Titre : L'Ordre
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1937-07-30
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32829724j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 30 juillet 1937 30 juillet 1937
Description : 1937/07/30 (A9,N2769). 1937/07/30 (A9,N2769).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t5114720c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-1857
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/11/2021
Le général Sichitiu, chef de
l’état-major général roumain,
vient de déclarer :
— J’ai été particulièrement im
pressionné par les aménagements ré
cents de la ligne Maginot. Equipée
avec l’armement le plus moderne,
instruite d’une manière supérieure,
l’armée française peut faire face au
jourd’hui, à toute surprise.
Avis aux amateurs !
40 cent - . — - — 40 cent.
L'ORDRE
Directeur politique : Emile BURE
Rédaction et Administration : 31, rue Tronchet, PARIS (vm*)
Directeur • AMmlnistrateiir : Jacques EBSTEIN
Tél. ANJou 86-40 (4 lignes). Après 22 h. GUTenberg 54-55
9 ANNÉE. - N° 2.769
VENDREDI 30 JUILLET 1937
LA JOURNEE
A un lecteur Front Populaire
qui ne croit point à l’échec
du gouvernement Léon Blum
Dans Tien-Tsin
en flammes
la bataille
fait rage...
Le Gouvernement
arrêtera ce matin
les décrets
d’économies
L’Association générale des pro ¬
ducteurs de
que :
Mercredi
central de
blé nous communi-
28 juillet, le conseil
l'Office du blé se
Oui,
une “suspension” est indispensable
mais le temps ne suspend pas son vol
...pendant qu’à Pékin
occupé hier matin par
les japs on négocie !
Six milliards de moins
à dépenser pour 1937 et
vingt-cing, pour 1938!
Sachant que
dans ce libre iour-
nal on a le goût de la discussion, un
de mes lecteurs, M. Clément Denat,
m’a adressé, l’année dernière, plu
sieurs critiques que je me suis
empressé de publier ; contre moi
il prenait la défense du gouver
nement Front Populaire à direc
tion socialiste dont je prévoyais
l’échec ruineux. Ce gouvernement
a démissionné, mais mon corres
pondant continue de soutenir qu’il
n’a pas échoué. Il a la confiance
tenace. Mais voici la lettre qu’il
m’adresse :
Monsieur le Directeur,
Peut-être vous arrive-t-il de songer à
la controverse que nous engageâmes, l’an
dernier, à propos de « l’expérience Blum »
et si je me réfère à l’opinion que vous ex
primiez presque quotidiennement dans
votre journal, je suis certain que vous
pensez : « J’avais prévu son échec, et rien
n’était plus facile à prévoir, seuls des
zélateurs du Front Populaire pouvaient
être assez aveugles pour ne point voir
vers quels abîmes nous conduisait le
« messianisme de Léon Blum ».
N’ayant jamais voulu abdiquer l’esprit
critique qui représente à mes yeux un des
biens les plus précieux pour un homme
désireux de rester libre, je me suis ef
forcé de ' ne pas juger en partisan.
C’est pourquoi, il vous en souvient sans
doute, je me suis permis d’adresser une
lettre ouverte à l’ancien président du Con
seil qui a été insérée dans l’Ordre, grâce à
votre extrême obligeance.
Cependant, vous surprendrais-je si je
vous demande : « A quoi reconnaissez-
vous que l’expérience Blum a subi un
échec ? »
Je vais essayer d’aller au devant de vo
tre réponse, tout en m’excusant si je ne
traduis pas très exactement votre pensée.
« Que vous faut-il de plus pour que
vous vous aperceviez de l’échec de l’ex
périence, que la situation catastrophique
financière dans laquelle il a laissé le pays
après 12 mois de gestion. Je me réfère à
Léon Blum lui-même qui, après avoir
voulu renverser la vapeur en juin 1936,
suivant la propre expression de son mi
nistre des finances, Vincent Auriol, se
trouve dans l’obligation d’accepter du mi-
nistère qui lui . succédé et auquel fl âp_
partient en qualité de vice-président du
Conseil, un deuxième renversement de va
peur qui est destiné, si je ne m’abuse, à
annihiler les méfaits du premier. N’est-ce
pas là reconnaître qu’il s’est trompé, et
s’il s’est trompé, n’y a-t-il pas échec ? »
Sans nous embarrasser de détails, c’est
bien cela ou à peu près, que vous me ré
pondriez, n’est-ce pas, Monsieur Emile
Buré ?
A première vue, vous paraissez avoir
raison, car, qu’on le veuille ou non, nous
passons de la politique de « réflation »
pratiquée par l’ancien gouvernement, à la
politique de déflation (quatrième ou cin
quième mouture), je ne sais plus au juste
vers laquelle tendent incontestablement les
efforts de l’actuel ministre des Finances.
Je crains bien que l’ancien président du
Conseil ne soit pas très sensible aux com
pliments que vous lui adressez pour le
courage, qu’il a déployé en reconnaissant
qu’il s’était trompé et en s’offrant avec
ses amis à réparer les erreurs qu’ils au
raient commises.
Qu’il ait été obligé de s’incliner devant
toutes les « orthodoxies financières » coa
lisées n’implique pas forcément que ces
dernières sont dans la bonne voie. Relisez
1 article qu « Abel Gardey » a publié
dans l’Ere Nouvelle et vous verrez qu’il
ne paraît pas très certain lui aussi d’avoir
eu raison.
Je crois plutôt que Léon Blum, respec
tueux des engagements qu’il avait pris
vis-à-vis de tous les partis composant le
- ront Populaire, se devait de rester dans
le cadre qui lui avait été tracé. En évo-
luant dans ce cadre, il était persuadé que
la meilleure méthode pour ramener la
santé a 1 économi de notre pays consis
tait, d une part à améliorer le sort de la
classe laborieuse, détentrice, par son tra
vail, de la prospérité nationale, ce qui lui
permettait en même temps de résorber
le chômage par la répartition de la pro
duction sur un plus grand nombre d’indi-
vidus. D autre part, il faisait rentrer
dans le circuit économique les capitaux
thésaurisés ou expatriés, grâce auxquels
les transactions pourraient se normaliser.
Ainsi donc, les lois sociales devaient
voqués les transformations quelque peu
brutales de la condition du travailleur,
qu’il est bien préférable qu’il s’adapte
à la nouvelle situation.
L’ôuvrier aussi comprendra que tout
n’est pas possible et que, s’il veut voir
maintenir son pouvoir d’achat, il est in
dispensable qu’il produise, et que ce n’est
pas en raréfiant les produits et, par cela
même, augmenter leur prix de revient,
qu’il pourra consommer plus.
Quand à l’échec des méthodes financiè
res, j’attends, ainsi que le disait Albert
Bayet dans « l’Œuvre » du 22 juillet, que
quelqu’un m’explique comment on pourra
résoudre la crise si l’Etat vide les po
ches des contribuables.
Non ! Monsieur Emile Buré, « l’expé
rience Blum », qui aurait pu être « l’ex-
périence X » pourvu que cet « X » s’ap
plique à faire autre chose que ses pré
décesseurs, n’a pas échoué.
Ce qui a été fait devait être fait afin
d’éviter le pire. Il est exact, je l’ai d’ail
leurs reconnu, qu’il aurait été préféra
ble que les transformations fussent moins
précipitées. N’est-ce pas ceux qui s’en
plaignent le plus qui en sont les premiers
responsables ?
Se rendent-ils compte où ils nous mè
nent ceux qui, spéculant contre le franc,
désertent leur devoir national ni plus ni
moins qu’un déserteur devant l’ennemi,
si les détenteurs du pouvoir se trou
vaient dans l’obligation de décréter la cons
cription des fortunes. Seraient-ils fascis
tes, seraient-il s communistes, ceux qui
prendraient de telles mesures, je ne sais,
mais ce que je sais bien, c’est que, par
son incompréhension, une partie des
Français contribuerait puissamment à ai
guiller notre pays vers une dictature dont
ils seraient, ô paradoxe ! les premiers à
souffrir.
