Titre : La Croix de Touraine : supplément à La Croix de Paris ["puis" journal hebdomadaire]
Éditeur : [s.n.] (Tours)
Date d'édition : 1895-04-28
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32753124w
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 28 avril 1895 28 avril 1895
Description : 1895/04/28 (A4,N180). 1895/04/28 (A4,N180).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG37 Collection numérique : BIPFPIG37
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t51071649q
Source : Archives départementales d'Indre-et-Loire, 2038 PERU
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 07/05/2023
Aussitôt après le discours de Mgr Pagis,
la statue de Jeanne a été bénite solennel-
lement par Mgr Renou, évêque d’Amiens.
Le cortège se rend ensuite au salut so-
lennel où les artistes se sont fait entendre
comme à l’office du matin.
*
* «
Les fêles du soir ont été mieux favori-
sées par le temps que celles de la journée.
La pluie a cessé complètement vers cinq
heures et demie. A 8 h. les illuminations
ont commencé.
La retraite aux flambeaux, à laquelle ont
pris part les musiques de Ste-Calherine-
de-Fierbois, a eu un grand succès. A 10 h.
M. Besnard, l’artificier bien connu à Tours
a tiré un grand feu d’artifice. La pièce
principale qui était la reproduction de la
statue de Jeanne d’Arc, d’une hauteur de
7 mètres, a été très applaudie et a parfai-
tement réussi.
C'était le complément nécessaire d'une
belle fête à laquelle plus de quatre mille
personnes ont pris part.
En terminant,,qu’il nous soit permis de
féliciter deux hommes surtout, M. le curé
et M. le maire de Sle-Calherine qui ont si
bien montré comment le zèle apostolique,
et la fortune, fécondés par une connais-
sance intelligente du devoir social, peu-
vent amener la joie dans une commune et
y faire régner l’union et une véritable paix.
A. B.
PKÉLUDES
de la vie de Jeanne d’Arc
Les parents de Jeanne d’Arc étaient
d’honnêtes laboureurs de condition libre,
famille où l’honneur sans tache, la vie la-
borieuse, les coeurs purs et bons, laissaient
germer dans toute la simplicité populaire
les instincts religieux et patriotiques.
Jeanne grandit l’âme ouverte aux récits
du foyer qui lui parlent de Dieu et de la
France !
Bien qu’elle se mêlât aux jeux de ses
amies, et qu’elle prît part volontiers à
leurs rondes sur la pelouse, devant la cha-
pelle, elle n’était point folâtre, atteste l’une
d’elles, ni danseuse. Pendant leurs jeux,
elle se retirait quelquefois à part, et l’on
voyait qu’elle s’entretenait avec Dieu.
Son honheur était d’aller à l’église et
d’épancher son coeur devant le tabernacle.
Telle était sa piété envers le saint Sacre-
ment,que la vue de l’hostie consacrée fai-
sait doucement couler ses larmes.
Chaque samedi elle allait en pèlerinage
à N.-D. de Bermont, sanctuaire vénéré,
situé non loin de Domrémy,et y offrait des
cierges.
Elle se plaisait tellement au son des
cloches, dit un chroniqueur, qu’elle pro-
mettait au sonneur des écheveauxdelaine
à-la quête d’automne afin qu’il sonnât plus
longtemps V Angélus.
Cette piété, si rare et si tendre, se tra-
duisait par une inviolable fidélité au de-
voir. Au-dessus du seuil de sa maison, on
aperçoit encore aujourd’hui un soc de
charrue avec ces paroles : «Vive labeur!»
Ce fut bien la devise de Jeanne.
Elle est si assidue à l’ouvrage, nous
disent les contemporains, qu’il lui arrive
souvent de rester à son rouet ou à son fu-
seau jusque bien avant dans la nuit.
Telle est son habileté au travaux de
l’aiguille, que personne ne peut lui en re-
montrer. Et elle même nous apprend avec
un naïf orgueil « qu’elle sait coudre aussi
merveilleusement qu’une femme de la
ville.»
Les rudes travaux des champs eux-
mêmes ne lui sont pas étrangers. Elle les
partage avec son père et ses frères. •
La main qui devait sauver la France
conduisit plus d’une fois la charrue.
A l’amour du travail, Jeanne joignit
celui des bonnes oeuvres. Si peu d’argent
qu’elle eût, elle en avait pour l’aumône.
Elle consolait les malades, les blessés,
recueillait des pauvres, elle leur donnait
place au foyer, elle leur cédait même son
lit, secondée dans sa charité par la reli-
gieuse condescendance de ses parents.
La miséricorde est l’instinct des âmes
que Dieu destine aux grandes oeuvres de
relèvement. Il fallait que lecoeur de Jeanne
lût largement ouvert au sentiment divin
de la compassion, afin qu’elle pût dire
comme le divin Maître le misereor super
turbam, afin qu’elle eût le sentiment « de
la grande pitié qui était au royaume de
France » et qu’elle sût panser les bles-
sures de la patrie.
Cette jeune fille bonne, innocente et
douce, on raconte que tout l’aimait, les
hommes et la nature.
