Titre : L'Ordre
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1938-09-13
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32829724j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 13 septembre 1938 13 septembre 1938
Description : 1938/09/13 (A10,N3138). 1938/09/13 (A10,N3138).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t5115089z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-1857
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/11/2021
Gardons-nous des
réactions excessives :
hier, tout n’était pas
perdu, aujourd’hui
tout n’est pas sauvé.
(QT01
O.L_
Directeur politique .• Emile BURE
Rédaction et Administration : 31, rue Tronchet, PARIS (vni e ) Tel. ANJou 86-40 (4 lignes). Après 22 h. GUTenberg 54-55
DIXIÈME ANNÉE.- N'3.138
MARD113 SEPTEMBRE 1938
T ribune
du pour et du contre
Brutal discours du FührerLe président Roosevelt
—— — -- 7 sera-t-il candidat
S 9 il nous reste encore une chance de paix
elle réside dans l’union franco - britannique
une troisième fois
à la Maison-Bla nche ?
Ses adversaires éventuels
Hitler paraît décidé
à ne tenir compte
d’aucun obstacle...
Le chancelier Hitler a parlé. Les dés sont-ils jetés ? En tout
cas, après un pareil langage, il faut se rendre à l'évidence : on ne
peut plus guère espérer un accord entre Prague et les Sudètes, et
le Führer, du reste, n’a même pas prononcé le mot « négociations ».
Le discours d’hier soir rappelle, à s’y méprendre, celui qui
fut prononcé, le 20 février, avant l’Anschluss : même ton de
redresseur de torts, qui insulte l’adversaire, mêmes menaces d’homme
conscient de sa toute-puissance et de sa mission divine, mêmes
explosions de fureur sacrée. Le seul élément nouveau, c’est la note
de rancune qui perce dans cette harangue.
On dirait, en effet, que le Führer considère le problème
tchécoslovaque comme son affaire personnelle. Les propos qu’il a
tenus à l’égard du gouvernement de Prague et des démocraties sont
ceux d’un homme qui n’a pas accepté l’échec du 21 mai et qui s’est
juré de l'effacer. Il suffit, pour s’en rendre compte, de voir avec
quelle insistance le maître du III e Reich a soutenu que, n’ayant
jamais songé à mobiliser contre les Tchèques, il n’avait pas eu à
reculer devant la France et l’Angleterre, avec quelle force il a
proclamé qu’ « une grande puissance ne peut pas accepter une
seconde fois un tel mensonge », avec quelle complaisance il s’est
étendu sur les formidables mesures militaires qu’il a décidé de
prendre.
• Pour l’auditeur allemand, pour le national-socialiste qui ne
se fait de la situation que l’idée que lui en communique le Führer,
il n’y a pas de doute possible : la Tchécoslovaquie est bien un Etat
de brigands et d'oppresseurs, comme sont au reste, par définition,
toutes les démocraties. Les Allemands des Sudètes sont de pauvres
victimes qu’il importe de sauver sans retard, et le Reich n’est pas
disposé à être plus longtemps, les bras croisés, spectateur de leur
martyre. Quand le Führer proclame qu’il « n’est pas prêt à assister
avec un calme sans bornes à l’oppression du peuple allemand en
Tchécoslovaquie », quand il ajoute « qu’il n’a pas l’intention de
voir, à la frontière de l’Allemagne, naître une seconde Palestine »,
et que si les Arabes sont sans défense et abandonnés à eux-mêmes,
[« les Allemands de Tchécoslovaquie ne sont ni sans défense ni
abandonnés à eux-mêmes », quand il déclare enfin qu’il veut que
s cette oppression de trois millions et demi’ d’Allemands cesse et
qu’elle fasse place au droit de disposer d’eux-mêmes », tout cela,
si les mots ont un sens, signifie que l’Allemagne prépare l’Anschluss
de la région des Sudètes et qu’elle n’envisage aucune solution de
compromis avec Prague. Les grossières injures que le Führer s’est
abaissé à proférer contre M. Benès en fourniraient la preuve, s’il
en était besoin.
Oui, c’est un mauvais discours. Le fait que le chancelier
Hitler ait énuméré les prétendus sacrifices qu’il a consentis • en
faveur de la paix n’y change rien. Et n’y change rien non plus
l’allusion — d’ailleurs pas très explicite et faite au passé — à la
renonciation du Reich à l’Alsace et à la Lorraine. Au reste, que
vaut cette renonciation ? Sans vouloir faire de peine à M. Hitler,
nous nous permettrons de rappeler que, le 21 mai 1935, il avait, dans
un discours officiel, affirmé qu’il n’avait nulle intention de s’immis
cer dans les affaires intérieures de l’Autriche et qu’il n’envisageait
l’Anschluss sous aucune forme...
Ce qui paraît grave dans la harangue d'hier soir, c’est que
le Führer semble décidé à ne tenir compte d’aucun obstacle. Il veut
arriver à son but, par une opération en deux temps. Premier
'temps : un plébiscite ayant pour objet le rattachement des Sudètes.
Deuxième temps : démembrement de la Tchécoslovaquie, à la faveur
des complications et des troubles qui ne manqueraient pas de se
greffer sur le plébiscite.
Les jours qui vont venir seront dramatiques. La paix reste
exposée à une menace immense. La moindre faiblesse de la part
des démocraties ferait éclater la catastrophe. Si le chancelier Hitler,
hier, n’a pas annoncé l’entrée des troupes allemandes en Tchéco
slovaquie, nous le devons sans doute aux mesures de sécurité et
aux fermes déclarations de ces jours derniers. S’il y a encore une
chance d’éviter le pire, elle réside dans une solidarité franco-britan
nique plus étroite que jamais : il faut que le Führer sache, sans
équivoque possible, qu’on ne le laissera étrangler la Tchécoslo
vaquie, ni à la face du monde, ni même entre deux portes. Union,
fermeté, audace : le salut est à ce prix.
Claude VIVIERES.
LONDRES
-- - ■ --- '
téléphone :
Le discours du
Führer ne modifie
pas la situation
Londres, 12 septembre (de notre
correspondant particulier). — Le dis
cours prononcé ce soir par le chan
celier Hitler n’apporte aucune indica
tion immédiate sur ses intentions :
telle est la première réaction des cer
cles politiques anglais aux paroles du
Führer.
Les quatre ministres, réunis a
Downing Street, et leurs conseillers,
étudient le texte de cette allocution
et en délibèrent jusqu’à ce que leur
consultation soit terminée, il est im
possible de recueillir aucune réaction
« autorisée », mais l’impression des
personnalités politiques avec lesquel
les on pouvait ce soir entrer en con
tact était que la harangue du Füh
rer, en dépit du ton agressif de cer
tains passages, ne modifiait pas sen
siblement la situation.
Si une allusion est faite à un plé
biscite — solution écartée par la note
du gouvernement de Prague — le
chef du gouvernement allemand ne
ferme pas la porte à un règlement
dans le cadre de l’Etat tchécoslova
que. Par contre, son discours n’ap
porte aucun élément de détente.
