Titre : L'Ordre
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1948-05-02
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32829724j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 02 mai 1948 02 mai 1948
Description : 1948/05/02 (A2,N210)-1948/05/03. 1948/05/02 (A2,N210)-1948/05/03.
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t5117339q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-1857
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/11/2021
La “ sœur latine " ?
Ce doit être le féminin
de "faux-frère”.,.
2 e année. — N° 210.
PRIX : 5 FRANCS
Directeur politique : Émile BURÉ
DIMANCHE - LUNDI
2 et 3 mai 1948.
DISCORDES
da ns la C. G . A.
DEPUIS LA LIBÉRATION
EN INDOCHINE
Une erreur
Muguet, catnpetvtx»
défitéô
à éviter
AN
PARIS A FETE
par René SAIVE
II nous est arrivé d’exprimer des doutes sur la cohérence
de notre politique impériale. Jusqu’à présent, semble-t-il, les
détenteurs du pouvoir n’ont eu d’autre ambition que de se
répartir au mieulx de leurs intérêts électoraux les territoires
de l’Union française : rien n’est à cet égard plus significatif
que la substitution progressive des parlementaires aux ancien.,
fonctionnaires de l’administration coloniale. Les personnalités
ainsi choisies sont généralement l’objet des critiques les plus
vives, même dans le cas où — nous songeons à M. Naegelen —
leur action a eu pour premier résultat de rétablir des situa
tions délicates. De sorte que chaque parcelle de l’empire es.
finalement l’enjeu de querelles obscures dont les protagoniste:
parisiens espèrent tirer avantage pour leur parti, sinon pou:
leur propre personne.
Le gouvernement va-t-il tolérer que se développent, à pro
pos des affaires d’Extrême-Orient, les sournoises luttes d’in
fluence qui en ont retardé la solution ? Va-t-il céder aux 4 con
seils » plus ou moins pressants qui l’incitent à abréger la mis
sion de M. Bollaert et à remplacer ce dernier soit par M. Juglas
candidat du M.R.P.. soit par le général Mast, poulain du Qua
d’Orsay ? Il n'y aurait évidemment pas de meilleur moyei
d’aggraver le trouble indochinois, d’amenuiser le prestige d(
la métropole et, partant, de compromettre la conclusion d’ui
accord.
Que reproche-t-on à M. Bollaert ? Avant tout de n’avoi:
pas encore rétabli la paix en Indochine. Il ne paraît pas, ce
pendant, que ses détracteurs fassent preuve, en la circonstgna
d’une entière bonne foi. M. Bollaert avait été envoyé à Saïgoi
avec des pouvoirs extrêmement étendus qui l’autorisaient, ei
particulier, à préparer un règlement du conflit par voie d
négociations. Il se convainquit d’ailleurs qu’une pacification pu
les armes exigeait le déploiement de forces militaires au moin:
trois fois supérieures à celles dont il disposait et que la seuh
issue possible était diplomatique. L’éventualité de conversa
lions avec Ho Chi Minh ayant été écartée pour la raison suffi
santé que le dit Ho Chi Minh vise d’abord à notre évictioi
totale, des ouvertures furent faites à l’ex-empereur Bao Da
Les tractations entamées avec l’ancien souverain prirent rapi
dement un tour favorable. Répondant aux désirs d’une grandt
partie du Viêt-Nam, dont les populations paysannes étaient rui
nées par la politique de la « terre brûlée », elles aboutirent à
la fameuse entrevue de la baie d’Along. Au cours de cette en
trevue, S. M. Bao Daï et M. Bollaert établirent un protocole
qui fixait les concessions de chacune des deux parties et per
mettait d’entrevoir la fin de nos difficultés. Ce sont donc des
propositions concrètes que M. Bollaert présentait en décembre
au gouvernement et il est probable, que leurs termes en eussent
été définitivement ratifiés le 13 février — à. l’occasion d’une
seconde rencontre Bollaerl-Bao Daï — si un événement assez
curieux n’était survenu dans l’intervalle.
Tandis que M. Bollaert se trouvait en France, on apprenait
en effet que S. M. Bao Daï se rendait d’urgence à Londres
sous le fallacieux prétexte de consulter un oculiste. De Londres
il gagnait Genève, puis Paris. Il séjournait dans la capitale du
à au 10 février, apparemment peu soucieux d’honorer le ren
dez-vous du 13 février en prévision duquel M. Bollaert s’était
hàté de rejoindre l’Indochine. Effectivement le rendez-vous dût
être décommandé. Et M. Bollaert attend toujours sous l’orme.
— Qui a prié^.l’ex-empereur de venir à Londres? Qui lui a
suggéré de venir ensuite à Paris ? Quel personnage assez haut
placé a cru pouvoir superposer son autorité à celle du négo
ciateur qualifié, au prix — cela va sans dire — de concessions
supplémentaires ? Ces questions auront sans doute un jour leur
réponse. Pour l’instant, nous nous bornerons à regretter l’in
croyable légèreté de nos Machiavels. Leurs manœuvres ont
abouti à un résultat certain : la guerre continue. Certes, rien
n’est perdu. La sécurité est assurée dans le Laos, le Cambodge
et le pays Moi. Nos forces contrôlent étroitement la frontière
chinoise et les côtes, paralysant la contrebande des armes.
D’autre part, une vigoureuse reprise économique s’affirme, d
telle enseigne que l’Indochine a pu, pendant le premier tri
mestre de 1948, exporter 140.000 tonnes de riz. Ces éléments
de détente jouent en faveur de M. Bollaert qui, patiemment.
renoue les fils rompus depuis deux mois, avec la volonté de
restaurer la paix avant le mois de septembre. Briser son effort
ne serait pas qu’une injustice. Ce serait une erreur.
LE TRAVAIL
Toutes fenêtres ouvertes au so
leil qui présidait au premier jour
de mai, postes de radio hurlant
les refrains d’un unique emetteur,
la majorité des Pari siens fit gras-
se matinée, hier, afin de sacri-
fier au démocratique usage
consiste à ne rien faire pour
lébrer le travail.
Pas de courrier, un service
qui
cé ¬
des
téléphones un tantinet fantaisiste,
des rames de métro à longs in
tervalles, autobus bondés, taxis
volatilisés, le travailleur-moyen-
an-repos perdit rapidement quel
que peu de sa belle humeur. Des
milliers de marchands de muguet
vendaient quatre brins de peti-
tes clochettes à des prix variant
de 10 à 50 francs, selon l’heure,
le quartier et la tête du client.
Toute la matinée voitures, cars,
cyclistes et campeurs pliant sous
les sacs tyroliens s’enfuirent vers
les portes de Paris avant que, à
l’heure du repas, chacun rentrât
chez soi un petit bouquet à la
main.
L’après-midi, sous la pluie, s’é ¬
branlèrent les cortèges populaires
de la Nation à la Bastille. La gare
Saint-Lazare voyait ses quais en
vahis par les candidats à la fête
R. P. F. de Saint-Cloud, qui pro
mettait le plus grand ‘bal de
France, mené par le grand général
de Gaulle avec la grande chan
teuse Edith Piaf (Marcel Cerdan
serait-il là ?) Suzy Delair et tout
le « tra la la ». D’autres fêtes
se déroulèrent au stade de Vin-
cennes et dans toutes les mairies
sans oublier la réception offerte
par M. Vincent Auriol aux forts
des Halles et à leur reine.
Les cinémas ouvrirent leurs por
tes. on s’y engouffra, beaucoup
de couples de travailleurs-au-re-
pos dansèrent fort tard puisque
c’e-t encore dimanche aujourd’hui.
Et jeudi, on fête l’Ascension !
Quel dommage que le 3 e anniver
saire de la capitulation allemande,
le 8 mai, ne soit pas jour férié !
On aurait pourtant eu là quel
ques motifs de le fêter... en atten
dant la Pentecôte.
FRANCK-DOMINIQUE.
Les troupes britanniques
attaquent l’Irgoun
9.000 ARABES PENETRENT EN PALESTINE
La trêve conclue à Jaffa à la
suite de l’ultimatum britannique
et dont la convention a été taci
tement reconduite depuis ne sem
ble de devoir être prolongée bien
longtemps.
En effet, les Anglais affirmant
que l’Irgoun l’a rompue en atta
quant la nuit dernière la ville
arabe ont pris l’offensive, hier,
contre l’organisation terroriste
juive dont ils ont violemment re
poussé les combattants. Soixante-
dix juifs ont été tués ainsi qu’un
sous-officier anglais.
