Titre : Journal de la Côte-d'Or : feuille politique, littéraire, commerciale et industrielle...
Éditeur : Imprimerie de Simonnot-Carion (Dijon)
Date d'édition : 1848-02-15
Contributeur : Simonnot-Carion. Directeur de publication
Contributeur : Noellat, Charles. Directeur de publication
Contributeur : Quarré, Antoinette (1813-1847). Collaborateur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb42306729c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Langue : dialecte français
Description : 15 février 1848 15 février 1848
Description : 1848/02/15 (A48,N20). 1848/02/15 (A48,N20).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG21 Collection numérique : BIPFPIG21
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t51154683c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-406
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/01/2023
(N° 20)
Mardi 13 Février
48 e Année. - 1848.
PRIX .DE L’ABONNEMENT
HORS LE département:
franc de plus par trimestre.
j mois.
6 - ■
I an.. ■
6 francs.
1 id.
4 id.
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On s’abonne, à DIJON, au
bureau, rue Bouhier. 4. et
chez tous les directeurs de
postes.
PARAISSANT LES MARDIS, JEUDIS ET SAMEDIS
DIJON.
» Le temps nous presse et l'espace nous manque pour par
ler avec quelque étendue des séances de la chambre des
députés. Quelques mois, cependant.
Dans la séance du 9, M. le garde des sceaux a réfuté
lesargumens présentés par M. Odilon Barrot, en faveur de
la légalité des banquets. Si l’immense majorité de la cham-
brenavait été convaincue d’avance que le gouvernement
use d’un droit et remplit un devoir en interdisant toute
réunion de nature à compromettre la tranquillité publique,
la savante et lucide discussion de M. le garde des sceaux
Bût porté la lumière dans tous les esprits.
8 Après quelques mots de M. Odilon Barrot, et un discours
de M. Feuillade-Chauvin, la chambre a entendu M. Ledru-
Rollinqui a présenté quelques explications personnelles, et
surtout la question de droit el de légalité.
| Une protestation aussi ferme que digne de M. le garde
les sceaux, provoquée par une interruption de M. Odilon
Barrot, et chaleureusement appuyée parla grande majo-
riléde la chambre, a signalé la dernière partie de la séan
ce; puis la chambre a clos la discussion du paragraphe.
| Dans la séance du 10, la chambre a lestement mené le
deuil des amendemens Lesseps, de Genoude et Darblay,
qui, tous, ont été successivement enterrés. Qu’ils repo
sent donc en paix, et que la terre parlementaire leur soit
। légère!
I La séance du 11 a été consacrée à la discussion de l’a
mendement de M. Desmousseaux de Givre. Cet amende
ment a un moment réveille les espérances des coureurs de
portefeuille; mais en dépit de toutes les manœuvres, mal
gré quelques défections regrettables, la majorité est restée
indissolublement unie et par cousequent maîtresse du ter
rain.
I Nous allons raconter ce curieux scrutin de ‘amende-
ment Givré dans tous ses détails, pour montrer au public
ce qu’on pourrait appeler les ficelles et donner un échantil-
Lu du savoir-faire de lopposition. L’amendement, on le
sait, avait pour but de faire disparaître de l’adresse les
mots passions hostiles et entrainemens aveugles. M. Dufau-
j|rc et M. de Rémusat sont venus, de leur voix la plus solen
nelle, conjurer la chambre, au nom du salut public, de ne
point fructidoriser la gauche et de ne pas entrer dans les
voies révolutionnaires. Que n’ont-ils, pendant qu ils étaient
en train, déclaré que M. Ledru-Rollin avait bien mérité de
la patrie, et voté des remercimens à tous les promoteurs de
l’agitation pacifique, où l'on a proclamé la guillotine com-
me la leçon des peuples et des rois?
Enfin on a volé sur le baiser-Lamourrette. La première
épreuve par assis et levé a été douteuse. Alors la gauche a
demandé le scrutin de division. A ces mots, un tumulte ef
froyable a éclaté dans la salle. M. Saint-Marc-Girardin, Al.
Dulaure, M. Duvergier de Haurannegourmandaient les
maladroits qui avaient fait cette proposition. Ne fallait-il
pas mieux succomber dans une seconde épreuve, sauf à
dire que les secrétaires avaient menti à leur conscience en
proclamant un résultat contraire à la minorité, plutôt que
daffronter le calcul mathématique d’un scrutin de divi-
vision, auquel d’ailleurs certains députés qui craignent
peut-être l’œil des ministres, tenteraient d'échapper en s’ab
stenant. Mais le mot était lâché, et le scrutin de division a
eu lieu. M. Thiers a demandé que chacun restât à sa place
et ne la quittât pour aller voler qu’à l’appel de son nom.
Quand MM. Dugabé, Golbéry et quelques autres membres,
autrefois de l’opposition, aujourd’hui conservateurs, sont
allés voter contre l’amendement, ils ont été insolemment
hués ; la gauche n’a pas épargné M. Sauzet lui-même : elle
prétendait que le président aurait dû s’abstenir. C’est sa
manière d’entendre la liberté du vote.
