Titre : L'Ordre
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1945-06-07
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32829724j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 07 juin 1945 07 juin 1945
Description : 1945/06/07 (A17,N110). 1945/06/07 (A17,N110).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t51158280
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-1857
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/11/2021
17 Année - Nouvelle série N° HO 1 fr. 50b JEUDI 7 JUIN 1945
POLITIQUE • ÉCONOMIQUE
L'ORDRE
Directeur politique : Emile BURÉ
Rédaction, Administration : 31, Rue Tronchet
Publicité : 36, Rue Tronchet
6 FÉVRIER 1934
PREMIÈRE JOURNÉE
de la contre-révolution vichyssoise
par Emile BURÉ —
Anjou 86-40 - 4 Lignes
Après 21 heures : Gutenberg 95-66
LE CORPS DE HITLER
A PD ÊTRE IDENTIFIÉ
LAVAL
EXTRADE ?
QUATRE MOUVEMENTS
DE RÉSISTANCE
préparent leur fusion
L‘ U. D. R. ainsi formée entrerait
à son tour dans le parti socialiste
III (I)
Le préfet de la Seine, Renard, fils d’un ancien
communard, élevé par les Sarraut, directeurs du
plus grand journal radical de France, la Dépêche de
Toulouse, lia son sort à celui de son camarade de la
Préfecture, qui se posait en victime d’un gouverne
ment « aux ordres des staviskiens »• Le pauvre
garçon avait été introduit par Mme Chiappe dans
un milieu où son vertueux père n’eût jamais osé
ipénétrer. Il avait épousé un numéro du Moulin
Rouge, la « poupée vivante », que le propriétaire
d’une marque de savon fameuse avait appréciée
avant lui. Il mourut dans un accident d’avion avec
sa compagne alors que, réconcilié avec le pouvoir
républicain, il s’en allait occuper le poste colonial .
qui lui avait été assigné- La Troisième République
était bonne fille.
Mais du politique, passons au judiciaire. Alexan
dre Staviski, après avoir escroqué le Mont-de-Piété
de Bayonne avec la complicité du maire de cette
ville, Garat, s’imagina qu’il pouvait maintenant
s’élever — nouveau Kreuger' — au rang d’anima
teur de la politique internationale en négociant les
bons des optants hongrois- Il aurait pu être arrêté
dans son ascension criminelle dès 1929. Le conseil
ler Prince, dès ce moment, avait en mains la preuve
que Télégant Staviski était un dangereux . escroc.
Elle lui avait été fournie au cours de l’enquête
qu’il avait menée au sujet de l’affaire de la Com
pagnie Foncière Générale de travaux publics créée
par lui et dans le conseil d’administration de la
quelle figurait l’ancien préfet de police Hudelo. Il
rendit néanmoins un non-lieu en sa faveur à la de-
mande du directeur des affaires criminelles et des
grâces au ministère de la Justice, Mouthon, ancien
directeur de la police judiciaire à la Préfecture de
police, auprès 'de qui était intervenu Pierre Laval.
Mouthon nia l’intervention qui avait été faite auprès
de lui par celui-ci ‘ quand il comparut devant, la
commission d’enquête parlementaire, nommée à l’ef-'
jet de découvrir les responsabilités politiques en
courues dans le scandale Staviski, mais de telle
façon que celui qu’il s’efforçait de disculper eusse
dû être immédiatement arrêté. Georges Mandel,
qui était l’âme, le procureur général redoutable et
redouté de cette commission, avait tenu à sauver
Pierre Laval en souvenir des relations qu'il avait
nouées avec lui en 1917, lorsqu’il était chef de cabi
net de Georges Clemenceau et qu’il avait eu besoin
d'un défaitiste de marque pour l’aider à pénétrer les
arcanes du défaitisme, peut-être aussi en espérant
qu’il lui revaudrait le signalé service qu’il lui ren
dait-
République des camarades, voilà bien de tes
coups! Les meilleurs n’y échappèrent 'pas. Georges
Mandel fut pour la première fois ministre dans un
cabinet Laval- Celui-ci, en style des couloirs parle
mentaires, le « dédouana ». Un jour que, je lui
rendais visite au ministère des Affaires étrangères,
Pierre Laval m’avoua, sans que je lui eusse rien
demandé, qu’il avait à son insu reçu une fois, une
seule fois, Staviski. Celui-ci lui avait été amené
par son ami Verrière, maire du 9 e arrondissement.
Il avait, après cette réception, consenti à intervenir
en faveur de Hudelo. « J’ai affirmé devant la com
mission d’enquête parlementaire, ajouta-t-il, que je
n’avais reçu pour cela aucun honoraire. Ce n’est
pas tout à fait exact. Un misérable tableau d’une va
leur de 10-000 francs m’a été offert. » Voyez l’Au
vergnat ! Il n’avait pas négligé de faire estimer le
« misérable tableau » !
En sauvant Hudelo, administrateur de la Compa
gnie Foncière Générale de travaux publics, Laval
sauva Staviski, sans savoir évidemment que son ac
tion criminelle bouleverserait la politique française.
