Titre : L'Ordre
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1948-04-29
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32829724j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 29 avril 1948 29 avril 1948
Description : 1948/04/29 (A2,N208). 1948/04/29 (A2,N208).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t5117337z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-1857
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/11/2021
Rome annonce que ritalie ta envoyer
12 carabiniers à Jérusalem^
Pourvu qu’ils n'arrivent pas trop tard !
IUI4HK
DE CLICHY
par René SAIVE
Il faut rendre aux dirigeants du parti socialiste cette jus
tice : ils ont la foi chevillée au corps. Lorsqu’on lit les comptes
rendus que consacre le Populaire aux travaux de Clichy, on
est stupéfait par l'aplomb de certains orateurs. M. Guy Mollet,
qui ne doute de rien, constate « que le parti s’élance avec un
dynamisme accru à la conquête de nouvelles positions ».. M
André Philip ajoute : « L’ère de la défensive est passée. Le
parti doit aller de l’avant avec une ardeur nouvelle. » Quant
au délégué du Loiret, M. Roux, il s’entête à penser qu’au mois
de juillet le Congrès pourra s’écrier : « Le socialisme est plus
fort que jamais ! » Ces messieurs vivent dans un univers cour-
telinesque où l’on affiche à l’envers la courbe des statistiques
électorales, ce qui donne à sa chute verticale l’aspect d’une
montée en flèche. Si l’avenir est aux optimistes, nous n’osons
dire : aux inconscients, il y a encore de beaux jours pour la
section française de l’Internationale ouvrière.
La crise d’effectifs que traverse cette dernière, l’atonie de
plus en plus évidente de troupes désenchantées que, la lanterne
à la main, les Soubises fédéraux cherchent dans une obscurité
croissante, méritaient mieux que le silence. Car l'amenuise
ment progressif du parti socialiste rend singulièrement illu
soires ses ambitions nationales et européennes.
Ambitions nationales ? Elles sont nettement exprimées par
M. Leenhardt. « Entre la participation au gouvernement et la
non-participation, dit-il. il y a place pour une solution hardie,
permettant au parti de se faire respecter en faisant trioinpher,
au sein du cabinet, les solutions socialistes. » En d’autres ter
mes, le cabinet de coalition de M. Schuman ne saurait prati
quer d’autre politique que celle d'un cabinet socialiste homo
gène. Il faut, bien entendu, compter avec des circonstances mal
heureuses qui interdisent momentanément à ces rêves impè
violistes de prendre corps. C’est ainsi que « le double danger
communo-gaulliste > oblige à des concessions — M. Lamarque-
Caudo laisse entrevoir un accord sur le problème de la presse
et sur le problème militaire —, mais il s’agit beaucoup plus
pour le parti d’empêcher < le triomphe de l’un ou de l’autre
de ses adversaires », triomphe qui « serait la négation même
du socialisme », que de consolider la position politique de ses
associés. Le caractère provisoire de l’alliance avec le M.R.P.
apparaît alors avec autant d’éclat que sa fragilité. Cette alliance
a été conclue sous la pression des événements. Elle se disso
ciera dès que les événements auront cessé de « commander »,
le socialisme français supportant avec impatience une coha
bitation dont M. Collet, délégué de la Sarthe, avoue qu'elle est
troublée par « l’activité réactionnaire et cléricale > de la dé
mocratie chrétienne et qu’elle ne préfigure d'aucune manière
« une troisième force progressive ». Aussi bien était-il vain
de penser que Marx pût se compromettre longtemps avec le
( hrist et inversement. L’un exclut l’autre aussi sûrement que
le socialisme exclut le capitalisme. Il n’est donc pas mauvais
que les amis de M. Léon Blum réaffirment leurs principes phi
losophiques : en dissipant l’équivoque sur laquelle ils fondèrent
la Troisième Force, ils s’abusent sans doute sur les chances
qu’ils ont de revenir seuls aux leviers de commande, mais ils
rendent un service inestimable à ceux qui pouvaient croire à
la pérennité de leurs serments d’amour.
Ceci dit, les orateurs de Clichy, accordent à la situation
mondiale plus d’importance encore qu’à la situation intérieure.
M. Guy Mollet n’a-t-il pas acquis « l’absolue conviction que c’est
seulement sur le plan international que peuvent être compris
et résolus les problèmes français » ? Le but qu’on se propose
est, à échéance plus ou moins lointaine, la formation des
« Etats-Unis de-TEurope libre 3. Ce projet majestueux a été
longuement examiné par la récente conférence socialiste inter
nationale qui n’a pu sortir des généralités. Néanmoins, si l’on
en croit le député d’Arras : « Tous les citoyens doivent savoir
que les socialiste^ de toute l’Europe attendent du socialisme
français qu’il prenne la tête de l’organisation européenne. »
Doit-on entendre par là que M. Guy Mollet pose sa candidature
à la présidence du futur gouvernement fédéral ? Il semble bien...
et nous nous associerions à l’hilarité planétaire que déclen-
>lan international que peuvent être compris
3 ‘ — 2 s — - — — ,e . 6) 3 5 r y— ■ — y, a g - ya — — 2a
cherait pareille prétention si la question allemande n’était pu
rement et simplement escamotée à la faveur de ces généreuses
divagations. Les socialistes sacrifient-ils nos droits aux répa
rut ions sur l’autel de la fédération européenne ? Voilà un point
sur lequel on aimerait connaître leur opinion.
2” année. -- N* 208.
PRIX ? 5 FRANCS
Directeur politique : Émile BURÉ
Défendant Jaffa
les Britanniques
allaquenl l’Irgoun
La Grande-Bretagne évacuera
la Palestine le 15 mai
confirme B EVIN
La bataille pour la Palestine
continue sur trois plans diffé
rents : militaire de Terre Sainte,
politique en Grande-Bretagne,
diplomatique à Lake Success, où
siège
Si
leurs
1’0. N. U.
Jaffa
tes Arabes ont arrêté tous
mouvements militaires et ne
semblent point devoir entrepren
dre une quelconque action d’en-
semble avant le 15 mai, l’Irgoun,
d’accord maintenant avec la Haga-
nah, attaque avec énergie dans
le secteur de Jaffa et ne se heurte
pas seulement aux Arabes mais
aux Britanniques.
Elle a occupé le quartier de
Mansieh tandis que la Haganah
opérait contre le parcours de Tol-
rish.
Le représentant local du haut
commissariat a fait savoir au mai
re de la ville juive de Tel Aviv,
M. Israël Rokach, que les trou
pes britanniques ne permettraient
pas aux unités juives d’occuper la
ville arabe de Jaffa et que, le cas
échéant, elles employeraient la
force.
L’rgoun n’a pas tenu compte
de cet avertissement et les trou
pes anglaises sont passées à l’atta
que contre les 2.000 combattants
de l’lrgoun.
Les habitants juifs de la cité
se précipitaient aussitôt dans les
rues pour manifester leur joie.
(IÀre la suite en troisième page.)
JEUDI
29 avril 1948,
AU CONSEIL DES MINISTRES '
REORGANISATION
DU HAUT COMMANDEMENT
Un Etat-major unique pour les trois armes
Le budget de la Défense nationale
est fixé à 300 milliards
Avant d’accorder une aide militaire
à l’Europe occidentale
les Etats-Unis veulent connaître
quelle sera sa stratégie défensive
Washington, 28 avril (de Paul
Scott Rankin, correspondant de
l’agence Reuter). — On a anpris
de source autorisée, hier, à Wa-
shington que des fonctionnaires
américains ont informé à, titre
privé des fonctionnaires des gou
vernements signataires du pacte
de Bruxelles qu’ils voudraient
connaître les détails d’une straté
gie défensive coordonnée pour
l’Europe occidentale,'avant que le
gouvernement américain puisse dé-
cider de. laide militaire à appor
ter.
Les milieux officiels de Wa-
shington présumant que le désir
américain de connaître des détail»
plus concrets concernant le plan
défensif de l’Union occidentale
pourrait constituer le, mobile d'uns
réunion-des ministres de la Défen
ses des cinq nations intéressées
Des personnalités officielles eu-
ropéenes soulignent toutefois que
dans son stade actuel ce problème
LA F.S.M. DÉFINIT
les mots d'ordre du er mai :
LUTTE CONTRE LA GUERRE
DÉFENSE DES LIBERTÉS DÉMOCRATIQUES ET SYNDICALES
AMÉLIORATION DU NIVEAU DE VIE
Comme chaque année, la Fédé-4 fascisme et le nzisme, contre
ration syndicale mondiale a pu
blié à l’occasion du 1er ma? un
manifeste qui définit les mots
d’ordre syndicaux de cette jour-
née internationale.
