Titre : L'Ordre
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1948-01-28
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32829724j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 28 janvier 1948 28 janvier 1948
Description : 1948/01/28 (A2,N129). 1948/01/28 (A2,N129).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t5117258q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-1857
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/11/2021
T 1— —
s Si ron comprend bien, c 9 est plutôt
la question de défiance que le gouver^
nement devrait poser,..
2% année. — N° 129.
PRIX.: S FRANCS
Directeur politique : Émile BURÉ
MERCREDI
28 janvier 1948
“ ===== — -re
Lire aujourd’hui
EN 2 page s
Où en sont les jeunes auteurs américains ?
par A. LAURENS.
L f insurrection varsovienne du août 1944,
-par Édouard KRAKOWSKI
En 3 e page: 0' T
Dans le Proche-Orient par Ienry REBATKL
Imbroglio à la Haute Cour, par E. VIGOUROUX.
SOCIALISME
ET LIBERALISME
par Émile BURÉ
J’admire mes confrères de la presse politique qui discu
tent les mesures prises par le gouvernement pour prévenir
l’inflation et rétablir l’équilibré' économique comme s’ils étaient
tous experts financiers. Je me contente, moi, modestement,
comme M. Tout-le-monde, de me demander quel sera le résultat
de ces mesures tant dans le domaine de la politique intérieure
que dans celui de la politique extérieure de notre pays. Je vois
bien ce qu’a voulu le gouvernement : il a voulu d’abord assai
nir le marché financier, fermer le marché noir du dollar, évi
demment sous-évalué, et ensuite animer notre production et
favoriser nos exportations. Mais comme nous importerons for
cément plus encore que nous n’exporterons, nous devons nous
attendre à une élévation des prix intérieurs. Comme toujours
en pareille circonstance, elle s’est déjà produite avant d’être
justifiée et l'inquiétude du public est grande, si grande même
que M. Robert Schuman a eu pour première préoccupation de
rassurer ce dernier: elle sera « très limitée », a-t-il dit. Il est
honnête homme et il croit certainement ce qu’il dit, mais il ne
suffit pas de croire pour être cru. Le public a été si souvent
trompé depuis la libération par des gouvernements dont la
bonne foi n’était pas non plus douteuse qu’il demeure scep
tique en présence de toute promesse gouvernementale, si sin
cère soit-elle. C’est même son scepticisme qui aggrave la situa
tion économique de noire pays et partant sa situation politique.
Si tous les Français avaient même conscience scrupuleuse
que M. Robert Schuman, la réussite de l’opération de salut
national tentée par lui avec le précieux concours de René Mayer
serait assurée. Mais les diverses manifestations auxquelles il
nous a été permis d’assister ces dernières semaines montrent,
hélas ! que le droit à la fraude fiscale reste pour un très grand
nombre de nos compatriotes droit sacré, imprescriptible. Quelle
affreuse conception de la liberté.
Tout s’arrangerait et facilement, parbleu! si, l’or français
qui a fui à l’étranger était rapatrié. Robert Schuman çspère
qu’il le sera. « Les Français, avance-t-il, disposent d’avoirs im
portants. situation qui est particulière à la France (sic). Ces
Français seront incités par l’institution d’un marché libre à
remettre leurs ressources à la disposition du pays. » Oui : peut-
être ! mais dans quelle proportion et en combien de temps? El
comme il est désagréable de constater qu’une prime est ains
offerte aux fraudeurs les plus détestables pour le découragement
de tout esprit civique, de tout esprit national. Plaie d’argent,
nous le savons maintenant, peut être mortelle pour une nation
et la désertion dans le champ fiscal devient aussi odieuse qut
la désertion sur le champ de bataille. Pourtant, elle continue
d'être récompensée. C’est nécessaire sans doute, mais comme
c’est pénible !
Le gouvernement français, pressé par les circonstances
n'est point parvenu à s’entendre avec le gouvernement britan
nique au sujet de ses manipulations monétaires et c’est grand
dommage. Mais comme il continue de négocier avec ce der
nier, il n’est pas encore impossible qu’il y parvienne dans un
délai convenable, alors que le gouvernement américain semble
disposé à lui prêter appui, n’étant point naturellement insen
sible à l’effort qifjl fait pour satisfaire, dans la mesure du
possible, aux exigences du libéralisme. Alors le débat s’élève :
il n’est plus seulement financier, il devient aussi politique, et
les socialistes s’émeuvent.
C’est .toujours le même problème difficile, quasipient im^
possible à résoudre : comment pratiquer sans heurts le socia
lisme favorisé par la révolution du machinisme dans le cadre
du libéralisme qui défavorise cette même révolution ? Il n’est
pas seulement national, ce problème, il est international. C’est
la France qu’il tourmente le plus présentement, comme le rele
vait hier dans Combat, René Aron, qui n’est point marxiste,
mais qui ne dédaigne pas les enseignements du marxisme. Il
sait, lui, que selon Karl Marx, « le cgoilalisme est l’œuf d’où
sort la révolution communiste ». et il écrit •
Cela nos libéraux l’ignorent : pour pallier, au jour le jour, les
crises qui les ébranlent, pour assurer leurs échéances sans effectuer
aucune des réformes de structure qui rétabliraient l'économie, pour
augmenter les exportations sans accroître la production, ils accé
lèrent le processus de décomposition capitaliste, en prétendant et
croyant peut-être préserver leurs capitaux. .Le ,grave, c’est qu’en
même temps ils préparent un retour à la dictature.
Sixième colonne à courte vue qui ignore au profit de qui elle
combat. Libéraux, fossoyeurs de la liberté.
Je ne suis pas éloigné de donner raison à René Aron, mais
il en a trop dit pour que les esprits curieux, parmi lesquels je
me range, ne le poussent pas à en dire plus, à dire tout ce qu’il
pense. Quelles réformes de structure, capables de rétablir l'éco
nomie a-t-il à proposer ? Je le suis avec attention et sympathie
depuis le temps où il donnait, à Londres, de remarquables ar
ticles à la revue gaulliste, La France Libre, et il rendrait un
grand service à notre pays si, avec l’intelligence et la science
qui lui appartiennent, il passait de la critique à la construc
tion. La force et la faiblesse du gouvernement Schuman, en
effet, résident dans le fait qu’aucun projet de relèvement natio
nal n’a été opposé au sien dont tous les Français doivent alors
souhaiter le succès, en dépit des imperfections trop visibles
qui le marquent.
LA QUOTIDIENNE de Pierre LŒWEL
Du réalisme et de la morale
Je comprends qu’en fin de comp
te le gouvernement ait reculé devant
la mesure démoralisante de l’amnis
tie totale aux fraudeurs, mais il faut
bien dire que celle qui consiste à pé
naliser le rapatriement des capitaux
n’en provoquera certainement pas le
retour. En pareille matière il faut
choisir entre le réalisme cynique et
la morale sans vouloir faire de l’un
et de l’autre un composé propre à
ne satisfaire personne. Tout le reste
est hypocrisie et, qui pis est, hypo
crisie vaine.
J’en dirai tout autant de ce ren
forcement du contrôle économique
dont on pouvait espérer qu'au con
traire on sentirait ce qu’il a de bouf
fon, de stérile et de tartufe. La fer
meture temporaire d’un grand res
taurant de Paris connu dans le mon
de entier pour son décor 1900, sa
dame et son chasseur ressortit à ce
genre de sanction spectaculaire qui
4M trompe d’ailleurs personne car il
IL EST TEMPS
d’organiser la lutte
contre le chômage
déclare la C. G. T. à M. Daniel Mayer
Le gouvernement va ouvrir des fonds de chômage
On connaissait jusqu’en des
temps récents deux sortes de
crise : sous-production ou surpro
duction. L’originalité des temps
présents consiste en ce qu’elle
combine les deux : tandis que la
pénurie alimentaire continue de
se _ faire sentir, le problème du
chômage reparaît.