Le conseiller Prince, qui rendit le non-lieu qu’il
sollicitait, ne savait pas, lui non plus, où l’entraîne
rait sa complaisance. Elle l’entraîna, en pleine dé
pression nerveuse, au suicide. Et comme sa famille
se réclamait d’un catholicisme fervent, il entoura
son suicide d’une mise en scène telle qu'on put
croire qu’il avait été assassiné- Il se jeta sur une
voie ferrée près de Dijon. Au vrai, si les médecins
légistes, par lâcheté ou par incapacité, conclurent
à l’assassinat, les journalistes', les policiers honnêtes
refusèrent de les suivre, sans pouvoir toutefois
rendre publique leur conviction contraire à celle
de la rue. L’envoyé spécial de l’Echo de Paris à
Dijon, Clair Guyot, avait téléphoné à son directeur
Henry Simond, président du Syndicat de la presse
parisienne : « Il n’y a pas de doute, pation, c’est
un suicide- » Et celui-ci lui avait répondu : « C’est
possible, cher ami, mais pour les lecteurs de l’Echo
de Paris cela continuera d’être, si vous le voulez
bien, un assassinat. »
Jean Prouvost, directeur de Paris-soir — deux
millions de lecteurs sans compter les femmes et les
petits enfants — fit venir, lui, à grands frais et à
grands fracas, avec leur ancien chef sir Basil Thom
son, deux des plus fins limiers de Scotland Yard
pour éclaircir le « mystère Prince ». Mais leurs
rapports ayant été jugés propres à nuire au tirage
de sa feuille, il ne les publia pas. « Donnez à l’hom
me deux millions de lecteurs ou deux millions de
dollars,-vous être sûr de le châtrer », a écrit Al
fred Fabre-Luce dans son Journal de France.
Jean Prouvost devait publier plus tard, sous la
signature d’un grand policier retraité, le commis
saire Guillaume, une relation qui fournissait la*
preuve que le pauvre Prince s’était bien lui-même
placé entre les rails du train qui l’avait décervelé.
Mais sa courageuse relation ne convainquit encore
que les convaincus,
(A suivre.)
(1) Lire « l’Ordre » des 5 et 6 juin.
Madrid. — Les au
torités espagnoles
ont pris la décision
de remettre Laval
aux autorités fran
çaises, celui-ci ayant,
semble-t-il, manifes
té le désir de se
présenter devant la
justice de son pays.
On ajoute, cepen
dant, que, pour des
« raisons de sécuri
té », il ne sera pas
donné de précisions
sur les moyens et
la date du trans
port.
L’autopsie établit
que le Führer
est mort empoisonné
Il se confirme à Berlin que des spé
cialistes russes ont nettement iden
tifié le cadavre de Hitler parmi les
quatre dépouilles mortelles soumises
à leur compétence. C’est à la suite, en
particulier, d’un examen minutieux
de la dentition que l’identification a
pu être faite. L’autopsie a permis, en
outre, de constater que Hitler était
mort empoisonné, sans doute par- son
médecin, comme il avait déjà été dit.
Missions militaires alliées à Vienne
Des missions militaires française, britannique et amé
ricaine sont arrivées à Vienne le 3 juin, Le général Cher-
rière conduit la mission française.
EN ITALIE
LA SITUATION
reste confuse
Comment remanier ou remplacer le
gouvernement Bonomi, condamné à
disparaître ?
Deux opinions radicalement oppo
sées s’affrontent. Il s’agit de savoir
si, et dans quelle mesure, les Comités
de libération seront représentés au
pouvoir. Les communistes, les socialis
tes et le parti d’action du comte Sfor-
za proclament la nécessité de faire
une large part aux chefs du mouve
ment de libération. En revanche, les
trois autres partis, et en particulier
les libéraux, soutiennent que non
seulement la Résistance a achevé sa
tâche, mais encore que toute nou
velle activité de sa part troublerait
l’évolution de la vie politique. Et,
conformément à ce point de vue, ils
secondent les démarches des autorités
militaires alliées, tendant à obtenir
le désarmement immédiat de tous les
groupements de résistance.
Comment sortir de cette impasse?
C’est ce qu’on voit mal. Le chef du
parti communiste, M Togliatti, pen
se à un Cabinet de coalition des gau
ches dont le leader socialiste, M. Nen-
ni, prendrait la tête, se chargeant
ainsi de toutes les responsabilités dé
sagréables. Mais l’influence des com-
munistes
diminuée
prise en
Trieste à
de cause,
risque d’être sérieusement
par l’attitude qu’ils ont
faveur de l’attribution de
la Yougoslavie. En tout état
l’avenir de la politique in-
térieure italienne paraît chargé de
nuages.
Claude VIVIERES.
Le succès obtenu par les mouvements de Résistance aux dernières élec
tions leur a donné à réfléchir. Ils ont compris qu’ils constituaient une force,
mais certains se sont aperçu que chacun d’eux pris isolément n’était pas
capable de peser d’une façon suffisante dans les luttes politiques.
C est pourquoi plusieurs d entre eux ont résolu de « fusionner », espérant
de cette fusion tirer à la. fois une vigueur et une puissance nouvelles.
Depuis plusieurs semaines des négociations sont activement poussées à cet
effet entre l’Organisation Civile et Militaire, Ceux de la Résistance, Libération
Nord et le Mouvement de Libération Nationale
Mais dans ce dernier mouvement, qui est sans conteste le plus important
des quatre, -une minorité assez forte et « agissante » ne semble pas être
d’accord. La question sera tranchée ce soir même au cours de la réunion
du • comité directeur ; et il est fort possible qu’à l’issue de cette séance on
assiste, en guise de prélude à la fusion plus haut annoncée, à une scission
entre la majorité et la minorité du M. L. N. conduite par M. d’Astier.