Ce document marque, par rap-
port aux années précédentes, un
« pas à gauche » notable q u i
n’est certes pas tant dans les
mots d’ordre formulés que dans
l’esprit qui est sous-jacent.
Dans ce manifeste, la F. S. M.
commence par définir ses ob-
jectifs généraux
poursuivie
jusqu’au bout la lutte contre le
La bombe Je chez Foyol
UNE LETTRE DE Mme PAUL DELESALLE
par ALEXANDRE ZÈVAÉS
Mme Paul Delesalle adresse à
Emile Buré la lettre suivante que
nous nous empressons de pu
blier :
Cher monsieur Buré,
Comment avez-vous pu accueil
lir dans votre journal cette in
formation contre Paul Delesalle,
vous qui avez connu sa jeunesse
et qui l’estimiez ?
Non, Paul Delesalle est abso
lument étranger à l’attentat de
chez Foyot.
Croyez-moi, cher monsieur, te
nons-nous-en à l’opinion de Lau
rent Tailhade : « La bombe de
chez Foyot était d’origine poli
cière. »
J’ai inhumé mon mari il y a
huit jours et je ne suis sortie de
l’ombre que pour vous demander
en souvenir de votre jeunesse de
publier ma protestation qui n’a
pour but que de rétablir la vé
rité.
Il me sera permis de dire que
cette lettre me surprend quel
que peu.
A quel mobile Mme Delesalle,
dont je respecte profondément la
grande douleur, a-t-elle obéi en
rédigeant ce démenti ?
N’étant pas mariée le 4 avril
1894, a-t-elle ignoré un acte que
Delesalle considérait par la suite
comme un péché de jeunesse et
que, depuis longtemps, il passait
sous silence ? Ou bien a-t-elle
cru bon, pour la mémoire de son
mari, de contester la réalité d’un
geste qu’étant donné ses
opinions anarchistes d'alors, De-
lesalle était loin de considérer
comme une mauvaise action ?...
Le lundi 5 octobre 1937, sous le
titre : « Le restaurant Foyot s’en
va... », j’écrivais dans l’ « Œu-
Laurent Tailhade a cru que la
bombe était d'origine policière.
Il s’est trompé sur ce point, et je
peux ici apporter une assurance
€ Pi
action des trusts et des mo-
Le scandale
Fe " —
du vin
commence
UNE LETTRE DE M. ZERBINI
ancien directeur du cabinet de M. Gouin
au Comité directeur de la 5. F. I. O.
Le comité directeur du parti socialiste a été saisi, le 8 avril, d’une
longue note de M. Zerbini, ancien directeur du cabinet
de M. Félix
Gouin. Cette lettre nous avons pu nous la procurer et nous la pu
blions ci-dessous.
Elle est la marque d’une révolte déjérente, elle pose
de si graves
questions, elle laisse deviner tant de choses qu’on peut dire que le
scandale du vin commence. De même que nous avons publié l’article
du président Blum au lendemain du verdict du procès Gouin-Farge
nous donnons ci-dessous la lettre de M. Zerbini ;
Paris, le 8 avril 1948.
M. Guy Mollet, secrétaire
général du parti 'socia
liste S. F. I. O.
Nous tenons d’ores et déjà à
remercier nos lecteurs des efforts
qu’ils font pour assurer le succès
de notre augmentation de capi
tal.
Nous avons reçu de nombreuses
souscriptions accompagnées des
appréciations les plus flatteuses
sur la tenue de notre journal.
Mais le succès rend exigeant et
nous adressons un pressant ap
pel à ceux qui n’ont pas encore
souscrit, nous leur demandons de
le faire vite, et à ceux qui ont
déjà souscrit, nous poussons l’au
dace jusqu’à leur demander de
faire dans leur entourage de la
propagande pour nous recruter
de nouveaux souscripteurs.
Le succès de l'Ordre de Paris
est à ce prix.
Si chaque lecteur souscrivait
une action, l’Ordre de Paris se-
rait assuré d’une longue vie ;
mais nous savons que malgré
leur désir tous nos lecteurs ne
peuvent consentir ce sacrifice ;
c’est pourquoi nous insistons au
près de ceux qui peuvent et leur
demandons de ne pas tarder à
s’inscrire.
Pour que l’Ordre de Paris vive;
Pour * que l’Ordre
maintienne
de Paris
sa fière indépen-
dance ;
Pour que
puisse continuer sa tâche,
formelle, car il m’a été donné de
connaître l’auteur de l’e.xplosion.
Le dynamiteur de Foyot était
un jeune homme de vingt-trois
ou vingt-quatre ans, anarchiste
convaincu, grisé par l’idéologie li
bertaire et croyant à la vertu de
la propagande par le fait, depuis
acquis au syndicalisme révolu
tionnaire. Abrité par quelques
amis, il réussit à échapper aux
recherches policières et judiciaires
et fut douloureusement surpris
lorsqu’il sut que son geste n’avait
fait d’autre victime que le poète
au verbe magnifique, dont il ad
mirait fort le talent.
Comme, quelques jours après la
publication de cet article, nous
nous rencontrions, Delesalle et
moi. sur le boulevard Saint-Michel
et que nous devisions au café de
la Source, la conversation vint à
tomber sur le « papier » de
l’ « Œuvre ». Je lui demandai si
cette allusion à un passé lointain
ne lui avait pas déplu.
— Ch ! me répondit-il, en sou
riant, c’est si vieux ! Qui se sou
vient, aujourd’hui, de l’affaire du
Foyot ? Je n’en parle jamais, les
gens n’y comprendraient rien... Si
je meurs avant toi, toi qui écris
des articles distingués, tu pourras
raconter cette aventure....
C’est ce que j’ai fait.
Le ton affectueux sur lequel
j’ai écrit mon article de l’ « Or
dre » prouve à Mme Delesalle
combien il était loin de ma pen
sée de lui être désagréable. Si
toutefois il en a été ainsi, je le
déplore sincèrement.
Mais par égard pour la vérité,
je ne puis que maintenir intégra
lement les termes de mon.récit.
nopoles capitalistes qui sont uns
menace constante pour les inté
rêts vitaux des travailleurs et
un danger pour la paix, pour la
sécurité collective ».
« Dans maints pays indique-
t-elle les salaires demeurent in
férieurs au minimum vital, * ou
anormalement bas par rapport
au coût de la vie. En outre, la
hausse constante des prix, la né
faste politique d’inflation de cer
tains gouvernements créent de
lourdes charges aux travailleurs
abaissent encore leur niveau de
vie et aggravent leurs conditions
d’existence. »
Et elle ajoute :
« La réaction dans son offen
sive contre la démocratie tente
d'entraver les libertés syndicales
et de priver les travailleurs de
leurs moyens collectifs d’expres-
«ion et de défense pour la sau
vegarde de leurs intérêts légiti
mes. »
Le manifeste du 1er mai exa
mine ensuite la conjoncture in
ternationale et, de ce point de
vue s’attache presque exclusive
ment à « dénoncer le danger de
guerre. »
« Les travailleurs, indique-t-il,
est du ressort des experts plutôt
que de celui des ministres.
Les experts auraient à discuter
des questions telles que le plan
d'un commandement unifié pour
les forces de l’Europe occidentale,
d’opérations conjointes et peut-être
la standardisation des équipements
militaires
Une personnalité officielle amé-
ricaine a .déclaré que les Etats-
Unis ne pourront prendre quel-
auengasement que ce soit avant
d'avoir recu des détails plus pré
cis de rUnion occidentale et des
informations supplémentaires con
cernant les besoins militaires de
«es membres.
Dans les milieux officiels on es
time que le récent voyage de Lon-
dres à Washington du général Sir
Leslie Mollis, secrétaire militaire
adjoint au cabinet britannique a eu
pour objet de mettre les chefs
d’état-major mixtes anglo-améri-
vains au courant des plans de
l'Europe occidentale.
Les milieux officiels américains
semblent déplorer l’accent mis
sur un prêt-bail militaire dans les
polémiques de presse ayant trait
à l’aide américaine pour l’Union
occidentale.
Ils ont l'impression qu’il devrait
v avoir une sorte d’engagement
diplomatique de la part des Etats-
Unis pour garantir l’Europe occi-
dentale contre une agression avant
que le stade du « prêt-bail mili
taire » soit atteint. Or. une déci
sion ne semble pas encore avoir
été prise sur la forme que revë-
tirait une telle garantie.