Nous avions, les premiers, in
diqué à nos lecteurs que le monde
du travail se trouvait de nouveau
placé en face de ce redoutable
problème.
Voici que la question est main
tenant posée officiellement.
M. Daniel Mayer a, en effet,
reçu hier matin une délégation
de la C. G. T. conduite par M.
Alain Le Leap, secrétaire général,
venue l’entretenir du problème
du chômage.
A l’issue de ces entretiens qui
ont duré plus d’une heure et de
mie, M. Le Leap a déclaré :
« Nous avons entretenu le mi
nistre du Travail du problème
actuel du chômage. Nous avons
demandé l’ouverture de fonds de
chômage. En effet, l’indemnité
avait besoin d’être révisée depuis
deux ans et nous demandons
qu’elle soit portée à 75 % du
salaire.
« Nous avons, d’autre part, de
mandé au ministre de prendre les
mesures nécessaires pour éviter
l’extension du chômage et de
résorber le chômage actuel, en
René DANY.
(Lire la suite en troisième page.)
Le "Ferdonnet
américain
est arrêté
de Rome en uniforme SS
New-York. — Une heure après
avoir été demobiisé, .......
Monté a été arrêté sous l’incul-
Martin
pation de haute trahison par des
détectives du célèbre
fédéral d’enquêtes.
bureau
Sous-lieutenant de l’aviation
des Etats-Unis durant la campa-
gne d’Italie, il s’enfuit avec son
appareil et atterrit à Milan où les
troupes américaines l’arrêtèrent
un an plus tard alors qu'il se pro
menai en uniforme d’officier S.S.
Il fut condamné à 25 ans de pri
son et à la dégradation militaire
mais ultérieurement il fut auto
rise à s’engager dans l’armée
de l’air en tant que soldat de
2 classe et, il y a 48 heures, il
était démobilisé. Entre temps le
bureau fédéral d’enquêtes avait
appris que durant sa présence
derrière les lignes ennemies il
avait parlé à la radio allemande
sous le pseudonyme de Martin
Weithaupt au cours d’émissions
destinées à démoraliser les sol
dats américains.
LE GROUPE SOCIALISTE MET EU ECHEC
les projets monétaires igouuernement
Hier après-midi, la commission des Finances a repoussé
les textes de M. René Mayer par 17 voix contre 15
WBETENTE
en Europe centrale
Un conseil des ministres extraordinaire
s’est réuni hier soir
Al. Schuman ne posera pas la question de confiance
Les nouvelles propositions soviétiques à propos
de l’Autriche permettront-elles un accord?
mais le gouvernement se retirerait
s'il n'obtenait pas la majorité
L’U.R.S.S. vient de faire uns
concession importante : elle a pré
senté de nouvelles propositions
sur le règlement de
trichienne,
il est vrai que ces
l’affaire au-
propositions
sont encore jugées excessives par
les Anglo-Saxons. Elles n’en cons
tituent pas moins un progrès ap
préciable, puisqu’elles paraissent
suivre, dans leurs grandes lignes,
le projet français présenté à la
conférence des suppléantes et à la
conférence de Londres par le gé
néral Cherrières, et auquel Mos
cou avait refusé de se rallier.
L’U.R.S.S. continue à réclamer
les deux tiers des installations
FRANC
A DEUX ETAGES
Londres, 27 janvier. —
« Franc farthing » (franc
centime) et « franc double
decker » (franc à deux éta
ges), tels sont les noms que
la presse londonienne donne
au nouveau franc français
Le farthing, qui vaut un
quart de penny, est la plus
petite pièce de monanie an
glaise. Il est d’ailleurs prati
quement hors de circulation
à l’heure actuelle.
Quant au mot « double
decker », il désigne les auto
bus à deux étages si carac
téristiques des moyens de
transports londoniens.
pétrolières en Autriche, ainsi que
des droits de prospection autre-
fois dévolus aux Allemands et des
droits sur d’autres catégories de
biens : au total, selon Reuter, 352
millions de dollars. Mais il faut
tenir compte du fait que les pré
cédentes demandes soviétiques
étaient de l’ordre de 800 millions
de dollars.
Entre le projet français et les
propositions russes, l’écart reste
cependant considérable : le pre-
mier fixait à 100 millions de dol
lars, répartis sur huit'ans. l’in-
demnité due à Moscou pour sa
renonciation au reste des.biens
allemands ; les secondes portent
cette indemnité à 200 millions de
dollars payables en un laps de
temps beaucoup plus court. En
outre, l’U.R.S.S. poserait deux
conditions essentielles à un accord
sur le traité autrichien : 1) la
renonciation parallèle des puis-
. sances occidentales aux avoirs al
lemands dans leurs zones d’occu-
pation en Autriche ; 2) l’assuran-
ce que les industries restituées
par Moscou à l’Autriche ne pas
seraient pas sous le contrôle d’une
autre puissance étrangère.
Si ce n’est pas encore l’entente,
c’est du moins une base de né
gociation, et c’est cela qui im
porte. En montrant qu’elle est
prête à reprendre les entretien?
et à ne pas s’opposer systémati
quement à la conclusion du traité
autrichien, la Russie soviétique
fait naître tin nouvel espoir, dont
on veut souhaiter qu'il ne soit
pas déçu.
Claude VIVIERES.
■La
dans
par
commission des Finances,
une séance mouvementée et
iiistant passionné^! hier
druplement des exportations
bri-
Socialistes
français
et travaillistes
britanniques
vont se rencontrer
après-midi, avait rassemblé les
dix-sept suffrages conjugués des
communistes et des socialistes,
pour une fois enfin retrouvés,
contre quinze voix, 11 M.R.P.,
MM. Pleven, président de l’U.D.S.
R., Paul Reynaud, Edgar Faure,
radical-socialiste, Guillant, ex-M.
R.P. passé à l’intergroupe gaul
liste. Sept abstentions, notam
ment de MM. Joseph Denais.^Jac-
ques Bardoux, Edouard Daladier,
Patrick Bongrain, et cinq ab
sents, pour rejeter le projet gou
vernemental, le seul pour lequel
l’Assemblée nationale eût encore
son mot à dire sur la liberté de
— Ce n’est pas, avait dit M.
LanieT, président du P.R.L. et
champion du libéralisme, un vrai
retour à la liberté, c’est une spu-
Tiqière où les capitaux pourraient
entrer librement, mais d’où il ne
leur serait plus permis de sortir.
Qui pourrait croire qu’après tant
de rnésaventures ils se laisse
raient prendre ?
Le ministre, cependant, n’avait
pas manqué, le matin, devant les
commissaires des finances, aux
quels avaient été conviés à se
joindre ceux des Affaires étrangè
res, d’outre-mer et des Affaires
économiques, grands quarts d’heure, jusqu'au
delà de la première heure de l'a
près-midi, un exposé poursuivi à
l'appui de son projet.
La Grande-Bretagne aurait Of
fert d'acheter la renonciation de
la France à son plan par wrcqua-
tanniques de charbon dans notre
pays : 25.000 tonnes mensuelle
ment au lieu de 6.000. Mais la
Trésorerie française ne pouvait
même pas attendre la fin du pré
sent mois, où, faute d'aucune de
vise, elle n’aurait plus été en me
sure de financer aucune importa
tion. M. René Mayer compte sur
le prélèvement fiscal pour obtenir
les devises apportées par certains
assujettis disposant d'avoirs à
l’étranger. Il a affirmé, en outre,
que les prix industriels récem
ment libérés avaient déjà baissé,
et que leur taux, en tout cas,
s’était établi à un cours inférieur
à celui qu’auraient fixé, des mé
thodes résolument dirigistes.
