Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-09-16
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 16 septembre 1864 16 septembre 1864
Description : 1864/09/16 (Numéro 260). 1864/09/16 (Numéro 260).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
2-
■
49* ÀMKÈE.—N.
BUREAUX A. PARIS : rue do Valois (Palaïs-ftoyal); nî 102
B
VENDREDI 16 SEPTEMBRE 1864«
ABONNEMENT DES DÉPARTBMEgg,
" TaCjISMOISîî?JBfa| 16 FR.
SIX MOIS.iïîïïTTîSS 32 FR. -
UN AN.;..;.;:;;.!."? 64 FR;
STOCK LES PATS ÈTBANGEBS, TOlT le tableSU
publié les 5 et 20 de chaque mois. :
imp. li, BONlFACE, r. des Bons-Enfons, 19.
v
Le mode d'abonnement le plus simple est l'envol d'un bon da ^oste-oifd 'un efiet
sur Paris, à l'ordre de l'administhatbuk du journal, rue de Valois, n' 10.
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faire retirer «dans les bureaux du journal
les feuilles contenant les parties de XA.
foret de boh0y, publiées avant
la date ainsi an courant de cette œuvre si drama
tique dans son ensemble et si attachante
dans ses détails.
PARIS, 15 SEPTEMBRE
Nous avons rapporté avant-hier, d'après
la Correspondance générale de Vienne , que
l'empereur d'Autriche a renoncé à son
voyage à Berlin, voyage pour lequel des
préparatifs avaient été faits.
La Gazette de la Croix dément aujour
d'hui les assertions de la feuille autri
chienne. : non pas qu'elle conteste le fait
même de l'abandon Au projet de voyage,
taais elle prétend qu'il n'a jamais été ques
tion de pareillts visite. La feuille prussien
ne convaincra difficilement le public qu'à
.Berlin ç>n connaissait mieux les intentions
de l'empereur François-Joseph qu'à Vien
ne. Les journaux autrichiens, et les plus
autorisés, ont tous annoncé ce voyage
comme ils viennent tous -d'annonce^ au
jourd'hui f ue l'empereur a changé d'avis.
Suivant une correspondance viennoise
de la Gazette de Cologne, l'Autriche com
mencerait à se pénétrer de là nécessité de
terminer promptement la question de suc
cession dans les duchés, et on croyaitàVien-
ne que la reconnaissance du duc Frédéric
d'Augustcenbourg ne se ferait plus attendre
longtemps. L'Autriche n'a rien à objecter
contre le prince Frédéric, et on disait que
le cabinet de Berlin était également sur.
le point de s'entendre avec le duc sur ses
rapports futurs avec la Prusse. On espé
rait enfin à Vienne que lafrusse ne deman
derait au prince rien qui fût contraire à
ses devoirs de souverain. Le correspon
dant de la feuille rhénane ajoute que le
Mémoire du duc d'Augustenbourg a pro
duit un bon effet à Vienne et-que le grand-
duc d'Oldenbourg réussira difficilement à
infirmer les argumens développés dans
cette pièce du duc Frédéric.
Les gouvernement de Wurtemberg et
de Bavière, dit-on, montreraient, depuis
quelque temps, des dispositions plus fa
vorables à l'égard du traité franco-prus
sien. .Le ministre des finances de Wurtem
berg aurait insisté sur lanécessité d'accéder
au traité avant le 1" octobre, et il trou
verait un puissant appui dans lé roi
lui-même. Quant à la Bavière, on sait que
M. de Schrenk, ministre des affaires»
étrangères, est un adversaire décidé du
traité, à ce point qu'il "aurait déclaré
qu'il n'y apposerait jamais sa signature.'
Cet obstacle, dit la Gazette, de Cologne ,
pourrait être tourné par la nomination
d'un-ministre du commerce, charge qui
n'existait pas jusqu'ici en Bavière, mais
qui est prévue dans le budget de cette an
née. Le nouveau ministre pourrait ensuite
signer le traité dont l'adoption est d'ail
leurs demandée par la majorité des popu-_
lations. ; ,
Un télégramme de Brème avait annon
cé, il y a quelques jours, qu'un bâtiment
dé guerre, arrivé à Bremerhaven, apparte
nait à la marine de la Confédération amé
ricaine du Sud. La Gazette du Weser dément
aujourd'hui cette nouvelle. Le bâtiment
en question est la corvette prussienne
Victoria , venant de Bordeaux, et achetée
par le ministère de la marine de Prusse.
De prochain voyage de l'empereur d'Au
triche en Hongrie continue à préoccuper
"l'opinion à Vienne. L' Ost-Deutsche-Post &'ex-
prime ainsi à ce sujet :
« Le but apparent de ce voyage est purement
militaire, mais la circonstance que c'est la pre
mière fois que S. M. rentre en Hongrie depuis
la promulgation du diplôme d'octobre et de
la Constitution de février, l'animation visi
ble qui s'est produite ces jours derniers dans
les différëns partis hongrois, et surtout parmi
les vieux conservateurs, la présence à Vienne
du baron de Bach, qui a dirigé les affaires in
térieures de "l'Autriche pendant douzeans, jus
qu'à ce que le diplôme d'octobre et la Constitu
tion defévrier eussent écarté ses principes, tout
cela entoure le voyage de l'empereur-d'espéran-
ces, d'attente et d'aspirations vagues qu'il se
rait fort difficile d'analyser. Ce que nous espé
rons et attendons du voyagé de l'empereur,
c'est qu'il fera remettre la question hongroise
sur le tapis. Nous n'appréhendons nullement les
dangereuses influences dont on nous menace
en nous parlant des vieux conservateurs-? ce
que nous croyons et espérons uniquement,
c'est que ce voyage de l'empereur accélérera
la convocation de la Diète de Hongrie, et com
me la réunion de cette Diète est, à nos yeux,
le seul moyen d'arriver plus tôt à une solu
tion, il nous est parfaitement indifférent que
ee soit telle ou telle influence qui réalise cette
convocation. »
Ladernière allusion de l'Ost-Deutsche-Post
a trait aux articles des journaux démocra
tiques dè Vienne qui repoussent tout com
promis avec la Hongrie qui se ferait avec
le concours du parti conservateur.
E douard S ijîon.
Le Moming-Post publie un travail in
téressant qui a pour objet de constater les
effets du traité de commerce de 1860, re
lativement à l'industrie française. Les chif
fres qu'il cite et les réflexions qui les ac
compagnent, démontrent une vérité que
nos débais publics et nos propres docu-
mens ont déjà mise en pleine lumière, à
savoir : que notre industrie et' notre com
merce ont retiré du traité conclu avec l'An
gleterre des avantages réels, considérables
même pour certains produits, et en ont
reçu la plus bienfaisante impulsion.