Des légendes contemporaines nous
montrent les oiseaux du ciel venant man-
ger dans sa main, et les loups respectant
les brebis de son troupeau. En un mot
nous disent les choniqueurs, l’on ne trou-
vait pas sa pareille en humilité, virginité,
dévotion, honnêteté et simplicité.
Cette vie obscure, calme et paisible,
Jeanne l’aimera toujours. Devenue « chef
de guerre», transportée au milieu des ha-
sards des combats et au sein de l’éclat qui
marquait sa marchevictorieuse sur Reims,
elle se complaisait aux souvenirs de son
enfance. Après la prise de Troyes, tandis
qu’à la suite de Charles VII elle chevau-
che sur son noir coursier, avec sa blanche
armure et son triomphant étendard, dans
tout l’équipage d’un noble comte, écoulez
la confidence qu’elle fait à l’archevêque
de Reims des secrets sentiments de son
coeur. «Plût à Dieu,dit-elle, que je puisse
maintenant me retirer et abandonner les
armes pour retourner servir mon père et
ma mère et garder leurs moutons avec
ma soeur et mes frères,quiseraientsi heu-
reux de me revoir ! »
Et plus tard, dans sa prison, à l’heure
des suprêmes angoisses,elle opposera aux
douleurs présentes les félicités de ces
obscures années et s’en réconfortera com-
me d’une fraîcheur de son matin. « La
bonté divine, a dit un grand orateur,aime
â ménager le jeune âge : elle ne jette pas
d’ordinaire sur le front de l’aurore, sur
ses teintes gracieuses,les noirs nuages de
la tempête. Prévoyant un soir si oiageux,
Dieu prit en pitié Jeanne, sa douce petite
créature, et répandit la paix sur son en-
fance, sur les premières heures du jour
de sa vie, par une touchante compensa-
tion que le coeur rencontre presque tou-
jours comme une loi providentielle qui le
console. »
LA PUCELLE
SOLDAT ET CAPITAINE ACCOMPLI
Au rapport de chroniqueurs, témoins
oculaires, voici ce que contempla la cour
à la première arrivée de Jeanne d’Arc à
Chinon,
« Elle parlait et devisait des ordon-
nances et du fait de la guerre, autant et
en aussi bons termes qu’eussent su et pu
faire les chevaliers et écuyers étant conti-
nuellement au fait de Ig. guerre. Et s’é-
merveillaient docteurs et capitaines et
autres de son fait et des réponses qu’elle
faisait, tant de la chose divine que de la
guerre. Et entr’autres choses elle était la
plus simple bergère que oncques l’on vit.»
Non seulement la Pucelle parlait du
fait de la guerre, elle montrait dès lors
qu’elle excellait dans les exercices du par-
fait chevalier : «Elle courait la lance aussi
bien et mieux qu’homme d’armes qu’il
fut ; elle chevauchait les coursiers noirs,
tels et si malicieux, qu’il n’était nul qui
osât bonnement les chevaucher. »
Et cependant, d’après le premier secré-
taire du roi, Alain Chartier, c’était seu-
lement à son départ de Vaucouleurs, quel-
ques semaines avant, qu’elle était montée
à cheval pour la première fois.
Elle avait le goût de son nouveau mé-
tier.
C’est ce qui ressort du portrait que
trace d’elle un des grands dignitaires
de la cour de Boulainvilliers, dans une
lettre au duc de Milan.
La voici dans son entier : « La Pucelle
a la beauté qui convient,quelque chose de
viril dans le port; elle parle peu, mais
toujours avec un merveilleux à propos.
Sa voix est grêle comme celle d’une fem-
me; elle ne mange presque pas, et en
fait de vin, bois moins encore.
« Elle se plaît au maniement du cheval
et des belles armes, affectionne les hom-
mes de guerre et les gentilshommes, n’a
que de l’éloignement pour les réunions
nombreuses et les cou versations bruyantes;
ses larmes sont habituelles et abondantes;
son visage est avenant et serein ; nul ne
fut jamais si dur à la fatigue, si bien
qu’elle peut rester six jours et six nuits
sans détacher une seule pièce de son ar-
mure. Elle vénère le roi. »
Les détails de cette lettre du 21 juin
1429 seront complétés par un extrait d’une
autre lettre, qu’à la date du 8 juin le jeune
seigneur de Laval écrivait à sa mère et à
sa grand’mère de Selles, où il avait reçu
l’héroïne.
« Je la vis monter à cheval armée tout
en blanc, sauf la tète, une petite hache en
main, sur un grand coursier noir, qui à
l’huis (porte) de son logisse démenait fort,
et ne souffrait qu’elle montât, et lors elle
dit : « Menez-le à la croix, » qui était de-
vant l’église, au près, au chemin; et lors
elle monta sans qu’il se mût, comme s’il
était lié ; et lors se tourna vers l’huis de
l’église qui était bien prochain, et dit en
assez voix de femme : « Vous les prêtres
et gens d’église, faites processions et
prières à Dieu.» Et lors se retourna à son
chemin en disant : « Tirez avant, tirez
avant,» son étendard ployé que portait
un gracieux page, et avait sapetite hache
en main, et un sien frère qui est venu
depuis huit jours partait aussi avec elle,
tout armé en blanc. »
Un ange guerrier, prenant chair et
sang, apparaîtrait-il sous d’autres traits?