Le ministre a confirmé, inci
demment, que le charbon et le blé
attendus de l’Amérique au titre de
l’aide intérimaire constituaient un
véritable don, si bien qu’un réta
blissement des subventions pour
ces produits n’avait, quoi qu’eût
allégué un commissaire, aucune
raison d’être.
En réponse à une question de
M. Paul Reynaud, demandant si
le gouvernement avait songé à la
possibilité d’acheter des livres au
marché parallèle, M. René Mayer
a assuré que les conversations
continueraient avec la Gtande-
(Lire la suite en troisième page.)
« il y a des concessions
qu’on ne peut pas faire »
nous dit M. Naegelen
M. Marcel-Edmond Naegelen
ministre socialiste de l’Education
nationale, nous a déclaré, en sor
tant hier après-midi du Palais*
Bourbon, tout ému encore des
vives controverses qui venaient
d'y être débattues à son groupé
parlementaire sur la liberté es
l’or :
— Toutes les concessions que
le parti socialiste a pu faire à
l’union ou à la défense de la Ré
publique et de la nation, il les
a toujours consenties de grand
cœur. Aucun parti peut-être n’a
su en accorder autant. Mais i
y a des limites qu’il est imposai-
• ble de franchir, il y a des con
cessions que l’on ne peut pas
faire, et l’on n’obtiendra pas des
socialistes français qu’ils rompent
la solidarité avec leurs camarades
britanniques. Le comité directeur
de la section française et les re
présentants du Labour Party vont
avoir une réunion en commun, et
de concert nous fixerons en har
monie la dernière position sur la
quelle nous sommes prêts à noue
retrancher avec toute la fermeté
qui convient.
Nos grandes enquêtes
L’ARMEE D’AUJOURD’HUI
LE SOUCI DE L’HOMME
Quand la « sauvette »
escompte
la dévaluation
Tandis que les officiels
discutent gravement des in-
cidences des mesures moné
taires. le menu peuple du
marché « parallèle » prend
ses précautions. Cette réac
tion psychologique, qui est
aussi celle de l’homme de
la rue, est notable dès à
présent.
Les cigarettes américaines
LE GENERAL CLAY
REND HOMMAGE
AU GENERAL KŒNIG
Elle veut lui montrer ce qu'il peut être dans la vie
On a souvent reproché à l’ar
mée de ne tenir aucun compte de
. la personnalité humaine C’était
peut-ê're vrai hier et, dans une
certaine mesure, ça l’était effec
tivement ; mais, depuis, les cho
ses ont changé. Aujourd’hui, l’ar
mée a le souci de l’homme.
Dtirant ies deux dernières an-
par Pierre ROCHE
restent encore
prix, mais les
d’ailleurs rares,
de 50 francs. En
au même
Anglaises,
ont monté
somme du
AVEZ-VOUS DE L’OR A VENDRE ?
Voici les tarifs de la Banque de Frar.ee
À dater du 26 janvier 1948, la Banque de
l’or au public aux prix suivants :
Or en lingots : le kilo d’or
Pièce de
Pièce de
Pièce de
Pièce de
20
10
20
10
francs de l’Union
francs de l’Union
dollars des Etats-Unis
dollars des Etats-Unis
fin Fr.
latine
latine
Pièce anglaise 1 livre sterling (souverain)
Pièce anglaise 1/2 livre sterling
FATAL
ANNIVERSAIRE
France achète
237.400
1.368
684
7.100
3.550
1.726
863
»
»
»
»
Jacques Leray gst né
le 23 décembre 1924 ;
sa mère mourut en
mettant au monde.
23 décembre 1927
perd son père. Le
le
Le
il
23
décembre 1935 sa sœur
est tuée dans un accident
d’auto. Le 23 décembre
1942 son frère ainé est
fusillé.
J a c q u e s Leray est
disparaître au cours de
l’incendie de l'appareil
et personne ne l'a en
core retrouvé.
Le gouver nement
américain, trop riche
sans doute, a fait sa
voir qu'il ne perdrait
pas son temps à se lan
cer dans des recherches
aventureuses.
La concurrence de ce
dangereux rival étant
écartée, les chercheurs
LE MALHEUR
DES UNS...
Si la dévaluation
fait pas le bonheur
tous les Français —
ne
de
ou
mort le
décembre
dernier en rentrant chez
lui fêter son anivet-
saire.
L’ILE AU TRESOR
de trésor auront donc
partie belle.
HISTOIRE
D’UN PARAPLUIE
la
n’est pas plus scandaleux d’offriri
des choux à la crème dans un res-
taurant, que du champagne à quatre
mille francs la bouteille dans une
boite de nuit.
Puisqu’on en finit avec la farce
du marché noir en matière de chan
ge, qu’on en finisse donc avec celle |
du marché noir en matière d’alimen
tation. Qu’il se lève de parmi les
mortels celui qui pourra dire sans
mentir qu’il n’y a jamais eu recours! I
Qu'elle se fasse connaître aux fins J
de glorification l’épouse du ministre
du Ravitaillement qui pourra jurer)
n’avoir jamais servi à sa table que
des repas avec tickets! Qu’on le dé-
core sur-le-champ le juge chargé de
la répression des infractions dites )
économiques qui lui-même n’aura ja
mais enfreint la législation I
Enfin une dernière question qu’on
jugera sans doute superflue : où pas-
sent donc les denrées alimentaires
qui sont saisies ?
Les coureurs d’aven
tures et les chercheurs de
trésors Vont pouvoir se
mettre en piste. Une
occasion unique leur est
offerte : on vient en
effet d’apprendre que le
trésor de l’ex - leader
hindou Chandra-Bose se
trouverait quelque part
en l’ile de Formose. Ce
lui qui durant la guerre
fut le chef du gouverne
ment provisoire de l'In
de se tua en avion le
14 août 1945. Or le
seul rescapé de l’accident,
radio de l’appareil, a ré
cemment déclaré que
Chandra-Bose transpor
tait avec lui une valise
renfermant pour 27 mil
liards de pièces d’or et
de diamants. Le contenu
de cette valise n’a pu
La vertu n’est pas
encouragée par les pou
voirs publics comme en
témoigne cette histoire.
Un honnête citoyen
avait remis aux objets
trouvés un parapluie. Un
an et un jour après il
reçu l’avis suivant: t Le
parapluie a été vendu
22 fr. 50 par les Do
maines. Cet argent vous
revient. Faites une de
mande sur papier timbré
« 20 fr. Par ailleurs.
Vous aurez à supportée
les frais de régie, de ven
te et de transport. »
Avec un peu de chance,
le brave homme respon
sable de cette action gé
néreuse ne devra pas à
l’Etat une somme supé
rieure au prix réel du pa
rapluie.
tout au moins ne fera
pas leur bonheur lors
qu’ils réaliseront... qu’ils
ne pourront plus réali
ser grand-chose — elle
fait celui des étudiants
étrangers en France qui
reçoivent une bourse de
leur gouvernement.
Journal à la main,
sautant de joie, c’est
une étudiante égyptienne
qui nous l’apprit : rece
vant 20.000 francs par
mois sa mensualité de
février se montera, après
dévaluation, à plus
35.000 francs.
LE SALON
de
DE « NORMANDIE »
Depuis deux Xhs, le
mobilier, les lustres et
les motifs qui ornaient
le salon d'honneur de
e Normandie » moisis
sent sur les quais du
port de Rio de Janeiro.
Cet ensemble d'un poids
de cinquante tonnes était
destiné à un grand hô
tel de Pétropolis, mais
devant le refus du gou
vernement brésilien d’ex
empter ces objets des
droits de douane, leur
propriétairt a décidé de
nt pas le» retirer.
nées, l’armée a eu à faire face à
de multiples tâches : remise en
ordre de tout l'appareil mi’itaire
bouleversé par les événements de
1939 à 1945. et modernisation de
ses méthodes de travail, notam
ment : mais c’est sans doute dans
le domaine humain que les efforts
tentés ont été le plus sensibles,
il était d’ailleurs naturel de
commencer par la, car il est bien
évident que l’on ne peut procéder
à une réorganisât'on d’ensemble
de l’armée sans agir au préalable
sur les agents d’exécution et sans
les mettre eux-mêmes dans une
ambiance nouvelle.
