Titre : Figaro : journal non politique
Éditeur : Figaro (Paris)
Date d'édition : 1944-10-05
Contributeur : Villemessant, Hippolyte de (1810-1879). Directeur de publication
Contributeur : Jouvin, Benoît (1810-1886). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34355551z
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 05 octobre 1944 05 octobre 1944
Description : 1944/10/05 (A118,N40). 1944/10/05 (A118,N40).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : Commune de Paris de 1871 Collection numérique : Commune de Paris de 1871
Description : Collection numérique : France-Brésil Collection numérique : France-Brésil
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 14/11/2021
PARIS
14, Rond-Point
des Champs-Elysées
REDACTION ADMINISTRATION
21, Boulevard Montmartre
TW. RIC. 99-41 et 99 42.
... LE FIGARO,
DIRECTEUR : Pierre BRISSON
’ ..
© " ;
oncos
- es gens qui ne veulent rien faire de rien
n’avancent rien, et ne sont bons à rien,
BEAUMARCHAIS.
JEUDI
N° 40
5
OCTOBRE 1944
118 e ANNEE
— "
TARIFS DES ABONNEMENTS
3 mois 140 francs
6 mois 260 francs
Les abonnements partent du 1er et du 16.
Ils sont reçus :
21, boulevard Montmartre
et 14, Rond-Point des Champs Elysées
Téléphone S ELYsées 98-31 et 98-32
C/C Postal Paris : 242-51
PLAINTE
par François MAURIAC
LA GUERRE
I TROIS COLONNES ALLIEES
1 progressent dans trois directions
I L’ y a six semaines, dans
l’exultation de la déli
vrance, nous aurions eu
peine à deviner ce que
serait la couleur de nos pen
sées, aujourd’hui, sous ces
premières brumes de l'au
tomne. Ce serait trop beau si
ce qui arrive ressemblait tou
jours à ce qu’on a rêvé.
Il était naïf de croire que
des nations en guerre, dont les
soldats meurent chaque jour,
qui ont à surmonter des obsta
cles terrifiants, auraient le
loisir de prêter beaucoup d’at
tention à une France même ré
veillée, même insurgée, et dont
le premier cri, à sa sortie des
ténèbres, fut ce chant inespéré
de victoire.
Tant de villes détruites, ces
provinces éventrées, et sous
les décombres des villages, les
traces à peine effacées de ces
morts qui ne peuvent plus ser
vir à aucune propagande, tout
cela ne saurait nous constituer
un droit à l’attention
de chefs
d'armée qui doivent ne rien
des né-
connaître en dehors
cessités militaires.
D’ailleurs la Grande-Breta
gne, et Londres plus qu'au
cune autre cité, ont connu ce
martyre. C’est le sort com
mun. Nous n’avons même pas
à nous prévaloir de ce que le
feu du ciel nous fut apporté
par des mains amies. C’était
prévu ; c’était dans l'ordre ; il
faut ce qu’il faut. L’anéantis
sement des communications
de l’ennemi a assuré aux Alliés
cette victoire de France qui
fut tout de même, un peu, une
victoire de la France.
« Alors, de quoi vous plai
gnez-vous ?» Je ne saurais
dire... Rien ne délivre les hom
mes de leurs imaginations
d’enfant. Même aux confins de
la vieillesse, nous nous conso
lons en secret avec des images
d’Epinal. Peut-être avais-je
rêvé (ne vous moquez pas...)
d’une montée du Général de
Gaulle et de M. Churchill vers
le Soldat inconnu... Il aurait
vu, Churchill, ce que l’Angle
terre indomptable et son
vieux Pilote représentent pour
notre peuple, en dépit des ou
trages vomis par le Radio-
Paris des années de honte.
il l’aurait vu. Il le verra, s’il
plaît à Dieu. Mais nous décou
vrons aujourd’hui que la déli
vrance de Paris fut comme un
anachronisme, une préfigura
tion de la victoire, en pleine
guerre, et lorsque le pire de
l’épreuve nous demeure peut-
être inconnu. Le temps n’est
pas encore venu de ces mar
ches triomphales.
« Encore une fois, de quoi
donc vous plaignez-vous ? »
Je vous accorde que nos repro
ches sont puérils et vagues.
Peut-être est-ce pour étouffer
une plainte sourde qui s’ex
hale de nous, malgré nous. Ce
que nos alliés refusent au
Chef à qui la France doit
d’être encore une nation vi
vante, c’est à la France même
qu’ils le refusent. C’est la
France dont ils détournent la
tête. C’est la France qu'ils ne
reconnaissent pas.
François MAURIAC,
de l’Académie française.
A L’INTERIEUR DE LA LIGNE SIEGFRIED
L’aviation réduit au silence les batteries ennemies
qui verrouillaient le port d’Anvers et détruit le canal Dortmund
L’avance se poursuit en Hollande, en Lorraine, dans les Vosges et devant Belfort
L ’offensive de la 1re armée
américaine continue avec
vigueur contre la ligne Sieg
fried, sur un front assez
étendu situé au nord de
Geilenkirchen et comportant, nous
le savons depuis hier, trois poin
tes d’attaque principales. Quelle
est actuellement la profondeur de
la pénétration alliée ? Nous ne le
savons pas exactement et rien
n'est venu confirmer une informa
tion de source allemande parlant
d'une pénétration de 17 kilomè-
ties. Rien n’est venu non plus con
firmer une information alliée ré
pandue hier matin et selon la
quelle les troupes du général Hod-
ge auraient déjà traversé la ligne
Siegfried proprement dite, c’est-à-
dire la zone des ouvrages béton
nés, et ne se trouverait plus main
tenant aux prises qu’avec des for-
LA WEHRMACHT
A «ESCAMOTÉ»
les œuvres d’art du mont Cassin
Londres, 4 octobre. — Sir James
de la Guerre de
Grigg, ministre
Grande-Bretagne,
Communes que
a déclaré aux
plusieurs chefs-
UN LIVRE BLANC
sur les atrocités
allemandes
Le professeur Mazel, de la Fa
culté de Médecine de Lyon, prépa
re actuellement avec le concours des
d’œuvre en ont disparu au cours
j, —z— i-n frauduleuse d’en-
d’une opération
vergure, perpétrée au détriment du
Vatican par les Allemands.
Le ministre a déclaré :
pouvoirs publics un livre
les atrocités allemandes,
ment aura pour titre «
de l’oppression ».
blanc sur
Ce docu-
Mémorial
LE METRO
va être rétabli
samedi et dimanche
prochains
D EPUIS plusieurs jours
les Parisiens ont de
l’électricité chaque soir.
Les essais tentés par la C.P.
D.E. ont été satisfaisants et,
si la discipline des usagers
lemeure la même, cette me
sure, provisoire il y a quel-
ques jours, pourra être consi-
iérée comme définitive.
A cette bonne nouvelle,
nous pouvons aujourd’hui en
ajouter une autre : le métro
va nous être rendu le samedi
et le dimanche, et cela dès sa
medi prochain.
C'est, du moins, ce qu’on
nous a laissé entendre dans
les services compétents, ajou-
tant qu’il fallait considérer
cette mesure comme une ex
périence qui ne pourrait être
continuée que si la situation
générale, en matière de pro
duction et de transport du
courant, demeurak satisfai
sante.
tifications de campagne édifiées
en hâte à l’arrière de l’ancienne
ligne, depuis la défaite allemande
à l’Ouest.
Une dépêche du grand quartier
général allié, reçue hier en fin
‘après-midi, déclare que, bien qle
les troupes américaines aient pé
nétré sur pluseiurs points à l’in
térieur de la ligne Siegfried, on
ne peut dire encore que celle-ci
ail été franchie.
Nous devons tenir compte enfin
d'un commentaire du correspon
dant de l’Agence Française de
Bresse à Londres, commentaire où
il est dit : < Il ne paraît pas que
l’attaque déclenchée par la l ro ar
mée américaine aux environs
d'Aix-la-Chapelle puisse être con
sidérée comme une attaque de
grande envergue ». Le même ob
servateur ajoute, et nous repro
duisons son avis sous toutes ré
serves, que « l'on dispose encore
d’un mois avant le déclenchement
des grandes opérations ». L’agence
allemande « Transocean », tout en
reconnaissant la violence des com
bats et les succès alliés sur ta
ligne Siegfried, ramène les opéra
tions aux proportions de combats
locaux.
Les Américains sont parvenus à
Urbach, au sud de Geilenkirchen.
à 2 kilomètres et demi à l’intérieur
de l'a frontière allemande. Plus au
sud, la seconde colonne d'assaut
américaine a occupé l’important
ouvrage fortifié de Rimbourg ; en
fin, plus au sud encore, mais en
core au nord d’Aix-la-Chapelle la
troisième colonne américaine a fait
des progrès près de Merkstein.
Parmi les prisonniers faits dans
le secteur d’Uzbach, les Autrichiens
sont en majorité. Les troupes al
liées avancent lentement en dépit
des tirs intermittents de l’artille-
rie des casemates et d’un feu vio
lent d’armes légères.
Jacques Darcy.
(Suite page 2, col. 1, 2 et 3.)
M. P.-H.
Les prochaines élections
aux conseils municipaux
et généraux
Seront inéligibles les Français coupables
de collaboration avec l’ennemi
les
Les
raux
conseillers nommés par Vichy et les
parlementaires qui ont délégué
leurs pouvoirs le 10 juillet 1940
élections aux Conseils géné-
et aux Conseils municipaux
auront lieu à partir du 1er février
1945 selon les modalités prévues
par une ordonnance prise à Alger
le 21 avril 1944. Les femmes seront
électrices et éligibles dans les mê
mes conditions que les hommes.