« Il est évident, dit le Morning-Post en
terminant son analyse, que le commerce
et les manufactures de la France se sont
parfaitement trouvés du nouveau régime
commercial.
' » L'exemple qu'a donné la France par son
adoption des principes du libre-échange,
n'a pas été sans produire un-certain effet
sur le continènt, et l'on peut espérer que
les peuples de l'Europe se montreront de
plus en plus disposés, d'abord à dimi
nuer, puis à abolir tout à fait les entraves
qui gênent encore le commerce interna
tional.
» L'Angleterre, ajoute le même jour
nal, se félicite d'avoir inauguré un systè
me de liberté commerciale qui, en aug
mentant la prospérité des nations quil'a-
doptènt, réagit favorablement sur elle-mê
me, et, en multipliant les relations ami
cales entre les divers Etats, est appelé à
devenir un éloquent avocat de la paix. »
Nous nous associons bien volontiers à
ce vœu du Morning-Post , en même temps
que nous recueillons le témoignage im
partial qu'il nous apporte en faveur des
progrès réalisés depuis ces dernières an
nées par notre industrie etnotre comhierce.
c. piel.
On nous écrit de Tunis :
« Aïder-Effendi a reçu de son gouverne
ment l'ordre de retourner à Constantino-
ple ; il part avec la flotte turque. Les es
cadres française, anglaise et italienne doi
vent aussi partir,ne laissant que quelques
avisos pour les besoins ordinaires du ser
vice. »
Pour extrait : c. piel.
Depuis plusieurs jours un certain nom
bre de journaux étrangers annoncent l'é
vasion de Crocco, le font arriver dans di
vers pays, et commentent ce fait à leur
manière. Il est tout à fait inutile de discu
ter ces commentaires, Crocco étant tou
jours en prison à Rome. l. boniface.
La Gazette de France maintient cette as
sertion, à laquelle nous avons donné un
démenti, que les supplémens du Journal
de Bruxelles contenant les comptes-rendus
du congrès de Malines ont été arrêtés à la
poste. Nous affirmons de nouveau qu'on
n'a pris et qu'il n'y a eu à prendre au
cune mesure au sujet de ces supplément
par la raison toute simple qu'ils ne sont
pas arrivés en France.
l. boniface.
COURS DE LA BOURSE.
COURS DE CLOTURH
le 14 le 15 HAUSSE. BAISSB
3 0/0aucomjat. 66 65 66.55 » » » 10
—Fin du mois. 66."73 66.7o » » » »
41/2 au compt. 92. » 92,10 » 10 » »
—Fin du mois. 92 70 » . a ■ » a a
Voici les dépêches que nous recevons ce
soir :
Londres, 15 septembre, 5 h. soir.
Consolidés anglais, 88 S/16; le marché est
pins ferme.
Il a été déposé aujourd'hui 174,000 livres
sterling à la Banque d'Angleterre.
Un incendie a éclaté hier à Chatteries, dans
le comté de Cambridge. Il y a eu 100 maisons
brûlées en trois heures. Une petite fille aurait
péri dans les flammes.
Londres, 15 septembre.
Le bilan hebdomadaire de la Banque d'An
gleterre donne les résultats suivans :
Augmentation : compte du Trésor, 679,681
liv. sterl.; portefeuille, 179,269- liv. st.; ré
serve des billets, 324,000 liv. st.
Diminution : comptes particuliers, 180,465
liv. st. ; encaisse métallique, 64,936 liv. st.
- -Berlin, 15 septembre.
Aujourd'hui, à midi, la princesse royale est
heureusement accouchée d'un prince-, S. A. et
le nouveau né sont en très bonne santé.
Madrid, 15 septembre.
La crise ministérielle continue. La reine a
fait appeler le maréchal O'Donnell.
(Havas-Bullier.)
TELEGRAPHIE PRIVEE.
* Londres, 14 septembre, soir.'
Consolidés anglais, 88 i/16 à 3/16.
Les domandes, sur le marché monétaire,
sont plus nombreuses.
Aujourd'hui, à Duncastér, a été couru le
Grand Saint-Léger. Blair-Athol est arrivé pre
mier, Général Peel second, Cambuscan troi
sième.
Berlin, 14 septembre.
La Gazette de la Croix dément -l'assertion de
la Correspondance générale de Vienne, relative à
un projet de voyage de l'empereur d'Autriche
à Berlin, pour lequel on aurait fait des prépa
ratifs et qui viendrait d'être abandonné.
La Gazettede la Croix dit que, dans les hau
tes régions, même à Vienne,- il n'a jamais été
question d une visite de l'empereur d'Autriche
à Berlin.
Bucharest, 14 septembre.
Les allégations du journal l'Italie, reprodui
tes par des dépêches de Turin, au sujet d'un
Hongrois renvoyédu sol roumain, sont inexac
tes. M. Sehertliosz a été éloigné par ordre du
ministre de l'intérieur.
Berne, 14 semptembre.
Le gouvernement cantonal d'Uri conteste ,
comme celui de Lucerne, la compétence du
conseil fédéral pour la conclusion du traité de
commerce avec la France.
Lisbonne, 14 septembre.
L'Estramadure, des Messageries impériales,
est arrivé ici ce matin, à huit heures, venant
du Brésil, avec 244 passagers. Etat sanitaire
bon. — Cours à Rio : sur Paris, 345 à 348 ;
Londres , 27 1/2. —Café, première bonne*,
6,500 à 6,700; 2,684 sacs à bord. Arrivages dans
la quinzaine, 59,500 sacs; stock 65,000 sacs. —
donnai JBuonos-Ayres s,sur Paris, 84 liv.; sur
Londres, 50 onces 454 piastres.
Cours Montevideo: S ut Paris, -82.50; Lon
dres, 51 1/2 .—LeParana a touché à Pernambu-
co, le 28, et la Guienne à Saint-Vincent, le 4.