Le progrès contraint tous les peuples à
une discipline pour toutes choses, pour
quoi, seuls, les capitaux échapperaient-ils
à la règle ?
Ils provoquent la crise par leur thé
saurisation ou leur expatriation et ils n’ont
pas confiance parce qu’il y a « crise ».
Ils croient se garantir alors qu’ils tuent
l’économie du pays.
Lorsque nos arrière petits-neveux étu
dieront notre époque, j’ai bien l’impres
sion qu’ils ne donneront pas une place
de choix à nos financiers qui n’auront
pas su résoudre le problème de la dis
tribution.
Je soutiens que là est tout le mal, et
que ce soit Léon Blum, Camille Chau-
temps ou un autre de nos grands hom
mes d’Etat, il faudra bien qu’ils s’atta
chent à faire autre chose qu’augmenter
le prix du tabac, des timbres ou du té
léphone, si nous voulons sortir du maras
me dans lequel nous sommes plongés.
Veuillez, encore une fois, m’excuser de
cette longue lettre, et vous prie d’agréer,
monsieur le directeur, l’assurance de ma
considération la plus distinguée.
Clément DENAT.
pas confiance. Comment l’autre,
dont il menaçait les privilèges,
voire l’existence, aurait-elle eu foi
en lui ?
Criez, pestez contre ceux qui
placent leur argent à l’étranger,
contre les émigrants du Capital,
mais avouez qu’ils ont des excu
ses, et en bon réaliste, recom
mandez surtout au gouvernement
qui ne peut rien légalement contre
eux, d’agir de telle manière qu’ils
reviennent sans tarder au « de
voir national » que vous leur re
prochez d’avoir « déserté ». Quand
les gouvernements méconnaissent
le devoir national, comment les
gouvernés le reconnaîtraient-ils ?
Assimiler la désertion du posses
seur de biens mobiliers à celle du
soldat, c’est l’ârgument facile,
trop facile, du polémiste Front
Populaire. Pas de pharisaïsme :
nous vivons en régime capitaliste
et quel que soit l’opinion du pos
sédant, son argent va actuelle
ment à la valeur qui lui rapporte
le plus en lui donnant le plus de
sécurité. Ceux qui ont fait passer
leurs capitaux à l’étranger ont un
alibi de conscience : « La France
serait bien avancée, disent-ils, si
je laissais mes biens à la portée
d’un gouvernement de ruine qui
les dilapidera »,
Émile BURÉ
(LIRE LA SUITE EN 3' PAGE, 66 COLONNE)
Les soldats
et leur avance
japonais occupent Pékin
continue. Nankin va-t-il
appuyer les troupes du Nord autrement
que par des paroles 5'
L’ambassadeur japonais a assuré le
gouvernement américain que les armées
du Mikado ne dépasseraient pas une li
gne située à 32 kilomètres au sud du
chemin de fer Pékin-Tien-Tsin « à con
dition que l’armée chinoise cesse de me
nacer les Nippons ». Et Washington a
encaissé sans rien dire.
M. Eden a fait, savoir aux Communes
que- le gouvernement britannique ne
veut même pas se charger d’évoquer la
question à Genève. Evidemment il en
tend éviter à la S. D. N. une nouvelle
déconvenue certaine.
Quant à l’U. R. ~S. S. elle n’est peut-
être pas fâchée de voir les Japonais s’é
tendre vers le sud de Pékin, c’est-à-dire
dans une direction divergente de la Mon
golie extérieure.
Le Japon- va donc presque sûrement
réussir à placer un maillon de plus à
la chaîne d’opérations qu’il a entrepri
ses au cours des six dernières années.
Seulement jusqu’où va-t-il être entraîné
et pendant combien d’autres années en
core ?
N’arrivera-t-il pasun moment où il ne
jouera plus sur le velours ?
Le peuple de Chine est peu suscepti
ble d’organisation. Mais l’un de ses sen
timents essentiels est la xénophobie.
Cette xénophobie s’est cristallisée con
tre les Nippons. Elle peut, au bout d’un
certain temps, et pour peu qu’il y ait
un animateur habile, agréger la masse
et faire jouer, à défaut de perfection
technique, la force du nombre. Et le
nombre chinois est si formidable !...
S. de Givet.
(LIRE NOS INFORMATIONS EN 3 e PAGE)
Ce matin se tient un Conseil des mi-
nistres au cours duquel seront arrêtés
et signés la plupart des décrets qui doi
vent « comprimer » les dépenses pour
la fin de 1937 et pour l'année 1938.
Afin de préparer ce conseil, M. Ca
mille Chau temps a réuni hier matin, à
l’hôtel Matignon les ministres intéressés.
La loi du 18 août 1936 sur les grands
travaux a prévu 7 milliards 810 millions
de cédits pour les différents départe
ments ministériels. Sur ce total, 5 mil
liards 216 millions ont été jusqu’ici en
gagés, il reste donc disponibles 2 mil
liards 595 millions. Au cours de la déli
bération, il a été décidé que les quatre
cinquièmes environ de ces crédits de
vraient être comprimés, et qu’ainsi une
somme pouvant être évaluée à 700 mil
lions seulement serait mise, d’ici la fin
de l’année, à la disposition des ministères
intéressés.
(lire la suite en 3 e page, 7 e colonne)
réunissait pour fixer le prix du
blé dur : décision grave, qui
intéressait directement les pro
ducteurs de l’Afrique du Nord
et indirectement tous les pro
ducteurs français. Qu’on le
veuille ou non, le prix du blé
dur exerce une influence cer
taine sur le prix du blé tendre.
Déjà, une semaine auparavant,
le conseil central s’était réuni,
mais aucune décision n’avait pu
être prise, la présence des qua
tre cinquièmes des membres
nécessaires pour délibérer vala
blement, conformément à l'ar-
ticle 9 de la loi du 15 août 1936,
n’étant pas assurée. Il en était
de même à la dernière réunion,
le 28 juillet. Le quorum n’étant
pas atteint, l’Office ne pouvait
prendre de décision définitive ;
c’est au gouvernement qu’il
appartenait de trancher par
décret, rendu au conseil des
ministres.
Il n’est pas sans intérêt de
souligner d’ailleurs que, parmi
M. G. Monnet
ministre de l’Agriculture
Catastrophe de chemin de
fer: nombreuses victimes
Au moment où nous mettons sous
presse, nous apprenons qu’un terri
ble accident de chemin de fer s’est
produit non loin de la gare de Ville
neuve-Saint-Georges.
Les premières informations qui
nous parviennent du lieu même de la
catastrophe laissent entendre qu’il y
aurait une cinquantaine de morts.
Quant au nombre des blessés, qui ne
peut encore être chiffré même ap
proximativement, il serait très élevé.
Un nouveau Lagny. Hélas !
les absents, figuraient certains représentants de consommateurs, et les deux
délégués de la Confédération nationale paysanne, dont les attaches avec le
parti socialiste sont bien connues.
En dépit des protestations d’un certain nombre de producteurs, le conseil
central abordait l’examen des éléments prévus par la loi pour la fixation du
prix du blé dur. L’avis émis par le conseil ne pouvait, en tout état de cause,
être décisif, les conditions légales n’étant pas remplies. A peine l’Office avait-il
commencé à se prononcer sur les caractéristiques des blés durs (poids spéci
fique de base et barème), qu’un conflit surgissait entre les producteurs et cer
tains représentants des administrations, à l’occasion d’un vote qui venait d’être
acquis. Plusieurs délégués des producteurs firent entendre une protestation,
énergique contre l’attitude de certains membres du conseil central, dont les
interventions étaient toujours contraires aux intérêts paysans.