(Lire la suite en 3' page)
PRAGUE
téléphone :
Le gouvernement
s’opposerait à toute
demande de plébiscite
Londres, 12 septembre. — On pré
cise dans les milieux bien informés |
que la visite de M. Jean Masaryck,
ministre de Tchécoslovaquie, au Fo- '
reign Office ce matin, avait pour ob
jet de rappeler la position de son gou
vernement avant le discours du chan
celier Hitler, notamment à l’égard de
toute proposition éventuelle tendant
à instituer un plébiscite en territoire
sudète.
M. Masaryck, croit-on savoir, au
rait particulièrement insisté sur l’im
possibilité dans laquelle se trouverait \
le gouvernement de Prague d’accep
ter une telle suggestion, non seule
ment la Constitution tchécoslovaque
ne prévoit pas la procédure du plé
biscite, mais la seule idée d’une con
sultation de ce genre se heurterait
inévitablement à l’opposition de la
majorité de la nation. Enfin, la dis
persion des sujets tchécoslovaques de
race allemande dans l’ensemble de
l’Etat rendrait très difficile, sinon im
possible, son organisation pratique.
Nouveaux incidents
Prague, 12 septembre. — A Lich-
nov, quinze membres du parti des Al
lemands des Sudètes ont assailli deux
social-démocrates allemands. L’en
quête, aussitôt ouverte, amena l’ar
restation de trois des agresseurs,
(LRE LA SUITE EN 3e PAGE)
HITLER
Nuremberg, 12 septembre (de notre
envoyé spécial). — Pendant huit jours
le Führer avait prononcé de nombreux
discours, à Nuremberg, sans parler
des Sudètes autrement que sous forme
d’allusions, de plus en plus précises
d’ailleurs, au fur et à mesure qu’on
approchait de la fin du Congrès. A
toutes les manifestations de la Gran
de-Allemagne, les orateurs avaient af
firmé que le Reich était prêt à toutes
les éventualités, qu’il n’avait peur de
rien ni de personne, et qu’il ne ca
pitulerait jamais. Mais ils avaient évi
té de désigner, de façon précise, cet
ennemi qui rôdait selon eux autour
de la pacifique Allemagne. Samedi,
le maréchal Goering et le Dr. Gœbbels
avaient, pour la première fois, parlé
de la Tchécoslovaquie en termes qu’on
n’a pas coutume d’employer à l’égard
d’un État indépendant, mais les opti
mistes de Nuremberg vous disaient en
confidence qu’il ne falait pas attacher
une importance excessive aux propos
du maréchal Gœring, qui se laisse
facilement entraîner par son tempé
rament oratoire, ni à ceux du Dr.
Sous le signe
de Soro
TENSION
— Assez !...
REACTIONS
— Gott straffe England !...
AU FAIT ?...
X
— Et le Comité de non-intervention,
qu’est-ce qu’il devient dans tout ça ?...
Lire en 5 e page :
Quand Dostoïevosky écrivait
« Le Joueur »
par PAUL ACHARD.
CHINE
Les irréductibles
Gœbbels, dont la modération n’est pas
la qualité dominante. « Vous verrez,
vous disaient-ils, que le Führer par
lera un tout autre langage. »
Et, de fait, le chancelier n’a pas
traité les Tchécoslovaques de « mi
sérables nains » ni de « petit peuple
ridicule et sans culture », mais il a
prononcé un discours qui ne brillait
pas lui non plus par la modération,
et il a répondu à M. Benès par des
déclarations dont le ton ne rappelle
en rien celui du Président de la Ré
publique tchécoslovaque.
Le discours du chancelier Hitler a
donné raison à ceux qui affirmaient
au contraire : « l’Angleterre se trom
pe si elle croit pouvoir « calmer » le
Führer en adoptant une attitude me
naçante. Nous avons déclaré que nous
ne capitulerions jamais devant per
sonne, et nous J e prouverons. »
La preuve de cette volonté est as
surément donnée, du moins pour ce
qui est de l’énergie verbale, par le
discours du chancelier Hitler.
Et M. Chamberlain reçoit sa ré
ponse par une série d’allusions aux
méthodes coloniales de l'Angleterre et
aux « bombes civilisatrices » dont elle
se sert en Palestine.
Cependant, quelle que soit la vio
lence du ton du discours du Führer
et l’évident désir d’intimidation qu’il
inspire, il se trouve encore un assez
grand nombre d’optimistes à Nurem
berg pour prétendre que ce discours
n’est pas aussi « mauvais » qu’on
aurait pu le craindre. Il ne contient
pas d’ultimatum sur un sujet précis,
il ne signifie pas la rupture des pour
parlers entre Prague et les Sudètes,
même s’il crée une atmosphère peu
favorable, assurément, à la continua
tion de ces pourparlers.
On s’interroge par contre pour sa
voir, dans les dispositions d'esprit où
il se trouve actuellement, si le Führer
n’aurait pas confié à M. Conrad Hen-
lein le soin de poser l’ultimatum qui
n’a pas retenti du haut de la tribune
de Nuremberg.
Paul Bellamy.
(Lire la SUIT- en 3 e page)
Le conflit
du port de
Marseille
est fini
L’accord a été signé hier
Au début de l’après-midi d’hier, M.
de Monzie a fait aux journalistes ac
crédités au ministère des travaux pu
blics la communication suivante :
Ce matin, des représentants du syndi
cat des entrepreneurs du port de Mar
seille et les délégués du syndicat des
dockers et agents de maîtrise se sont ren
contrés dans le cabinet du ministre des
Travaux publics pour parachever l’accord
en préparation depuis quelques jours,
ainsi qu’il a été envisagé.
Toutes les .questions de détail étant mi
ses au point, un compromis définitif sera
acté ce soir, sous la signature du minis
tre.
Ajoutons à cette note officielle que
les délégués patronaux et ouvriers
ont déclaré, à la sortie du cabinet de
M. de Monzie, que le conflit était vir
tuellement terminé. Il ne reste plus
qu’à rédiger les termes définitifs de
l’accord qui sera signé aujourd’hui
même, : vraisemblablement vers dix-
huit heures.
D’après les renseignements qui nous
ont été fournis, l’accord envisagé re
prend l’arrêté ministériel du 26 août
dernier, en y apportant de légères
modifications. Les petites vacations
resteront de 3 heures 20 chacune et
seront payées 61 fr, les 6 heures 40.
La grande vacation sera fixée à 5
heures 20 consécutives et payée 65 fr.,
soit 61 francs de salaire et 4 francs
de prime de panier.
Enfin, trois questions d’ordre secon
daire restent pendantes ; les matiè
res salissantes, l’organisation de l’em
bauchage et la prime de « panier »
pour les vacations de 3 h. 30. Ces
questions seront réglées à Marseille.
D’autre part, on s’est mis d’accord
sur la réintégration du docker Cor-
nago.