Pour être tout à fait juste, on
doit reconnaître que le but pour-
suwi a été auss' d’ordre pratique
Il fallait obtenir le maximum de
rendement dans le minimum de
temps. Il n’en reste pas moins
qu’une évolution s’est opérée qui
ne peut, avoir, par la suite. Que
d'heureux résultats.
Une question de vie
ou de mort
Les besoins de l’armée en spé
cialistes n’ont fait que grandir
d’une guerre à l’autre. Dès 1939,
on les chiffrait déjà à 25 % du
contingent, contre 5 % aupara
vant. Aujourd’hui, ils sont de l’or
dre de 45 %. La différence in
dique as es l’importance du pro
blème qui se pose. Il s’agit pour
l’armée d'en trouver immédia e-
administratif, mais en s’attachant
surtout aux aptitudes.
Le recruement classique, celu.
que nous avons tous connu, et qui
(Lire la suite en troisième page.)
shilling à 200 francs, de la
livre à 2.400...
Le café n’a pas encore
bougé, non plus que le sucre.
Mais le beurre « noir » a
augmenté de 300 francs par
kilo.
Au cours de la conférence de
presse qu’il a tenue à Washington
et dans laquelle il a insisté pour
que la France fusionne sa zone
d’occupation avec la bizone, le gé
néral Clay a dit du général Kœ-
nig, commandant en chef des for
ces d’occupation françaises en Al-
lemange, qu’il était « un des plus
grands administrateurs qu’il ait
Jamais vus à l’œuvre ».
Cet hommage venant d’Une telle
bouche, est particulièrement si
gnificatif : on ne sache pas, en
effet, que le général Clay, jusqu’à
présent, se soit montré très ten-
dre, ou seulement très compré
hensif, pour tout ce qui est fran-
çais.
LA CHRONIQUE DE L
ORDRE DE PARIS
L’Allemagne tient sa revanche:
l’existentialisme !
En applaudissant Jean-Paul Sartre
les Berlinois s’applaudissent eux-mêmes
par Jeanne GARNIER
ment le plus possible
faut de faire çn sorte
ait le plus possible qui
pidement utilisables.
D’exil cette première
réformer les procédés
et, à dé-
qu’elle en
soient ra-
nécessité .
de recru-
tement, non pas au point de vue
VISAGES DE PARIS
Les robes
“ramasse-miettes”
Christian Dior qui pensait jus
qu’à ce jour que sa réputation d’en
fant terrible de la couture était bien
établie est fort inquiet. Une nou
velle maison présente des collections
incendiaires.
Dior avait lancé le « derrière de
Paris ». Clarence annonce le « ra
masse miettes » pour la collection
de printemps.
La silhouette e ramasse miettes 2
aura deux caractéristiques, d’après
les bruits d’atelier : une petite traîne
balavette pour les robes du soir et
même pour celles de fin d’après-midi,
et un abondant coussinet pectoral
chargé de compléter les avantages
que la nature distribue parfois par
cimonieusement.
Bien entendu le tout est étayé sur
une guêpière et un balconnet.
J. MERLIN.
Berlin (de notre correspondant permanent). —
« Tu ne me chercherais pas, si tu ne m’avais
déjà- trouvé. » Le public berlinois se rue et se
presse pour voir Les Mouches de Jean-Paul Sartre.
On s’arrache les billets que les revendeurs cèdent
à deux cents marks (deux cents marks : le traite*
ment mensuel d’une secrétaire). Ce n’est pas simple
et saine curiosité. Bien qu’aucune œuvre de Sartre
n’eût été traduite, jusqu’ici, en allemand, les
journaux et les revues jonglaient depuis des mois
avec les mots-clefs de l'existentialisme : angoisse,
néant, désarroi, solitude, désespoir et nausée. Dans
leur acception philosophique, ces mots ont été
définis par Heidegger avant de l’être par Sartre.
Dans leur sens banal, ils expriment, pour les
Allemands d’aujourd’hui, la réalité quotidienne.
Violemment attaquée par les catholiques et les
communistes, passionnément discutée, frénétiquement
applaudie, la pièce de Jean-Paul Sartre est ici,
sans conteste, le plus grand événement théâtral de
l’après-guerre. Juergen Fehling, un metteur en
scène qui joint à beaucoup de talent le goût de
l’horrible et du colossal, fait surgir ce monde de
cauchemar, cette Grèce qui n’a rien d’attique :
un ciel bas, où le soleil noir flotte dans un nuage
sanglant, emprisonne la ville d’Argos aux maisons
lépreuses d’où s’échappent, par intervalles, des
hurlements de mort ; au centre de la scène, la
tête de Jupiter, énorme, exsangue, aux lèvres
tordues, aux yeux révulsés, coiffe une colonne
phallique autour de laquelle Electre, secouée par
l’hystérie et la haine, les Argiens, rongés de mou-
ches et de remords, les Erynnies verdâtres et
masquées de cagoules, dansent leur infernale
sarabande. Puis tout s’immobilise ; et Oreste
libéré, libéré par le meurtre, crie à Jupiter et au
Public : « Le plus lâche des assassins, c’est
assassin qui se repent. »
Est-ce là, se demandent les critiques berlinois,
ce que les Français veulent nous dire ? Le message
de Sartre, serait-ce qu’il nous faut conquérir la
liberté à tout prix, même par le meurtre ? Certains,
gênés, rappellent que la pièce, écrite sous l’occu-
pation allemande, devait arracher les Français à
l’accablement de la défaite, à la résignation que
prêchait Pétain. Exégèse qui ne touche pas le
public du théâtre ; peu lui importe ce que Sartre
a voulu dire. Que dit-il aux Allemands d’après
guerre ? Que le remords est stérile et malsain ;
que l’homme digne de ce nom. Oreste, le surhomme,
se libère par le crime, et que lui, lui tout seul,
libère par le crime tout son peuple. Hitler a pris
sur lui toute la responsabilité ; en se suicidant, il
a emporté avec lui toute la responsabilité allemande.
Mais enfin, se demandent les critiques berlinois,
est-ce bien là ce que les Français veulent nous
dire ?
Non, les Erynnies ne harcèlent pas l’Allemagne.
Celle-ci ne se sent pas coupable, elle rejette sa
responsabilité collective (que seuls acceptent, sur
le plan politique, le parti d’unité socialiste et le
parti communiste, une minorité). Elle croit que les
Alliés, méchamment, veulent la contraindre à expier
des crimes qui n’en étaient point, puisqu’ils étaient
pour elle « les chemins de la liberté ». La justi
fication qu’elle trouve dans Sartre lui paraît d’autant
plus naturelle qu’ici, l’existentialisme était partie
intégrante du fascisme. Et d’abord par l’engage
ment personnel de son pape allemand, Heidegger,
qui, dans un discours prononcé en novembre 1933.
déclarait aux étudiants : « Que les principes et
les idées ne soient point les règles de votre
existence. Le fuehrer même, le fuehrer seul est la
réalité actuelle, la réalité future, et sa loi. »
Même les Allemands que ne séduit pas la
liberté sartrienne se sentent flattés par la vogue de
l’existentialisme. Ils ont l’impression de faire ainsi
leur rentrée, un rentrée tapageuse et triomphante,
sur la scène du monde. Napoléon a vaincu
l’Allemagne, mais Werther a vaincu Napoléon.