L’ange apparaissait bien mieux encore
dans la bataille.
Un des preux qui avaient combattu avec
Jeanne à Orléans et à Patay, Thibaud
d’Armagnac, seigneur de Thermes, fai-
sait sous la foi du serment la déposition
suivante : «En dehors de la guerre, Jeanne
était la simplicité même; mais elle était
le plus habile et le plus expérimenté des
capitaines, quand il fallait conduire une
armée, la disposer, ordonner la bataille,
animer les combattants. Impossible de
» montrer plus de courage et d’habileté
qu’elle ne le fit, à l’assaut des bastilles
d’Orléans.»
Les redoutablee forteresses renversées,
il n’y eut qu’une voix parmi les généraux*
« Pas de chef, pour expérimenté qu’il eût
été, n’aurait déployé tant de génie.»
« Je l’ai vue, disait Dunois, faire en
quelques heures ce que n’auraient pas fait
en m jour deux ou trois généraux des plus
renommés. »
Il serait aussi fastidieux que facile de
multiplier semblables dépositions.
Spectacle d’autant plus merveilleux que
le plus souvent les chefs n’approuvaient
pas les plans de la Pucelle. Forte de l’en-
thousiasme de la foule, elle devait les en-
traîner à exécuter ce qu’ils avaient désap-
prouvé, et ce que le succès les forçait
d’admirer, car, écrit un chroniqueur,
« quand ils la croyaient, bien leur en pre-
nait ; au contraire, quand ils voulaient
exécuter leur opinion, mal leur en pre-
nait 1.»
Le premier secrétaire du roi, Alain
Chartier, dans une lettre à un prince
étranger, résumait ainsi les faits et l’im-
pression qu’ils laissaient :
« Quelle est la qualité de l’homme de
guerre quel ne possède pas la Pucelle ?
Est-ce la prudence ? la sienne est admi-
rable. Le courage? nul n’en est doué
comme elle. L’activité? c’est celle des
purs esprits. Est-ce la vertu, l’équité, le
coup de main fortuné? Jamais on ne les
vit à ce degré. Faut-il en venir aux mains
avec l’ennemi ? Elle dirige l’armée, as-
sied le camp, range les soldats en ordre
de bataille. Les devoirs du général une
fois remplis, ce sont ceux du soldat qui
commencent Non, ce n’est pas de la
terre, c’est du ciel qu’elle est venue pour
soutenir de sa tête etdeson bras laFrance
croulante. »
Comment ne pas être de l’avis du cé-
lèbre écrivain, si bien à portée pour tout
voir et pour tout entendre ?
R. P. AYROLES.
{Jeanne-d'Arc sur les autels).
LE SURNATUREL
DANS LA
VÈNÈRABLEJEANNED’ARC
Conférence de S. Em. Révérendissime le car-
dinal L. M. Paroochi, au couvent des Dames
de V Assomption de Rome, le 17 janvier
1895..
Le surnaturel en Jeanne d’Arc ne peut
être révoqué en doute sans qu’on descende
à celte alternative : la Pucelle d’Orléans
a été ou mauvaise o i illusionnée. Mau-
vaise, la vierge de Domrémy ! Ce mot seul
jure avec ses rares vertus, admirées de
ses contemporains et authentiquement at-
testées au procès de réhabilitation. Illu-
sionnée! Mais alors, comment ces prédic-
tions se seraient-elles vérifiées ? Comment
enfin aurait-elle, même du haut du bû-
cher, assurer le triomphe final ?
Donc, la grandiose figure de la libéra-
trice française, le cycle glorieux de ses
journées si brèves, qui marquent pour-''
tant une époque dans l’histoire ne sau-
raient s’expliquer et ne s’expliquent, en
effet, qu’en recourant au surnaturel : A
Domino factum est istud et est mirabile in
oculis nostris : «C’est Dieu qui a fait cela ;
et cela est admirable à nos yeux. »
Bien et depuis longtemps démodé est le
système qui condamnait Jeanne à être le
jouet des rêveries les plus honteuses de la
lubricité. Aujourd’hui, Voltaire ne pour-
rait ni offrir au public, ni même songer à
écrire son infâme poème, vrai crime de
lèse-patrie ; et la Pucelle ne trouverait
plus la plume trop complaisante d’un
Monti pour la revêtir des élégances de la
langue italienne. Aujourd’hui, un auteur
anglais est allé jusqu’à se faire gloire de
n’avoir jamais lu ce poème criminel, et
l’Allemand Schiller s’est fait un mérite en
écrivant, comme une éloquente protesta-
tion, sa tragédie de Jeanne d’Arc.