Quoi qu’il en soit, le nouveau groupement fusionné se constitue déjà
officieusement. Il a même choisi son nom : Union Démocratique de la Ré
sistance. Il sera dirigé par un comité qui comprendrait environ douze mem-
res du M. L. N. et six de chacun des autres groupements.
L’« U. D. R. » (comme on l’appelle déjà) a le ferme espoir d’attirer bientôt
en son sein le parti socialiste S.F.I.O., à moins qu ce ne soit l’inverse : ques
tion d habileté et de subtilité dans les manœuvres. G. C.
LA FAMILLE
HENRIOT
EST ARRETEE
EN ALLEMAGNE
Ilenriot, veuve
l’ex-ministre de
formation, sa
Marguerite et
fils, le milicien
dré, qui étaient
Philippe
de
ITn-
fille
son
An-
par-
tis pour Baden-Ba
den dans la nuit du
24 août 1944, ont
été arrêtés à la
frontière suisse.
-— Moi y en a F. T. P.
— Franc-tireur pétrolier...
Eisenhower à Paris
le 14 juin
Avant son départ pour les Etats-
Unis.
le général Eisenhower sera
reçu, à Londres, les 11 et 12 juin, à
Paris, les 14 et 15. Diverses cérémo
nies marqueront son séjour parmi
nous, celle, en particulier, au cours
de laquelle le général de Gaulle lui
remettra la croix de la Libération.
Le 14 juillet,
Le lord maire
County Council
res de Moscou,
seront reçus le
de Ville.
autres hôtes alliés
et le président du
de Londres, les mai-
New-York et Prague
14 juillet à l’Hôtel
DU CHARBON
POUR L’HIVER?
Ne gardez pas trop grand espoir !
La production industrielle
et la direction des mines
ont bien voulu nous donner
les renseignements néces
saires, renseignements que
vient de confirmer la Com
mission internationale du
charbon,
à Londres
sous la direction du docteur
Poter et de lord Tudley, en
déclarant : « La situation
charbonnière est presque dé
sespérée en Europe ».
Pourquoi ? Suivons l’évo
lution de la question en
France depuis 1938.
A cette époque, nous con
sommions de 70 à 75 mil
lions de tonnes de charbon
par an et nous n’en produi
sions que 45 millions, il
nous fallait donc importer
plus de 25 millions de ton
nes, chiffre énorme qui fai
sait de la France le plus
grand importateur du mon-
de et lui donnait sur
ce
point une situation très in
férieure à celle de ses voi
sins, Belgique, Allemagne et
Angleterre, qui étaient ex
portateurs.
Ce fut la guerre, la dé
faite et l’occupation, cinq
années pendant lesquelles
nos marchés furent fermés
aux importateurs anglais,
cinq années pourtant pen
dant lesquelles nous avons
touché un peu de —
charbon; plus que
nous n’en avons
eu l’an dernier,
que nous n’en au
rons encore cette
année.
Et les restes de
la cinquième co
lonne de s’en don
ner à cœur joie,
en p r o c lam ant
cette vérité :
« Moins de char-
bon que sous l'oecupa-
tion », Fort compréhen
sible !
A partir de 1941 les Alle
mands furent les plus grog
producteurs de c h a r b 0 n
d'Europe. Ils n’avaient nul
lement besoin de nous pren
dre le nôtre:
Qu’avaient-ils à faire de
nos bassins du Nord et du
Pas-de-Calais près des bas
sins de la Sarre, de la
Huhr, auxquels ils ajoutè
rent les immenses puits au
Donetz.
Voilà pourquoi ces pil
leurs Systématiques de tou
tes nos richesses nous lais
sèrent la totalité de notre
extraction et même cuqmen-
lèrent à bon prie vos stocks
afin de faire tourner pour
eux nos usines. Ce furent,
ensuite les bombardements,
le sabotage et la destruction
de nos transports, nous
obligeant à brûler nos der
nières réserves. Enfin la
défaite allemande et la libé
ration de notre sol qui
nous laissèrent seuls en
face de mines désertées- et
sans moyen de transport.
Nous verrons demain
comment se présente M
situation aujourd’hui.
Dominique de ROUSIERS.
Un document accablant
pour le roi Léopold si...
En 1941,
le comte Capelle écrivait au “Soir”
■Comme « l’Ordre » l’a annoncé, le roi Léo
pold HT, essayant de donner ainsi quelques
satisfactions à l’opinion publique, a limogé ses
maisons civiles et mitaires ou, plus exlcte-
ment, il a accepté, par une lettre datée de
Sankt Wolf gang, la démission collective que
ses collaborateurs intimes lui avaient offerte
il y a quelque temps déjà. Les personnalités
les plus marquantes de ces maisons civiles et
militaires sont le général Van Overstraeten qui
passe pour le principal instigateur de la poli
tique de neutralité adoptée par le roi en 1936
et le comte Capelle.
Le départ définitif du général Van Overstrae
ten a été accueilli avec une véritable joie dans
toute l’armée où il était très impopulaire ;
la... démission du comte Capelle s’imposait
plus encore. Mauvais conseiller ou bouc émis
saire...
Un document accablant, publié par le « Soir »,
met, en effet, ce haut fonctionnaire de la cour
dans une situation impossible.