Parmi les conservateurs dissidens qui ont voté pour la-
21 mendement de M. Desmousseaux de Givré, nous avons re-
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rocul
RTHB
’s à Lyl
TINCEN
e du sief
marqué MM. Allard, Debelleyme, Vejux, Boissyd'Anglas,
Darblay, Malter, Blanqui, Proa, Sallandrouze. Clapier (de
Marseille). MM.Lacave-Laplagne, maréchal Bugeaud,Lepel-
letier d'Aulnay , Benoît Fould el Achille Fould se sont
abstenus. M. Dupin était absent depuis plusieurs jours.
Malgré les défections, les abstentions et les maladies, la
majorité a encore atteint le chiffre énorme de 228.
En journal dit que la chambre est désormais entrée
dans les voies révolutionnaires, et que l'opposition n’a plus
qu’à opter pour un mode de protestation ou de résistance
légale. Il nous semble qu’elle en a fait assez de protesta-
bons. En tous cas, nous croyons être certain que l'oppo-
sillon nappelera pas de la sentence de la chambre aux
électeurs; car nous en savons plus d'un qui seraient peu ras
surés sur les probabilités de leur réélection.
Une dépêche transmise de Turin, sous la date du 8
lévrier, annonce que, par une proclamation de ce jour, le
roi de Sardaigne a promis une constitution à son peuple
et en a posé les bases. Elles sont analogues à la constitu-
lion française.
Le bal donné au bénéfice des pauvres a produit une
somme de 3,217 fr. tous irais payés. Un si beau succès a en-
1848.
gage la commission à donner un second bal. qui aura lieu
le mardi 29 février. Le prix du billet est maintenu à 5 fr.,
el la souscription est ouverte dès aujourd’hui dans les bu-
reaux de lHôtel-de- Ville.
(Communiqué.)
—Aujourd’hui 14 février, se sont ouvertes les assises de
la Côte-d'Or ; nous en rendrons compte.
— Par ordonnance du roi, en date du 9 février, l'auto-
risation accordée , en vertu de l’ordonnance royale du
1er septembre 1824, à la société d’assurances mutuelles im
mobilières contre l'incendie, formée à Dijon, est révoquée.
Cette révocation est prononcée sans préjudice des droits
des tiers.
—Voici le prix des grains au marché de Nuits du 7 fé
vrier : Froment, 4 fr. le double décalitre; froment et sei-
gle mêlés, 3 fr. 10 c
2 fr. 90 c.; orge, 2 fr. 40 c ;
maïs, 2 fr. 30 e., et l’avoine, 2 fr. 10 c.
—Un incendie a éclaté le 10 courant, vers sept heures du
matin, au faubourg Saint-Jacques, à Beaune. Malgré de
prompts secours, un corps de bâtiment a été la proie des
flammes. La perte s'élève à 3,000 fr. environ.
AFFAIRE CÉCILE COMBETTES.
Les débats qui se sont ouverts le 7 à Toulouse, dans le procès
relatif à l’accusation de viol et d’assassinat sur la personne de
la jeune Cécile Combettes, sont l’objet de préoccupations di
verses.
A la première audience de la session , M. le président Labaume
a prononcé une allocution pour engager les jurés à se tenir en de
hors de toutes les influences et publications dont on agite les es
prits au sujet de cette affaire.
Voici, sur la jeune et intéressante victime et sur le prévenu, quel
ques détails biographiques qui intéressent nos lecteurs :
« Cécile Combettes naquit à Toulouse le 5 novembre 1852, sur
la paroisse Saint-Pierre, dans la rue Pargaminière. Elle avait, le
15 avril 1847, jour de sa mort, quatorze ans, cinq mois et dix
jours. Bernard Combettes père naquit à Saint-Mailin-la-Lande,
près de Castelnaudary. Sa mère, Marie Terrisse, naquit à Ville-
mur. Combettes est employé à la fabrique de limes de M. Talabot;
sa femme est allumeusede réverbères, et, pendant sesmomens de
loisir, elle s’occupe à vendre quelques objets, tels que des mou
choirs, des fichus, etc. Celle famille vivait heureuse dans sa mé
diocrité. A l'époque du 45 avril 4847, elle se composait de trois
enfans : un garçon de seize ans, employé avec son père à la fabri
que de limes, Cécile et une jeune fille de cinq ans.
« Cécile était petite pour son âge : sa taille était d’environ 1
mètre 55 centimères; elle était néanmoins bien faite et avait une
assez jolie tournure. Son teint était blanc, sa figure ronde, ses che-
veux châtains et abondans; scs yeux bruns avaient une expression
douce et mélancolique; en un mot, l’ensemble de sa personne
résentait de la distinction et de la grâce. Cécile était douée d’un
on sens qu’on ne rencontre pas ordinairement chez les enfans.de
son âge. A un cœur excellent elle joignait un caractère doux el
facile; elle était vive jusqu’à l’espièglerie, sans qu’on eût jamais à
lui reprocher même la méchanceté la plus légère. Toujours exacte
à ses devoirs, elle ne demeura pas un instant de sa vie dans l’oi
siveté, et, au milieu de ses occupations, on remarquait facilement
un penchant à la piété. Cécile Combettes faisait partie de la société
des jeunes filles de la Daurade et de celle du Rosaire. Le 6 juillet
1845 elle fit sa première communion. Depuis celte époque, à cha
que grande fête, elle remplissait ses devoirs religieux, et, le 4
avril 1847, quinze jours avant sa mort, Cécile avait fait ses pâ-
ques. De bonne heure, elle fut confiée aux soins des sœurs de la
charité de l’église de la Daurade, qui lui apprirent à lire et à
écrire, et qui l’entourèrent de toute leur affection.