Démodée aussi la théorie fantaisiste de
Michelet qui, pour découronner le front
de Jeanne de son auréole surnaturelle, a
voulu en faire une hallucinée: sincère,
simple, de bonne foi, oui; mais entraînée,
dominée par les nerfs 1
C’est vraiment faire trop d’honneur à
ces pauvres nerfs que de les croire capa-
bles de créer l’héroïsme de Jeanne d'Arc!
Je voudrais voir si, de la Salpétrière,cette
fameuse école do névrose, pourrait sortir
aujourd’hui, non plus une fillette, mais
un homme qui ramenât la France aux
chevaleresques grandeurs des croisades,
ou même encore, si cette école peut sim-
plement produire un publiciste, un écri-
vain de marque dans le monde des scien-
ces et des arts.
Les nerfs exaspèrent la sensibilité, en-
flamment l’imagination ; leurs crises
d’excitation peuvent dans une certaine
mesure atténuer l’imputabilité des actions
humaines, mais non pas effacer le code
intérieur de la conscience, moins encore
supprimer les articles du code criminel ;
très puissants à nous faire souffrir, les
nerfs sont radicalement incapables de
créer quoi que ce soit.
Inutile donc de chercher le secret de
Jeanne dans son prétendu hystérisme.
Hystérique, cette enfant si droite, si cons-
tamment sage, en qui, comme le dit à
bon droit un auteur récent, nous voyons
unis la rectitude, le bon sens, l’esprit, la
finesse, la générosité, l’élan de la nation
française qui en est si riche ! Hystérique,
cette vaillante, toujours en pleine cons-
cience de ses actes, sûre du résultat et
merveilleusement renseignée sur les
moyens les plus propres à atteindre la fin
qu’elle s’était proposée dès le début de sa
magnanime entreprise : la libération de
la patrie ! Hystérique, cette vierge intré-
pide qui dirige vers de nouvelles desti-
nées les vicissitudes de son pays, crée
une époque et laisse de son passage ici-
bas une trace indélébile dans l’histoire du
monde ! Si ce sommet des grandeurs,
Jeanne l’a atteint par la vertu des nerfs,
les nerfs deviennent, par je ne sais quelle
alchimie, une force colossale, une puis-
sance de premier ordre à laquelle il ne
manque vraiment plus que le nom pour
avoir tous les caractères du surnaturel.
{Extrait de la Croix supplément).
Ballade des Dames guerrières
LE DUC D’ORLÉANS
Ils sont en fuite !... les Anglais !..
En fuite !... les Anglais ! Voilà bonnes nouvelles!
Orléans, Dieu merci ! reste donc aux Français ,
Une femme... a détruit les bastilles rebelles
Et jusqu’au château des Tourelles ! —
Dieu punit le parjure... Incroyable succès !...
J'ai besoin de chanter, tant j’ai bonheur dans
[l’âme. —
Je veux chanter le fait de cette illustre dame !
{Il va prendre à la muraille une sorte de
guitare y suspendue, et s'assied ensuite. Im-
provisation : musique).
Aux temps des Grecs et des païens,
Fut-il jamais telle aventure
Que la grande déconfiture
Des chefs anglais, ces mauvais chiens,
Quand, aux murs d’Orléans-la-Belle,
Tournèrent dos... en tout honneur,—
Grâce à Jésus Notre Seigneur
Et Jeanne la Bonne Pucelle ?
Jamais Sémiramis-la-Grand’
Fit-elle si haute prouesse,
Ni Débora la prophétesse,
Ni Jahel, à grands coups férant, —
Que devant Orléans-la-BelIe,
Quand Français marchaient pleins d’ardeur,
Grâce à Jésus Notre Seigneur
Et Jeanne la Bonne Pucelle?
Le fameux siège de Sidon,
Celui d’Argos ou de Carthage,
Où femmes eurent grand courage
Valent-ils d’aucune façon
Le siège d’Orléans-la-Belle,
Où Suffolk joua de malheur,
Grâce à Jésus Notre Seigneur
Et Jeanne la Bonne Pucelle ?
Venez ci, — venez, Thomyris,
Brave reine des Amazones,
Et vous, les guerrières Ambrones,
Voir par poulette un renard pris ;
Voir chassé d’Orléans-la-Belle
Talbot (Talbot toujours vainqueur),
Grâce à Jésus Notre Seigneur
Et Jeanne la Bonne Pucelle ?(
Oncques ne seront tels effets,
Dont femmes gagnent tant de gloire.
Chroniqueurs chroniquant l’histoire
S'étonneront de ces hauts-faits,
Des combats d’Orléans-la-Belle
Où France retrouva son coeur,
Grâce à Jésus Notre Seigneur
Et Jeanne la Bonne Pucelle ?...
Moi-même, Charles d’Orléans,
Je me réveille à l’espérance, —
Moi, loin des rivages de France
Exilé depuis quatorze ans, —
Reverrais Orléans-la-Belle !...
Peut-être auiai-je ce bonheur,
Grâce à Jésus Notre Seigneur
Et Jeanne la Bonne Pucelle ?...
Oui 1 les ramenant au plus court, •—
Oui ! la Pucelle salutaire
Poursuivra jusqu’en Angleterre
Les anciens vainqueurs d’Azincourt ! —
Ah ! la revanche sera belle.