Au cours de l’occupation, ce même journal,
dont les légitimes propriétaires avaient été
chassés et dépossédés au profit d’agents alle
mands plus ou moins camouflés, publia le
1er janvier 1941 un numéro spécial truffé d’ar
ticles collaborationnistes et où on lisait ceci
sous la signature du nommé Raymond De Bec
ker aujourd’hui en prison :
La guerre a rendu le choix inéluctable : il y
a quelques années encore, l’on pouvait espérer
que la sagesse des hommes parviendrait à sur
monter l’opposition des peuples et des systè-
mes...
Il n’est plus possible de nourrir ces espéran
ces : l’Allemagne et l’Angleterre s’affrontent
dans un duel à mort.
Nous avons choisi. Nous l’avons fait par
conviction révolutionnaire et par amour de la
Belgique : le destin de notre pays est lié à
celui du continent, sa’ prospérité à cette de
l’Europe centrale. En choississant l’Allemagne,
nous choisissons l’Europe. »
Un exemplaire « d’honneur » de ce journal
exceptionnel fut envoyé et, quelques jours
après, M. Raymond De Becker recevait du
comte Capelle cette lettre que le « Soir » d’au-
jourd’hui, le vrai « Soir », publie intégrale-»
ment :
Château de Laeken.
Le 9 janvier 1941.
Monsieur,
J’ai eu l’honneur de remettre au Roi votre
message, ainsi que l’exemplaire d’honneur du
numéro spécial du « Soir » consacré à l’ « Unité
Belge ».
Sa Majesté a été sensible à cet hommage et
me charge de vous en remercier.
Il est bon de rappeler aux Belges leur his
toire et de leur inculquer le sens de l’esprit
national. Nous ne formons qu’un chaînon parmi
la succession de ceux qui nous ont précédés et
de ceux qui nous suivront ; notre devoir est
d’établir, par nos actes et nos paroles, le droit
à l’existence de la Patrie, dont nous ne som
mes que les gardiens passagers.
Vis-à-vis des générations futures, nous avons
des obligations auxquelles nous n’avons pas le
droit de nous soustraire.
En vous remerciant de votre hommage per
sonnel, je vous prie de croire, monsieur, à nos
sentiments distingués.
Le secrétaire du Roi,
Signé : Comte Capelle.
Monsieur Raymond De Becker,
Rédacteur en chef du journal « Le Soir ».
Il n’y a pas de commentaire à faire. Si le
comte Capelle a envoyé cette lettre au sieur
De Becker, à l’insu du roi, ce n’est pas d’un
simple limogeage qu’Il est passible. S’il a agi
par ordre, on se demande comment un souve
rain qui s’est résigné de la sorte à l’occupa-
tion du pays pourrait encore régner. Comment
pourrait-il contresigner les mesures prises au-
jourd’hui contre des *- collaborateurs » qui
n’auraient fait, en somme, que suivre son
exemple.
Cett publication du « Soir » fait un bruit
énorme en Belgique. Elle a jeté la consterna
tion. dans le clan des Léopoldiens.
LA CONSULTATIVE
devant les affaires
du Proche-Orient
Soyons beaux joueurs !
par André STIBIO
II suffisait d’écouter les conversa
tions qui se tenaient dans les couloirs,
à la rentrée de l’Assemblée consulta
tive, pour sentir que la politique
étrangère de notre pays en faisait le
principal objet. Les affaires de Syrie
dans leur déroulement et leurs consé
quences, fournissaient le thème domi
nant de considérations, dont nous de
vons à la vérité de dire qu’elles
étaient assez critiques. Il faudrait
n’avoir pas connu avant guerre la fa
çon dont se prenaient les positions
vis-à-vis des problèmes extérieurs
pour ne pas sentir que lions sommes
à l’un de ces moments où les partis
et les hommes choisissent leur camp
et où ils infléchissent leur politique
intérieure en fonction de l’attitude
qu’ils comptent adopter sur le plan
international. Il ne s’agit pas, si l’on
veut, d’opposition déclarée, mais de
réserves de plus en plus tranchées, de
plus en plus identifiables, soutenues
par des personnalités discrètes en gé
néral, et qui ne s’engagent pas a la
légère. Essayons de retenir les criti
ques les plus fréquemment exprimées
et de dire, au passage, ce qu'on en
peut penser.
Certains, s’attachant aux « impon-
dérables » de la diplomatie, trouvent
excessif le raidissement de la nôtre,
déplorent son manque de liant, affir
ment qu’un peu de bonne humeur
détendrait l’atmosphère. Il est fait
grief au général de Gaulle de son in
transigeance dans la manière d’abor
der les difficultés. On dit : ce ton ne
facilite pas les choses !... Ceux qui
nous voudraient ainsi plus de souri
res et plus de fleurs oublient que,
pour reprendre une expression du gé
néral de Gaulle, nous sommes entrés
dans un univers « durci » par la
guerre, où il ne servirait vraiment de
rien de travestir la vérité aux couleurs
de l’idylle. M. Winston Churchill a
toujours aimé la France, la France
le lui rend bien qui le compare à son
Clemenceau. Croit-on qu’il est d’abord!
commode ? M. Churchill pratique le
qui aime bien châtie bien. Il lui ar-
arrive de ne pas ménager ses meil
leurs amis. Est-il permis de révéler
qu’au cours des pénibles journées de
mai et de juin 1940 un homme comme
le président Jeanneney, partisan sans
détour de l’alliance franco-britanni
que, mais résolu à servir et servant
son pays d’une façon qui devra être
POLITIQUE • ÉCONOMIQUE
L'ORDRE
Directeur politique : Emile BURÉ
Rédaction, Administration : 31, Rue Tronchet
Publicité : 36, Rue Tronchet
6 FÉVRIER 1934
PREMIÈRE JOURNÉE
de la contre-révolution vichyssoise
par Emile BURÉ —
Anjou 86-40 - 4 Lignes
Après 21 heures : Gutenberg 95-66
LE CORPS DE HITLER
A PD ÊTRE IDENTIFIÉ
LAVAL
EXTRADE ?
