Titre : Regards
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1951-02-23
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34447681m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 23 février 1951 23 février 1951
Description : 1951/02/23 (N288). 1951/02/23 (N288).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t511106r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-52336
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2022
I L y a sept ans, en
février 1944, les murs
de nos villes et de nos
villages se couvraient
d'une ignoble affiche
éditée par la « Propa-
gandastaffel » hitlérien*
ne. Ell e annonçait l’as
sassinat des vingt-trois
patriotes du groupe Ma-
nouchian, pour la plu
part, des immigrés, qui
luttaient héroïquement
au côté du peuple fran
çais contre l’envahis
seur. A l’appel du Co
mité Français de Dé
fense des Immigrés, les
résistants célèbrent au
jourd’hui l’anniversaire
de leur mort glorieuse.
Le texte que nous pu
blions ici relate certains
des exploits retentis
sants accomplis par les
combattants du groupe
F.T.P. Manouchian. Il
est extrait d’un livre
commémoratif édité par
le C.F.D.I. et consacré
aux vingt-trois héros.
MANOUCHIAN
le moindre mouvement, de pousser le moin
dre cri. Le détonateur de la bombe avait
été réglé d une façon parfaite. L'engin ex
plosa au moment même où il tombait dans
la voiture. La voiture s'arrêta net, mélange
déchiqueté de ferrailles et de chair. Sui
vant les termes d'un responsable des F.T.P. :
« Tous les occupants de la voiture ont donné
leur âme au diable. »
Tel est l'un des magnifiques exploits réa
lisés par un combattant des Francs-Tireurs
et Partisans français. Le commandant du
« Gross Paris » exécuté en pleine rue ! La
nouvelle fit hurler de colère Hitler lui-même.
L'auteur de cet acte intrépide s'appelait
Rayman. C'était un Polonais auquel son cou
rage exemplaire avait valu le surnom de
« Tchapaiev ». Deux autres héros avaient
participé à l'attentat, assurant la protection
de Rayman : l'Espagnol Alfonso et l'Italien
Fontano. Tous trois appartenaient au déta
chement étranger commandé par le poète
arménien Manouchian, et qui luttaient côto à
côte avec les patriotes français. Manouchian
était l’organisateur de cet attentat, exécuté
par Rayman avec une implacable précision
Mais, faisant suite à une longue enquête, cet
exploit avait été l'objet d’une minutieuse
préparation.
Depuis le début de l'année, en effef, les
Francs-Tireurs et Partisans de Paris étaient
sur les traces du général von Schaumburg.
Pendant plusieurs semaines, il fut question
de déclencher ^attentat au bois de Bou
logne, au cours d'une des promenades mati
nales à cheval du bourreau hitlérien. Mais
les allées du bois étaient farouchement gar
dées par de nombreuses sentinelles. Il était
par ailleurs impossible d'établir an plan de
retraite.
Le général continua donc ses agréables
promenades, sans se douter qu'il était épié
avec vigilance et qu'aucun de ses faits et
gestes n'était perdu. Un nouvel attentat fut
prévu dont la préparation fut confiée au
jeune Roumain Joseph Clisci, « Albert » de
son pseudonyme clandestin.
★
Les préparatifs d'Albert et de son groupe
étaient déjà très avancés : malheureusement,
Albert trouva la mort au cours d'une action,
de celles que les F.T.P. français et étran
gers accomplissaient régulièrement. Ce jour-
là, Albert fit preuve d'un courage extra
ordinaire.
Le combat se déroula à Clichy, devant
l'hôpital Beaujon, où Albert et son groupe
avaient mission d'attaquer à la grenade un
camion allemand. L'opération réussit, mais
les Allemands ouvrirent le feu sur les
F.T.P.F. qui se repliaient. Albert fut blessé
aux jambes. Ne pouvant fuir, il se réfugia
RAYMAN
dans la cave d‘un immeuble voisin et se
prépara à vendre chèrement sa vie. Il pos
sédait encore une grenade anglaise de
750 grammes et huit balles dans son re
volver.
Les autorités militaires allemandes envoyè
rent cinquante hommes pour procéder à l'ar
restation du franc-tireur. Ces derniers inves
tirent méthodiquement tout le quartier. Pen
dant ce temps, Albert, tout en surveillant l'ex
térieur par le soupirail de la cave, pansait
sa blessure.