Le sénateur Vandenberg, prési-
dent de la Commission des Affaires
étrangères du Sénat américain dé
clara au cours d’un dîner : < Jus
qu’à présent nous n’avons pas en
core approfondi les possibilités
que peuvent offrir les arrange
ments régionaux des Nations
Unies. Un progrès vital peut être
réalisé dans cet" ordre d’idées et
je me risque à prédire qu’il le
sera.. Nous n’avons pas l’inten-
tion de rester isolés dans un
monde qui aurait été communisé
par conquête. »
Pour la première fois depuis
bien longtemps, il n’a pas été
question hier, au Conseil des mi
nistres. des oroblèmes économi
ques. Aussi bien, M. René Mayer
est à Londres. Comme prévu, les
membres du gouvernement n’ont
étudié que les projets militaires en
suspens. Une autre délibération
aura donc lieu ce matin. M. Geor
ges Bidault y aura la vedette et
l’on y désignera les représentants
de la France à la conférence des
$ Cinq » qui s’ouvre vendredi à
Londres. D ores et déjà, M. P.-H
Teitgen, ministre des Forces ar
mées, est en nom comme devant
faire partie de la délégation.
Le procès-verbal officiel de la
séance d’hier nous apprend ceci :
Sur la proposition de M. P.-H
Teitzen. le Conseil des ministres
a adopté un décret portant regrou-
pement des états-majors généraux
de la Guerre, de la Marine et de
l’Air, et création d’un état-major
combiné des Forces armées.
Il a également approuvé la créa-
tion d’une inspection générale des
Forces armées, commune aux trois
armes.
Le Conseil a approuvé en der
nière lecture le projet de loi rela
tif au recrutement de l’armée.
Enfiu, il a définitivement arrêté
le budget des Forces armées pour
l’exercice 1948.
Ces décisions sont importantes
Chartes PATOZ.
(Lire la suite en troisième page.)
Monsieur le
néral,
Depuis de longs
mais réagir sous
secrétaire gé-
mois, sans ja
quelque forme
que ce soit, j’ai laissé dire et ré-
pandre par une presse mal in
formée et parfois mal intention
née, que j’étais à n'en pas dou
ter, le véritable responsable d'un
soi-disant état de choses indéfi
nissable ; mais pour le moins sus
pect qui fait apparaître le cabi
net Gouin comme le point central
de je ne sais quelles combinaisons
d’affaires.
Cette attitude était celle d’un
homme qui, n’ayant rien à se re
procher si ce n’est les quelques
complaisances que l’on peut tou
jours relever contre les plus in
transigeants des directeurs de ca
binet, attendait sans aucune
crainte, le verdict de la seule vé
rité. Je dois avouer, qu’en l’occu
rence, j’ai été mal inspiré.
L’atmosphère créée autour de
mon nom, au lieu de se dissiper,
n’a fait que s’épaissir. Le hasard
n’est peut-être pas la seule cause
de ce curieux acheminement des
responsabilités.
Au point, que M. le ministre de
l’Intérieur lui-même a cru devoir
me signifier, il y a quelques jours,
qu’il ne pouvait, en l’état actuel
des choses, et compte tenu notam
ment du jugement intervenu dans
le procès Gouin contre Farge, me
confier un poste dans son admi
nistration et que, par ailleurs, il
(Lire la swite .en troisième page.)
LES ÉLECTIONS
aux Conseils généraux
vont-elles être retardées?
L’atmosphère du Palais-Bour
bon continue d’être préélectorale ;
les députés, qui ne veulent pas
entendre parler de dissolution,
s’entretiennent des élections aux
conformité de principe* qui sont,
d’ailleurs, fidèles à ceux de la
première République ; mai» cette
loi continue d’être . attendue,
comme s’il était concevable que,
conseils généraux, et pas toujours - dans une démocratie républicaine,
la Constitution ne soit pas res-
pour formuler le vœu qu’elles
aient lieu à la date légalement
envisagée du
tobre.
C’est ainsi
prochain mois d'oc-
qu'au sortir de la
l’Ordre
de Paris
Souscrivez. Merci !
BULLETIN DE SOUSCRIPTION
REVELATIONS
sur V expérience atomique
d’Eniwetok
Nom et prénoms
Adreese
déclare
Société
souscrire
actions à l’augmentation de capital de la
l’ « ORDRE DE PARIS », et vous prie de trouver Indus
chèque
de
montant de ma souscription.
Signature :
New-York. — Selon les milieux
les mieux informés, l’expérience
atomique d’Eniwetok, au cœur du
Pacifique, aurait eu pour but de
mettre au point un système per
mettant de détecter et de locali
ser à grande distance toute explo
sion atomique.
lies Etats-Unis désirent en effet
connaître ce que font les autres
pays en la matière et tendent a
parsemer le monde de ce système
de détection.
R. DANY.
(IÀre la suite en troisième page.)
Nouvel attentat en Indochine
Attaque contre Vautorail
Pnom Penh-Battambang
Saigon.. — Des Khmers Iss-
raks (race partisane du Siam,
donc antifrançaise et qui fut
auxiliaire fidèle des Japonais)
ont déboulonné un rail à l’ap-
proche de l’autorail Pnom Penh-
Battambang. Ce dernier dut s’ar
rêter et les balles des bandits eu
rent tôt fait d'y mettre le feu.
L’autorail brûla entièrement; huit
Français et deux Chinois ont été
tués. Plusieurs Indochinois ont
été blessés.
UN PLAN BELGE
pour la convertibilité
des devises des “Cinq”
Bruxelles, 28 avril (Reuter).
On apprend que la Belgique
a
mis sur oied un plan de converti
bilité des devises des cinq puis
sances signataires du pacte de
Bruxelles. Dénommé «Plan An-
ciaux » selon son auteur. M. Hu
bert Anciaux, directeur de la
Banque nationale de Belgique, ce
projet propose notamment deux
solutions aux problèmes qui se
poseront durant la période précé
dant la pleine efficacité du plan
Marshall.
Selon la première proposition,
les Cinq devraient créer un sys
tème de clearing basé sur un fonds
en dollars alimenté par les contri-
| butions de chaque pays bénéfi
ciant des crédits octroyés dans le
cadre du plan Marshall.
La seconde solution consisterait
à former un pool monétaire des
Cinq auquel serait versé le revenu
du commerce extérieur de chaque
pays participant
Chacune de ces solutions permet
trait aux quatre puissances parte
naires de la Belgique de réduire
leurs dettes vis-à-vis de cette der-
nière
LA QUOTIDIENNE de Pierre LŒWEL
On vous
66 3)
cause
Nouveau "départ"
dans l’affaire
de l’Aerium
Willy s’est présenté
à la police
Voilà question posée. Voici l’opi
nion publique saisie. A l’aide, tous
les grammairiens, tous les docteurs
de la langue française! C’est M.
Albert Bayet qui, dans les Lettres
françaises, attache le grelot. Oui ou
non est-il licite de dire : On vous
cause, et j’ai causé de cela ?
Vous me direz que poser la ques
tion. c’est la résoudre, que vous êtes
horrifiés comme moi d’entendre les
demoiselles du téléphone
la première formule, et
avez toujours tenu pour
qu’on cause de l’ennui à
employer
que vous
une règle
quelqu’un
mais qu’on lui parle de quelque
chose. Cependant Albert Bayet cite
Corneille qui a mis dans la bouche
d’un de ses personnages : < Lysis
m’aborde et tu veux me causer ! »
(La Place Royale) et Rousseau qui
a écrit dans ses Confessions : < Elle
me causa longtempi avec cette fami
liarité qui lui était naturelle. »
Je vous défie, après avoir consulté
Littré, de savoir très exactement s’il
condamne ou non la tournure. Sans
doute, déclare-t-il qu’on ne cause pas
à quelqu’un mais avec quelqu’un
mais il et lime séant qu’oncaues de
quelque chose — et même de choses
et d'auttet. « Pour mon fils, M. b
Maréchal n’a pas voulu le laisser
venir, il est le seul avec qui il caust
de toutes choses. » (Mme de Sévigné
dixit.) ,
Or je verse au dossier trois au
tres références recueillies au hasard
des lectures : < Lorsqu’il me de
mande l’histoire de mes amours et
que j’aimerais mieux causer d’autre
chose. » (Diderot. Jacques le Fa-
taliste.) < En aucun temps il ne m’a
été possible de surmonter cet' esprit
de retenue et de solitude intérieure
qui m’empêche de. causer de ce qui
me touche. > (Chateaubriand, Mé
moires d’outre-tombe) et Flaubert
(passim Education sentimentale')..