Les juifs, disposant de mortiers,
avaient pris une maison à 40 mè
tres du flanc des Britanniques ;
quelques-uns de leurs obus tom
bèrent dans le secteur britanni
que. Les hommes de lIrgoun ont
attaqué aussi le palais de justice
de Jaffa.
Les troupes britanniques ont
occupé, hier, le quartier Manshieh
de Jaffa où les juifs s’étaient ins
tallés. L’Irgoun avait, aupara
vant, cédé la place à la Haganah, à
la suite d’un accord à trois vi
sant à maintenir le statu quo
dans cette partie du pays.
L’Irgoun avait déclaré aupara
vant avoir rejeté une demande
anglaise d’abandonner ses po
sitions et avoir fait sauter le pos-
Littérature du 1 er mai
par ALEXANDRE ZÉVAÈS
Les premiers « Premier Mai »
• dont j’évoquais vendredi les
origines
non seulement ont
donné lieu à de multiples mani
festes, proclamations, appels, éma
nant des diverses organisations
socialistes et syndicales, mais en
core ont déterminé une véritable
éclosion littéraire.
Les guesdistes, notamment, qui
ont été les initiateurs de la ma
nifestation, publièrent, dans leur
organe, le Socialiste, plusieurs
hymnes et chants exaltant le
1er mai. L’un, le Premier Mai
1890, commence ainsi :
Rien encore n’a luit.
L’ombre aujourd’hui
Couvre la terre,
Et ton éternel
Sanglot d’appel,
O prolétaire •
Se perd au ciel.
Mai
Un autre Chant du Premier
Mai, paru en 1892, dû à un pro
fesseur de l’enseignement secon
daire, Gros — chant qui, doublé
d’une musique entraînante, con
nut au cours des manifestations
un assez vif succès — débute par
ce Couplet :
Premier Mai ! C’est le renouveau;
Comme aux arbres monte la sève,
L’idée aussi monte au cerveau
Et la Sociale se lève.
Plus haut que nos petits bour-
[geols,
O Premier Mai, passant les ondes,
Par-dessus frontières et bois.
brige, sur l’éthique de Barrés, sur
les chansons d’Aristide Bruand,
etc.), consacra un numéro à la
littérature socialiste. Pour la cir
constance elle troqua sa couver
ture jaune clair pour une couver
ture rouge vif.
C'étaient Ernest Museux, André
Neidaux et moi, à qui Léon Des
champs, directeur de la Plume,
avait confié la mission d’élaborer
le numéro et j’avais été chargé
te de police anglais. La partie
méridionale de Manshieh « est
transformée dans un amas de dé
combres » affirme l’Irgoun.
D’autre part, les Anglais se sont
renforcés. Deux croiseurs ont
mouillé en rade de Jaffa et deux
escadéilles d’Hawker Typhoons
armés de fusées, sont arrivées de
vant Chypre.
Des Arabes pénètrent
en Palestine
Le Q. G. arabe de Damas an
nonce que 9.000 hommes, apparte-
nant à des format-ions libanaises
et syriennes ont franchi la fron
tière palestinienne et attaqué des
colonnes juives, celles de Hara-
cole et de Huba, en particulier,
situés en Galilée du Nord.
Le partage
seule solution
Devant la commission politique
de l’O. N. U., un porte-parole de
l’Agence juive a déclaré qu’on
pourrait éviter bien des souffran
ces en Palestine en revenant à la
solution du partage. Le partage
est un fait sur lequel il est impos
sible de revenir, a-t-il dit, tandis
que la tutelle est une solution
pleine de hasards.
Selon le représentant de l’Agence
juive, le projet américain de tu-
tuelle « contient toutes les condi
tions qui ont amené les précéden
tes difficultés insurmontables sur-
gles à propos du mandat. »
« Vouloir contraindre ce pays à
entrer dans un cadre aussi éloi
gné de sa situation ethnique et
politique, c’est amener inévitable
ment une recrudescence de trou
bles. »
Un accord commercial
franco-espagnol
est conclu
Madrid.
L’accord commer-
Ton soleil luit
A l’occasion
la Plume, qui,
publiait des
sur les deux mon-
[des.
du 1er mai 1891,
de temps à autre,
numéros spéciaux
par mes
marches
de Jules
chepin.
J’allai
deux complices des dé-
auprès de Léon Cladel,
Guesde et de Jean Ri-
voir Cladel. Il habitait
(sur le symbolisme, sur le féli-
A non lecteurs
SOUSCRIVEZ! SOUSCRIVEZ TOUS!
Nous nous excusons vivement
d’être obligés de parler encore de
notre souscription ; mais il est in
dispensable que nos lecteurs sa
chent les difficultés qui sont sus
citées à un journal indépendant
comme le nôtre. Il importe aussi
que nos lecteurs se rendent bien
compte que du succès de notre
augmentation de capital dépend la
vie de l’Ordre de Paris et que si
contre toute attente notre sous-
cription n’était pas intégralement
couverte notre journal devrait re
noncer à mener à bien sa tâche
quotidienne.
C’est d’ailleurs ce que recher
chent nos ennemis, ceux qui re
doutent notre objectivité, ceux qui
n’admettent pas que depuis et
même avant Munich l’Ordre et
l’Ordre de Paris aient toujours
soutenu la véritable politique
française.
Sans défaillance il fut contre
Franco, contre Hitler, contre Mu
nich. pour le retour à la Consti
tution de 1875, pour une épura
tion jacobine, pour une politique
extérieure qui réserve nos allian
ces traditionnelles et nous protège
d’un retour offensif de l’Alle-
magne.
C’est pour cela que l’Ordre de
Paris doit vivre.
C’est, pour cela que tous nos
lecteurs doivent souscrire et sous
criront nous en sommes per
suadés.
BULLETIN DE SOUSCRIPTION
Nom et prénoms
Adresse
déclare
Société
souscrire
actions à l’augmentation de capital de la
1' « ORDRE DE PARIS », et vous prie de trouver Indus
chèque
de
montant de ma souscription.
Fignsture :
à Sèvres, rue Brongniart, un er
mitage, où il œuvrait au milieu
des enfants, des fleurs et de sa
« kyrielle de chiens ». Avec la
plus grande affabilité l’auteur du
Bouscassié me promit — et dès le
lendemain me fit parvenir — une
nouvelle : 200 %.
Jean Richepin qui, depuis la
Chanson des Gueux et pour quel
que temps encore faisait mine de
révolutionnaire, ne fut pas moins
accueillant. Il tira de son tiroir
et me remit immédiatement une
Ballade du Droit qui, par la sui
te. a fait partie de son recueil,
Mes Paradis, et dont on se rap
pelle l’envol :
Prince, ma peau de réfractaire,
Fais-en, dans un rouge lambeau,
Le tambour des droits sur la
[terre :
J’ai le cœur des gueux pour tom-
[beau...
De Jules Guesde j’attendais
quelqlue page nerveuse de doc
trine, quelque aperçu sur le col-
. lectivisme. A ma grande surprise
— lui qui faisait des vers à ses
heures perdues, mais les dissi
mulait avec soin il me revint
une douzaine de quatrains qu’il
avait rimés sur un exemplaire du
roman de Joséphine Péladan, Cu
rieuse.
Outre ce- trois morceaux et une
longue étude documentaire d’An
dré Neidaux sur l’Evolution de
la philosophie et des lettres sur
le socialisme, le numéro conte
nait un fragment d’interview
d’Octave Mirbeau ; un poème
d’Olivier Sonêtre ; une chanson
inédite d’Eugène Pottier, l’auteur
de l ’ Internationale, le Pres
soir; des vers de Louise Mi
chel, datés « 1871, prison de Ver
sailles » et de Jean Allemane, da
tés « Ile de Nou, Nouvelle-Calé
donie » ; une chanson de Camil
le Soubise.
Auteur de la populaire roman
ce la « Chanson des blés d’or »,
(LAre la suite en troisième page.)
dai franco-espagnol paraphé hier
est conclu pour la durée d’un an.
Il entrera en vigueur le 15 mai.
Le volume des produits échan
gés est de 25 milliards de francs.
Le taux de change est de 19,63
francs pour une peseta.
L’Espagne va exporter en
France des pyrites, des minerais,
du mercure, du plomb, de l’anti
moine et du ravitaillement. no
tamment de l’huile d’olives, des
oranges, des fruits secs et du
vin.
Elle va importer de France des
phosphates, des produits chimi
ques et coloniaux, des produits
mécaniques, dont des camions et
quelques automobiles, ainsi que de
l’équipement électrique et d’au-
très articles d’exportation tradi
tionnels.