Bientôt, les Allemands apparurent. Ils
avançaient prudemment. Très maître de lui,
sa grenade à la main, Albert les regardait
approcher. Une grenade de 750 grammes
est une arme terrible. Albert ne voulait pas
la gaspiller. Il attendît que les ennemis fus
sent regroupés et à bonne portée. Les hitlé
riens étaient à moins de vingt mètres. Albert
jugea le moment venu.' Il dégoupilla son
arme, compta dix et jeta la. grenade. L'ex
plosion claqua rageusement, les éclats rico
chèrent jusqu'à cinquante mètres. Six sol
dats ennemis tombèrent. Les autres se re
plièrent, préparant une nouvelle offensive.
De nouveau, Albert, le pistolet au poing,
cette fois, les laissa s'approcher. Par sept
fois, il fit feu. A chaque coup, un Allemand
était touché. Sa huitième balle, Albert la
garda pour lui. Il ne voulait pas tomber
vivant aux mains de ses adversaires. Il se
tira une balle dans la bouche.
Aujourd'hui, sur la façade de l'immeuble
où le Roumain Joseph Clisci, dit Albert,
tomba pour la liberté, une plaque commé
morative rappelle cet exploit héroïque.
★
Le 29 septembre 1943, un exploit sensa
tionnel fut réalisé , par trois combattants du
détachement Manouchian. Le vice-président
Julius Ritter, SS Standartenführer, était
abattu, en pleine rue, dans sa propre voi
ture. Cet acte eut un retentissement consi
dérable jusque dans les camps de concen
tration allemands (la nouvelle parvint à la
forteresse de Mathausen le 3 octobre). Elle
souleva une immense espérance, elle durcit
les volontés. Mais les autorités nazies en
éprouvèrent une rage insensée. Survenant un
mois après celle du général von Schaumburg,
elle témoignait de la volonté inflexible des
Francs-Tireurs et Partisans de faire payer
chèrement leurs crimes aux hitlériens.
Quel était le rôle en France du Standarten
führer Julius Ritter ? C'était, lui, l'homme
du sinistre S.T.O., au Service du travail obli
gatoire, c’étaît lui l'homme des rafles des
jeunes Français que l'on envoyait aux tra
vaux forcés dans les usines allemandes.
C'était lui le négrier de la France. Cinq cent
mille Français et Françaises connaissaient,
par son ordre, la vie harassante des dépor-
FONTANO
tes du travail. L exécution d'un pareil indi
vidu était un acte d'éclatante justice.
Au matin du 29 septembre 1943, alors que
la voiture de Julius Ritter ralentissait à l'an
gle de la rue des Réservoirs et de la rue
Pétrarque, un homme brun, maigre, au vi
sage jeune et énergique, bondit sur l'auto
mobile et tira deux coups de feu à travers
la vitre. Cet homme était Alfonso Celestino,
ancien lieutenant de l'armée républicaine
espagnole, qui continuait sur le sol de France
la lutte commencée en 1936 dans sa patrie
meurtrie.
Julius Ritter, grièvement atteint à la poi
trine, tenta de fuir par la portière opposée
de la voiture. Mais, là, Rayman, le « Tcha
paiev » polonais, l'attendait. Par trois fois,
il tira. L'hitlérien s'abattit. Un troisième
F.T.P. assurait la protection du groupe :
l'Italien Fontano.
Alfonso, Rayman, Fontano, « triangle »
héroïque qui, en moins de deux mois, réali
sait deux des plus retentissants exploits de
l'année 1943, glorieuse et héroïque entre
toutes : l'exécution du général von Schaum-
burg et l'exécution du Standartenführer Ju
lius Ritter.
★
Les détachements immigrés, combattant
sous les ordres de Manouchian, parties inté
grantes des Francs-Tireurs et Partisans fran-
ALFONSO
çais, s'étaient Constitués au début de l'an
née 1942. C'est ainsi que le détachement
roumain fut créé en février 1942. Mais, bien
avant ces dates, les immigrés combattaient
déjà dans les rangs des F.T.P. Dans le Nord.
l'Italien Ferrari et le Polonais Pawlowslti
s'étaient couverts dé gloire au cours des
grèves patriotiques de mai 1941, dirigées
par Auguste Lecœur. A Paris également,
nombreux étaient les immigrés qui luttaient
sous le commandement, notamment, de Pierre
Georges.^qui devait devenir le légendaire co
lonel Fabien. Opérant sous ses ordres, deux
jeunes Polonais, au cours d'une attaque à la
grenade exécutée contre un hôtel occupé par
les troupes allemandes, firent preuve d'un
courage exemplaire et tombèrent en héros.