Ne peuvent faire partie d’aucune
assemblée, les anciens membres des
prétendus gouvernements qui se
sont succédé depuis le 17 juin 1940.
Les Français qui ont, par leur
attitude personnelle, fait acte de
collaboration avec l’ennemi, seront
inéligibles, de même que les mem
bres du Parlement ayant voté la
délégation des pouvoirs à Philippe
Pétain le 10 juillet 1940.
Les conseillers nationaux, dépar-
Le gouvernement de Londres est opposé
au retour à l'Italie de ses colonies
Londres, 4 octobre. — Répondant
à une question de M. Percy Bars-
tow, député travailliste, M. Eden,
ministre des Affaires étrangères, a
déclaré aujourd'hui aux Communes
que le gouvernement
était opposé au retour
italiennes à l’Ilalie.
Un débat sur
britannique
des colonies
l’Italie
à la Chambre des Lords
Londres, 4 octobre. — Au cours
d’un débat à la Chambre des lords,
lord Cranborne, secrétaire aux Do-
Le général de Lattre de Tassigny
L’un des actes les plus odieux a eu
lieu au Mont Cassin. De nombreuses pein
tures et sculptures provenant d’Italie du
Nord, et qui devaient être mises en sé
curité au Vatican, avaient été entrepo
sées dans la célèbre abbaye.
Les Allemands se chargèrent du trans
port et prétendirent qu’ils avaient em
ballé les œuvres d’art dans 187 châssis.
En fait, quinze de ces châssis ne sont,
jamais parvenus à destination et le con
tenu de nombreux autres avait été substi
tué par des œuvres de peu de valeur.
Les jours se suivent
PIERRES
ELUI qui n’a pas entendu, à
Paris, le cri de la délivrance,
en cherche et en retrouve l’écho
dans les pierres de la ville.
Il regarde les façades, dont il avait
craint parfois de perdre les traits
en lui-même. Crainte vaine : leur
présence était ineffaçable et la
réalité est venue se placer exacte
ment dans les formes du souvenir.
Mais quelques-unes de ces faça
des, en sus de leur passé, racon
tent aujourd’hui leur aventure
d’hier ; et leurs pierres blessées
parlent un langage d’une noble
pureté.
Qu’elles sont belles, ces pierres l
Le temps les avait unies dans un
même ton, celui des années, des
usures de la vie, des exhalaisons
et des respirations de la rue ; mais
sous cette enveloppe sombre se ca
chait une âme fraîche, intacte, qui
est apparue à la première blessure.
Les façades tailladées par les balles
montrent des encoches claires et,
plus profondément, le grain clair
de la pierre qui a su résister et,
sous l’orage, garder sa nature. Rien
ne peut être plus émouvant que
la place de la Concorde pour le
Parisien qui la ressaisit après
l’absence. En un regard il voit ce
qu’elle a souffert : le lion fou
droyé sur la balustrade des Tui
leries, le candélabre écroulé près
de la statue de Strasbourg, la co
lonne détruite de l’hôtel Grillon
et, à l’angle de la rue Saint-Flo
rentin, une colonne encastrée por
tant une profonde entaille. Cette
entaille donne une vie soudaine à
la colonne,unsensàson destin,nous
aide mieux à comprendre son har
monie et sa céleste tâche. Que de
fois nous étions passé devant elle
sans la voir, incapable de l’isoler
dans notre regard et notre senti
ment, la maintenant, comme tant
de choses visibles, dans l’ensem
ble indistinct des habitudes. Or,
voilà que chaque ligne, sous la
lumière de Paris, a repris sa va
leur, sa personnalité, sa . force
exemplaire.
Que durera cette résurrection ?
Combien de jours encore ces pier
res nous feront-elles connaître
leur intime beauté et dresseront
au-dessus de nos courses, si fa
cilement aveugles, leur veille al
tière ? Combien de temps recon
naîtrons-nous le pas des colonnes
e qui marquent dans les fables » ?
Les jours passeront', recouvriront
de leur poussière les cicatrices
glorieuses. Et les pierres, abandon
nées au temps, sembleront de nou
veau dormir sous une patine qui
est pour lei choses la nuance de
VINGT-DEUX HOMMES
D’UN VILLAGE FRANÇAIS
ont été fusillés le 18 septembre
Londres, 3 octobre. — Un cor
respondant de l’Agence Reuter à
la frontière franco suisse apprend
que les Allemands ont fusillé la
plus grande partie de la popula
tion masculine du hameau de Vil-
lars-sous-Ecot, près de Montbé
liard, à 18 km. de Belfort.
Ce correspondant précise que,
le 18 septembre, les Allemands
ont rassemblé 22 hommes habitant
ce petit village, y compris des jeu
nes gens de 17, 16 et même de 15
ans, et les ont emmenés jusqu’à
Montbéliard, où le chef de la Ges
tapo leur a annoncé qu’ils étaient
condamnés à mort.
L'officier allemand qui comman
dait le peloton d’exécution a pré
tendu que ces hommes possédaient
des drapeaux anglais et améri
cains et projetaient de se joindre
aux troupes alliées.
LES PLANS DE GUERRE
CONTRE LE JAPON
San Francisco, 3 octobre.
L’amiral King et son état-major,
James Forrestal, sous-secrétaire
à la Marine ; l’amiral Chester Mi-
mi.z, commandant en chef de la
zone du Pacifique ; l’amiral Ray
mond Spruance, commandant de
la cinquième flotte et les com
mandants des différents secteurs
du Pacifique ont pris part à une
conférence au cours de laquelle de
nouveaux plans de guerre contre
le Japon ont été étudiés.
MORT MYSTERIEUSE
DE SEPT CONTRE-AMIRAUX
JAPONAIS
D’autre part, on annonce de To-
kio la mort mystérieuse de sept
contre-amiraux japonais apparte
nant à l’importante base navale de
Yokohuka.
Il s’agit des contre - amiraux
Hagihara, Ogura, Morino, Arima,
Akasawwa, Mori et Mikumoto,
salue la première
Au cours de déclarations qu'il a
faites à la Radiodiffusion françai
se, le général de Lattre de Tassi
gny a présenté la première armée
qu il commande sous lu direction
du général Patch.
Affirmant dès l’abord que l’oc-
cupation n’avait en rien enlevé à
la France sa volonté de vivre, de
combattre et de vaincre, le général
de Lattre de Tassigny a exposé les
origines diverses de ses troupes
dont certaines combattaient déjà
en Abyssinie, en Libye et en Tri-
politaine, puis, plus récemment, à
Florence, dans l’île d’Elbe et qui,
finalement, ont rejoint le maquis
en France.
Le général de Lattre de Tassigny
parle alors du débarquement dans
le Midi : conquêtes successives de
Toulon, de Marseille où les garni
sons ennemies capitulèrent en huit
jours, laissant entre les mains des
nôtres plus de 35 000 prisonniers.
Puis ce fut le tour de Lyon et de
Dijon d’être libérés avec l’aide
des Forces Françaises de l’Inté-
rieur.
« Ainsi, déclare-t-il, notre sol fut
libéré, de la Méditerranée aux
frontières des Alpes et du Jura ;
traversant Bourgogne et Franche-
Comté, l’armée française réalisait,
le 12 septembre, l’unité de ' ont
en faisant sa jonction avec la 2 e di
vision blindée du général Leclerc
de l’armée Patton. L'armée alle
mande rompue laissait entre nos
mains plus de 60.000 prisonniers,
un butin immense, plusieurs cen
taines de canons souvent intacts.
« Une nouvelle phase de la ba
taille s’ouvre maintenant, a dit en
armée française
conclusion le
commandant de la
première armée française. Son < n-
jeu, c’est la liberté de l’Alsace.
Cette nouvelle phase nécessitait la
réorganisation du commandement.
Le général Devers, dont le rôle a
été.si effectif dans la préparation
du débarquement, prend la tête du
sixième groupe d’armées qui com
prend Fa 7‘ armée du général
Patch et la première armée fran
çaise que j’ai l’honneur de com
mander. Je serai heureux, cette
fois encore, de conduire aux pro
chaines victoires les vétérans de
Tunisie, d’Italie et de Provence et
les ardents soldats des Forces
Françaises de 1 Intérieur. »
minions et président de la Cham
bre des lords, a déclaré notamment
au nom du gouvernement :
« Je crois savoir que c’est en
pleine connaissance de cause que le
Premier ministre et le président
Roosevelt considèrent que le peu
ple italien effectue sa convales
cence avec une surprenante rapi
dité. De même, c’est en parfaite
concordance de vues avec le cabinet
de guerre britannique que les deux
hommes d’Etat reconnaissent que
l’heure est venue de transformer,
en les améliorant, nos relations
avec le gouvernement italien.
« Il n’est pas question de soute
nir ce gouvernement, il est seule
ment question de lui donner l’oc-
casion de devenir démocratique. »
Lord Cranborne a conclu en dé
clarant n’avoir aucune confirma
tion des rumeurs selon lesquelles le
maréchal Badoglio serait nommé
ambassadeur à Londres.
tementaux et les conseillers muni
cipaux de Paris, nommés par Vichy,
sont également exclus des nouvel
les assemblées.