Jugeant cette pression de l’administration et du gouvernement intolérable,
les agriculteurs membres du conseil central refusèrent de poursuivre une dis
cussion inutile et quittèrent la séance. Celle-ci fut d’ailleurs immédiatement
levée par le président du conseil central.
L’attitude résolue de la grande majorité des membres agricoles de l’Office
démontre que les producteurs de blé ne sont pas disposés à accepter que le
gouvernement fixe un prix du blé inférieur à celui qui résulte de l’applica
tion rigoureuse de la loi.
LE COMITE DE NON-INTERVENTION SE REUNIT
A NOUVEAU CET APRES-MI DI POUR CONSTATER
L’IRREDUCTIBILITE DES THESES EN PRESENCE
(LIRE NOS INFORMATIONS EN 3‘ PAGE)
Une déclaration de M. Georges Bonnet, ministre des Finances
Si la France veut restaurer son crédit...
Le gouvernement a fait un énergique effort de redressement financier. Il a mis le pays en face des charges sévères qui pèsent sur lui. Il a réalisé l’équilibre du
budget ordinaire et réduit à un minimum acceptable les besoins du Trésor pour son budget extraordinaire de cette année et de 1938. Des résultats importants ont couron
né cet effort. Le marché monétaire s’est progressivement amélioré et les Rentes françaises ont réalisé, depuis quelques semaines, des hausses atteingnant 20 %. Enfin, le
taux de l’escompte a pu être abaissé. Mais l’œuvre accomplie sur le terrain financier ne peut donner de résultats efficaces que si le travail du pays lui permet de faire face
à ses lourdes obligations.
Voilà pourquoi nous nous attachons, à l’heure actuelle, à la question des prix de revient, et nous ne négligeons aucun effort pour ranimer l’activité économique
française. Nous diminuerons les prix de revient en donnant aux producteurs de l’argent à bon marché. Mais cela ne suffit pas. Il faut aussi assurer en France une augmenta
tion de la production. C’est l’ensemble de ces problèmes que nous avons étudiés avant-hier au cours d’une longue conférence qui a eu lieu au ministère des Finances.
Nous avons envisagé un programme pratique de mesures relatives à l’Economie nationale que nous nous efforcerons de réaliser exactement comme nous l’avons fait
au point de vue financier. Le pays doit comprendre que s’il veut restaurer son crédit, il doit équilibrer ses dépenses et ses recettes, éviter les gaspillages et les abus, et amé
liorer le rendement de son travail. GEORGES BONNET, déclarations à l’ « Intransigeant ».
« A quoi je reconnais que M.
Blum a subi un échec ? » me de
mandez-vous, M. Clément Denat.
Mais à ce fait qu’il a opéré deux
dévaluations, « deux ponctions
successives sur le capital de la
nation », comme l’écrivait, hier,
Joseph Caillaux, dans Paris-Soir,
en pure et effroyable perte; à cet
autre fait qu’il a aggravé singu
lièrement et le déficit budgétaire
et le déficit de notre balance com
merciale ; à ce dernier fait enfin
que par l’effet des lois sociales
qu’il fit voter et appliquer préci
pitamment et inconsidérément,
l’industrie et le commerce fran
çais se trouvent dans le marasme,
compliquant singulièrement l’œu
vre de redressement financier que
Georges Bonnet se propose d’ac
complir. Il avait cru qu’en aug
mentant arbitrairement le pouvoir
d’achat dés consommateurs il pro
voquerait un démarrage écono
mique foudroyant, un démarrage
qui permettrait au budget de
s’équilibrer désormais comme par
enchantement et il s’est cruelle-
Fusion prolétarienne!
Un travail en profondeur
aux conséquences lointaines
• par André STIBIO
Demain, après-demain, dans quelques |
mois, mais un jour inévitablement,
l’unité socialo-communiste, se fera non
seulement parce qu’elle est désormais
dans la logique des doctrines, dans la
nécessité des convoitises électorales,
mais surtout parce qu’elle est déjà vir
tuellement réalisée à sa base, dans le
coude à coude quotidien des militants
de province. C’est bien pour cela que
l’Humanité parle et que le communisme
agit comme si les objections socialistes
n’existaient pas. Pour cela qu’elle feint
habilement d’ignorer les résistances et
qu’elle passe sous silence ou presque
les multiples avertissements, conseils,
Magda Fontange
est condamnée a 1 an
de prison avec sursis
augmenter le pouvoir d’achat des déten
teurs de capitaux ou des épargnants en
les incitant à faire fructifier leur argent.
Evidemment, il a été obligé de recon
naître que l'élément « confiance » qui
n'aurait pas dû être atteint par les mesu
res préconisées, se trouvait de plus en
plus ébranlé, à la faveur de campagnes
inspirées davantage de la politique que de
l’économique.
Donc, me répondrez-vous, encore une
fois, « échec de l’expérience ». je répon
drai. non, suspension de l’expérience, car
les méthodes employées n’ont pu faire leur
preuve, par suite de l’incompréhension
des uns, de l’exagération des autres et de
la mauvaise volonté de certains.
Léon Blum s’est retiré devant le Sénat,
il a eu raison puisque le pays s’est donné
une Constitution, et que les élus se doi
vent de la respecter.
Il a compris qu’il n’avait pas réussi à
créer le climat favorable à son expérien
ce et qu’il lui serait difficile, avec les
moyens dont il disposait d’enrayer la pa
nique qui, déjà, se dessinait.
Il a compris que sa résistance serait
préjudiciable aux intérêts immédiats du
pays.
Il a compris que la situation extérieure
avait besoin de toute l’attention du gou
vernement qui ne devait pas se trouver
aux prises avec des difficultés intérieures
dont les répercussions pouvaient avoir des
conséquences graves pour le pays.
En cédant la place, il n’a pas voulu, ce
me semble, reconnaître qu’il s’était trom
pé, laissant à d’autres le soin de calfater
les. fentes du navire « France », mais il a
compris qu’il valait mieux que la pause,
dont il avait parlé soit présidée par d’au
tres moins suspects aux yeux d’une frac
tion de la représentation parlementaire.
Ce qui m’a fait dire, ainsi d’ailleurs que
Léon Blum l’a dit lui-même, que son ex
périence n’a pas échoué, c’est que je suis
persuadé que son passage à la direction
des affaires du pays forcera la réflexion
de tous ceux qui n’avaient pas et n’ont pas
encore compris que des réformes urgentes
s’imposaient.
Le patronat comprendra certainement,
après les soubresauts naturels qu’ont pro-
ment
qu’un
bard !
trompé. Son slogan n’était
bobard, un redoutable bo-
soupirs, regrets, reproches dont
Bracke, presque quotidiennement,
prodigue, dans le Populaire.
La querelle de l’unité ne manque
M.
est
pas
Les choses se seraient passées
différemment, affirme M. Clément
Denat, si Léon Blum « avait réussi
à créer le climat favorable à son
expérience ». J’en tombe d’accord.