(Sdbas-Bullieri)
ALLEMAGNE,
La Ûàzetle de tAllemagne àu ÏÏorà donne les
extraits suivans d'un rapport publié par le mi
nistre des cultes sur la situation de l'instruc
tion primaire en Prusse, de 1859 à 1861 s
Il existait en Prusse, â la fin de 1861, 2les pïimaires publiques dirigées par 33,617 itistitu-
teurs et 1,733 institutrices. Tandis que la popula
tion des campagnes ri'eêt qit'un pëu plus _ du
double de c'èîle des villes ( 12,867,368 âmes),
11 y a à peu près sept fois plus d'écoles primaires
publiquesdans les campagnes que dans les villes
(21,828 contre 2,935), un grand nombre d'en-
fans, de tes deïniêres fïéqiîdiitâiit les écoles sS ;
Condalres. Sur 18,476,060 habitans, il s'est trou
vé 3,090,294 enfans (17 0/0) tenus de fréquen
ter l'école. Surce nombre,2,875,836, dont 1,775,888
protestans, 1,063,805 catholiques, 30,053 Israélites
et 6,090 dissidens fréquentaient l.es écoles publiques
et 84,021 des écoles prlnialrespfivées : cela fait eti
tout 2,959,857 enfans ; sur le reste (130,437) une
grande partie fréquente les écoles secondaires, de
façon qu'il en e*st un très petit nombre qui échap-
se au contrôle de l'autorité et qu'on a eu grand
iort deprétendre dernièrement qu'il y avait en Prus-
se'plus de 600.000 enfans qui n'allaient pas à l'é
cole. Le traitement moyen des instituteurs et
dts institutrices des écoles de Berlin est de 413
thalers (environ 1,650 francs). Celui des institu
teurs des villes de 281 th. (1,050 fr.) et de ceux des
campagnes de 181 th. (680 fr.). Dans le chiffre des
traitemens, la rétribution scolaire figure pour 2/7.
Le reste provient de fondations, de subventions
communales et de subventions de-l'Etat. La dé
pense totale pour les écoles primaires s'élève à
9,902,696 th. (environ 37 millions de francs) sur
lesquels 438,928 th. (environ 1,600,030 fr,) sont
fournis par l'Etat. -
£
Nous trouvons dans l'Echo du Pacifique
les détails Suivans sur les Indiens du ilofd
de la Californie :
Depuis rétablissement des blancs dans le
pays situé entre la rivière Russe et Crescent
City, sur la côte nord-de la Californie, c'est-à-
dire vers 1851, les Indiens de ces parages*
dont le territoire comprend environ 250 milles
de longueur sur I j OO de largeur, ont mani
festé le plus opiniâtre et le.plus indomp
table esprit de résistance au développe
ment de la civilisation qui se soit ren
contré en Californie, à part peut-être chez les
tribus de la rivière Pitt. Ces terribles autoch
tones semblent, défait, appartenir à la gran
de famille des Apaches, et c'est cette opinion
qui prévalut dans l'esprit de M. Boschmann,
Prussien, et de MM. Turner et Gibbes, Améri
cains, qui, les uns et les autres, il y a cinq ou
six ans, visitèrent ces contrées dangereuses.
Longtemps avant 1851 cependant, on savait,
par les trappeurs canadiens de la Compagnie
de-la baie d'Hudson, que les aborigènes de
la.côte de Californie, au nord de San-Fran-
cisco, aussi bien que ceux de la rivière Pitt,
formaient les tribus les plus féroces et les
plus redoutables qui fussent situées à l'ouest
dû pays des Pieds-Noirs; et, précisément
à cause de cela, ces mêmes trappeurs dési
gnaient la rivière qui traverse leur pays sous
le nom drRogue River (rivière des Coquins).
Des centaints de mineurs et d'explorateurs-
ont payé de leur chevelure (scalp) leur témé
rité à s'engager dans leurs montagnes. C'est
vers 1820, en réalité, que la Compagnie de
la - baie d'Hudson vint fonder un comptoir
sur la rivière Klamath, comptoir ( blockaus
plutôt) où se traitèrent d'importantes affaires
en pelleteries jusqu'en 1840. On a. cité de
nombreux traits de barbarie,de ces tribus in
diennes ; un des plus affreux a été la mort
du capitaine Young, vieux trappeur faisant la
chasse sur la frontière de l'Orégon et de la Ca
lifornie, en 1826. Il est vrai que la Compagnie
de la baie .d'Hudson tira de cet assassinat une
vengeance non moins effroyable ; aussi, de
l'époque précitée jusqu'en 1850, pendant une
période de quatre années, ne mentionne-t-on
que l'assassinat d'un sieur Jedediah Smith.
La sévérité des trappeurs contint et effraya
les Indiens quelque temps ; ils se contentèrent
dans cet intervalle de voler les chevaux, les
armes et les approvisionnemens qui purent
leur tomber sous la main. Pour mieux recon
naître les coupables d'ailleurs, la Compagnie
avait rigoureusement prohibé le trafic de ces
articles avec eux. Leur force physique-supé
rieure, leur stature élevée, leur astuce et leur
courpge bien connus dans tous les pays d'a
lentour faisaient que le voyageur évitait pru
demment de traverser leurs rancheries ou
clans. Ces Indiens semblent à tous égards mé
riter la qualification d 'Apaches du, Nord qu'on
leur a donnée; Ils se rattachent à la grande es
pèce des Athapascans, espèce qui, sous différëns
noms, peuple toute la côte du Pacifique, et
particulièrement lei rives de la Gila, jusqu'à
Panama ou peu s'en faut. ,
C'est en procédant par analogie que les phi
lologues sont arrivés à la connaissance rapide
et complète de la langue de ces peuplades et
qu'ils ont pu jeter érisuite à pleines mains les
germes.de. leur érudition sur le continent amé
ricain, de façon à faire àe la possession des di
vers dialectes qu'y parlent les Indiens un but
d'études âiUjif SérieuS 'que s'il s'agissait de
sciences abstraites. '
Lès Hoopahs, les Ukiahs, les Wishosks, let>
"Weitspeks, les Umpquas et bien d'autres In
diens dë la tète du nord et des montagnes,
comme aussi ceux de SiSlti^Mj a'YfeKa, de
Shastà. étende là .rivière Pitt et du fldifjté
du lac dë Klàmatli, n'Ont pour, ainsi dire
jamais cessé d'être en guerfê aveS6 les mineurs
et les fermiers de 1851 à 1864; ils restent in
domptés. Leur nombre, qu'on ignore, monte
approximativement à plusieurs milliers. C'est
en vain que depuis dîi dits ls gouvernement a
envoyé des forces contre eux : Iëtif astuce,
leur bravoure, leur cruauté et leur vigilance
en même temps les placent au niveau des Apa
ches et d.es Navajoe8 de l'Arizona, tandis que
leur mode de cenlbat les rapproche plutôt des,
Stzaelsët des Lacaudeness du Guatërflala,- tribus
que l'Espagnol n'a pu soumettre à son jotig
malgré 300 ans de guerre.
