fut la captivité. Micky
réclama ses vêtements habituels et
devint d’emblée la vedette féminine
de la troupe artistique du Stalag
XI B. Décorateur, danseuse et co
médienne, il connut un vrai triom
phe auprès de ces camarades pri
sonniers.
Pourtant, il s’évada en 1941,
nanti de faux papiers... et vêtu
d'habits masculins ! Sans savoir
l’allemand, il se débrouilla comme
transparaît surtout dans ses por
traits ?
— Je compte partir pour l’Amé
rique l’an prochain, nous confie
l’artiste. Mes projets ? Ils sont de
deux sortes : expositions de pein
ture et représentations théâtrales...
J’ai déjà joué Fanny, de Pagnol, et
compte bien créer là-bas quelque
comédie...
On imagine sans peine de quelle
publicité « mammouth » va béné
ficier là-bas notre peu banal com
patriote 1
Actrice, mannequin et
dragon
Sous le nom de Micky, cette belle
fille aux grands yeux rieurs, se fit
applaudir au cirque dans un élégant
numéro de danses acrobatiques. Mo
déliste pour plusieurs maisons de
couture, l’artiste Micky se vit con
fier le soin de présenter aux courses
de nombreuses toilettes... On le vit
figurer dans les magazines de modes,
vêtu de robes d’organdi et coiffé de
grands chapeaux, qu’il portait avec
beaucoup d’allure.
Il ne cessait pourtant pas de pein
dre: sa première exposition date de
VOIE LACTEE
() UA^D M. Ramadier eut rendu
% compte à T Assemblée de la fin de
la grève des cheminots, on passa au bud
get du Ravitaillement.
On parla des vaches laitières.
Le président du Conseil déclara que la
production du lait était satisfaisante.
— Elle sera encore meilleure, murmu-
ra M. Pineau a
qu’elles vont de
trains.
son voisin, maintenant
nouveau voir passer les
BISTROT-ROI 1
/V DU CLOS dans sa hâte de trouver
- —° les neuf milliards des cheminots
a proposé sérieusement à l’Assemblée, de
rogner 5 millions sur le traitement des
députés et de les donner aux travailleurs
de la S.N.C.F.
— Cest un argument de bistrot I pro
testa M. Triboulet.
A quoi M. Fernand Grenier répliqua :
— Et après ! c'est au bistrot que se
fait la politique.
C’est vrai/ surtout pour M. Grenier qui
de garçon de café
ministre.
DANIEL
devint — député et
DANS LA FOSSE
AUX LIONS
dans la cour du mi-
" 'AUTRE jour,
nistère du Travail, encombrée de
grévistes, le conducteur d’une modeste
RÉFUGIÉ N° 1
AURA BESOIN D’UN HOMME TEL QUE LUI
I L fait très chaud. Sous le so
leil, les montagnes étincellent.
Une voile s’incline sur l’eau
claire du lac de Genève. A flanc de
coteau, les vignes s’enroulent sage
ment autour des échalas. bien ali
gnés. Le pett tramway qui joint
Vevey à la Tour-de-Peilz — que les
Suisses prononcent « la Tour-de-
Paix » — flâne doucement. Il est
certain que Georges Bonnet habite
une contrée magnifique. Simple
constatation qui ne prouve rien. La
Suisse, ce chaos admirablement do
mestiqué, offre partout ces paysa
ges somptueux et ces décors de
cataclysme ordonnancé. On ne
peut raisonnablement reprocher à
un homme de ne pas habiter la
brume, la lande et le crassier.
Je ne suis pas venu en Suisse
pour dresser un réquisitoire ou pour
bâtir une plaidoirie.
Le Sacré-Cœur,
quelques photos,
des papiers
On m’a dit :
— Bonnet ? Il vit très modes
tement, très retiré. Il sort peu et
ne voit que quelques vieux amis
comme Grégoire Gafenco, l’ancien
ministre roumain des Affaires
étrangères. Certains ont voulu y
voir les prodromes d’un complot :
c’est une plaisanterie...