Mais mon contradicteur me per
mettra de lui faire observer que
l’ancien président du Conseil a fait
de son mieux pour empêcher qu’un
pareil « climat » ne se crée. Tols-
toïen, partisan de « la non-résis
tance au mal » quand la coupable
est la classe ouvrière, il a toléré,
en dépit de la « loi républicaine,
les occupations d’usines et en gé
néral toutes les manifestations pro
pres à laisser croire que la France
allait entrer dans une ère de vio
lence et de paresse qui la condui
rait à sa perte. Il est bien cer
tain qu’il se rencontre dans la
classe bourgeoise, des hommes
qui font passer leur intérêt de
classe, leur intérêt de parti ou
simplement leur intérêt personnel
avant l’intérêt national, mais ne
s’en trouve-t-il pas aussi dans la
classe ouvrière ? Savez-vous, cher
M. Clément Denat, ce qu’il y a de
plus humiliant dans le cas de
Léon Blum, ce qui accuse le plus
lamentablement son échec ? C’est
la diminution du rendement
horaire de la main-d’œuvre ou
vrière dans le temps même que la
journée de travail était sensible
ment écourtée. Léon Blum gouver
nait au nom d’une classe et cette
classe-là ne lui faisait même
de saveur, M. Bracke rappelant sans se
lasser qu’il convient de ne rien préci
piter, qu’il existe des organismes, seuls
chargés de préparer — lentement —
cette fusion plus redoutée que désirée
et les leaders de l’Humanité se félici
tant au contraire des progrès rapides de
l’idée... et se souciant peu des barrières
de papier de M. Bracke.
A aller au fond des choses il n’est
point aussi fatal qu’on le croit que la
tendance extrémiste du parti S.F.I.O.
doive, en particulier depuis que le so
cialisme est devenu gouvernemental et
réformiste, être rejetée dans le commu
nisme. Le même esprit ne règne pas
dans les deux camps.
Il y a du côté communiste plus de
discipline et de réalisme. Les pivertistes
ont une mentalité d’insoumis et de pa
cifistes. Leur antimilitarisme serait mal
vu et sévèrement réprimé dans le parti
de M. Thorez et si la fusion se réali
sait elle n’aurait pas forcément, au
moins pendant une période, d une durée
indéterminée, les effets d’excitation que
la droite en redoute d’une façon un peu
simpliste.
On dit aussi : l’unité serait la mort
électorale des radicaux. Beaucoup de
radicaux-socialistes le craignent et, à
juste titre, sans doute, mais, déjà, les
suffrages communistes s’ajoutent dans
les scrutins aux suffrages socialistes
chaque fois que la position des candi
dats le réclame et il n’y aurait pas
grand’chose de changé, provisoirement
du moins.
Nous croyons même que le parti
communiste — il l’a déjà maintes fois
affirmé — prendrait à cœur de ména
ger les radicaux dans une mesure cer
tainement plus large et tactiquement
plus bienveillante que les socialistes,
dont l’égoïsme, la férocité électorales ne
laissent rien à envier à quelque parti
que ce soit - •
Faisant l’opération, le communisme
aurait intérêt à amortir les résistances,
les répugnances des radicaux. Aucun
parti n’a aujourd’hui de tactique plus
souple que la sienne. Sa « colonisation »
qui a commencé par les syndicats, com
me le révélait avec inquiétude un ar
ticle de M. Dumoulin, se prolongeait
insidieusement dans le socialisme, dans
le radicalisme, pour réaliser cette unité
profonde qui a été baptisée « Front des
Français » et vers laquelle tendent bien
des mouvements politiques actuels, di
fférents de nature, divergents de di
rection.
Les dangers de cette fusion n’échap
pent évidemment à personne. Encore
faut-il voir clairement comment ils se
développeront avec moins de simplicité
qu’on ne l’imagine communément à droi
te. Nous sommes en présence d’un tra
vail en profondeur, destiné à remuer le
sous-sol politique de la nation et auquel
pourrait s’opposer du côté des natio
naux qu’un travail aussi soutenu, aussi
prudent, et socialement aussi hardi,
mené par des chefs éclairés.
Magda Fontange, aventurière et jour
naliste, a blessé d’un coup de revolver
le comte Charles de Chambrun, ambas
sadeur de France à Rome, le 17 mars
dernier, à la gare du Nord. Elle compa
rait devant la X e chambre correction
nelle.
Le président Laemié conduit rapide
ment l’interrogatoire. De son vrai nom,
Madeleine Corabœuf, 32 ans, l’inculpée
n’a pas voulu se contenter de l’aisance
et du modestte renom que le talent pa
ternel avait acquis, car Corabœuf était
un sculpteur estimé.
Cinq-Jean.
(LIRE LA SUITE EN 2e PAGE)
Mort de M. Maurice
Bouilloux-Laffont
Nous apprenons la mort, hier après-
midi, de M. Maurice Bouilloux-Laffont,
à Barcelonnette, où il avait été l’hôte
de son ami M. Paul Reynaud.
M. Maurice Bouilloux-Laffont, ancien
vice-président de la Chambre, fut pen
dant les quatre années qui viennent de
s’écouler ministre d’Etat de la princi
pauté de Monaco. Il avait dû abandon
ner ces hautes fonctions, il y a deux
mois, à la suite d’une longue et doulou
reuse maladie.
La
Du théâtre du Jorat
au village
par Philippe AMIGUET
Suisse est, cette semaine, la
grande vedette de l’Exposition !
Car pour honorer l’amitié franco-
suisse — amitié séculaire — elle a
fait venir à Paris ses meilleures
troupes de théâtre populaire. Les
Parisiens, en effet, pourront ap
plaudir Trudi Schoop dans La
Blonde Marie, comédie dansée,
puis une sorte de festival composé
de ballets, de chants, de mélodies
alpestres qui évoqueront les fêtes
de la vieille Suisse : ces fêtes qui
rassemblent dans les petites villes
entourées de remparts, ornées de
fontaines peintes, les tireurs, les
chanteurs, les gymnastes. Alexan
dre Cingria le faisait remarquer
dans un récent numéro de l’Art
Vivant : « S’il est, écrivait-il, une
institution nationale commune à
tous les cantons suisses, c’est bien
celle de ces grandes fêtes patrioti-
M. Max Hymans, sous-secrétaire d’Etat, a sauté en parachute
au Parc des attractions.
(Les journaux)
— Pas trop ému, monsieur le Ministre ?
— Pas du tout, les chutes ministérielles sont certainement plus brutales !
ques, religieuses ou sportives : fê
tes des vignerons, spectacles histo
riques, tirs fédéraux, fêtes de cos
tumes, cortèges commémoratifs,
mystères ou processions... »
Donc atmosphère helvétique au
thentique ! Folklore. Nationalisme.
Je ne sais pas l’accueil que la cri
tique parisienne fera à la pièce de
M. René Morax : La Servante
d’Evolène, mais je suis sûr qu’elle
sera vivement intéressée par l’ef
fort de cette troupe d’amateurs qui
monte, chaque année, dans le théâ
tre en bois de Mézières, qui s’élève
à la lisière des bois profonds du
Jorat, des spectacles patriotiques à
grand spectacle.
Quelles sont les origines de ce
théâtre national ? Voici : « La pa
roisse de Mézières sur Lausanne
avait, en 1903, un pasteur remar
quable : Emile Béranger. Comme
les naturels consultaient « leur
ministre » sur la meilleure façon
de célébrer le centième anniver
saire de l’entrée du canton de Vaud
dans la Confédération suisse, Emile
Béranger leur conseilla de deman
der une pièce de circonstance à un
jeune poète qui commençait à fai
re parler de lui, le Morgien René
Morax. La pièce demandée rap-
pèlerait un fait de l’histoire locale
au dix-huitième siècle, les villa
geois l’interpréteraient, les villa
geoises, sous la direction de la
femme du pasteur, confectionne
raient les costumes, un chœur re
cruté parmi les meilleurs chanteurs
de la région ferait entendre la mu
sique due à un compositeur vau-
dois, Alexandre Dénérenz. Le pro
jet fut accepté d’enthousiasme, et
au jour dit, tout était prêt.