Et moi, libre (libre, ô douceur ! )
Je bénirai Notre Seigneur
Et Jeanne la Bonne Pucelle.
Tours. Impr. Barbot-Berruer»
la statue de Jeanne a été bénite solennel-
lement par Mgr Renou, évêque d’Amiens.
Le cortège se rend ensuite au salut so-
lennel où les artistes se sont fait entendre
comme à l’office du matin.
*
* «
Les fêles du soir ont été mieux favori-
sées par le temps que celles de la journée.
La pluie a cessé complètement vers cinq
heures et demie. A 8 h. les illuminations
ont commencé.
La retraite aux flambeaux, à laquelle ont
pris part les musiques de Ste-Calherine-
de-Fierbois, a eu un grand succès. A 10 h.
M. Besnard, l’artificier bien connu à Tours
a tiré un grand feu d’artifice. La pièce
principale qui était la reproduction de la
statue de Jeanne d’Arc, d’une hauteur de
7 mètres, a été très applaudie et a parfai-
tement réussi.
C'était le complément nécessaire d'une
belle fête à laquelle plus de quatre mille
personnes ont pris part.
En terminant,,qu’il nous soit permis de
féliciter deux hommes surtout, M. le curé
et M. le maire de Sle-Calherine qui ont si
bien montré comment le zèle apostolique,
et la fortune, fécondés par une connais-
sance intelligente du devoir social, peu-
vent amener la joie dans une commune et
y faire régner l’union et une véritable paix.
A. B.
PKÉLUDES
de la vie de Jeanne d’Arc
Les parents de Jeanne d’Arc étaient
d’honnêtes laboureurs de condition libre,
famille où l’honneur sans tache, la vie la-
borieuse, les coeurs purs et bons, laissaient
germer dans toute la simplicité populaire
les instincts religieux et patriotiques.
Jeanne grandit l’âme ouverte aux récits
du foyer qui lui parlent de Dieu et de la
France !
Bien qu’elle se mêlât aux jeux de ses
amies, et qu’elle prît part volontiers à
leurs rondes sur la pelouse, devant la cha-
pelle, elle n’était point folâtre, atteste l’une
d’elles, ni danseuse. Pendant leurs jeux,
elle se retirait quelquefois à part, et l’on
voyait qu’elle s’entretenait avec Dieu.
Son honheur était d’aller à l’église et
d’épancher son coeur devant le tabernacle.
Telle était sa piété envers le saint Sacre-
ment,que la vue de l’hostie consacrée fai-
sait doucement couler ses larmes.
Chaque samedi elle allait en pèlerinage
à N.-D. de Bermont, sanctuaire vénéré,
situé non loin de Domrémy,et y offrait des
cierges.
Elle se plaisait tellement au son des
cloches, dit un chroniqueur, qu’elle pro-
mettait au sonneur des écheveauxdelaine
à-la quête d’automne afin qu’il sonnât plus
longtemps V Angélus.
Cette piété, si rare et si tendre, se tra-
duisait par une inviolable fidélité au de-
voir. Au-dessus du seuil de sa maison, on
aperçoit encore aujourd’hui un soc de
charrue avec ces paroles : «Vive labeur!»
Ce fut bien la devise de Jeanne.
Elle est si assidue à l’ouvrage, nous
disent les contemporains, qu’il lui arrive
souvent de rester à son rouet ou à son fu-
seau jusque bien avant dans la nuit.
Telle est son habileté au travaux de
l’aiguille, que personne ne peut lui en re-
montrer. Et elle même nous apprend avec
un naïf orgueil « qu’elle sait coudre aussi
merveilleusement qu’une femme de la
ville.»
Les rudes travaux des champs eux-
mêmes ne lui sont pas étrangers. Elle les
partage avec son père et ses frères. •
La main qui devait sauver la France
conduisit plus d’une fois la charrue.
A l’amour du travail, Jeanne joignit
celui des bonnes oeuvres. Si peu d’argent
qu’elle eût, elle en avait pour l’aumône.
Elle consolait les malades, les blessés,
recueillait des pauvres, elle leur donnait
place au foyer, elle leur cédait même son
lit, secondée dans sa charité par la reli-
gieuse condescendance de ses parents.
La miséricorde est l’instinct des âmes
que Dieu destine aux grandes oeuvres de
relèvement. Il fallait que lecoeur de Jeanne
lût largement ouvert au sentiment divin
de la compassion, afin qu’elle pût dire
comme le divin Maître le misereor super
turbam, afin qu’elle eût le sentiment « de
la grande pitié qui était au royaume de
France » et qu’elle sût panser les bles-
sures de la patrie.
Cette jeune fille bonne, innocente et
douce, on raconte que tout l’aimait, les
hommes et la nature.
Des légendes contemporaines nous
montrent les oiseaux du ciel venant man-
ger dans sa main, et les loups respectant
les brebis de son troupeau. En un mot
nous disent les choniqueurs, l’on ne trou-
vait pas sa pareille en humilité, virginité,
dévotion, honnêteté et simplicité.