La tendance à la baisse
des prix mondiaux
semble malheureusement enrayée
L’INCIDENCE DE LA RECENTE
N’EN SERA QUE PLUS SÉVÈRE
DÉVALUATION
POUR NOUS
M
par
ZERBINI
entendu
le 14 mai
la Commission
d’enquête sur le vin
A la suite de la publication de
la lettre de M. Zerbini, ancien di
recteur du cabinet de M. Gouin
à M. Guy Mollet, secrétaire géné
ral du parti S. F. I. O., la com
mission d'enquête sur l’affaire du
vin a décidé d’entendre M. Zer-
bini dans sa séance du 14 mai.
Comme nous le pensions la
lettre de M. Zerbini soulève de
nombreuses questions dont les
réponses ne manqueront pas de
faire rebondir cette affaire qu’on
semblait vouloir, comme d’habi-
tude, cantonner aux lampistes.
L’audition de M. Zerbini le
14 mai sera donc des plus impor
tantes, et nous voulons espérer
que toutes les questions y se
ront posées et que les confronta
tions indispensables auront lieu
de manière à ne pas permettre
la mise sur pied de nouveaux ali
bis. Les vrais coupables et les
vrais profiteurs doivent seuls être
punis.
Jacques DAVOS.
Loi martiale en Grèce
après un attentat contre
le ministre de la Justice
Athènes. — La loi martiale a
été proclamée hier dans la région
d’Athènes, le Péloponèse, la Crète
et plusieurs autres îles, peu après
un attentat à la grenade com
mis contre le ministre de la Jus
tice, Christos Ladas, qui a été
gravement blessé à la tête et au
ventre
par H. BUFFANDEAU
i! n’y avait pas eu
de véritable lutte
SLR LE TERRAIN
AGRICOLE
par R. MONTFORT
L’échance du 30 avril est
dépassée. L’indice des prix de
détail n’a pour ainsi dire pas
varié et indique une stabilisation
actuelle du coût de la vie aux
alentours du coefficient 15 par
rapport à l’avant-guerre.
Nul ne contestera que la
substitution de ce pallier à
l’ascension à peu près continue
marque un progrès incontestable.
Nous en avons déjà étudié les
causes, de même que nous avons
examiné les différentes hypo
thèses qu’offre la conjoncture.
Nous n’y reviendrons pas.
Un point cependant mérite des
réflexions nouvelles. Toute notre
stratégie et notre tactique éco
nomiques et financières, conçues
fin janvier - début février, au
moment de la dépression pro
fonde des marchés américains de
cérérales a sous-entendu que les
prix internationaux avaient at
teint leur maximum, spécialement
en matières alimentaires.
De fait, les récoltes de l’hémi
sphère sud et les perspectives de
l’hémisphère nord permettaient
d’étayer raisonnablement cet
espoir. En Europe, le relèvement
agricole se doublait de celui de
l’industrie. Au cours du dernier
trimestre 1947, à part les trois
zones occidentales pour lesquelles
l’activité industrielle ne s’élève
qu’au tiers d’avant guerre, tous
les pays ont atteint ou dépassé
le niveau de 1938. Observons tou
tefois que cette constatation est
le résultat d’une moyenne et que
les industries lourdes se sont
plus important de cette reprise
paraît être la rapidité du vote
de l’aide Marshall qui éloigne les
perspectives d’un ralentissement
des achats européens.
A cet élément, est venu s’ad
joindre la politique de réarme
ment américain rendue nécessaire
par la tension avec la Russie. Le
service obligatoire et les crédits
supplémentaires prévus pour les
forces armées exercent fatale
ment une pression sur une écono
mie dont l'expansion, pour être
ralentie, n’était pas terminée. La
crise, si vraiment elle menaçait,
ce dont nous doutons, s’éloigne.
Dans le même temps, les As
semblées américaines ont réduit
de près de cinq milliards de
dollars les impôts, geste qui ne
surprend aucun démocrate en
{Lire la suite en troisième page.)
Les différents partis politiques
possèdent tous un programme
agricole.
Ces programmes à quelques dê-
tails près se ressemblent tous.
C’est ainsi que tous affirment
bien entendu la nécessité de dé®
fendre l’agriculture. Tous veulent
soutenir la petit® et moyenne ex
ploitation. Tous sont d’accord
pour maintenir la régime de la
propriété et même satisfaire les
revendications des travailleurs
salariés de l’agriculture.
On les retrouve encore tous
d’accord pour que les produit®
agricoles soient vendus à des
prix « rémunérateurs », et pour
que l’Etat subventionne en priori'’
té tous les travaux d'équipement
rural et « d'urbanisation 3
cités paysannes.
On note toutefois quelques
cordances entre ces divers
grammes car les uns et les
des
pro“
très cèdent différemment à la
tentation facile qui consiste a
« corser » certaines propositions,
le degré de surenchères de ces
dernières étant variable selon
l’intérêt de leur clientèle électo-
raie respective.
Depuis la libération, il n’y a
pas eu de véritable lutte sur* le
terrain agricole. Peut être doit on
{Lire la suite en quatrième paye.)
A l’Assemblée nationale
LA TAXE DE 4° SUR LA VIANDE FRAICHE
SUSPENDUE DANS CERTAINES LOCALITÉS
M. Maurice Guérin est élu
premier vice-président de la Haute Cour de Justice
relevées plus
que celles
de consommation, tandis qu’au
contraire l’inflation accroissait
considérablement les revenus
nominaux.
A l’heure actuelle, la situation
s’est sensiblement modifiée, en
grande partie en raison de l’évo-
lution internationale.
Sur les marchés américains des
matières premières, l’indice
Moody’s qui plafonnait aux envi
rons de 245 avant la baisse, s’est
relevé à 216 après être descendu
au-dessous de 200. Le facteur le
L’ancienne législation fixant le prix
des baux à ferme est prorogée
LA FOIRE DE PARIS
eôt aunwtte depuiô Aie^
La Foire de Paris a été inaugu
rée hier matin par M. Lacoste,
ministre de l’Industrie et dit Com
merce, en présence de MM. Pierre
de Gaulle, président du Conseil
municipal, Alessandri, président
du Conseil général, et Verlomme,
préfet de la Seine.
Cette 37* Foire s’annonce com
me un succès sans précédent. 9.200
exposants y participent en effet.
23 nations étrangères, du Benelux
à l’Uruguay, sont représentées.
Comme l’an dernier, d’ailleurs, la
Foire de Paris déborde le cadre
du Parc des Expositions de la.
porte de Versailles : les sections
de la mode, de l’électricité et de la
télévision ont dû, faute de place,
chercher refuge au Grand-Palais.
Le stand de la télévision est, du
reste, un des grands succès de
cette année : vingt-trois fabri
cants français y présentent des
postes récepteurs et le public est
admis chaque jour aux séances.
Mais, de toutes les sections, c’est
certainement celle des vins qui
recevra le plus de visiteurs, car
pour la première fois depuis la
guerre ils pourront y déguster
gratuitement nos meilleurs crus.
La Foire de Paris a toujours été
le baromètre de l’économie fran
çaise. A voir l’importance prise,
cette année, par les stands de l’ali
mentation, chacun peut se rendre
compte que la situation s’est amé
liorée depuis douze mots.
Les organisateurs espèrent d’ail
leurs que trois millions de visi-
teürs se rendront cette quinzaine
au Parc des Expositions.
Ce tour d’horizon ne serait pas
complet si nous ne parlions pas
du concours des inventeurs : le
cyclocar démontable, la boîte à or
dures indéformable, la machine à
couper les oignons et bien d’autres
trouvailles y témoignent de l’es
prit inventif des petits artisans.
A notre époque incertaine, la
Foire de Paris est un acte de foi.
Son .succès, pour ceux qui dou
tent, est une belle leçon.
F. C
Après son coup d’éclat de la
nuit précédente, le vote négatif
sur l’ensemble du projet de loi
concernant la compagnie « Air
France », l’Assemblée nationale a
tenu avant-hier deux séances.
Son plus gros travail a con
sisté en l’examen de la proposi
tion de loi ‘de M. Waldeck-
Rochet et de plusieurs de ses col
lègues tendant à la stabilisation
des baux à ferme.
Ce ne fut pas, à vrai dire, un
examen de tout repos. Ladiscus-
sion fut longue et laborieuse et,
à l’issue du vote d’un amende
ment qui, selon lui, dénaturait
complètement le texte initial, le
rapporteur de la question, M.