Ces deux valeureux soldats s'appelaient Mau
rice Feld et Maurice Feferman ; ils étaient
respectivement âgés de dix-sept et vingt
ans.
L'attaque eut lieu le 10 mai 1942, à cinq
heures de l'après-midi. Les grenades, lan
cées avec adresse, pénétrèrent dans l’hôtel
par les fenêtres. Les explosions retentirent
sourdement dans l'immeuble, bientôt suivies
par des hurlements de douleur. Mais les
Allemands ripostèrent aussitôt en ouvrant le
feu sur les deux jeunes F.T.P. qui se re
pliaient. Maurice Feld réussit à s'enfuir, mais
Maurice Feferman, auquel sa gentillesse
avait valu de ses camarades le surnom de
« Fi-fi », se trouva encerclé rue des Petites-
Ecuries. Camouflé à l'angle d'une porte, il
se prépara à lutter jusqu'à la mort. De par
tout, les coups de feu partaient dans sa di
rection. Les balles ricochaient sur les murs.
C'est alors que Maurice Feld reparut dans
la bataille. Les deux jeunes francs-tireurs
avaient fait le serment qu'aucun des deux
n'abandonnerait l'autre en cas de danger.
Entendant les coups de feu, le jeune Feld
comprit que son camarade était sérieusement
menacé. Il aurait pu fuir. Mais sa parole
de franc-tireur était engagée, son honneur
lui ordonnait de courir au‘secours de son
compagnon d'armes. La bataille redoubla
d'intensité. Mais, submergés par le nombre,
les deux jeunes héros succombèrent. Mor
tellement touché, « Fifi » tomba le premier.
Le veston qu'il portait ce jour-là est au
jourd'hui pieusement conservé par les sur
vivants du groupe Manouchian. Il est troué
par vingt-cinq balles hitlériennes. Maurice
Feld tomba le deuxième. Il n'était que
blessé, mais très grièvement. Les Allemands
poussèrent la cruauté jusqu'à le transporter
à l'hôpital, où ils le soignèrent jusqu'à ce
que le jeune homme fût rétabli. Puis ils le
fusillèrent.
Aujourd'hui, 58, rue des Petites-Ecuries,
une plaque rappelle ce combat exemplaire,
ce vrai combat de F.T.P. où l’héroïsme se
mêla à la plus exaltante des fraternités.
15
février 1944, les murs
de nos villes et de nos
villages se couvraient
d'une ignoble affiche
éditée par la « Propa-
gandastaffel » hitlérien*
ne. Ell e annonçait l’as
sassinat des vingt-trois
patriotes du groupe Ma-
nouchian, pour la plu
part, des immigrés, qui
luttaient héroïquement
au côté du peuple fran
çais contre l’envahis
seur. A l’appel du Co
mité Français de Dé
fense des Immigrés, les
résistants célèbrent au
jourd’hui l’anniversaire
de leur mort glorieuse.
Le texte que nous pu
blions ici relate certains
des exploits retentis
sants accomplis par les
combattants du groupe
F.T.P. Manouchian. Il
est extrait d’un livre
commémoratif édité par
le C.F.D.I. et consacré
aux vingt-trois héros.
MANOUCHIAN
le moindre mouvement, de pousser le moin
dre cri. Le détonateur de la bombe avait
été réglé d une façon parfaite. L'engin ex
plosa au moment même où il tombait dans
la voiture. La voiture s'arrêta net, mélange
déchiqueté de ferrailles et de chair. Sui
vant les termes d'un responsable des F.T.P. :
« Tous les occupants de la voiture ont donné
leur âme au diable. »
Tel est l'un des magnifiques exploits réa
lisés par un combattant des Francs-Tireurs
et Partisans français. Le commandant du
« Gross Paris » exécuté en pleine rue ! La
nouvelle fit hurler de colère Hitler lui-même.
L'auteur de cet acte intrépide s'appelait
Rayman. C'était un Polonais auquel son cou
rage exemplaire avait valu le surnom de
« Tchapaiev ». Deux autres héros avaient
participé à l'attentat, assurant la protection
de Rayman : l'Espagnol Alfonso et l'Italien
Fontano. Tous trois appartenaient au déta
chement étranger commandé par le poète
arménien Manouchian, et qui luttaient côto à
côte avec les patriotes français. Manouchian
était l’organisateur de cet attentat, exécuté
par Rayman avec une implacable précision
Mais, faisant suite à une longue enquête, cet
exploit avait été l'objet d’une minutieuse
préparation.