Alors ! A l’aide, Julien Teppe et
Gabriel Dauzat! Mais, quoique vous
décidiez, vivent les puristes dont h
ervur défaut quand, se laissant in-
différemment imposer ou en imposer
par Littré, ils entendent des gens
dire qu’ils se < rappellent d’ > avoir
lu dans son dictionnaire qu’on peut
causer, non de l’étonnement, mais
5 des » difficultés de la langue fran-
çaiss U ; oh , r
commission de la Défense natio
nale, dont il fut, à l’Assemblée
consultative d’Alger et de Pari»,
le très actif président, M. Edouard
Froment, député socialiste S.F.1.0.
de l’Ardèche, nous exposait les
arguments que l’on peut faire
prévaloir en faveur d’un ajourne
ment à trois années.
« Le premier, nous disait-il,
est le respect de la Constitution.
Elle a prescrit une loi, qui doit
fixer les attributions des prési
dents de conseils généraux, en
pectée.
En second lieu, la durée du
mandat cantonal pose une autre
question de droit public. Le
renouvellement par moitié des
conseils généraux avait été insti
tué en raison de l’alternance avec
celui des conseils d’arrondisse
ment, si bien que toute la France
était en fait consultée simulta
nément tous les trois ans. Mais
à présent que les conseils d’ar-
rondissement ont été supprimés,
aucune raison ne subsiste pour
que le renouvellement des conseils
ROBERT- PYMIENTA.
(IÀre la suite en troisième page.)
Cependant qu’à Chabanne su?
l’ordre du ministère de la Santé
publique < on liquide » la maison
d’enfants et que les jeunes' pen
sionnaires s’apprêtent à rejoin
dre leur famille, de graves mes
sieurs poursuivent leurs recher
ches. Les premiers résultats de
la contre-autopsie du corps de
Louis David semblent confirmer
les conclusions du docteur Patu-
ret. Les experts ne pourront néan
moins remettre leur rapport
avant trois semaines. On sait déjà
que des traces caractéristiques
de strangulation ont été relevées
au-dessus de la pomme d’Adam
ce qui écarterait l'hypothèse se
lon laquelle Louis David aurait
été étranglé à l’aide de sa cravate
au moment de la toilette. Pen
dant que les enquêteurs enregis
traient cette première certitude,
M. Rey, juge d’instruction de
Thiers, réduisait /< le mystère
Willy >. Ce dernier, dont le nom
est René Ancel, est de nationalité
française et habite Saint-Cloud.
Il s’est déclaré administrateur de
sociétés, et titulaire .de la Légion
d’honneur. Accompagné de son
avocat, M* Félici du barreau de
Paris, il a reconnu avoir dîné en
compagnie de Mme David et de
la sœur de celle-ci dans la soirée
du 16 avril à Clermont-Ferrand.
Le 17, il serait reparti à Paris.
Le juge d’instruction après l’in-
terrogatoire. s'est refusé à toutes
déclarations, cependant que Willy
« Ancel » à sa sortie du Palais
de justice déclarait à un de nos .
confrères qu’il n’était rentré à
Paris que le 20. Il est évident
que l’enquête peut à dater d’au-
jourd’hui prendre une direction
nouvelle, compte tenu de l’audi
tion de ce témoin, qui s’est pour
le moins fait attendre.
Autre élément nouveau, Fran
cine David aurait quelques heures
avant la nuit tragique menacé
de mort son mari le traitant no
tamment < de lâche et de traî
tre ».
Les renseignements généraux
de la Sûreté nationale continuent
de leur côté une enquête dans
certains milieux politiques de la
capitale.
L’affaire de « l’aérium », si fer
tile en coups de théâtre, appor
tera encore de nombreuses sur-
prises aux enquêteurs.
S.-M. GORLIN.
TRIBUNE LIBRE DE L
ORDRE DE PARIS^
Un redresseur de torts
par Julien BENDA
Dans un récent article,. intitulé « Candeur ou
mauvaise foi » (1), je signalais cette déclaration du
Manchester Guardian à propos des derniers événe
ments de Tchécoslovaquie : « L’agression russe
ne le cède en rien du point de vue de sa rapidité
et de sa violence à celle de Hitler et Gottwald se
révèle aussi cruel que Henlein » et m’avouai»
confondu de la grossièreté d’une telle identification.
Un lecteur, dans une lettre publiée hier ici-même,
croit devoir protester qu’il ne s’agit pas là d’une
identification, mais d’une « comparaison ». Mar
chons pour la « comparaison ». Je tiens qu’il n’y a
rien de « comparable » entre la politique russe
ici en cause et la cynique violation d’un traité
comme la réoccupation de la Rhénanie, l’annexion
(non politique, mais matérielle) d’un territoire
comme fut l’Anschluss, l’entrée dans une capitale
étrangère, musique en tête, comme celle de l’armée
allemande à Prague le 18 mars 1939. Je cherche
aussi ce qu’il y a de « comparable », dans l’attitude
soviétique, aux déclarations de Hitler, proclamant
que l’Allemagne est une « race de seigneurs »,
dont la biologie veut que les autre» peuples soient
les esclaves ; ou annonçant à se» ministres, le
10 novembre 1937 : « Les perspectives de l’éco
nomie du III e Reich sont telles qu’il est devenu
absolument nécessaire de conquérir de nouveaux
territoires », et encore : « L’avantage à retirer de
l’opération tchèque et autrichienne serait considé-
rable. En effet, l’incorporation de ce» deux États
à l’Allemagne assurerait des possibilités de ravi
taillement pour cinq ou six millions d’hommes, étant
entendu que nous procéderions à une émigration
forcée de deux millions de Tchèques et d’un million
d’Autrichiens » (2). On se demande ce qu’il y a
de « comparable », chez les dirigeants russes, à
ce froid dépècement de ses voisins par un fauve
en quête de manger. Enfin, nos « comparateur» >
oublient que la guerre de 1939 fut suscitée par une
injure du reître allemand à leur adresse, l’invasion
de la Pologne, alors que celle de demain le serait
par eux pour écraser une nation qui, matériellement,
ne les viole en rien, mais dont l’idéologie inquiète
leurs comptes de banque. Là « comparaison »,
shère à mon puriste, ne me semble ici pas plus
soutenable que l’identification.
Dans le même article, je demandai» à ceux qui
s’indignent de ce que le nouveau gouvernement de
Prague a pris le pouvoir par la force qu'ils veuillent
bien me citer un parti qui, se voyant contester ls
pouvoir par une puissante opposition, ne l’a pas
pris par la force, y compris les démocraties, quand
elles font décapiter Charles Ier et Louis XVI
Mon redresseur de torts m’assène qu’il y a un
autre moyen de prendre le pouvoir, c’est de
l’obtenir d’une majorité parlementaire ; autrement
dit, que la force est inutile quand la prise du
pouvoir ne vous est refusée que par une opposition
faible. Chose dont nous sommes tous d’accord.
Mon censeur évoque ma position à l’égard du
communisme, dont j’aurais déclaré que « je
condamnais les idées et approuvais les actes ».
Il ajoute, non sans pitié pour mes méninges z
« Comprenne qui pourra ! » Mes lecteurs semblent
avoir fort bien compris, comme je l’expliquai ici-
même (3) que j’approuvais, non pas les actes du
communisme, mais certains d’entre eux que je
précisais — l’exigence d’une vraie épuration, de la
suppression du régime Franco, de la participation
de la classe ouvrière au gouvernement de la
nation — cependant que je ne marchais nullement
pour la dialectique marxiste, le matérialisme
historique ou autre article viscéral du dogme. C’est
ainsi qu’il y a douze ans j’approuvai l’attitude
de f Action Française exigeant une réplique à la
réoccupation de la Rhénanie, hors de toute adhésion
de ma part aux doctrines maurrassiennes. Il y a là
une distinction grosse comme un câble, mais que
je ne ferai jamais comprendre aux tètes de bois
qui entendent qu’on approuve ou vomisse un parti
en bloc, et sont inaptes à tout nuancement.
Enfin mon Mentor veut bien reconnaître que
la liberté comporte de» risques et qu’en plaçant,
au nom de la liberté, certains hommes dans ses
plus hauts poste», la démocratie fut trahie par
eux en 1940 (encore que leur trahison ait été,
paraît-il, plutôt « inconsciente »). Il ajoute que
« tous les régimes sont sujets à de telles faiblesses ».
Du moins peuvent-ils s’efforcer de les éviter ; c’est
à quoi s’emploie le régime tchécolovaque et beau
coup trop peu le régime français.
Quant au lamenta de mon correspondant sur le
confusionnisme de mon esprit, mes lecteurs diront
s’ils l’homologuent ou s’il les fait rire.
(14 L’Ordre du 27 mars 1948.