Jusqu’à la date des élections, les
conseillers municipsux élus avant
le 1er septembre 1939 sont mainte-
nus ou remis en fonctions. Les Co
mités départementaux de Libération
proposeront au préfet des cand-
dats pour les postes qui restent va
cants.
Il est possible que des modifi
cations de détail soient apportées
à l’ordonnance du 21 avril 1944 ;
elles n'en modifieront cependant
pas l’esprit.
Le rétablissement
de la légalité républicaine
Le Conseil des ministres a adop
té, dans sa séance du 3 octobre,«une
ordonnance relative au rétablisse
ment de la légalité républicaine
sur le territoire continental.
Cette ordonnance comporte l’an
nulation des textes qui avaient ins
titué une discrimination entre les
Français pour l’accès à certaines
professions. L’annulation de ces
actes emporte annulation de leurs
effets passés.
Le Conseil a également adopté
une ordonnance prescrivant la res
titution des biens des Français qui
avaient été déchus de leur nationa
lité, des sociétés séquestrées et des
israélites. (A. F. P.)
HITLER, GOERING
GOEBBELS ET HIMMLER
sur la liste britannique
des criminels de guerre
Londres, 4 octobre. — M. Chur
chill a déclaré aujourd’hui à la
Chambre des communes que Hit
ler, Gœring, Gœbbels et Himm-
1er figuraient sur la liste britan
nique des criminels de guerre.
C’est en réponse à une question
du député Mander que M. Churchill
a déclaré aux Communes que Hit
ler, Gœring, Gœbbels et Himmler
figuraient sur la liste britannique
des criminels de guerre.
Le Premier ministre a ajouté, au
milieu des acclamations :
« Il ne faut pas croire que la
procédure du jugement sera né
cessairement adoptée pour eux,
mais je ne suis pas à l’heure ac
tuelle en mesure de vous donner
d’autres précisions sur la liste des
criminels de guerre établie par les
Nations unies. Tout cela demeure
encore du domaine des généralités;
nous n’avons pas encore terminé
notre tâche et je ne puis donner
des réponses complètes à ce sujet ;
nous devons tenir compte du fait
que nous travaillons à ce propos
en liaison avec un grand nombre
de pays.
« En ce qui concerne la procé
dure qui sera adoptée, je ne vou
drais pas m’engager à formuler
une affirmation générale qui aurait
l’air de remettre en cause les ba
ses fondamentales du droit inter
national. Je ne crois pas qu’il soit
urgent de faire une nouvelle dé
claration là-dessus. »
DEMAIN
Georges Duhamel
l’oubli.
Guermantes,
*
CHRONIQUE
L’après-midi américaine
par Jérôme et Jean THARAUD
JEAN OBERLE
VOUS PARLE
1 Dans Londres bombardé
la vie continue
ET L’ON CHANTE A
LA RADIO
III
N OTRE petite équipe française
commençait à s’organiser. La
foi ne nous manquait .
Les idées allaient venir. La
du gouffre. Ils lisaient le soir, dans
leurs journaux : « Aujourd’hui, la
"9 ■ 80, 90, 100, 185
RA.F. a abattu
pas.
grandeur de la tâche nous sou
tenait plutôt qu’elle ne nous inti
midait. Nous avions un petit bureau
au rez-de-chaussée du grand im
meuble moderne de la B.B.C., dans
4e centre de Londres, à Portland
Place, en face d’une petite église,
au clocher pointu comme un éteignoir.
Le bureau était si petit que je préfé
rais profiter des derniers beaux jours
pour écrire sur mes genoux, dans un
des parcs de Londres- Le temps était
toujours très beau. Le soir, nous
montions dans le studio, au huitième
étage. Nous voyions souvent arriver
le général de Gaulle, avec son éter
nelle cigarette et ses gants blancs,
suivi du sous-lieutenant Schumann
qui, dans le studio, tandis que le
général dépliait son papier, mettait
ses lunettes et se préparait à lire, de
sa voix forte et martelée, ses fameux
messages, se penchait par-dessus son
épaule et annonçait : « Honneur et
Patrie, voici le général de Gaulle. »
Premières batailles aériennes
dou-
». Ils ne se
allemands
avions
c’était quand même une bataille de
la Marne.
Les sirènes hurlaient plusieurs fois
par jour, mais on n’y faisait guère
attention. Ça se passait trop haut.
De temps en temps, on apercevait
dans le ciel de grandes traînées blan
ches. On savait que les prairies du
sud de l'Angleterre étaient jonchées
de carcasses carbonisées d avions alle
mands. Nous avions, nous, plutôt les
yeux fixés sur les plages. J’étais
convaincu que les Allemands étaient
trop mauvais marins pour débarquer
en Angleterre. Mais si la R.AF.
avait été battue, ils seraient arrivés
en parachute.
La radio sous les bombes
Le 7 septembre, dans l’après-midi,
Jean Marin me dit : « Du toit de
JEAN MARIN
(Vu par Jean Oberlé.)
pas qu’ils étaient en train de
gagner la guerre. Mais les Parisiens
non plus ne se doutaient de rien, en
1914, pendant la bataille de la
la Marne se
taient
Marne. La bataille de
passait à 40 kilomètres de Paris. Ici,
c’était à 4 kilomètres
au-dessus de
Londres que ça se passait. Mais
Carlton Gardens (le quartier général
de de Gaulle à Londres), j’ai —
36 avions allemands piquer sur
docks et les bombarder. Il y a
grand incendie. » — « Ça va
éclairer pour revenir ce
ds-je banalement. En
soir »,
effet.
commença à la nuit tombante,
comme ça pendant huit mos,
: vu
les
un
les
, lui
Ca
Et
sans
Et, soudain, la bataille commença.
On ne s’en rendit pas très bien
compte, d’abord. Là-haut, dans le
ciel bleu, à plusieurs kilomètres de
hauteur, les pilotes de la R.A.F.,
virevoltant sur leurs petits avions, ti
raient, à 500 kilomètres à l’heure,
sur les avions allemands. Ils n’étaient
pas bien nombreux, ces pilotes de la
R.A.F., 700 à peine, mais de leur
courage et de leur habileté dépen
daient la vie et l’avenir de ces An
glais qui continuaient à vivre tran-
quillement, sans se douter, comme un
somnambule, qu’ils étaient au bord
Le Parlement belge
vote la confiance au Gouvernement
par 128 voix contre 6
Bruxelles, 4 octobre. — Le Parlement
belge s’est réuni pour entendre lecture
de la déclaration ministérielle faite par
M. Pierlot.
La Belgique assumera toutes les obli
gations que lui impose la poursuite de
la guerre aux côtés des Alliés jusqu’à la
victoire totale. L’une des premières tâches
du gouvernement consistera à reconsti
tuer graduellement l’armée qui sera mo
dernisée.
Le gouvernement a obtenu un vote de
confiance par 128 voix contre 6 ; il y a
eu 7 abstentions.
interruption. Toutes les nuits ? Oui,
toutes les nuits. C’est même pour ça
qu’on s’y est habitué.
Le long des trottoirs, tous feux
éteints, les autobus roulaient lente
ment. Les sirènes retentissaient. La
défense passive, qui se révéla d’une
bravoure et d’une efficacité inouïes,
était prête- Et la grêle de bombes
tombait, grêle que n’avait pas prévue
le parapluie de Chamberlain.
Jean Oberlé.
('Suite page 2, col- 6, 7 et 8)
A LA 2’ PAGE :
La dure tâche des cheminots
« D’abord, gagner la guerre »
par Michel-P. Hamelet.
Les destructions
et les pertes subies
par les P.T.T.
depuis le début de la guerre
POSTE : 200 immeubles doma
niaux détruits ou gravement
endommagés ainsi que te petit
matériel : mobilier, machines
comptables, etc... perdu, 500.000
sacs postaux à remplacer.
TELEYHONE : 90.000 km. de
circuits aériens détruits ; 60
stations d’amplification hors
d'usage ; 30 réseaux souterrains
de villes importantes détruits,
et de très nombreux réseaux
urbains gravement endomma
gés; 110 bureaux téléphoniques
entièrement détruits ; 130 très
endommagés ; 50.000 installa
tions d’abonnés à reconstruire.
TELEGRAPHE : 5 centraux té
légraphiques détruits : Le Ha
vre, Rouen, Caen, Brest, Tou
lon. Le navire câblier « Am
père » coulé.
RADIOTELEGRAPHIE : 4 sta-
lions détruites
Pontoise,
Croix - d’Hins, Lyon-la-Doua,
Noiseau ; 4 stations radiomari-
times détruites : Boulogne,
Douges, Séverac, Saintes-Maries-
de-la-Mer.
TRANSPORTS : 509 voitures au
tomobiles détruites ; 350 wa
gons-poste détruits.
Le général Catroux
va se rendre à Paris
Alger, 4 octobre. — Le général
Catroux a annoncé qu'il se rendrait
la semaine prochaine à Paris, afin
de faire approuver par le gouver
nement un certain nombre de me ¬
sures d’ordre
intéressant la
ne.
Il a précisé
économique et social
population musulma-
que l’institution d’un
ministre délégué en Afrique du
Nord répondait aux nécessités ac
tuelles, mais que ce poste serait
supprimé lorsque les communica
tions seraient rétablies normale
ment avec la métropole.