Cette vie obscure, calme et paisible,
Jeanne l’aimera toujours. Devenue « chef
de guerre», transportée au milieu des ha-
sards des combats et au sein de l’éclat qui
marquait sa marchevictorieuse sur Reims,
elle se complaisait aux souvenirs de son
enfance. Après la prise de Troyes, tandis
qu’à la suite de Charles VII elle chevau-
che sur son noir coursier, avec sa blanche
armure et son triomphant étendard, dans
tout l’équipage d’un noble comte, écoulez
la confidence qu’elle fait à l’archevêque
de Reims des secrets sentiments de son
coeur. «Plût à Dieu,dit-elle, que je puisse
maintenant me retirer et abandonner les
armes pour retourner servir mon père et
ma mère et garder leurs moutons avec
ma soeur et mes frères,quiseraientsi heu-
reux de me revoir ! »
Et plus tard, dans sa prison, à l’heure
des suprêmes angoisses,elle opposera aux
douleurs présentes les félicités de ces
obscures années et s’en réconfortera com-
me d’une fraîcheur de son matin. « La
bonté divine, a dit un grand orateur,aime
â ménager le jeune âge : elle ne jette pas
d’ordinaire sur le front de l’aurore, sur
ses teintes gracieuses,les noirs nuages de
la tempête. Prévoyant un soir si oiageux,
Dieu prit en pitié Jeanne, sa douce petite
créature, et répandit la paix sur son en-
fance, sur les premières heures du jour
de sa vie, par une touchante compensa-
tion que le coeur rencontre presque tou-
jours comme une loi providentielle qui le
console. »
LA PUCELLE
SOLDAT ET CAPITAINE ACCOMPLI
Au rapport de chroniqueurs, témoins
oculaires, voici ce que contempla la cour
à la première arrivée de Jeanne d’Arc à
Chinon,
« Elle parlait et devisait des ordon-
nances et du fait de la guerre, autant et
en aussi bons termes qu’eussent su et pu
faire les chevaliers et écuyers étant conti-
nuellement au fait de Ig. guerre. Et s’é-
merveillaient docteurs et capitaines et
autres de son fait et des réponses qu’elle
faisait, tant de la chose divine que de la
guerre. Et entr’autres choses elle était la
plus simple bergère que oncques l’on vit.»
Non seulement la Pucelle parlait du
fait de la guerre, elle montrait dès lors
qu’elle excellait dans les exercices du par-
fait chevalier : «Elle courait la lance aussi
bien et mieux qu’homme d’armes qu’il
fut ; elle chevauchait les coursiers noirs,
tels et si malicieux, qu’il n’était nul qui
osât bonnement les chevaucher. »
Et cependant, d’après le premier secré-
taire du roi, Alain Chartier, c’était seu-
lement à son départ de Vaucouleurs, quel-
ques semaines avant, qu’elle était montée
à cheval pour la première fois.
Elle avait le goût de son nouveau mé-
tier.
C’est ce qui ressort du portrait que
trace d’elle un des grands dignitaires
de la cour de Boulainvilliers, dans une
lettre au duc de Milan.
La voici dans son entier : « La Pucelle
a la beauté qui convient,quelque chose de
viril dans le port; elle parle peu, mais
toujours avec un merveilleux à propos.
Sa voix est grêle comme celle d’une fem-
me; elle ne mange presque pas, et en
fait de vin, bois moins encore.
« Elle se plaît au maniement du cheval
et des belles armes, affectionne les hom-
mes de guerre et les gentilshommes, n’a
que de l’éloignement pour les réunions
nombreuses et les cou versations bruyantes;
ses larmes sont habituelles et abondantes;
son visage est avenant et serein ; nul ne
fut jamais si dur à la fatigue, si bien
qu’elle peut rester six jours et six nuits
sans détacher une seule pièce de son ar-
mure. Elle vénère le roi. »
Les détails de cette lettre du 21 juin
1429 seront complétés par un extrait d’une
autre lettre, qu’à la date du 8 juin le jeune
seigneur de Laval écrivait à sa mère et à
sa grand’mère de Selles, où il avait reçu
l’héroïne.
« Je la vis monter à cheval armée tout
en blanc, sauf la tète, une petite hache en
main, sur un grand coursier noir, qui à
l’huis (porte) de son logisse démenait fort,
et ne souffrait qu’elle montât, et lors elle
dit : « Menez-le à la croix, » qui était de-
vant l’église, au près, au chemin; et lors
elle monta sans qu’il se mût, comme s’il
était lié ; et lors se tourna vers l’huis de
l’église qui était bien prochain, et dit en
assez voix de femme : « Vous les prêtres
et gens d’église, faites processions et
prières à Dieu.» Et lors se retourna à son
chemin en disant : « Tirez avant, tirez
avant,» son étendard ployé que portait
un gracieux page, et avait sapetite hache
en main, et un sien frère qui est venu
depuis huit jours partait aussi avec elle,
tout armé en blanc. »
Un ange guerrier, prenant chair et
sang, apparaîtrait-il sous d’autres traits?