...Le pays entier s’intéressa à
l’effort des habitants du Jorat et
le succès de l’entreprise fut tel que
chacun songea à la transformer en
une institution. Ainsi naquit la
« Théâtre du Jorat ». C’est M. Gas
ton Bridel, président de l’Associa
tion du Théâtre, qui nous a ra
conté lui-même les origines de cetta
scène populaire. Il n’y a pas un
Suisse qui n’ait été à Mézières
dans cette salle de spectacle qui a
l’air d’une grange, pour aller ap-
l’état-major général roumain,
vient de déclarer :
— J’ai été particulièrement im
pressionné par les aménagements ré
cents de la ligne Maginot. Equipée
avec l’armement le plus moderne,
instruite d’une manière supérieure,
l’armée française peut faire face au
jourd’hui, à toute surprise.
Avis aux amateurs !
40 cent - . — - — 40 cent.
L'ORDRE
Directeur politique : Emile BURE
Rédaction et Administration : 31, rue Tronchet, PARIS (vm*)
Directeur • AMmlnistrateiir : Jacques EBSTEIN
Tél. ANJou 86-40 (4 lignes). Après 22 h. GUTenberg 54-55
9 ANNÉE. - N° 2.769
VENDREDI 30 JUILLET 1937
LA JOURNEE
A un lecteur Front Populaire
qui ne croit point à l’échec
du gouvernement Léon Blum
Dans Tien-Tsin
en flammes
la bataille
fait rage...
Le Gouvernement
arrêtera ce matin
les décrets
d’économies
L’Association générale des pro ¬
ducteurs de
que :
Mercredi
central de
blé nous communi-
28 juillet, le conseil
l'Office du blé se
Oui,
une “suspension” est indispensable
mais le temps ne suspend pas son vol
...pendant qu’à Pékin
occupé hier matin par
les japs on négocie !
Six milliards de moins
à dépenser pour 1937 et
vingt-cing, pour 1938!
Sachant que
dans ce libre iour-
nal on a le goût de la discussion, un
de mes lecteurs, M. Clément Denat,
m’a adressé, l’année dernière, plu
sieurs critiques que je me suis
empressé de publier ; contre moi
il prenait la défense du gouver
nement Front Populaire à direc
tion socialiste dont je prévoyais
l’échec ruineux. Ce gouvernement
a démissionné, mais mon corres
pondant continue de soutenir qu’il
n’a pas échoué. Il a la confiance
tenace. Mais voici la lettre qu’il
m’adresse :
Monsieur le Directeur,
Peut-être vous arrive-t-il de songer à
la controverse que nous engageâmes, l’an
dernier, à propos de « l’expérience Blum »
et si je me réfère à l’opinion que vous ex
primiez presque quotidiennement dans
votre journal, je suis certain que vous
pensez : « J’avais prévu son échec, et rien
n’était plus facile à prévoir, seuls des
zélateurs du Front Populaire pouvaient
être assez aveugles pour ne point voir
vers quels abîmes nous conduisait le
« messianisme de Léon Blum ».
N’ayant jamais voulu abdiquer l’esprit
critique qui représente à mes yeux un des
biens les plus précieux pour un homme
désireux de rester libre, je me suis ef
forcé de ' ne pas juger en partisan.
C’est pourquoi, il vous en souvient sans
doute, je me suis permis d’adresser une
lettre ouverte à l’ancien président du Con
seil qui a été insérée dans l’Ordre, grâce à
votre extrême obligeance.
Cependant, vous surprendrais-je si je
vous demande : « A quoi reconnaissez-
vous que l’expérience Blum a subi un
échec ? »
Je vais essayer d’aller au devant de vo
tre réponse, tout en m’excusant si je ne
traduis pas très exactement votre pensée.
« Que vous faut-il de plus pour que
vous vous aperceviez de l’échec de l’ex
périence, que la situation catastrophique
financière dans laquelle il a laissé le pays
après 12 mois de gestion. Je me réfère à
Léon Blum lui-même qui, après avoir
voulu renverser la vapeur en juin 1936,
suivant la propre expression de son mi
nistre des finances, Vincent Auriol, se
trouve dans l’obligation d’accepter du mi-
nistère qui lui . succédé et auquel fl âp_
partient en qualité de vice-président du
Conseil, un deuxième renversement de va
peur qui est destiné, si je ne m’abuse, à
annihiler les méfaits du premier. N’est-ce
pas là reconnaître qu’il s’est trompé, et
s’il s’est trompé, n’y a-t-il pas échec ? »
Sans nous embarrasser de détails, c’est
bien cela ou à peu près, que vous me ré
pondriez, n’est-ce pas, Monsieur Emile
Buré ?
A première vue, vous paraissez avoir
raison, car, qu’on le veuille ou non, nous
passons de la politique de « réflation »
pratiquée par l’ancien gouvernement, à la
politique de déflation (quatrième ou cin
quième mouture), je ne sais plus au juste
vers laquelle tendent incontestablement les
efforts de l’actuel ministre des Finances.
Je crains bien que l’ancien président du
Conseil ne soit pas très sensible aux com
pliments que vous lui adressez pour le
courage, qu’il a déployé en reconnaissant
qu’il s’était trompé et en s’offrant avec
ses amis à réparer les erreurs qu’ils au
raient commises.
Qu’il ait été obligé de s’incliner devant
toutes les « orthodoxies financières » coa
lisées n’implique pas forcément que ces
dernières sont dans la bonne voie. Relisez
1 article qu « Abel Gardey » a publié
dans l’Ere Nouvelle et vous verrez qu’il
ne paraît pas très certain lui aussi d’avoir
eu raison.
Je crois plutôt que Léon Blum, respec
tueux des engagements qu’il avait pris
vis-à-vis de tous les partis composant le
- ront Populaire, se devait de rester dans
le cadre qui lui avait été tracé. En évo-
luant dans ce cadre, il était persuadé que
la meilleure méthode pour ramener la
santé a 1 économi de notre pays consis
tait, d une part à améliorer le sort de la
classe laborieuse, détentrice, par son tra
vail, de la prospérité nationale, ce qui lui
permettait en même temps de résorber
le chômage par la répartition de la pro
duction sur un plus grand nombre d’indi-
vidus. D autre part, il faisait rentrer
dans le circuit économique les capitaux
thésaurisés ou expatriés, grâce auxquels
les transactions pourraient se normaliser.
Ainsi donc, les lois sociales devaient
voqués les transformations quelque peu
brutales de la condition du travailleur,
qu’il est bien préférable qu’il s’adapte
à la nouvelle situation.
L’ôuvrier aussi comprendra que tout
n’est pas possible et que, s’il veut voir
maintenir son pouvoir d’achat, il est in
dispensable qu’il produise, et que ce n’est
pas en raréfiant les produits et, par cela
même, augmenter leur prix de revient,
qu’il pourra consommer plus.
Quand à l’échec des méthodes financiè
res, j’attends, ainsi que le disait Albert
Bayet dans « l’Œuvre » du 22 juillet, que
quelqu’un m’explique comment on pourra
résoudre la crise si l’Etat vide les po
ches des contribuables.
Non ! Monsieur Emile Buré, « l’expé
rience Blum », qui aurait pu être « l’ex-
périence X » pourvu que cet « X » s’ap
plique à faire autre chose que ses pré
décesseurs, n’a pas échoué.
Ce qui a été fait devait être fait afin
d’éviter le pire. Il est exact, je l’ai d’ail
leurs reconnu, qu’il aurait été préféra
ble que les transformations fussent moins
précipitées. N’est-ce pas ceux qui s’en
plaignent le plus qui en sont les premiers
responsables ?
Se rendent-ils compte où ils nous mè
nent ceux qui, spéculant contre le franc,
désertent leur devoir national ni plus ni
moins qu’un déserteur devant l’ennemi,
si les détenteurs du pouvoir se trou
vaient dans l’obligation de décréter la cons
cription des fortunes. Seraient-ils fascis
tes, seraient-il s communistes, ceux qui
prendraient de telles mesures, je ne sais,
mais ce que je sais bien, c’est que, par
son incompréhension, une partie des
Français contribuerait puissamment à ai
guiller notre pays vers une dictature dont
ils seraient, ô paradoxe ! les premiers à
souffrir.