Les poursuites judiciaires
contre le maréchal Pétain
et ses anciens ministres
Le général Koenig, gouverneur
militaire de Paris, ayant signé ré
cemment un ordre d’informer con
fie le maréchal Pétain et cin
quante-neuf de ses anciens colla
borateurs, le parquet militaire a
chargé le général ’ ‘ de cette
instruction judiciaire, ouverte en
vertu de l’article 75 du Code pé
nal, réprimant le crime d’intelli-
genres avec l’ennemi.
La haute juridiction qui con
naîtra de cette affaire sera un tri
bunal militaire spécial, où le gé
néral remplira les fonc ¬
tions de commissaire du gouver
nement.
Conformément aux dispositions
de l’article 156 du Code de justice
militaire, un maréchal de France
ne peut répondre de ses actes que
devant un tribunal composé « de
six maréchaux ou généraux de di
vision commandants d’armée, de
groupe d’armées, gouverneurs mi
litaires ou ayant commandé en
chef devant l’ennemi ».
LE MAQUIS ALLEMAND
S’ORGANISE
Londres, 4 octobre. — Selon le
Daily Mail, un vaste « maquis »
nazi serait, d’ores et déjà, organisé
par les Allemands.
Le centre de ce maquis serait si
tué aux environs de Garmisch-
Partenkirchen, dans les Alpes tyro
liennes, et en communication di
recte avec Berchtesgaden.
Les nazis peuvent trouver un
abri dans les mines de sel très vas
tes existant entre Obersalzburg,
Steyr et Wels ; des ateliers d’arme
ment y seraient installés ainsi que
des magasins de vivres et de muni
tions.
D’autre part, on annonce l’arri-
vée « dans un pays neutre » du cé
lèbre major Waldemar Pabst.
Pabst a pu atteindre son refuge
actuel comme membre de l’impor
tante firme d’armements « Rhein-
métal » ; on pense qu’il a été char
gé de contrôler et de coordonner de
l’extérieur du Reich les mouve-
ments des partisans.
LA PROTESTATION
DE LA PRESSE
L A protestation de la presse
et son appel au général de
Gaulle, que nous avons pu
bliés hier en même temps
que nos confrères, a pu surprendre
le public.
On comprendra la réserve par
ticulière que LE FIGARO se fait
un devoir d'observer dans des
conflits où la parole appartient
surtout et de droit aux représen
tants de l’ex-presse clandestine.
Mais il ne faudrait pas que cette
discrétion prît l’apparence d’une
abstention.
Profondément solidaire des sen
timents qui animent ses confrères,
poursuivant avec eux l’exécution
des projets de réformes auxquels
il s’associa étroitement et contri
bua souvent dans la vie clandes-
tine, LE FIGARO tient à marquer
ici son adhésion sans équivoque.
Son rôle, dans la mesure où
voix peut être écoutée, est
travailler de toutes ses forces,
toute son âme, à l’union
quelle rien ne sera fait
pays.
Or cette union, dans le
sent, existe. Elle existe
sans
dans
sa
de
la-
te
cas pré
non pas
seulement entre les journaux,
mais entre les journaux et le mi-
nistre que la protestation semble
viser. Paradoxe que l’éditorialiste
de COMBAT signalait hier avec
une ferme clairvoyance.
Il serait absurde, il serait odieux
que M. Teitgen, un des hommes
dont la Résistance s’honore, un
de ceux dont la foi, l’ardeur, le
courage, dans les sombres mois
d’épreuve, étaient une référence
pour chacun de nous, prît figure
de suspect à l’égard des combat
tants clandestins dont il reste l’In
carnation même- Il serait profon
dément regrettable qu’il fût gêné,
lassé, dans sa
par des attaques
public serait en
prendre.
Les questions
besogne difficile,
sur lesquelles le
droit de se mé-
de principe ne
peuvent être mises en doute. Cer-
tains désaccords d’exécution inter
viennent. Des conversations sui
vies les dissiperont sans mal. Voi
là simplement ce qui paraît néces-
saire.
Il est non
moins souhaitable
que dans une France en guerre
ces mises au point, strictement
professionnelles et d’un faible
intérêt pour le lecteur, se fas
sent dans le privé, avec toute l’at
tention et le calme qu’elles récla
ment, loin de la place publique
où les passions s’enveniment et
où nos amis étrangers nous ob
servent.
P. B.
'AUTRE jeur, à Versailles, dans ce lieu qui a vu se
dérouler tant de cé.émonics, tant de fêtes, j’ai vécu une
après midi imprévue et charmante.
Cela commença par une messe. Une messe à quatre
heures du soir. Dans la chapelle du Château. La chapelle de
marbre blanc construite par Mansard. Une messe céléb ée par
1 archevêque de New-Y ork, et naturellement présidée par
Mgr Roland-Gosselin, évêque de Versailles. L’archevêque amé
ricain, simple comme un curé de paroisse, célébrait, pour ainsi
dire, 1 office au débotté. Il venait, un quart d’heure auparavant,
d atterrir en avion, à Buc. Mgr Roland-Gosselin, en grand man
teau d apparat, semblait un Bossuet, un Fénelon descendu d’une
toile de Rigaud. Les soldats américains emplissaient toute la
nef de leur saine jeunesse, d’où montait une impression de piété
simple et forte.
Une heure plus tard, après l’office, je voyais au-dessous de
moi, du balcon de la Galerie des Glaces, entre les deux grands
bassins desséchés de la terrasse, trois mille têtes nues, trois mille
figu es tannées, rougies par tant de mois qu’ils viennent de
passer au plein air, trois mille soldats, tous assis sur leurs casques,
les yeux tournés vers la plate-forme où allait se dérouler une
représentation du théâtre aux armées. On attendit une bonne
heure, et j’eus tout le temps d’admirer la politesse de tous ces
jeunes gens, qui se tenaient là, paisibles, sans montrer
leur impatience du divertissement espéré. De fois à autre, l’un
d’eux se levait au milieu de ce parterre de têtes ; et, dans son
uniforme vert-jaune, on aurait dit une grenouille du bassin de
Latone qui se dressait tout à coup au-dessus de l’eau, pour
mieux voir...
Sur le balcon de la Galerie des Glaces, au beau milieu,
juste a 1 endroit ou jadis le Grand Roi a dû s’appuyer si sou
vent pour regarder, lui aussi, quelque fête, ou simplement les
jardins et les eaux disposés là pour son plaisir, un soldat s’était
assis sans façon, jambes pendantes dans, le vide. La fête qui
allait avoir lieu semblait se préparer pour lui seul. Et c’était,
ma foi, étrange et tout à fait naturel.
. Le spectacle enfin commença. Un prestidigitateur fameux,
mais dont le nom m échappe, fit d abord de ces tours mer
veilleux, dont on sait bien qu ils ne sont que des tours, --
dont on s‘’’
,, on sait Dien qu ils ne sont que des tours, mais
s ébahit autant que s ils avaient vraiment le prodigieux
pouvoir de bouleverser les lois du monde. Après quoi, vous
entendez bien ! Fred Astaire, lui-même, apparut, et sembla, lui
force de légèreté, défier l’ordre de la nature. Puis ce
fut 1 adorable Dinah Shore, dont la voix tendre et grave éten
dit tout à coup (pour une minute ou pour un siècle ? le temps
que dure ' n songe) au-dessus de cette jeunesse le frémissant
d.lice de ses chansons sentimentales. Sait-elle le français ? Je
1 ignore. Mais elle chanta La Marseillaise comme si chaque mot
lui était familier et qu elle fut brûlée de leur flamme.
Le soleil déclinait au fond du Grand Canal, Du Grand
Canal abandonné, où 1 on ne voit plus que des roseaux. Les
trois mille hommes étaient debout. Et ce fut le plus beau de
la. fete, ces trois mille hommes entonnant, comme un hymne
qui répondait au notre, le chant national de leur patrie. Dans
ce chant où hommes et femmes font entendre, chacun, séparé
ment, leurs voix, Dinah Shore, à elle seule, faisait entendre
toutes les voix de toutes les femmes d’Amérique. L’écho en
arrivait-il, a trois cents mètres de la, dans la belle salle déserte
de l ancien Ministère des Affaires Etrangères, où fut signé le
pacte qui permit à ce chant de naître ? Cette salle, illustrée
par un aussi grand souvenir, était-elle d’ailleurs si déserte ? Je
crois qu’il est des lieux où tout ce qui a vécu vit encore. Dans
cette pièce ouverte sur la rue de Y Indépendance-Américaine,
il y avait certainement, à cette heure, de grandes ombres qui
écoutaient...
aussi, a
Il faisait presque nuit quand je revins chez moi. Pourquoi
avais-je le cor serré ? Est-ce que je regrettais ma jeunesse,
les jours où j étais pareil à l’un de ces garçons tranquillement
assis sur son casque, dans une armée disciplinée et sûre de sa
victoire ? Est-ce que je regrettais le tomps où, dans la cour
de quelque château des Flandres, près d un étang mélancolique,
ou bien dans notre Soissonnais, au bord de la Montagne de
Reims, j assistais à quelque fête pareille, avec l’admirable insou
ciance de ce qui s’était passé la veille et de ce qui se passe
rait le lendemain ? Ou plus profond ment, et sortant de moi-
même, étais-je triste de la tristesse de ces petites rues inquiètes
(inquiètes de quoi ? Ne devraient-elles pas être toutes à la joie ?
Et pourtant elles ne le sont pas !) ; de la tristesse de ces
passants sur qui pèsent toujours quatre années effroyables et
qui sentent autour d’eux des menaces obscures ? Est-ce que
La Marseillaise et l’hymne américain, que je venais d’entendre
dans ce soir d’apothéose n’avaient pas exorcisé tout à fait l’écho
des sinistres chants de guerre qui, pendant quatre ans, chaque
soir, achevaient la journée et me réveillaient le matin ?