A LYON, LA GREVE GENERALE
DU BATIMENT EST EFFECTIVE
La grève générale du bâtiment à
Lyon est effective depuis hier malin.
Deux incidents ont marqué ce dé
but du mouvement.
Dans la matinée, dans le quartier
de Montchat, un groupe d’ouvriers
grévistes s'est rendu chez un pe
tit entrepreneur qui travaillait seul
et lui ont intimé l’ordre de cesser le
travail. Ils l’ont giflé et malmené.
D’autre part, dans le quartier de
la Croix-Rousse, d’autres grévistes
ont également frappé un artisan qui
continuait à travailler.
Les deux entrepreneurs ont déposé
une plainte.
On signale encore à la Croix-Rousse
que des ouvriers mécaniciens et élec
triciens ont été débauchés par dos
grévistes.
Le commissaire de police du quar
tier a pris les mesures propres a as
surer la protection des artisans et la
liberté du travail des ouvriers qui ne
participent pas au mouvement de
grève.
(LIRE LA SUITE EN A* PAGE)
CONSEIL
de Cabinet
Les mesures nécessaires
sont prises pour parer
à toutes les éventualités
Ciel bas. Ciel
gris, couleur des
âmes. Paris, maî
tre de ses nerfs,
vit une grande
journée avec un
calme, chargé
d'attente. Comme
... elle est longue,
) longue cette jour-
Général Gamelin née ! Pourtant au ¬
cune crainte sur
les visages dont les traits ne trahis
sent pas les inquiétudes des esprits.
Rue Saint-Dominique règne encore
le calme provincial habituel. Mais
dans la cour du ministère de la Guer
re, dès trois heures, roulent sur le
gravier les autos ministérielles. Que
nous sommes venus ici souvent !
C’était pour savoir si on dévaluerait
ou si on ne dévaluerait pas, s’il y au
rait crise ou pas crise. Misères ! Mi
sères ! Sur le toit de la maison d’en
face un chat se promène paisiblement.
*
* *
Les journalistes, les photographes
attendent. C’est leur métier. L’hu
mour professionnel ne perd pas ses
droits. On a bien le cœur un peu ser
ré, mais on plaisante et on ne l’avoue
pas. Et comme une voiture militaire
apporte le dîner du détachement —
cent soixante omelettes dorées, pré
cise un soldat — c’est un émerveille
ment général.
André Stibio.
(LIRE LA SUITE EN 4% PAGE)
===============================
CHRONIQUE PARISIENNE
Ne dilapidons pas
notre patrimoine artistique
Petit voyage critique à Meaux
par Louis THOMAS
Des millions de Français ont ap
pris l’existence de cette sous-préfec
ture de Seine-et-Marne, lorsque dans
l'histoire du XVII e siècle ou dans
les classes de littérature, on est venu
à parler de l’Aigle de Meaux, Bos
suet.
Depuis 1914, les Français ont réap
pris l’existence de Meaux par le récit
des cérémonies commémoratives de la
bataille de la Marne : non qu’on se
soit battu à Meaux même, mais parce
que c’est à quelques kilomètres au
nord de Meaux que se sont déroulés
les chocs de l’armée de l’Ourcq, où
l’armée Maunoury bouscula les trou
pes de von Kluck et, la première, dé
cida du sort de la guerre.
Cependant, à Meaux, Bossuet n’est
pas honoré de façon satisfaisante, et
les soldats de Gallieni et de Mau
noury n’y ont pas un monument digne
d’eux.
Nous relèverons avec patience les
erreurs artistiques et de sentiment
que nous voyons à Meaux, afin que
cette ville, qui a la chance d’avoir
pour député un homme cultivé et ou
vert notre camarade de journalisme et
de lettres François de Tessan, con
sente, sur ses conseils, l’effort néces
saire pour être, artistiqueent, égale
à la réputation historique que lui ont
fait le plus grand des orateurs fran
çais et les soldats de la France.
Lors de la. commémoration de la
bataille de la Marne, les journaux
nous parlent chaque année de la ca
thédrale de Meaux. Vieille cité ecclé
siastique dans le passé de laquelle
évêques et chano.ines, catholiques et
protestants et leurs querelles ont joué
un grand rôle, Meaux a gardé son
évêque et son grand Séminaire. Ce
qui ne veut pas dire que la cathédrale
soit un chef-d’œuvre absolu.
C’est un grand et noble vaisseau,
qui porte dans son ensemble le ca
ractère du XIII e siècle. Mais cet in
térieur est froid et il est garni de
peintures et de statues, dont beaucoup
sont affreuses et d’un mauvais goût
plat ou criard.
Après les campagnes entreprises
dans les milieux ecclésiastiques fran
çais, après les expositions d’Art re
ligieux qui se sont multipliées au
cours de ces dernières années, com
ment un évêque français peut-il mon
trer dans sa cathédrale pareilles pau
vretés, pareilles horreurs ? Une Jean
ne d’Arc à figure de gigolette du Sé-
basto, une autre Jeanne d’Arc style
gravure de mode, nous ont stupéfié.
Nous supplions Monseigneur l’évê
que de Meaux de faire appel aux
conseils d’un écrivain comme M.
Louis Gillet, d’un homme comme M.
Rouard, directeur de la Librairie de
l’Art Catholique, ou de peintres com
me Maurice Denis ou Emile Bernard,
et de procéder, en quelques années,
progressivement, à un nettoyage et à
un remplacement de ces niaiseries par
New-York, 5 septembre 1938. —
En Amérique, on continue à par-
parler beaucoup du « troisième
mandat » et des élections de 1940
et à discuter avec passion sur la
question brûlante de la succession
ou de l’éventuelle réélection du
président Roosevelt. Une feuille
financière de Washington n’hésite
pas à écrire, à la fin de juillet :
« La question du troisième man
dat est le problème le plus discuté
du moment... le plus important
aussi pour la marche des affaires...
pour les finances et l’économie de
la nation. »
Il est certain que si M. Roose
velt annonçait ses plans dès main
tenant, les projets à longue
échéance de plusieurs entreprises
se trouveraient modifiés. La plu
part des gros « businessmen »
américains posent en principe que
le Président ne se représentera
pas et que son successeur sera
plus modéré. Mais s’il n’en était
pas ainsi, la question devrait être
étudiée sous un nouvel angle.
Un fait paraît certain : M. Roo
sevelt estime que le New Deal
n’est pas achevé et fera tout ce
qu’il sera en son pouvoir de faire
pour le mener jusqu’à ses consé
quences ultimes.
« Le Président », écrit M. Félix
Belair dans le New-York Times,
« considère son programme de
rajustement économique du pays
comme loin d’être exécuté. Les
pas en avant qu’il a pu faire ne
sont pour lui que des progrès spo
radiques sur la voie de la justice
sociale. L’augmentation du revenu
des agriculteurs, la grandissante
prise de conscience de leurs res
ponsabilités par l’industrie et le
monde des affaires, les efforts dé
ployés pour résoudre des problè
mes chroniques tels que le chô
mage, ne sont, pour M. Roosevelt,
que des victoires locales s'inté-
des œuvres anciennes ou modernes,
qui ne fassent pas bouillir, dans leur
for intérieur, les habitants ou visi
teurs de Meaux-ayant le sens de l’har
monie, de la beauté et des traditions
artistiques du catholicisme.