Plusieurs voyageurs se sont fait un nom à
décrire lë pàys et les habitans de cette partie
de la Californie. M.. Gibbes ën 1851, MM; Tag-
gart et Hubbarden, 1856, ont recueilli ld fo-
cabulaire des clans qu'ils ont visités; enfin,
M. Alex.-S. Taylor a publié un livre intitu
lé : Indianalogië de Id Californie, où il a réu
ni, sous une classification ,-un peu confuse-
peut-être, les différences observées dans le paÈ-
ler indien.Récemment, dit-on, de savans lin
guistes ont entrepris une sorte de grammaire
de cettë langue: un tel livre pourra être utile à
quelques-uns; mais malgré les bons sentimens
'qui unissent les auteurs, nous qiii soyons
depuis bien des années comment les Améri
cains entendent l'éducation des Indiens, nous
osons dife que longtemps encore ils brûleront
avec eux plus d'amorces qu'ils n'échangeront
de paroles. Cependant l'époque doit nécessai
rement arriver où la civilisation, appesantis
sant sa main puissante sur ces contrées, en
arrachera le dernier homme rouge.
La ville d'Autun vient d'être témoin d'une
solennité dont elle gardera un long souvenir.
Samedi, les Sociétés d'agriculture, d'hor-
tlcultuïe et de pisciculture, ainsi que les mem
bres de la Société Ëduenne, dont les travaux
ont été Si souvent couronnés à l'Institut , se
sont réunies en un banquet de 300 couverts,
sous la présidence de M. le préfet de Saflhe-et-
Loire. A cette fête assistaient Mgr de Wargue-
rye, évoque d'Autun, Mgr l'archevêque de
Smyrne, Mgr Landriot, évêque de La Rochelle,
et les principales notabilités du département.
Au dessert, M. Schneider, député de l'ar
rondissement et vice-président au Corps Lé
gislatif a porté la santé de la famille Impé
riale en des termes qui ont été chaleureuse
ment applaudis et que nous sommes heureux
de reproduire d'après le journal de la loca
lité :
« Messeigneurs et Messieurs,
» J'ai été appelé à l'honneur de porter devant
vous un toast à l'Empereur et j'ai accepté volon-
tiars cette mission, parce qu» je sais qu'il n'est
pas de toast- qui réponde plus unanimement aux
convictions de votre esprit et aux sentimens de
votre cϝr.'
» Pour faire acclamer ici l'Empereur, il n'est
pas besoin de rappeler les qualités providentielles
et les actes'éclatans qui lui assurent unes! gran
de place dans l'histoire et dans la reconnaissance
des peuples. Mais permettez-moi, Messieurs, de
chercher à deviner ce que penserait l'Empereur
s'il était témoin de'cette selennité, ou plutôt, per
mettez-moi de rechercher et de vous dire quels
sont, à mon avw, les deux caractères saillans de
notre réunion, c'est-à-dire comment elle répond à
la politique . du souverain et comment elle con
court à ses vues.
» A sa politique : cette assemblée n'est-elle pas
en effet l'image du calme, de la sécurité et de la
confiance dont jouit le pays? N'est-elle pas l'ima
ge de l'harme*ie qui règne aujourd'hui dans
tous les rangs de la société française? Messieurs,
nous sommes ici sous le patronage de trois émi-
nens prélats, dont l'un, -parvenu au sommet de
la hiérarchie sacerdotale , porte dans les contrées
lointaines le flambeau de la foi; dont l'au
tre fait aimer et vénérer la religion parmi nous,'
d'autant plus qu'on aime et qu'on vénère son di
gne pasteur; dont le troisième est revendiqué
avec fierté par l'Autunois comme l'un de ses plus
illustres enfans. Nous sommes présidés par un
préfet que ses qualités personnelles et ses services
signalés : appellent aux plus hautes dignités de
l'administration et de la politique. Mais ce
qui me frappe davantage, c'est de voir réunis à
ce banquet, dans une cordiale fraternité et liés
entre eux'par une pensée commune de bien pu
blic, les hommes de notre arrondissement les plu-?
distingués par leur situation sociale,ceux en grand
fiombre qui honorent le mieux notre bourgeol"
sie, et ënflii ces.hommes modestes, qui, grftoe à
une intelligente! persévérance, f ont venus, dans
vos concours récens, cueillir les palmes du tra- >
vail ; tous, enfin, à l'exception de nos illustra-
tions militaires; et vous savez comment le mit-
réchal duc de Mâgsnta sert ailleurs l'Empeî—~
reur et la France. Cette alliance en.un faisceau
serré de toutes les forces du paj's, le culte, l'ad
ministration et la justice; les sciences, les lettres
et les arts; l'agriculture, le commerce et l'indus
trie, et même le travail manuel, cette alliance de
toutes les forces vives, c'est de labonne politique/
parce que leur union en assure l'efficacité et les
résultats; c'est de'la bonne politique, parce qu'en
accordant â Chacun.une légitime satisfaction, elle
donne pour J'avenir des gages de calme et da
paix: c'est aussi de la bohlio démocratie, c'est
celle qu'aime l'Empereur, c'est celle qui convient
particulièrement à l'Autunois dont le rare bon
sens a toujours bu allier le respect de l'autorité
avec ramoUï de la liberté. •
■a Messieurs, à un autre point de vue, je vous al
dit (JUS vous secondiez les vues de l'Empereur :
dans sa sollicitude pour ce qui est bon et utile, H
aime tout ce qui peut ré veiller, et étendre la vie
dans les provinces, et ne fmis a-t-fl pas dit, comme
la Providence : « Aidez-vous, ayez de l'iuitiative,
y! lh gouvernement qui vous protège ne peut seul
» tout faite pour vous. » Eh bien 1 Messieurs, il
n'est pas. d'eïeSiple d'initiative qui m'ait frappé
davantage que cette fête de nos quatre Sociétés
qui, par des moyens divers, poursuivent le môme
fiutj la prospérité de notra contrée,
a D'est d'abord notre vieille Société Eduenne,
qui recheféîle et retrace la grandeur de vos an
cêtres pour stimuler et encourager letf généra-,
tions nouvelles, et noua rappelle les leçons du
passé. C'est la Société d'agriculture qui cherche à
fertiliser nos champs, à multiplier et amélio
rer fiotfe bétail. En propageant de bons exem
ples et dë sages conseils, elle a déjà rendu de
grasfds services et en rt,ndra bien d'autres eneore
sous la présidence d'un hommè excellent et aimé
de tous. C'est la Société d'horticulture, qui, avec;
M sœur aînée, complète ce qui est utile à l'ali
mentation et ajoute ce qui embellit nos campa
gnes et charme nos demeures. C'est la Société
naissante de pisciculture qui semble créée pour
dv>
rouver qu'il ne faut négliger aucun des élémens
e bien-être populaire que la nature a mis â la
disposition de l'homme.
n Mais, Messieurs, pendant que ces Sociétés
cherchent à développer toutes les richesses qu'un
travail intelligent et soutenu produit à la surface
du sol, d'autres hommes que je vois ici en fouil
lent les entrailles pour y prendre la houille, si
nécessaire à tous, ou pour en extraire le schiste,
qui, par une industrie nouvelle, nous donne à bas
prix une magnifique lumière.