Grâce à Mme de Staël, à (Gérard de Nerval, à
Victor Hugo, le romantisme allemand a conquis
l’Europe. C’est une revanche du même ordre
qu’escomptent aujourd’hui les Allemands, grâce au
succès de l’existentialisme, ce nouveau s mal du.
siècle ». \
s Si ron comprend bien, c 9 est plutôt
la question de défiance que le gouver^
nement devrait poser,..
2% année. — N° 129.
PRIX.: S FRANCS
Directeur politique : Émile BURÉ
MERCREDI
28 janvier 1948
“ ===== — -re
Lire aujourd’hui
EN 2 page s
Où en sont les jeunes auteurs américains ?
par A. LAURENS.
L f insurrection varsovienne du août 1944,
-par Édouard KRAKOWSKI
En 3 e page: 0' T
Dans le Proche-Orient par Ienry REBATKL
Imbroglio à la Haute Cour, par E. VIGOUROUX.
SOCIALISME
ET LIBERALISME
par Émile BURÉ
J’admire mes confrères de la presse politique qui discu
tent les mesures prises par le gouvernement pour prévenir
l’inflation et rétablir l’équilibré' économique comme s’ils étaient
tous experts financiers. Je me contente, moi, modestement,
comme M. Tout-le-monde, de me demander quel sera le résultat
de ces mesures tant dans le domaine de la politique intérieure
que dans celui de la politique extérieure de notre pays. Je vois
bien ce qu’a voulu le gouvernement : il a voulu d’abord assai
nir le marché financier, fermer le marché noir du dollar, évi
demment sous-évalué, et ensuite animer notre production et
favoriser nos exportations. Mais comme nous importerons for
cément plus encore que nous n’exporterons, nous devons nous
attendre à une élévation des prix intérieurs. Comme toujours
en pareille circonstance, elle s’est déjà produite avant d’être
justifiée et l'inquiétude du public est grande, si grande même
que M. Robert Schuman a eu pour première préoccupation de
rassurer ce dernier: elle sera « très limitée », a-t-il dit. Il est
honnête homme et il croit certainement ce qu’il dit, mais il ne
suffit pas de croire pour être cru. Le public a été si souvent
trompé depuis la libération par des gouvernements dont la
bonne foi n’était pas non plus douteuse qu’il demeure scep
tique en présence de toute promesse gouvernementale, si sin
cère soit-elle. C’est même son scepticisme qui aggrave la situa
tion économique de noire pays et partant sa situation politique.
Si tous les Français avaient même conscience scrupuleuse
que M. Robert Schuman, la réussite de l’opération de salut
national tentée par lui avec le précieux concours de René Mayer
serait assurée. Mais les diverses manifestations auxquelles il
nous a été permis d’assister ces dernières semaines montrent,
hélas ! que le droit à la fraude fiscale reste pour un très grand
nombre de nos compatriotes droit sacré, imprescriptible. Quelle
affreuse conception de la liberté.
Tout s’arrangerait et facilement, parbleu! si, l’or français
qui a fui à l’étranger était rapatrié. Robert Schuman çspère
qu’il le sera. « Les Français, avance-t-il, disposent d’avoirs im
portants. situation qui est particulière à la France (sic). Ces
Français seront incités par l’institution d’un marché libre à
remettre leurs ressources à la disposition du pays. » Oui : peut-
être ! mais dans quelle proportion et en combien de temps? El
comme il est désagréable de constater qu’une prime est ains
offerte aux fraudeurs les plus détestables pour le découragement
de tout esprit civique, de tout esprit national. Plaie d’argent,
nous le savons maintenant, peut être mortelle pour une nation
et la désertion dans le champ fiscal devient aussi odieuse qut
la désertion sur le champ de bataille. Pourtant, elle continue
d'être récompensée. C’est nécessaire sans doute, mais comme
c’est pénible !
Le gouvernement français, pressé par les circonstances
n'est point parvenu à s’entendre avec le gouvernement britan
nique au sujet de ses manipulations monétaires et c’est grand
dommage. Mais comme il continue de négocier avec ce der
nier, il n’est pas encore impossible qu’il y parvienne dans un
délai convenable, alors que le gouvernement américain semble
disposé à lui prêter appui, n’étant point naturellement insen
sible à l’effort qifjl fait pour satisfaire, dans la mesure du
possible, aux exigences du libéralisme. Alors le débat s’élève :
il n’est plus seulement financier, il devient aussi politique, et
les socialistes s’émeuvent.
C’est .toujours le même problème difficile, quasipient im^
possible à résoudre : comment pratiquer sans heurts le socia
lisme favorisé par la révolution du machinisme dans le cadre
du libéralisme qui défavorise cette même révolution ? Il n’est
pas seulement national, ce problème, il est international. C’est
la France qu’il tourmente le plus présentement, comme le rele
vait hier dans Combat, René Aron, qui n’est point marxiste,
mais qui ne dédaigne pas les enseignements du marxisme. Il
sait, lui, que selon Karl Marx, « le cgoilalisme est l’œuf d’où
sort la révolution communiste ». et il écrit •
Cela nos libéraux l’ignorent : pour pallier, au jour le jour, les
crises qui les ébranlent, pour assurer leurs échéances sans effectuer
aucune des réformes de structure qui rétabliraient l'économie, pour
augmenter les exportations sans accroître la production, ils accé
lèrent le processus de décomposition capitaliste, en prétendant et
croyant peut-être préserver leurs capitaux. .Le ,grave, c’est qu’en
même temps ils préparent un retour à la dictature.
Sixième colonne à courte vue qui ignore au profit de qui elle
combat. Libéraux, fossoyeurs de la liberté.
Je ne suis pas éloigné de donner raison à René Aron, mais
il en a trop dit pour que les esprits curieux, parmi lesquels je
me range, ne le poussent pas à en dire plus, à dire tout ce qu’il
pense. Quelles réformes de structure, capables de rétablir l'éco
nomie a-t-il à proposer ? Je le suis avec attention et sympathie
depuis le temps où il donnait, à Londres, de remarquables ar
ticles à la revue gaulliste, La France Libre, et il rendrait un
grand service à notre pays si, avec l’intelligence et la science
qui lui appartiennent, il passait de la critique à la construc
tion. La force et la faiblesse du gouvernement Schuman, en
effet, résident dans le fait qu’aucun projet de relèvement natio
nal n’a été opposé au sien dont tous les Français doivent alors
souhaiter le succès, en dépit des imperfections trop visibles
qui le marquent.
LA QUOTIDIENNE de Pierre LŒWEL
Du réalisme et de la morale
Je comprends qu’en fin de comp
te le gouvernement ait reculé devant
la mesure démoralisante de l’amnis
tie totale aux fraudeurs, mais il faut
bien dire que celle qui consiste à pé
naliser le rapatriement des capitaux
n’en provoquera certainement pas le
retour. En pareille matière il faut
choisir entre le réalisme cynique et
la morale sans vouloir faire de l’un
et de l’autre un composé propre à
ne satisfaire personne. Tout le reste
est hypocrisie et, qui pis est, hypo
crisie vaine.
J’en dirai tout autant de ce ren
forcement du contrôle économique
dont on pouvait espérer qu'au con
traire on sentirait ce qu’il a de bouf
fon, de stérile et de tartufe. La fer
meture temporaire d’un grand res
taurant de Paris connu dans le mon
de entier pour son décor 1900, sa
dame et son chasseur ressortit à ce
genre de sanction spectaculaire qui
4M trompe d’ailleurs personne car il
IL EST TEMPS
d’organiser la lutte
contre le chômage
déclare la C. G. T. à M. Daniel Mayer
Le gouvernement va ouvrir des fonds de chômage
On connaissait jusqu’en des
temps récents deux sortes de
crise : sous-production ou surpro
duction. L’originalité des temps
présents consiste en ce qu’elle
combine les deux : tandis que la
pénurie alimentaire continue de
se _ faire sentir, le problème du
chômage reparaît.
