Titre : L'Ordre
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1945-09-29
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32829724j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 29 septembre 1945 29 septembre 1945
Description : 1945/09/29 (A17,N209). 1945/09/29 (A17,N209).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t51168390
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-1857
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/11/2021
— L'ÉDITORIAL
17 e Année - Nouvelle Série N’ 209
2 francs
Samedi 29 septembre 1945
d’Emile BURÉ
LA VRAIE
QUESTION
C’est maintenant le petit jeu des statistiques électorales.
Le parti communiste , conteste la victoire du parti socialiste. Il
prétend qu’il a réuni plus de voix que celui-ci, et la polémique
entre l’Humanité et le Populaire est aigre-douce. Pour ce qui est
du parti radical dont les journaux s’accordaient à reconnaître qu’il
était en baisse, son secrétaire général Mazé, bras droit de Daladier,
déclare que les statistiques du ministère de l’Intérieur sont « faus-
ses
au
pas
par
» et qu’il est en fait le « triomphateur », ce qui prête à sourire
Populaire, dont l’article s’intitule cruellement « Un qui n’est>
difficile. »
La statistique étant l’un des moyens de choix de la tromperie,
là suspecte à tous, les « partis de gauche » en appellent chacun
à leur tour au peuple souverain, qui, dimanche décidera entre eux.
Ils n’ont rien de mieux à faire, évidemment ; mais que leur que
relle est donc inquiétante pour ceux qui, comme nous, à l’Ordre.,
n’avons souci que de l’intérêt national !
Ces partis,, communiste, radical, socialiste, qui se gourment
sous nos yeux, constituent le Front Populaire qui aura à charge de
constituer bientôt le gouvernement, et, dès mantenant — on ne le
dirait pas — ils ont même résolu de s’accorder en vue du scrutin
de ballottage. Décidément, nous avions raison de manifester quel
que pessimisme au lendemain du premier tour de scrutin. Le confu-
sionisme démagogique devient vraiment inquiétant pour l’avenir
de notre pays. De l’avis même du correspondant à Londres du
Populaire, il nuit à l’autorité de notre délégation à la conférence
des ministres des Affaires étrangères, a Au vrai, écrit celui-ci, on
estime que les vues françaises, pour intéressantes qu’elles soient,
ne pourront être examinées avec toute l’attention désirable qu’après
les élections, lorsque le peuple français aura fixé lui-même sa
politique. »
.Jusqu’à ce que le sort de là France soit fixé, les partis, tous les
partis, auraient dû demeurer unis derrière le général de Gaulle, à
qui ils doivent tant ! En tous les cas, ne point lui chercher âpre-
ment querelle à propos de tout et de rien. Ce meeting
Pleyel, organisé en manière de protestation contre une
tion proportionnelle qu’aurait, de parti pris, faussée
notre gouvernement provisoire, m’a exaspéré, car j’ai
la justice, même dans le domaine politique. Comment,
ment admettre que la représentation proportionnelle
de la salle
représenta-
le chef de
le goût de
mais com-
puisse être
intégrale, al.ors que les partis n’ont pas encore déterminé nettement
leurs limites ; alors que. par la voix de Léon Blum, les socialistes
reprochent aux communistes d’avoir mis sur pied pour aider à ses
succès électoraux une « vaste machinerie » cor^me celle du a Front
National » ?
Le M. R. P., le parti démocrate chrétien, qui figure, lui aussi,
parmi les vainqueurs du scrutin de dimanche dernier, mais qui n’est
finalement point admis à prendre place dans le Front Populaire à
qui il a été impossible de ne .pas se prononcer pour la laïcité, mani
feste aujourd’hui son amer désenchantement par le truchement de
l’Aube ; « Quoi qu’il en soit, écrit un rédacteur de ce journal,
partis socialiste, communiste, radical vont donc s’unir dimanche,
prochain devant les urnes. Alliance opportuniste, négative, éphé
mère et qui résisterait difficilement à l’épreuve des faits au sein,
par exemple, d’un gouvernement commun. » Pleinement d’accord
cette fois, cher confrère !
J’ai toujours soutenu que la France, de par l’heureuse- réparti
tion de sa population, pourrait accomplir sans trop de heurts la 1 ,
révolution mondiale du machinisme, mais encore faut-il pour cela
que les Français de toutes catégories ne s’impatientent ni ne
s’abandonnent, et, ma foi, il est bien difficile, en se fondant sur le
résultat des élections cantonales, de leur faire pleine confiance.
Vraiment on croirait, écrit avec une frappante gravité le leader
de Combat, que beaucoup de Français ne se sentent en rien consternés
par ce qui peut advenir à leur pays, c'est-à-dire à eux-mêmes. Que
40 % des électeurs se soient abstenus aux élections, cela est déjà signi
ficatif. Nous entendons bien qu’il s’agissait des conseils généraux, et
que beaucoup ont pensé — à tort — que ce choix des administrateurs
locaux pouvait se faire sans eux. Mais ailleurs, à d’autres propos, on
relève la même reculade, et, disons-le, la même démission. Il n'est pas
jusque dans les classes prétendues dirigeantes — réputées, cependant,
pour savoir défendre leurs intérêts — où l'on ne trouve des hommes qui
affichent leur abandon. Ceux-ci ne disent plus : « Après nous, le dé
luge ! », mais : « Vite le déluge, que nous sortions de ces équivoques,
de ces compromis ! » Et de souhaiter, plus ou moins ouvertement, la
politique du pire.
J’ai fait campagne naguère pour le vote obligatoire. M,ais le
mal de l’abstentionnisme a empiré au point que je n’ose à présent
offrir mon remède, de crainte qu’on ne me rie au nez. Pourtant, il
est, comme on dit, « dans la ligne» de la Quatrième République,
qui’, écrit mon vieux camarade du temps de l’affaire Dreyfus,
Grunebaum Ballin, devra être « pure » et « dure » (r), si elle ne
veut pas faire faillite comme sa devancière.
La France a été sauvée coûteusement et par miracle ; va-t-elle
manquer de sérieux au point de compromettre son salut ? Que la
question puisse se poser, c’est tragique.
(1) « Vœux pour la Quatrième République », édition du Sagittaire.
JACQUES DORIOT
espion et agent
de la Gestapo
Avant, pendant et après la guerre
que n’a-t-on vu ces « Vive Doriot ! »
taillés dans le macadam des routes,
ces « Vive Doriot ! » peints à larges
traits sur les murs ! Que n’a-t-on vu
dans des meetings squelettiques ces
photographies immensément agran
dies d’un homme aux traits massifs,
aux épaisses lunettes d’écailles, qui
paraphrasant Hitler, prétendait, lui
aussi, être un führer, celui des Fran
çais.
Mais ce n’était pas tout. L’homme
ne se contentait pas d’être un servile
imitateur, c’était un espion grasse
ment appointé de la Gestapo, l’agent
5 GB 4, qui avait ses grandes et pe
tites entrées auprès de Himmler, qu’il
vit même le 29 août 1939 à Berlin,
soixante-douze heures avant la mobi
lisation générale en France. On serait
curieux de savoir ce que disent alors
les deux sinistres compères.
Les archives allemandes et italien
nes révèlent que Doriot était en rap
port avec les meilleurs agents des
services secrets allemands, qu’un de
■ ces derniers, « français », apparte
nant sans doute à la Cagoule, remit
à ses chefs de Berlin, le 24 janvier
1940, le rapport S.11.4 qui révélait
secrets militaires français
tous' les
avec en plus les défauts de notre
Pouvait-on trahir plus hon-
cuirasse.
teusement?
LA QUOTIDIENNE
Les morls sans obole
Une
Boche
amie à qui, comme à moi, le
aidé par quelques Français a
tout pris et qui possédait entre au
tres choses précieuses des correspon
dances de la plus haute valeur qu’elle
s’apprêtait à publier m’écrit : « Avec
elles, je passais à la postérité. Sans
elles, personne dans l’avenir ne se
souviendra de moi. »
Je cite son propos parce que je sais
qu’il fera sourire et n’émouvra que
quelques âmes. La soif d’éternel n’al-
tère pas, Diei merci, tous les êtres,
mais à côté des créateurs qui perpé
tuent leur nom et atteignent aux rives
de l’au-delà par la. grâce du génie,
soyez indulgents à ceux qui, tourmen
tés par l’ambition plus haute que le
talent, surent qu’à écrire svr le sable
ils ne laisseraient de leur passage sur
la terre aucune trace indestructible.
Conscients de leur insuffisance et dé
vorés cependant du désir de survivre,
ils se consolaient de leur sort souvent
obscur par l’espérance de s’introduire
de biais dans la postérité, soit en
suivant le sillage d’un grand homme
dont ils seraient l’Eckermann, soit en
attachant leur nom à quelque publi
cation qui prolongerait leur existence
terrestre, soit même en rassemblant
une collection qui porterait leur nom.
Ils ne seraient que cela, des usagers
accidentels de la gloire : mais tout
au moins ne périraient-ils pas tout
entier.
Or le destin aidé par les hommes
a voulu que ce dernier « moyen de
parvenir » leur soit arraché, et les
voici nus et dépouillés au moment où
ils voient se profiler à l’horizon les
rivages amers. Nous ne passerons pas
’ le Styx, ma chère amie : on nous a
arraché l’obole que nous devions ten
dre à Charon.
Pierre LŒWEL.
L’ORDRE
Directeur politique
Emile DURÉ
Rédaction, Administration : 31, Rue Tronchet
Publicité : 36, Rue Tronchet
Anjou 86-40 — 4 lignes
Après 21 heures : Gutenberg 95-66
LES « CINQ » ONT DÉ LA PERSÉVÉRANCE
LA CONFERENCE DE LONDRES VA CONTINUER A SIEGER
bien que son ordre du jour soit pratiquement épuisé
Situation empirée :
tel est son résultat
A MOSCOU LA PROCHAINE RÉUNION?
Nous n’avions pas beaucoup espéré , tater qu’aucun problème n’a pu rece-
de la réunion des « Cinq » à Londres, j voir de solution. Au risque de rece-
.— voir un démenti aujourd’hui même —
mais nous ne croyions pas qu’elle
allait empirer la situation. Or, c’est
ce qui est en train de se faire.
Il était admis depuis Potsdam que
le Conseil des ministres des Affaires
étrangères créé par les « Trois'» au
rait toute autorité pour poursuivre
la mise sur pied des traités de paix
dont les grandes lignes y avaient été
ébauchées. La querelle cherchée à la
Franc» et à la Chine pour les élimi
ner de certaines discussions n’a servi
qu’à battre en brèche ce principe.