« Sa femme ? La fille de
Camille Pelletan ? Après lavoir
poussé dans la carrière politique
par ambition, elle s’est effacée.
Elle mène à ses côtés la vie pai
sible de l’exilé. Elle sort peu, se
mêle à peine des détails domesti
ques — marché, entretien de l’in
térieur — qui sont le lot habituel
des femmes. D’ailleurs la Suisse
se prête mal à ce genre de vie.
Le marché noir y est inconnu en
matière d’alimentation et une
bonne suffit. Les droits d’auteur
que son livre a rapportés per
mettent à Georges Bonnet ce mé
diocre 'luxe, □'ailleurs l’état de
santé de Mme Bonnet n’est pas
tel qu’il lui permette un rôle très
actif. Tout au plus peut-elle en
tretenir chez l’ancien ministre
cette flamme ambitieuse qu’elle
avait allumée. Quoi qu’il en dise,
Bonnet se résigne mal à son effa
cement. S’il a la sagesse d’attendre
que soit dissipée la confusion ac
tuelle, il pense, in petto, que la
France aurait besoin d’un homme
tel que lui. Mais il préfère atten
dre et voir.
De fait, il n’est rien que Geor ¬
PITIE POUR LES VOYAGEURS
Georges BONNET
PENSE QU’UN JOUR LA FRANCE
ges Bonnet craigne plus que la
publicité. L’ancien ministre des Af
faires étrangères a quitté la Fran
ce pour éviter des ennuis certains
avec la Gestapo et s’il attend peut-
être que la période trouble que
nous vivons soit dissipée pour ren
trer en France, il se défend vigou
reusement d’avoir encore des am
bitions politiques.
J’ai frappé à la porte d’un cha
let de bois, retiré à mi-coteau,
ombragé de pins. Une femme m’a
introduit. Georges Bonnet habite
au premier étage, trois pièces so
brement meublées. Par des amis,
j’ai su qu’arrivé à Lausanne dans
un dénuement presque absolu, son
logement a été aménagé par des
Suisses qu’il ne connaissait pas mais
qui ont jugé indigne d’un ancien
ambassadeur de France le pauvre
décor qui l’entourait.
Le bureau est petit, entièrement
revêtu de bois sombre. Au centre,
une table couverte de papiers. Sur
un meuble, une pendule d’onyx, au
mur un triptyque et une aquarelle
représentant le Sacré-Cœur. C’est le
seul détail qui rappelle Paris. Dans
la pièce voisine, des photos dédi
cacées du roi George VI, de la reine
Elizabeth, des princesses d’Angle
terre, de Franklin Roosevelt —
to Georges Bonnet from bis friend
— de Briand, de Caillaux et de
Painlevé.
— Ce n’est pas une interview,
n’est-ce pas?
— Ce n’est pas une interview, ai-
je consenti. Je suis simplement ve
nu m’enquérir de la manière dont
vous vivez.
Georges Bonnet a souri. Depuis
1939, il a à peine changé. Les che
veux ont blanchi mais le regard
bleu pervenche n’a rien perdu de
sa limpidité. Il est vêtu de gris.
D’un geste, il enveloppe la pièce :
— Comment je vis ? Voyez. Au
milieu de mes papiers.
« Je viens de publier le premier
livre de mes souvenirs sur les ori
gines de la guerre, < de Washington
au Quai d’Orsay ». J’achève le se
cond qui ira d’octobre 1938 au 15
septembre 1939. Ensuite, je pense
écrire une étude philosophique de
tous ces événements et des consé
quences qu’on peut en dégager
pour l’avenir. Cela m’occupe suf
fisamment pour que je ne songe
pas à rentrer en France avant sept
ou huit ans. Mon fils poursuit ses
études à Lausanne, ma femme se
trouve bien du climat, j’ai ici la
paix et mes documents que j’ai
réussi à sauver et qui sont le ma-
De notre envoyé spécial
André CHASSAIGNON
tériau de mes ouvrages. Je sors peu,
mes moyens ne me le permettent
d’ailleurs pas. On raconte, je crois,
beaucoup d’histoires sur moi. J’en
Georges BONNET.
suis le premier étonné. Vos confrè
res ont encore plus d’imagination
que je ne pensais.