L’ange apparaissait bien mieux encore
dans la bataille.
Un des preux qui avaient combattu avec
Jeanne à Orléans et à Patay, Thibaud
d’Armagnac, seigneur de Thermes, fai-
sait sous la foi du serment la déposition
suivante : «En dehors de la guerre, Jeanne
était la simplicité même; mais elle était
le plus habile et le plus expérimenté des
capitaines, quand il fallait conduire une
armée, la disposer, ordonner la bataille,
animer les combattants. Impossible de
» montrer plus de courage et d’habileté
qu’elle ne le fit, à l’assaut des bastilles
d’Orléans.»
Les redoutablee forteresses renversées,
il n’y eut qu’une voix parmi les généraux*
« Pas de chef, pour expérimenté qu’il eût
été, n’aurait déployé tant de génie.»
« Je l’ai vue, disait Dunois, faire en
quelques heures ce que n’auraient pas fait
en m jour deux ou trois généraux des plus
renommés. »
Il serait aussi fastidieux que facile de
multiplier semblables dépositions.
Spectacle d’autant plus merveilleux que
le plus souvent les chefs n’approuvaient
pas les plans de la Pucelle. Forte de l’en-
thousiasme de la foule, elle devait les en-
traîner à exécuter ce qu’ils avaient désap-
prouvé, et ce que le succès les forçait
d’admirer, car, écrit un chroniqueur,
« quand ils la croyaient, bien leur en pre-
nait ; au contraire, quand ils voulaient
exécuter leur opinion, mal leur en pre-
nait 1.»
Le premier secrétaire du roi, Alain
Chartier, dans une lettre à un prince
étranger, résumait ainsi les faits et l’im-
pression qu’ils laissaient :
« Quelle est la qualité de l’homme de
guerre quel ne possède pas la Pucelle ?
Est-ce la prudence ? la sienne est admi-
rable. Le courage? nul n’en est doué
comme elle. L’activité? c’est celle des
purs esprits. Est-ce la vertu, l’équité, le
coup de main fortuné? Jamais on ne les
vit à ce degré. Faut-il en venir aux mains
avec l’ennemi ? Elle dirige l’armée, as-
sied le camp, range les soldats en ordre
de bataille. Les devoirs du général une
fois remplis, ce sont ceux du soldat qui
commencent Non, ce n’est pas de la
terre, c’est du ciel qu’elle est venue pour
soutenir de sa tête etdeson bras laFrance
croulante. »
Comment ne pas être de l’avis du cé-
lèbre écrivain, si bien à portée pour tout
voir et pour tout entendre ?
R. P. AYROLES.
{Jeanne-d'Arc sur les autels).
LE SURNATUREL
DANS LA
VÈNÈRABLEJEANNED’ARC
Conférence de S. Em. Révérendissime le car-
dinal L. M. Paroochi, au couvent des Dames
de V Assomption de Rome, le 17 janvier
1895..
Le surnaturel en Jeanne d’Arc ne peut
être révoqué en doute sans qu’on descende
à celte alternative : la Pucelle d’Orléans
a été ou mauvaise o i illusionnée. Mau-
vaise, la vierge de Domrémy ! Ce mot seul
jure avec ses rares vertus, admirées de
ses contemporains et authentiquement at-
testées au procès de réhabilitation. Illu-
sionnée! Mais alors, comment ces prédic-
tions se seraient-elles vérifiées ? Comment
enfin aurait-elle, même du haut du bû-
cher, assurer le triomphe final ?
Donc, la grandiose figure de la libéra-
trice française, le cycle glorieux de ses
journées si brèves, qui marquent pour-''
tant une époque dans l’histoire ne sau-
raient s’expliquer et ne s’expliquent, en
effet, qu’en recourant au surnaturel : A
Domino factum est istud et est mirabile in
oculis nostris : «C’est Dieu qui a fait cela ;
et cela est admirable à nos yeux. »
Bien et depuis longtemps démodé est le
système qui condamnait Jeanne à être le
jouet des rêveries les plus honteuses de la
lubricité. Aujourd’hui, Voltaire ne pour-
rait ni offrir au public, ni même songer à
écrire son infâme poème, vrai crime de
lèse-patrie ; et la Pucelle ne trouverait
plus la plume trop complaisante d’un
Monti pour la revêtir des élégances de la
langue italienne. Aujourd’hui, un auteur
anglais est allé jusqu’à se faire gloire de
n’avoir jamais lu ce poème criminel, et
l’Allemand Schiller s’est fait un mérite en
écrivant, comme une éloquente protesta-
tion, sa tragédie de Jeanne d’Arc.
Démodée aussi la théorie fantaisiste de
Michelet qui, pour découronner le front
de Jeanne de son auréole surnaturelle, a
voulu en faire une hallucinée: sincère,
simple, de bonne foi, oui; mais entraînée,
dominée par les nerfs 1
C’est vraiment faire trop d’honneur à
ces pauvres nerfs que de les croire capa-
bles de créer l’héroïsme de Jeanne d'Arc!