Ruffe, fut même amené à se dé
mettre de ses fonctions. Agissant
au nom de M. Waldeck-Rochet, il
devait encore un peu tard retirer
la proposition et il fallut que
l’auteur de l'amendement en
cause, M. Moussu, la reprit à son
compte pour que le vote final in
tervint.
M. Ruffe donna d’abord les
raisons pour lesquelles la com
mission de l’Agriculture concluait
à une prorogation pour un an de
la législation en vigueur jusqu’au
31 décembre 1947. La loi du 13
avril 1946, qui est appliquée de
puis le 1er janvier dernier, a eu
en effet pour conséquence, en re-
mettant aux commissions consul*
tatives le soin de fixer la quan-
tité de denrées représentant la
valeur locative des biens loués,
de rétablir pratiquement la liber
té en matière de fixation du prix
des baux, d’où une augmentation
sensible de celui-ci.
Après des interventions de
MM. Defas de Rau, Paumier et
Lamarque - Cando, notamment,
l’Assemblée repoussa par ~02 voix
contre 284 un contre-projet de
M. Laurens qui, reprenant un
texte de M. Valay, laissait au
fermier ayant accepté un prix
trop élevé un délai d’un an pour
saisir du litige un tribunal pari
taire.
Un amendement de M. Lamar-
que-Cando précisant la proroga
tion proposée fut ensuite adopté,
ainsi qu’un autre de M. Coudray
qui, pour certains baux, deman
dait de se référer au cours
moven des années 1937, 1938 et
1939.
C’est alors que M. Moussu, pré
sident de la commission de
l’Agriculture, présenta son amen
dement, qui défendait le principe
du prix à l’échéance, contre le
système du cours moyen.
Pierre ROCHE.
{Lire la suite en troisième page.)
Ingratitude italianissime
LA S(EUHE LATINEC
M. Georges Bidault persévère
par ROBERT-PIMIENTA
Lire en troisième page :
PARIS - COCKTAIL
par Roger FERAL
LA QUOTIDIENNE de Pierre LŒWEL
Qu’en pensez-vous ?
La guerre éclate, les armées sovié
tiques partent de Berlin et occupent
la France. Tout un parti les accueille
en sauveurs et fraternise avec eux.
Tout un parti les considère comme
des soldats ennemis foulant le sol
de la patrie et organise patiemment,
obstinément, une lutte dite de libéra
tion contre l’occupant.
Cependant, un homme unanime
ment respecté et qui ne pouvait jus
qu'alors être considéré comme un
sympathisant communiste est, d’un
commun accord, choisi par les partis
pour représenter la France. A peine
est-il désigné qu’il convie les Fran
çais au repentir, leur enseigne que de
la collaboration avec les Soviets ils
retireront honneur et dignité. Se ren
dant à la rencontre de Staline, il
rapporte à ses compatriotes l’assu
rance d’une Europe nouvelle et les
invite, prenant la responsabilité de
sa politique seule sage et raisonnable,
à ne pas écouter la voix des égarés
qui prêchent l'insoumission. S’entou
rant de ministres communistes il les
laisse organiser le transfert des ri
chesses en U.R.S.S., It département
des travailleurs, les camps de concen
tration, le régime policier du Gué-
péou.
Et puis, après quatre ou cinq ans
de guerre mondiale, les Anglo-Amé
ricains débarguent en France et en
chassent les troupes soviétiques. Le
communisme est battu.
Sur guoi tous les miliciens, tous
les pétainistes, tous les épurés qui
avaient rejoint les Forces françaises
libres ou mené contre les soviétiques
la guerre du maquis disent : c Pas
de représailles ! Gloire aux collabo
rateurs communistes ! Ils ont tous
été de bonne foi. Ils ont sauvé ce
qu’ils pouvaient sauver. Ils ont joué
le double jeu. S’ils n’avaient pas été
là, quel eût été le sort de la patrie? »
Car c’est ainsi — vous n’en dou
tez pas ? — que les collaborateurs
d’hier, devenus les résistants de de
main, agiraient et parleraient, sinon
par conviction, du moins par souci
de la logique... Mais si vous croyez
qu’ils ne parleraient pas ainsi, et si
eux-mêmes ne le croient pas, alors
leurs discours d’aujourd’hui sont
jugés.
La campagne des élections est terminée en Italie,
mais non pas encore celle des invectives sarcastiques
et des injures à l’adresse de M .Georges Bidault,
ni même, hélas, des concessions aggravées et des
abdications nouvelles, auxquelles notre ministre
des Affaires étrangères continue de s’obstiner avec
un incroyable acharnement, sans pouvoir désormais
excuser, comme autant de pressions sur les libres
suffrages d’électeurs étrangers, ses abdications
nationales.
Tous les abandons qu’au nom de la France
il a été consentir ou même offrir en. Italie n’avaient
d’ailleurs pas été proclamés à Turin en même
temps qu’y fut annoncé le cadeau de Trieste, et
c’est petit à petit que les sacrifices offerts ou subis
pour Je compte, et au préjudice de notre pays, se
laissent dévoiler.
La renonciation aux réparations et les restitutions
navales qui réduisent la marine française dès main
tenant à l’infériorité dans la Méditerranée, avaient
été divulguées par nos soins en un article (1),
dont les éléments ont été repris aussitôt par
y Epoque, la Balaille, et nombre de confrères
que, sans nulle vanité d’auteur anonymement repro
duit. mais utilement, et c’est l’essentiel, nous remer
cions sincèrement de diffuser des informations
pénibles, sans doute, à l’amour-propre national,
mais nécessaires et peut-être salutaires.
Figaro, renseigné vraisemblablement à la rue
Royale, par les officiers d’une marine encore très
désireuse de ne pas laisser tenir une promesse folle
ment imprudente du Quai d’Orsay, aimerait mieux
interpréter l’impardonnable abandon comme un
retard, mais ce retard qui, chaque jour, continue
de s’aggraver, menace bien d’être une carence
définitive, si le cadeau inimaginablement offert n’est
pas. comme il est à craindre, et ce qui sans doute
est dès maintenant impossible, repris par celui qui
n’aurait pas dû le donner.
De même, hélas, qu’il n’y avait pas seulement
Trieste, il n’y a pas, non plus, que ces bateaux :
chaque jour amène sa découverte, et même ses
découvertes désagréables, avec la divulgation de
nouveaux abandons.
Vendredi après-midi, c’était au Palais-Bourbon,
devant la commission des Affaires étrangères, où,
au cours d’une très longue audition, par instants
mouvementée, n’aurait-ce été qu’en raison de propos
amers ou peu cordiaux échangés entre le ministre
et un assez grand nombre des commissaires réunis
pour l’écouter : avant de discuter la mise en som
meil du pacte d’alliance franco-soviétique, de
disserter sur la bombe atomique, on d’exposer ses
vues optimistes sur la Palestine, M. Bidauls
commença par exposer nos rapports avec l’Italie,
sur lesquels notre journal avait fait savoir que la
commission tenait à être informée.
Il a ainsi annoncé que la France allait abandon
ner des sources précieuses d’hydroélectricité à
l’Italie, à qui la nature en a donné déjà beaucoup
plus qu’à notre pays. Mais ce n’est pas tout, notre
gouvernement, en veine de renonciations sans contrer
partie, est sur le point,, en outre, d’abandonner
également sur sa frontière, par un autre sacrifice
non moins unilatéral, et non plus justifiable, des
pistes de ski, indispensables à nos populations
frontalières, comme à notre défense nationale, et
pour lesquelles, également, notre voisine était déjà
moins défavorisée
Comme des commissaires s’inquiétaient justement
de ces nouvelles capitulations, et tenaient à
connaître avec plus de précision le bilan de ces
nouvelles amputations ainsi consenties au patrimoine
français, le ministre sortit de son portefeuille et
laissa entrevoir de loin une minuscule carte, où les
pistes abandonnées étaient petites, toutes petites,
dans la mesure où l’échelle de cette carte de poche
était réduite.
L’émoi des Savoyards, que nous avons précé
demment signalé, et qui se répercute sur leurs sym
pathies, précédemment accordées* au M.R.P., mais
qu’ils rendent à présent solidaire, comme il l’a
été dit ici, du Quai d’Orsay, le mécontentement
inquiet des Provençaux, comme de toutes nos popu
lations alpines, c’est-à-dire de ceux qui connaissent
le mieux les « frères latins », dont ils sont les
voisins immédiats, le juste ressentiment de ceux qui
ne sont pas encore guéris du coup de poignard dans
le dos, ne seront nullement apaisés par ce redou
blement d’abdications néfastes non seulement aux
intérêts et à la sécurité de la France, mais à 1®
justice.