Le progrès contraint tous les peuples à
une discipline pour toutes choses, pour
quoi, seuls, les capitaux échapperaient-ils
à la règle ?
Ils provoquent la crise par leur thé
saurisation ou leur expatriation et ils n’ont
pas confiance parce qu’il y a « crise ».
Ils croient se garantir alors qu’ils tuent
l’économie du pays.
Lorsque nos arrière petits-neveux étu
dieront notre époque, j’ai bien l’impres
sion qu’ils ne donneront pas une place
de choix à nos financiers qui n’auront
pas su résoudre le problème de la dis
tribution.
Je soutiens que là est tout le mal, et
que ce soit Léon Blum, Camille Chau-
temps ou un autre de nos grands hom
mes d’Etat, il faudra bien qu’ils s’atta
chent à faire autre chose qu’augmenter
le prix du tabac, des timbres ou du té
léphone, si nous voulons sortir du maras
me dans lequel nous sommes plongés.
Veuillez, encore une fois, m’excuser de
cette longue lettre, et vous prie d’agréer,
monsieur le directeur, l’assurance de ma
considération la plus distinguée.
Clément DENAT.
pas confiance. Comment l’autre,
dont il menaçait les privilèges,
voire l’existence, aurait-elle eu foi
en lui ?
Criez, pestez contre ceux qui
placent leur argent à l’étranger,
contre les émigrants du Capital,
mais avouez qu’ils ont des excu
ses, et en bon réaliste, recom
mandez surtout au gouvernement
qui ne peut rien légalement contre
eux, d’agir de telle manière qu’ils
reviennent sans tarder au « de
voir national » que vous leur re
prochez d’avoir « déserté ». Quand
les gouvernements méconnaissent
le devoir national, comment les
gouvernés le reconnaîtraient-ils ?
Assimiler la désertion du posses
seur de biens mobiliers à celle du
soldat, c’est l’ârgument facile,
trop facile, du polémiste Front
Populaire. Pas de pharisaïsme :
nous vivons en régime capitaliste
et quel que soit l’opinion du pos
sédant, son argent va actuelle
ment à la valeur qui lui rapporte
le plus en lui donnant le plus de
sécurité. Ceux qui ont fait passer
leurs capitaux à l’étranger ont un
alibi de conscience : « La France
serait bien avancée, disent-ils, si
je laissais mes biens à la portée
d’un gouvernement de ruine qui
les dilapidera »,
Émile BURÉ
(LIRE LA SUITE EN 3' PAGE, 66 COLONNE)
Les soldats
et leur avance
japonais occupent Pékin
continue. Nankin va-t-il
appuyer les troupes du Nord autrement
que par des paroles 5'
L’ambassadeur japonais a assuré le
gouvernement américain que les armées
du Mikado ne dépasseraient pas une li
gne située à 32 kilomètres au sud du
chemin de fer Pékin-Tien-Tsin « à con
dition que l’armée chinoise cesse de me
nacer les Nippons ». Et Washington a
encaissé sans rien dire.
M. Eden a fait, savoir aux Communes
que- le gouvernement britannique ne
veut même pas se charger d’évoquer la
question à Genève. Evidemment il en
tend éviter à la S. D. N. une nouvelle
déconvenue certaine.
Quant à l’U. R. ~S. S. elle n’est peut-
être pas fâchée de voir les Japonais s’é
tendre vers le sud de Pékin, c’est-à-dire
dans une direction divergente de la Mon
golie extérieure.
Le Japon- va donc presque sûrement
réussir à placer un maillon de plus à
la chaîne d’opérations qu’il a entrepri
ses au cours des six dernières années.
Seulement jusqu’où va-t-il être entraîné
et pendant combien d’autres années en
core ?
N’arrivera-t-il pasun moment où il ne
jouera plus sur le velours ?
Le peuple de Chine est peu suscepti
ble d’organisation. Mais l’un de ses sen
timents essentiels est la xénophobie.
Cette xénophobie s’est cristallisée con
tre les Nippons. Elle peut, au bout d’un
certain temps, et pour peu qu’il y ait
un animateur habile, agréger la masse
et faire jouer, à défaut de perfection
technique, la force du nombre. Et le
nombre chinois est si formidable !...
S. de Givet.
(LIRE NOS INFORMATIONS EN 3 e PAGE)
Ce matin se tient un Conseil des mi-
nistres au cours duquel seront arrêtés
et signés la plupart des décrets qui doi
vent « comprimer » les dépenses pour
la fin de 1937 et pour l'année 1938.
Afin de préparer ce conseil, M. Ca
mille Chau temps a réuni hier matin, à
l’hôtel Matignon les ministres intéressés.
La loi du 18 août 1936 sur les grands
travaux a prévu 7 milliards 810 millions
de cédits pour les différents départe
ments ministériels. Sur ce total, 5 mil
liards 216 millions ont été jusqu’ici en
gagés, il reste donc disponibles 2 mil
liards 595 millions. Au cours de la déli
bération, il a été décidé que les quatre
cinquièmes environ de ces crédits de
vraient être comprimés, et qu’ainsi une
somme pouvant être évaluée à 700 mil
lions seulement serait mise, d’ici la fin
de l’année, à la disposition des ministères
intéressés.
(lire la suite en 3 e page, 7 e colonne)
réunissait pour fixer le prix du
blé dur : décision grave, qui
intéressait directement les pro
ducteurs de l’Afrique du Nord
et indirectement tous les pro
ducteurs français. Qu’on le
veuille ou non, le prix du blé
dur exerce une influence cer
taine sur le prix du blé tendre.
Déjà, une semaine auparavant,
le conseil central s’était réuni,
mais aucune décision n’avait pu
être prise, la présence des qua
tre cinquièmes des membres
nécessaires pour délibérer vala
blement, conformément à l'ar-
ticle 9 de la loi du 15 août 1936,
n’étant pas assurée. Il en était
de même à la dernière réunion,
le 28 juillet. Le quorum n’étant
pas atteint, l’Office ne pouvait
prendre de décision définitive ;
c’est au gouvernement qu’il
appartenait de trancher par
décret, rendu au conseil des
ministres.
Il n’est pas sans intérêt de
souligner d’ailleurs que, parmi
M. G. Monnet
ministre de l’Agriculture
Catastrophe de chemin de
fer: nombreuses victimes
Au moment où nous mettons sous
presse, nous apprenons qu’un terri
ble accident de chemin de fer s’est
produit non loin de la gare de Ville
neuve-Saint-Georges.
Les premières informations qui
nous parviennent du lieu même de la
catastrophe laissent entendre qu’il y
aurait une cinquantaine de morts.
Quant au nombre des blessés, qui ne
peut encore être chiffré même ap
proximativement, il serait très élevé.
Un nouveau Lagny. Hélas !
les absents, figuraient certains représentants de consommateurs, et les deux
délégués de la Confédération nationale paysanne, dont les attaches avec le
parti socialiste sont bien connues.
En dépit des protestations d’un certain nombre de producteurs, le conseil
central abordait l’examen des éléments prévus par la loi pour la fixation du
prix du blé dur. L’avis émis par le conseil ne pouvait, en tout état de cause,
être décisif, les conditions légales n’étant pas remplies. A peine l’Office avait-il
commencé à se prononcer sur les caractéristiques des blés durs (poids spéci
fique de base et barème), qu’un conflit surgissait entre les producteurs et cer
tains représentants des administrations, à l’occasion d’un vote qui venait d’être
acquis. Plusieurs délégués des producteurs firent entendre une protestation,
énergique contre l’attitude de certains membres du conseil central, dont les
interventions étaient toujours contraires aux intérêts paysans.