Jérôme, de l’A cadémie français^
1 et Jean THARAUD.
Il
14, Rond-Point
des Champs-Elysées
REDACTION ADMINISTRATION
21, Boulevard Montmartre
TW. RIC. 99-41 et 99 42.
... LE FIGARO,
DIRECTEUR : Pierre BRISSON
’ ..
© " ;
oncos
- es gens qui ne veulent rien faire de rien
n’avancent rien, et ne sont bons à rien,
BEAUMARCHAIS.
JEUDI
N° 40
5
OCTOBRE 1944
118 e ANNEE
— "
TARIFS DES ABONNEMENTS
3 mois 140 francs
6 mois 260 francs
Les abonnements partent du 1er et du 16.
Ils sont reçus :
21, boulevard Montmartre
et 14, Rond-Point des Champs Elysées
Téléphone S ELYsées 98-31 et 98-32
C/C Postal Paris : 242-51
PLAINTE
par François MAURIAC
LA GUERRE
I TROIS COLONNES ALLIEES
1 progressent dans trois directions
I L’ y a six semaines, dans
l’exultation de la déli
vrance, nous aurions eu
peine à deviner ce que
serait la couleur de nos pen
sées, aujourd’hui, sous ces
premières brumes de l'au
tomne. Ce serait trop beau si
ce qui arrive ressemblait tou
jours à ce qu’on a rêvé.
Il était naïf de croire que
des nations en guerre, dont les
soldats meurent chaque jour,
qui ont à surmonter des obsta
cles terrifiants, auraient le
loisir de prêter beaucoup d’at
tention à une France même ré
veillée, même insurgée, et dont
le premier cri, à sa sortie des
ténèbres, fut ce chant inespéré
de victoire.
Tant de villes détruites, ces
provinces éventrées, et sous
les décombres des villages, les
traces à peine effacées de ces
morts qui ne peuvent plus ser
vir à aucune propagande, tout
cela ne saurait nous constituer
un droit à l’attention
de chefs
d'armée qui doivent ne rien
des né-
connaître en dehors
cessités militaires.
D’ailleurs la Grande-Breta
gne, et Londres plus qu'au
cune autre cité, ont connu ce
martyre. C’est le sort com
mun. Nous n’avons même pas
à nous prévaloir de ce que le
feu du ciel nous fut apporté
par des mains amies. C’était
prévu ; c’était dans l'ordre ; il
faut ce qu’il faut. L’anéantis
sement des communications
de l’ennemi a assuré aux Alliés
cette victoire de France qui
fut tout de même, un peu, une
victoire de la France.
« Alors, de quoi vous plai
gnez-vous ?» Je ne saurais
dire... Rien ne délivre les hom
mes de leurs imaginations
d’enfant. Même aux confins de
la vieillesse, nous nous conso
lons en secret avec des images
d’Epinal. Peut-être avais-je
rêvé (ne vous moquez pas...)
d’une montée du Général de
Gaulle et de M. Churchill vers
le Soldat inconnu... Il aurait
vu, Churchill, ce que l’Angle
terre indomptable et son
vieux Pilote représentent pour
notre peuple, en dépit des ou
trages vomis par le Radio-
Paris des années de honte.
il l’aurait vu. Il le verra, s’il
plaît à Dieu. Mais nous décou
vrons aujourd’hui que la déli
vrance de Paris fut comme un
anachronisme, une préfigura
tion de la victoire, en pleine
guerre, et lorsque le pire de
l’épreuve nous demeure peut-
être inconnu. Le temps n’est
pas encore venu de ces mar
ches triomphales.
« Encore une fois, de quoi
donc vous plaignez-vous ? »
Je vous accorde que nos repro
ches sont puérils et vagues.
Peut-être est-ce pour étouffer
une plainte sourde qui s’ex
hale de nous, malgré nous. Ce
que nos alliés refusent au
Chef à qui la France doit
d’être encore une nation vi
vante, c’est à la France même
qu’ils le refusent. C’est la
France dont ils détournent la
tête. C’est la France qu'ils ne
reconnaissent pas.
François MAURIAC,
de l’Académie française.
A L’INTERIEUR DE LA LIGNE SIEGFRIED
L’aviation réduit au silence les batteries ennemies
qui verrouillaient le port d’Anvers et détruit le canal Dortmund
L’avance se poursuit en Hollande, en Lorraine, dans les Vosges et devant Belfort
L ’offensive de la 1re armée
américaine continue avec
vigueur contre la ligne Sieg
fried, sur un front assez
étendu situé au nord de
Geilenkirchen et comportant, nous
le savons depuis hier, trois poin
tes d’attaque principales. Quelle
est actuellement la profondeur de
la pénétration alliée ? Nous ne le
savons pas exactement et rien
n'est venu confirmer une informa
tion de source allemande parlant
d'une pénétration de 17 kilomè-
ties. Rien n’est venu non plus con
firmer une information alliée ré
pandue hier matin et selon la
quelle les troupes du général Hod-
ge auraient déjà traversé la ligne
Siegfried proprement dite, c’est-à-
dire la zone des ouvrages béton
nés, et ne se trouverait plus main
tenant aux prises qu’avec des for-
LA WEHRMACHT
A «ESCAMOTÉ»
les œuvres d’art du mont Cassin
Londres, 4 octobre. — Sir James
de la Guerre de
Grigg, ministre
Grande-Bretagne,
Communes que
a déclaré aux
plusieurs chefs-
UN LIVRE BLANC
sur les atrocités
allemandes
Le professeur Mazel, de la Fa
culté de Médecine de Lyon, prépa
re actuellement avec le concours des
d’œuvre en ont disparu au cours
j, —z— i-n frauduleuse d’en-
d’une opération
vergure, perpétrée au détriment du
Vatican par les Allemands.
Le ministre a déclaré :
pouvoirs publics un livre
les atrocités allemandes,
ment aura pour titre «
de l’oppression ».
blanc sur
Ce docu-
Mémorial
LE METRO
va être rétabli
samedi et dimanche
prochains
D EPUIS plusieurs jours
les Parisiens ont de
l’électricité chaque soir.
Les essais tentés par la C.P.
D.E. ont été satisfaisants et,
si la discipline des usagers
lemeure la même, cette me
sure, provisoire il y a quel-
ques jours, pourra être consi-
iérée comme définitive.
A cette bonne nouvelle,
nous pouvons aujourd’hui en
ajouter une autre : le métro
va nous être rendu le samedi
et le dimanche, et cela dès sa
medi prochain.
C'est, du moins, ce qu’on
nous a laissé entendre dans
les services compétents, ajou-
tant qu’il fallait considérer
cette mesure comme une ex
périence qui ne pourrait être
continuée que si la situation
générale, en matière de pro
duction et de transport du
courant, demeurak satisfai
sante.
tifications de campagne édifiées
en hâte à l’arrière de l’ancienne
ligne, depuis la défaite allemande
à l’Ouest.
Une dépêche du grand quartier
général allié, reçue hier en fin
‘après-midi, déclare que, bien qle
les troupes américaines aient pé
nétré sur pluseiurs points à l’in
térieur de la ligne Siegfried, on
ne peut dire encore que celle-ci
ail été franchie.
Nous devons tenir compte enfin
d'un commentaire du correspon
dant de l’Agence Française de
Bresse à Londres, commentaire où
il est dit : < Il ne paraît pas que
l’attaque déclenchée par la l ro ar
mée américaine aux environs
d'Aix-la-Chapelle puisse être con
sidérée comme une attaque de
grande envergue ». Le même ob
servateur ajoute, et nous repro
duisons son avis sous toutes ré
serves, que « l'on dispose encore
d’un mois avant le déclenchement
des grandes opérations ». L’agence
allemande « Transocean », tout en
reconnaissant la violence des com
bats et les succès alliés sur ta
ligne Siegfried, ramène les opéra
tions aux proportions de combats
locaux.
Les Américains sont parvenus à
Urbach, au sud de Geilenkirchen.
à 2 kilomètres et demi à l’intérieur
de l'a frontière allemande. Plus au
sud, la seconde colonne d'assaut
américaine a occupé l’important
ouvrage fortifié de Rimbourg ; en
fin, plus au sud encore, mais en
core au nord d’Aix-la-Chapelle la
troisième colonne américaine a fait
des progrès près de Merkstein.
Parmi les prisonniers faits dans
le secteur d’Uzbach, les Autrichiens
sont en majorité. Les troupes al
liées avancent lentement en dépit
des tirs intermittents de l’artille-
rie des casemates et d’un feu vio
lent d’armes légères.
Jacques Darcy.
(Suite page 2, col. 1, 2 et 3.)
M. P.-H.
Les prochaines élections
aux conseils municipaux
et généraux
Seront inéligibles les Français coupables
de collaboration avec l’ennemi
les
Les
raux
conseillers nommés par Vichy et les
parlementaires qui ont délégué
leurs pouvoirs le 10 juillet 1940
élections aux Conseils géné-
et aux Conseils municipaux
auront lieu à partir du 1er février
1945 selon les modalités prévues
par une ordonnance prise à Alger
le 21 avril 1944. Les femmes seront
électrices et éligibles dans les mê
mes conditions que les hommes.