QUATRE MOUVEMENTS
DE RÉSISTANCE
préparent leur fusion
L‘ U. D. R. ainsi formée entrerait
à son tour dans le parti socialiste
III (I)
Le préfet de la Seine, Renard, fils d’un ancien
communard, élevé par les Sarraut, directeurs du
plus grand journal radical de France, la Dépêche de
Toulouse, lia son sort à celui de son camarade de la
Préfecture, qui se posait en victime d’un gouverne
ment « aux ordres des staviskiens »• Le pauvre
garçon avait été introduit par Mme Chiappe dans
un milieu où son vertueux père n’eût jamais osé
ipénétrer. Il avait épousé un numéro du Moulin
Rouge, la « poupée vivante », que le propriétaire
d’une marque de savon fameuse avait appréciée
avant lui. Il mourut dans un accident d’avion avec
sa compagne alors que, réconcilié avec le pouvoir
républicain, il s’en allait occuper le poste colonial .
qui lui avait été assigné- La Troisième République
était bonne fille.
Mais du politique, passons au judiciaire. Alexan
dre Staviski, après avoir escroqué le Mont-de-Piété
de Bayonne avec la complicité du maire de cette
ville, Garat, s’imagina qu’il pouvait maintenant
s’élever — nouveau Kreuger' — au rang d’anima
teur de la politique internationale en négociant les
bons des optants hongrois- Il aurait pu être arrêté
dans son ascension criminelle dès 1929. Le conseil
ler Prince, dès ce moment, avait en mains la preuve
que Télégant Staviski était un dangereux . escroc.
Elle lui avait été fournie au cours de l’enquête
qu’il avait menée au sujet de l’affaire de la Com
pagnie Foncière Générale de travaux publics créée
par lui et dans le conseil d’administration de la
quelle figurait l’ancien préfet de police Hudelo. Il
rendit néanmoins un non-lieu en sa faveur à la de-
mande du directeur des affaires criminelles et des
grâces au ministère de la Justice, Mouthon, ancien
directeur de la police judiciaire à la Préfecture de
police, auprès 'de qui était intervenu Pierre Laval.
Mouthon nia l’intervention qui avait été faite auprès
de lui par celui-ci ‘ quand il comparut devant, la
commission d’enquête parlementaire, nommée à l’ef-'
jet de découvrir les responsabilités politiques en
courues dans le scandale Staviski, mais de telle
façon que celui qu’il s’efforçait de disculper eusse
dû être immédiatement arrêté. Georges Mandel,
qui était l’âme, le procureur général redoutable et
redouté de cette commission, avait tenu à sauver
Pierre Laval en souvenir des relations qu'il avait
nouées avec lui en 1917, lorsqu’il était chef de cabi
net de Georges Clemenceau et qu’il avait eu besoin
d'un défaitiste de marque pour l’aider à pénétrer les
arcanes du défaitisme, peut-être aussi en espérant
qu’il lui revaudrait le signalé service qu’il lui ren
dait-
République des camarades, voilà bien de tes
coups! Les meilleurs n’y échappèrent 'pas. Georges
Mandel fut pour la première fois ministre dans un
cabinet Laval- Celui-ci, en style des couloirs parle
mentaires, le « dédouana ». Un jour que, je lui
rendais visite au ministère des Affaires étrangères,
Pierre Laval m’avoua, sans que je lui eusse rien
demandé, qu’il avait à son insu reçu une fois, une
seule fois, Staviski. Celui-ci lui avait été amené
par son ami Verrière, maire du 9 e arrondissement.
Il avait, après cette réception, consenti à intervenir
en faveur de Hudelo. « J’ai affirmé devant la com
mission d’enquête parlementaire, ajouta-t-il, que je
n’avais reçu pour cela aucun honoraire. Ce n’est
pas tout à fait exact. Un misérable tableau d’une va
leur de 10-000 francs m’a été offert. » Voyez l’Au
vergnat ! Il n’avait pas négligé de faire estimer le
« misérable tableau » !
En sauvant Hudelo, administrateur de la Compa
gnie Foncière Générale de travaux publics, Laval
sauva Staviski, sans savoir évidemment que son ac
tion criminelle bouleverserait la politique française.