Bossuet a été honoré de deux mo
numents qui se trouvent à l’intérieur
de la cathédrale, à droite et à gauche
de l’entrée : celui de droite, qui date
de 1822, est un piètre spécimen de ce
qu’il peut y avoir de plus froid dans
le style de la Restauration ; l’autre,
qui fut élevé en 1907 par Emile Du
bois, est non moins affligeant : c’est
du mauvais opéra, grandiloquent et
creux. Pauvre Bossuet ! Mais quel
sculpteur faudrait-il trouver pour s’é
galer au lyrisme, à la magnificence
du plus grand des prosateurs fran
çais ?
En sus du fait qu’elle fut saccagée
en 1567 par les Huguenots, qui mu
tilèrent les nombreuses statues de ses
façades et de la nef (les horreurs des
guerres de religion ont été atroces, à
Meaux : nous avons peine à compren
dre ces folies, ces haines, ces extrava
gantes stupidités... ) la cathédrale de
Meaux a eu un malheur : elle a été
construite en pierre calcaire de Va-
reddes, village tout proche, où l’on
se battit en septembre 1914, et elle
s’en va par morceaux. Depuis des an
nées, on travaille à reprendre, à re
faire, l’une après l’autre, les parties
les plus abîmées de ces façades : ce
travail aboutira, d’ici trente ans, à
une reconstruction totale de l'exté-
rieur de la cathédrale. Il n’y a pas à
discuter là-dessus : si l’on ne procé
dait pas à cette restauration, on abou
tirait à l'espèce de marmelade de
pierre mangée par les intempéries que
l’on voit, en ce moment, à deux ni
ches à droite de la façade, qui res
semblent à des sillons de charrue...
Mais ici, trois problèmes se posent :
1. Les vitraux : il y aurait lieu de
prévoir, aux fenêtres que l’on refait,
et même à celles déjà refaites ou qui
ont résisté, des vitraux en accord
avec l’esprit de la cathédrale. Mon
seigneur Verdier a montré, par les
vitraux qu’il vient de faire exécuter
pour Notre-Dame de Paris, que les
verriers modernes ont trouvé une tech
nique assez proche de celle de leurs
prédécesseurs des XIII e et XIV e siè
cles. C'est dans cette direction qu’il
faut se lancer, si l’on veut que la ca
thédrale de Meaux trouve une atmos
phère qu’elle eut sans doute jadis,
avant que les Huguenots n’aient dé
truit ses vitraux anciens à coups d'ar-
quebuse, suivant la coutume du XVI e
siècle qui était une époque où l’extra
vagance primait parfois le goût des
arts et le respect du passé.
2. Les statues ; il reste fort peu de
morceaux intacts aux trois façades de
la cathédrale de Meaux. Et l’on y voit
quantité de niches vides, qui furent
jadis occupées par des statues.
(LIRE LA SUITE EN 4« PAGE)
grant dans une vaste offensive... Il
y a des domaines encore vierges
dans lesquels il souhaiterait em
ployer son pouvoir et son pres
tige, de façon à donner au peuple
américain une « Vie Plus Abon- ’
dante »...
, il est impossible d’énumérer en
détail toutes les réformes que
M. Roosevelt a en vue, mais voici,
d’apres le New-York Times, quel
ques-unes des principales :
1) La réorganisation du gouver
nement : il s’agit là d’un vieux
projet, déjà présenté aux Cham
bres, et défait par quelques voix.
L’idée générale du bill est de sim
plifier, concentrer et centraliser
les organes du gouvernement fé
déral. « Fascisme ! », s’écrient les
adversaires de M. Roosevelt. Et,
de fait, les Etats-Unis ne sont pas
encore, mûrs pour accepter un
Etat fédéral fortement centralisé,
ressemblant, même de loin, aux
États totalitaires d’Europe.
2) L’organisation d’une écono-
mie dirigée : Là encore, on re
trouve un plan présenté l’an der
nier au Congrès : le Président
voudrait voir créer une demi-
douzaine d’unités régionales à
l intérieur desquelles l'économie
serait développée scientifique
ment, dirigée et contrôlée par des
« planificateurs » qui dépen
draient, plus ou moins, de Was
hington.
. 3) L'aménagement du régime
fiscal : L’idée générale serait
d’augmenter le pouvoir de taxa
tion du gouvernement fédéral en
vue, de développer le bien-être
général ; de lever, par exemple,
des impôts plus élevés sur la ri
chesse ; de reprendre les « taxes
processives », destinées, en frap
pant les industries de transforma
tion et de distribution, à payer
des primes aux agriculteurs, etc...
(LIRE LA SUITE EN 4e PAGE)
GENÈVE
téléphone :
Nuremberg
sauvera-t-il
le Pacte ?
Genève, 12 septembre (de notre en
voyée spéciale). — Ce n’est pas comme
on pourrait le croire la situation ex
ceptionnelle de l’Europe qui suscite, à
Genève, la réunion de tous les délé
gués assemblés dans la vaste salle du
Palais de Lariana.
Voici rassemblés, pour la dix-neu
vième fois, zélés défenseurs et adver
saires sournois de la sécurité collec
tive, et, aussi, les représentants de ces
puissances qui, trop souvent, hélas !
l’invoquèrent en vain, ce pacte, ex
pression de l’assistance mutuelle con
tre les fauteurs de guerre.
Nuremberg saiLvera-t-il le pacte ?
Le président Jordan, dans son dis
cours d’obbverture, rappelle que le
pacte existe, qu’il peut et qu’il doit
exister.
Dans l’attente du discours d’Hitler,
qibelques délégués font peut-être leur
« mea culpa » ? L’orateur a rappelé
ensuite les paroles du général Smuts,
qui fut l’un des principaux autsurs du
pacte : « Cette lueur que nous avons
aperçue ne doit plus jamais disparaî
tre de l’horizon ; ce serait trahir ceux
qui sont morts dans la Grande Guer
re, ce serait sacrifier les générations
qui ne sont pas encore nées. »
Après ce discours, les formalités ad
ministratives se poursuivent sur la
rythme accoutumé où ne se révèle
point l’anxiété qui règne dans les cou
loirs.
En attendant le discoibrs d’Hitler on
a, paraît-il, décidé que, selon les pa
roles prononcées à Nuremberg et les
actes qui suivront, l’affaire pourrait
éventuellement venir devant la S.D.N.
Il est donc fort heureux qu’un accord
franco-anglais se soit réalisé pour que
les principes fondamentaux de la sé
curité collective ne soient pas atta
chés au débat sur la réforme du pacte.
Suzanne Adrien-Bertrand.