« Cécile Combettes avait passé ses premières années dans sa
propre famille ; sa mère, surtout, était l’objet de toutes ses atten
tions et de toutes ses prévenances. Cécile Combettes, quelque
temps avant le crime dont elle fut souillée, éprouva, elle aussi,
comme tant d’autres, ce triste pressentiment qui retentit dans nos
âmes comme un glas funèbre, et qui semble nous annoncer le
coup terrible qui doit nous frapper. Quelques jours avant sa mal-
, heureuse fin, elle se trouvait dans une réunion avec plusieurs
personnes qui projetaient une partie à la campagne pour les beaux
jours de mai. «Pourquoi faire de pareils projets? dit Cécille; d’ici
là l’une de nous sera peut-être morte. » A ces mots, ses compa
gnes se récrièrent; mais, toujours pressée par cette triste pensée
de mort, et alors que chacune des personnes qui l’entouraient
exprimait le désir de mourir de telle ou telle manière, elle dit
ces mots : « Quant à moi, je voudrais mourir martyre. »
Ce fut quelque temps après sa première communion que Cécile,
désireuse d’apprendre un état pour venir au plus tôt au secours
de ses parens, entra chez un relieur pour se former à l’état de
brocheuse. Son apprentissage, qui devait durer un an, commença
le 15 avril 1847, jour où, ayant été immolée, elle vit s’accomplir
sa destinée ainsi qu’elle en avait naguère exprimé le désir. C’est
ainsi que finit cette courte existence de l’infortunée Cécile.
Louis Bonafous est né à Montclar, près Saint-Affrique (Avey-
ron), le 5 février 1812, deparens pauvres, ne vivant que du tra
vail de leurs mains. Son enfance s’écoula dans l’école de Mont
clar, qu’il ne quitta que pour entrer apprenti chez un maître tail
leur.
i II était depuis peu de temps établi maître tailleur à Monclar,
j lorsqu’une mission donnée dans ce village par des prêtres diocé
sains décida sa vocation. Bonafous était alors âgé de 25 ans. Il se
rendit à Toulouse où un ancien camarade d’enfance, d’une posi
tion plus élevée que la sienne et alors étudiant à la Faculté de
droit, l'accompagna, sur sa prière, au noviciat des Frères de la
doctrine chrétienne , et facilita son entrée dans cet établisse
ment. Louis Bonafous fit sa profession le 29 juin 1856, et prit le
nom de frère Léotade.
i Depuis lors, à l’exception d’un certain temps qu’il a passé à Mi-
I repoix (Ariége), il a été toujours attaché à la maison des Frères
{ de Toulouse, et particulièrement au pensionnat Saint-Joseph, où
PRIX DES INSERTIONS
Annonces (la ligne) 15 cent.
Réclames (id.) 30 id.
L’abonnement ne se prend
pas pour moins de trois mois,
et se continue jusqu’à récep
tion d’avis contraire.
fout envoi au Rédactiur-
Gérant doit être affranchi.
il a rempli, plusieurs années, les fondions de pourvoyeur. C’est
là qu’est venue le frapper la grave prévention qui pèse sur sa tête.
—A l’est de la ville est un ancien cimetière à mi-côte, consacré
naguère à la sépulture des habitans de la métropole de St-Etienne
et de trois autres paroisses de Toulouse.
C’est dans un recoin de ce cimetière que le corps de la mal
heureuse Cécile Combelle a été trouvé gisant. Mais, sur ce théâtre
d’un crime aussi lamentable que mytérieux, les regards cherchent
avec non moins de curiosité l’établissement des Frères de la doc
trine chrétienne. Toulouse, la grande ville catholique et universi
taire du moyen-âge, possède beaucoup d’établissemens religieux.