Ne peuvent faire partie d’aucune
assemblée, les anciens membres des
prétendus gouvernements qui se
sont succédé depuis le 17 juin 1940.
Les Français qui ont, par leur
attitude personnelle, fait acte de
collaboration avec l’ennemi, seront
inéligibles, de même que les mem
bres du Parlement ayant voté la
délégation des pouvoirs à Philippe
Pétain le 10 juillet 1940.
Les conseillers nationaux, dépar-
Le gouvernement de Londres est opposé
au retour à l'Italie de ses colonies
Londres, 4 octobre. — Répondant
à une question de M. Percy Bars-
tow, député travailliste, M. Eden,
ministre des Affaires étrangères, a
déclaré aujourd'hui aux Communes
que le gouvernement
était opposé au retour
italiennes à l’Ilalie.
Un débat sur
britannique
des colonies
l’Italie
à la Chambre des Lords
Londres, 4 octobre. — Au cours
d’un débat à la Chambre des lords,
lord Cranborne, secrétaire aux Do-
Le général de Lattre de Tassigny
L’un des actes les plus odieux a eu
lieu au Mont Cassin. De nombreuses pein
tures et sculptures provenant d’Italie du
Nord, et qui devaient être mises en sé
curité au Vatican, avaient été entrepo
sées dans la célèbre abbaye.
Les Allemands se chargèrent du trans
port et prétendirent qu’ils avaient em
ballé les œuvres d’art dans 187 châssis.
En fait, quinze de ces châssis ne sont,
jamais parvenus à destination et le con
tenu de nombreux autres avait été substi
tué par des œuvres de peu de valeur.
Les jours se suivent
PIERRES
ELUI qui n’a pas entendu, à
Paris, le cri de la délivrance,
en cherche et en retrouve l’écho
dans les pierres de la ville.
Il regarde les façades, dont il avait
craint parfois de perdre les traits
en lui-même. Crainte vaine : leur
présence était ineffaçable et la
réalité est venue se placer exacte
ment dans les formes du souvenir.
Mais quelques-unes de ces faça
des, en sus de leur passé, racon
tent aujourd’hui leur aventure
d’hier ; et leurs pierres blessées
parlent un langage d’une noble
pureté.
Qu’elles sont belles, ces pierres l
Le temps les avait unies dans un
même ton, celui des années, des
usures de la vie, des exhalaisons
et des respirations de la rue ; mais
sous cette enveloppe sombre se ca
chait une âme fraîche, intacte, qui
est apparue à la première blessure.
Les façades tailladées par les balles
montrent des encoches claires et,
plus profondément, le grain clair
de la pierre qui a su résister et,
sous l’orage, garder sa nature. Rien
ne peut être plus émouvant que
la place de la Concorde pour le
Parisien qui la ressaisit après
l’absence. En un regard il voit ce
qu’elle a souffert : le lion fou
droyé sur la balustrade des Tui
leries, le candélabre écroulé près
de la statue de Strasbourg, la co
lonne détruite de l’hôtel Grillon
et, à l’angle de la rue Saint-Flo
rentin, une colonne encastrée por
tant une profonde entaille. Cette
entaille donne une vie soudaine à
la colonne,unsensàson destin,nous
aide mieux à comprendre son har
monie et sa céleste tâche. Que de
fois nous étions passé devant elle
sans la voir, incapable de l’isoler
dans notre regard et notre senti
ment, la maintenant, comme tant
de choses visibles, dans l’ensem
ble indistinct des habitudes. Or,
voilà que chaque ligne, sous la
lumière de Paris, a repris sa va
leur, sa personnalité, sa . force
exemplaire.
Que durera cette résurrection ?
Combien de jours encore ces pier
res nous feront-elles connaître
leur intime beauté et dresseront
au-dessus de nos courses, si fa
cilement aveugles, leur veille al
tière ? Combien de temps recon
naîtrons-nous le pas des colonnes
e qui marquent dans les fables » ?
Les jours passeront', recouvriront
de leur poussière les cicatrices
glorieuses. Et les pierres, abandon
nées au temps, sembleront de nou
veau dormir sous une patine qui
est pour lei choses la nuance de
VINGT-DEUX HOMMES
D’UN VILLAGE FRANÇAIS
ont été fusillés le 18 septembre
Londres, 3 octobre. — Un cor
respondant de l’Agence Reuter à
la frontière franco suisse apprend
que les Allemands ont fusillé la
plus grande partie de la popula
tion masculine du hameau de Vil-
lars-sous-Ecot, près de Montbé
liard, à 18 km. de Belfort.
Ce correspondant précise que,
le 18 septembre, les Allemands
ont rassemblé 22 hommes habitant
ce petit village, y compris des jeu
nes gens de 17, 16 et même de 15
ans, et les ont emmenés jusqu’à
Montbéliard, où le chef de la Ges
tapo leur a annoncé qu’ils étaient
condamnés à mort.
L'officier allemand qui comman
dait le peloton d’exécution a pré
tendu que ces hommes possédaient
des drapeaux anglais et améri
cains et projetaient de se joindre
aux troupes alliées.
LES PLANS DE GUERRE
CONTRE LE JAPON
San Francisco, 3 octobre.
L’amiral King et son état-major,
James Forrestal, sous-secrétaire
à la Marine ; l’amiral Chester Mi-
mi.z, commandant en chef de la
zone du Pacifique ; l’amiral Ray
mond Spruance, commandant de
la cinquième flotte et les com
mandants des différents secteurs
du Pacifique ont pris part à une
conférence au cours de laquelle de
nouveaux plans de guerre contre
le Japon ont été étudiés.
MORT MYSTERIEUSE
DE SEPT CONTRE-AMIRAUX
JAPONAIS
D’autre part, on annonce de To-
kio la mort mystérieuse de sept
contre-amiraux japonais apparte
nant à l’importante base navale de
Yokohuka.
Il s’agit des contre - amiraux
Hagihara, Ogura, Morino, Arima,
Akasawwa, Mori et Mikumoto,
salue la première
Au cours de déclarations qu'il a
faites à la Radiodiffusion françai
se, le général de Lattre de Tassi
gny a présenté la première armée
qu il commande sous lu direction
du général Patch.
Affirmant dès l’abord que l’oc-
cupation n’avait en rien enlevé à
la France sa volonté de vivre, de
combattre et de vaincre, le général
de Lattre de Tassigny a exposé les
origines diverses de ses troupes
dont certaines combattaient déjà
en Abyssinie, en Libye et en Tri-
politaine, puis, plus récemment, à
Florence, dans l’île d’Elbe et qui,
finalement, ont rejoint le maquis
en France.
Le général de Lattre de Tassigny
parle alors du débarquement dans
le Midi : conquêtes successives de
Toulon, de Marseille où les garni
sons ennemies capitulèrent en huit
jours, laissant entre les mains des
nôtres plus de 35 000 prisonniers.
Puis ce fut le tour de Lyon et de
Dijon d’être libérés avec l’aide
des Forces Françaises de l’Inté-
rieur.
« Ainsi, déclare-t-il, notre sol fut
libéré, de la Méditerranée aux
frontières des Alpes et du Jura ;
traversant Bourgogne et Franche-
Comté, l’armée française réalisait,
le 12 septembre, l’unité de ' ont
en faisant sa jonction avec la 2 e di
vision blindée du général Leclerc
de l’armée Patton. L'armée alle
mande rompue laissait entre nos
mains plus de 60.000 prisonniers,
un butin immense, plusieurs cen
taines de canons souvent intacts.
« Une nouvelle phase de la ba
taille s’ouvre maintenant, a dit en
armée française
conclusion le
commandant de la
première armée française. Son < n-
jeu, c’est la liberté de l’Alsace.
Cette nouvelle phase nécessitait la
réorganisation du commandement.
Le général Devers, dont le rôle a
été.si effectif dans la préparation
du débarquement, prend la tête du
sixième groupe d’armées qui com
prend Fa 7‘ armée du général
Patch et la première armée fran
çaise que j’ai l’honneur de com
mander. Je serai heureux, cette
fois encore, de conduire aux pro
chaines victoires les vétérans de
Tunisie, d’Italie et de Provence et
les ardents soldats des Forces
Françaises de 1 Intérieur. »
minions et président de la Cham
bre des lords, a déclaré notamment
au nom du gouvernement :
« Je crois savoir que c’est en
pleine connaissance de cause que le
Premier ministre et le président
Roosevelt considèrent que le peu
ple italien effectue sa convales
cence avec une surprenante rapi
dité. De même, c’est en parfaite
concordance de vues avec le cabinet
de guerre britannique que les deux
hommes d’Etat reconnaissent que
l’heure est venue de transformer,
en les améliorant, nos relations
avec le gouvernement italien.
« Il n’est pas question de soute
nir ce gouvernement, il est seule
ment question de lui donner l’oc-
casion de devenir démocratique. »
Lord Cranborne a conclu en dé
clarant n’avoir aucune confirma
tion des rumeurs selon lesquelles le
maréchal Badoglio serait nommé
ambassadeur à Londres.
tementaux et les conseillers muni
cipaux de Paris, nommés par Vichy,
sont également exclus des nouvel
les assemblées.
Jusqu’à la date des élections, les
conseillers municipsux élus avant
le 1er septembre 1939 sont mainte-
nus ou remis en fonctions. Les Co
mités départementaux de Libération
proposeront au préfet des cand-
dats pour les postes qui restent va
cants.
Il est possible que des modifi
cations de détail soient apportées
à l’ordonnance du 21 avril 1944 ;
elles n'en modifieront cependant
pas l’esprit.