Les secrets d’Etat
sauvés du feu
et de Peau
L’interview — si l’on peut qua
lifier ce bref dialogue d’interview
— s’est terminée là. Si, pendant
une heure et demie l’ancien mi
nistre et moi avons ensuite bavar
dé, ce n’est que de la Suisse, du
Périgord, son pays natal, et de la
magnifique exposition des trésors
vénitiens actuellement exposés à
Lausanne. Ce n’est pas par Georges
Bonnet que j’ai su l’odyssée singu
lière des dépêches diplomatiques
qui lui permettent d'écrire ses li
vres et qui ont, en grande partie,
permis au Quai d'Orsay de recons
tituer ses archives calcinées. L’his-
toire vaut d’être contée.
16 mai 1940. L’affolement règne
au ministère des Affaires étrangè-
res. On jette par les fenêtres les
cartons verts bourrés jusqu’à la
gueule de documents secrets. « Ça
faisait ploc ! racontent les témoins
et l’on eut le plus grand mal à y
mettre le feu ».
. Toute l’histoire de l’époque anté
rieure à la guerre et en particulier
l'histoire des accords de Munich,
de l’invasion de la Tchécoslovaquie
et de la déclaration de guerre,
eût été ainsi anéantie sans les co
pies ministérielles.
Les dépêches diplomatiques sont,
en effet, rédigées en trois exem
plaires, à en-tête rouge pour les
« départs », bleu pour les « arri
vées ». L’un destiné au ministre,
l'autre à l’ambassade intéressée, le
dernier aux archives. Averti par un
coup de téléphone de son chef de
cabinet que les Allemands avaient
percé à Sedan, Georges Bonnet, qui
se trouvait à Périgueux, sauta dans
sa voiture, rejoignit la capitale, y
parvint avant l’autodafé et réussit
à sauver ses dépêches personnelles.
Il fréta une camionnette, bourra sa
propre auto et s’en revint à Péri
gueux. Mais l’avance allemande
s’accélérait. Il fallait protéger la vo
lumineuse masse déjà rescapée de
l’incendie. Les doubles partirent
pour Royan où une partie fut dis
simulée dans une cachette qui avait
jadis permis au pasteur Jarousseau,
« le pasteur du désert » d’échap
per aux dragonnades qui suivirent
la révocation de l’Edit de Nantes
et par un curieux retour des choses,
à protéger le curé du village, tra
qué en 1793 par les Jacobins. Mal
gré plusieurs perquisitions, les Al
lemands ne découvrirent jamais les
précieux papiers qui, par petits pa
quets, gagnèrent la Suisse. L’autre
partie des documents, la plus im
portante, fut confiée au patron
d’une barque de pêche qui les
achemina vers Saint-Sébastien, à
destination du consul général de
France, ami personnel du ministre.
L'opération fut d’autant plus
heureuse que la célèbre « armoire
de fer » qui contient les documents
les plus confidentiels des Affaires
étrangères et qu’on s’était efforcé
de sauver est à jamais .perdue. Des
cellée de son mur le 16 mai 1940,
transportée à Bordeaux, elle fut em
barquée sur un caboteur et coulée
par un sous-marin allemand qui pa
trouillait dans le golfe de Gasco
gne.
Les nazis ne se doutèrent sans
doute jamais que cette torpille les
privait de tous les secrets d'Etat de
la France.
P OUR ne pas compromettre
l’avenir de son fils, Didier
Collet accepta de vivre
avec sa femme vingt années,
ivingt années pendant les-
quelles il eut à supporter d’in
nombrables scènes violentes et
querelles mesquines.
Quand son fils manifeste son
intention de se marier, Didier
décide de quitter son épouse.
H va tenter de vivre tranquil
lement ses années de vieillesse.
Un soir, il avertit son fils
de son intention. Sous le pré
texte d’aller acheter deux ci
gares, il quitte pour toujours le
domicile conjugal.
Mais l’attitude de sa femme
délaissée devra compromettre
sérieusement le mariage et le
bonheur de son fils.