» Permettez-moi, Messieurs, de me servir d'une
expressioa d'un autre temps et de'vous louer de
mettre ainsi à' contribution les trois élémens, le
feu, la terre et l'eau, au profit de vos conci
toyens,
» Courage, Messieurs) bientôt vos efforts seront
secondés par l'agent le plus puissant de progrès :
vous avez attendu trop longtemps vos chemins de
fer au gré de vos légitimes impatiences; mais,
dans quelques mois à peine, ils seront commen
cés, et, dans deux ans et demi, vous aurez simul
tanément et dans des conditions égales, des lignes
vers toutes les directions : notre arrondissement
sera dès lors un des mieux desservis.
n Courage donc, honneur à l'initiative indivi
duelle, honneur à nos diverses Sociétés; je crois
voir luire pouf nous l'aube d'une ère nouvelle, et,
pour en hâter l'épanouissement, unissons nos ef
forts. Quant à moi, qui depuis vingt-sept ans ai
planté ma tente et mon drapeau au milieu de
vous, moi à qui vous avez-, par vos votes, renou
velé bien des fois comme un baptême d'Autunois,
je demande à être un des soldats de notre œuvre
commune, et je croisai ainsi remplir mon devoir
envers mon souverain comme envers mon pays ;
je croirai lui témoigner ma reconnaissance, mon
profond respect et mon dévoûment. Je porte un
toast à l'Empereur, à l'Impératrice, au Prince
Impérial. »
LES FRUITIERES.
La fruitière est le type des associations
rurales qui pourraient être établies entre
les diverses bl-anches de l'industrie agri
cole, dans le but de vendre directement
les produits aux consommateurs ï et de
fonder le crédit au travail.
L'origine des fruitières remonte an
moyen-âge. C'est en Suisse qu'elles nppa-"
raissent d'abord. Le canton deFribourj, ou
se fabrique en grandie fromage deGruyere,
semble avoir été leur berceau. De là elles
franchirent nos frontières et pénétrèrent
dans le Jura où elles se sont vaillamment
acclimatées et dont elles ont fait la fbrlu-
ne. L'Auvergne, les montagnes du centre
et des Pyrénées, les Alpes françaises, au
raient dû les accueillir avec empresse-
sement. Mais jusqu'ici, en dépit du zè!e de
quelques hommes de progrès qui se sont
faits leurs apôtres, les fruitières, malgré
les avantages qu'elles offrent, n'ont pu
vaincre l'esprit d'individualisme dont les
cultivateurs sont entachés,
; Toutefois, les pasteurs des Alpes fran-
Fcnillcton du Constitutionnel, 16 sept.
LA FORÊT DE B0NDY
EPOQUE DE LA. RÉGENCE.
Beuxièmo partie.
XIIL
bal d'artistes.
La chaise"roulante se mit en marche ;
comme dans un cortège princier, un garde
veillait à chaque portière.
Le prisonnier vit que, remontant d'a
bord le cours de la Seine, on dépassait la
porte Saint-Bernard et l'enceinte de Paris
en 1718.
Un peu plus loin, il reconnut les bâti-
mens de la Halle aux vins, qui, dès cette
époque, occupait l'emplacement, où elle
fonctionné encore aujourd'hui; puis tout à
coup, il ne vit plus rien : les ténèbres ve
naient de se faire brusquement autour de
lui.
- La manière dont s'était opérée cette
éclipse n'était pas difficile à deviner; on
portait alors de vastes manteaux garnis
d'un galon d'Or, dont les voleurs étaient
très friands. Probablement, celui dont
avait été dépossédé le prédécesseur du jeu
ne Galoppe dans la vinaigrette, venait d'ê
tre jeté sur le véhicule et l'enveloppaittout
entier. >
- Au même moment, la direction suivie
jusque-là fut changée et par plusieurs
marches et contre-marches rapidement
exécutées, on s'étudiait évidemment à fai
re une confusion dans la: tête du prison
nier; si observateur qu'on pût le suppo
ser, ce procédé devait le mettre dans l'im
possibilité de s'orienter.
Toutes ces précautions si minutieuses
ne furent pas, par le fait, trop désagréa
bles à celui qui en était l'objet. Voué à la
mort comme il pouvait le craindre et en
levé sans espoir de retour , non rediturus,
aurait-il été dépaysé aussi soigneusement?
Après avoir marché longtemps, on s'ar
rêta et une porte s'ouvrit pour laisser en
trer le cortège. Au bruit qu'elle lit en
tournant sur ses gonds, Galoppe crut de
viner une vaste porte cochère; puis com
me le roulement de la chaise se remettant
en marche n'eut pas cet écho qui se fût
produit au passage d'un espace voûté ou
seulement couvert, il put eh induire que
l'habitation dans laquelle on.pénétrait n'é
tait pas bâtie sur le devant. Un hôtel, cir
constance pourtant assez invraisemblable,
attendu l'apparente qualité des ravisseurs,
était donc le lieu où l'aventure allait avoir
sa conclusion.
Un quartd'heure environ s'écoula avant
que le pauvre reclus fût tiré de sa cage ot
durant cette longue attente aux appro
ches du dénoûment, Dieu sait, soit dit
sans méchant jeu de mots, si son imagi
nation galopait.
Il se demandait si, continuant d'être
pris .pour le chevalier de Liiiers, il avait
été conduit par de faux voleurs comme
criminel d'Etat clfez M. le lieutenant-gé
néral de police ou chez Dubois, au Palais-
Pioyal, ou bien si les gens qui avaient fait
disparaître ce chevalier tant cherché par
la police, croyant n'avoir pas achevé leur
œuvre , se disposaient à la reprendre et à
lui rendre iuneste une ressemblance qui
jusque-là n'avait été que déplaisante ou.
risible dans ses effets,
i Au milieu de cette soucieuse étude de sa
situation, Galoppe commençait à perdre
patience, et, coûte que coûte, il se dispo
sait à précipiter le denoûraent quand à son
oreille parvint un bruit de musique loin
taine. Avant qu'il eût eu le temps de com
menter ee symptôme, Cartouche en per
sonne ouvre la portière et lui dit :
— Pardon, Monsieur, de vous avoir fait
attendre; mais j'avais quelques ordres à
donner et une toilette à faire. Voulez-vous
bien sortir et me suivre ?•.