Le rétablissement
de la légalité républicaine
Le Conseil des ministres a adop
té, dans sa séance du 3 octobre,«une
ordonnance relative au rétablisse
ment de la légalité républicaine
sur le territoire continental.
Cette ordonnance comporte l’an
nulation des textes qui avaient ins
titué une discrimination entre les
Français pour l’accès à certaines
professions. L’annulation de ces
actes emporte annulation de leurs
effets passés.
Le Conseil a également adopté
une ordonnance prescrivant la res
titution des biens des Français qui
avaient été déchus de leur nationa
lité, des sociétés séquestrées et des
israélites. (A. F. P.)
HITLER, GOERING
GOEBBELS ET HIMMLER
sur la liste britannique
des criminels de guerre
Londres, 4 octobre. — M. Chur
chill a déclaré aujourd’hui à la
Chambre des communes que Hit
ler, Gœring, Gœbbels et Himm-
1er figuraient sur la liste britan
nique des criminels de guerre.
C’est en réponse à une question
du député Mander que M. Churchill
a déclaré aux Communes que Hit
ler, Gœring, Gœbbels et Himmler
figuraient sur la liste britannique
des criminels de guerre.
Le Premier ministre a ajouté, au
milieu des acclamations :
« Il ne faut pas croire que la
procédure du jugement sera né
cessairement adoptée pour eux,
mais je ne suis pas à l’heure ac
tuelle en mesure de vous donner
d’autres précisions sur la liste des
criminels de guerre établie par les
Nations unies. Tout cela demeure
encore du domaine des généralités;
nous n’avons pas encore terminé
notre tâche et je ne puis donner
des réponses complètes à ce sujet ;
nous devons tenir compte du fait
que nous travaillons à ce propos
en liaison avec un grand nombre
de pays.
« En ce qui concerne la procé
dure qui sera adoptée, je ne vou
drais pas m’engager à formuler
une affirmation générale qui aurait
l’air de remettre en cause les ba
ses fondamentales du droit inter
national. Je ne crois pas qu’il soit
urgent de faire une nouvelle dé
claration là-dessus. »
DEMAIN
Georges Duhamel
l’oubli.
Guermantes,
*
CHRONIQUE
L’après-midi américaine
par Jérôme et Jean THARAUD
JEAN OBERLE
VOUS PARLE
1 Dans Londres bombardé
la vie continue
ET L’ON CHANTE A
LA RADIO
III
N OTRE petite équipe française
commençait à s’organiser. La
foi ne nous manquait .
Les idées allaient venir. La
du gouffre. Ils lisaient le soir, dans
leurs journaux : « Aujourd’hui, la
"9 ■ 80, 90, 100, 185
RA.F. a abattu
pas.
grandeur de la tâche nous sou
tenait plutôt qu’elle ne nous inti
midait. Nous avions un petit bureau
au rez-de-chaussée du grand im
meuble moderne de la B.B.C., dans
4e centre de Londres, à Portland
Place, en face d’une petite église,
au clocher pointu comme un éteignoir.
Le bureau était si petit que je préfé
rais profiter des derniers beaux jours
pour écrire sur mes genoux, dans un
des parcs de Londres- Le temps était
toujours très beau. Le soir, nous
montions dans le studio, au huitième
étage. Nous voyions souvent arriver
le général de Gaulle, avec son éter
nelle cigarette et ses gants blancs,
suivi du sous-lieutenant Schumann
qui, dans le studio, tandis que le
général dépliait son papier, mettait
ses lunettes et se préparait à lire, de
sa voix forte et martelée, ses fameux
messages, se penchait par-dessus son
épaule et annonçait : « Honneur et
Patrie, voici le général de Gaulle. »
Premières batailles aériennes
dou-
». Ils ne se
allemands
avions
c’était quand même une bataille de
la Marne.
Les sirènes hurlaient plusieurs fois
par jour, mais on n’y faisait guère
attention. Ça se passait trop haut.
De temps en temps, on apercevait
dans le ciel de grandes traînées blan
ches. On savait que les prairies du
sud de l'Angleterre étaient jonchées
de carcasses carbonisées d avions alle
mands. Nous avions, nous, plutôt les
yeux fixés sur les plages. J’étais
convaincu que les Allemands étaient
trop mauvais marins pour débarquer
en Angleterre. Mais si la R.AF.
avait été battue, ils seraient arrivés
en parachute.
La radio sous les bombes
Le 7 septembre, dans l’après-midi,
Jean Marin me dit : « Du toit de
JEAN MARIN
(Vu par Jean Oberlé.)
pas qu’ils étaient en train de
gagner la guerre. Mais les Parisiens
non plus ne se doutaient de rien, en
1914, pendant la bataille de la
la Marne se
taient
Marne. La bataille de
passait à 40 kilomètres de Paris. Ici,
c’était à 4 kilomètres
au-dessus de
Londres que ça se passait. Mais
Carlton Gardens (le quartier général
de de Gaulle à Londres), j’ai —
36 avions allemands piquer sur
docks et les bombarder. Il y a
grand incendie. » — « Ça va
éclairer pour revenir ce
ds-je banalement. En
soir »,
effet.
commença à la nuit tombante,
comme ça pendant huit mos,
: vu
les
un
les
, lui
Ca
Et
sans
Et, soudain, la bataille commença.
On ne s’en rendit pas très bien
compte, d’abord. Là-haut, dans le
ciel bleu, à plusieurs kilomètres de
hauteur, les pilotes de la R.A.F.,
virevoltant sur leurs petits avions, ti
raient, à 500 kilomètres à l’heure,
sur les avions allemands. Ils n’étaient
pas bien nombreux, ces pilotes de la
R.A.F., 700 à peine, mais de leur
courage et de leur habileté dépen
daient la vie et l’avenir de ces An
glais qui continuaient à vivre tran-
quillement, sans se douter, comme un
somnambule, qu’ils étaient au bord
Le Parlement belge
vote la confiance au Gouvernement
par 128 voix contre 6
Bruxelles, 4 octobre. — Le Parlement
belge s’est réuni pour entendre lecture
de la déclaration ministérielle faite par
M. Pierlot.
La Belgique assumera toutes les obli
gations que lui impose la poursuite de
la guerre aux côtés des Alliés jusqu’à la
victoire totale. L’une des premières tâches
du gouvernement consistera à reconsti
tuer graduellement l’armée qui sera mo
dernisée.
Le gouvernement a obtenu un vote de
confiance par 128 voix contre 6 ; il y a
eu 7 abstentions.
interruption. Toutes les nuits ? Oui,
toutes les nuits. C’est même pour ça
qu’on s’y est habitué.
Le long des trottoirs, tous feux
éteints, les autobus roulaient lente
ment. Les sirènes retentissaient. La
défense passive, qui se révéla d’une
bravoure et d’une efficacité inouïes,
était prête- Et la grêle de bombes
tombait, grêle que n’avait pas prévue
le parapluie de Chamberlain.
Jean Oberlé.
('Suite page 2, col- 6, 7 et 8)
A LA 2’ PAGE :
La dure tâche des cheminots
« D’abord, gagner la guerre »
par Michel-P. Hamelet.
Les destructions
et les pertes subies
par les P.T.T.
depuis le début de la guerre
POSTE : 200 immeubles doma
niaux détruits ou gravement
endommagés ainsi que te petit
matériel : mobilier, machines
comptables, etc... perdu, 500.000
sacs postaux à remplacer.
TELEYHONE : 90.000 km. de
circuits aériens détruits ; 60
stations d’amplification hors
d'usage ; 30 réseaux souterrains
de villes importantes détruits,
et de très nombreux réseaux
urbains gravement endomma
gés; 110 bureaux téléphoniques
entièrement détruits ; 130 très
endommagés ; 50.000 installa
tions d’abonnés à reconstruire.
TELEGRAPHE : 5 centraux té
légraphiques détruits : Le Ha
vre, Rouen, Caen, Brest, Tou
lon. Le navire câblier « Am
père » coulé.
RADIOTELEGRAPHIE : 4 sta-
lions détruites
Pontoise,
Croix - d’Hins, Lyon-la-Doua,
Noiseau ; 4 stations radiomari-
times détruites : Boulogne,
Douges, Séverac, Saintes-Maries-
de-la-Mer.
TRANSPORTS : 509 voitures au
tomobiles détruites ; 350 wa
gons-poste détruits.
Le général Catroux
va se rendre à Paris
Alger, 4 octobre. — Le général
Catroux a annoncé qu'il se rendrait
la semaine prochaine à Paris, afin
de faire approuver par le gouver
nement un certain nombre de me ¬
sures d’ordre
intéressant la
ne.
Il a précisé
économique et social
population musulma-
que l’institution d’un
ministre délégué en Afrique du
Nord répondait aux nécessités ac
tuelles, mais que ce poste serait
supprimé lorsque les communica
tions seraient rétablies normale
ment avec la métropole.
Les poursuites judiciaires
contre le maréchal Pétain
et ses anciens ministres
Le général Koenig, gouverneur
militaire de Paris, ayant signé ré
cemment un ordre d’informer con
fie le maréchal Pétain et cin
quante-neuf de ses anciens colla
borateurs, le parquet militaire a
chargé le général ’ ‘ de cette
instruction judiciaire, ouverte en
vertu de l’article 75 du Code pé
nal, réprimant le crime d’intelli-
genres avec l’ennemi.