U) Voir l’Ordre de Paris du 24 avril
Ce doit être le féminin
de "faux-frère”.,.
2 e année. — N° 210.
PRIX : 5 FRANCS
Directeur politique : Émile BURÉ
DIMANCHE - LUNDI
2 et 3 mai 1948.
DISCORDES
da ns la C. G . A.
DEPUIS LA LIBÉRATION
EN INDOCHINE
Une erreur
Muguet, catnpetvtx»
défitéô
à éviter
AN
PARIS A FETE
par René SAIVE
II nous est arrivé d’exprimer des doutes sur la cohérence
de notre politique impériale. Jusqu’à présent, semble-t-il, les
détenteurs du pouvoir n’ont eu d’autre ambition que de se
répartir au mieulx de leurs intérêts électoraux les territoires
de l’Union française : rien n’est à cet égard plus significatif
que la substitution progressive des parlementaires aux ancien.,
fonctionnaires de l’administration coloniale. Les personnalités
ainsi choisies sont généralement l’objet des critiques les plus
vives, même dans le cas où — nous songeons à M. Naegelen —
leur action a eu pour premier résultat de rétablir des situa
tions délicates. De sorte que chaque parcelle de l’empire es.
finalement l’enjeu de querelles obscures dont les protagoniste:
parisiens espèrent tirer avantage pour leur parti, sinon pou:
leur propre personne.
Le gouvernement va-t-il tolérer que se développent, à pro
pos des affaires d’Extrême-Orient, les sournoises luttes d’in
fluence qui en ont retardé la solution ? Va-t-il céder aux 4 con
seils » plus ou moins pressants qui l’incitent à abréger la mis
sion de M. Bollaert et à remplacer ce dernier soit par M. Juglas
candidat du M.R.P.. soit par le général Mast, poulain du Qua
d’Orsay ? Il n'y aurait évidemment pas de meilleur moyei
d’aggraver le trouble indochinois, d’amenuiser le prestige d(
la métropole et, partant, de compromettre la conclusion d’ui
accord.
Que reproche-t-on à M. Bollaert ? Avant tout de n’avoi:
pas encore rétabli la paix en Indochine. Il ne paraît pas, ce
pendant, que ses détracteurs fassent preuve, en la circonstgna
d’une entière bonne foi. M. Bollaert avait été envoyé à Saïgoi
avec des pouvoirs extrêmement étendus qui l’autorisaient, ei
particulier, à préparer un règlement du conflit par voie d
négociations. Il se convainquit d’ailleurs qu’une pacification pu
les armes exigeait le déploiement de forces militaires au moin:
trois fois supérieures à celles dont il disposait et que la seuh
issue possible était diplomatique. L’éventualité de conversa
lions avec Ho Chi Minh ayant été écartée pour la raison suffi
santé que le dit Ho Chi Minh vise d’abord à notre évictioi
totale, des ouvertures furent faites à l’ex-empereur Bao Da
Les tractations entamées avec l’ancien souverain prirent rapi
dement un tour favorable. Répondant aux désirs d’une grandt
partie du Viêt-Nam, dont les populations paysannes étaient rui
nées par la politique de la « terre brûlée », elles aboutirent à
la fameuse entrevue de la baie d’Along. Au cours de cette en
trevue, S. M. Bao Daï et M. Bollaert établirent un protocole
qui fixait les concessions de chacune des deux parties et per
mettait d’entrevoir la fin de nos difficultés. Ce sont donc des
propositions concrètes que M. Bollaert présentait en décembre
au gouvernement et il est probable, que leurs termes en eussent
été définitivement ratifiés le 13 février — à. l’occasion d’une
seconde rencontre Bollaerl-Bao Daï — si un événement assez
curieux n’était survenu dans l’intervalle.
Tandis que M. Bollaert se trouvait en France, on apprenait
en effet que S. M. Bao Daï se rendait d’urgence à Londres
sous le fallacieux prétexte de consulter un oculiste. De Londres
il gagnait Genève, puis Paris. Il séjournait dans la capitale du
à au 10 février, apparemment peu soucieux d’honorer le ren
dez-vous du 13 février en prévision duquel M. Bollaert s’était
hàté de rejoindre l’Indochine. Effectivement le rendez-vous dût
être décommandé. Et M. Bollaert attend toujours sous l’orme.
— Qui a prié^.l’ex-empereur de venir à Londres? Qui lui a
suggéré de venir ensuite à Paris ? Quel personnage assez haut
placé a cru pouvoir superposer son autorité à celle du négo
ciateur qualifié, au prix — cela va sans dire — de concessions
supplémentaires ? Ces questions auront sans doute un jour leur
réponse. Pour l’instant, nous nous bornerons à regretter l’in
croyable légèreté de nos Machiavels. Leurs manœuvres ont
abouti à un résultat certain : la guerre continue. Certes, rien
n’est perdu. La sécurité est assurée dans le Laos, le Cambodge
et le pays Moi. Nos forces contrôlent étroitement la frontière
chinoise et les côtes, paralysant la contrebande des armes.
D’autre part, une vigoureuse reprise économique s’affirme, d
telle enseigne que l’Indochine a pu, pendant le premier tri
mestre de 1948, exporter 140.000 tonnes de riz. Ces éléments
de détente jouent en faveur de M. Bollaert qui, patiemment.
renoue les fils rompus depuis deux mois, avec la volonté de
restaurer la paix avant le mois de septembre. Briser son effort
ne serait pas qu’une injustice. Ce serait une erreur.
LE TRAVAIL
Toutes fenêtres ouvertes au so
leil qui présidait au premier jour
de mai, postes de radio hurlant
les refrains d’un unique emetteur,
la majorité des Pari siens fit gras-
se matinée, hier, afin de sacri-
fier au démocratique usage
consiste à ne rien faire pour
lébrer le travail.
Pas de courrier, un service
qui
cé ¬
des
téléphones un tantinet fantaisiste,
des rames de métro à longs in
tervalles, autobus bondés, taxis
volatilisés, le travailleur-moyen-
an-repos perdit rapidement quel
que peu de sa belle humeur. Des
milliers de marchands de muguet
vendaient quatre brins de peti-
tes clochettes à des prix variant
de 10 à 50 francs, selon l’heure,
le quartier et la tête du client.
Toute la matinée voitures, cars,
cyclistes et campeurs pliant sous
les sacs tyroliens s’enfuirent vers
les portes de Paris avant que, à
l’heure du repas, chacun rentrât
chez soi un petit bouquet à la
main.
L’après-midi, sous la pluie, s’é ¬
branlèrent les cortèges populaires
de la Nation à la Bastille. La gare
Saint-Lazare voyait ses quais en
vahis par les candidats à la fête
R. P. F. de Saint-Cloud, qui pro
mettait le plus grand ‘bal de
France, mené par le grand général
de Gaulle avec la grande chan
teuse Edith Piaf (Marcel Cerdan
serait-il là ?) Suzy Delair et tout
le « tra la la ». D’autres fêtes
se déroulèrent au stade de Vin-
cennes et dans toutes les mairies
sans oublier la réception offerte
par M. Vincent Auriol aux forts
des Halles et à leur reine.
Les cinémas ouvrirent leurs por
tes. on s’y engouffra, beaucoup
de couples de travailleurs-au-re-
pos dansèrent fort tard puisque
c’e-t encore dimanche aujourd’hui.
Et jeudi, on fête l’Ascension !
Quel dommage que le 3 e anniver
saire de la capitulation allemande,
le 8 mai, ne soit pas jour férié !
On aurait pourtant eu là quel
ques motifs de le fêter... en atten
dant la Pentecôte.
FRANCK-DOMINIQUE.
Les troupes britanniques
attaquent l’Irgoun
9.000 ARABES PENETRENT EN PALESTINE
La trêve conclue à Jaffa à la
suite de l’ultimatum britannique
et dont la convention a été taci
tement reconduite depuis ne sem
ble de devoir être prolongée bien
longtemps.
En effet, les Anglais affirmant
que l’Irgoun l’a rompue en atta
quant la nuit dernière la ville
arabe ont pris l’offensive, hier,
contre l’organisation terroriste
juive dont ils ont violemment re
poussé les combattants. Soixante-
dix juifs ont été tués ainsi qu’un
sous-officier anglais.
Les juifs, disposant de mortiers,
avaient pris une maison à 40 mè
tres du flanc des Britanniques ;
quelques-uns de leurs obus tom
bèrent dans le secteur britanni
que. Les hommes de lIrgoun ont
attaqué aussi le palais de justice
de Jaffa.