Le père et le fils resteront-
ils « amis comme avant » ?
C’est un drame douloureux
et l’exposé savant d’un éternel
dilemme que nous soumet ici
le grand écrivain Henri Jean-
son.
« Amis comme avant » est
une œuvre poignante qui ne
laissera aucun lecteur insen
sible.
★
C'EST UN LIVRE DE
LA « COLLECTION THALIE »
cinq chevaux essayait en vain de se
frayer un passage à grands coups de
klaxon.
— Tu nous casses les oreilles, dit en
langage démocratique l’un des travail
leurs.
Cependant qu’un autre s’écriait :
— Nous. On est là pour voir le minis
tre dans son bureau.
— Alors si vous ne me laissez pas pas
ser, messieurs, répliqua poliment l’occu
pant de la petite voiture, vous risquez
d attendre longtemps, car c’est moi le
ministre !
Et M. Daniel Mayer eut enfin l’autori
sation de rentrer chez lui !
FRIC-FRAC
A U cours de la grève des fonctionnai-
11 res, M. Fosset, syndic du Conseil
municipal, ne pouvant obtenir les clefs
de son bureau, d’un coup d’épaule enfon
ça la porte.
M. Fosset — benjamin du Conseil mu
nicipal - est un débrouillard et un cos
taud de 27 ans.
— J e leur ferai bien voir, dit-il, que
je suis de la commission de la jeunesse
et des sports.
— Dommage, lui dit alors un de ses
collègues, que tu ne représentes pas le
quartier des Epinettes : on t’appellerait
le costaud I
★
Envoi franco contre 45 francs
à la LIBRAIRIE DE LA RADIO,
101» rue Réaumur, Paris {2 e )
(Chèque» postaux Paris 2026-99).
HISTOIRE DE FOUS
" ES augmentations de salaires dans
les entreprises d’Etat préoccupent
M. Robert Schuman et les membres de la
Commission des Finances.
— Nous faisons un bilan un soir ; le
lendemain, il faut recommencer, les chif
fres changeant chaque jour, se plaignait
M. Baranger. Un vrai travail de Pénélope.
— Pénélope ? dit M. Pleven. Dites plu
tôt Ferdinand Lop, prince des fols.
— Neuf milliards neuf cent
millions de dépenses supplé
mentaires pour la S.N.C.F. !
s’exclame M. Robert Schuman.
Je ne puis tolérer que le bud
get ne soit pas en équilibre. Il faut pren
dre des mesures.
— Que proposez-vous ? dit M. Moch.
— Une augmentation du tarif voya
geurs me semble inévitable.
M. Ramadier intervient :
— Avez-vous songé que nous entrons
dans la période des vacances ?
— Justement, réplique M. Schuman.
Ces trois mois de hautes eaux peuvent
nous aider à combler le déficit.
— D’autant, précise M. Moch, que nos
chemins de fer sont parmi les moins
chers d’Europe. J’ai là des statistiques...
M. Ramadier l’arrête du geste.
— Le public se moque de ce que paie
l’Anglais, le Belge ou l’Italien. Il cons
tate seulement que pour aller de Paris
à Nice il débourse plus de 1.600 francs.
Les congés payés vont partir. Si nous re
levons les tarifs ce sera un tollé général.
— On l’a bien fait, l’an dernier, ob
serve M. Moch.
— ...Et les voyageurs, tranche M. Ra
madier, ont accusé le gouvernement de
les prendre en traître.
— L’arithmétique budgétaire, observe
M. Moch, ne fait pas de sentiment.
— Mais le gouvernement a le droit
de se préoccuper de l’opinion ! profère
M. Ramadier. Il y a assez de méconten
tement comme cela ! Croyez-moi : étu
dions le relèvement des tarifs et atten
dons un peu... En septembre, nous avi
serons...
passé de 25 % celle de 1938 et que, dans
l’ensemble, la production française des
pneus pendant la même période a dépassé
celle de 1938 dans les mêmes proportions.