La haute juridiction qui con
naîtra de cette affaire sera un tri
bunal militaire spécial, où le gé
néral remplira les fonc ¬
tions de commissaire du gouver
nement.
Conformément aux dispositions
de l’article 156 du Code de justice
militaire, un maréchal de France
ne peut répondre de ses actes que
devant un tribunal composé « de
six maréchaux ou généraux de di
vision commandants d’armée, de
groupe d’armées, gouverneurs mi
litaires ou ayant commandé en
chef devant l’ennemi ».
LE MAQUIS ALLEMAND
S’ORGANISE
Londres, 4 octobre. — Selon le
Daily Mail, un vaste « maquis »
nazi serait, d’ores et déjà, organisé
par les Allemands.
Le centre de ce maquis serait si
tué aux environs de Garmisch-
Partenkirchen, dans les Alpes tyro
liennes, et en communication di
recte avec Berchtesgaden.
Les nazis peuvent trouver un
abri dans les mines de sel très vas
tes existant entre Obersalzburg,
Steyr et Wels ; des ateliers d’arme
ment y seraient installés ainsi que
des magasins de vivres et de muni
tions.
D’autre part, on annonce l’arri-
vée « dans un pays neutre » du cé
lèbre major Waldemar Pabst.
Pabst a pu atteindre son refuge
actuel comme membre de l’impor
tante firme d’armements « Rhein-
métal » ; on pense qu’il a été char
gé de contrôler et de coordonner de
l’extérieur du Reich les mouve-
ments des partisans.
LA PROTESTATION
DE LA PRESSE
L A protestation de la presse
et son appel au général de
Gaulle, que nous avons pu
bliés hier en même temps
que nos confrères, a pu surprendre
le public.
On comprendra la réserve par
ticulière que LE FIGARO se fait
un devoir d'observer dans des
conflits où la parole appartient
surtout et de droit aux représen
tants de l’ex-presse clandestine.
Mais il ne faudrait pas que cette
discrétion prît l’apparence d’une
abstention.
Profondément solidaire des sen
timents qui animent ses confrères,
poursuivant avec eux l’exécution
des projets de réformes auxquels
il s’associa étroitement et contri
bua souvent dans la vie clandes-
tine, LE FIGARO tient à marquer
ici son adhésion sans équivoque.
Son rôle, dans la mesure où
voix peut être écoutée, est
travailler de toutes ses forces,
toute son âme, à l’union
quelle rien ne sera fait
pays.
Or cette union, dans le
sent, existe. Elle existe
sans
dans
sa
de
la-
te
cas pré
non pas
seulement entre les journaux,
mais entre les journaux et le mi-
nistre que la protestation semble
viser. Paradoxe que l’éditorialiste
de COMBAT signalait hier avec
une ferme clairvoyance.
Il serait absurde, il serait odieux
que M. Teitgen, un des hommes
dont la Résistance s’honore, un
de ceux dont la foi, l’ardeur, le
courage, dans les sombres mois
d’épreuve, étaient une référence
pour chacun de nous, prît figure
de suspect à l’égard des combat
tants clandestins dont il reste l’In
carnation même- Il serait profon
dément regrettable qu’il fût gêné,
lassé, dans sa
par des attaques
public serait en
prendre.
Les questions
besogne difficile,
sur lesquelles le
droit de se mé-
de principe ne
peuvent être mises en doute. Cer-
tains désaccords d’exécution inter
viennent. Des conversations sui
vies les dissiperont sans mal. Voi
là simplement ce qui paraît néces-
saire.
Il est non
moins souhaitable
que dans une France en guerre
ces mises au point, strictement
professionnelles et d’un faible
intérêt pour le lecteur, se fas
sent dans le privé, avec toute l’at
tention et le calme qu’elles récla
ment, loin de la place publique
où les passions s’enveniment et
où nos amis étrangers nous ob
servent.
P. B.
'AUTRE jeur, à Versailles, dans ce lieu qui a vu se
dérouler tant de cé.émonics, tant de fêtes, j’ai vécu une
après midi imprévue et charmante.
Cela commença par une messe. Une messe à quatre
heures du soir. Dans la chapelle du Château. La chapelle de
marbre blanc construite par Mansard. Une messe céléb ée par
1 archevêque de New-Y ork, et naturellement présidée par
Mgr Roland-Gosselin, évêque de Versailles. L’archevêque amé
ricain, simple comme un curé de paroisse, célébrait, pour ainsi
dire, 1 office au débotté. Il venait, un quart d’heure auparavant,
d atterrir en avion, à Buc. Mgr Roland-Gosselin, en grand man
teau d apparat, semblait un Bossuet, un Fénelon descendu d’une
toile de Rigaud. Les soldats américains emplissaient toute la
nef de leur saine jeunesse, d’où montait une impression de piété
simple et forte.
Une heure plus tard, après l’office, je voyais au-dessous de
moi, du balcon de la Galerie des Glaces, entre les deux grands
bassins desséchés de la terrasse, trois mille têtes nues, trois mille
figu es tannées, rougies par tant de mois qu’ils viennent de
passer au plein air, trois mille soldats, tous assis sur leurs casques,
les yeux tournés vers la plate-forme où allait se dérouler une
représentation du théâtre aux armées. On attendit une bonne
heure, et j’eus tout le temps d’admirer la politesse de tous ces
jeunes gens, qui se tenaient là, paisibles, sans montrer
leur impatience du divertissement espéré. De fois à autre, l’un
d’eux se levait au milieu de ce parterre de têtes ; et, dans son
uniforme vert-jaune, on aurait dit une grenouille du bassin de
Latone qui se dressait tout à coup au-dessus de l’eau, pour
mieux voir...
Sur le balcon de la Galerie des Glaces, au beau milieu,
juste a 1 endroit ou jadis le Grand Roi a dû s’appuyer si sou
vent pour regarder, lui aussi, quelque fête, ou simplement les
jardins et les eaux disposés là pour son plaisir, un soldat s’était
assis sans façon, jambes pendantes dans, le vide. La fête qui
allait avoir lieu semblait se préparer pour lui seul. Et c’était,
ma foi, étrange et tout à fait naturel.
. Le spectacle enfin commença. Un prestidigitateur fameux,
mais dont le nom m échappe, fit d abord de ces tours mer
veilleux, dont on sait bien qu ils ne sont que des tours, --
dont on s‘’’
,, on sait Dien qu ils ne sont que des tours, mais
s ébahit autant que s ils avaient vraiment le prodigieux
pouvoir de bouleverser les lois du monde. Après quoi, vous
entendez bien ! Fred Astaire, lui-même, apparut, et sembla, lui
force de légèreté, défier l’ordre de la nature. Puis ce
fut 1 adorable Dinah Shore, dont la voix tendre et grave éten
dit tout à coup (pour une minute ou pour un siècle ? le temps
que dure ' n songe) au-dessus de cette jeunesse le frémissant
d.lice de ses chansons sentimentales. Sait-elle le français ? Je
1 ignore. Mais elle chanta La Marseillaise comme si chaque mot
lui était familier et qu elle fut brûlée de leur flamme.
Le soleil déclinait au fond du Grand Canal, Du Grand
Canal abandonné, où 1 on ne voit plus que des roseaux. Les
trois mille hommes étaient debout. Et ce fut le plus beau de
la. fete, ces trois mille hommes entonnant, comme un hymne
qui répondait au notre, le chant national de leur patrie. Dans
ce chant où hommes et femmes font entendre, chacun, séparé
ment, leurs voix, Dinah Shore, à elle seule, faisait entendre
toutes les voix de toutes les femmes d’Amérique. L’écho en
arrivait-il, a trois cents mètres de la, dans la belle salle déserte
de l ancien Ministère des Affaires Etrangères, où fut signé le
pacte qui permit à ce chant de naître ? Cette salle, illustrée
par un aussi grand souvenir, était-elle d’ailleurs si déserte ? Je
crois qu’il est des lieux où tout ce qui a vécu vit encore. Dans
cette pièce ouverte sur la rue de Y Indépendance-Américaine,
il y avait certainement, à cette heure, de grandes ombres qui
écoutaient...
aussi, a
Il faisait presque nuit quand je revins chez moi. Pourquoi
avais-je le cor serré ? Est-ce que je regrettais ma jeunesse,
les jours où j étais pareil à l’un de ces garçons tranquillement
assis sur son casque, dans une armée disciplinée et sûre de sa
victoire ? Est-ce que je regrettais le tomps où, dans la cour
de quelque château des Flandres, près d un étang mélancolique,
ou bien dans notre Soissonnais, au bord de la Montagne de
Reims, j assistais à quelque fête pareille, avec l’admirable insou
ciance de ce qui s’était passé la veille et de ce qui se passe
rait le lendemain ? Ou plus profond ment, et sortant de moi-
même, étais-je triste de la tristesse de ces petites rues inquiètes
(inquiètes de quoi ? Ne devraient-elles pas être toutes à la joie ?
Et pourtant elles ne le sont pas !) ; de la tristesse de ces
passants sur qui pèsent toujours quatre années effroyables et
qui sentent autour d’eux des menaces obscures ? Est-ce que
La Marseillaise et l’hymne américain, que je venais d’entendre
dans ce soir d’apothéose n’avaient pas exorcisé tout à fait l’écho
des sinistres chants de guerre qui, pendant quatre ans, chaque
soir, achevaient la journée et me réveillaient le matin ?
Jérôme, de l’A cadémie français^
1 et Jean THARAUD.
Il
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