(2) Comptes rendus du procès de Nuremberg publié*
par les autorités américaines. Voir la Tribune des
■luttions du 2 mars 1948.
($) WOrdr» du 4 nerswbre 194%.
12 carabiniers à Jérusalem^
Pourvu qu’ils n'arrivent pas trop tard !
IUI4HK
DE CLICHY
par René SAIVE
Il faut rendre aux dirigeants du parti socialiste cette jus
tice : ils ont la foi chevillée au corps. Lorsqu’on lit les comptes
rendus que consacre le Populaire aux travaux de Clichy, on
est stupéfait par l'aplomb de certains orateurs. M. Guy Mollet,
qui ne doute de rien, constate « que le parti s’élance avec un
dynamisme accru à la conquête de nouvelles positions ».. M
André Philip ajoute : « L’ère de la défensive est passée. Le
parti doit aller de l’avant avec une ardeur nouvelle. » Quant
au délégué du Loiret, M. Roux, il s’entête à penser qu’au mois
de juillet le Congrès pourra s’écrier : « Le socialisme est plus
fort que jamais ! » Ces messieurs vivent dans un univers cour-
telinesque où l’on affiche à l’envers la courbe des statistiques
électorales, ce qui donne à sa chute verticale l’aspect d’une
montée en flèche. Si l’avenir est aux optimistes, nous n’osons
dire : aux inconscients, il y a encore de beaux jours pour la
section française de l’Internationale ouvrière.
La crise d’effectifs que traverse cette dernière, l’atonie de
plus en plus évidente de troupes désenchantées que, la lanterne
à la main, les Soubises fédéraux cherchent dans une obscurité
croissante, méritaient mieux que le silence. Car l'amenuise
ment progressif du parti socialiste rend singulièrement illu
soires ses ambitions nationales et européennes.
Ambitions nationales ? Elles sont nettement exprimées par
M. Leenhardt. « Entre la participation au gouvernement et la
non-participation, dit-il. il y a place pour une solution hardie,
permettant au parti de se faire respecter en faisant trioinpher,
au sein du cabinet, les solutions socialistes. » En d’autres ter
mes, le cabinet de coalition de M. Schuman ne saurait prati
quer d’autre politique que celle d'un cabinet socialiste homo
gène. Il faut, bien entendu, compter avec des circonstances mal
heureuses qui interdisent momentanément à ces rêves impè
violistes de prendre corps. C’est ainsi que « le double danger
communo-gaulliste > oblige à des concessions — M. Lamarque-
Caudo laisse entrevoir un accord sur le problème de la presse
et sur le problème militaire —, mais il s’agit beaucoup plus
pour le parti d’empêcher < le triomphe de l’un ou de l’autre
de ses adversaires », triomphe qui « serait la négation même
du socialisme », que de consolider la position politique de ses
associés. Le caractère provisoire de l’alliance avec le M.R.P.
apparaît alors avec autant d’éclat que sa fragilité. Cette alliance
a été conclue sous la pression des événements. Elle se disso
ciera dès que les événements auront cessé de « commander »,
le socialisme français supportant avec impatience une coha
bitation dont M. Collet, délégué de la Sarthe, avoue qu'elle est
troublée par « l’activité réactionnaire et cléricale > de la dé
mocratie chrétienne et qu’elle ne préfigure d'aucune manière
« une troisième force progressive ». Aussi bien était-il vain
de penser que Marx pût se compromettre longtemps avec le
( hrist et inversement. L’un exclut l’autre aussi sûrement que
le socialisme exclut le capitalisme. Il n’est donc pas mauvais
que les amis de M. Léon Blum réaffirment leurs principes phi
losophiques : en dissipant l’équivoque sur laquelle ils fondèrent
la Troisième Force, ils s’abusent sans doute sur les chances
qu’ils ont de revenir seuls aux leviers de commande, mais ils
rendent un service inestimable à ceux qui pouvaient croire à
la pérennité de leurs serments d’amour.
Ceci dit, les orateurs de Clichy, accordent à la situation
mondiale plus d’importance encore qu’à la situation intérieure.
M. Guy Mollet n’a-t-il pas acquis « l’absolue conviction que c’est
seulement sur le plan international que peuvent être compris
et résolus les problèmes français » ? Le but qu’on se propose
est, à échéance plus ou moins lointaine, la formation des
« Etats-Unis de-TEurope libre 3. Ce projet majestueux a été
longuement examiné par la récente conférence socialiste inter
nationale qui n’a pu sortir des généralités. Néanmoins, si l’on
en croit le député d’Arras : « Tous les citoyens doivent savoir
que les socialiste^ de toute l’Europe attendent du socialisme
français qu’il prenne la tête de l’organisation européenne. »
Doit-on entendre par là que M. Guy Mollet pose sa candidature
à la présidence du futur gouvernement fédéral ? Il semble bien...
et nous nous associerions à l’hilarité planétaire que déclen-
>lan international que peuvent être compris
3 ‘ — 2 s — - — — ,e . 6) 3 5 r y— ■ — y, a g - ya — — 2a
cherait pareille prétention si la question allemande n’était pu
rement et simplement escamotée à la faveur de ces généreuses
divagations. Les socialistes sacrifient-ils nos droits aux répa
rut ions sur l’autel de la fédération européenne ? Voilà un point
sur lequel on aimerait connaître leur opinion.
2” année. -- N* 208.
PRIX ? 5 FRANCS
Directeur politique : Émile BURÉ
Défendant Jaffa
les Britanniques
allaquenl l’Irgoun
La Grande-Bretagne évacuera
la Palestine le 15 mai
confirme B EVIN
La bataille pour la Palestine
continue sur trois plans diffé
rents : militaire de Terre Sainte,
politique en Grande-Bretagne,
diplomatique à Lake Success, où
siège
Si
leurs
1’0. N. U.
Jaffa
tes Arabes ont arrêté tous
mouvements militaires et ne
semblent point devoir entrepren
dre une quelconque action d’en-
semble avant le 15 mai, l’Irgoun,
d’accord maintenant avec la Haga-
nah, attaque avec énergie dans
le secteur de Jaffa et ne se heurte
pas seulement aux Arabes mais
aux Britanniques.
Elle a occupé le quartier de
Mansieh tandis que la Haganah
opérait contre le parcours de Tol-
rish.
Le représentant local du haut
commissariat a fait savoir au mai
re de la ville juive de Tel Aviv,
M. Israël Rokach, que les trou
pes britanniques ne permettraient
pas aux unités juives d’occuper la
ville arabe de Jaffa et que, le cas
échéant, elles employeraient la
force.
L’rgoun n’a pas tenu compte
de cet avertissement et les trou
pes anglaises sont passées à l’atta
que contre les 2.000 combattants
de l’lrgoun.
Les habitants juifs de la cité
se précipitaient aussitôt dans les
rues pour manifester leur joie.
(IÀre la suite en troisième page.)
JEUDI
29 avril 1948,
AU CONSEIL DES MINISTRES '
REORGANISATION
DU HAUT COMMANDEMENT
Un Etat-major unique pour les trois armes
Le budget de la Défense nationale
est fixé à 300 milliards
Avant d’accorder une aide militaire
à l’Europe occidentale
les Etats-Unis veulent connaître
quelle sera sa stratégie défensive
Washington, 28 avril (de Paul
Scott Rankin, correspondant de
l’agence Reuter). — On a anpris
de source autorisée, hier, à Wa-
shington que des fonctionnaires
américains ont informé à, titre
privé des fonctionnaires des gou
vernements signataires du pacte
de Bruxelles qu’ils voudraient
connaître les détails d’une straté
gie défensive coordonnée pour
l’Europe occidentale,'avant que le
gouvernement américain puisse dé-
cider de. laide militaire à appor
ter.
Les milieux officiels de Wa-
shington présumant que le désir
américain de connaître des détail»
plus concrets concernant le plan
défensif de l’Union occidentale
pourrait constituer le, mobile d'uns
réunion-des ministres de la Défen
ses des cinq nations intéressées
Des personnalités officielles eu-
ropéenes soulignent toutefois que
dans son stade actuel ce problème
LA F.S.M. DÉFINIT
les mots d'ordre du er mai :
LUTTE CONTRE LA GUERRE
DÉFENSE DES LIBERTÉS DÉMOCRATIQUES ET SYNDICALES
AMÉLIORATION DU NIVEAU DE VIE
Comme chaque année, la Fédé-4 fascisme et le nzisme, contre
ration syndicale mondiale a pu
blié à l’occasion du 1er ma? un
manifeste qui définit les mots
d’ordre syndicaux de cette jour-
née internationale.