Jugeant cette pression de l’administration et du gouvernement intolérable,
les agriculteurs membres du conseil central refusèrent de poursuivre une dis
cussion inutile et quittèrent la séance. Celle-ci fut d’ailleurs immédiatement
levée par le président du conseil central.
L’attitude résolue de la grande majorité des membres agricoles de l’Office
démontre que les producteurs de blé ne sont pas disposés à accepter que le
gouvernement fixe un prix du blé inférieur à celui qui résulte de l’applica
tion rigoureuse de la loi.
LE COMITE DE NON-INTERVENTION SE REUNIT
A NOUVEAU CET APRES-MI DI POUR CONSTATER
L’IRREDUCTIBILITE DES THESES EN PRESENCE
(LIRE NOS INFORMATIONS EN 3‘ PAGE)
Une déclaration de M. Georges Bonnet, ministre des Finances
Si la France veut restaurer son crédit...
Le gouvernement a fait un énergique effort de redressement financier. Il a mis le pays en face des charges sévères qui pèsent sur lui. Il a réalisé l’équilibre du
budget ordinaire et réduit à un minimum acceptable les besoins du Trésor pour son budget extraordinaire de cette année et de 1938. Des résultats importants ont couron
né cet effort. Le marché monétaire s’est progressivement amélioré et les Rentes françaises ont réalisé, depuis quelques semaines, des hausses atteingnant 20 %. Enfin, le
taux de l’escompte a pu être abaissé. Mais l’œuvre accomplie sur le terrain financier ne peut donner de résultats efficaces que si le travail du pays lui permet de faire face
à ses lourdes obligations.
Voilà pourquoi nous nous attachons, à l’heure actuelle, à la question des prix de revient, et nous ne négligeons aucun effort pour ranimer l’activité économique
française. Nous diminuerons les prix de revient en donnant aux producteurs de l’argent à bon marché. Mais cela ne suffit pas. Il faut aussi assurer en France une augmenta
tion de la production. C’est l’ensemble de ces problèmes que nous avons étudiés avant-hier au cours d’une longue conférence qui a eu lieu au ministère des Finances.
Nous avons envisagé un programme pratique de mesures relatives à l’Economie nationale que nous nous efforcerons de réaliser exactement comme nous l’avons fait
au point de vue financier. Le pays doit comprendre que s’il veut restaurer son crédit, il doit équilibrer ses dépenses et ses recettes, éviter les gaspillages et les abus, et amé
liorer le rendement de son travail. GEORGES BONNET, déclarations à l’ « Intransigeant ».
« A quoi je reconnais que M.
Blum a subi un échec ? » me de
mandez-vous, M. Clément Denat.
Mais à ce fait qu’il a opéré deux
dévaluations, « deux ponctions
successives sur le capital de la
nation », comme l’écrivait, hier,
Joseph Caillaux, dans Paris-Soir,
en pure et effroyable perte; à cet
autre fait qu’il a aggravé singu
lièrement et le déficit budgétaire
et le déficit de notre balance com
merciale ; à ce dernier fait enfin
que par l’effet des lois sociales
qu’il fit voter et appliquer préci
pitamment et inconsidérément,
l’industrie et le commerce fran
çais se trouvent dans le marasme,
compliquant singulièrement l’œu
vre de redressement financier que
Georges Bonnet se propose d’ac
complir. Il avait cru qu’en aug
mentant arbitrairement le pouvoir
d’achat dés consommateurs il pro
voquerait un démarrage écono
mique foudroyant, un démarrage
qui permettrait au budget de
s’équilibrer désormais comme par
enchantement et il s’est cruelle-
Fusion prolétarienne!
Un travail en profondeur
aux conséquences lointaines
• par André STIBIO
Demain, après-demain, dans quelques |
mois, mais un jour inévitablement,
l’unité socialo-communiste, se fera non
seulement parce qu’elle est désormais
dans la logique des doctrines, dans la
nécessité des convoitises électorales,
mais surtout parce qu’elle est déjà vir
tuellement réalisée à sa base, dans le
coude à coude quotidien des militants
de province. C’est bien pour cela que
l’Humanité parle et que le communisme
agit comme si les objections socialistes
n’existaient pas. Pour cela qu’elle feint
habilement d’ignorer les résistances et
qu’elle passe sous silence ou presque
les multiples avertissements, conseils,
Magda Fontange
est condamnée a 1 an
de prison avec sursis
augmenter le pouvoir d’achat des déten
teurs de capitaux ou des épargnants en
les incitant à faire fructifier leur argent.
Evidemment, il a été obligé de recon
naître que l'élément « confiance » qui
n'aurait pas dû être atteint par les mesu
res préconisées, se trouvait de plus en
plus ébranlé, à la faveur de campagnes
inspirées davantage de la politique que de
l’économique.
Donc, me répondrez-vous, encore une
fois, « échec de l’expérience ». je répon
drai. non, suspension de l’expérience, car
les méthodes employées n’ont pu faire leur
preuve, par suite de l’incompréhension
des uns, de l’exagération des autres et de
la mauvaise volonté de certains.
Léon Blum s’est retiré devant le Sénat,
il a eu raison puisque le pays s’est donné
une Constitution, et que les élus se doi
vent de la respecter.
Il a compris qu’il n’avait pas réussi à
créer le climat favorable à son expérien
ce et qu’il lui serait difficile, avec les
moyens dont il disposait d’enrayer la pa
nique qui, déjà, se dessinait.
Il a compris que sa résistance serait
préjudiciable aux intérêts immédiats du
pays.
Il a compris que la situation extérieure
avait besoin de toute l’attention du gou
vernement qui ne devait pas se trouver
aux prises avec des difficultés intérieures
dont les répercussions pouvaient avoir des
conséquences graves pour le pays.
En cédant la place, il n’a pas voulu, ce
me semble, reconnaître qu’il s’était trom
pé, laissant à d’autres le soin de calfater
les. fentes du navire « France », mais il a
compris qu’il valait mieux que la pause,
dont il avait parlé soit présidée par d’au
tres moins suspects aux yeux d’une frac
tion de la représentation parlementaire.
Ce qui m’a fait dire, ainsi d’ailleurs que
Léon Blum l’a dit lui-même, que son ex
périence n’a pas échoué, c’est que je suis
persuadé que son passage à la direction
des affaires du pays forcera la réflexion
de tous ceux qui n’avaient pas et n’ont pas
encore compris que des réformes urgentes
s’imposaient.
Le patronat comprendra certainement,
après les soubresauts naturels qu’ont pro-
ment
qu’un
bard !
trompé. Son slogan n’était
bobard, un redoutable bo-
soupirs, regrets, reproches dont
Bracke, presque quotidiennement,
prodigue, dans le Populaire.
La querelle de l’unité ne manque
M.
est
pas
Les choses se seraient passées
différemment, affirme M. Clément
Denat, si Léon Blum « avait réussi
à créer le climat favorable à son
expérience ». J’en tombe d’accord.
Mais mon contradicteur me per
mettra de lui faire observer que
l’ancien président du Conseil a fait
de son mieux pour empêcher qu’un
pareil « climat » ne se crée. Tols-
toïen, partisan de « la non-résis
tance au mal » quand la coupable
est la classe ouvrière, il a toléré,
en dépit de la « loi républicaine,
les occupations d’usines et en gé
néral toutes les manifestations pro
pres à laisser croire que la France
allait entrer dans une ère de vio
lence et de paresse qui la condui
rait à sa perte. Il est bien cer
tain qu’il se rencontre dans la
classe bourgeoise, des hommes
qui font passer leur intérêt de
classe, leur intérêt de parti ou
simplement leur intérêt personnel
avant l’intérêt national, mais ne
s’en trouve-t-il pas aussi dans la
classe ouvrière ? Savez-vous, cher
M. Clément Denat, ce qu’il y a de
plus humiliant dans le cas de
Léon Blum, ce qui accuse le plus
lamentablement son échec ? C’est
la diminution du rendement
horaire de la main-d’œuvre ou
vrière dans le temps même que la
journée de travail était sensible
ment écourtée. Léon Blum gouver
nait au nom d’une classe et cette
classe-là ne lui faisait même
de saveur, M. Bracke rappelant sans se
lasser qu’il convient de ne rien préci
piter, qu’il existe des organismes, seuls
chargés de préparer — lentement —
cette fusion plus redoutée que désirée
et les leaders de l’Humanité se félici
tant au contraire des progrès rapides de
l’idée... et se souciant peu des barrières
de papier de M. Bracke.