(Lire la suite en 3’ page)
C(ERING EST MALADE
— Qu'est-ce qui a bien pu lui don
ner la fièvre ?
= Il a dû relire son discourt /
réactions excessives :
hier, tout n’était pas
perdu, aujourd’hui
tout n’est pas sauvé.
(QT01
O.L_
Directeur politique .• Emile BURE
Rédaction et Administration : 31, rue Tronchet, PARIS (vni e ) Tel. ANJou 86-40 (4 lignes). Après 22 h. GUTenberg 54-55
DIXIÈME ANNÉE.- N'3.138
MARD113 SEPTEMBRE 1938
T ribune
du pour et du contre
Brutal discours du FührerLe président Roosevelt
—— — -- 7 sera-t-il candidat
S 9 il nous reste encore une chance de paix
elle réside dans l’union franco - britannique
une troisième fois
à la Maison-Bla nche ?
Ses adversaires éventuels
Hitler paraît décidé
à ne tenir compte
d’aucun obstacle...
Le chancelier Hitler a parlé. Les dés sont-ils jetés ? En tout
cas, après un pareil langage, il faut se rendre à l'évidence : on ne
peut plus guère espérer un accord entre Prague et les Sudètes, et
le Führer, du reste, n’a même pas prononcé le mot « négociations ».
Le discours d’hier soir rappelle, à s’y méprendre, celui qui
fut prononcé, le 20 février, avant l’Anschluss : même ton de
redresseur de torts, qui insulte l’adversaire, mêmes menaces d’homme
conscient de sa toute-puissance et de sa mission divine, mêmes
explosions de fureur sacrée. Le seul élément nouveau, c’est la note
de rancune qui perce dans cette harangue.
On dirait, en effet, que le Führer considère le problème
tchécoslovaque comme son affaire personnelle. Les propos qu’il a
tenus à l’égard du gouvernement de Prague et des démocraties sont
ceux d’un homme qui n’a pas accepté l’échec du 21 mai et qui s’est
juré de l'effacer. Il suffit, pour s’en rendre compte, de voir avec
quelle insistance le maître du III e Reich a soutenu que, n’ayant
jamais songé à mobiliser contre les Tchèques, il n’avait pas eu à
reculer devant la France et l’Angleterre, avec quelle force il a
proclamé qu’ « une grande puissance ne peut pas accepter une
seconde fois un tel mensonge », avec quelle complaisance il s’est
étendu sur les formidables mesures militaires qu’il a décidé de
prendre.
• Pour l’auditeur allemand, pour le national-socialiste qui ne
se fait de la situation que l’idée que lui en communique le Führer,
il n’y a pas de doute possible : la Tchécoslovaquie est bien un Etat
de brigands et d'oppresseurs, comme sont au reste, par définition,
toutes les démocraties. Les Allemands des Sudètes sont de pauvres
victimes qu’il importe de sauver sans retard, et le Reich n’est pas
disposé à être plus longtemps, les bras croisés, spectateur de leur
martyre. Quand le Führer proclame qu’il « n’est pas prêt à assister
avec un calme sans bornes à l’oppression du peuple allemand en
Tchécoslovaquie », quand il ajoute « qu’il n’a pas l’intention de
voir, à la frontière de l’Allemagne, naître une seconde Palestine »,
et que si les Arabes sont sans défense et abandonnés à eux-mêmes,
[« les Allemands de Tchécoslovaquie ne sont ni sans défense ni
abandonnés à eux-mêmes », quand il déclare enfin qu’il veut que
s cette oppression de trois millions et demi’ d’Allemands cesse et
qu’elle fasse place au droit de disposer d’eux-mêmes », tout cela,
si les mots ont un sens, signifie que l’Allemagne prépare l’Anschluss
de la région des Sudètes et qu’elle n’envisage aucune solution de
compromis avec Prague. Les grossières injures que le Führer s’est
abaissé à proférer contre M. Benès en fourniraient la preuve, s’il
en était besoin.
Oui, c’est un mauvais discours. Le fait que le chancelier
Hitler ait énuméré les prétendus sacrifices qu’il a consentis • en
faveur de la paix n’y change rien. Et n’y change rien non plus
l’allusion — d’ailleurs pas très explicite et faite au passé — à la
renonciation du Reich à l’Alsace et à la Lorraine. Au reste, que
vaut cette renonciation ? Sans vouloir faire de peine à M. Hitler,
nous nous permettrons de rappeler que, le 21 mai 1935, il avait, dans
un discours officiel, affirmé qu’il n’avait nulle intention de s’immis
cer dans les affaires intérieures de l’Autriche et qu’il n’envisageait
l’Anschluss sous aucune forme...
Ce qui paraît grave dans la harangue d'hier soir, c’est que
le Führer semble décidé à ne tenir compte d’aucun obstacle. Il veut
arriver à son but, par une opération en deux temps. Premier
'temps : un plébiscite ayant pour objet le rattachement des Sudètes.
Deuxième temps : démembrement de la Tchécoslovaquie, à la faveur
des complications et des troubles qui ne manqueraient pas de se
greffer sur le plébiscite.
Les jours qui vont venir seront dramatiques. La paix reste
exposée à une menace immense. La moindre faiblesse de la part
des démocraties ferait éclater la catastrophe. Si le chancelier Hitler,
hier, n’a pas annoncé l’entrée des troupes allemandes en Tchéco
slovaquie, nous le devons sans doute aux mesures de sécurité et
aux fermes déclarations de ces jours derniers. S’il y a encore une
chance d’éviter le pire, elle réside dans une solidarité franco-britan
nique plus étroite que jamais : il faut que le Führer sache, sans
équivoque possible, qu’on ne le laissera étrangler la Tchécoslo
vaquie, ni à la face du monde, ni même entre deux portes. Union,
fermeté, audace : le salut est à ce prix.
Claude VIVIERES.
LONDRES
-- - ■ --- '
téléphone :
Le discours du
Führer ne modifie
pas la situation
Londres, 12 septembre (de notre
correspondant particulier). — Le dis
cours prononcé ce soir par le chan
celier Hitler n’apporte aucune indica
tion immédiate sur ses intentions :
telle est la première réaction des cer
cles politiques anglais aux paroles du
Führer.
Les quatre ministres, réunis a
Downing Street, et leurs conseillers,
étudient le texte de cette allocution
et en délibèrent jusqu’à ce que leur
consultation soit terminée, il est im
possible de recueillir aucune réaction
« autorisée », mais l’impression des
personnalités politiques avec lesquel
les on pouvait ce soir entrer en con
tact était que la harangue du Füh
rer, en dépit du ton agressif de cer
tains passages, ne modifiait pas sen
siblement la situation.
Si une allusion est faite à un plé
biscite — solution écartée par la note
du gouvernement de Prague — le
chef du gouvernement allemand ne
ferme pas la porte à un règlement
dans le cadre de l’Etat tchécoslova
que. Par contre, son discours n’ap
porte aucun élément de détente.