Je voudrais voir si, de la Salpétrière,cette
fameuse école do névrose, pourrait sortir
aujourd’hui, non plus une fillette, mais
un homme qui ramenât la France aux
chevaleresques grandeurs des croisades,
ou même encore, si cette école peut sim-
plement produire un publiciste, un écri-
vain de marque dans le monde des scien-
ces et des arts.
Les nerfs exaspèrent la sensibilité, en-
flamment l’imagination ; leurs crises
d’excitation peuvent dans une certaine
mesure atténuer l’imputabilité des actions
humaines, mais non pas effacer le code
intérieur de la conscience, moins encore
supprimer les articles du code criminel ;
très puissants à nous faire souffrir, les
nerfs sont radicalement incapables de
créer quoi que ce soit.
Inutile donc de chercher le secret de
Jeanne dans son prétendu hystérisme.
Hystérique, cette enfant si droite, si cons-
tamment sage, en qui, comme le dit à
bon droit un auteur récent, nous voyons
unis la rectitude, le bon sens, l’esprit, la
finesse, la générosité, l’élan de la nation
française qui en est si riche ! Hystérique,
cette vaillante, toujours en pleine cons-
cience de ses actes, sûre du résultat et
merveilleusement renseignée sur les
moyens les plus propres à atteindre la fin
qu’elle s’était proposée dès le début de sa
magnanime entreprise : la libération de
la patrie ! Hystérique, cette vierge intré-
pide qui dirige vers de nouvelles desti-
nées les vicissitudes de son pays, crée
une époque et laisse de son passage ici-
bas une trace indélébile dans l’histoire du
monde ! Si ce sommet des grandeurs,
Jeanne l’a atteint par la vertu des nerfs,
les nerfs deviennent, par je ne sais quelle
alchimie, une force colossale, une puis-
sance de premier ordre à laquelle il ne
manque vraiment plus que le nom pour
avoir tous les caractères du surnaturel.
{Extrait de la Croix supplément).
Ballade des Dames guerrières
LE DUC D’ORLÉANS
Ils sont en fuite !... les Anglais !..
En fuite !... les Anglais ! Voilà bonnes nouvelles!
Orléans, Dieu merci ! reste donc aux Français ,
Une femme... a détruit les bastilles rebelles
Et jusqu’au château des Tourelles ! —
Dieu punit le parjure... Incroyable succès !...
J'ai besoin de chanter, tant j’ai bonheur dans
[l’âme. —
Je veux chanter le fait de cette illustre dame !
{Il va prendre à la muraille une sorte de
guitare y suspendue, et s'assied ensuite. Im-
provisation : musique).
Aux temps des Grecs et des païens,
Fut-il jamais telle aventure
Que la grande déconfiture
Des chefs anglais, ces mauvais chiens,
Quand, aux murs d’Orléans-la-Belle,
Tournèrent dos... en tout honneur,—
Grâce à Jésus Notre Seigneur
Et Jeanne la Bonne Pucelle ?
Jamais Sémiramis-la-Grand’
Fit-elle si haute prouesse,
Ni Débora la prophétesse,
Ni Jahel, à grands coups férant, —
Que devant Orléans-la-BelIe,
Quand Français marchaient pleins d’ardeur,
Grâce à Jésus Notre Seigneur
Et Jeanne la Bonne Pucelle?
Le fameux siège de Sidon,
Celui d’Argos ou de Carthage,
Où femmes eurent grand courage
Valent-ils d’aucune façon
Le siège d’Orléans-la-Belle,
Où Suffolk joua de malheur,
Grâce à Jésus Notre Seigneur
Et Jeanne la Bonne Pucelle ?
Venez ci, — venez, Thomyris,
Brave reine des Amazones,
Et vous, les guerrières Ambrones,
Voir par poulette un renard pris ;
Voir chassé d’Orléans-la-Belle
Talbot (Talbot toujours vainqueur),
Grâce à Jésus Notre Seigneur
Et Jeanne la Bonne Pucelle ?(
Oncques ne seront tels effets,
Dont femmes gagnent tant de gloire.
Chroniqueurs chroniquant l’histoire
S'étonneront de ces hauts-faits,
Des combats d’Orléans-la-Belle
Où France retrouva son coeur,
Grâce à Jésus Notre Seigneur
Et Jeanne la Bonne Pucelle ?...
Moi-même, Charles d’Orléans,
Je me réveille à l’espérance, —
Moi, loin des rivages de France
Exilé depuis quatorze ans, —
Reverrais Orléans-la-Belle !...
Peut-être auiai-je ce bonheur,
Grâce à Jésus Notre Seigneur
Et Jeanne la Bonne Pucelle ?...
Oui 1 les ramenant au plus court, •—
Oui ! la Pucelle salutaire
Poursuivra jusqu’en Angleterre
Les anciens vainqueurs d’Azincourt ! —
Ah ! la revanche sera belle.
Et moi, libre (libre, ô douceur ! )
Je bénirai Notre Seigneur
Et Jeanne la Bonne Pucelle.
Tours. Impr. Barbot-Berruer»
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