A aller au fond des choses il n’est
point aussi fatal qu’on le croit que la
tendance extrémiste du parti S.F.I.O.
doive, en particulier depuis que le so
cialisme est devenu gouvernemental et
réformiste, être rejetée dans le commu
nisme. Le même esprit ne règne pas
dans les deux camps.
Il y a du côté communiste plus de
discipline et de réalisme. Les pivertistes
ont une mentalité d’insoumis et de pa
cifistes. Leur antimilitarisme serait mal
vu et sévèrement réprimé dans le parti
de M. Thorez et si la fusion se réali
sait elle n’aurait pas forcément, au
moins pendant une période, d une durée
indéterminée, les effets d’excitation que
la droite en redoute d’une façon un peu
simpliste.
On dit aussi : l’unité serait la mort
électorale des radicaux. Beaucoup de
radicaux-socialistes le craignent et, à
juste titre, sans doute, mais, déjà, les
suffrages communistes s’ajoutent dans
les scrutins aux suffrages socialistes
chaque fois que la position des candi
dats le réclame et il n’y aurait pas
grand’chose de changé, provisoirement
du moins.
Nous croyons même que le parti
communiste — il l’a déjà maintes fois
affirmé — prendrait à cœur de ména
ger les radicaux dans une mesure cer
tainement plus large et tactiquement
plus bienveillante que les socialistes,
dont l’égoïsme, la férocité électorales ne
laissent rien à envier à quelque parti
que ce soit - •
Faisant l’opération, le communisme
aurait intérêt à amortir les résistances,
les répugnances des radicaux. Aucun
parti n’a aujourd’hui de tactique plus
souple que la sienne. Sa « colonisation »
qui a commencé par les syndicats, com
me le révélait avec inquiétude un ar
ticle de M. Dumoulin, se prolongeait
insidieusement dans le socialisme, dans
le radicalisme, pour réaliser cette unité
profonde qui a été baptisée « Front des
Français » et vers laquelle tendent bien
des mouvements politiques actuels, di
fférents de nature, divergents de di
rection.
Les dangers de cette fusion n’échap
pent évidemment à personne. Encore
faut-il voir clairement comment ils se
développeront avec moins de simplicité
qu’on ne l’imagine communément à droi
te. Nous sommes en présence d’un tra
vail en profondeur, destiné à remuer le
sous-sol politique de la nation et auquel
pourrait s’opposer du côté des natio
naux qu’un travail aussi soutenu, aussi
prudent, et socialement aussi hardi,
mené par des chefs éclairés.
Magda Fontange, aventurière et jour
naliste, a blessé d’un coup de revolver
le comte Charles de Chambrun, ambas
sadeur de France à Rome, le 17 mars
dernier, à la gare du Nord. Elle compa
rait devant la X e chambre correction
nelle.
Le président Laemié conduit rapide
ment l’interrogatoire. De son vrai nom,
Madeleine Corabœuf, 32 ans, l’inculpée
n’a pas voulu se contenter de l’aisance
et du modestte renom que le talent pa
ternel avait acquis, car Corabœuf était
un sculpteur estimé.
Cinq-Jean.
(LIRE LA SUITE EN 2e PAGE)
Mort de M. Maurice
Bouilloux-Laffont
Nous apprenons la mort, hier après-
midi, de M. Maurice Bouilloux-Laffont,
à Barcelonnette, où il avait été l’hôte
de son ami M. Paul Reynaud.
M. Maurice Bouilloux-Laffont, ancien
vice-président de la Chambre, fut pen
dant les quatre années qui viennent de
s’écouler ministre d’Etat de la princi
pauté de Monaco. Il avait dû abandon
ner ces hautes fonctions, il y a deux
mois, à la suite d’une longue et doulou
reuse maladie.
La
Du théâtre du Jorat
au village
par Philippe AMIGUET
Suisse est, cette semaine, la
grande vedette de l’Exposition !
Car pour honorer l’amitié franco-
suisse — amitié séculaire — elle a
fait venir à Paris ses meilleures
troupes de théâtre populaire. Les
Parisiens, en effet, pourront ap
plaudir Trudi Schoop dans La
Blonde Marie, comédie dansée,
puis une sorte de festival composé
de ballets, de chants, de mélodies
alpestres qui évoqueront les fêtes
de la vieille Suisse : ces fêtes qui
rassemblent dans les petites villes
entourées de remparts, ornées de
fontaines peintes, les tireurs, les
chanteurs, les gymnastes. Alexan
dre Cingria le faisait remarquer
dans un récent numéro de l’Art
Vivant : « S’il est, écrivait-il, une
institution nationale commune à
tous les cantons suisses, c’est bien
celle de ces grandes fêtes patrioti-
M. Max Hymans, sous-secrétaire d’Etat, a sauté en parachute
au Parc des attractions.
(Les journaux)
— Pas trop ému, monsieur le Ministre ?
— Pas du tout, les chutes ministérielles sont certainement plus brutales !
ques, religieuses ou sportives : fê
tes des vignerons, spectacles histo
riques, tirs fédéraux, fêtes de cos
tumes, cortèges commémoratifs,
mystères ou processions... »
Donc atmosphère helvétique au
thentique ! Folklore. Nationalisme.
Je ne sais pas l’accueil que la cri
tique parisienne fera à la pièce de
M. René Morax : La Servante
d’Evolène, mais je suis sûr qu’elle
sera vivement intéressée par l’ef
fort de cette troupe d’amateurs qui
monte, chaque année, dans le théâ
tre en bois de Mézières, qui s’élève
à la lisière des bois profonds du
Jorat, des spectacles patriotiques à
grand spectacle.
Quelles sont les origines de ce
théâtre national ? Voici : « La pa
roisse de Mézières sur Lausanne
avait, en 1903, un pasteur remar
quable : Emile Béranger. Comme
les naturels consultaient « leur
ministre » sur la meilleure façon
de célébrer le centième anniver
saire de l’entrée du canton de Vaud
dans la Confédération suisse, Emile
Béranger leur conseilla de deman
der une pièce de circonstance à un
jeune poète qui commençait à fai
re parler de lui, le Morgien René
Morax. La pièce demandée rap-
pèlerait un fait de l’histoire locale
au dix-huitième siècle, les villa
geois l’interpréteraient, les villa
geoises, sous la direction de la
femme du pasteur, confectionne
raient les costumes, un chœur re
cruté parmi les meilleurs chanteurs
de la région ferait entendre la mu
sique due à un compositeur vau-
dois, Alexandre Dénérenz. Le pro
jet fut accepté d’enthousiasme, et
au jour dit, tout était prêt.
...Le pays entier s’intéressa à
l’effort des habitants du Jorat et
le succès de l’entreprise fut tel que
chacun songea à la transformer en
une institution. Ainsi naquit la
« Théâtre du Jorat ». C’est M. Gas
ton Bridel, président de l’Associa
tion du Théâtre, qui nous a ra
conté lui-même les origines de cetta
scène populaire. Il n’y a pas un
Suisse qui n’ait été à Mézières
dans cette salle de spectacle qui a
l’air d’une grange, pour aller ap-
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