(Lire la suite en 3' page)
PRAGUE
téléphone :
Le gouvernement
s’opposerait à toute
demande de plébiscite
Londres, 12 septembre. — On pré
cise dans les milieux bien informés |
que la visite de M. Jean Masaryck,
ministre de Tchécoslovaquie, au Fo- '
reign Office ce matin, avait pour ob
jet de rappeler la position de son gou
vernement avant le discours du chan
celier Hitler, notamment à l’égard de
toute proposition éventuelle tendant
à instituer un plébiscite en territoire
sudète.
M. Masaryck, croit-on savoir, au
rait particulièrement insisté sur l’im
possibilité dans laquelle se trouverait \
le gouvernement de Prague d’accep
ter une telle suggestion, non seule
ment la Constitution tchécoslovaque
ne prévoit pas la procédure du plé
biscite, mais la seule idée d’une con
sultation de ce genre se heurterait
inévitablement à l’opposition de la
majorité de la nation. Enfin, la dis
persion des sujets tchécoslovaques de
race allemande dans l’ensemble de
l’Etat rendrait très difficile, sinon im
possible, son organisation pratique.
Nouveaux incidents
Prague, 12 septembre. — A Lich-
nov, quinze membres du parti des Al
lemands des Sudètes ont assailli deux
social-démocrates allemands. L’en
quête, aussitôt ouverte, amena l’ar
restation de trois des agresseurs,
(LRE LA SUITE EN 3e PAGE)
HITLER
Nuremberg, 12 septembre (de notre
envoyé spécial). — Pendant huit jours
le Führer avait prononcé de nombreux
discours, à Nuremberg, sans parler
des Sudètes autrement que sous forme
d’allusions, de plus en plus précises
d’ailleurs, au fur et à mesure qu’on
approchait de la fin du Congrès. A
toutes les manifestations de la Gran
de-Allemagne, les orateurs avaient af
firmé que le Reich était prêt à toutes
les éventualités, qu’il n’avait peur de
rien ni de personne, et qu’il ne ca
pitulerait jamais. Mais ils avaient évi
té de désigner, de façon précise, cet
ennemi qui rôdait selon eux autour
de la pacifique Allemagne. Samedi,
le maréchal Goering et le Dr. Gœbbels
avaient, pour la première fois, parlé
de la Tchécoslovaquie en termes qu’on
n’a pas coutume d’employer à l’égard
d’un État indépendant, mais les opti
mistes de Nuremberg vous disaient en
confidence qu’il ne falait pas attacher
une importance excessive aux propos
du maréchal Gœring, qui se laisse
facilement entraîner par son tempé
rament oratoire, ni à ceux du Dr.
Sous le signe
de Soro
TENSION
— Assez !...
REACTIONS
— Gott straffe England !...
AU FAIT ?...
X
— Et le Comité de non-intervention,
qu’est-ce qu’il devient dans tout ça ?...
Lire en 5 e page :
Quand Dostoïevosky écrivait
« Le Joueur »
par PAUL ACHARD.
CHINE
Les irréductibles
Gœbbels, dont la modération n’est pas
la qualité dominante. « Vous verrez,
vous disaient-ils, que le Führer par
lera un tout autre langage. »
Et, de fait, le chancelier n’a pas
traité les Tchécoslovaques de « mi
sérables nains » ni de « petit peuple
ridicule et sans culture », mais il a
prononcé un discours qui ne brillait
pas lui non plus par la modération,
et il a répondu à M. Benès par des
déclarations dont le ton ne rappelle
en rien celui du Président de la Ré
publique tchécoslovaque.
Le discours du chancelier Hitler a
donné raison à ceux qui affirmaient
au contraire : « l’Angleterre se trom
pe si elle croit pouvoir « calmer » le
Führer en adoptant une attitude me
naçante. Nous avons déclaré que nous
ne capitulerions jamais devant per
sonne, et nous J e prouverons. »
La preuve de cette volonté est as
surément donnée, du moins pour ce
qui est de l’énergie verbale, par le
discours du chancelier Hitler.
Et M. Chamberlain reçoit sa ré
ponse par une série d’allusions aux
méthodes coloniales de l'Angleterre et
aux « bombes civilisatrices » dont elle
se sert en Palestine.
Cependant, quelle que soit la vio
lence du ton du discours du Führer
et l’évident désir d’intimidation qu’il
inspire, il se trouve encore un assez
grand nombre d’optimistes à Nurem
berg pour prétendre que ce discours
n’est pas aussi « mauvais » qu’on
aurait pu le craindre. Il ne contient
pas d’ultimatum sur un sujet précis,
il ne signifie pas la rupture des pour
parlers entre Prague et les Sudètes,
même s’il crée une atmosphère peu
favorable, assurément, à la continua
tion de ces pourparlers.
On s’interroge par contre pour sa
voir, dans les dispositions d'esprit où
il se trouve actuellement, si le Führer
n’aurait pas confié à M. Conrad Hen-
lein le soin de poser l’ultimatum qui
n’a pas retenti du haut de la tribune
de Nuremberg.
Paul Bellamy.
(Lire la SUIT- en 3 e page)
Le conflit
du port de
Marseille
est fini
L’accord a été signé hier
Au début de l’après-midi d’hier, M.
de Monzie a fait aux journalistes ac
crédités au ministère des travaux pu
blics la communication suivante :
Ce matin, des représentants du syndi
cat des entrepreneurs du port de Mar
seille et les délégués du syndicat des
dockers et agents de maîtrise se sont ren
contrés dans le cabinet du ministre des
Travaux publics pour parachever l’accord
en préparation depuis quelques jours,
ainsi qu’il a été envisagé.
Toutes les .questions de détail étant mi
ses au point, un compromis définitif sera
acté ce soir, sous la signature du minis
tre.
Ajoutons à cette note officielle que
les délégués patronaux et ouvriers
ont déclaré, à la sortie du cabinet de
M. de Monzie, que le conflit était vir
tuellement terminé. Il ne reste plus
qu’à rédiger les termes définitifs de
l’accord qui sera signé aujourd’hui
même, : vraisemblablement vers dix-
huit heures.
D’après les renseignements qui nous
ont été fournis, l’accord envisagé re
prend l’arrêté ministériel du 26 août
dernier, en y apportant de légères
modifications. Les petites vacations
resteront de 3 heures 20 chacune et
seront payées 61 fr, les 6 heures 40.
La grande vacation sera fixée à 5
heures 20 consécutives et payée 65 fr.,
soit 61 francs de salaire et 4 francs
de prime de panier.
Enfin, trois questions d’ordre secon
daire restent pendantes ; les matiè
res salissantes, l’organisation de l’em
bauchage et la prime de « panier »
pour les vacations de 3 h. 30. Ces
questions seront réglées à Marseille.
D’autre part, on s’est mis d’accord
sur la réintégration du docker Cor-
nago.
A LYON, LA GREVE GENERALE
DU BATIMENT EST EFFECTIVE
La grève générale du bâtiment à
Lyon est effective depuis hier malin.