Les troupes britanniques ont
occupé, hier, le quartier Manshieh
de Jaffa où les juifs s’étaient ins
tallés. L’Irgoun avait, aupara
vant, cédé la place à la Haganah, à
la suite d’un accord à trois vi
sant à maintenir le statu quo
dans cette partie du pays.
L’Irgoun avait déclaré aupara
vant avoir rejeté une demande
anglaise d’abandonner ses po
sitions et avoir fait sauter le pos-
Littérature du 1 er mai
par ALEXANDRE ZÉVAÈS
Les premiers « Premier Mai »
• dont j’évoquais vendredi les
origines
non seulement ont
donné lieu à de multiples mani
festes, proclamations, appels, éma
nant des diverses organisations
socialistes et syndicales, mais en
core ont déterminé une véritable
éclosion littéraire.
Les guesdistes, notamment, qui
ont été les initiateurs de la ma
nifestation, publièrent, dans leur
organe, le Socialiste, plusieurs
hymnes et chants exaltant le
1er mai. L’un, le Premier Mai
1890, commence ainsi :
Rien encore n’a luit.
L’ombre aujourd’hui
Couvre la terre,
Et ton éternel
Sanglot d’appel,
O prolétaire •
Se perd au ciel.
Mai
Un autre Chant du Premier
Mai, paru en 1892, dû à un pro
fesseur de l’enseignement secon
daire, Gros — chant qui, doublé
d’une musique entraînante, con
nut au cours des manifestations
un assez vif succès — débute par
ce Couplet :
Premier Mai ! C’est le renouveau;
Comme aux arbres monte la sève,
L’idée aussi monte au cerveau
Et la Sociale se lève.
Plus haut que nos petits bour-
[geols,
O Premier Mai, passant les ondes,
Par-dessus frontières et bois.
brige, sur l’éthique de Barrés, sur
les chansons d’Aristide Bruand,
etc.), consacra un numéro à la
littérature socialiste. Pour la cir
constance elle troqua sa couver
ture jaune clair pour une couver
ture rouge vif.
C'étaient Ernest Museux, André
Neidaux et moi, à qui Léon Des
champs, directeur de la Plume,
avait confié la mission d’élaborer
le numéro et j’avais été chargé
te de police anglais. La partie
méridionale de Manshieh « est
transformée dans un amas de dé
combres » affirme l’Irgoun.
D’autre part, les Anglais se sont
renforcés. Deux croiseurs ont
mouillé en rade de Jaffa et deux
escadéilles d’Hawker Typhoons
armés de fusées, sont arrivées de
vant Chypre.
Des Arabes pénètrent
en Palestine
Le Q. G. arabe de Damas an
nonce que 9.000 hommes, apparte-
nant à des format-ions libanaises
et syriennes ont franchi la fron
tière palestinienne et attaqué des
colonnes juives, celles de Hara-
cole et de Huba, en particulier,
situés en Galilée du Nord.
Le partage
seule solution
Devant la commission politique
de l’O. N. U., un porte-parole de
l’Agence juive a déclaré qu’on
pourrait éviter bien des souffran
ces en Palestine en revenant à la
solution du partage. Le partage
est un fait sur lequel il est impos
sible de revenir, a-t-il dit, tandis
que la tutelle est une solution
pleine de hasards.
Selon le représentant de l’Agence
juive, le projet américain de tu-
tuelle « contient toutes les condi
tions qui ont amené les précéden
tes difficultés insurmontables sur-
gles à propos du mandat. »
« Vouloir contraindre ce pays à
entrer dans un cadre aussi éloi
gné de sa situation ethnique et
politique, c’est amener inévitable
ment une recrudescence de trou
bles. »
Un accord commercial
franco-espagnol
est conclu
Madrid.
L’accord commer-
Ton soleil luit
A l’occasion
la Plume, qui,
publiait des
sur les deux mon-
[des.
du 1er mai 1891,
de temps à autre,
numéros spéciaux
par mes
marches
de Jules
chepin.
J’allai
deux complices des dé-
auprès de Léon Cladel,
Guesde et de Jean Ri-
voir Cladel. Il habitait
(sur le symbolisme, sur le féli-
A non lecteurs
SOUSCRIVEZ! SOUSCRIVEZ TOUS!
Nous nous excusons vivement
d’être obligés de parler encore de
notre souscription ; mais il est in
dispensable que nos lecteurs sa
chent les difficultés qui sont sus
citées à un journal indépendant
comme le nôtre. Il importe aussi
que nos lecteurs se rendent bien
compte que du succès de notre
augmentation de capital dépend la
vie de l’Ordre de Paris et que si
contre toute attente notre sous-
cription n’était pas intégralement
couverte notre journal devrait re
noncer à mener à bien sa tâche
quotidienne.
C’est d’ailleurs ce que recher
chent nos ennemis, ceux qui re
doutent notre objectivité, ceux qui
n’admettent pas que depuis et
même avant Munich l’Ordre et
l’Ordre de Paris aient toujours
soutenu la véritable politique
française.
Sans défaillance il fut contre
Franco, contre Hitler, contre Mu
nich. pour le retour à la Consti
tution de 1875, pour une épura
tion jacobine, pour une politique
extérieure qui réserve nos allian
ces traditionnelles et nous protège
d’un retour offensif de l’Alle-
magne.
C’est pour cela que l’Ordre de
Paris doit vivre.
C’est, pour cela que tous nos
lecteurs doivent souscrire et sous
criront nous en sommes per
suadés.
BULLETIN DE SOUSCRIPTION
Nom et prénoms
Adresse
déclare
Société
souscrire
actions à l’augmentation de capital de la
1' « ORDRE DE PARIS », et vous prie de trouver Indus
chèque
de
montant de ma souscription.
Fignsture :
à Sèvres, rue Brongniart, un er
mitage, où il œuvrait au milieu
des enfants, des fleurs et de sa
« kyrielle de chiens ». Avec la
plus grande affabilité l’auteur du
Bouscassié me promit — et dès le
lendemain me fit parvenir — une
nouvelle : 200 %.
Jean Richepin qui, depuis la
Chanson des Gueux et pour quel
que temps encore faisait mine de
révolutionnaire, ne fut pas moins
accueillant. Il tira de son tiroir
et me remit immédiatement une
Ballade du Droit qui, par la sui
te. a fait partie de son recueil,
Mes Paradis, et dont on se rap
pelle l’envol :
Prince, ma peau de réfractaire,
Fais-en, dans un rouge lambeau,
Le tambour des droits sur la
[terre :
J’ai le cœur des gueux pour tom-
[beau...
De Jules Guesde j’attendais
quelqlue page nerveuse de doc
trine, quelque aperçu sur le col-
. lectivisme. A ma grande surprise
— lui qui faisait des vers à ses
heures perdues, mais les dissi
mulait avec soin il me revint
une douzaine de quatrains qu’il
avait rimés sur un exemplaire du
roman de Joséphine Péladan, Cu
rieuse.
Outre ce- trois morceaux et une
longue étude documentaire d’An
dré Neidaux sur l’Evolution de
la philosophie et des lettres sur
le socialisme, le numéro conte
nait un fragment d’interview
d’Octave Mirbeau ; un poème
d’Olivier Sonêtre ; une chanson
inédite d’Eugène Pottier, l’auteur
de l ’ Internationale, le Pres
soir; des vers de Louise Mi
chel, datés « 1871, prison de Ver
sailles » et de Jean Allemane, da
tés « Ile de Nou, Nouvelle-Calé
donie » ; une chanson de Camil
le Soubise.
Auteur de la populaire roman
ce la « Chanson des blés d’or »,
(LAre la suite en troisième page.)
dai franco-espagnol paraphé hier
est conclu pour la durée d’un an.
Il entrera en vigueur le 15 mai.
Le volume des produits échan
gés est de 25 milliards de francs.
Le taux de change est de 19,63
francs pour une peseta.
L’Espagne va exporter en
France des pyrites, des minerais,
du mercure, du plomb, de l’anti
moine et du ravitaillement. no
tamment de l’huile d’olives, des
oranges, des fruits secs et du
vin.
Elle va importer de France des
phosphates, des produits chimi
ques et coloniaux, des produits
mécaniques, dont des camions et
quelques automobiles, ainsi que de
l’équipement électrique et d’au-
très articles d’exportation tradi
tionnels.