Le plus considérable est celui des frères. Un vaste emplacement
contigu à l'ancien cimetière de Saint-Etienne ou de Saint-Aubin
renferme les bâtimens irréguliers, les cours nombreuses et le jar
din de l’institut des Frères. De l’intérieur du cimetière, on voit l’un
de ces corps de bâtiment, construction assez moderne, à la façade
blanche et presque élégante. L’entrée de ces établissemens donne
sur la rue Riquet, dans le prolongement de laquelle est une im
passe où se trouve la porte assez, monumentale du cimetière de
Saint-Aubin. Mais les passages, corridors, cours ou galeries qui
font comnuniquer entre elles les diverses parties de l’institut des
Frères, sont sinueux et d’un parcours considérable. Il y a deux
maisons principales t celle dans laquelle on pénètre d’abord, appe
lée la Communauté, qui se subdivise en trois sections. L’une est
le Noviciat, et est séparée de la seconde maison appelée le Pen
sionnat, par la rue Caraman, qui aboutit directement au canal du
Midi. Un tunnel, dont la longueur est de 5 à 6 mètres, et la lar
geur de 2 mètres, relie les deux maisons en passant sous la rue
Caraman. En tournant toujours à gauche, et en revenant vers la rue
Riquet, l’on arrive à une suite de petits bâtimens; le dépôt des
coffres à avoine où est une loge de lapins suspendue, deux écuries,
enfin, la vacherie et le grenier à fourrages. On n’estpius alors'qu’à
55 mètres environ de la partie du cimetière où a été trouvé le
corps de Cécile Combettes. L’accusation soutient qu’entrée par la
rue Riquet, la pauvre fille a suivi le chemin une nous venons d’in-
diquer, et que le double crime à la suite duquel elle a succombé
a été commis dans le grenier à fourrages.
L’orangerie, qui est tout au fond du jardin du pensionnat,
touche à une petite impace de quinze mètres de long sur huit
mètres de large, qui font saillie sur la rue Riquet à l’endroit où
elle croise la rue du cimetière Saint-Aubin, parallèle à la rue
Caraman. A l’extrémité sud-ouest de cette étroite partie du cime
tière, est un bâtiment nommé l’Oratoire, rempli en ce moment
d’une centaine de cercueils : ce sont les cercueils des morts qu’on
exhume. Vis-à-vis l’Oratoire, dans l’angle formé par le mur du
jardin des Frères et par la rue du Cimetière , se trouve la place
où gisait le corps d’une jeune fille de quatorze ans, portant des
traces de violences. Un viol, un meurtre allaient apparaître et
jeter Toulouse dans l’épouvante.
La huit du 15 au 16 avril avait été sombre et orageuse. Le
16,a la pointe du jour , le gardien du cimetière , suivi d’un fos
soyeur et d’un menuisier , venait de préparer une exhumation :
tandis que ces hommes renfermaient un cercueil dans l’Oratoire,
le troisième vit devant lui une femme couchée dans l’angle for
mé par les deux murs; il s’approche, croyant qu’elle dort, il la se
coue , mais l’infortunée ne devait plus ouvrir les yeux à la
lumière....
« La veille de la découverte du cadavre, le 18avril, Cécile,
ouvrière chez le sieur Conte, relieur, était sortie de son maître, en
compagnie avec lui et avec une autre ouvrière du sieur Conte . la
nommée Marion. L’une et l’autre portaient des livres sur la tête
dans une corbeille, et Conte les conduisit à la communauté des
Frères, rue Riquet. Cécile Combettes est-elle demeurée dans la
maison des Frères après la sortie de Marion et de Conte? ou bien
Cécile est-elle sortie, et le crime s’est-il consommé ailleurs ? Le
procès est dans ces questions.
—Nous nous proposons de tenir nos lecteurs au courant des
scènes principales de celle affaire importante et pleine encore de
mystères; nous commencerons par un simple exposé des faits,
tels qu’ils ressortent de l’instruction.
L’accusé, Louis Bonafous, en religion frère Léotade , demeu
rait à Toulouse dans la maison des Frères de la doctrine chrétien
ne, dont il faisait partie; il est âgé de trente-six ans; mais il parait
beaucoup plus jeune ; son visage, rond, plein et d’une carnation
assez délicate, malgré un teint bruni, est plutôt celui du frère no
vice que du religieux long-temps éprouvé par la vie ascétique.
Rien, dans ces traits doux et inoffensifs, qui rappelle l’idéal de
Claude Frollo, ou le masque de ces hommes qu’une passion désor
donnée a poussés au crime. Ses cheveux, noirs et épais, sont ten
dus selon la règle de tous les membres de l’institut auquel il ap
partient; ses oreilles, fort détachées du crâne, donnent à sa tête
quelque chose de la physionomie que des crayons frivoles ont
prêtée au frère ignorantin. il a le nez, la bouche et le menton
larges et aplatis; ses yeux ne manquent pas de vivacité.
Le frère Léotade est accusé du double crime de viol et de meur
tre. Voici dans quelle circonstance Je crime a été, découvert, et
celles qui, d’après l’instruction, en auraient entouré la perpétra
tion. ,
Le sieur Conte, qui était depuis long-temps le relieur de la mai
son des Frères, avait à son service une jeune fille de quatorze ans
et demi. Plusieurs des frères la connaissaient. Le frère Léotade la
connaissait même particulièrement, puisque, quelque temps avant
le 15 avril, ayant à faire relier un carton, il le porta chez Conte,
et lui dit : « Vous me le renverrez par la petite. » Or, cette jeune
fille revint dans la matinée du 15 avril dernier au noviciat. Elle
entra dans le vestibule avec son maître et avec la femme Marie
Roumagnac, à neuf heures ou neuf heures dix minutes.il y avait
deux frères qui causaient ensemble à l’angle du mur, près de la
porte qui va du vestibule à la porte d’entrée. L’un de ces deux
frères avait les yeux tournés vers la porte d’entrée de la commu
nauté; il avait sa calotte sur la tête : c’était l’accusé. L’autre, qui
regardait du côté opposé, avait son chapeau sur la tête : c’était le
fret e Jubrien.