L’Australie, le Canada, la Nouvelle-
Zélande reviennent sur leur accepta
tion tacite de la procédure des
« Cinq » et affirment leur intention
de prendre part aux délibérations sur
les traités, considérant que tout ce qui
peut se faire dans les conditions ac
tuelles à Londres ne dépasserait pas
l’autorité de projet.
De même, le Conseil des « Cinq »,
en élargissant son ordre du jour ini
tial, ou plutôt le fuyant, s’est attaqué
à des problèmes comme celui posé
par l’occupation du Japon. Il en est
découlé une confusion nuisible à tout
le monde et à tous les problèmes en
souffrance de règlement. L’Australie
et la Nouvelle-Zélande sont interve
nues, très légitimement d’ailleurs,
leurs sacrifices pour vaincre le Japon
étant bien supérieurs à ceux des Rus
ses, par exemple. Du coup, M. Bi
dault a cru devoir invoquer aussi
l’affaire d’Indochine, qui va mettre
en mauvaise posture son associé d’in
fortune. le ministre chinois.
En somme, les « Cinq » sont deve
nus des touche à tout. Et. ce faisant,
ils ne sont même pas parvenus à noyer
le poisson. N’en déplaise à certains
journalistes d’un pays allié, ce n’est
pas faire œuvre de fascisme de cons-
LE FEU SOUS LA GLACE
Raeykjavik.
des plus
grands glaciers d’Europe, le gla
cier de la Vatnajoekull, est en fu-
sion. Le feu terrestre apparaît à
travers les crevasses. Les flammes
n’ont pas encore traversé la con-
che glaciaire, mais on s’attend que-
ce phénomène ′ se produise d’ici
quelques jours. L’eau qui s’écoule
est chargée de soufre au point que
l’air est épaissi de vapeurs jau
nâtres. Les maisons blanchies à <
la chaux deviennent grises en une 4
nuit et les vivres sont gâtés. '
Ce n’est pas la première fois que 1
les volcans subjacents
entrent en éruption. Ce
se répète à intervalles
5 à 10 ans. — (A.P.)
au glacier
phénomène
variant de
— Oui, mais rien dans tes mains, rien dans les poches, hein ?...
de la Ligue de l’Enseignement
Al. Ménard nous d#
La Ligue française de l’Enseigne
ment tient actuellement son 56e Con
grès national. A l’heure où l’école laï
que est à nouveau attaquée, ses tra
vaux revêtent une grande importance.
Nous avons demandé à M. Ménard,
secrétaire à l’Information de la Ligue,
de nous exposer le rôle et la position
de cet organisme.
— La Ligue de l’Enseignement re
trouve son rôle traditionnel, qui est
de défendre l’école laïque, de la faire
aimer et respecter et de montrer qu’el
le seule peut assurer l’unité morale
de la France.
— Que pensez-vous de la réforme de
l’enseignement ?
— Il est nécessaire que tous les petits
Français reçoivent sur les bancs de
l’école un fonds commun de culture
et d’éducation morale et civique.
« C’est aux parents, s’ils le jugent
utile, de compléter cette éducation par
une instruction religieuse.
« Nous restons partisans de la vieille
formule: « L’instituteur à l’école, le
prêtre à l’église ». La réforme de l’en-
seignement doit permettre de restau
rer les valeurs morales et civiques. Il
faut préparer l’enfant an rôle social
qu’il aura à jouer plus tard.
« Nous attachons une grande impor
tance au recrutement et à la formation
des maîtres, la rénovation morale du
pays en dépend et, pour cela, il fau
drait améliorer la situation matérielle
du personnel enseignant ».
— L’école laïque est l’objet de nom
breuses attaques, nous avons pu lire
des affiches où elle était critiquée...
— Oui... nous sommes à nouveau at
taqués et salis. Les écoles libres ont été
choyées sous Vichy, elles voudraient
conserver les subventions qui leur
étaient allouées par l’État. Nous y som
mes opposés et nous réclamons lana-
tionalisation de l’enseignement. Il faut
assurer l’égalité de tous les Français
devant l’instruction et dans le respect
des croyances.
« Dans les travaux de notre Congrès,
nous avons été amenés à examiner la
situation de l’Alsace qui possédait un
régime scolaire particulier.
« Nous demandons, à nouveau, et
d’une manière très instante, que la lé
gislation française soit introduite en
Alsace et en particulier la législation
scolaire ».
— N’avez-vous pas d’autres projets ?
— La Ligue souhaiterait que les maî
tres et les professeurs des divers en
seignements puissent se retrouver et
recevoir une instruction péangogique
commune, ils pourraient participer,
par exemple, à un stage avant d’aller
enseigner.
« Nous caressons aussi le rêve d’une
« maison universitaire », où les institu
teurs et les professeurs pourraient se
retrouver ».
Aujourd’hui, le Congrès se termine
ra par une séance solennelle à laquelle
doivent assister le général de Gaulle,
M. Capitant, ministre de l’Education
nationale, assistés de nombreux mem
bres du Gouvernement.
Ch. CH.
M. Diethelm
retire sa candidature
Seul parmi les ministres, M. Tixier
restera candidat demain aux élec
tions cantonales (dans la Haute-
Vienne), M. Diethelm retire, en effet,
sa candidature en Ille-et-Vilaine, où
il était en ballottage. Il se peut même
qu’il change de département lors ■
élections à la Constituante.
Entrevues Léon Blum-
Francisque Gay ?
D’après certaines informations,
Léon Blum et M. Francisque Gay
des
M.
se
seraient mutuellement rendu visite.
Le directeur de l’ « Aube » aurait
même indiqué que ce n’était pas un
simple geste de courtoisie, mais les
milieux intéressés démentaient hier
cette nouvelle.
(Lire, en deuxième page, nos autres
informations, sur les élections.)
et nous
le souhaiterions — nous con-
tinuons à estimer que la réunion de
Londres, arrivée à son terme, n’a
servi qu’à mettre à jour les profonds
dissentiments qui séparent les «Trois »,
chose qu’on ne faisait que soupçon
ner après Potsdam.
Certains croiraient que le commu
niqué final apportera des apaisements
et révélera des résultats positifs. Nou
velles dorures peut-être. Nous reste
rons sceptiques et inquiets, même en
apprenant que la prochaine réunion
se tiendra à Moscou.
LA THÈSE FRANÇAISE
sur
du
Londres.
la décentralisation
Reich est adoptée
— Le Conseil des Cinq a 1 zone sous le contrôle du commandant
tenu hier deux séances. Celle du ma
tin qui a commencé à 11 heures était
présidée par M. Bidault. On y a pour
suivi l'examen de la question de la
Rhénanie et de la Ruhr. La date des
futures réunions ainsi que le pro
gramme de travail des adjoints, qui
demeureront à Londres en session
permanente après le départ des mi
nistres furent également évoqués.
Le point de vue français en faveur
du maintien de certaines mesures
décentralisation en Allemagne a
adopté.
On sait que jusqu’à maintenant
de
été
les
différents organismes de l’administra-
tion allemande ont agi dans chaque
LES JAPONAIS
instigateurs des treubles
D’INDOCHINE
^énergique et loyale attitude
des forces d’occupation britanniques
La « sphère de co-prospérité de l’Asie
orientale » tend de plus en plus à
venir une sphère anarchique : le
sordre est partout, et partout les
ponais en sont responsabels.
Les troubles d’Indochine, qui ne
de-
dé-
Ja ¬
pa-
laissent pas encore complètement apai
sés, sont leur fait. D après une infor
mation de Londres, les Britanniques
ont découvert à Saïgon le quartier gé
néral clandestin des insurgés, qui fonc
tionnait sous la direction d’officiers
japonais. D’autre part, l’agence « Reu
ter » annonce que le maréchal comte
Terauchi,. commandant, des forces ja
ponaises dans le sud-est asiatique, a
été arrêté par les troupes britanniques
à Saïgon : on l’accuse d’avoir incité
ses compatriotes et ses subordonnés à
fomenter des émeutes en Indochine.
De fait, ces émeutes continuent à se
produire dans tous les secteurs qui se
trouvent encore sous contrôle japonais.
Cette situation appelle, nous semble-
t-il, deux sortes de remarques. D’abord,
il y a lieu de souligner la' part, très
active prise par nos amis britanniques
dans..la répression des troubles : hier
encore, le général Gracey, qui com-
mande tes forces alliées, en Indochine
du Sud, s’est tendu en avion de Saï
gon à Singapour afin d’avoir, avec des
personnalités militaires alliées, des en
tretiens sur les meilleurs moyens de
rétablir l'ordre. Il semble que l’action
britannique soit aussi énergique envers
les rebelles qu’amicale envers nous ; et
il convient de s’en féliciter.
D’autre part — et c’est le second
point — on ne veut manquer de
s’étonner de la latitude et des facilités
qui ont été jusqu’à présent laissées
aux troupes japonaises. Ayant été au
torisées à conserver leurs armes —
mesure d'ailleurs plus que critiquable
— sous prétexte d’aider. à maintenir
l’ordre, elles s’en sont servi en réalité
pour semer le désordre, quand elles ne
les ont pas purement et simplement
remises aux Annamites révoltés, ou
UN AMERICAIN, HEROS
DE LA LIBERATION
FRANÇAISE, ASSASSINE
PAR LES ANNAMITES
Une dépêche d'agence nous avait an
noncé hier le meurtre, par les Annamites
à Saïgon. d’un officier supérieur améri
cain. Le lieutenant-colonel Devey — c’est
de lui qu’il s'agit — était correspondant
de presse à Paris lorsque la guerre éclata.
Il s’engagea aussitôt dans l’armée polo
naise pour lutter contre le boche. A l’ar-
mistice de 1940,
de là, rejoignit
Parachuté en
quement, il fut
maquis dans le
il gagna le Portugal et,
les forces américaines.
France avant le débar-
un des organisateurs du
Midi. Son père, qui est
député de l’Illinois, vient de révéler que
sous les ordres de son fils des éléments
du maquis ont détruit trois chars alle
mands de 20 tonnes, libéré trois aviateurs
américains prisonniers et capturé plus de
400 Allemands.
Non content de ces exploits, qui lui
valurent une haute distinction, le colonel
Devey était parti en Indochine où il vient
de tomber sous les balles des ennemis de
la France.
Nous nous inclinons bien bas devant la
dépouille de Ce pur héros de la Grande
Amérique, pays auquel nous devons tant,
pour nous avoir tiré des griffes de notre
ennemi mortel.
CE QUE JULES VERNE
N’AVAIT PAS PREVU
Le premier avion qui
lièrement en 6 jours le
terr e sur son plus long
fera régu-
tour de la
parcours a
quitté Washington la nuit dernière.