La tendance à la baisse
des prix mondiaux
semble malheureusement enrayée
L’INCIDENCE DE LA RECENTE
N’EN SERA QUE PLUS SÉVÈRE
DÉVALUATION
POUR NOUS
M
par
ZERBINI
entendu
le 14 mai
la Commission
d’enquête sur le vin
A la suite de la publication de
la lettre de M. Zerbini, ancien di
recteur du cabinet de M. Gouin
à M. Guy Mollet, secrétaire géné
ral du parti S. F. I. O., la com
mission d'enquête sur l’affaire du
vin a décidé d’entendre M. Zer-
bini dans sa séance du 14 mai.
Comme nous le pensions la
lettre de M. Zerbini soulève de
nombreuses questions dont les
réponses ne manqueront pas de
faire rebondir cette affaire qu’on
semblait vouloir, comme d’habi-
tude, cantonner aux lampistes.
L’audition de M. Zerbini le
14 mai sera donc des plus impor
tantes, et nous voulons espérer
que toutes les questions y se
ront posées et que les confronta
tions indispensables auront lieu
de manière à ne pas permettre
la mise sur pied de nouveaux ali
bis. Les vrais coupables et les
vrais profiteurs doivent seuls être
punis.
Jacques DAVOS.
Loi martiale en Grèce
après un attentat contre
le ministre de la Justice
Athènes. — La loi martiale a
été proclamée hier dans la région
d’Athènes, le Péloponèse, la Crète
et plusieurs autres îles, peu après
un attentat à la grenade com
mis contre le ministre de la Jus
tice, Christos Ladas, qui a été
gravement blessé à la tête et au
ventre
par H. BUFFANDEAU
i! n’y avait pas eu
de véritable lutte
SLR LE TERRAIN
AGRICOLE
par R. MONTFORT
L’échance du 30 avril est
dépassée. L’indice des prix de
détail n’a pour ainsi dire pas
varié et indique une stabilisation
actuelle du coût de la vie aux
alentours du coefficient 15 par
rapport à l’avant-guerre.
Nul ne contestera que la
substitution de ce pallier à
l’ascension à peu près continue
marque un progrès incontestable.
Nous en avons déjà étudié les
causes, de même que nous avons
examiné les différentes hypo
thèses qu’offre la conjoncture.
Nous n’y reviendrons pas.
Un point cependant mérite des
réflexions nouvelles. Toute notre
stratégie et notre tactique éco
nomiques et financières, conçues
fin janvier - début février, au
moment de la dépression pro
fonde des marchés américains de
cérérales a sous-entendu que les
prix internationaux avaient at
teint leur maximum, spécialement
en matières alimentaires.
De fait, les récoltes de l’hémi
sphère sud et les perspectives de
l’hémisphère nord permettaient
d’étayer raisonnablement cet
espoir. En Europe, le relèvement
agricole se doublait de celui de
l’industrie. Au cours du dernier
trimestre 1947, à part les trois
zones occidentales pour lesquelles
l’activité industrielle ne s’élève
qu’au tiers d’avant guerre, tous
les pays ont atteint ou dépassé
le niveau de 1938. Observons tou
tefois que cette constatation est
le résultat d’une moyenne et que
les industries lourdes se sont
plus important de cette reprise
paraît être la rapidité du vote
de l’aide Marshall qui éloigne les
perspectives d’un ralentissement
des achats européens.
A cet élément, est venu s’ad
joindre la politique de réarme
ment américain rendue nécessaire
par la tension avec la Russie. Le
service obligatoire et les crédits
supplémentaires prévus pour les
forces armées exercent fatale
ment une pression sur une écono
mie dont l'expansion, pour être
ralentie, n’était pas terminée. La
crise, si vraiment elle menaçait,
ce dont nous doutons, s’éloigne.
Dans le même temps, les As
semblées américaines ont réduit
de près de cinq milliards de
dollars les impôts, geste qui ne
surprend aucun démocrate en
{Lire la suite en troisième page.)
Les différents partis politiques
possèdent tous un programme
agricole.
Ces programmes à quelques dê-
tails près se ressemblent tous.
C’est ainsi que tous affirment
bien entendu la nécessité de dé®
fendre l’agriculture. Tous veulent
soutenir la petit® et moyenne ex
ploitation. Tous sont d’accord
pour maintenir la régime de la
propriété et même satisfaire les
revendications des travailleurs
salariés de l’agriculture.
On les retrouve encore tous
d’accord pour que les produit®
agricoles soient vendus à des
prix « rémunérateurs », et pour
que l’Etat subventionne en priori'’
té tous les travaux d'équipement
rural et « d'urbanisation 3
cités paysannes.
On note toutefois quelques
cordances entre ces divers
grammes car les uns et les
des
pro“
très cèdent différemment à la
tentation facile qui consiste a
« corser » certaines propositions,
le degré de surenchères de ces
dernières étant variable selon
l’intérêt de leur clientèle électo-
raie respective.
Depuis la libération, il n’y a
pas eu de véritable lutte sur* le
terrain agricole. Peut être doit on
{Lire la suite en quatrième paye.)
A l’Assemblée nationale
LA TAXE DE 4° SUR LA VIANDE FRAICHE
SUSPENDUE DANS CERTAINES LOCALITÉS
M. Maurice Guérin est élu
premier vice-président de la Haute Cour de Justice
relevées plus
que celles
de consommation, tandis qu’au
contraire l’inflation accroissait
considérablement les revenus
nominaux.
A l’heure actuelle, la situation
s’est sensiblement modifiée, en
grande partie en raison de l’évo-
lution internationale.
Sur les marchés américains des
matières premières, l’indice
Moody’s qui plafonnait aux envi
rons de 245 avant la baisse, s’est
relevé à 216 après être descendu
au-dessous de 200. Le facteur le
L’ancienne législation fixant le prix
des baux à ferme est prorogée
LA FOIRE DE PARIS
eôt aunwtte depuiô Aie^
La Foire de Paris a été inaugu
rée hier matin par M. Lacoste,
ministre de l’Industrie et dit Com
merce, en présence de MM. Pierre
de Gaulle, président du Conseil
municipal, Alessandri, président
du Conseil général, et Verlomme,
préfet de la Seine.
Cette 37* Foire s’annonce com
me un succès sans précédent. 9.200
exposants y participent en effet.
23 nations étrangères, du Benelux
à l’Uruguay, sont représentées.
Comme l’an dernier, d’ailleurs, la
Foire de Paris déborde le cadre
du Parc des Expositions de la.
porte de Versailles : les sections
de la mode, de l’électricité et de la
télévision ont dû, faute de place,
chercher refuge au Grand-Palais.
Le stand de la télévision est, du
reste, un des grands succès de
cette année : vingt-trois fabri
cants français y présentent des
postes récepteurs et le public est
admis chaque jour aux séances.
Mais, de toutes les sections, c’est
certainement celle des vins qui
recevra le plus de visiteurs, car
pour la première fois depuis la
guerre ils pourront y déguster
gratuitement nos meilleurs crus.
La Foire de Paris a toujours été
le baromètre de l’économie fran
çaise. A voir l’importance prise,
cette année, par les stands de l’ali
mentation, chacun peut se rendre
compte que la situation s’est amé
liorée depuis douze mots.
Les organisateurs espèrent d’ail
leurs que trois millions de visi-
teürs se rendront cette quinzaine
au Parc des Expositions.
Ce tour d’horizon ne serait pas
complet si nous ne parlions pas
du concours des inventeurs : le
cyclocar démontable, la boîte à or
dures indéformable, la machine à
couper les oignons et bien d’autres
trouvailles y témoignent de l’es
prit inventif des petits artisans.
A notre époque incertaine, la
Foire de Paris est un acte de foi.
Son .succès, pour ceux qui dou
tent, est une belle leçon.
F. C
Après son coup d’éclat de la
nuit précédente, le vote négatif
sur l’ensemble du projet de loi
concernant la compagnie « Air
France », l’Assemblée nationale a
tenu avant-hier deux séances.
Son plus gros travail a con
sisté en l’examen de la proposi
tion de loi ‘de M. Waldeck-
Rochet et de plusieurs de ses col
lègues tendant à la stabilisation
des baux à ferme.
Ce ne fut pas, à vrai dire, un
examen de tout repos. Ladiscus-
sion fut longue et laborieuse et,
à l’issue du vote d’un amende
ment qui, selon lui, dénaturait
complètement le texte initial, le
rapporteur de la question, M.
Ruffe, fut même amené à se dé
mettre de ses fonctions. Agissant
au nom de M. Waldeck-Rochet, il
devait encore un peu tard retirer
la proposition et il fallut que
l’auteur de l'amendement en
cause, M. Moussu, la reprit à son
compte pour que le vote final in
tervint.