Depuis le début de l'année, en effef, les
Francs-Tireurs et Partisans de Paris étaient
sur les traces du général von Schaumburg.
Pendant plusieurs semaines, il fut question
de déclencher ^attentat au bois de Bou
logne, au cours d'une des promenades mati
nales à cheval du bourreau hitlérien. Mais
les allées du bois étaient farouchement gar
dées par de nombreuses sentinelles. Il était
par ailleurs impossible d'établir an plan de
retraite.
Le général continua donc ses agréables
promenades, sans se douter qu'il était épié
avec vigilance et qu'aucun de ses faits et
gestes n'était perdu. Un nouvel attentat fut
prévu dont la préparation fut confiée au
jeune Roumain Joseph Clisci, « Albert » de
son pseudonyme clandestin.
★
Les préparatifs d'Albert et de son groupe
étaient déjà très avancés : malheureusement,
Albert trouva la mort au cours d'une action,
de celles que les F.T.P. français et étran
gers accomplissaient régulièrement. Ce jour-
là, Albert fit preuve d'un courage extra
ordinaire.
Le combat se déroula à Clichy, devant
l'hôpital Beaujon, où Albert et son groupe
avaient mission d'attaquer à la grenade un
camion allemand. L'opération réussit, mais
les Allemands ouvrirent le feu sur les
F.T.P.F. qui se repliaient. Albert fut blessé
aux jambes. Ne pouvant fuir, il se réfugia
RAYMAN
dans la cave d‘un immeuble voisin et se
prépara à vendre chèrement sa vie. Il pos
sédait encore une grenade anglaise de
750 grammes et huit balles dans son re
volver.
Les autorités militaires allemandes envoyè
rent cinquante hommes pour procéder à l'ar
restation du franc-tireur. Ces derniers inves
tirent méthodiquement tout le quartier. Pen
dant ce temps, Albert, tout en surveillant l'ex
térieur par le soupirail de la cave, pansait
sa blessure.
Bientôt, les Allemands apparurent. Ils
avançaient prudemment. Très maître de lui,
sa grenade à la main, Albert les regardait
approcher. Une grenade de 750 grammes
est une arme terrible. Albert ne voulait pas
la gaspiller. Il attendît que les ennemis fus
sent regroupés et à bonne portée. Les hitlé
riens étaient à moins de vingt mètres. Albert
jugea le moment venu.' Il dégoupilla son
arme, compta dix et jeta la. grenade. L'ex
plosion claqua rageusement, les éclats rico
chèrent jusqu'à cinquante mètres. Six sol
dats ennemis tombèrent. Les autres se re
plièrent, préparant une nouvelle offensive.
De nouveau, Albert, le pistolet au poing,
cette fois, les laissa s'approcher. Par sept
fois, il fit feu. A chaque coup, un Allemand
était touché. Sa huitième balle, Albert la
garda pour lui. Il ne voulait pas tomber
vivant aux mains de ses adversaires. Il se
tira une balle dans la bouche.
Aujourd'hui, sur la façade de l'immeuble
où le Roumain Joseph Clisci, dit Albert,
tomba pour la liberté, une plaque commé
morative rappelle cet exploit héroïque.
★
Le 29 septembre 1943, un exploit sensa
tionnel fut réalisé , par trois combattants du
détachement Manouchian. Le vice-président
Julius Ritter, SS Standartenführer, était
abattu, en pleine rue, dans sa propre voi
ture. Cet acte eut un retentissement consi
dérable jusque dans les camps de concen
tration allemands (la nouvelle parvint à la
forteresse de Mathausen le 3 octobre). Elle
souleva une immense espérance, elle durcit
les volontés. Mais les autorités nazies en
éprouvèrent une rage insensée. Survenant un
mois après celle du général von Schaumburg,
elle témoignait de la volonté inflexible des
Francs-Tireurs et Partisans de faire payer
chèrement leurs crimes aux hitlériens.
Quel était le rôle en France du Standarten
führer Julius Ritter ? C'était, lui, l'homme
du sinistre S.T.O., au Service du travail obli
gatoire, c’étaît lui l'homme des rafles des
jeunes Français que l'on envoyait aux tra
vaux forcés dans les usines allemandes.
C'était lui le négrier de la France. Cinq cent
mille Français et Françaises connaissaient,
par son ordre, la vie harassante des dépor-
FONTANO
tes du travail. L exécution d'un pareil indi
vidu était un acte d'éclatante justice.