— Et dire que j’ai fait une demande de
pneus en février 1946 et que je n’ai pas
encore obtenu satisfaction ! Quand on
pense que les pneus coutent à la taxe
3.000 francs et qu’on les paie au marché
noir 18.000, c’est à devenir enragé ! L’au
tre jour, je suis allé à Clermont-Ferrand:
Michelin ne sait plus où mettre les pneus
qu’il fabrique. Ça s’entasse. Ça s’entasse
au soleil et à la pluie ! Que diantre veut-
on faire de tous ces pneus ?
— On les exporte... Ce qui n’empêche pas
les étrangers qui achètent des voitures
françaises de changer les pneus français
contre des pneus américains, parce qu’ils
sont meilleurs.
— C’est inimaginable !
— Et il y a mieux : nous exportons des
pneus et nous achetons au Brésil du
caoutchouc.
— Pour fabriquer des pneus ?
— Bien sûr !
— C’est une histoire de fou ?
— Hélas !
MONTGOMERY
SUR LES TRACES DE MARSHALL
TITRE DE NOBLESSE
A) s Pierre Blanchar est venu
C. -4 voir J.-L. Barrault dans sa lo-
• " 4 ge du théâtre Marigny, qui
V e communique avec celle d’Y-
G2. s vonne Printemps.
un sait que les deux comédiens pas
sent pour être assez communisants.
— Tu as vu ? dit Pierre Blanchar :
Laurence Olivier et Vivian Leigh sont
anoblis par la roi d’Angletrre. Voici donc
un « sir Laurence » et une « lady Vi
vian ».
— Tant mieux pour l’art dramatique,
dit J.-L. Barrault, mais personnellement
cela me laisse indifférent.
Pierre Blanchar semble songeur :
— Il est tout de même amusant de
penser que s’il y avait un roi de France,
tu serais peut-être marquis et moi comte
ou inversement.
Un sourire sur le visage tourmenté de
J.-L. Barrault.
— Pourquoi pas ? J’ai au moins un
point commun avec Laurence Olivier :
tous les deux nous jouons Hamlet. C’est
un titre de noblesse !
Ba Dans le petit bureau très
s ( )a simple de M. Clement Attlee
Con 3à Downing Street, lé maréchal
.//I Montgomery réfléchit. Ses re-
9 égards se promènent distraite
ment sur un planisphère que le Premier
a étendu par terre tout à l’heure et
maintenu avec de superbes bibelots de
l'époque élisabethaine.
— Sir Bernard, dit le chef du gou
vernement de Sa Majesté, je me permets
d’insister. Votre voyage dans le Moyen-
Orient en tant que chef de l’état-major
impérial revêtira déjà une importance
considérable. La Palestine s’apaisera
peut-être, l’Egypte aussi. L’Irak et l’Iran
détourneront les yeux de Washington pour
penser de nouveau que la Grande-Breta
gne les comprend mieux.
— Monsieur le Premier, interrompt sir
Bernard Montgomery, je suis d’accord
avec vous, mais ce voyage en Chine ?...
— J’aimerais que vous y fassiez une
enquête assez complète sur la situation
entre nationalistes et communistes. Et
surtout savoir quelles sont les intentions
des Soviets... Vous n’ignorez pas que la
cavalerie de leur protectorat de la Mon
golie extérieure faits des raids fréquents
dans la province du Siu-Kiang. Que pré
parent les Russes ?
Montgomery songe. Un long voyage en
perspective ; une belle mission : percer à
jour l’imbroglio asiatique. Georges Mars
hall la tenta pour les Etats-Unis, mais
en vain. Après tout, pourquoi lui, ne réus
sirait-il pas ?
et « œil » des Soviets au parlement au
trichien.
— Au nom des principes démocratiques...
Figl interrompt Fischer de la main :
— Laissez donc la démocratie tranquil
le ! Parlez franchement.
— Je dis qu'au nom de la démocratie
et des intérêts du pays, s’obstine l’ancien
élève du Komintern, il faut que vous
quittiez le pouvoir. De nouvelles élections
seront alors organisées.
Le chancelier ironise et demande au
chef communiste s’il fait un rêve.