La première escale aura lieu aux Ber
mudes.
Lire en 2e page :
CURIOSITES SCIENTIFIQUES
par Roger SIMONET
POUR QUE VIVE
LA FRANCE
EXSANGUE !
— Conséquences démographiques
de l'immigration étrangère C
«
sée
L’immigration massive organi-
en France depuis la guerre...
quand les officiers japonais n’ont pas
profité de la liberté qui leur était lais
sée pour se mettre à la tête des re
belles...
Quand, après cela, le chef d’état-ma
jor du maréchal Terauchi déclare, dans
une interview : « Il faut nous faire
confiance et nous laisser garder nus
armes jusqu’à ce que nos troupis
soient rapatriées » ; quand,, en outry,
il ne craint pas de suggérer, pour ré
gler la situation en Indochine, la réu
nion d’une conférence entre Français,
Britanniques et représentants du Viet
en chef allié de cette zone qui, lui-
même, relève de la Commission des
Quatre siégeant à Berlin. Or, il était
question de relier directement l’admi
nistration de chaque zone à une ad
ministration centrale allemande qui
aurait siégé à Berlin. Les arguments
français en faveur du maintien du
système actuel ont convaincu la con
férence. Les vues exposées par le mé
morandum sur la Ruhr et la Rhéna
nie ont suscité des discussions de
meurées d’ailleurs dans l’ensemble as
sez générales, mais un peu plus pous
sées en differents poinis : on a ce
pendant l’impression que la question
n’est pas « mûre » et qu’elle sera
l’objet d’études ultérieures. On ne
précise d’ailleurs pas quel organisme
en sera chargé.
La séance de l’après-midi fut brève,
ne durant qu’une heure. Elle a été
consacrée à l’étude et à la révision de
l’ensemble de tous les sujets qui furent
tour à tour évoqués à Lancaster House,
depuis le 11 septembre.
Mais cette révision n’a pas amené
des modifications substantielles dans
les points de vue respectifs ou dans les
décisions arrêtées. Les cinq délégués
suppléants se sont, de leur côté, réunis
entre les deux séances de la Conféren
ce. En outre, on sait que M. Bevin
avait pris part à une très importante
réunion du Conseil de Cabine' britan
nique et que le chef du Foreign Of
fice et MM. Byrnes et Molotov eurent
de nouveaux entretiens.
Bien que l’ordre du jour semble
maintenant épuisé, les travaux vont
continuer aujourd’hui. Les divers dé
légués ont demandé des instructions
à leurs gouvernements et suivant les
réponses qui leur seront données on
saura si la Conférence va rédiger son
communiqué final ou reprendre l’exa-
men de certains problèmes.
constitue pour la France un phé
nomène unique dans son histoire et
vraisemblablement un phénomène
unique dans l’histoire des immigra
tions en général (2). Au total
on observe en France depuis un
siècle un apport de 5 millions et
demi d’étrangers. Au recensement
de 1936 il. existait en chiffres ronds :
2.500.000 étrangers en France. Dès
1938, il fallait ajouter à ce chiffre :
445.000 réfugiés espagnols parmi
lesquels environ 300.000 demeurent
encore actuellement en France. Si
l’on ajoute aux 2.500.000 étrangers
recensés en 1936 ces 300.000 Espa
gnols et si l’on tient compte depuis
la guerre d’un mouvement impor
tant de réfugiés politiques, diffi
ciles à dénombrer, on atteint le
chiffre global de 3 millions, géné
ralement cité dans la presse et la
littérature.
« Les étrangers tiennent aujour
d’hui dans notre économie natio
nale une très grande place: ils for
ment, depuis la guerre de 1914-1918,
7 % environ de la population pro
ductive totale ; 3 % des éléments
actifs dans l’agriculture ; 35 % dans
les industries extractives ; 10 %
dans les industries de transforma
tion; 6% dans le commerce et les
professions libérales (3). Ces .étran
gers — et c’est là un signe assez
inquiétant pour l’avenir de la nata-
lité française
ont ’ contribué
migrations. Les originaires des six
puissances limitrophes énumérées
ci-dessus ne forment plus que 61 %
des étrangers. En 1936, les Italiens,
au nombre de 731.000 sont toujours
les plus nombreux, mais on recense
également 423.000 polonais (19 %
des étrangers) et 85.000 Nord-Afri
cains. Les autres nationalités four
nissaient plus de 16 % du total des
étrangers et groupaient 353.000
d’entre eux.
Depuis 1936, le mouvement d’im-
migration n’a pas cessé de s’accroî
tre jusqu’en 1940. Nous avons vu
qu’en 1938 445.000 réfugiés politi
ques espagnols étaient venus,s’ajou
ter aux 2.500.000 étrangers -qui se
trouvaient déjà en France. En outre,
un assez grand nombre d’ouvriers
entrés avec des permis de travail
temporaire demeurèrent en France
dans l’espoir d’y régulariser peu à
peu leur situation.
La répartition des étrangers par
nationalité dans les diverses pro
vinces françaises se présentait com-
■me suit en 1936.
Les Italiens se répandaient sur
tout dans :
— le Midi de la France.
Littoral méditerranéen. 217.000
Bassin aquitain 77.000
— le Nord et l’Est 198.000
— la région parisienne.... 122.000
— la région lyonnaise.... 37.000
Les Polonais étaient plus grou
pés, on en comptait :
Duel... à la plume
Nam, avec
nais, on se
que.
La vérité
éliminer le
pour médiateur, des Japo-
demande de qui il se mo-
est simple : si l’on veut
chaos, il faut éliminer les
CURIEUSE PROPOSITION
DU « DAILY HERALD »
AUX « IZVESTIA »
Japonais. Mutadis mutandis », et
sans vouloir le moins du monde établir
une comparaison qui serait odieuse,
demander aux Japonais de maintenir
l’ordre en Indochine correspond à peu
près à demander aux nazis d’aider à
rétablir l’administration française en
Alsace...
Claude VIVÏERES.
Londres. — A la suite de la polémi-
que engagée par les « Izvestia » centre
le « Daily Herald », sur la politique
dite du « bloc occidental », l’organe
travailliste anglais propose de publier
un article du rédacteur en chef du
journal russe à condition que ce der
nier s’engage à accorder l’hospitalité
de ses colonnes à la réponse anglaise.
DÉCISION DU CONSEIL DES MINISTRES
tous les salariés
assurés sociaux!
assurance longue-maladie est créé
C’est à une réforme des Assurances
Sociales que le Conseil des Ministres
s’est surtout consacré hier matin.
La législation nouvelle est essentiel
lement caractérisée par les traits sui
vants :
Tous les salariés deviennent assurés
sociaux, quel que soit le montant de
leur rétribution annuelle. L’ancien
plafond de cent vingt mille est con
servé seulement en ce sens que mê
me si l’o n gagne deux ou trois cent
mille francs, le montant des contri
butions à payer et des prestations à
réclamer est calculé sur un maximum
de dix mille francs par mois. On son
ge, d’ailleurs, à étendre le régime des
A. S. à certaines catégories de travail
leurs libres : petits commerçants et
artisans, notamment.
L’assurance longue - maladie est
créée. Jusqu’ici le malade ne bénéfi
ciait des soins et des allocations que
pendant six mois. Il pouvait ensuite
toucher l’assurance-invalidiié, si son
incapacité de travail était egale aux
TI * résultats en étaient catastro-
2/3. Les
phiques
notamment en cas de tuber-
LA SITUATION
eulose. Le régime nouveau donne
étroit aux soins et aux allocations
pendant trois ans, après quoi le ma
lade s’il n’est pas guéri, pourra tou
cher soit une allocation complémen
taire, soit une allocation de rééduca
tion.
Le tarif des frais médicaux sera
fixé par un accord entre syndicats
médicaux et Caisses d’assurances so
ciales sous le contrôle d’une com
mission nationale mixte.
La retraite vieillesse est réorganisée.
L’âge en reste fixé a 60 ans ; mais
une bonification est prévue pour ceux
qui consentiront à travailler jusqu’à
65 ans.
M. >Parodi commentera lui-même
ce projet, qui ne comporte du reste
pas moins de 127 articles.
Disons simplement qu’en 1936 les
sommes maniées par les Caisses d’As
surances Sociales étaient de 2 mil
liards 220 millions et correspondaient
à 4,21 % de l’ensemble des salaires.
Les chiffres seront maintenant res
pectivement de 32 milliards, et de
75,80 %.
EN INDOCHINE
et la prime de retour des déportés
Auparavant M. Mayer, ministre des
Affaires Etrangères par intérim, avait
exposé les résultats de la Conférence
des Cinq. Et M. Giaccobi dit quelle
est la situation en Indochine : au
point de vue économique, a-t-il pré
cisé les plus vives inquiétudes sont
légitimes. Elle s’aggrave du fait de
l’absence d’une administration qui
fonctionne et d’une autorité nettement
affirmée. Dans le nord du Tonkin,
la. piraterie sévit. Il est regrettable
d’autre part que la pénurie de nos
effectifs nous oblige à laisser une
trop grande liberté d’action aux Ja
ponais.
Une chose satisfaisante, pourtant :
Les populations des territoires arra
chés au Cambodge et au Laos par le
Siam manifestent leur désir de réin
tégrer la communauté indochinoise.
Au cours de ce Conseil, qui fut sur
tout technique, une série de disposi
tions ont par .ailleurs été prises :
— Elévation de cinq à huit mille
francs de la. Prime de retour pour
les déportés politiques. La famille de
ceux qui moururent dans les camps
pouvant également toucher cette pri
me.
— Institution d’un Établissement
public doté de l’autonomie financière,
pour gérer l’aérodrome d'Orly. Cela
était déjà prévy et annoncé.
— Envoi d’une délégation française
auprès du tribunal militaire interna
tional, chargé de juger les criminels
de guerre.
— Suppression des Comités d’orga
nisation des conserves alimentaires
et de la confiture et leur remplace
ment par un office professionnel com
mun des conserves' alimentaires et de
la confiture où seront représentés la
C.G.T., la C.F.T.C., les paysans et les
consommateurs.
Quant à l’ordonnance tant attendue
sur les réquisitions, elle est, paraît-il,
déjà signée.
Générosité américaine
Une distinction
hautement méritée
Tous les mardis,
les soldats améri
cains cantonnés à
Dijon invitent cent
petits Français à un
goûter
séance
Cest
suivi d une
de cinéma,
spontanément
que les soldats amé
ricains ent organisé
ces parties hebdoma-
daires.
Verne E.
se promenait
dans
ville.