L'échange que fit alors le détenu de son
étroite et obscure prison pour un espace
un peu plus ouvert, ne lui donna pas en
core le mot de la désagréable énigme dans
laquelle il était engagé. Il se trouva sous
une voûte obscure, servant de communi-
catknà deux cours, et-ne put distinguer
aucun objet.
— Par ici, Monsieur, lui dit Cartouche
en ouvrant devant lui une porte vitrée :
nous sommes au bas d'un escalier; en voj-
ci la rampe : il y a une quinzaine de mar
ches à monter.
Galoppe en compta vingt et fut intro
duit dans une pièce de dégagement pau-
vrbment éclairée; sans cette transition,
en sortant das ténèbres où il avait été si
longtemps tenu, il eût été exposé à un
éblouissement lorsqu'un moment plus
tard, une porte venant à s'ouvrir, ii sa
trouva transporté dans un vaste salon
blanc et or, dont un magnifique éclairage
debougiesfaisaitresplendir l'ameublement
somptueux.
Dans une embrasure de Tenêtre il ap-
perçut tout d'abord l'orchestre qu'il avait
entendu bruire au loin. Assis de plain-
pied avec les danseurs et .alors au repos,
trois virtuoses, qu'à leur attitude désinté
ressée et automatique.Galoppe reconnut
pour des aveugles de profession, en for
maient tout le personnel; c'était donc au
propro et non au figuré le bal qui luiavair,
été annoncé.
Son second regard fut pour Cartouche ;
il s'était magnifiquement transfiguré : aux
vêtemens plus que négliges qu'il portait
dans l'instant Où nous l'avons retrouvé, il
avait substitué un habit de drap musc
bordé d'un galon d'or large de trois doigts
et une veste en brocart d'or avec jabot et
manchettes de point ; ce costume lui don
nait l'aspect cossu d'un financier, à cela
près que l'habit n'ayant pas expressément
la tournure d'avoir été coupé à sa taille,
il y flottait beaucoup trop à l'aise, faute de
la rotondité bien connue' de l'emploi.
Galoppe remarqua encore que dans cet
immense salon une trentaine au plus de
convives avait un air d'être'noyée et per
due, comme Cartouche dans son habit.
Ces gens , parmi lesquels se démêlaient
quatre ou cinq figures de femmes, sem
blaient pourtant avoir la prétention de fi
gurer un bal masqué, car tous, à l'excep
tion du maître de la maison , qui s'était mis.
au dessus de cette précaution, ils por
taient un loup ou un visage de carton ;
celui-ci s'appropriait tant bien que mal à
une grande variété de costumes, tels que
mariniers, gens des halles, oublieux, cent-
suisses, bourgeois , gardes françaises , et
voire même religieuses et abbés.
Galoppe eut tout le leisir de faire ces
remarques, car, à peine entré avec lui, Car
touche avait été vivement abordé par .une
femme portant à son côté un énorme bou
quet et accusant sous des airs de jeunesse
un embonpoint hâtif qui commençait à la
déformer. Le visage à moitié caché par un
masque de velours, et coiffée d'un fouillis
de plumes et de fleurs, par l'échancrure,
démesurée d'une robe de point de Venise
qui lui allait à peu près comme le diadème
d'Athalie à Nicolle du Bourgeois gentilhom
me , elle étalait de prodigieuses splendeurs
de gorge et d'épaules, promises au reste
par sa chevelure qui était d'un blond ar
dent. •
— Tu es gentil, toi, dit-elle à l'amphi
tryon d'une voix de harangère, tu me don
nes un bal pour ma fête patronne, Cathe
rine de Sienne, une des plus fortes saintes
du calendrier et qui n'est pas comme Ca
therine, en novembre, la bête noire des
filles majeures ; puis monsieur arrive en
dernier, après tous ses invités.
— Les affaires avant la politesse, mon
adorée, répondit Cartouche, et d'ailleurs
si l'on travaillait pour toi !
— Gh ! ouiche, pour moi ! Jusqu'à me
laisser manquer de diamans ! Suis-je pas
joliment fichue avec des plumes et des
fleurg, que j'ai eu beau m'en larçir, quand
je devrais ruisselar !
— Ma grosse, tu saishien, cette parure
de Mlle Sallé, que tu reluquais tant l'au
tre jour à l'Opéra dans le ballet des Fêtes
vénitiennes , je comptais ce matin même la
mettre à tes pie
— Oui,-avec ta langue !
— Eveille-Chien est là pour te dire
qu'hier soir nous retournions tout chez la
danseuse. Est-ce ma faute si ces femmes
n'ont ni ordrej ni conduite, et si j'apprends
que,tourmentée par ses créanciers, la Sallé
a mis ses diamans en gage chez un usu
rier de la rue Regrattier dans l'île Saint-
Louis?
— L'île Saint-Louis, m»n petit, c'est le
bout de Paris, mais ce n'est pas le bout du
monde.
— Aussi y"fut -6n, Mademoiselle, et on
en venait, quand sur le pont de la Tour-
nelle on a une affaire avec ce gentilhomme
qui nous met encore en retard...
— Ça! dit l'interlocutrice de Cartouche
en regardant Galoppe, un gentilhomme?
c'est un clerc de procureur.
Cette femme consaissait-elle en effet le
principal personnage de cet imbroglio, où
jugeait-elle à vue do costume ?
— Enfin, gentilhomme ou non, poursuit
Cartouche, Monsieur me fait perdre du
temps, mais l«s diamans, ça se mange ré
chauffé, èt'trouves-en, ma charmante, qui
t'en fournissent de montés Comme ceux-
là!
Parlant ainsi, le galant voleur avait tiré
un écrin de sa poche, et, sans plus de solen
nité, il le remit à la belle exigeante.
— T'as fait ça pour moi ? dit-elle en se
jetant au cou de l'adroit voleur. Ah ! bieq,
c'est gentil. . .
Ensuite elle ouvrit l'éerin, regarda un
moment les diamans puis se prit à dire :
— Qu'est-ce que j'en ferai maintenant,
qu'ils arrivent comme merluche après ca
rême, tiens une idée plutôt!
-^- Tu vas me demander de te les faire
mettre eh gelée pour le souper ? dit Car
touche désappointé.
— Non,' c'est plus drôle, demain tu les
renverras chez la danseuse en lui faisant
une morâie « que tuas appris qu'ellemet-
» tait ses effets en gage, que pour cette
n fus tu ii bi^n voulu te donner-la peine
» do 1 retins mais qu'elle ne recommen-
» ce pas. » Je te tournerai la lettre,'sois
tranquille. Elle la montrera à tout Paris,
ce qui grandira ta réputation : au lieu
qu'un vol des diamans de la Sallé, se
rait pour faire un bruit du diable, que
nous serions traqués partout; et qu'est-ce
que nous en donneraient, si on voulait en
faire argent, la Salomon et la Bonne-Foy,
ces canailles de receleuses?