— Mais enfin, hurle celui-ci, puisque
je vous répète que l’U.R.S.S., la première
puissance du monde, ne veut pas signer
à vos côtés le traité de paix avec l’Au
triche. Alors, partez, démissionnez. Et,
nerveusement, il fait de petits gestes de
la main : « Weg ! Weg !... »
Figl a souri, puis redevenu grave, il dit
avec fermeté :
— Je ne veux que la prospérité et le
bonheur de l’Autriche. Mais les Soviets
ne feront pas à Vienne ce qu’ils ont fait
en Hongrie. Ici, pas de coup de force
possible. Américains, Anglais et Français
sont là également et le « système » du
complot terroriste n’est pas utilisable ici.
Et, fort de ma majorité dans le pays, je
reste à mon poste.
Et M. Figl a frappé sèchement sur le
timbre pour faire reconduire son visiteur
par l’huissier.
LE « TOUR » EST ASSURE
ET LA GUYANE ?
A U cours de la dernière conférence
- des présidents, à l'Assemblée, le
président Herriot s'inquiéta de l'ajourne
ment indéfini de l'examen des opérations
électorales à la Guyane.
— Sept mois après le scrutin, c'est
bien long ! dit-il, et si des désordres écla
taient là-bas ?...
— Soyez tranquille, intervint M. Du-
clos, ce n'est pas nous qui susciterons des
incidents dans un pays si proche des
Etats-Unis !
POLITESSES
7 ANTIER est président du groupe
paysan, à l'Assemblée nationale.
Bien qu'il soit de caractère assez... « en
tier », ce parlementaire est des plus cour
tois.
Pour un détail de procédure, il n'était
pas d’accord avec M. Herriot, lors d'une
récente séance. Mais, s'inclinant devant le
président, il finit par lui dire t « Je m’en
rapporte à votre sagesse. »
— A mon expérience, tout au plus !
corrigea en souriant le président accadé-
micien.
LA COURSE AU POTEAU
LES MYSTERES DE BIBENDUM
FIGL ET FISCHER
— soumis vendredi aux actionnai-
2 PT res des usines Goodrich. Très
7 t J intéressant !
" — Que dit-il ?
— Il indique que, au cours de l’exer-
cice 1946, la fabrication des pneus a dé-
de 6 H Les deux hommes sont face
6 Bà face : Figl, le chancelier dé-
■mocrate-chrétien, continuateur
S ® Bde la tradition de Dollfuss et
69 =de Schuschnigg, et Fischer l’a
gitateur communiste, ambassadeur officieux
De son bureau du 13, fau
bourg Montmartre, Jacques
Goddet, directeur de l'Equipe,
appelle au téléphone Claude
Bellanger, directeur du Pari
sien libéré, co-organisateur du Tour de
France.
M. Jacques Goddet est soucieux. Ner
veusement, il caresse sa moustache court
taillée.
— Allo, Bellanger... Dites-moi, cher
ami, je suis extrêmement inquiet. « No
tre » Tour de France part le 25 et avec
toutes ces grèves...
— Mais non, répond au bout du fil,
Claude Bellanger qui ne s’inquiète pas
facilement. Tout s’arrange. La grève des
cheminots est terminée.
— Ne croyez-vous pas qu’une recru
descence de l’agitation sociale puisse
compromettre l’épreuve ? Imaginez que
des mouvements politiques nous obligent
à interrompre la course. En ces temps
troublés, il faut tout prévoir !
Claude Bellanger réfléchit. Le matin
même, il vient de déposer à la Fédération
de cyclisme, en son nom et en celui de
Jacques Goddet, 5.400.000 francs, repré
sentant la garantie des prix offerts aux
coureurs par ces deux journaux. Au fond,
le directeur de l’Equipe a raison. On ne
sait jamais.
— Eh bien ! propose-t-il, assurons-
nous. Après tout, on assure bien les
réunions de vélodrome contre la pluie.
Coup de téléphone aux assurances. Il
n’en coûtera que 500.000 francs de pri
me pour garantir le Tour de France
contre une fâcheuse interruption.