Burke
seul
son-
géant à son petit
garçon dont c'était
ce jour-là
saire. Se
très seul,
un petit
l’anniver-
sentant
il invita
Français,
orphelin, à l'accom
pagner au cirque.
De l’avis d'autres
soldats, c’était une
diablement bonne
idée Cinquante den-
tre
en
eux
mirent
campagne. Ils
trouvèrent 85 petits
Français et toute la
bande se rendit au
cirque.
Depuis ce
cent petits
jour,
bens-
hommes se partagent
chaque semaine le
goûter des G.I. puis
vont ensemble voir
les dernières aventu
res de Mathurin ou
de Micke: Mouse.
Il y a mieux en
core. Voici qui est,
en effet, d'une émou-
vante délicatesse :
Le chapelain amé
ricain C. E. Harte-
rius vient de lancer
une nouvelle mode
qui aura probable-
ment du succès. Au
lieu d’emporter avec
lui casques, revol
vers ou appareils
photographiques, il
emmènera des petits
orphelins qu’il fera
adopter aux Etats-
Unis.
BRUXELLES SE PREPARE A RECEVOIR DIGNEMENT
LE GENERAL DE GAULLE LE 10 OCTOBRE
Bruxelles.
De nombreux prépa-
ratifs sont faits à Bruxelles pour la
visite du général de Gaulle, les JO et'
11 octobre prochain.
Le président du Gouvernement pro-
visoire de la République française sera
reçu avec les honneurs militaires ac
cordés aux chefs d’Etats étrangers. Le
train royal ira jusqu'à Paris pour
l’amener à Bruxelles avec sa suite.
« L’Ordre » est particulièrement heu
reux de saluer l’élévation du général
Cochet au grade de grand-officier ae
la Légion d’honneur. Distinction hau
tement méritée, car le général Cochet
est une des plus nobles figures mili
taires de notre temps.
Général de corps d’armée mainte
nant, il ne voulut jamais croire à la
défaite irrémédiable de notre pays. Il
n’acceptait ni la honte ni le déshon
neur. Aussi fut-il un des premiers à
créer la résistance clandestine. Traqué,
arrêté, évadé, repris, il ne perdit jamais
espoir et réussit, en dépit de tout, à
rejoindre le général de Gaulle à Al
ger.
La libération le trouva délégué gé
néral militaire en zone libre, fonction
où son cran, son intelligence et son
esprit de décision lui permirent de
réussir magnifiquement. Il y montra
qu’il était vraiment un chef.
pour plus de la moitié à notre
accroissement démographique. De
1925 à 1929, pour un excédent total
de 240 000 naissances en France, il
y a 130.000 naissances étrangères
contre 110.000 françaises, alors qu’il
y avait un excédent de 25.000 décès
dans la population française. Les
quelques chiffres qui suivent, ex
traits de '« La Population de la
France », ouvrage de MM. Hubert,
Bunle et Boverat (1943), permettent
de préciser la nationalité des étran
gers immigrés et leur répartition
par région. Ces chiffres indiquent,
par nationalité et en milliers d’in
dividus, l’évolution de l’immigration
étrangère en France ».
Ils se rapportent respectivement
aux années 1851, 1881, 1911, 1921,
1931 et 1936 :
Allemands : 57, 82, 102, 76, 72,
58.
Belges 128, 432, 287, 349, ‘254.
195.
Britanniques : 20, 37, 40, 47 49
30.
Espagnols : 30,. 74 106, 255,. 352,
254.
Italiens: 63. 241, 19. 451. 808, 721.
Polonais : 9, 0, 0, 46, 508, 423.
Africains (sujets français) : 0, 0.
3,. 36, 102, 85.
— Dans la région du Nord 184.000
— Dans la région de l’Est.
— Dans la région pari
sienne
54.000
80.000
Les Espagnols se trouvaient sur
tout dans :
— la région méditerra
néenne
— le Sud-Ouest
— la région parisienne....
Les Belges dans :
— le Nord
— la région parisienne....
Le Suisses dans :
— l’Est
— la région parisienne....
112.000
66.000
25.000
14.000
40.000
29.000
23.000
, Cette répartition géographique
n’a guère varié depusi 1936.
Comme le montrent ces chiffresc,
les étrangers sont surtout nombreux
- 1— régions parisienne' Jet
lyonnaise, le long des frontières
dans les
terrestres
et sur le littoral médi-
terranéen. Sur 2.455.000 étrangers
recensés en 1936, les groupements
les plus importants sont
Autres nat-ionalités : 47
182. 472. 353.
AU TOTAL (4) : 1.001
379 en 1881, 1.160 en 1911,
1921, 2.715 en 1931, 2.198
69,
en
130,
1851,
1.532 en
en 1936.
vants :
— Région de Paris
— Littoral méditerranéen
— Nord
— Est
— Alpes et Jura
— Bassin aquitain et Py
rénées
— Région de Lyon
les sui-
494.000
567.000
413.000
214.000
165.000
195.000
114.000
La lecture de ce tableau suscite
les commentaires suivants :
Jusqu’en 1911 les étrangers recen
sés en France appartenaient prin
cipalement aux pays voisins. A
cette date, les Italiens,' les Belges,
les Allemands, les Espagnols, les
Suisses et les Britanniques for
maient près' des neuf dixièmes des
étrangers dénombrés sur notre ter
ritoires.
La transformation de i a carte de
l’Europe après 1920 contribua à
créer de nouveaux courants . de
(1) Voir « L’Ordre » des 21 et 25 sep
tembre.
(2) Note aux délégués régionaux de
la Famille "** __ _
rain sous
politique
rédigée par M. Bouscha-
le titre : Esquisse d’une
générale de l'immigration
et de l’assimilation des étrangers.
(3) Ces chiffres-ont été extraits de
l’Ouvrage de M. Mauco : Les étran
gers en France, leur rôle dans l’acti
vité économique, paru en 1932. Il
semble que depuis cette date les
pourcentages n’ont pas cessé de s’ac
croître jusqu’en 1940.
(4) Le chiffre de la population lé
gale (c’est-à-dire des étrangers qui ont
en France leur résidence habituelle,
qu’ils soient présents ou non lors du
recensement) est supérieur à ce total :
il approche en 1936 de 3.000.000
2.162.000
Les 293.000 autres étrangers sont
repartis dans le Centre, l’Ouest et
le Nord-Ouést, 11 départements
comptent plus de 50 000 étrangers,
9 seulement moins de 2.000.
(Lire la suite en deuxième pag^j
PROTESTATION
des déportés français
du procès de Lunebour
Une délégation de l'Amicale des dé
portés d’Auschwitz a été reçue hier
par l’ambassadeur d’Angleterre à Pa
ris. Elle lui a remis une protestation
contre la façon dont est mené le pro
cès de Lunebourg, car, « si les garan
ties de la défense ' sont assurées aux
coupables, la garantie que justice sera
rendue fait défaut ».
La protestation rappelle ensuite que
150.000 Français sont morts à Ausch-
vécu,
dant
bres
pour
et que 2.000 seulement ont sur-
Elle termine enfin en deman-
que des témoins à charge mem-
de l’Amicale soient convoqués
témoigner à la barre des crimes
qui doivent être châtiés.
LA TRIBUNE LIBRE
UN RÊV)
par Julien BENDA
Si tu veux, faisons un rêve, dirai-je à mon lecteur, comme le
poète à sa belle
J’imagine donc que l’épuration s’est faite comme elle l’eût
dû ; les traîtres ont été fusillés, tous les vichyssois sont sous clef,
les maurrassiens tenus en respect avec un revolver sous le menion-
C’est la terreur chez ceux qui songeraient désormais à renverser
la République- C’est, pour ce régime qui pendant soixante-quinze
ans s’est demandé chaque jour s’il n’allait pas être assassiné demain,
enfin la sécurité.
Mon lecteur semble connaître cette comédie italienne où un
personnage soupire à son partner : « Que de belles choses je t’au
rais dites si tu avais eu l’esprit de me contredire ! ». Il m’intime :
— Penzez-vous qu’un régime puisse se croire en sécurité parce
qu’il terrorise son adversaire ?
— Je ne vous ferai qu’une réponse: du jour où Bonaparte fit
fusiller le druc d’Enghien, il n’y eut plus une seule conspiration roya
liste contre lui.
— L’exemple n’est pas heureux. C’est le type de l’acte arbi
traire, le plus parfait soufflet à la morale démocratique.
— Vous ignorez peut-être que le prince déclara qu’il conspirait
contre le nouveau régime, qu’il conspirerait toujours.
— Il ne l’avait pas déclaré au moment où on l’arrêta.
— C’eut la question de savoir si un gouvernement doit atten
dre que ceux qui veulent le poignarder y aient réussi pour les sai
sir- J’approuve Waldeck-Rousseau qui, venant d’arrêter Déroulède
pour un complot dont les gens de droite exigeaient la preuve pé
remptoire (laquelle,' d’ailleurs, fut ensuite parfaitement établie),
leur répondait : « Vous me demandez des preuves comme on en
ramasse par centaines au lendemain des coups d’État. »
— Avec de telles méthodes, vous vous identifiez au fascisme,
que vous prétendez condamner.
— Il y a, en effet, quelque chose de commun entre nous et le
fascisme ; c'est la volonté d’exister, avec ce qu’elle implique d’in-
tolérance à l’égard de ceux qui veulent nous en empêcher. La
République n’est pas un corps céleste, libéré des basses nécessités
de l’existence temporelle. Aussi bien faudrait-il en finir avec cette
antienne qui nous ressasse chaque matin que le soviétisme emploie
les mêmes méthodes que le fascisme. Tous les régimes qui enten
dent se défendre contre un adversaire résolu à les détruire em
ploient les mêmes méthodes, pour la bonne raison qu’il n’y en a
pas de plusieurs sortes. La question est de savoir au nom de quel
idéal ils entendent se défendre. C’est comme si on avait dit aux
Alliés qu’ils étaient tout pareils aux hitlériens parce qu’ils em
ployaient des canons et des bombes-
—• Vous voyez pourtant que les démocraties anglo-saxonnes
n’adoptent pas ces mœurs-
— Bien sûr. Elles n’ont pas d’adversaires chez elles. Citez-
moi, en Angleterre ou aux Etats-Unis, un mouvement comme
le Seize-Mai, le Boulangisme ou le 6 février ? La démocratie fran
çaise est condamnée, si elle veut vivre un peu tranquille, à tenir
dans la crainte tout un monde de Français. Elle ne le fait pas et,
encore une fois, ce que je disais tout à l’heure n’est qu’un rêve.