M. Ruffe donna d’abord les
raisons pour lesquelles la com
mission de l’Agriculture concluait
à une prorogation pour un an de
la législation en vigueur jusqu’au
31 décembre 1947. La loi du 13
avril 1946, qui est appliquée de
puis le 1er janvier dernier, a eu
en effet pour conséquence, en re-
mettant aux commissions consul*
tatives le soin de fixer la quan-
tité de denrées représentant la
valeur locative des biens loués,
de rétablir pratiquement la liber
té en matière de fixation du prix
des baux, d’où une augmentation
sensible de celui-ci.
Après des interventions de
MM. Defas de Rau, Paumier et
Lamarque - Cando, notamment,
l’Assemblée repoussa par ~02 voix
contre 284 un contre-projet de
M. Laurens qui, reprenant un
texte de M. Valay, laissait au
fermier ayant accepté un prix
trop élevé un délai d’un an pour
saisir du litige un tribunal pari
taire.
Un amendement de M. Lamar-
que-Cando précisant la proroga
tion proposée fut ensuite adopté,
ainsi qu’un autre de M. Coudray
qui, pour certains baux, deman
dait de se référer au cours
moven des années 1937, 1938 et
1939.
C’est alors que M. Moussu, pré
sident de la commission de
l’Agriculture, présenta son amen
dement, qui défendait le principe
du prix à l’échéance, contre le
système du cours moyen.
Pierre ROCHE.
{Lire la suite en troisième page.)
Ingratitude italianissime
LA S(EUHE LATINEC
M. Georges Bidault persévère
par ROBERT-PIMIENTA
Lire en troisième page :
PARIS - COCKTAIL
par Roger FERAL
LA QUOTIDIENNE de Pierre LŒWEL
Qu’en pensez-vous ?
La guerre éclate, les armées sovié
tiques partent de Berlin et occupent
la France. Tout un parti les accueille
en sauveurs et fraternise avec eux.
Tout un parti les considère comme
des soldats ennemis foulant le sol
de la patrie et organise patiemment,
obstinément, une lutte dite de libéra
tion contre l’occupant.
Cependant, un homme unanime
ment respecté et qui ne pouvait jus
qu'alors être considéré comme un
sympathisant communiste est, d’un
commun accord, choisi par les partis
pour représenter la France. A peine
est-il désigné qu’il convie les Fran
çais au repentir, leur enseigne que de
la collaboration avec les Soviets ils
retireront honneur et dignité. Se ren
dant à la rencontre de Staline, il
rapporte à ses compatriotes l’assu
rance d’une Europe nouvelle et les
invite, prenant la responsabilité de
sa politique seule sage et raisonnable,
à ne pas écouter la voix des égarés
qui prêchent l'insoumission. S’entou
rant de ministres communistes il les
laisse organiser le transfert des ri
chesses en U.R.S.S., It département
des travailleurs, les camps de concen
tration, le régime policier du Gué-
péou.
Et puis, après quatre ou cinq ans
de guerre mondiale, les Anglo-Amé
ricains débarguent en France et en
chassent les troupes soviétiques. Le
communisme est battu.
Sur guoi tous les miliciens, tous
les pétainistes, tous les épurés qui
avaient rejoint les Forces françaises
libres ou mené contre les soviétiques
la guerre du maquis disent : c Pas
de représailles ! Gloire aux collabo
rateurs communistes ! Ils ont tous
été de bonne foi. Ils ont sauvé ce
qu’ils pouvaient sauver. Ils ont joué
le double jeu. S’ils n’avaient pas été
là, quel eût été le sort de la patrie? »
Car c’est ainsi — vous n’en dou
tez pas ? — que les collaborateurs
d’hier, devenus les résistants de de
main, agiraient et parleraient, sinon
par conviction, du moins par souci
de la logique... Mais si vous croyez
qu’ils ne parleraient pas ainsi, et si
eux-mêmes ne le croient pas, alors
leurs discours d’aujourd’hui sont
jugés.
La campagne des élections est terminée en Italie,
mais non pas encore celle des invectives sarcastiques
et des injures à l’adresse de M .Georges Bidault,
ni même, hélas, des concessions aggravées et des
abdications nouvelles, auxquelles notre ministre
des Affaires étrangères continue de s’obstiner avec
un incroyable acharnement, sans pouvoir désormais
excuser, comme autant de pressions sur les libres
suffrages d’électeurs étrangers, ses abdications
nationales.
Tous les abandons qu’au nom de la France
il a été consentir ou même offrir en. Italie n’avaient
d’ailleurs pas été proclamés à Turin en même
temps qu’y fut annoncé le cadeau de Trieste, et
c’est petit à petit que les sacrifices offerts ou subis
pour Je compte, et au préjudice de notre pays, se
laissent dévoiler.
La renonciation aux réparations et les restitutions
navales qui réduisent la marine française dès main
tenant à l’infériorité dans la Méditerranée, avaient
été divulguées par nos soins en un article (1),
dont les éléments ont été repris aussitôt par
y Epoque, la Balaille, et nombre de confrères
que, sans nulle vanité d’auteur anonymement repro
duit. mais utilement, et c’est l’essentiel, nous remer
cions sincèrement de diffuser des informations
pénibles, sans doute, à l’amour-propre national,
mais nécessaires et peut-être salutaires.
Figaro, renseigné vraisemblablement à la rue
Royale, par les officiers d’une marine encore très
désireuse de ne pas laisser tenir une promesse folle
ment imprudente du Quai d’Orsay, aimerait mieux
interpréter l’impardonnable abandon comme un
retard, mais ce retard qui, chaque jour, continue
de s’aggraver, menace bien d’être une carence
définitive, si le cadeau inimaginablement offert n’est
pas. comme il est à craindre, et ce qui sans doute
est dès maintenant impossible, repris par celui qui
n’aurait pas dû le donner.
De même, hélas, qu’il n’y avait pas seulement
Trieste, il n’y a pas, non plus, que ces bateaux :
chaque jour amène sa découverte, et même ses
découvertes désagréables, avec la divulgation de
nouveaux abandons.
Vendredi après-midi, c’était au Palais-Bourbon,
devant la commission des Affaires étrangères, où,
au cours d’une très longue audition, par instants
mouvementée, n’aurait-ce été qu’en raison de propos
amers ou peu cordiaux échangés entre le ministre
et un assez grand nombre des commissaires réunis
pour l’écouter : avant de discuter la mise en som
meil du pacte d’alliance franco-soviétique, de
disserter sur la bombe atomique, on d’exposer ses
vues optimistes sur la Palestine, M. Bidauls
commença par exposer nos rapports avec l’Italie,
sur lesquels notre journal avait fait savoir que la
commission tenait à être informée.
Il a ainsi annoncé que la France allait abandon
ner des sources précieuses d’hydroélectricité à
l’Italie, à qui la nature en a donné déjà beaucoup
plus qu’à notre pays. Mais ce n’est pas tout, notre
gouvernement, en veine de renonciations sans contrer
partie, est sur le point,, en outre, d’abandonner
également sur sa frontière, par un autre sacrifice
non moins unilatéral, et non plus justifiable, des
pistes de ski, indispensables à nos populations
frontalières, comme à notre défense nationale, et
pour lesquelles, également, notre voisine était déjà
moins défavorisée
Comme des commissaires s’inquiétaient justement
de ces nouvelles capitulations, et tenaient à
connaître avec plus de précision le bilan de ces
nouvelles amputations ainsi consenties au patrimoine
français, le ministre sortit de son portefeuille et
laissa entrevoir de loin une minuscule carte, où les
pistes abandonnées étaient petites, toutes petites,
dans la mesure où l’échelle de cette carte de poche
était réduite.
L’émoi des Savoyards, que nous avons précé
demment signalé, et qui se répercute sur leurs sym
pathies, précédemment accordées* au M.R.P., mais
qu’ils rendent à présent solidaire, comme il l’a
été dit ici, du Quai d’Orsay, le mécontentement
inquiet des Provençaux, comme de toutes nos popu
lations alpines, c’est-à-dire de ceux qui connaissent
le mieux les « frères latins », dont ils sont les
voisins immédiats, le juste ressentiment de ceux qui
ne sont pas encore guéris du coup de poignard dans
le dos, ne seront nullement apaisés par ce redou
blement d’abdications néfastes non seulement aux
intérêts et à la sécurité de la France, mais à 1®
justice.
U) Voir l’Ordre de Paris du 24 avril
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