— A man tour faut que je t'embrasse,
s'écria Cartouche en fourrageant dans les
lys étalés devant lui. "
Puis se retournant vers Galoppe :
— Eh bien I Monsieur, Ipi dit-il avec
emphase, vous la voyez, cette classe'tant
calomniée! Est-cechez vos imbéciles d'hon
nêtes gens que vous trouveriez des senti
mens pareils ? Moi! preux chevalier, pour
plaire à ses beaux yeux, je mets deux mai
sons à l'envers ; elle, contente que j'aie tout
risqué pour elle, ne pense plus qu'à ma
sûreté et sacrifie tout à ma gloire ! Rentré
dans la société, je vous somme,Monsieur, ■
de dire tout ce que vous êtes témoin ici.
— Oui, mais il n'y rentre pas encore
dans la société, dit l'étrange famine en en
tendant l'orchestre donner le signal. Il va
danser avec moi, ce joli garçon. J'en ai du
long et du large à lui conter pendant que
nous gigoterons.,
xibasourdi par ce qu'il voyait et enten
dait, Galoppe paraissait hésiter.
— Madame, lui dit Cartouche, vous fait
l'honneur de vous vouloir pour danseur,
vous en êtes charmé et reconnaissant, ou,
dame! nous nous brouillerions.
Le procureur général de la basoche pen
sa que pis pouvait lui arriver. Il donna
donc la main à sa partner, si hasardée
qu'elle lui parût. Une fois en place pour
la contredanse, une mode venue d'Angle
terre-en France depuis quelques années :
— Ohé! les yeux blancs ! cria-t-elle aux
aveugles, jouez-nous 7a Cabaretière et les
Manches vertes, e t chaud l'harmonie !
Si la donzelle, par de certaines excenIn
cités' de sa danse non moins décolletée que
ses épaules, dut un peu inquiéter la gravi
té de son cavalier, celui-ci' fut forcé d'ad
mirer son entrain et une agilité 'que "ne.
lais.saitguèresoupçonner sa taillé épaissie.
Dans l'intervalle dès repos que lui lais-
■
49* ÀMKÈE.—N.
BUREAUX A. PARIS : rue do Valois (Palaïs-ftoyal); nî 102
B
VENDREDI 16 SEPTEMBRE 1864«
ABONNEMENT DES DÉPARTBMEgg,
" TaCjISMOISîî?JBfa| 16 FR.
SIX MOIS.iïîïïTTîSS 32 FR. -
UN AN.;..;.;:;;.!."? 64 FR;
STOCK LES PATS ÈTBANGEBS, TOlT le tableSU
publié les 5 et 20 de chaque mois. :
imp. li, BONlFACE, r. des Bons-Enfons, 19.
v
Le mode d'abonnement le plus simple est l'envol d'un bon da ^oste-oifd 'un efiet
sur Paris, à l'ordre de l'administhatbuk du journal, rue de Valois, n' 10.
JOURNAL POLITIQUE, LITTERAIRE ? UNIVERSEL.
ILes lettres ou envois chargent non affranchis sont refusés, I
Les articles déposés ne sont pas rendus. I
âBONNEMENS DE PARIS:
»
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sixi mois...; ! ;v..ï-;ï. , 26 fr;
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bn numéro 20 centimes;
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dejcliaque mois.
Les A nnonces sont reçues chez M. P anis , rue Notre -Daoie-des -YlctoIres, n* 40
(place de la Bourse).
"MM. les abonnés nouveaux peuvent
faire retirer «dans les bureaux du journal
les feuilles contenant les parties de XA.
foret de boh0y, publiées avant
la date
tique dans son ensemble et si attachante
dans ses détails.
PARIS, 15 SEPTEMBRE
Nous avons rapporté avant-hier, d'après
la Correspondance générale de Vienne , que
l'empereur d'Autriche a renoncé à son
voyage à Berlin, voyage pour lequel des
préparatifs avaient été faits.
La Gazette de la Croix dément aujour
d'hui les assertions de la feuille autri
chienne. : non pas qu'elle conteste le fait
même de l'abandon Au projet de voyage,
taais elle prétend qu'il n'a jamais été ques
tion de pareillts visite. La feuille prussien
ne convaincra difficilement le public qu'à
.Berlin ç>n connaissait mieux les intentions
de l'empereur François-Joseph qu'à Vien
ne. Les journaux autrichiens, et les plus
autorisés, ont tous annoncé ce voyage
comme ils viennent tous -d'annonce^ au
jourd'hui f ue l'empereur a changé d'avis.
Suivant une correspondance viennoise
de la Gazette de Cologne, l'Autriche com
mencerait à se pénétrer de là nécessité de
terminer promptement la question de suc
cession dans les duchés, et on croyaitàVien-
ne que la reconnaissance du duc Frédéric
d'Augustcenbourg ne se ferait plus attendre
longtemps. L'Autriche n'a rien à objecter
contre le prince Frédéric, et on disait que
le cabinet de Berlin était également sur.
le point de s'entendre avec le duc sur ses
rapports futurs avec la Prusse. On espé
rait enfin à Vienne que lafrusse ne deman
derait au prince rien qui fût contraire à
ses devoirs de souverain. Le correspon
dant de la feuille rhénane ajoute que le
Mémoire du duc d'Augustenbourg a pro
duit un bon effet à Vienne et-que le grand-
duc d'Oldenbourg réussira difficilement à
infirmer les argumens développés dans
cette pièce du duc Frédéric.
Les gouvernement de Wurtemberg et
de Bavière, dit-on, montreraient, depuis
quelque temps, des dispositions plus fa
vorables à l'égard du traité franco-prus
sien. .Le ministre des finances de Wurtem
berg aurait insisté sur lanécessité d'accéder
au traité avant le 1" octobre, et il trou
verait un puissant appui dans lé roi
lui-même. Quant à la Bavière, on sait que
M. de Schrenk, ministre des affaires»
étrangères, est un adversaire décidé du
traité, à ce point qu'il "aurait déclaré
qu'il n'y apposerait jamais sa signature.'