(g‘ U brûleras ce que tu as adoré », dit
— l'Ecriture.
Le M. R. P. jadis friand de nationali
sations, les vilipende par la voix de M.
Lespès. Aujourd’hui, que leur faillite est
effective. M. Rousseau, leur a lançé :
— Vous avez voulu courir plus vite que
la gauche vers les nationalisations et vous
vous êtes cassé le nez sur le poteau.
— Et ce poteau servira peut-être a autre
chose encore renchérit M. Petit ; surtout
si vous y arrivez en compagnie de M.
Marty !
L'AUTO DE STALINE
7V BIDAULT racontait que le fils de
-• M. Nagy, le président du Con
seil de Hongrie « démissionné » dan s les
circonstances que Ton sait, est arrivé en
Suisse dans Tauto offerte à son père par
Staline — au moment où M. Nagy n'était
pas encore « une vipère lubrique ».
— Le père, dit M. Coste-Floret a été
roulé par les Russes, mais le fils a roulé
à leurs dépens.
OTHELLO MOSCOVITE
TT N théâtre de Moscou présente actuel-
- lement a son public un « Othello »
de Shakespeare dans lequel le personna
ge d’Othello est interprété par un nègre
authentique.
Ce noir fut jadis citoyen américain et
se fit naturaliser soviétique. Il est devenu
le spécialiste des rôles de nègres qui se
soulèvent contre l'esclavage yankee, dans
les pièces russes.
... Un noir qui a viré au rouge.
LaNOUVELLE
GUILLOTINE
(/Suite de notre première page)
— Soyez calme, disait Deibler
à Landru, vous éviterez la souf
france.
— Eh ! fit l’homme à la cuisi
nière, venez donc à ma place !
Manequehen, à Rouen, alors
qu’on lui offrait une cigarette ré
pondit :
— Je ne fume que le Nil !
Un nommé Passevache, à
Reims, écarta le prêtre :
— Laissez-moi voir l’outil. J’ai
payé pour ça !
Le parricide Valence, à Epinal,
comme on lui tendait le verre de
rhum traditionnel, répondit :
— Non, merci... Je ne bois ja
mais. Quand je suis ivre, je ne
sais pas ce que je fais.
Depuis 1909, la guillotine avait
quitté la place de la Roquette
pour le boulevard Arago, à mi-
longueur du trottoir qui longe le
mur de la Santé. La disposition
des lieux permettait un service
d’ordre strict. En dehors des por-
teurs de cartes spéciales, barrées
de violet, nul curieux ne pouvait
approcher assez pour voir autre
chose que le fourgon attelé du
vieux cheval Fend l’Air amenant
le condamné. Il n’en était pas de
même en province, à Versailles
notamment, où la prison Saint-
Piere est située en pleine ville,
surplombée de hauts immeubles
à douzaines de fenêtres. Aux exé
cutions de vedettes, ces fenêtres
étaient louées à prix d’or et bon
dées de curieux dont l’attitude,
après une nuit blanche trop dé
saltérée, se manifestait souvent
scandaleuse.
L’exécution de Weidmann —
la première d’Henri Desfournaux
en qualité d’exécuteur en chef —
donna l’occasion d’un spectacle si
révoltant dans le genre qu’E-
douard Daladier, alors président
du Conseil, prit un décret stipu
lant que les exécutions auraient
lieu désormais dans l’enceinte des
prisons et en présence des seuls
magistrats.
Le précédent de Sanson
C’est donc la petite cour d’en
trée de la Santé qui a fait
le décor des dix-huit exécutions
opérées par Desfournaux à Paris,
durant la guerre. Ces exécu
tions, dont des « terroristes »
communistes furent victimes, ont
failli, après la libération, coûter
sa place à Henri Desfournaux.
— Je n’étais qu’un instrument,
s’est-il défendu. Ce n’est pas moi
qui condamnais.