Nous avions, les premiers, in
diqué à nos lecteurs que le monde
du travail se trouvait de nouveau
placé en face de ce redoutable
problème.
Voici que la question est main
tenant posée officiellement.
M. Daniel Mayer a, en effet,
reçu hier matin une délégation
de la C. G. T. conduite par M.
Alain Le Leap, secrétaire général,
venue l’entretenir du problème
du chômage.
A l’issue de ces entretiens qui
ont duré plus d’une heure et de
mie, M. Le Leap a déclaré :
« Nous avons entretenu le mi
nistre du Travail du problème
actuel du chômage. Nous avons
demandé l’ouverture de fonds de
chômage. En effet, l’indemnité
avait besoin d’être révisée depuis
deux ans et nous demandons
qu’elle soit portée à 75 % du
salaire.
« Nous avons, d’autre part, de
mandé au ministre de prendre les
mesures nécessaires pour éviter
l’extension du chômage et de
résorber le chômage actuel, en
René DANY.
(Lire la suite en troisième page.)
Le "Ferdonnet
américain
est arrêté
de Rome en uniforme SS
New-York. — Une heure après
avoir été demobiisé, .......
Monté a été arrêté sous l’incul-
Martin
pation de haute trahison par des
détectives du célèbre
fédéral d’enquêtes.
bureau
Sous-lieutenant de l’aviation
des Etats-Unis durant la campa-
gne d’Italie, il s’enfuit avec son
appareil et atterrit à Milan où les
troupes américaines l’arrêtèrent
un an plus tard alors qu'il se pro
menai en uniforme d’officier S.S.
Il fut condamné à 25 ans de pri
son et à la dégradation militaire
mais ultérieurement il fut auto
rise à s’engager dans l’armée
de l’air en tant que soldat de
2 classe et, il y a 48 heures, il
était démobilisé. Entre temps le
bureau fédéral d’enquêtes avait
appris que durant sa présence
derrière les lignes ennemies il
avait parlé à la radio allemande
sous le pseudonyme de Martin
Weithaupt au cours d’émissions
destinées à démoraliser les sol
dats américains.
LE GROUPE SOCIALISTE MET EU ECHEC
les projets monétaires igouuernement
Hier après-midi, la commission des Finances a repoussé
les textes de M. René Mayer par 17 voix contre 15
WBETENTE
en Europe centrale
Un conseil des ministres extraordinaire
s’est réuni hier soir
Al. Schuman ne posera pas la question de confiance
Les nouvelles propositions soviétiques à propos
de l’Autriche permettront-elles un accord?
mais le gouvernement se retirerait
s'il n'obtenait pas la majorité
L’U.R.S.S. vient de faire uns
concession importante : elle a pré
senté de nouvelles propositions
sur le règlement de
trichienne,
il est vrai que ces
l’affaire au-
propositions
sont encore jugées excessives par
les Anglo-Saxons. Elles n’en cons
tituent pas moins un progrès ap
préciable, puisqu’elles paraissent
suivre, dans leurs grandes lignes,
le projet français présenté à la
conférence des suppléantes et à la
conférence de Londres par le gé
néral Cherrières, et auquel Mos
cou avait refusé de se rallier.
L’U.R.S.S. continue à réclamer
les deux tiers des installations
FRANC
A DEUX ETAGES
Londres, 27 janvier. —
« Franc farthing » (franc
centime) et « franc double
decker » (franc à deux éta
ges), tels sont les noms que
la presse londonienne donne
au nouveau franc français
Le farthing, qui vaut un
quart de penny, est la plus
petite pièce de monanie an
glaise. Il est d’ailleurs prati
quement hors de circulation
à l’heure actuelle.
Quant au mot « double
decker », il désigne les auto
bus à deux étages si carac
téristiques des moyens de
transports londoniens.
pétrolières en Autriche, ainsi que
des droits de prospection autre-
fois dévolus aux Allemands et des
droits sur d’autres catégories de
biens : au total, selon Reuter, 352
millions de dollars. Mais il faut
tenir compte du fait que les pré
cédentes demandes soviétiques
étaient de l’ordre de 800 millions
de dollars.
Entre le projet français et les
propositions russes, l’écart reste
cependant considérable : le pre-
mier fixait à 100 millions de dol
lars, répartis sur huit'ans. l’in-
demnité due à Moscou pour sa
renonciation au reste des.biens
allemands ; les secondes portent
cette indemnité à 200 millions de
dollars payables en un laps de
temps beaucoup plus court. En
outre, l’U.R.S.S. poserait deux
conditions essentielles à un accord
sur le traité autrichien : 1) la
renonciation parallèle des puis-
. sances occidentales aux avoirs al
lemands dans leurs zones d’occu-
pation en Autriche ; 2) l’assuran-
ce que les industries restituées
par Moscou à l’Autriche ne pas
seraient pas sous le contrôle d’une
autre puissance étrangère.
Si ce n’est pas encore l’entente,
c’est du moins une base de né
gociation, et c’est cela qui im
porte. En montrant qu’elle est
prête à reprendre les entretien?
et à ne pas s’opposer systémati
quement à la conclusion du traité
autrichien, la Russie soviétique
fait naître tin nouvel espoir, dont
on veut souhaiter qu'il ne soit
pas déçu.
Claude VIVIERES.
■La
dans
par
commission des Finances,
une séance mouvementée et
iiistant passionné^! hier
druplement des exportations
bri-
Socialistes
français
et travaillistes
britanniques
vont se rencontrer
après-midi, avait rassemblé les
dix-sept suffrages conjugués des
communistes et des socialistes,
pour une fois enfin retrouvés,
contre quinze voix, 11 M.R.P.,
MM. Pleven, président de l’U.D.S.
R., Paul Reynaud, Edgar Faure,
radical-socialiste, Guillant, ex-M.
R.P. passé à l’intergroupe gaul
liste. Sept abstentions, notam
ment de MM. Joseph Denais.^Jac-
ques Bardoux, Edouard Daladier,
Patrick Bongrain, et cinq ab
sents, pour rejeter le projet gou
vernemental, le seul pour lequel
l’Assemblée nationale eût encore
son mot à dire sur la liberté de
— Ce n’est pas, avait dit M.
LanieT, président du P.R.L. et
champion du libéralisme, un vrai
retour à la liberté, c’est une spu-
Tiqière où les capitaux pourraient
entrer librement, mais d’où il ne
leur serait plus permis de sortir.
Qui pourrait croire qu’après tant
de rnésaventures ils se laisse
raient prendre ?
Le ministre, cependant, n’avait
pas manqué, le matin, devant les
commissaires des finances, aux
quels avaient été conviés à se
joindre ceux des Affaires étrangè
res, d’outre-mer et des Affaires
économiques,
delà de la première heure de l'a
près-midi, un exposé poursuivi à
l'appui de son projet.
La Grande-Bretagne aurait Of
fert d'acheter la renonciation de
la France à son plan par wrcqua-
tanniques de charbon dans notre
pays : 25.000 tonnes mensuelle
ment au lieu de 6.000. Mais la
Trésorerie française ne pouvait
même pas attendre la fin du pré
sent mois, où, faute d'aucune de
vise, elle n’aurait plus été en me
sure de financer aucune importa
tion. M. René Mayer compte sur
le prélèvement fiscal pour obtenir
les devises apportées par certains
assujettis disposant d'avoirs à
l’étranger. Il a affirmé, en outre,
que les prix industriels récem
ment libérés avaient déjà baissé,
et que leur taux, en tout cas,
s’était établi à un cours inférieur
à celui qu’auraient fixé, des mé
thodes résolument dirigistes.
Le ministre a confirmé, inci
demment, que le charbon et le blé
attendus de l’Amérique au titre de
l’aide intérimaire constituaient un
véritable don, si bien qu’un réta
blissement des subventions pour
ces produits n’avait, quoi qu’eût
allégué un commissaire, aucune
raison d’être.