Le conseiller Prince, qui rendit le non-lieu qu’il
sollicitait, ne savait pas, lui non plus, où l’entraîne
rait sa complaisance. Elle l’entraîna, en pleine dé
pression nerveuse, au suicide. Et comme sa famille
se réclamait d’un catholicisme fervent, il entoura
son suicide d’une mise en scène telle qu'on put
croire qu’il avait été assassiné- Il se jeta sur une
voie ferrée près de Dijon. Au vrai, si les médecins
légistes, par lâcheté ou par incapacité, conclurent
à l’assassinat, les journalistes', les policiers honnêtes
refusèrent de les suivre, sans pouvoir toutefois
rendre publique leur conviction contraire à celle
de la rue. L’envoyé spécial de l’Echo de Paris à
Dijon, Clair Guyot, avait téléphoné à son directeur
Henry Simond, président du Syndicat de la presse
parisienne : « Il n’y a pas de doute, pation, c’est
un suicide- » Et celui-ci lui avait répondu : « C’est
possible, cher ami, mais pour les lecteurs de l’Echo
de Paris cela continuera d’être, si vous le voulez
bien, un assassinat. »
Jean Prouvost, directeur de Paris-soir — deux
millions de lecteurs sans compter les femmes et les
petits enfants — fit venir, lui, à grands frais et à
grands fracas, avec leur ancien chef sir Basil Thom
son, deux des plus fins limiers de Scotland Yard
pour éclaircir le « mystère Prince ». Mais leurs
rapports ayant été jugés propres à nuire au tirage
de sa feuille, il ne les publia pas. « Donnez à l’hom
me deux millions de lecteurs ou deux millions de
dollars,-vous être sûr de le châtrer », a écrit Al
fred Fabre-Luce dans son Journal de France.
Jean Prouvost devait publier plus tard, sous la
signature d’un grand policier retraité, le commis
saire Guillaume, une relation qui fournissait la*
preuve que le pauvre Prince s’était bien lui-même
placé entre les rails du train qui l’avait décervelé.
Mais sa courageuse relation ne convainquit encore
que les convaincus,
(A suivre.)
(1) Lire « l’Ordre » des 5 et 6 juin.
Madrid. — Les au
torités espagnoles
ont pris la décision
de remettre Laval
aux autorités fran
çaises, celui-ci ayant,
semble-t-il, manifes
té le désir de se
présenter devant la
justice de son pays.
On ajoute, cepen
dant, que, pour des
« raisons de sécuri
té », il ne sera pas
donné de précisions
sur les moyens et
la date du trans
port.
L’autopsie établit
que le Führer
est mort empoisonné
Il se confirme à Berlin que des spé
cialistes russes ont nettement iden
tifié le cadavre de Hitler parmi les
quatre dépouilles mortelles soumises
à leur compétence. C’est à la suite, en
particulier, d’un examen minutieux
de la dentition que l’identification a
pu être faite. L’autopsie a permis, en
outre, de constater que Hitler était
mort empoisonné, sans doute par- son
médecin, comme il avait déjà été dit.
Missions militaires alliées à Vienne
Des missions militaires française, britannique et amé
ricaine sont arrivées à Vienne le 3 juin, Le général Cher-
rière conduit la mission française.
EN ITALIE
LA SITUATION
reste confuse
Comment remanier ou remplacer le
gouvernement Bonomi, condamné à
disparaître ?
Deux opinions radicalement oppo
sées s’affrontent. Il s’agit de savoir
si, et dans quelle mesure, les Comités
de libération seront représentés au
pouvoir. Les communistes, les socialis
tes et le parti d’action du comte Sfor-
za proclament la nécessité de faire
une large part aux chefs du mouve
ment de libération. En revanche, les
trois autres partis, et en particulier
les libéraux, soutiennent que non
seulement la Résistance a achevé sa
tâche, mais encore que toute nou
velle activité de sa part troublerait
l’évolution de la vie politique. Et,
conformément à ce point de vue, ils
secondent les démarches des autorités
militaires alliées, tendant à obtenir
le désarmement immédiat de tous les
groupements de résistance.
Comment sortir de cette impasse?
C’est ce qu’on voit mal. Le chef du
parti communiste, M Togliatti, pen
se à un Cabinet de coalition des gau
ches dont le leader socialiste, M. Nen-
ni, prendrait la tête, se chargeant
ainsi de toutes les responsabilités dé
sagréables. Mais l’influence des com-
munistes
diminuée
prise en
Trieste à
de cause,
risque d’être sérieusement
par l’attitude qu’ils ont
faveur de l’attribution de
la Yougoslavie. En tout état
l’avenir de la politique in-
térieure italienne paraît chargé de
nuages.
Claude VIVIERES.
Le succès obtenu par les mouvements de Résistance aux dernières élec
tions leur a donné à réfléchir. Ils ont compris qu’ils constituaient une force,
mais certains se sont aperçu que chacun d’eux pris isolément n’était pas
capable de peser d’une façon suffisante dans les luttes politiques.
C est pourquoi plusieurs d entre eux ont résolu de « fusionner », espérant
de cette fusion tirer à la. fois une vigueur et une puissance nouvelles.
Depuis plusieurs semaines des négociations sont activement poussées à cet
effet entre l’Organisation Civile et Militaire, Ceux de la Résistance, Libération
Nord et le Mouvement de Libération Nationale
Mais dans ce dernier mouvement, qui est sans conteste le plus important
des quatre, -une minorité assez forte et « agissante » ne semble pas être
d’accord. La question sera tranchée ce soir même au cours de la réunion
du • comité directeur ; et il est fort possible qu’à l’issue de cette séance on
assiste, en guise de prélude à la fusion plus haut annoncée, à une scission
entre la majorité et la minorité du M. L. N. conduite par M. d’Astier.