Deux incidents ont marqué ce dé
but du mouvement.
Dans la matinée, dans le quartier
de Montchat, un groupe d’ouvriers
grévistes s'est rendu chez un pe
tit entrepreneur qui travaillait seul
et lui ont intimé l’ordre de cesser le
travail. Ils l’ont giflé et malmené.
D’autre part, dans le quartier de
la Croix-Rousse, d’autres grévistes
ont également frappé un artisan qui
continuait à travailler.
Les deux entrepreneurs ont déposé
une plainte.
On signale encore à la Croix-Rousse
que des ouvriers mécaniciens et élec
triciens ont été débauchés par dos
grévistes.
Le commissaire de police du quar
tier a pris les mesures propres a as
surer la protection des artisans et la
liberté du travail des ouvriers qui ne
participent pas au mouvement de
grève.
(LIRE LA SUITE EN A* PAGE)
CONSEIL
de Cabinet
Les mesures nécessaires
sont prises pour parer
à toutes les éventualités
Ciel bas. Ciel
gris, couleur des
âmes. Paris, maî
tre de ses nerfs,
vit une grande
journée avec un
calme, chargé
d'attente. Comme
... elle est longue,
) longue cette jour-
Général Gamelin née ! Pourtant au ¬
cune crainte sur
les visages dont les traits ne trahis
sent pas les inquiétudes des esprits.
Rue Saint-Dominique règne encore
le calme provincial habituel. Mais
dans la cour du ministère de la Guer
re, dès trois heures, roulent sur le
gravier les autos ministérielles. Que
nous sommes venus ici souvent !
C’était pour savoir si on dévaluerait
ou si on ne dévaluerait pas, s’il y au
rait crise ou pas crise. Misères ! Mi
sères ! Sur le toit de la maison d’en
face un chat se promène paisiblement.
*
* *
Les journalistes, les photographes
attendent. C’est leur métier. L’hu
mour professionnel ne perd pas ses
droits. On a bien le cœur un peu ser
ré, mais on plaisante et on ne l’avoue
pas. Et comme une voiture militaire
apporte le dîner du détachement —
cent soixante omelettes dorées, pré
cise un soldat — c’est un émerveille
ment général.
André Stibio.
(LIRE LA SUITE EN 4% PAGE)
===============================
CHRONIQUE PARISIENNE
Ne dilapidons pas
notre patrimoine artistique
Petit voyage critique à Meaux
par Louis THOMAS
Des millions de Français ont ap
pris l’existence de cette sous-préfec
ture de Seine-et-Marne, lorsque dans
l'histoire du XVII e siècle ou dans
les classes de littérature, on est venu
à parler de l’Aigle de Meaux, Bos
suet.
Depuis 1914, les Français ont réap
pris l’existence de Meaux par le récit
des cérémonies commémoratives de la
bataille de la Marne : non qu’on se
soit battu à Meaux même, mais parce
que c’est à quelques kilomètres au
nord de Meaux que se sont déroulés
les chocs de l’armée de l’Ourcq, où
l’armée Maunoury bouscula les trou
pes de von Kluck et, la première, dé
cida du sort de la guerre.
Cependant, à Meaux, Bossuet n’est
pas honoré de façon satisfaisante, et
les soldats de Gallieni et de Mau
noury n’y ont pas un monument digne
d’eux.
Nous relèverons avec patience les
erreurs artistiques et de sentiment
que nous voyons à Meaux, afin que
cette ville, qui a la chance d’avoir
pour député un homme cultivé et ou
vert notre camarade de journalisme et
de lettres François de Tessan, con
sente, sur ses conseils, l’effort néces
saire pour être, artistiqueent, égale
à la réputation historique que lui ont
fait le plus grand des orateurs fran
çais et les soldats de la France.
Lors de la. commémoration de la
bataille de la Marne, les journaux
nous parlent chaque année de la ca
thédrale de Meaux. Vieille cité ecclé
siastique dans le passé de laquelle
évêques et chano.ines, catholiques et
protestants et leurs querelles ont joué
un grand rôle, Meaux a gardé son
évêque et son grand Séminaire. Ce
qui ne veut pas dire que la cathédrale
soit un chef-d’œuvre absolu.
C’est un grand et noble vaisseau,
qui porte dans son ensemble le ca
ractère du XIII e siècle. Mais cet in
térieur est froid et il est garni de
peintures et de statues, dont beaucoup
sont affreuses et d’un mauvais goût
plat ou criard.
Après les campagnes entreprises
dans les milieux ecclésiastiques fran
çais, après les expositions d’Art re
ligieux qui se sont multipliées au
cours de ces dernières années, com
ment un évêque français peut-il mon
trer dans sa cathédrale pareilles pau
vretés, pareilles horreurs ? Une Jean
ne d’Arc à figure de gigolette du Sé-
basto, une autre Jeanne d’Arc style
gravure de mode, nous ont stupéfié.
Nous supplions Monseigneur l’évê
que de Meaux de faire appel aux
conseils d’un écrivain comme M.
Louis Gillet, d’un homme comme M.
Rouard, directeur de la Librairie de
l’Art Catholique, ou de peintres com
me Maurice Denis ou Emile Bernard,
et de procéder, en quelques années,
progressivement, à un nettoyage et à
un remplacement de ces niaiseries par
New-York, 5 septembre 1938. —
En Amérique, on continue à par-
parler beaucoup du « troisième
mandat » et des élections de 1940
et à discuter avec passion sur la
question brûlante de la succession
ou de l’éventuelle réélection du
président Roosevelt. Une feuille
financière de Washington n’hésite
pas à écrire, à la fin de juillet :
« La question du troisième man
dat est le problème le plus discuté
du moment... le plus important
aussi pour la marche des affaires...
pour les finances et l’économie de
la nation. »
Il est certain que si M. Roose
velt annonçait ses plans dès main
tenant, les projets à longue
échéance de plusieurs entreprises
se trouveraient modifiés. La plu
part des gros « businessmen »
américains posent en principe que
le Président ne se représentera
pas et que son successeur sera
plus modéré. Mais s’il n’en était
pas ainsi, la question devrait être
étudiée sous un nouvel angle.
Un fait paraît certain : M. Roo
sevelt estime que le New Deal
n’est pas achevé et fera tout ce
qu’il sera en son pouvoir de faire
pour le mener jusqu’à ses consé
quences ultimes.
« Le Président », écrit M. Félix
Belair dans le New-York Times,
« considère son programme de
rajustement économique du pays
comme loin d’être exécuté. Les
pas en avant qu’il a pu faire ne
sont pour lui que des progrès spo
radiques sur la voie de la justice
sociale. L’augmentation du revenu
des agriculteurs, la grandissante
prise de conscience de leurs res
ponsabilités par l’industrie et le
monde des affaires, les efforts dé
ployés pour résoudre des problè
mes chroniques tels que le chô
mage, ne sont, pour M. Roosevelt,
que des victoires locales s'inté-
des œuvres anciennes ou modernes,
qui ne fassent pas bouillir, dans leur
for intérieur, les habitants ou visi
teurs de Meaux-ayant le sens de l’har
monie, de la beauté et des traditions
artistiques du catholicisme.