En réponse à une question de
M. Paul Reynaud, demandant si
le gouvernement avait songé à la
possibilité d’acheter des livres au
marché parallèle, M. René Mayer
a assuré que les conversations
continueraient avec la Gtande-
(Lire la suite en troisième page.)
« il y a des concessions
qu’on ne peut pas faire »
nous dit M. Naegelen
M. Marcel-Edmond Naegelen
ministre socialiste de l’Education
nationale, nous a déclaré, en sor
tant hier après-midi du Palais*
Bourbon, tout ému encore des
vives controverses qui venaient
d'y être débattues à son groupé
parlementaire sur la liberté es
l’or :
— Toutes les concessions que
le parti socialiste a pu faire à
l’union ou à la défense de la Ré
publique et de la nation, il les
a toujours consenties de grand
cœur. Aucun parti peut-être n’a
su en accorder autant. Mais i
y a des limites qu’il est imposai-
• ble de franchir, il y a des con
cessions que l’on ne peut pas
faire, et l’on n’obtiendra pas des
socialistes français qu’ils rompent
la solidarité avec leurs camarades
britanniques. Le comité directeur
de la section française et les re
présentants du Labour Party vont
avoir une réunion en commun, et
de concert nous fixerons en har
monie la dernière position sur la
quelle nous sommes prêts à noue
retrancher avec toute la fermeté
qui convient.
Nos grandes enquêtes
L’ARMEE D’AUJOURD’HUI
LE SOUCI DE L’HOMME
Quand la « sauvette »
escompte
la dévaluation
Tandis que les officiels
discutent gravement des in-
cidences des mesures moné
taires. le menu peuple du
marché « parallèle » prend
ses précautions. Cette réac
tion psychologique, qui est
aussi celle de l’homme de
la rue, est notable dès à
présent.
Les cigarettes américaines
LE GENERAL CLAY
REND HOMMAGE
AU GENERAL KŒNIG
Elle veut lui montrer ce qu'il peut être dans la vie
On a souvent reproché à l’ar
mée de ne tenir aucun compte de
. la personnalité humaine C’était
peut-ê're vrai hier et, dans une
certaine mesure, ça l’était effec
tivement ; mais, depuis, les cho
ses ont changé. Aujourd’hui, l’ar
mée a le souci de l’homme.
Dtirant ies deux dernières an-
par Pierre ROCHE
restent encore
prix, mais les
d’ailleurs rares,
de 50 francs. En
au même
Anglaises,
ont monté
somme du
AVEZ-VOUS DE L’OR A VENDRE ?
Voici les tarifs de la Banque de Frar.ee
À dater du 26 janvier 1948, la Banque de
l’or au public aux prix suivants :
Or en lingots : le kilo d’or
Pièce de
Pièce de
Pièce de
Pièce de
20
10
20
10
francs de l’Union
francs de l’Union
dollars des Etats-Unis
dollars des Etats-Unis
fin Fr.
latine
latine
Pièce anglaise 1 livre sterling (souverain)
Pièce anglaise 1/2 livre sterling
FATAL
ANNIVERSAIRE
France achète
237.400
1.368
684
7.100
3.550
1.726
863
»
»
»
»
Jacques Leray gst né
le 23 décembre 1924 ;
sa mère mourut en
mettant au monde.
23 décembre 1927
perd son père. Le
le
Le
il
23
décembre 1935 sa sœur
est tuée dans un accident
d’auto. Le 23 décembre
1942 son frère ainé est
fusillé.
J a c q u e s Leray est
disparaître au cours de
l’incendie de l'appareil
et personne ne l'a en
core retrouvé.
Le gouver nement
américain, trop riche
sans doute, a fait sa
voir qu'il ne perdrait
pas son temps à se lan
cer dans des recherches
aventureuses.
La concurrence de ce
dangereux rival étant
écartée, les chercheurs
LE MALHEUR
DES UNS...
Si la dévaluation
fait pas le bonheur
tous les Français —
ne
de
ou
mort le
décembre
dernier en rentrant chez
lui fêter son anivet-
saire.
L’ILE AU TRESOR
de trésor auront donc
partie belle.
HISTOIRE
D’UN PARAPLUIE
la
n’est pas plus scandaleux d’offriri
des choux à la crème dans un res-
taurant, que du champagne à quatre
mille francs la bouteille dans une
boite de nuit.
Puisqu’on en finit avec la farce
du marché noir en matière de chan
ge, qu’on en finisse donc avec celle |
du marché noir en matière d’alimen
tation. Qu’il se lève de parmi les
mortels celui qui pourra dire sans
mentir qu’il n’y a jamais eu recours! I
Qu'elle se fasse connaître aux fins J
de glorification l’épouse du ministre
du Ravitaillement qui pourra jurer)
n’avoir jamais servi à sa table que
des repas avec tickets! Qu’on le dé-
core sur-le-champ le juge chargé de
la répression des infractions dites )
économiques qui lui-même n’aura ja
mais enfreint la législation I
Enfin une dernière question qu’on
jugera sans doute superflue : où pas-
sent donc les denrées alimentaires
qui sont saisies ?
Les coureurs d’aven
tures et les chercheurs de
trésors Vont pouvoir se
mettre en piste. Une
occasion unique leur est
offerte : on vient en
effet d’apprendre que le
trésor de l’ex - leader
hindou Chandra-Bose se
trouverait quelque part
en l’ile de Formose. Ce
lui qui durant la guerre
fut le chef du gouverne
ment provisoire de l'In
de se tua en avion le
14 août 1945. Or le
seul rescapé de l’accident,
radio de l’appareil, a ré
cemment déclaré que
Chandra-Bose transpor
tait avec lui une valise
renfermant pour 27 mil
liards de pièces d’or et
de diamants. Le contenu
de cette valise n’a pu
La vertu n’est pas
encouragée par les pou
voirs publics comme en
témoigne cette histoire.
Un honnête citoyen
avait remis aux objets
trouvés un parapluie. Un
an et un jour après il
reçu l’avis suivant: t Le
parapluie a été vendu
22 fr. 50 par les Do
maines. Cet argent vous
revient. Faites une de
mande sur papier timbré
« 20 fr. Par ailleurs.
Vous aurez à supportée
les frais de régie, de ven
te et de transport. »
Avec un peu de chance,
le brave homme respon
sable de cette action gé
néreuse ne devra pas à
l’Etat une somme supé
rieure au prix réel du pa
rapluie.
tout au moins ne fera
pas leur bonheur lors
qu’ils réaliseront... qu’ils
ne pourront plus réali
ser grand-chose — elle
fait celui des étudiants
étrangers en France qui
reçoivent une bourse de
leur gouvernement.
Journal à la main,
sautant de joie, c’est
une étudiante égyptienne
qui nous l’apprit : rece
vant 20.000 francs par
mois sa mensualité de
février se montera, après
dévaluation, à plus
35.000 francs.
LE SALON
de
DE « NORMANDIE »
Depuis deux Xhs, le
mobilier, les lustres et
les motifs qui ornaient
le salon d'honneur de
e Normandie » moisis
sent sur les quais du
port de Rio de Janeiro.
Cet ensemble d'un poids
de cinquante tonnes était
destiné à un grand hô
tel de Pétropolis, mais
devant le refus du gou
vernement brésilien d’ex
empter ces objets des
droits de douane, leur
propriétairt a décidé de
nt pas le» retirer.
nées, l’armée a eu à faire face à
de multiples tâches : remise en
ordre de tout l'appareil mi’itaire
bouleversé par les événements de
1939 à 1945. et modernisation de
ses méthodes de travail, notam
ment : mais c’est sans doute dans
le domaine humain que les efforts
tentés ont été le plus sensibles,
il était d’ailleurs naturel de
commencer par la, car il est bien
évident que l’on ne peut procéder
à une réorganisât'on d’ensemble
de l’armée sans agir au préalable
sur les agents d’exécution et sans
les mettre eux-mêmes dans une
ambiance nouvelle.