Ce document marque, par rap-
port aux années précédentes, un
« pas à gauche » notable q u i
n’est certes pas tant dans les
mots d’ordre formulés que dans
l’esprit qui est sous-jacent.
Dans ce manifeste, la F. S. M.
commence par définir ses ob-
jectifs généraux
poursuivie
jusqu’au bout la lutte contre le
La bombe Je chez Foyol
UNE LETTRE DE Mme PAUL DELESALLE
par ALEXANDRE ZÈVAÉS
Mme Paul Delesalle adresse à
Emile Buré la lettre suivante que
nous nous empressons de pu
blier :
Cher monsieur Buré,
Comment avez-vous pu accueil
lir dans votre journal cette in
formation contre Paul Delesalle,
vous qui avez connu sa jeunesse
et qui l’estimiez ?
Non, Paul Delesalle est abso
lument étranger à l’attentat de
chez Foyot.
Croyez-moi, cher monsieur, te
nons-nous-en à l’opinion de Lau
rent Tailhade : « La bombe de
chez Foyot était d’origine poli
cière. »
J’ai inhumé mon mari il y a
huit jours et je ne suis sortie de
l’ombre que pour vous demander
en souvenir de votre jeunesse de
publier ma protestation qui n’a
pour but que de rétablir la vé
rité.
Il me sera permis de dire que
cette lettre me surprend quel
que peu.
A quel mobile Mme Delesalle,
dont je respecte profondément la
grande douleur, a-t-elle obéi en
rédigeant ce démenti ?
N’étant pas mariée le 4 avril
1894, a-t-elle ignoré un acte que
Delesalle considérait par la suite
comme un péché de jeunesse et
que, depuis longtemps, il passait
sous silence ? Ou bien a-t-elle
cru bon, pour la mémoire de son
mari, de contester la réalité d’un
geste qu’étant donné ses
opinions anarchistes d'alors, De-
lesalle était loin de considérer
comme une mauvaise action ?...
Le lundi 5 octobre 1937, sous le
titre : « Le restaurant Foyot s’en
va... », j’écrivais dans l’ « Œu-
Laurent Tailhade a cru que la
bombe était d'origine policière.
Il s’est trompé sur ce point, et je
peux ici apporter une assurance
€ Pi
action des trusts et des mo-
Le scandale
Fe " —
du vin
commence
UNE LETTRE DE M. ZERBINI
ancien directeur du cabinet de M. Gouin
au Comité directeur de la 5. F. I. O.
Le comité directeur du parti socialiste a été saisi, le 8 avril, d’une
longue note de M. Zerbini, ancien directeur du cabinet
de M. Félix
Gouin. Cette lettre nous avons pu nous la procurer et nous la pu
blions ci-dessous.
Elle est la marque d’une révolte déjérente, elle pose
de si graves
questions, elle laisse deviner tant de choses qu’on peut dire que le
scandale du vin commence. De même que nous avons publié l’article
du président Blum au lendemain du verdict du procès Gouin-Farge
nous donnons ci-dessous la lettre de M. Zerbini ;
Paris, le 8 avril 1948.
M. Guy Mollet, secrétaire
général du parti 'socia
liste S. F. I. O.
Nous tenons d’ores et déjà à
remercier nos lecteurs des efforts
qu’ils font pour assurer le succès
de notre augmentation de capi
tal.
Nous avons reçu de nombreuses
souscriptions accompagnées des
appréciations les plus flatteuses
sur la tenue de notre journal.
Mais le succès rend exigeant et
nous adressons un pressant ap
pel à ceux qui n’ont pas encore
souscrit, nous leur demandons de
le faire vite, et à ceux qui ont
déjà souscrit, nous poussons l’au
dace jusqu’à leur demander de
faire dans leur entourage de la
propagande pour nous recruter
de nouveaux souscripteurs.
Le succès de l'Ordre de Paris
est à ce prix.
Si chaque lecteur souscrivait
une action, l’Ordre de Paris se-
rait assuré d’une longue vie ;
mais nous savons que malgré
leur désir tous nos lecteurs ne
peuvent consentir ce sacrifice ;
c’est pourquoi nous insistons au
près de ceux qui peuvent et leur
demandons de ne pas tarder à
s’inscrire.
Pour que l’Ordre de Paris vive;
Pour * que l’Ordre
maintienne
de Paris
sa fière indépen-
dance ;
Pour que
puisse continuer sa tâche,
formelle, car il m’a été donné de
connaître l’auteur de l’e.xplosion.
Le dynamiteur de Foyot était
un jeune homme de vingt-trois
ou vingt-quatre ans, anarchiste
convaincu, grisé par l’idéologie li
bertaire et croyant à la vertu de
la propagande par le fait, depuis
acquis au syndicalisme révolu
tionnaire. Abrité par quelques
amis, il réussit à échapper aux
recherches policières et judiciaires
et fut douloureusement surpris
lorsqu’il sut que son geste n’avait
fait d’autre victime que le poète
au verbe magnifique, dont il ad
mirait fort le talent.
Comme, quelques jours après la
publication de cet article, nous
nous rencontrions, Delesalle et
moi. sur le boulevard Saint-Michel
et que nous devisions au café de
la Source, la conversation vint à
tomber sur le « papier » de
l’ « Œuvre ». Je lui demandai si
cette allusion à un passé lointain
ne lui avait pas déplu.
— Ch ! me répondit-il, en sou
riant, c’est si vieux ! Qui se sou
vient, aujourd’hui, de l’affaire du
Foyot ? Je n’en parle jamais, les
gens n’y comprendraient rien... Si
je meurs avant toi, toi qui écris
des articles distingués, tu pourras
raconter cette aventure....
C’est ce que j’ai fait.
Le ton affectueux sur lequel
j’ai écrit mon article de l’ « Or
dre » prouve à Mme Delesalle
combien il était loin de ma pen
sée de lui être désagréable. Si
toutefois il en a été ainsi, je le
déplore sincèrement.
Mais par égard pour la vérité,
je ne puis que maintenir intégra
lement les termes de mon.récit.
nopoles capitalistes qui sont uns
menace constante pour les inté
rêts vitaux des travailleurs et
un danger pour la paix, pour la
sécurité collective ».
« Dans maints pays indique-
t-elle les salaires demeurent in
férieurs au minimum vital, * ou
anormalement bas par rapport
au coût de la vie. En outre, la
hausse constante des prix, la né
faste politique d’inflation de cer
tains gouvernements créent de
lourdes charges aux travailleurs
abaissent encore leur niveau de
vie et aggravent leurs conditions
d’existence. »
Et elle ajoute :
« La réaction dans son offen
sive contre la démocratie tente
d'entraver les libertés syndicales
et de priver les travailleurs de
leurs moyens collectifs d’expres-
«ion et de défense pour la sau
vegarde de leurs intérêts légiti
mes. »
Le manifeste du 1er mai exa
mine ensuite la conjoncture in
ternationale et, de ce point de
vue s’attache presque exclusive
ment à « dénoncer le danger de
guerre. »
« Les travailleurs, indique-t-il,
est du ressort des experts plutôt
que de celui des ministres.
Les experts auraient à discuter
des questions telles que le plan
d'un commandement unifié pour
les forces de l’Europe occidentale,
d’opérations conjointes et peut-être
la standardisation des équipements
militaires
Une personnalité officielle amé-
ricaine a .déclaré que les Etats-
Unis ne pourront prendre quel-
auengasement que ce soit avant
d'avoir recu des détails plus pré
cis de rUnion occidentale et des
informations supplémentaires con
cernant les besoins militaires de
«es membres.
Dans les milieux officiels on es
time que le récent voyage de Lon-
dres à Washington du général Sir
Leslie Mollis, secrétaire militaire
adjoint au cabinet britannique a eu
pour objet de mettre les chefs
d’état-major mixtes anglo-améri-
vains au courant des plans de
l'Europe occidentale.
Les milieux officiels américains
semblent déplorer l’accent mis
sur un prêt-bail militaire dans les
polémiques de presse ayant trait
à l’aide américaine pour l’Union
occidentale.
Ils ont l'impression qu’il devrait
v avoir une sorte d’engagement
diplomatique de la part des Etats-
Unis pour garantir l’Europe occi-
dentale contre une agression avant
que le stade du « prêt-bail mili
taire » soit atteint. Or. une déci
sion ne semble pas encore avoir
été prise sur la forme que revë-
tirait une telle garantie.
