Il est à l’époque l’un des rares Occidentaux à maîtriser la langue japonaise et à avoir suffisamment d’expérience pour entreprendre ce défi. Caron a vécu plus de vingt ans au Japon au service de la Compagnie néerlandaise des Indes (VOC). Il gravit rapidement les échelons de la compagnie jusqu’à en devenir le directeur, grâce à ses qualités de fin diplomate et d’homme d’affaires.
En 1636, il rédige à la demande du directeur général de la VOC un rapport en néerlandais sur le Japon, sous forme de trente-et-une questions-réponses qu’il intitule
La vraie description du puissant royaume du Japon. La traduction française paraît sous le titre de
Relation de l’Empire du Japon. Ce n’est ni un récit de voyage ni une enquête savante sur le Japon, mais un document administratif rédigé dans une perspective commerciale. Néanmoins, il donne des indications sur la nature autoritaire du régime politique, la condition féminine ou le culte de l’honneur, et constitue l'une des premières sources d'informations en Europe sur ce pays éloigné. En 1664, il est l’homme de la situation : son expérience d’ancien directeur général de la Compagnie néerlandaise lui permet d’espérer que la Compagnie française puisse un jour rivaliser avec les Hollandais, les Portugais et les Anglais.
En 1715 paraît pour la première fois le
Mémoire pour l’établissement du commerce au Japon, dressé suivant l’ordre de Monseigneur Colbert par M. Caron. Il s’agit d’une série de documents publiés dans le
Recueil de voyages du Nord contenant divers mémoires très utiles au commerce & à la navigation et écrits en français par Caron (voir Ms français 13057 en cours de numérisation). Ce mémoire très précis et détaillé décrit la meilleure façon d’établir la Compagnie afin qu’elle puisse exercer ses activités jusqu’à la Chine et au Japon. Y figurent deux modèles différents de lettres à l’intention de l’empereur de Chine et du shôgun, et des instructions présentées comme étant celles de Louis XIV à son envoyé, pour qu’il représente Sa Majesté dignement à Pékin d’abord, puis à Edo. Caron meurt malheureusement en 1673 avant d’avoir pu mettre en œuvre le projet qu'il a présenté à Colbert.