Pour être tout à fait juste, on
doit reconnaître que le but pour-
suwi a été auss' d’ordre pratique
Il fallait obtenir le maximum de
rendement dans le minimum de
temps. Il n’en reste pas moins
qu’une évolution s’est opérée qui
ne peut, avoir, par la suite. Que
d'heureux résultats.
Une question de vie
ou de mort
Les besoins de l’armée en spé
cialistes n’ont fait que grandir
d’une guerre à l’autre. Dès 1939,
on les chiffrait déjà à 25 % du
contingent, contre 5 % aupara
vant. Aujourd’hui, ils sont de l’or
dre de 45 %. La différence in
dique as es l’importance du pro
blème qui se pose. Il s’agit pour
l’armée d'en trouver immédia e-
administratif, mais en s’attachant
surtout aux aptitudes.
Le recruement classique, celu.
que nous avons tous connu, et qui
(Lire la suite en troisième page.)
shilling à 200 francs, de la
livre à 2.400...
Le café n’a pas encore
bougé, non plus que le sucre.
Mais le beurre « noir » a
augmenté de 300 francs par
kilo.
Au cours de la conférence de
presse qu’il a tenue à Washington
et dans laquelle il a insisté pour
que la France fusionne sa zone
d’occupation avec la bizone, le gé
néral Clay a dit du général Kœ-
nig, commandant en chef des for
ces d’occupation françaises en Al-
lemange, qu’il était « un des plus
grands administrateurs qu’il ait
Jamais vus à l’œuvre ».
Cet hommage venant d’Une telle
bouche, est particulièrement si
gnificatif : on ne sache pas, en
effet, que le général Clay, jusqu’à
présent, se soit montré très ten-
dre, ou seulement très compré
hensif, pour tout ce qui est fran-
çais.
LA CHRONIQUE DE L
ORDRE DE PARIS
L’Allemagne tient sa revanche:
l’existentialisme !
En applaudissant Jean-Paul Sartre
les Berlinois s’applaudissent eux-mêmes
par Jeanne GARNIER
ment le plus possible
faut de faire çn sorte
ait le plus possible qui
pidement utilisables.
D’exil cette première
réformer les procédés
et, à dé-
qu’elle en
soient ra-
nécessité .
de recru-
tement, non pas au point de vue
VISAGES DE PARIS
Les robes
“ramasse-miettes”
Christian Dior qui pensait jus
qu’à ce jour que sa réputation d’en
fant terrible de la couture était bien
établie est fort inquiet. Une nou
velle maison présente des collections
incendiaires.
Dior avait lancé le « derrière de
Paris ». Clarence annonce le « ra
masse miettes » pour la collection
de printemps.
La silhouette e ramasse miettes 2
aura deux caractéristiques, d’après
les bruits d’atelier : une petite traîne
balavette pour les robes du soir et
même pour celles de fin d’après-midi,
et un abondant coussinet pectoral
chargé de compléter les avantages
que la nature distribue parfois par
cimonieusement.
Bien entendu le tout est étayé sur
une guêpière et un balconnet.
J. MERLIN.
Berlin (de notre correspondant permanent). —
« Tu ne me chercherais pas, si tu ne m’avais
déjà- trouvé. » Le public berlinois se rue et se
presse pour voir Les Mouches de Jean-Paul Sartre.
On s’arrache les billets que les revendeurs cèdent
à deux cents marks (deux cents marks : le traite*
ment mensuel d’une secrétaire). Ce n’est pas simple
et saine curiosité. Bien qu’aucune œuvre de Sartre
n’eût été traduite, jusqu’ici, en allemand, les
journaux et les revues jonglaient depuis des mois
avec les mots-clefs de l'existentialisme : angoisse,
néant, désarroi, solitude, désespoir et nausée. Dans
leur acception philosophique, ces mots ont été
définis par Heidegger avant de l’être par Sartre.
Dans leur sens banal, ils expriment, pour les
Allemands d’aujourd’hui, la réalité quotidienne.
Violemment attaquée par les catholiques et les
communistes, passionnément discutée, frénétiquement
applaudie, la pièce de Jean-Paul Sartre est ici,
sans conteste, le plus grand événement théâtral de
l’après-guerre. Juergen Fehling, un metteur en
scène qui joint à beaucoup de talent le goût de
l’horrible et du colossal, fait surgir ce monde de
cauchemar, cette Grèce qui n’a rien d’attique :
un ciel bas, où le soleil noir flotte dans un nuage
sanglant, emprisonne la ville d’Argos aux maisons
lépreuses d’où s’échappent, par intervalles, des
hurlements de mort ; au centre de la scène, la
tête de Jupiter, énorme, exsangue, aux lèvres
tordues, aux yeux révulsés, coiffe une colonne
phallique autour de laquelle Electre, secouée par
l’hystérie et la haine, les Argiens, rongés de mou-
ches et de remords, les Erynnies verdâtres et
masquées de cagoules, dansent leur infernale
sarabande. Puis tout s’immobilise ; et Oreste
libéré, libéré par le meurtre, crie à Jupiter et au
Public : « Le plus lâche des assassins, c’est
assassin qui se repent. »
Est-ce là, se demandent les critiques berlinois,
ce que les Français veulent nous dire ? Le message
de Sartre, serait-ce qu’il nous faut conquérir la
liberté à tout prix, même par le meurtre ? Certains,
gênés, rappellent que la pièce, écrite sous l’occu-
pation allemande, devait arracher les Français à
l’accablement de la défaite, à la résignation que
prêchait Pétain. Exégèse qui ne touche pas le
public du théâtre ; peu lui importe ce que Sartre
a voulu dire. Que dit-il aux Allemands d’après
guerre ? Que le remords est stérile et malsain ;
que l’homme digne de ce nom. Oreste, le surhomme,
se libère par le crime, et que lui, lui tout seul,
libère par le crime tout son peuple. Hitler a pris
sur lui toute la responsabilité ; en se suicidant, il
a emporté avec lui toute la responsabilité allemande.
Mais enfin, se demandent les critiques berlinois,
est-ce bien là ce que les Français veulent nous
dire ?
Non, les Erynnies ne harcèlent pas l’Allemagne.
Celle-ci ne se sent pas coupable, elle rejette sa
responsabilité collective (que seuls acceptent, sur
le plan politique, le parti d’unité socialiste et le
parti communiste, une minorité). Elle croit que les
Alliés, méchamment, veulent la contraindre à expier
des crimes qui n’en étaient point, puisqu’ils étaient
pour elle « les chemins de la liberté ». La justi
fication qu’elle trouve dans Sartre lui paraît d’autant
plus naturelle qu’ici, l’existentialisme était partie
intégrante du fascisme. Et d’abord par l’engage
ment personnel de son pape allemand, Heidegger,
qui, dans un discours prononcé en novembre 1933.
déclarait aux étudiants : « Que les principes et
les idées ne soient point les règles de votre
existence. Le fuehrer même, le fuehrer seul est la
réalité actuelle, la réalité future, et sa loi. »
Même les Allemands que ne séduit pas la
liberté sartrienne se sentent flattés par la vogue de
l’existentialisme. Ils ont l’impression de faire ainsi
leur rentrée, un rentrée tapageuse et triomphante,
sur la scène du monde. Napoléon a vaincu
l’Allemagne, mais Werther a vaincu Napoléon.
Grâce à Mme de Staël, à (Gérard de Nerval, à
Victor Hugo, le romantisme allemand a conquis
l’Europe. C’est une revanche du même ordre
qu’escomptent aujourd’hui les Allemands, grâce au
succès de l’existentialisme, ce nouveau s mal du.
siècle ». \
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