Quoi qu’il en soit, le nouveau groupement fusionné se constitue déjà
officieusement. Il a même choisi son nom : Union Démocratique de la Ré
sistance. Il sera dirigé par un comité qui comprendrait environ douze mem-
res du M. L. N. et six de chacun des autres groupements.
L’« U. D. R. » (comme on l’appelle déjà) a le ferme espoir d’attirer bientôt
en son sein le parti socialiste S.F.I.O., à moins qu ce ne soit l’inverse : ques
tion d habileté et de subtilité dans les manœuvres. G. C.
LA FAMILLE
HENRIOT
EST ARRETEE
EN ALLEMAGNE
Ilenriot, veuve
l’ex-ministre de
formation, sa
Marguerite et
fils, le milicien
dré, qui étaient
Philippe
de
ITn-
fille
son
An-
par-
tis pour Baden-Ba
den dans la nuit du
24 août 1944, ont
été arrêtés à la
frontière suisse.
-— Moi y en a F. T. P.
— Franc-tireur pétrolier...
Eisenhower à Paris
le 14 juin
Avant son départ pour les Etats-
Unis.
le général Eisenhower sera
reçu, à Londres, les 11 et 12 juin, à
Paris, les 14 et 15. Diverses cérémo
nies marqueront son séjour parmi
nous, celle, en particulier, au cours
de laquelle le général de Gaulle lui
remettra la croix de la Libération.
Le 14 juillet,
Le lord maire
County Council
res de Moscou,
seront reçus le
de Ville.
autres hôtes alliés
et le président du
de Londres, les mai-
New-York et Prague
14 juillet à l’Hôtel
DU CHARBON
POUR L’HIVER?
Ne gardez pas trop grand espoir !
La production industrielle
et la direction des mines
ont bien voulu nous donner
les renseignements néces
saires, renseignements que
vient de confirmer la Com
mission internationale du
charbon,
à Londres
sous la direction du docteur
Poter et de lord Tudley, en
déclarant : « La situation
charbonnière est presque dé
sespérée en Europe ».
Pourquoi ? Suivons l’évo
lution de la question en
France depuis 1938.
A cette époque, nous con
sommions de 70 à 75 mil
lions de tonnes de charbon
par an et nous n’en produi
sions que 45 millions, il
nous fallait donc importer
plus de 25 millions de ton
nes, chiffre énorme qui fai
sait de la France le plus
grand importateur du mon-
de et lui donnait sur
ce
point une situation très in
férieure à celle de ses voi
sins, Belgique, Allemagne et
Angleterre, qui étaient ex
portateurs.
Ce fut la guerre, la dé
faite et l’occupation, cinq
années pendant lesquelles
nos marchés furent fermés
aux importateurs anglais,
cinq années pourtant pen
dant lesquelles nous avons
touché un peu de —
charbon; plus que
nous n’en avons
eu l’an dernier,
que nous n’en au
rons encore cette
année.
Et les restes de
la cinquième co
lonne de s’en don
ner à cœur joie,
en p r o c lam ant
cette vérité :
« Moins de char-
bon que sous l'oecupa-
tion », Fort compréhen
sible !
A partir de 1941 les Alle
mands furent les plus grog
producteurs de c h a r b 0 n
d'Europe. Ils n’avaient nul
lement besoin de nous pren
dre le nôtre:
Qu’avaient-ils à faire de
nos bassins du Nord et du
Pas-de-Calais près des bas
sins de la Sarre, de la
Huhr, auxquels ils ajoutè
rent les immenses puits au
Donetz.
Voilà pourquoi ces pil
leurs Systématiques de tou
tes nos richesses nous lais
sèrent la totalité de notre
extraction et même cuqmen-
lèrent à bon prie vos stocks
afin de faire tourner pour
eux nos usines. Ce furent,
ensuite les bombardements,
le sabotage et la destruction
de nos transports, nous
obligeant à brûler nos der
nières réserves. Enfin la
défaite allemande et la libé
ration de notre sol qui
nous laissèrent seuls en
face de mines désertées- et
sans moyen de transport.
Nous verrons demain
comment se présente M
situation aujourd’hui.
Dominique de ROUSIERS.
Un document accablant
pour le roi Léopold si...
En 1941,
le comte Capelle écrivait au “Soir”
■Comme « l’Ordre » l’a annoncé, le roi Léo
pold HT, essayant de donner ainsi quelques
satisfactions à l’opinion publique, a limogé ses
maisons civiles et mitaires ou, plus exlcte-
ment, il a accepté, par une lettre datée de
Sankt Wolf gang, la démission collective que
ses collaborateurs intimes lui avaient offerte
il y a quelque temps déjà. Les personnalités
les plus marquantes de ces maisons civiles et
militaires sont le général Van Overstraeten qui
passe pour le principal instigateur de la poli
tique de neutralité adoptée par le roi en 1936
et le comte Capelle.
Le départ définitif du général Van Overstrae
ten a été accueilli avec une véritable joie dans
toute l’armée où il était très impopulaire ;
la... démission du comte Capelle s’imposait
plus encore. Mauvais conseiller ou bouc émis
saire...
Un document accablant, publié par le « Soir »,
met, en effet, ce haut fonctionnaire de la cour
dans une situation impossible.
