Les Japonais en images
Sont proposés ici quelques exemples de représentations des Japonais, tels que les ont imaginés ou vus les auteurs, depuis les enluminures des Voyages de Marco Polo aux photogravures des revues illustrées à grand tirage, en passant par les ouvrages savants.
Durant le "siècle chrétien", les descriptions du Japon et de ses habitants sont principalement littéraires : elles proviennent des lettres des missionnaires, qui sont traduites du latin en français. Après le bannissement des chrétiens au début du XVIIe siècle, les jésuites font circuler en France des gravures représentant les martyres des chrétiens au Japon, dans un but d'édification. Mais l'image des bourreaux reste exotique ou tirée d'un lointain passé européen.
Au Japon, des médecins, des scientifiques attachés à la Compagnie hollandaise des Indes orientales s’efforcent de mieux connaître la civilisation japonaise : Engelbert Kæmpfer (1651-1716), médecin hollandais ; le chirurgien Isaac Titsingh (1745-1812), et surtout Philipp Franz von Siebold (1799-1866), médecin allemand. Leurs ouvrages proposent une vaste documentation en images, qui sera abondamment utilisée par les auteurs européens et par la presse. Les illustrations sont réalisées d’après des gravures japonaises, ou à partir de peintures parfois commandées exprès aux artistes japonais.
Au moment de l’ouverture du Japon, le contexte éditorial est favorable à la diffusion de ces images venues d’ailleurs. Leur réception enthousiaste est en effet facilitée par le rôle majeur accordé à l’illustration dans les publications de cette époque et par le développement des techniques : chromolithographie, photogravure, puis similigravure dans les années 1880. Les grandes revues illustrées, la littérature populaire, les publications instructives pour tous transmettent une certaine vision du Japon, à partir des sources des XVIIIe-XIXe siècles, des estampes japonaises ou des livres illustrés, des peintures d’artistes japonistes, ou encore des premières photographies. Quelques artistes affirment une certaine originalité, comme Georges Ferdinand Bigot, Félix Régamey ou Felice Beato, qui s’intéressent aux petits métiers et aux scènes très quotidiennes de la vie japonaise.