C’en sera un aussi longtemps que les gouvernants seront de la même
classe sociale que les factieux, qu’ils seront tes commissaires des
salons, et non les commissaires du peuple.
17 e Année - Nouvelle Série N’ 209
2 francs
Samedi 29 septembre 1945
d’Emile BURÉ
LA VRAIE
QUESTION
C’est maintenant le petit jeu des statistiques électorales.
Le parti communiste , conteste la victoire du parti socialiste. Il
prétend qu’il a réuni plus de voix que celui-ci, et la polémique
entre l’Humanité et le Populaire est aigre-douce. Pour ce qui est
du parti radical dont les journaux s’accordaient à reconnaître qu’il
était en baisse, son secrétaire général Mazé, bras droit de Daladier,
déclare que les statistiques du ministère de l’Intérieur sont « faus-
ses
au
pas
par
» et qu’il est en fait le « triomphateur », ce qui prête à sourire
Populaire, dont l’article s’intitule cruellement « Un qui n’est>
difficile. »
La statistique étant l’un des moyens de choix de la tromperie,
là suspecte à tous, les « partis de gauche » en appellent chacun
à leur tour au peuple souverain, qui, dimanche décidera entre eux.
Ils n’ont rien de mieux à faire, évidemment ; mais que leur que
relle est donc inquiétante pour ceux qui, comme nous, à l’Ordre.,
n’avons souci que de l’intérêt national !
Ces partis,, communiste, radical, socialiste, qui se gourment
sous nos yeux, constituent le Front Populaire qui aura à charge de
constituer bientôt le gouvernement, et, dès mantenant — on ne le
dirait pas — ils ont même résolu de s’accorder en vue du scrutin
de ballottage. Décidément, nous avions raison de manifester quel
que pessimisme au lendemain du premier tour de scrutin. Le confu-
sionisme démagogique devient vraiment inquiétant pour l’avenir
de notre pays. De l’avis même du correspondant à Londres du
Populaire, il nuit à l’autorité de notre délégation à la conférence
des ministres des Affaires étrangères, a Au vrai, écrit celui-ci, on
estime que les vues françaises, pour intéressantes qu’elles soient,
ne pourront être examinées avec toute l’attention désirable qu’après
les élections, lorsque le peuple français aura fixé lui-même sa
politique. »
.Jusqu’à ce que le sort de là France soit fixé, les partis, tous les
partis, auraient dû demeurer unis derrière le général de Gaulle, à
qui ils doivent tant ! En tous les cas, ne point lui chercher âpre-
ment querelle à propos de tout et de rien. Ce meeting
Pleyel, organisé en manière de protestation contre une
tion proportionnelle qu’aurait, de parti pris, faussée
notre gouvernement provisoire, m’a exaspéré, car j’ai
la justice, même dans le domaine politique. Comment,
ment admettre que la représentation proportionnelle
de la salle
représenta-
le chef de
le goût de
mais com-
puisse être
intégrale, al.ors que les partis n’ont pas encore déterminé nettement
leurs limites ; alors que. par la voix de Léon Blum, les socialistes
reprochent aux communistes d’avoir mis sur pied pour aider à ses
succès électoraux une « vaste machinerie » cor^me celle du a Front
National » ?
Le M. R. P., le parti démocrate chrétien, qui figure, lui aussi,
parmi les vainqueurs du scrutin de dimanche dernier, mais qui n’est
finalement point admis à prendre place dans le Front Populaire à
qui il a été impossible de ne .pas se prononcer pour la laïcité, mani
feste aujourd’hui son amer désenchantement par le truchement de
l’Aube ; « Quoi qu’il en soit, écrit un rédacteur de ce journal,
partis socialiste, communiste, radical vont donc s’unir dimanche,
prochain devant les urnes. Alliance opportuniste, négative, éphé
mère et qui résisterait difficilement à l’épreuve des faits au sein,
par exemple, d’un gouvernement commun. » Pleinement d’accord
cette fois, cher confrère !
J’ai toujours soutenu que la France, de par l’heureuse- réparti
tion de sa population, pourrait accomplir sans trop de heurts la 1 ,
révolution mondiale du machinisme, mais encore faut-il pour cela
que les Français de toutes catégories ne s’impatientent ni ne
s’abandonnent, et, ma foi, il est bien difficile, en se fondant sur le
résultat des élections cantonales, de leur faire pleine confiance.
Vraiment on croirait, écrit avec une frappante gravité le leader
de Combat, que beaucoup de Français ne se sentent en rien consternés
par ce qui peut advenir à leur pays, c'est-à-dire à eux-mêmes. Que
40 % des électeurs se soient abstenus aux élections, cela est déjà signi
ficatif. Nous entendons bien qu’il s’agissait des conseils généraux, et
que beaucoup ont pensé — à tort — que ce choix des administrateurs
locaux pouvait se faire sans eux. Mais ailleurs, à d’autres propos, on
relève la même reculade, et, disons-le, la même démission. Il n'est pas
jusque dans les classes prétendues dirigeantes — réputées, cependant,
pour savoir défendre leurs intérêts — où l'on ne trouve des hommes qui
affichent leur abandon. Ceux-ci ne disent plus : « Après nous, le dé
luge ! », mais : « Vite le déluge, que nous sortions de ces équivoques,
de ces compromis ! » Et de souhaiter, plus ou moins ouvertement, la
politique du pire.
J’ai fait campagne naguère pour le vote obligatoire. M,ais le
mal de l’abstentionnisme a empiré au point que je n’ose à présent
offrir mon remède, de crainte qu’on ne me rie au nez. Pourtant, il
est, comme on dit, « dans la ligne» de la Quatrième République,
qui’, écrit mon vieux camarade du temps de l’affaire Dreyfus,
Grunebaum Ballin, devra être « pure » et « dure » (r), si elle ne
veut pas faire faillite comme sa devancière.
La France a été sauvée coûteusement et par miracle ; va-t-elle
manquer de sérieux au point de compromettre son salut ? Que la
question puisse se poser, c’est tragique.
(1) « Vœux pour la Quatrième République », édition du Sagittaire.
JACQUES DORIOT
espion et agent
de la Gestapo
Avant, pendant et après la guerre
que n’a-t-on vu ces « Vive Doriot ! »
taillés dans le macadam des routes,
ces « Vive Doriot ! » peints à larges
traits sur les murs ! Que n’a-t-on vu
dans des meetings squelettiques ces
photographies immensément agran
dies d’un homme aux traits massifs,
aux épaisses lunettes d’écailles, qui
paraphrasant Hitler, prétendait, lui
aussi, être un führer, celui des Fran
çais.
Mais ce n’était pas tout. L’homme
ne se contentait pas d’être un servile
imitateur, c’était un espion grasse
ment appointé de la Gestapo, l’agent
5 GB 4, qui avait ses grandes et pe
tites entrées auprès de Himmler, qu’il
vit même le 29 août 1939 à Berlin,
soixante-douze heures avant la mobi
lisation générale en France. On serait
curieux de savoir ce que disent alors
les deux sinistres compères.
Les archives allemandes et italien
nes révèlent que Doriot était en rap
port avec les meilleurs agents des
services secrets allemands, qu’un de
■ ces derniers, « français », apparte
nant sans doute à la Cagoule, remit
à ses chefs de Berlin, le 24 janvier
1940, le rapport S.11.4 qui révélait
secrets militaires français
tous' les
avec en plus les défauts de notre
Pouvait-on trahir plus hon-
cuirasse.
teusement?
LA QUOTIDIENNE
Les morls sans obole
Une
Boche
amie à qui, comme à moi, le
aidé par quelques Français a
tout pris et qui possédait entre au
tres choses précieuses des correspon
dances de la plus haute valeur qu’elle
s’apprêtait à publier m’écrit : « Avec
elles, je passais à la postérité. Sans
elles, personne dans l’avenir ne se
souviendra de moi. »
Je cite son propos parce que je sais
qu’il fera sourire et n’émouvra que
quelques âmes. La soif d’éternel n’al-
tère pas, Diei merci, tous les êtres,
mais à côté des créateurs qui perpé
tuent leur nom et atteignent aux rives
de l’au-delà par la. grâce du génie,
soyez indulgents à ceux qui, tourmen
tés par l’ambition plus haute que le
talent, surent qu’à écrire svr le sable
ils ne laisseraient de leur passage sur
la terre aucune trace indestructible.
Conscients de leur insuffisance et dé
vorés cependant du désir de survivre,
ils se consolaient de leur sort souvent
obscur par l’espérance de s’introduire
de biais dans la postérité, soit en
suivant le sillage d’un grand homme
dont ils seraient l’Eckermann, soit en
attachant leur nom à quelque publi
cation qui prolongerait leur existence
terrestre, soit même en rassemblant
une collection qui porterait leur nom.
Ils ne seraient que cela, des usagers
accidentels de la gloire : mais tout
au moins ne périraient-ils pas tout
entier.
Or le destin aidé par les hommes
a voulu que ce dernier « moyen de
parvenir » leur soit arraché, et les
voici nus et dépouillés au moment où
ils voient se profiler à l’horizon les
rivages amers. Nous ne passerons pas
’ le Styx, ma chère amie : on nous a
arraché l’obole que nous devions ten
dre à Charon.
Pierre LŒWEL.
L’ORDRE
Directeur politique
Emile DURÉ
Rédaction, Administration : 31, Rue Tronchet
Publicité : 36, Rue Tronchet
Anjou 86-40 — 4 lignes
Après 21 heures : Gutenberg 95-66
LES « CINQ » ONT DÉ LA PERSÉVÉRANCE
LA CONFERENCE DE LONDRES VA CONTINUER A SIEGER
bien que son ordre du jour soit pratiquement épuisé
Situation empirée :
tel est son résultat
A MOSCOU LA PROCHAINE RÉUNION?
Nous n’avions pas beaucoup espéré , tater qu’aucun problème n’a pu rece-
de la réunion des « Cinq » à Londres, j voir de solution. Au risque de rece-
.— voir un démenti aujourd’hui même —
mais nous ne croyions pas qu’elle
allait empirer la situation. Or, c’est
ce qui est en train de se faire.
Il était admis depuis Potsdam que
le Conseil des ministres des Affaires
étrangères créé par les « Trois'» au
rait toute autorité pour poursuivre
la mise sur pied des traités de paix
dont les grandes lignes y avaient été
ébauchées. La querelle cherchée à la
Franc» et à la Chine pour les élimi
ner de certaines discussions n’a servi
qu’à battre en brèche ce principe.