Au cours de l’occupation, ce même journal,
dont les légitimes propriétaires avaient été
chassés et dépossédés au profit d’agents alle
mands plus ou moins camouflés, publia le
1er janvier 1941 un numéro spécial truffé d’ar
ticles collaborationnistes et où on lisait ceci
sous la signature du nommé Raymond De Bec
ker aujourd’hui en prison :
La guerre a rendu le choix inéluctable : il y
a quelques années encore, l’on pouvait espérer
que la sagesse des hommes parviendrait à sur
monter l’opposition des peuples et des systè-
mes...
Il n’est plus possible de nourrir ces espéran
ces : l’Allemagne et l’Angleterre s’affrontent
dans un duel à mort.
Nous avons choisi. Nous l’avons fait par
conviction révolutionnaire et par amour de la
Belgique : le destin de notre pays est lié à
celui du continent, sa’ prospérité à cette de
l’Europe centrale. En choississant l’Allemagne,
nous choisissons l’Europe. »
Un exemplaire « d’honneur » de ce journal
exceptionnel fut envoyé et, quelques jours
après, M. Raymond De Becker recevait du
comte Capelle cette lettre que le « Soir » d’au-
jourd’hui, le vrai « Soir », publie intégrale-»
ment :
Château de Laeken.
Le 9 janvier 1941.
Monsieur,
J’ai eu l’honneur de remettre au Roi votre
message, ainsi que l’exemplaire d’honneur du
numéro spécial du « Soir » consacré à l’ « Unité
Belge ».
Sa Majesté a été sensible à cet hommage et
me charge de vous en remercier.
Il est bon de rappeler aux Belges leur his
toire et de leur inculquer le sens de l’esprit
national. Nous ne formons qu’un chaînon parmi
la succession de ceux qui nous ont précédés et
de ceux qui nous suivront ; notre devoir est
d’établir, par nos actes et nos paroles, le droit
à l’existence de la Patrie, dont nous ne som
mes que les gardiens passagers.
Vis-à-vis des générations futures, nous avons
des obligations auxquelles nous n’avons pas le
droit de nous soustraire.
En vous remerciant de votre hommage per
sonnel, je vous prie de croire, monsieur, à nos
sentiments distingués.
Le secrétaire du Roi,
Signé : Comte Capelle.
Monsieur Raymond De Becker,
Rédacteur en chef du journal « Le Soir ».
Il n’y a pas de commentaire à faire. Si le
comte Capelle a envoyé cette lettre au sieur
De Becker, à l’insu du roi, ce n’est pas d’un
simple limogeage qu’Il est passible. S’il a agi
par ordre, on se demande comment un souve
rain qui s’est résigné de la sorte à l’occupa-
tion du pays pourrait encore régner. Comment
pourrait-il contresigner les mesures prises au-
jourd’hui contre des *- collaborateurs » qui
n’auraient fait, en somme, que suivre son
exemple.
Cett publication du « Soir » fait un bruit
énorme en Belgique. Elle a jeté la consterna
tion. dans le clan des Léopoldiens.
LA CONSULTATIVE
devant les affaires
du Proche-Orient
Soyons beaux joueurs !
par André STIBIO
II suffisait d’écouter les conversa
tions qui se tenaient dans les couloirs,
à la rentrée de l’Assemblée consulta
tive, pour sentir que la politique
étrangère de notre pays en faisait le
principal objet. Les affaires de Syrie
dans leur déroulement et leurs consé
quences, fournissaient le thème domi
nant de considérations, dont nous de
vons à la vérité de dire qu’elles
étaient assez critiques. Il faudrait
n’avoir pas connu avant guerre la fa
çon dont se prenaient les positions
vis-à-vis des problèmes extérieurs
pour ne pas sentir que lions sommes
à l’un de ces moments où les partis
et les hommes choisissent leur camp
et où ils infléchissent leur politique
intérieure en fonction de l’attitude
qu’ils comptent adopter sur le plan
international. Il ne s’agit pas, si l’on
veut, d’opposition déclarée, mais de
réserves de plus en plus tranchées, de
plus en plus identifiables, soutenues
par des personnalités discrètes en gé
néral, et qui ne s’engagent pas a la
légère. Essayons de retenir les criti
ques les plus fréquemment exprimées
et de dire, au passage, ce qu'on en
peut penser.
Certains, s’attachant aux « impon-
dérables » de la diplomatie, trouvent
excessif le raidissement de la nôtre,
déplorent son manque de liant, affir
ment qu’un peu de bonne humeur
détendrait l’atmosphère. Il est fait
grief au général de Gaulle de son in
transigeance dans la manière d’abor
der les difficultés. On dit : ce ton ne
facilite pas les choses !... Ceux qui
nous voudraient ainsi plus de souri
res et plus de fleurs oublient que,
pour reprendre une expression du gé
néral de Gaulle, nous sommes entrés
dans un univers « durci » par la
guerre, où il ne servirait vraiment de
rien de travestir la vérité aux couleurs
de l’idylle. M. Winston Churchill a
toujours aimé la France, la France
le lui rend bien qui le compare à son
Clemenceau. Croit-on qu’il est d’abord!
commode ? M. Churchill pratique le
qui aime bien châtie bien. Il lui ar-
arrive de ne pas ménager ses meil
leurs amis. Est-il permis de révéler
qu’au cours des pénibles journées de
mai et de juin 1940 un homme comme
le président Jeanneney, partisan sans
détour de l’alliance franco-britanni
que, mais résolu à servir et servant
son pays d’une façon qui devra être
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