Au matin du 29 septembre 1943, alors que
la voiture de Julius Ritter ralentissait à l'an
gle de la rue des Réservoirs et de la rue
Pétrarque, un homme brun, maigre, au vi
sage jeune et énergique, bondit sur l'auto
mobile et tira deux coups de feu à travers
la vitre. Cet homme était Alfonso Celestino,
ancien lieutenant de l'armée républicaine
espagnole, qui continuait sur le sol de France
la lutte commencée en 1936 dans sa patrie
meurtrie.
Julius Ritter, grièvement atteint à la poi
trine, tenta de fuir par la portière opposée
de la voiture. Mais, là, Rayman, le « Tcha
paiev » polonais, l'attendait. Par trois fois,
il tira. L'hitlérien s'abattit. Un troisième
F.T.P. assurait la protection du groupe :
l'Italien Fontano.
Alfonso, Rayman, Fontano, « triangle »
héroïque qui, en moins de deux mois, réali
sait deux des plus retentissants exploits de
l'année 1943, glorieuse et héroïque entre
toutes : l'exécution du général von Schaum-
burg et l'exécution du Standartenführer Ju
lius Ritter.
★
Les détachements immigrés, combattant
sous les ordres de Manouchian, parties inté
grantes des Francs-Tireurs et Partisans fran-
ALFONSO
çais, s'étaient Constitués au début de l'an
née 1942. C'est ainsi que le détachement
roumain fut créé en février 1942. Mais, bien
avant ces dates, les immigrés combattaient
déjà dans les rangs des F.T.P. Dans le Nord.
l'Italien Ferrari et le Polonais Pawlowslti
s'étaient couverts dé gloire au cours des
grèves patriotiques de mai 1941, dirigées
par Auguste Lecœur. A Paris également,
nombreux étaient les immigrés qui luttaient
sous le commandement, notamment, de Pierre
Georges.^qui devait devenir le légendaire co
lonel Fabien. Opérant sous ses ordres, deux
jeunes Polonais, au cours d'une attaque à la
grenade exécutée contre un hôtel occupé par
les troupes allemandes, firent preuve d'un
courage exemplaire et tombèrent en héros.
Ces deux valeureux soldats s'appelaient Mau
rice Feld et Maurice Feferman ; ils étaient
respectivement âgés de dix-sept et vingt
ans.
L'attaque eut lieu le 10 mai 1942, à cinq
heures de l'après-midi. Les grenades, lan
cées avec adresse, pénétrèrent dans l’hôtel
par les fenêtres. Les explosions retentirent
sourdement dans l'immeuble, bientôt suivies
par des hurlements de douleur. Mais les
Allemands ripostèrent aussitôt en ouvrant le
feu sur les deux jeunes F.T.P. qui se re
pliaient. Maurice Feld réussit à s'enfuir, mais
Maurice Feferman, auquel sa gentillesse
avait valu de ses camarades le surnom de
« Fi-fi », se trouva encerclé rue des Petites-
Ecuries. Camouflé à l'angle d'une porte, il
se prépara à lutter jusqu'à la mort. De par
tout, les coups de feu partaient dans sa di
rection. Les balles ricochaient sur les murs.
C'est alors que Maurice Feld reparut dans
la bataille. Les deux jeunes francs-tireurs
avaient fait le serment qu'aucun des deux
n'abandonnerait l'autre en cas de danger.
Entendant les coups de feu, le jeune Feld
comprit que son camarade était sérieusement
menacé. Il aurait pu fuir. Mais sa parole
de franc-tireur était engagée, son honneur
lui ordonnait de courir au‘secours de son
compagnon d'armes. La bataille redoubla
d'intensité. Mais, submergés par le nombre,
les deux jeunes héros succombèrent. Mor
tellement touché, « Fifi » tomba le premier.
Le veston qu'il portait ce jour-là est au
jourd'hui pieusement conservé par les sur
vivants du groupe Manouchian. Il est troué
par vingt-cinq balles hitlériennes. Maurice
Feld tomba le deuxième. Il n'était que
blessé, mais très grièvement. Les Allemands
poussèrent la cruauté jusqu'à le transporter
à l'hôpital, où ils le soignèrent jusqu'à ce
que le jeune homme fût rétabli. Puis ils le
fusillèrent.
Aujourd'hui, 58, rue des Petites-Ecuries,
une plaque rappelle ce combat exemplaire,
ce vrai combat de F.T.P. où l’héroïsme se
mêla à la plus exaltante des fraternités.
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