L’Australie, le Canada, la Nouvelle-
Zélande reviennent sur leur accepta
tion tacite de la procédure des
« Cinq » et affirment leur intention
de prendre part aux délibérations sur
les traités, considérant que tout ce qui
peut se faire dans les conditions ac
tuelles à Londres ne dépasserait pas
l’autorité de projet.
De même, le Conseil des « Cinq »,
en élargissant son ordre du jour ini
tial, ou plutôt le fuyant, s’est attaqué
à des problèmes comme celui posé
par l’occupation du Japon. Il en est
découlé une confusion nuisible à tout
le monde et à tous les problèmes en
souffrance de règlement. L’Australie
et la Nouvelle-Zélande sont interve
nues, très légitimement d’ailleurs,
leurs sacrifices pour vaincre le Japon
étant bien supérieurs à ceux des Rus
ses, par exemple. Du coup, M. Bi
dault a cru devoir invoquer aussi
l’affaire d’Indochine, qui va mettre
en mauvaise posture son associé d’in
fortune. le ministre chinois.
En somme, les « Cinq » sont deve
nus des touche à tout. Et. ce faisant,
ils ne sont même pas parvenus à noyer
le poisson. N’en déplaise à certains
journalistes d’un pays allié, ce n’est
pas faire œuvre de fascisme de cons-
LE FEU SOUS LA GLACE
Raeykjavik.
des plus
grands glaciers d’Europe, le gla
cier de la Vatnajoekull, est en fu-
sion. Le feu terrestre apparaît à
travers les crevasses. Les flammes
n’ont pas encore traversé la con-
che glaciaire, mais on s’attend que-
ce phénomène ′ se produise d’ici
quelques jours. L’eau qui s’écoule
est chargée de soufre au point que
l’air est épaissi de vapeurs jau
nâtres. Les maisons blanchies à <
la chaux deviennent grises en une 4
nuit et les vivres sont gâtés. '
Ce n’est pas la première fois que 1
les volcans subjacents
entrent en éruption. Ce
se répète à intervalles
5 à 10 ans. — (A.P.)
au glacier
phénomène
variant de
— Oui, mais rien dans tes mains, rien dans les poches, hein ?...
de la Ligue de l’Enseignement
Al. Ménard nous d#
La Ligue française de l’Enseigne
ment tient actuellement son 56e Con
grès national. A l’heure où l’école laï
que est à nouveau attaquée, ses tra
vaux revêtent une grande importance.
Nous avons demandé à M. Ménard,
secrétaire à l’Information de la Ligue,
de nous exposer le rôle et la position
de cet organisme.
— La Ligue de l’Enseignement re
trouve son rôle traditionnel, qui est
de défendre l’école laïque, de la faire
aimer et respecter et de montrer qu’el
le seule peut assurer l’unité morale
de la France.
— Que pensez-vous de la réforme de
l’enseignement ?
— Il est nécessaire que tous les petits
Français reçoivent sur les bancs de
l’école un fonds commun de culture
et d’éducation morale et civique.
« C’est aux parents, s’ils le jugent
utile, de compléter cette éducation par
une instruction religieuse.
« Nous restons partisans de la vieille
formule: « L’instituteur à l’école, le
prêtre à l’église ». La réforme de l’en-
seignement doit permettre de restau
rer les valeurs morales et civiques. Il
faut préparer l’enfant an rôle social
qu’il aura à jouer plus tard.
« Nous attachons une grande impor
tance au recrutement et à la formation
des maîtres, la rénovation morale du
pays en dépend et, pour cela, il fau
drait améliorer la situation matérielle
du personnel enseignant ».
— L’école laïque est l’objet de nom
breuses attaques, nous avons pu lire
des affiches où elle était critiquée...
— Oui... nous sommes à nouveau at
taqués et salis. Les écoles libres ont été
choyées sous Vichy, elles voudraient
conserver les subventions qui leur
étaient allouées par l’État. Nous y som
mes opposés et nous réclamons lana-
tionalisation de l’enseignement. Il faut
assurer l’égalité de tous les Français
devant l’instruction et dans le respect
des croyances.
« Dans les travaux de notre Congrès,
nous avons été amenés à examiner la
situation de l’Alsace qui possédait un
régime scolaire particulier.
« Nous demandons, à nouveau, et
d’une manière très instante, que la lé
gislation française soit introduite en
Alsace et en particulier la législation
scolaire ».
— N’avez-vous pas d’autres projets ?
— La Ligue souhaiterait que les maî
tres et les professeurs des divers en
seignements puissent se retrouver et
recevoir une instruction péangogique
commune, ils pourraient participer,
par exemple, à un stage avant d’aller
enseigner.
« Nous caressons aussi le rêve d’une
« maison universitaire », où les institu
teurs et les professeurs pourraient se
retrouver ».
Aujourd’hui, le Congrès se termine
ra par une séance solennelle à laquelle
doivent assister le général de Gaulle,
M. Capitant, ministre de l’Education
nationale, assistés de nombreux mem
bres du Gouvernement.
Ch. CH.
M. Diethelm
retire sa candidature
Seul parmi les ministres, M. Tixier
restera candidat demain aux élec
tions cantonales (dans la Haute-
Vienne), M. Diethelm retire, en effet,
sa candidature en Ille-et-Vilaine, où
il était en ballottage. Il se peut même
qu’il change de département lors ■
élections à la Constituante.
Entrevues Léon Blum-
Francisque Gay ?
D’après certaines informations,
Léon Blum et M. Francisque Gay
des
M.
se
seraient mutuellement rendu visite.
Le directeur de l’ « Aube » aurait
même indiqué que ce n’était pas un
simple geste de courtoisie, mais les
milieux intéressés démentaient hier
cette nouvelle.
(Lire, en deuxième page, nos autres
informations, sur les élections.)
et nous
le souhaiterions — nous con-
tinuons à estimer que la réunion de
Londres, arrivée à son terme, n’a
servi qu’à mettre à jour les profonds
dissentiments qui séparent les «Trois »,
chose qu’on ne faisait que soupçon
ner après Potsdam.
Certains croiraient que le commu
niqué final apportera des apaisements
et révélera des résultats positifs. Nou
velles dorures peut-être. Nous reste
rons sceptiques et inquiets, même en
apprenant que la prochaine réunion
se tiendra à Moscou.
LA THÈSE FRANÇAISE
sur
du
Londres.
la décentralisation
Reich est adoptée
— Le Conseil des Cinq a 1 zone sous le contrôle du commandant
tenu hier deux séances. Celle du ma
tin qui a commencé à 11 heures était
présidée par M. Bidault. On y a pour
suivi l'examen de la question de la
Rhénanie et de la Ruhr. La date des
futures réunions ainsi que le pro
gramme de travail des adjoints, qui
demeureront à Londres en session
permanente après le départ des mi
nistres furent également évoqués.
Le point de vue français en faveur
du maintien de certaines mesures
décentralisation en Allemagne a
adopté.
On sait que jusqu’à maintenant
de
été
les
différents organismes de l’administra-
tion allemande ont agi dans chaque
LES JAPONAIS
instigateurs des treubles
D’INDOCHINE
^énergique et loyale attitude
des forces d’occupation britanniques
La « sphère de co-prospérité de l’Asie
orientale » tend de plus en plus à
venir une sphère anarchique : le
sordre est partout, et partout les
ponais en sont responsabels.
Les troubles d’Indochine, qui ne
de-
dé-
Ja ¬
pa-
laissent pas encore complètement apai
sés, sont leur fait. D après une infor
mation de Londres, les Britanniques
ont découvert à Saïgon le quartier gé
néral clandestin des insurgés, qui fonc
tionnait sous la direction d’officiers
japonais. D’autre part, l’agence « Reu
ter » annonce que le maréchal comte
Terauchi,. commandant, des forces ja
ponaises dans le sud-est asiatique, a
été arrêté par les troupes britanniques
à Saïgon : on l’accuse d’avoir incité
ses compatriotes et ses subordonnés à
fomenter des émeutes en Indochine.
De fait, ces émeutes continuent à se
produire dans tous les secteurs qui se
trouvent encore sous contrôle japonais.
Cette situation appelle, nous semble-
t-il, deux sortes de remarques. D’abord,
il y a lieu de souligner la' part, très
active prise par nos amis britanniques
dans..la répression des troubles : hier
encore, le général Gracey, qui com-
mande tes forces alliées, en Indochine
du Sud, s’est tendu en avion de Saï
gon à Singapour afin d’avoir, avec des
personnalités militaires alliées, des en
tretiens sur les meilleurs moyens de
rétablir l'ordre. Il semble que l’action
britannique soit aussi énergique envers
les rebelles qu’amicale envers nous ; et
il convient de s’en féliciter.
D’autre part — et c’est le second
point — on ne veut manquer de
s’étonner de la latitude et des facilités
qui ont été jusqu’à présent laissées
aux troupes japonaises. Ayant été au
torisées à conserver leurs armes —
mesure d'ailleurs plus que critiquable
— sous prétexte d’aider. à maintenir
l’ordre, elles s’en sont servi en réalité
pour semer le désordre, quand elles ne
les ont pas purement et simplement
remises aux Annamites révoltés, ou
UN AMERICAIN, HEROS
DE LA LIBERATION
FRANÇAISE, ASSASSINE
PAR LES ANNAMITES
Une dépêche d'agence nous avait an
noncé hier le meurtre, par les Annamites
à Saïgon. d’un officier supérieur améri
cain. Le lieutenant-colonel Devey — c’est
de lui qu’il s'agit — était correspondant
de presse à Paris lorsque la guerre éclata.
Il s’engagea aussitôt dans l’armée polo
naise pour lutter contre le boche. A l’ar-
mistice de 1940,
de là, rejoignit
Parachuté en
quement, il fut
maquis dans le
il gagna le Portugal et,
les forces américaines.
France avant le débar-
un des organisateurs du
Midi. Son père, qui est
député de l’Illinois, vient de révéler que
sous les ordres de son fils des éléments
du maquis ont détruit trois chars alle
mands de 20 tonnes, libéré trois aviateurs
américains prisonniers et capturé plus de
400 Allemands.
Non content de ces exploits, qui lui
valurent une haute distinction, le colonel
Devey était parti en Indochine où il vient
de tomber sous les balles des ennemis de
la France.
Nous nous inclinons bien bas devant la
dépouille de Ce pur héros de la Grande
Amérique, pays auquel nous devons tant,
pour nous avoir tiré des griffes de notre
ennemi mortel.
CE QUE JULES VERNE
N’AVAIT PAS PREVU
Le premier avion qui
lièrement en 6 jours le
terr e sur son plus long
fera régu-
tour de la
parcours a
quitté Washington la nuit dernière.
La première escale aura lieu aux Ber
mudes.