; Conte monta vers le frère directeur, avec lequel il avait à dé-
| battre des comptes et à régler le prix de livres à « elier. Il redescen-
i dit trois quarts d’heure après dans le vestibule, où il avait laissé
Mardi 13 Février
48 e Année. - 1848.
PRIX .DE L’ABONNEMENT
HORS LE département:
franc de plus par trimestre.
j mois.
6 - ■
I an.. ■
6 francs.
1 id.
4 id.
y-
y-
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On s’abonne, à DIJON, au
bureau, rue Bouhier. 4. et
chez tous les directeurs de
postes.
PARAISSANT LES MARDIS, JEUDIS ET SAMEDIS
DIJON.
» Le temps nous presse et l'espace nous manque pour par
ler avec quelque étendue des séances de la chambre des
députés. Quelques mois, cependant.
Dans la séance du 9, M. le garde des sceaux a réfuté
lesargumens présentés par M. Odilon Barrot, en faveur de
la légalité des banquets. Si l’immense majorité de la cham-
brenavait été convaincue d’avance que le gouvernement
use d’un droit et remplit un devoir en interdisant toute
réunion de nature à compromettre la tranquillité publique,
la savante et lucide discussion de M. le garde des sceaux
Bût porté la lumière dans tous les esprits.
8 Après quelques mots de M. Odilon Barrot, et un discours
de M. Feuillade-Chauvin, la chambre a entendu M. Ledru-
Rollinqui a présenté quelques explications personnelles, et
surtout la question de droit el de légalité.
| Une protestation aussi ferme que digne de M. le garde
les sceaux, provoquée par une interruption de M. Odilon
Barrot, et chaleureusement appuyée parla grande majo-
riléde la chambre, a signalé la dernière partie de la séan
ce; puis la chambre a clos la discussion du paragraphe.
| Dans la séance du 10, la chambre a lestement mené le
deuil des amendemens Lesseps, de Genoude et Darblay,
qui, tous, ont été successivement enterrés. Qu’ils repo
sent donc en paix, et que la terre parlementaire leur soit
। légère!
I La séance du 11 a été consacrée à la discussion de l’a
mendement de M. Desmousseaux de Givre. Cet amende
ment a un moment réveille les espérances des coureurs de
portefeuille; mais en dépit de toutes les manœuvres, mal
gré quelques défections regrettables, la majorité est restée
indissolublement unie et par cousequent maîtresse du ter
rain.
I Nous allons raconter ce curieux scrutin de ‘amende-
ment Givré dans tous ses détails, pour montrer au public
ce qu’on pourrait appeler les ficelles et donner un échantil-
Lu du savoir-faire de lopposition. L’amendement, on le
sait, avait pour but de faire disparaître de l’adresse les
mots passions hostiles et entrainemens aveugles. M. Dufau-
j|rc et M. de Rémusat sont venus, de leur voix la plus solen
nelle, conjurer la chambre, au nom du salut public, de ne
point fructidoriser la gauche et de ne pas entrer dans les
voies révolutionnaires. Que n’ont-ils, pendant qu ils étaient
en train, déclaré que M. Ledru-Rollin avait bien mérité de
la patrie, et voté des remercimens à tous les promoteurs de
l’agitation pacifique, où l'on a proclamé la guillotine com-
me la leçon des peuples et des rois?
Enfin on a volé sur le baiser-Lamourrette. La première
épreuve par assis et levé a été douteuse. Alors la gauche a
demandé le scrutin de division. A ces mots, un tumulte ef
froyable a éclaté dans la salle. M. Saint-Marc-Girardin, Al.
Dulaure, M. Duvergier de Haurannegourmandaient les
maladroits qui avaient fait cette proposition. Ne fallait-il
pas mieux succomber dans une seconde épreuve, sauf à
dire que les secrétaires avaient menti à leur conscience en
proclamant un résultat contraire à la minorité, plutôt que
daffronter le calcul mathématique d’un scrutin de divi-
vision, auquel d’ailleurs certains députés qui craignent
peut-être l’œil des ministres, tenteraient d'échapper en s’ab
stenant. Mais le mot était lâché, et le scrutin de division a
eu lieu. M. Thiers a demandé que chacun restât à sa place
et ne la quittât pour aller voler qu’à l’appel de son nom.
Quand MM. Dugabé, Golbéry et quelques autres membres,
autrefois de l’opposition, aujourd’hui conservateurs, sont
allés voter contre l’amendement, ils ont été insolemment
hués ; la gauche n’a pas épargné M. Sauzet lui-même : elle
prétendait que le président aurait dû s’abstenir. C’est sa
manière d’entendre la liberté du vote.