Bossuet a été honoré de deux mo
numents qui se trouvent à l’intérieur
de la cathédrale, à droite et à gauche
de l’entrée : celui de droite, qui date
de 1822, est un piètre spécimen de ce
qu’il peut y avoir de plus froid dans
le style de la Restauration ; l’autre,
qui fut élevé en 1907 par Emile Du
bois, est non moins affligeant : c’est
du mauvais opéra, grandiloquent et
creux. Pauvre Bossuet ! Mais quel
sculpteur faudrait-il trouver pour s’é
galer au lyrisme, à la magnificence
du plus grand des prosateurs fran
çais ?
En sus du fait qu’elle fut saccagée
en 1567 par les Huguenots, qui mu
tilèrent les nombreuses statues de ses
façades et de la nef (les horreurs des
guerres de religion ont été atroces, à
Meaux : nous avons peine à compren
dre ces folies, ces haines, ces extrava
gantes stupidités... ) la cathédrale de
Meaux a eu un malheur : elle a été
construite en pierre calcaire de Va-
reddes, village tout proche, où l’on
se battit en septembre 1914, et elle
s’en va par morceaux. Depuis des an
nées, on travaille à reprendre, à re
faire, l’une après l’autre, les parties
les plus abîmées de ces façades : ce
travail aboutira, d’ici trente ans, à
une reconstruction totale de l'exté-
rieur de la cathédrale. Il n’y a pas à
discuter là-dessus : si l’on ne procé
dait pas à cette restauration, on abou
tirait à l'espèce de marmelade de
pierre mangée par les intempéries que
l’on voit, en ce moment, à deux ni
ches à droite de la façade, qui res
semblent à des sillons de charrue...
Mais ici, trois problèmes se posent :
1. Les vitraux : il y aurait lieu de
prévoir, aux fenêtres que l’on refait,
et même à celles déjà refaites ou qui
ont résisté, des vitraux en accord
avec l’esprit de la cathédrale. Mon
seigneur Verdier a montré, par les
vitraux qu’il vient de faire exécuter
pour Notre-Dame de Paris, que les
verriers modernes ont trouvé une tech
nique assez proche de celle de leurs
prédécesseurs des XIII e et XIV e siè
cles. C'est dans cette direction qu’il
faut se lancer, si l’on veut que la ca
thédrale de Meaux trouve une atmos
phère qu’elle eut sans doute jadis,
avant que les Huguenots n’aient dé
truit ses vitraux anciens à coups d'ar-
quebuse, suivant la coutume du XVI e
siècle qui était une époque où l’extra
vagance primait parfois le goût des
arts et le respect du passé.
2. Les statues ; il reste fort peu de
morceaux intacts aux trois façades de
la cathédrale de Meaux. Et l’on y voit
quantité de niches vides, qui furent
jadis occupées par des statues.
(LIRE LA SUITE EN 4« PAGE)
grant dans une vaste offensive... Il
y a des domaines encore vierges
dans lesquels il souhaiterait em
ployer son pouvoir et son pres
tige, de façon à donner au peuple
américain une « Vie Plus Abon- ’
dante »...
, il est impossible d’énumérer en
détail toutes les réformes que
M. Roosevelt a en vue, mais voici,
d’apres le New-York Times, quel
ques-unes des principales :
1) La réorganisation du gouver
nement : il s’agit là d’un vieux
projet, déjà présenté aux Cham
bres, et défait par quelques voix.
L’idée générale du bill est de sim
plifier, concentrer et centraliser
les organes du gouvernement fé
déral. « Fascisme ! », s’écrient les
adversaires de M. Roosevelt. Et,
de fait, les Etats-Unis ne sont pas
encore, mûrs pour accepter un
Etat fédéral fortement centralisé,
ressemblant, même de loin, aux
États totalitaires d’Europe.
2) L’organisation d’une écono-
mie dirigée : Là encore, on re
trouve un plan présenté l’an der
nier au Congrès : le Président
voudrait voir créer une demi-
douzaine d’unités régionales à
l intérieur desquelles l'économie
serait développée scientifique
ment, dirigée et contrôlée par des
« planificateurs » qui dépen
draient, plus ou moins, de Was
hington.
. 3) L'aménagement du régime
fiscal : L’idée générale serait
d’augmenter le pouvoir de taxa
tion du gouvernement fédéral en
vue, de développer le bien-être
général ; de lever, par exemple,
des impôts plus élevés sur la ri
chesse ; de reprendre les « taxes
processives », destinées, en frap
pant les industries de transforma
tion et de distribution, à payer
des primes aux agriculteurs, etc...
(LIRE LA SUITE EN 4e PAGE)
GENÈVE
téléphone :
Nuremberg
sauvera-t-il
le Pacte ?
Genève, 12 septembre (de notre en
voyée spéciale). — Ce n’est pas comme
on pourrait le croire la situation ex
ceptionnelle de l’Europe qui suscite, à
Genève, la réunion de tous les délé
gués assemblés dans la vaste salle du
Palais de Lariana.
Voici rassemblés, pour la dix-neu
vième fois, zélés défenseurs et adver
saires sournois de la sécurité collec
tive, et, aussi, les représentants de ces
puissances qui, trop souvent, hélas !
l’invoquèrent en vain, ce pacte, ex
pression de l’assistance mutuelle con
tre les fauteurs de guerre.
Nuremberg saiLvera-t-il le pacte ?
Le président Jordan, dans son dis
cours d’obbverture, rappelle que le
pacte existe, qu’il peut et qu’il doit
exister.
Dans l’attente du discours d’Hitler,
qibelques délégués font peut-être leur
« mea culpa » ? L’orateur a rappelé
ensuite les paroles du général Smuts,
qui fut l’un des principaux autsurs du
pacte : « Cette lueur que nous avons
aperçue ne doit plus jamais disparaî
tre de l’horizon ; ce serait trahir ceux
qui sont morts dans la Grande Guer
re, ce serait sacrifier les générations
qui ne sont pas encore nées. »
Après ce discours, les formalités ad
ministratives se poursuivent sur la
rythme accoutumé où ne se révèle
point l’anxiété qui règne dans les cou
loirs.
En attendant le discoibrs d’Hitler on
a, paraît-il, décidé que, selon les pa
roles prononcées à Nuremberg et les
actes qui suivront, l’affaire pourrait
éventuellement venir devant la S.D.N.
Il est donc fort heureux qu’un accord
franco-anglais se soit réalisé pour que
les principes fondamentaux de la sé
curité collective ne soient pas atta
chés au débat sur la réforme du pacte.
Suzanne Adrien-Bertrand.
(Lire la suite en 3’ page)
C(ERING EST MALADE
— Qu'est-ce qui a bien pu lui don
ner la fièvre ?
= Il a dû relire son discourt /
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