Lire en 2e page :
CURIOSITES SCIENTIFIQUES
par Roger SIMONET
POUR QUE VIVE
LA FRANCE
EXSANGUE !
— Conséquences démographiques
de l'immigration étrangère C
«
sée
L’immigration massive organi-
en France depuis la guerre...
quand les officiers japonais n’ont pas
profité de la liberté qui leur était lais
sée pour se mettre à la tête des re
belles...
Quand, après cela, le chef d’état-ma
jor du maréchal Terauchi déclare, dans
une interview : « Il faut nous faire
confiance et nous laisser garder nus
armes jusqu’à ce que nos troupis
soient rapatriées » ; quand,, en outry,
il ne craint pas de suggérer, pour ré
gler la situation en Indochine, la réu
nion d’une conférence entre Français,
Britanniques et représentants du Viet
en chef allié de cette zone qui, lui-
même, relève de la Commission des
Quatre siégeant à Berlin. Or, il était
question de relier directement l’admi
nistration de chaque zone à une ad
ministration centrale allemande qui
aurait siégé à Berlin. Les arguments
français en faveur du maintien du
système actuel ont convaincu la con
férence. Les vues exposées par le mé
morandum sur la Ruhr et la Rhéna
nie ont suscité des discussions de
meurées d’ailleurs dans l’ensemble as
sez générales, mais un peu plus pous
sées en differents poinis : on a ce
pendant l’impression que la question
n’est pas « mûre » et qu’elle sera
l’objet d’études ultérieures. On ne
précise d’ailleurs pas quel organisme
en sera chargé.
La séance de l’après-midi fut brève,
ne durant qu’une heure. Elle a été
consacrée à l’étude et à la révision de
l’ensemble de tous les sujets qui furent
tour à tour évoqués à Lancaster House,
depuis le 11 septembre.
Mais cette révision n’a pas amené
des modifications substantielles dans
les points de vue respectifs ou dans les
décisions arrêtées. Les cinq délégués
suppléants se sont, de leur côté, réunis
entre les deux séances de la Conféren
ce. En outre, on sait que M. Bevin
avait pris part à une très importante
réunion du Conseil de Cabine' britan
nique et que le chef du Foreign Of
fice et MM. Byrnes et Molotov eurent
de nouveaux entretiens.
Bien que l’ordre du jour semble
maintenant épuisé, les travaux vont
continuer aujourd’hui. Les divers dé
légués ont demandé des instructions
à leurs gouvernements et suivant les
réponses qui leur seront données on
saura si la Conférence va rédiger son
communiqué final ou reprendre l’exa-
men de certains problèmes.
constitue pour la France un phé
nomène unique dans son histoire et
vraisemblablement un phénomène
unique dans l’histoire des immigra
tions en général (2). Au total
on observe en France depuis un
siècle un apport de 5 millions et
demi d’étrangers. Au recensement
de 1936 il. existait en chiffres ronds :
2.500.000 étrangers en France. Dès
1938, il fallait ajouter à ce chiffre :
445.000 réfugiés espagnols parmi
lesquels environ 300.000 demeurent
encore actuellement en France. Si
l’on ajoute aux 2.500.000 étrangers
recensés en 1936 ces 300.000 Espa
gnols et si l’on tient compte depuis
la guerre d’un mouvement impor
tant de réfugiés politiques, diffi
ciles à dénombrer, on atteint le
chiffre global de 3 millions, géné
ralement cité dans la presse et la
littérature.
« Les étrangers tiennent aujour
d’hui dans notre économie natio
nale une très grande place: ils for
ment, depuis la guerre de 1914-1918,
7 % environ de la population pro
ductive totale ; 3 % des éléments
actifs dans l’agriculture ; 35 % dans
les industries extractives ; 10 %
dans les industries de transforma
tion; 6% dans le commerce et les
professions libérales (3). Ces .étran
gers — et c’est là un signe assez
inquiétant pour l’avenir de la nata-
lité française
ont ’ contribué
migrations. Les originaires des six
puissances limitrophes énumérées
ci-dessus ne forment plus que 61 %
des étrangers. En 1936, les Italiens,
au nombre de 731.000 sont toujours
les plus nombreux, mais on recense
également 423.000 polonais (19 %
des étrangers) et 85.000 Nord-Afri
cains. Les autres nationalités four
nissaient plus de 16 % du total des
étrangers et groupaient 353.000
d’entre eux.
Depuis 1936, le mouvement d’im-
migration n’a pas cessé de s’accroî
tre jusqu’en 1940. Nous avons vu
qu’en 1938 445.000 réfugiés politi
ques espagnols étaient venus,s’ajou
ter aux 2.500.000 étrangers -qui se
trouvaient déjà en France. En outre,
un assez grand nombre d’ouvriers
entrés avec des permis de travail
temporaire demeurèrent en France
dans l’espoir d’y régulariser peu à
peu leur situation.
La répartition des étrangers par
nationalité dans les diverses pro
vinces françaises se présentait com-
■me suit en 1936.
Les Italiens se répandaient sur
tout dans :
— le Midi de la France.
Littoral méditerranéen. 217.000
Bassin aquitain 77.000
— le Nord et l’Est 198.000
— la région parisienne.... 122.000
— la région lyonnaise.... 37.000
Les Polonais étaient plus grou
pés, on en comptait :
Duel... à la plume
Nam, avec
nais, on se
que.
La vérité
éliminer le
pour médiateur, des Japo-
demande de qui il se mo-
est simple : si l’on veut
chaos, il faut éliminer les
CURIEUSE PROPOSITION
DU « DAILY HERALD »
AUX « IZVESTIA »
Japonais. Mutadis mutandis », et
sans vouloir le moins du monde établir
une comparaison qui serait odieuse,
demander aux Japonais de maintenir
l’ordre en Indochine correspond à peu
près à demander aux nazis d’aider à
rétablir l’administration française en
Alsace...
Claude VIVÏERES.
Londres. — A la suite de la polémi-
que engagée par les « Izvestia » centre
le « Daily Herald », sur la politique
dite du « bloc occidental », l’organe
travailliste anglais propose de publier
un article du rédacteur en chef du
journal russe à condition que ce der
nier s’engage à accorder l’hospitalité
de ses colonnes à la réponse anglaise.
DÉCISION DU CONSEIL DES MINISTRES
tous les salariés
assurés sociaux!
assurance longue-maladie est créé
C’est à une réforme des Assurances
Sociales que le Conseil des Ministres
s’est surtout consacré hier matin.
La législation nouvelle est essentiel
lement caractérisée par les traits sui
vants :
Tous les salariés deviennent assurés
sociaux, quel que soit le montant de
leur rétribution annuelle. L’ancien
plafond de cent vingt mille est con
servé seulement en ce sens que mê
me si l’o n gagne deux ou trois cent
mille francs, le montant des contri
butions à payer et des prestations à
réclamer est calculé sur un maximum
de dix mille francs par mois. On son
ge, d’ailleurs, à étendre le régime des
A. S. à certaines catégories de travail
leurs libres : petits commerçants et
artisans, notamment.
L’assurance longue - maladie est
créée. Jusqu’ici le malade ne bénéfi
ciait des soins et des allocations que
pendant six mois. Il pouvait ensuite
toucher l’assurance-invalidiié, si son
incapacité de travail était egale aux
TI * résultats en étaient catastro-
2/3. Les
phiques
notamment en cas de tuber-
LA SITUATION
eulose. Le régime nouveau donne
étroit aux soins et aux allocations
pendant trois ans, après quoi le ma
lade s’il n’est pas guéri, pourra tou
cher soit une allocation complémen
taire, soit une allocation de rééduca
tion.
Le tarif des frais médicaux sera
fixé par un accord entre syndicats
médicaux et Caisses d’assurances so
ciales sous le contrôle d’une com
mission nationale mixte.
La retraite vieillesse est réorganisée.
L’âge en reste fixé a 60 ans ; mais
une bonification est prévue pour ceux
qui consentiront à travailler jusqu’à
65 ans.
M. >Parodi commentera lui-même
ce projet, qui ne comporte du reste
pas moins de 127 articles.
Disons simplement qu’en 1936 les
sommes maniées par les Caisses d’As
surances Sociales étaient de 2 mil
liards 220 millions et correspondaient
à 4,21 % de l’ensemble des salaires.
Les chiffres seront maintenant res
pectivement de 32 milliards, et de
75,80 %.
EN INDOCHINE
et la prime de retour des déportés
Auparavant M. Mayer, ministre des
Affaires Etrangères par intérim, avait
exposé les résultats de la Conférence
des Cinq. Et M. Giaccobi dit quelle
est la situation en Indochine : au
point de vue économique, a-t-il pré
cisé les plus vives inquiétudes sont
légitimes. Elle s’aggrave du fait de
l’absence d’une administration qui
fonctionne et d’une autorité nettement
affirmée. Dans le nord du Tonkin,
la. piraterie sévit. Il est regrettable
d’autre part que la pénurie de nos
effectifs nous oblige à laisser une
trop grande liberté d’action aux Ja
ponais.
Une chose satisfaisante, pourtant :
Les populations des territoires arra
chés au Cambodge et au Laos par le
Siam manifestent leur désir de réin
tégrer la communauté indochinoise.
Au cours de ce Conseil, qui fut sur
tout technique, une série de disposi
tions ont par .ailleurs été prises :
— Elévation de cinq à huit mille
francs de la. Prime de retour pour
les déportés politiques. La famille de
ceux qui moururent dans les camps
pouvant également toucher cette pri
me.
— Institution d’un Établissement
public doté de l’autonomie financière,
pour gérer l’aérodrome d'Orly. Cela
était déjà prévy et annoncé.
— Envoi d’une délégation française
auprès du tribunal militaire interna
tional, chargé de juger les criminels
de guerre.
— Suppression des Comités d’orga
nisation des conserves alimentaires
et de la confiture et leur remplace
ment par un office professionnel com
mun des conserves' alimentaires et de
la confiture où seront représentés la
C.G.T., la C.F.T.C., les paysans et les
consommateurs.
Quant à l’ordonnance tant attendue
sur les réquisitions, elle est, paraît-il,
déjà signée.
Générosité américaine
Une distinction
hautement méritée
Tous les mardis,
les soldats améri
cains cantonnés à
Dijon invitent cent
petits Français à un
goûter
séance
Cest
suivi d une
de cinéma,
spontanément
que les soldats amé
ricains ent organisé
ces parties hebdoma-
daires.
Verne E.
se promenait
dans
ville.
Burke
seul
son-
géant à son petit
garçon dont c'était
ce jour-là
saire. Se
très seul,
un petit
l’anniver-
sentant
il invita
Français,
orphelin, à l'accom
pagner au cirque.