Parmi les conservateurs dissidens qui ont voté pour la-
21 mendement de M. Desmousseaux de Givré, nous avons re-
80
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’s à Lyl
TINCEN
e du sief
marqué MM. Allard, Debelleyme, Vejux, Boissyd'Anglas,
Darblay, Malter, Blanqui, Proa, Sallandrouze. Clapier (de
Marseille). MM.Lacave-Laplagne, maréchal Bugeaud,Lepel-
letier d'Aulnay , Benoît Fould el Achille Fould se sont
abstenus. M. Dupin était absent depuis plusieurs jours.
Malgré les défections, les abstentions et les maladies, la
majorité a encore atteint le chiffre énorme de 228.
En journal dit que la chambre est désormais entrée
dans les voies révolutionnaires, et que l'opposition n’a plus
qu’à opter pour un mode de protestation ou de résistance
légale. Il nous semble qu’elle en a fait assez de protesta-
bons. En tous cas, nous croyons être certain que l'oppo-
sillon nappelera pas de la sentence de la chambre aux
électeurs; car nous en savons plus d'un qui seraient peu ras
surés sur les probabilités de leur réélection.
Une dépêche transmise de Turin, sous la date du 8
lévrier, annonce que, par une proclamation de ce jour, le
roi de Sardaigne a promis une constitution à son peuple
et en a posé les bases. Elles sont analogues à la constitu-
lion française.
Le bal donné au bénéfice des pauvres a produit une
somme de 3,217 fr. tous irais payés. Un si beau succès a en-
1848.
gage la commission à donner un second bal. qui aura lieu
le mardi 29 février. Le prix du billet est maintenu à 5 fr.,
el la souscription est ouverte dès aujourd’hui dans les bu-
reaux de lHôtel-de- Ville.
(Communiqué.)
—Aujourd’hui 14 février, se sont ouvertes les assises de
la Côte-d'Or ; nous en rendrons compte.
— Par ordonnance du roi, en date du 9 février, l'auto-
risation accordée , en vertu de l’ordonnance royale du
1er septembre 1824, à la société d’assurances mutuelles im
mobilières contre l'incendie, formée à Dijon, est révoquée.
Cette révocation est prononcée sans préjudice des droits
des tiers.
—Voici le prix des grains au marché de Nuits du 7 fé
vrier : Froment, 4 fr. le double décalitre; froment et sei-
gle mêlés, 3 fr. 10 c
2 fr. 90 c.; orge, 2 fr. 40 c ;
maïs, 2 fr. 30 e., et l’avoine, 2 fr. 10 c.
—Un incendie a éclaté le 10 courant, vers sept heures du
matin, au faubourg Saint-Jacques, à Beaune. Malgré de
prompts secours, un corps de bâtiment a été la proie des
flammes. La perte s'élève à 3,000 fr. environ.
AFFAIRE CÉCILE COMBETTES.
Les débats qui se sont ouverts le 7 à Toulouse, dans le procès
relatif à l’accusation de viol et d’assassinat sur la personne de
la jeune Cécile Combettes, sont l’objet de préoccupations di
verses.
A la première audience de la session , M. le président Labaume
a prononcé une allocution pour engager les jurés à se tenir en de
hors de toutes les influences et publications dont on agite les es
prits au sujet de cette affaire.
Voici, sur la jeune et intéressante victime et sur le prévenu, quel
ques détails biographiques qui intéressent nos lecteurs :
« Cécile Combettes naquit à Toulouse le 5 novembre 1852, sur
la paroisse Saint-Pierre, dans la rue Pargaminière. Elle avait, le
15 avril 1847, jour de sa mort, quatorze ans, cinq mois et dix
jours. Bernard Combettes père naquit à Saint-Mailin-la-Lande,
près de Castelnaudary. Sa mère, Marie Terrisse, naquit à Ville-
mur. Combettes est employé à la fabrique de limes de M. Talabot;
sa femme est allumeusede réverbères, et, pendant sesmomens de
loisir, elle s’occupe à vendre quelques objets, tels que des mou
choirs, des fichus, etc. Celle famille vivait heureuse dans sa mé
diocrité. A l'époque du 45 avril 4847, elle se composait de trois
enfans : un garçon de seize ans, employé avec son père à la fabri
que de limes, Cécile et une jeune fille de cinq ans.
« Cécile était petite pour son âge : sa taille était d’environ 1
mètre 55 centimères; elle était néanmoins bien faite et avait une
assez jolie tournure. Son teint était blanc, sa figure ronde, ses che-
veux châtains et abondans; scs yeux bruns avaient une expression
douce et mélancolique; en un mot, l’ensemble de sa personne
résentait de la distinction et de la grâce. Cécile était douée d’un
on sens qu’on ne rencontre pas ordinairement chez les enfans.de
son âge. A un cœur excellent elle joignait un caractère doux el
facile; elle était vive jusqu’à l’espièglerie, sans qu’on eût jamais à
lui reprocher même la méchanceté la plus légère. Toujours exacte
à ses devoirs, elle ne demeura pas un instant de sa vie dans l’oi
siveté, et, au milieu de ses occupations, on remarquait facilement
un penchant à la piété. Cécile Combettes faisait partie de la société
des jeunes filles de la Daurade et de celle du Rosaire. Le 6 juillet
1845 elle fit sa première communion. Depuis celte époque, à cha
que grande fête, elle remplissait ses devoirs religieux, et, le 4
avril 1847, quinze jours avant sa mort, Cécile avait fait ses pâ-
ques. De bonne heure, elle fut confiée aux soins des sœurs de la
charité de l’église de la Daurade, qui lui apprirent à lire et à
écrire, et qui l’entourèrent de toute leur affection.