Le sénateur Vandenberg, prési-
dent de la Commission des Affaires
étrangères du Sénat américain dé
clara au cours d’un dîner : < Jus
qu’à présent nous n’avons pas en
core approfondi les possibilités
que peuvent offrir les arrange
ments régionaux des Nations
Unies. Un progrès vital peut être
réalisé dans cet" ordre d’idées et
je me risque à prédire qu’il le
sera.. Nous n’avons pas l’inten-
tion de rester isolés dans un
monde qui aurait été communisé
par conquête. »
Pour la première fois depuis
bien longtemps, il n’a pas été
question hier, au Conseil des mi
nistres. des oroblèmes économi
ques. Aussi bien, M. René Mayer
est à Londres. Comme prévu, les
membres du gouvernement n’ont
étudié que les projets militaires en
suspens. Une autre délibération
aura donc lieu ce matin. M. Geor
ges Bidault y aura la vedette et
l’on y désignera les représentants
de la France à la conférence des
$ Cinq » qui s’ouvre vendredi à
Londres. D ores et déjà, M. P.-H
Teitgen, ministre des Forces ar
mées, est en nom comme devant
faire partie de la délégation.
Le procès-verbal officiel de la
séance d’hier nous apprend ceci :
Sur la proposition de M. P.-H
Teitzen. le Conseil des ministres
a adopté un décret portant regrou-
pement des états-majors généraux
de la Guerre, de la Marine et de
l’Air, et création d’un état-major
combiné des Forces armées.
Il a également approuvé la créa-
tion d’une inspection générale des
Forces armées, commune aux trois
armes.
Le Conseil a approuvé en der
nière lecture le projet de loi rela
tif au recrutement de l’armée.
Enfiu, il a définitivement arrêté
le budget des Forces armées pour
l’exercice 1948.
Ces décisions sont importantes
Chartes PATOZ.
(Lire la suite en troisième page.)
Monsieur le
néral,
Depuis de longs
mais réagir sous
secrétaire gé-
mois, sans ja
quelque forme
que ce soit, j’ai laissé dire et ré-
pandre par une presse mal in
formée et parfois mal intention
née, que j’étais à n'en pas dou
ter, le véritable responsable d'un
soi-disant état de choses indéfi
nissable ; mais pour le moins sus
pect qui fait apparaître le cabi
net Gouin comme le point central
de je ne sais quelles combinaisons
d’affaires.
Cette attitude était celle d’un
homme qui, n’ayant rien à se re
procher si ce n’est les quelques
complaisances que l’on peut tou
jours relever contre les plus in
transigeants des directeurs de ca
binet, attendait sans aucune
crainte, le verdict de la seule vé
rité. Je dois avouer, qu’en l’occu
rence, j’ai été mal inspiré.
L’atmosphère créée autour de
mon nom, au lieu de se dissiper,
n’a fait que s’épaissir. Le hasard
n’est peut-être pas la seule cause
de ce curieux acheminement des
responsabilités.
Au point, que M. le ministre de
l’Intérieur lui-même a cru devoir
me signifier, il y a quelques jours,
qu’il ne pouvait, en l’état actuel
des choses, et compte tenu notam
ment du jugement intervenu dans
le procès Gouin contre Farge, me
confier un poste dans son admi
nistration et que, par ailleurs, il
(Lire la swite .en troisième page.)
LES ÉLECTIONS
aux Conseils généraux
vont-elles être retardées?
L’atmosphère du Palais-Bour
bon continue d’être préélectorale ;
les députés, qui ne veulent pas
entendre parler de dissolution,
s’entretiennent des élections aux
conformité de principe* qui sont,
d’ailleurs, fidèles à ceux de la
première République ; mai» cette
loi continue d’être . attendue,
comme s’il était concevable que,
conseils généraux, et pas toujours - dans une démocratie républicaine,
la Constitution ne soit pas res-
pour formuler le vœu qu’elles
aient lieu à la date légalement
envisagée du
tobre.
C’est ainsi
prochain mois d'oc-
qu'au sortir de la
l’Ordre
de Paris
Souscrivez. Merci !
BULLETIN DE SOUSCRIPTION
REVELATIONS
sur V expérience atomique
d’Eniwetok
Nom et prénoms
Adreese
déclare
Société
souscrire
actions à l’augmentation de capital de la
l’ « ORDRE DE PARIS », et vous prie de trouver Indus
chèque
de
montant de ma souscription.
Signature :
New-York. — Selon les milieux
les mieux informés, l’expérience
atomique d’Eniwetok, au cœur du
Pacifique, aurait eu pour but de
mettre au point un système per
mettant de détecter et de locali
ser à grande distance toute explo
sion atomique.
lies Etats-Unis désirent en effet
connaître ce que font les autres
pays en la matière et tendent a
parsemer le monde de ce système
de détection.
R. DANY.
(IÀre la suite en troisième page.)
Nouvel attentat en Indochine
Attaque contre Vautorail
Pnom Penh-Battambang
Saigon.. — Des Khmers Iss-
raks (race partisane du Siam,
donc antifrançaise et qui fut
auxiliaire fidèle des Japonais)
ont déboulonné un rail à l’ap-
proche de l’autorail Pnom Penh-
Battambang. Ce dernier dut s’ar
rêter et les balles des bandits eu
rent tôt fait d'y mettre le feu.
L’autorail brûla entièrement; huit
Français et deux Chinois ont été
tués. Plusieurs Indochinois ont
été blessés.
UN PLAN BELGE
pour la convertibilité
des devises des “Cinq”
Bruxelles, 28 avril (Reuter).
On apprend que la Belgique
a
mis sur oied un plan de converti
bilité des devises des cinq puis
sances signataires du pacte de
Bruxelles. Dénommé «Plan An-
ciaux » selon son auteur. M. Hu
bert Anciaux, directeur de la
Banque nationale de Belgique, ce
projet propose notamment deux
solutions aux problèmes qui se
poseront durant la période précé
dant la pleine efficacité du plan
Marshall.
Selon la première proposition,
les Cinq devraient créer un sys
tème de clearing basé sur un fonds
en dollars alimenté par les contri-
| butions de chaque pays bénéfi
ciant des crédits octroyés dans le
cadre du plan Marshall.
La seconde solution consisterait
à former un pool monétaire des
Cinq auquel serait versé le revenu
du commerce extérieur de chaque
pays participant
Chacune de ces solutions permet
trait aux quatre puissances parte
naires de la Belgique de réduire
leurs dettes vis-à-vis de cette der-
nière
LA QUOTIDIENNE de Pierre LŒWEL
On vous
66 3)
cause
Nouveau "départ"
dans l’affaire
de l’Aerium
Willy s’est présenté
à la police
Voilà question posée. Voici l’opi
nion publique saisie. A l’aide, tous
les grammairiens, tous les docteurs
de la langue française! C’est M.
Albert Bayet qui, dans les Lettres
françaises, attache le grelot. Oui ou
non est-il licite de dire : On vous
cause, et j’ai causé de cela ?
Vous me direz que poser la ques
tion. c’est la résoudre, que vous êtes
horrifiés comme moi d’entendre les
demoiselles du téléphone
la première formule, et
avez toujours tenu pour
qu’on cause de l’ennui à
employer
que vous
une règle
quelqu’un
mais qu’on lui parle de quelque
chose. Cependant Albert Bayet cite
Corneille qui a mis dans la bouche
d’un de ses personnages : < Lysis
m’aborde et tu veux me causer ! »
(La Place Royale) et Rousseau qui
a écrit dans ses Confessions : < Elle
me causa longtempi avec cette fami
liarité qui lui était naturelle. »
Je vous défie, après avoir consulté
Littré, de savoir très exactement s’il
condamne ou non la tournure. Sans
doute, déclare-t-il qu’on ne cause pas
à quelqu’un mais avec quelqu’un
mais il et lime séant qu’oncaues de
quelque chose — et même de choses
et d'auttet. « Pour mon fils, M. b
Maréchal n’a pas voulu le laisser
venir, il est le seul avec qui il caust
de toutes choses. » (Mme de Sévigné
dixit.) ,
Or je verse au dossier trois au
tres références recueillies au hasard
des lectures : < Lorsqu’il me de
mande l’histoire de mes amours et
que j’aimerais mieux causer d’autre
chose. » (Diderot. Jacques le Fa-
taliste.) < En aucun temps il ne m’a
été possible de surmonter cet' esprit
de retenue et de solitude intérieure
qui m’empêche de. causer de ce qui
me touche. > (Chateaubriand, Mé
moires d’outre-tombe) et Flaubert
(passim Education sentimentale')..