De l’avis d'autres
soldats, c’était une
diablement bonne
idée Cinquante den-
tre
en
eux
mirent
campagne. Ils
trouvèrent 85 petits
Français et toute la
bande se rendit au
cirque.
Depuis ce
cent petits
jour,
bens-
hommes se partagent
chaque semaine le
goûter des G.I. puis
vont ensemble voir
les dernières aventu
res de Mathurin ou
de Micke: Mouse.
Il y a mieux en
core. Voici qui est,
en effet, d'une émou-
vante délicatesse :
Le chapelain amé
ricain C. E. Harte-
rius vient de lancer
une nouvelle mode
qui aura probable-
ment du succès. Au
lieu d’emporter avec
lui casques, revol
vers ou appareils
photographiques, il
emmènera des petits
orphelins qu’il fera
adopter aux Etats-
Unis.
BRUXELLES SE PREPARE A RECEVOIR DIGNEMENT
LE GENERAL DE GAULLE LE 10 OCTOBRE
Bruxelles.
De nombreux prépa-
ratifs sont faits à Bruxelles pour la
visite du général de Gaulle, les JO et'
11 octobre prochain.
Le président du Gouvernement pro-
visoire de la République française sera
reçu avec les honneurs militaires ac
cordés aux chefs d’Etats étrangers. Le
train royal ira jusqu'à Paris pour
l’amener à Bruxelles avec sa suite.
« L’Ordre » est particulièrement heu
reux de saluer l’élévation du général
Cochet au grade de grand-officier ae
la Légion d’honneur. Distinction hau
tement méritée, car le général Cochet
est une des plus nobles figures mili
taires de notre temps.
Général de corps d’armée mainte
nant, il ne voulut jamais croire à la
défaite irrémédiable de notre pays. Il
n’acceptait ni la honte ni le déshon
neur. Aussi fut-il un des premiers à
créer la résistance clandestine. Traqué,
arrêté, évadé, repris, il ne perdit jamais
espoir et réussit, en dépit de tout, à
rejoindre le général de Gaulle à Al
ger.
La libération le trouva délégué gé
néral militaire en zone libre, fonction
où son cran, son intelligence et son
esprit de décision lui permirent de
réussir magnifiquement. Il y montra
qu’il était vraiment un chef.
pour plus de la moitié à notre
accroissement démographique. De
1925 à 1929, pour un excédent total
de 240 000 naissances en France, il
y a 130.000 naissances étrangères
contre 110.000 françaises, alors qu’il
y avait un excédent de 25.000 décès
dans la population française. Les
quelques chiffres qui suivent, ex
traits de '« La Population de la
France », ouvrage de MM. Hubert,
Bunle et Boverat (1943), permettent
de préciser la nationalité des étran
gers immigrés et leur répartition
par région. Ces chiffres indiquent,
par nationalité et en milliers d’in
dividus, l’évolution de l’immigration
étrangère en France ».
Ils se rapportent respectivement
aux années 1851, 1881, 1911, 1921,
1931 et 1936 :
Allemands : 57, 82, 102, 76, 72,
58.
Belges 128, 432, 287, 349, ‘254.
195.
Britanniques : 20, 37, 40, 47 49
30.
Espagnols : 30,. 74 106, 255,. 352,
254.
Italiens: 63. 241, 19. 451. 808, 721.
Polonais : 9, 0, 0, 46, 508, 423.
Africains (sujets français) : 0, 0.
3,. 36, 102, 85.
— Dans la région du Nord 184.000
— Dans la région de l’Est.
— Dans la région pari
sienne
54.000
80.000
Les Espagnols se trouvaient sur
tout dans :
— la région méditerra
néenne
— le Sud-Ouest
— la région parisienne....
Les Belges dans :
— le Nord
— la région parisienne....
Le Suisses dans :
— l’Est
— la région parisienne....
112.000
66.000
25.000
14.000
40.000
29.000
23.000
, Cette répartition géographique
n’a guère varié depusi 1936.
Comme le montrent ces chiffresc,
les étrangers sont surtout nombreux
- 1— régions parisienne' Jet
lyonnaise, le long des frontières
dans les
terrestres
et sur le littoral médi-
terranéen. Sur 2.455.000 étrangers
recensés en 1936, les groupements
les plus importants sont
Autres nat-ionalités : 47
182. 472. 353.
AU TOTAL (4) : 1.001
379 en 1881, 1.160 en 1911,
1921, 2.715 en 1931, 2.198
69,
en
130,
1851,
1.532 en
en 1936.
vants :
— Région de Paris
— Littoral méditerranéen
— Nord
— Est
— Alpes et Jura
— Bassin aquitain et Py
rénées
— Région de Lyon
les sui-
494.000
567.000
413.000
214.000
165.000
195.000
114.000
La lecture de ce tableau suscite
les commentaires suivants :
Jusqu’en 1911 les étrangers recen
sés en France appartenaient prin
cipalement aux pays voisins. A
cette date, les Italiens,' les Belges,
les Allemands, les Espagnols, les
Suisses et les Britanniques for
maient près' des neuf dixièmes des
étrangers dénombrés sur notre ter
ritoires.
La transformation de i a carte de
l’Europe après 1920 contribua à
créer de nouveaux courants . de
(1) Voir « L’Ordre » des 21 et 25 sep
tembre.
(2) Note aux délégués régionaux de
la Famille "** __ _
rain sous
politique
rédigée par M. Bouscha-
le titre : Esquisse d’une
générale de l'immigration
et de l’assimilation des étrangers.
(3) Ces chiffres-ont été extraits de
l’Ouvrage de M. Mauco : Les étran
gers en France, leur rôle dans l’acti
vité économique, paru en 1932. Il
semble que depuis cette date les
pourcentages n’ont pas cessé de s’ac
croître jusqu’en 1940.
(4) Le chiffre de la population lé
gale (c’est-à-dire des étrangers qui ont
en France leur résidence habituelle,
qu’ils soient présents ou non lors du
recensement) est supérieur à ce total :
il approche en 1936 de 3.000.000
2.162.000
Les 293.000 autres étrangers sont
repartis dans le Centre, l’Ouest et
le Nord-Ouést, 11 départements
comptent plus de 50 000 étrangers,
9 seulement moins de 2.000.
(Lire la suite en deuxième pag^j
PROTESTATION
des déportés français
du procès de Lunebour
Une délégation de l'Amicale des dé
portés d’Auschwitz a été reçue hier
par l’ambassadeur d’Angleterre à Pa
ris. Elle lui a remis une protestation
contre la façon dont est mené le pro
cès de Lunebourg, car, « si les garan
ties de la défense ' sont assurées aux
coupables, la garantie que justice sera
rendue fait défaut ».
La protestation rappelle ensuite que
150.000 Français sont morts à Ausch-
vécu,
dant
bres
pour
et que 2.000 seulement ont sur-
Elle termine enfin en deman-
que des témoins à charge mem-
de l’Amicale soient convoqués
témoigner à la barre des crimes
qui doivent être châtiés.
LA TRIBUNE LIBRE
UN RÊV)
par Julien BENDA
Si tu veux, faisons un rêve, dirai-je à mon lecteur, comme le
poète à sa belle
J’imagine donc que l’épuration s’est faite comme elle l’eût
dû ; les traîtres ont été fusillés, tous les vichyssois sont sous clef,
les maurrassiens tenus en respect avec un revolver sous le menion-
C’est la terreur chez ceux qui songeraient désormais à renverser
la République- C’est, pour ce régime qui pendant soixante-quinze
ans s’est demandé chaque jour s’il n’allait pas être assassiné demain,
enfin la sécurité.
Mon lecteur semble connaître cette comédie italienne où un
personnage soupire à son partner : « Que de belles choses je t’au
rais dites si tu avais eu l’esprit de me contredire ! ». Il m’intime :
— Penzez-vous qu’un régime puisse se croire en sécurité parce
qu’il terrorise son adversaire ?
— Je ne vous ferai qu’une réponse: du jour où Bonaparte fit
fusiller le druc d’Enghien, il n’y eut plus une seule conspiration roya
liste contre lui.
— L’exemple n’est pas heureux. C’est le type de l’acte arbi
traire, le plus parfait soufflet à la morale démocratique.
— Vous ignorez peut-être que le prince déclara qu’il conspirait
contre le nouveau régime, qu’il conspirerait toujours.
— Il ne l’avait pas déclaré au moment où on l’arrêta.
— C’eut la question de savoir si un gouvernement doit atten
dre que ceux qui veulent le poignarder y aient réussi pour les sai
sir- J’approuve Waldeck-Rousseau qui, venant d’arrêter Déroulède
pour un complot dont les gens de droite exigeaient la preuve pé
remptoire (laquelle,' d’ailleurs, fut ensuite parfaitement établie),
leur répondait : « Vous me demandez des preuves comme on en
ramasse par centaines au lendemain des coups d’État. »
— Avec de telles méthodes, vous vous identifiez au fascisme,
que vous prétendez condamner.
— Il y a, en effet, quelque chose de commun entre nous et le
fascisme ; c'est la volonté d’exister, avec ce qu’elle implique d’in-
tolérance à l’égard de ceux qui veulent nous en empêcher. La
République n’est pas un corps céleste, libéré des basses nécessités
de l’existence temporelle. Aussi bien faudrait-il en finir avec cette
antienne qui nous ressasse chaque matin que le soviétisme emploie
les mêmes méthodes que le fascisme. Tous les régimes qui enten
dent se défendre contre un adversaire résolu à les détruire em
ploient les mêmes méthodes, pour la bonne raison qu’il n’y en a
pas de plusieurs sortes. La question est de savoir au nom de quel
idéal ils entendent se défendre. C’est comme si on avait dit aux
Alliés qu’ils étaient tout pareils aux hitlériens parce qu’ils em
ployaient des canons et des bombes-
—• Vous voyez pourtant que les démocraties anglo-saxonnes
n’adoptent pas ces mœurs-
— Bien sûr. Elles n’ont pas d’adversaires chez elles. Citez-
moi, en Angleterre ou aux Etats-Unis, un mouvement comme
le Seize-Mai, le Boulangisme ou le 6 février ? La démocratie fran
çaise est condamnée, si elle veut vivre un peu tranquille, à tenir
dans la crainte tout un monde de Français. Elle ne le fait pas et,
encore une fois, ce que je disais tout à l’heure n’est qu’un rêve.
C’en sera un aussi longtemps que les gouvernants seront de la même
classe sociale que les factieux, qu’ils seront tes commissaires des
salons, et non les commissaires du peuple.
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