« Cécile Combettes avait passé ses premières années dans sa
propre famille ; sa mère, surtout, était l’objet de toutes ses atten
tions et de toutes ses prévenances. Cécile Combettes, quelque
temps avant le crime dont elle fut souillée, éprouva, elle aussi,
comme tant d’autres, ce triste pressentiment qui retentit dans nos
âmes comme un glas funèbre, et qui semble nous annoncer le
coup terrible qui doit nous frapper. Quelques jours avant sa mal-
, heureuse fin, elle se trouvait dans une réunion avec plusieurs
personnes qui projetaient une partie à la campagne pour les beaux
jours de mai. «Pourquoi faire de pareils projets? dit Cécille; d’ici
là l’une de nous sera peut-être morte. » A ces mots, ses compa
gnes se récrièrent; mais, toujours pressée par cette triste pensée
de mort, et alors que chacune des personnes qui l’entouraient
exprimait le désir de mourir de telle ou telle manière, elle dit
ces mots : « Quant à moi, je voudrais mourir martyre. »
Ce fut quelque temps après sa première communion que Cécile,
désireuse d’apprendre un état pour venir au plus tôt au secours
de ses parens, entra chez un relieur pour se former à l’état de
brocheuse. Son apprentissage, qui devait durer un an, commença
le 15 avril 1847, jour où, ayant été immolée, elle vit s’accomplir
sa destinée ainsi qu’elle en avait naguère exprimé le désir. C’est
ainsi que finit cette courte existence de l’infortunée Cécile.
Louis Bonafous est né à Montclar, près Saint-Affrique (Avey-
ron), le 5 février 1812, deparens pauvres, ne vivant que du tra
vail de leurs mains. Son enfance s’écoula dans l’école de Mont
clar, qu’il ne quitta que pour entrer apprenti chez un maître tail
leur.
i II était depuis peu de temps établi maître tailleur à Monclar,
j lorsqu’une mission donnée dans ce village par des prêtres diocé
sains décida sa vocation. Bonafous était alors âgé de 25 ans. Il se
rendit à Toulouse où un ancien camarade d’enfance, d’une posi
tion plus élevée que la sienne et alors étudiant à la Faculté de
droit, l'accompagna, sur sa prière, au noviciat des Frères de la
doctrine chrétienne , et facilita son entrée dans cet établisse
ment. Louis Bonafous fit sa profession le 29 juin 1856, et prit le
nom de frère Léotade.
i Depuis lors, à l’exception d’un certain temps qu’il a passé à Mi-
I repoix (Ariége), il a été toujours attaché à la maison des Frères
{ de Toulouse, et particulièrement au pensionnat Saint-Joseph, où
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tion d’avis contraire.
fout envoi au Rédactiur-
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il a rempli, plusieurs années, les fondions de pourvoyeur. C’est
là qu’est venue le frapper la grave prévention qui pèse sur sa tête.
—A l’est de la ville est un ancien cimetière à mi-côte, consacré
naguère à la sépulture des habitans de la métropole de St-Etienne
et de trois autres paroisses de Toulouse.
C’est dans un recoin de ce cimetière que le corps de la mal
heureuse Cécile Combelle a été trouvé gisant. Mais, sur ce théâtre
d’un crime aussi lamentable que mytérieux, les regards cherchent
avec non moins de curiosité l’établissement des Frères de la doc
trine chrétienne. Toulouse, la grande ville catholique et universi
taire du moyen-âge, possède beaucoup d’établissemens religieux.
Le plus considérable est celui des frères. Un vaste emplacement
contigu à l'ancien cimetière de Saint-Etienne ou de Saint-Aubin
renferme les bâtimens irréguliers, les cours nombreuses et le jar
din de l’institut des Frères. De l’intérieur du cimetière, on voit l’un
de ces corps de bâtiment, construction assez moderne, à la façade
blanche et presque élégante. L’entrée de ces établissemens donne
sur la rue Riquet, dans le prolongement de laquelle est une im
passe où se trouve la porte assez, monumentale du cimetière de
Saint-Aubin. Mais les passages, corridors, cours ou galeries qui
font comnuniquer entre elles les diverses parties de l’institut des
Frères, sont sinueux et d’un parcours considérable. Il y a deux
maisons principales t celle dans laquelle on pénètre d’abord, appe
lée la Communauté, qui se subdivise en trois sections. L’une est
le Noviciat, et est séparée de la seconde maison appelée le Pen
sionnat, par la rue Caraman, qui aboutit directement au canal du
Midi. Un tunnel, dont la longueur est de 5 à 6 mètres, et la lar
geur de 2 mètres, relie les deux maisons en passant sous la rue
Caraman. En tournant toujours à gauche, et en revenant vers la rue
Riquet, l’on arrive à une suite de petits bâtimens; le dépôt des
coffres à avoine où est une loge de lapins suspendue, deux écuries,
enfin, la vacherie et le grenier à fourrages. On n’estpius alors'qu’à
55 mètres environ de la partie du cimetière où a été trouvé le
corps de Cécile Combettes. L’accusation soutient qu’entrée par la
rue Riquet, la pauvre fille a suivi le chemin une nous venons d’in-
diquer, et que le double crime à la suite duquel elle a succombé
a été commis dans le grenier à fourrages.