Alors ! A l’aide, Julien Teppe et
Gabriel Dauzat! Mais, quoique vous
décidiez, vivent les puristes dont h
ervur défaut quand, se laissant in-
différemment imposer ou en imposer
par Littré, ils entendent des gens
dire qu’ils se < rappellent d’ > avoir
lu dans son dictionnaire qu’on peut
causer, non de l’étonnement, mais
5 des » difficultés de la langue fran-
çaiss U ; oh , r
commission de la Défense natio
nale, dont il fut, à l’Assemblée
consultative d’Alger et de Pari»,
le très actif président, M. Edouard
Froment, député socialiste S.F.1.0.
de l’Ardèche, nous exposait les
arguments que l’on peut faire
prévaloir en faveur d’un ajourne
ment à trois années.
« Le premier, nous disait-il,
est le respect de la Constitution.
Elle a prescrit une loi, qui doit
fixer les attributions des prési
dents de conseils généraux, en
pectée.
En second lieu, la durée du
mandat cantonal pose une autre
question de droit public. Le
renouvellement par moitié des
conseils généraux avait été insti
tué en raison de l’alternance avec
celui des conseils d’arrondisse
ment, si bien que toute la France
était en fait consultée simulta
nément tous les trois ans. Mais
à présent que les conseils d’ar-
rondissement ont été supprimés,
aucune raison ne subsiste pour
que le renouvellement des conseils
ROBERT- PYMIENTA.
(IÀre la suite en troisième page.)
Cependant qu’à Chabanne su?
l’ordre du ministère de la Santé
publique < on liquide » la maison
d’enfants et que les jeunes' pen
sionnaires s’apprêtent à rejoin
dre leur famille, de graves mes
sieurs poursuivent leurs recher
ches. Les premiers résultats de
la contre-autopsie du corps de
Louis David semblent confirmer
les conclusions du docteur Patu-
ret. Les experts ne pourront néan
moins remettre leur rapport
avant trois semaines. On sait déjà
que des traces caractéristiques
de strangulation ont été relevées
au-dessus de la pomme d’Adam
ce qui écarterait l'hypothèse se
lon laquelle Louis David aurait
été étranglé à l’aide de sa cravate
au moment de la toilette. Pen
dant que les enquêteurs enregis
traient cette première certitude,
M. Rey, juge d’instruction de
Thiers, réduisait /< le mystère
Willy >. Ce dernier, dont le nom
est René Ancel, est de nationalité
française et habite Saint-Cloud.
Il s’est déclaré administrateur de
sociétés, et titulaire .de la Légion
d’honneur. Accompagné de son
avocat, M* Félici du barreau de
Paris, il a reconnu avoir dîné en
compagnie de Mme David et de
la sœur de celle-ci dans la soirée
du 16 avril à Clermont-Ferrand.
Le 17, il serait reparti à Paris.
Le juge d’instruction après l’in-
terrogatoire. s'est refusé à toutes
déclarations, cependant que Willy
« Ancel » à sa sortie du Palais
de justice déclarait à un de nos .
confrères qu’il n’était rentré à
Paris que le 20. Il est évident
que l’enquête peut à dater d’au-
jourd’hui prendre une direction
nouvelle, compte tenu de l’audi
tion de ce témoin, qui s’est pour
le moins fait attendre.
Autre élément nouveau, Fran
cine David aurait quelques heures
avant la nuit tragique menacé
de mort son mari le traitant no
tamment < de lâche et de traî
tre ».
Les renseignements généraux
de la Sûreté nationale continuent
de leur côté une enquête dans
certains milieux politiques de la
capitale.
L’affaire de « l’aérium », si fer
tile en coups de théâtre, appor
tera encore de nombreuses sur-
prises aux enquêteurs.
S.-M. GORLIN.
TRIBUNE LIBRE DE L
ORDRE DE PARIS^
Un redresseur de torts
par Julien BENDA
Dans un récent article,. intitulé « Candeur ou
mauvaise foi » (1), je signalais cette déclaration du
Manchester Guardian à propos des derniers événe
ments de Tchécoslovaquie : « L’agression russe
ne le cède en rien du point de vue de sa rapidité
et de sa violence à celle de Hitler et Gottwald se
révèle aussi cruel que Henlein » et m’avouai»
confondu de la grossièreté d’une telle identification.
Un lecteur, dans une lettre publiée hier ici-même,
croit devoir protester qu’il ne s’agit pas là d’une
identification, mais d’une « comparaison ». Mar
chons pour la « comparaison ». Je tiens qu’il n’y a
rien de « comparable » entre la politique russe
ici en cause et la cynique violation d’un traité
comme la réoccupation de la Rhénanie, l’annexion
(non politique, mais matérielle) d’un territoire
comme fut l’Anschluss, l’entrée dans une capitale
étrangère, musique en tête, comme celle de l’armée
allemande à Prague le 18 mars 1939. Je cherche
aussi ce qu’il y a de « comparable », dans l’attitude
soviétique, aux déclarations de Hitler, proclamant
que l’Allemagne est une « race de seigneurs »,
dont la biologie veut que les autre» peuples soient
les esclaves ; ou annonçant à se» ministres, le
10 novembre 1937 : « Les perspectives de l’éco
nomie du III e Reich sont telles qu’il est devenu
absolument nécessaire de conquérir de nouveaux
territoires », et encore : « L’avantage à retirer de
l’opération tchèque et autrichienne serait considé-
rable. En effet, l’incorporation de ce» deux États
à l’Allemagne assurerait des possibilités de ravi
taillement pour cinq ou six millions d’hommes, étant
entendu que nous procéderions à une émigration
forcée de deux millions de Tchèques et d’un million
d’Autrichiens » (2). On se demande ce qu’il y a
de « comparable », chez les dirigeants russes, à
ce froid dépècement de ses voisins par un fauve
en quête de manger. Enfin, nos « comparateur» >
oublient que la guerre de 1939 fut suscitée par une
injure du reître allemand à leur adresse, l’invasion
de la Pologne, alors que celle de demain le serait
par eux pour écraser une nation qui, matériellement,
ne les viole en rien, mais dont l’idéologie inquiète
leurs comptes de banque. Là « comparaison »,
shère à mon puriste, ne me semble ici pas plus
soutenable que l’identification.
Dans le même article, je demandai» à ceux qui
s’indignent de ce que le nouveau gouvernement de
Prague a pris le pouvoir par la force qu'ils veuillent
bien me citer un parti qui, se voyant contester ls
pouvoir par une puissante opposition, ne l’a pas
pris par la force, y compris les démocraties, quand
elles font décapiter Charles Ier et Louis XVI
Mon redresseur de torts m’assène qu’il y a un
autre moyen de prendre le pouvoir, c’est de
l’obtenir d’une majorité parlementaire ; autrement
dit, que la force est inutile quand la prise du
pouvoir ne vous est refusée que par une opposition
faible. Chose dont nous sommes tous d’accord.
Mon censeur évoque ma position à l’égard du
communisme, dont j’aurais déclaré que « je
condamnais les idées et approuvais les actes ».
Il ajoute, non sans pitié pour mes méninges z
« Comprenne qui pourra ! » Mes lecteurs semblent
avoir fort bien compris, comme je l’expliquai ici-
même (3) que j’approuvais, non pas les actes du
communisme, mais certains d’entre eux que je
précisais — l’exigence d’une vraie épuration, de la
suppression du régime Franco, de la participation
de la classe ouvrière au gouvernement de la
nation — cependant que je ne marchais nullement
pour la dialectique marxiste, le matérialisme
historique ou autre article viscéral du dogme. C’est
ainsi qu’il y a douze ans j’approuvai l’attitude
de f Action Française exigeant une réplique à la
réoccupation de la Rhénanie, hors de toute adhésion
de ma part aux doctrines maurrassiennes. Il y a là
une distinction grosse comme un câble, mais que
je ne ferai jamais comprendre aux tètes de bois
qui entendent qu’on approuve ou vomisse un parti
en bloc, et sont inaptes à tout nuancement.
Enfin mon Mentor veut bien reconnaître que
la liberté comporte de» risques et qu’en plaçant,
au nom de la liberté, certains hommes dans ses
plus hauts poste», la démocratie fut trahie par
eux en 1940 (encore que leur trahison ait été,
paraît-il, plutôt « inconsciente »). Il ajoute que
« tous les régimes sont sujets à de telles faiblesses ».
Du moins peuvent-ils s’efforcer de les éviter ; c’est
à quoi s’emploie le régime tchécolovaque et beau
coup trop peu le régime français.
Quant au lamenta de mon correspondant sur le
confusionnisme de mon esprit, mes lecteurs diront
s’ils l’homologuent ou s’il les fait rire.
(14 L’Ordre du 27 mars 1948.
(2) Comptes rendus du procès de Nuremberg publié*
par les autorités américaines. Voir la Tribune des
■luttions du 2 mars 1948.
($) WOrdr» du 4 nerswbre 194%.
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