Et il a objecté l’article 327 du
Code pénal qui assure l’impunité
aux homicides, coups et blessures
ordonnés par la Justice, rappelé
le précédent de Sanson, qui ne
fut point inquiété après la Ter
reur. Sa thèse l’a emporté. H s’est
vu confirmer son traitement de
96.000 francs, plus 15.000 francs
pour l’entretien des bois de jus
tice. En effet, malgré qu’on le
croie communément, le bourreau
n’est pas payé à la tête.
Mme Desfournaux
Henri Desfournaux est un haut
gaillard solidement charpenté, aux
cheveux tout blancs, mais drus,
moustachu, aux gestes lents et
d’un grand flegme qu’on ne lui
voit perdre qu’au billard dont il
a la passion, quand un maladroit
le heurte et lui fait perdre une
série.
On affirme qu’il laisse tenir les
rênes du ménage par son épouse,
une maîtresse femme employée
comme infirmière-chef dans un
hôpital. On ajoute que si, pen
dant la guerre, il a persisté à son
poste malgré la défection unanime
de ses aides, c’est que Mme Des
fournaux explosa :
— Tu ne vas pas abandonne?
ton traitement pour si peu !
Gérant de l’immeuble qu’il ha
bite 54, rue de la Convention et
qui appartient à la famille Dei
bler, ses locataires n’ont d’ailleurs
qu’une voix pour le dire infini-
ment plus coulant que feu Ana
tole, lequel avait la manie des
procès.
H ne boit de vin ni ne fume
chez lui, Mme Desfournaux étant
une antialcoolique militante et
professant qu’un fumeur dans un
appartement constitue un fléau
pour les tapis. Toutefois, il fait
garder une pipe bien culottée en
consigne par trois bistrots du coin
renommés pour leurs petits vins
de la Loire.
L’avenir est à la vitesse
Faute d’héritier direct Henri
Desfournaux a reporté son af
fection sur son neveu et pre
mier adjoint André Obrecht. Ac
tuellement fabricant de bonbons,
caramels et chocolats glacés dans
le civil, André Obrecht fabriquait
avant la guerre des jouets chez
Citroën.
Il a acquis des connaissances
mécaniques qui ont été précieuses
à Desfournaux pour les deux der
niers perfectionnements qu’il a
apportés à la guillotine et que
Bernardi de Sigoyer et Albert
Brunet viennent d’inaugurer.
La première — une modification
du système de glissière — assure
une mise en place en quelque
sorte automatique du cou du pa
tient dans la lunette, quels que
soient ses sursauts. La deuxième
permet de remonter le « glaive »
aussi vite qu’on le désire sans
risquer que la corde déraille de la
poulie. Il s’ensuit premièrement
un gain de temps qui réduit pres
que de moitié la durée de l’exécu
tion elle-même et deuxièmement
une remise en état de marche
quasi instantanée de la machine.
Suivant le mot d’André Obrecht
l’autre matin aux magistrats qui
s’étonnaient de la rapidité sans
précédent de la double exécution
« pourvu que les hommes soient
tenus prêts, la machine peut
fonctionner de deux minutes en
deux minutes, sans arrêt, avec
une régularité de piston ».
Bon cœur quand même
Mot effrayant. La vérité oblige
pourtant à dire que de l’avis des
spécialistes des exécutions capi
tales, André Obrecht fera, le jour
venu, un bourreau plus « sensi
ble » que ses prédécesseurs. Pen
dant la guerre, comme la cantine
de la Santé manquait de rhum,
il en apportait lui-même, qu’il
payait de sa bourse, bien que l’ex
périence des bourreaux leur fasse
redouter les hommes dopés, plus
difficiles à manier. En chaque oc
casion où l’emploi de la force de
vient nécessaire, il laisse à un
collègue le soin d’intervenir et on
l’a même vu quitter la pièce.
Pourtant, c’est un costaud. Les
agents conscrits en ont chaque
fois une occasion de le vérifier
qui, envoyés par des anciens
joyeux drilles, viennent sonner
à sa porte, avenue de Versailles,
pour réclamer le «spécialiste des
maux de tête ». Il est vrai qu’ils
redescendent encore plus vite
l’escalier quand on les a dirigés
sur la rue de la Convention et
que c’est Mme Desfournaux qui
leur ouvre. j
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