L’orangerie, qui est tout au fond du jardin du pensionnat,
touche à une petite impace de quinze mètres de long sur huit
mètres de large, qui font saillie sur la rue Riquet à l’endroit où
elle croise la rue du cimetière Saint-Aubin, parallèle à la rue
Caraman. A l’extrémité sud-ouest de cette étroite partie du cime
tière, est un bâtiment nommé l’Oratoire, rempli en ce moment
d’une centaine de cercueils : ce sont les cercueils des morts qu’on
exhume. Vis-à-vis l’Oratoire, dans l’angle formé par le mur du
jardin des Frères et par la rue du Cimetière , se trouve la place
où gisait le corps d’une jeune fille de quatorze ans, portant des
traces de violences. Un viol, un meurtre allaient apparaître et
jeter Toulouse dans l’épouvante.
La huit du 15 au 16 avril avait été sombre et orageuse. Le
16,a la pointe du jour , le gardien du cimetière , suivi d’un fos
soyeur et d’un menuisier , venait de préparer une exhumation :
tandis que ces hommes renfermaient un cercueil dans l’Oratoire,
le troisième vit devant lui une femme couchée dans l’angle for
mé par les deux murs; il s’approche, croyant qu’elle dort, il la se
coue , mais l’infortunée ne devait plus ouvrir les yeux à la
lumière....
« La veille de la découverte du cadavre, le 18avril, Cécile,
ouvrière chez le sieur Conte, relieur, était sortie de son maître, en
compagnie avec lui et avec une autre ouvrière du sieur Conte . la
nommée Marion. L’une et l’autre portaient des livres sur la tête
dans une corbeille, et Conte les conduisit à la communauté des
Frères, rue Riquet. Cécile Combettes est-elle demeurée dans la
maison des Frères après la sortie de Marion et de Conte? ou bien
Cécile est-elle sortie, et le crime s’est-il consommé ailleurs ? Le
procès est dans ces questions.
—Nous nous proposons de tenir nos lecteurs au courant des
scènes principales de celle affaire importante et pleine encore de
mystères; nous commencerons par un simple exposé des faits,
tels qu’ils ressortent de l’instruction.
L’accusé, Louis Bonafous, en religion frère Léotade , demeu
rait à Toulouse dans la maison des Frères de la doctrine chrétien
ne, dont il faisait partie; il est âgé de trente-six ans; mais il parait
beaucoup plus jeune ; son visage, rond, plein et d’une carnation
assez délicate, malgré un teint bruni, est plutôt celui du frère no
vice que du religieux long-temps éprouvé par la vie ascétique.
Rien, dans ces traits doux et inoffensifs, qui rappelle l’idéal de
Claude Frollo, ou le masque de ces hommes qu’une passion désor
donnée a poussés au crime. Ses cheveux, noirs et épais, sont ten
dus selon la règle de tous les membres de l’institut auquel il ap
partient; ses oreilles, fort détachées du crâne, donnent à sa tête
quelque chose de la physionomie que des crayons frivoles ont
prêtée au frère ignorantin. il a le nez, la bouche et le menton
larges et aplatis; ses yeux ne manquent pas de vivacité.
Le frère Léotade est accusé du double crime de viol et de meur
tre. Voici dans quelle circonstance Je crime a été, découvert, et
celles qui, d’après l’instruction, en auraient entouré la perpétra
tion. ,
Le sieur Conte, qui était depuis long-temps le relieur de la mai
son des Frères, avait à son service une jeune fille de quatorze ans
et demi. Plusieurs des frères la connaissaient. Le frère Léotade la
connaissait même particulièrement, puisque, quelque temps avant
le 15 avril, ayant à faire relier un carton, il le porta chez Conte,
et lui dit : « Vous me le renverrez par la petite. » Or, cette jeune
fille revint dans la matinée du 15 avril dernier au noviciat. Elle
entra dans le vestibule avec son maître et avec la femme Marie
Roumagnac, à neuf heures ou neuf heures dix minutes.il y avait
deux frères qui causaient ensemble à l’angle du mur, près de la
porte qui va du vestibule à la porte d’entrée. L’un de ces deux
frères avait les yeux tournés vers la porte d’entrée de la commu
nauté; il avait sa calotte sur la tête : c’était l’accusé. L’autre, qui
regardait du côté opposé, avait son chapeau sur la tête : c’était le
fret e Jubrien.
; Conte monta vers le frère directeur, avec lequel il avait à dé-
| battre des comptes et à régler le prix de livres à « elier. Il redescen-
i dit trois quarts d’heure après dans le vestibule, où il avait laissé
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