Cet obstacle, dit la Gazette, de Cologne ,
pourrait être tourné par la nomination
d'un-ministre du commerce, charge qui
n'existait pas jusqu'ici en Bavière, mais
qui est prévue dans le budget de cette an
née. Le nouveau ministre pourrait ensuite
signer le traité dont l'adoption est d'ail
leurs demandée par la majorité des popu-_
lations. ; ,
Un télégramme de Brème avait annon
cé, il y a quelques jours, qu'un bâtiment
dé guerre, arrivé à Bremerhaven, apparte
nait à la marine de la Confédération amé
ricaine du Sud. La Gazette du Weser dément
aujourd'hui cette nouvelle. Le bâtiment
en question est la corvette prussienne
Victoria , venant de Bordeaux, et achetée
par le ministère de la marine de Prusse.
De prochain voyage de l'empereur d'Au
triche en Hongrie continue à préoccuper
"l'opinion à Vienne. L' Ost-Deutsche-Post &'ex-
prime ainsi à ce sujet :
« Le but apparent de ce voyage est purement
militaire, mais la circonstance que c'est la pre
mière fois que S. M. rentre en Hongrie depuis
la promulgation du diplôme d'octobre et de
la Constitution de février, l'animation visi
ble qui s'est produite ces jours derniers dans
les différëns partis hongrois, et surtout parmi
les vieux conservateurs, la présence à Vienne
du baron de Bach, qui a dirigé les affaires in
térieures de "l'Autriche pendant douzeans, jus
qu'à ce que le diplôme d'octobre et la Constitu
tion defévrier eussent écarté ses principes, tout
cela entoure le voyage de l'empereur-d'espéran-
ces, d'attente et d'aspirations vagues qu'il se
rait fort difficile d'analyser. Ce que nous espé
rons et attendons du voyagé de l'empereur,
c'est qu'il fera remettre la question hongroise
sur le tapis. Nous n'appréhendons nullement les
dangereuses influences dont on nous menace
en nous parlant des vieux conservateurs-? ce
que nous croyons et espérons uniquement,
c'est que ce voyage de l'empereur accélérera
la convocation de la Diète de Hongrie, et com
me la réunion de cette Diète est, à nos yeux,
le seul moyen d'arriver plus tôt à une solu
tion, il nous est parfaitement indifférent que
ee soit telle ou telle influence qui réalise cette
convocation. »
Ladernière allusion de l'Ost-Deutsche-Post
a trait aux articles des journaux démocra
tiques dè Vienne qui repoussent tout com
promis avec la Hongrie qui se ferait avec
le concours du parti conservateur.
E douard S ijîon.
Le Moming-Post publie un travail in
téressant qui a pour objet de constater les
effets du traité de commerce de 1860, re
lativement à l'industrie française. Les chif
fres qu'il cite et les réflexions qui les ac
compagnent, démontrent une vérité que
nos débais publics et nos propres docu-
mens ont déjà mise en pleine lumière, à
savoir : que notre industrie et' notre com
merce ont retiré du traité conclu avec l'An
gleterre des avantages réels, considérables
même pour certains produits, et en ont
reçu la plus bienfaisante impulsion.
« Il est évident, dit le Morning-Post en
terminant son analyse, que le commerce
et les manufactures de la France se sont
parfaitement trouvés du nouveau régime
commercial.
' » L'exemple qu'a donné la France par son
adoption des principes du libre-échange,
n'a pas été sans produire un-certain effet
sur le continènt, et l'on peut espérer que
les peuples de l'Europe se montreront de
plus en plus disposés, d'abord à dimi
nuer, puis à abolir tout à fait les entraves
qui gênent encore le commerce interna
tional.
» L'Angleterre, ajoute le même jour
nal, se félicite d'avoir inauguré un systè
me de liberté commerciale qui, en aug
mentant la prospérité des nations quil'a-
doptènt, réagit favorablement sur elle-mê
me, et, en multipliant les relations ami
cales entre les divers Etats, est appelé à
devenir un éloquent avocat de la paix. »
Nous nous associons bien volontiers à
ce vœu du Morning-Post , en même temps
que nous recueillons le témoignage im
partial qu'il nous apporte en faveur des
progrès réalisés depuis ces dernières an
nées par notre industrie etnotre comhierce.
c. piel.
On nous écrit de Tunis :
« Aïder-Effendi a reçu de son gouverne
ment l'ordre de retourner à Constantino-
ple ; il part avec la flotte turque. Les es
cadres française, anglaise et italienne doi
vent aussi partir,ne laissant que quelques
avisos pour les besoins ordinaires du ser
vice. »
Pour extrait : c. piel.
Depuis plusieurs jours un certain nom
bre de journaux étrangers annoncent l'é
vasion de Crocco, le font arriver dans di
vers pays, et commentent ce fait à leur
manière. Il est tout à fait inutile de discu
ter ces commentaires, Crocco étant tou
jours en prison à Rome. l. boniface.
La Gazette de France maintient cette as
sertion, à laquelle nous avons donné un
démenti, que les supplémens du Journal
de Bruxelles contenant les comptes-rendus
du congrès de Malines ont été arrêtés à la
poste. Nous affirmons de nouveau qu'on
n'a pris et qu'il n'y a eu à prendre au
cune mesure au sujet de ces supplément
par la raison toute simple qu'ils ne sont
pas arrivés en France.
l. boniface.
COURS DE LA BOURSE.
COURS DE CLOTURH
le 14 le 15 HAUSSE. BAISSB
3 0/0aucomjat. 66 65 66.55 » » » 10
—Fin du mois. 66."73 66.7o » » » »
41/2 au compt. 92. » 92,10 » 10 » »
—Fin du mois. 92 70 » . a ■ » a a
Voici les dépêches que nous recevons ce
soir :
Londres, 15 septembre, 5 h. soir.
Consolidés anglais, 88 S/16; le marché est
pins ferme.
Il a été déposé aujourd'hui 174,000 livres
sterling à la Banque d'Angleterre.
Un incendie a éclaté hier à Chatteries, dans
le comté de Cambridge. Il y a eu 100 maisons
brûlées en trois heures. Une petite fille aurait
péri dans les flammes.
Londres, 15 septembre.
Le bilan hebdomadaire de la Banque d'An
gleterre donne les résultats suivans :
Augmentation : compte du Trésor, 679,681
liv. sterl.; portefeuille, 179,269- liv. st.; ré
serve des billets, 324,000 liv. st.
Diminution : comptes particuliers, 180,465
liv. st. ; encaisse métallique, 64,936 liv. st.
- -Berlin, 15 septembre.
Aujourd'hui, à midi, la princesse royale est
heureusement accouchée d'un prince-, S. A. et
le nouveau né sont en très bonne santé.
Madrid, 15 septembre.
La crise ministérielle continue. La reine a
fait appeler le maréchal O'Donnell.
(Havas-Bullier.)
TELEGRAPHIE PRIVEE.
* Londres, 14 septembre, soir.'
Consolidés anglais, 88 i/16 à 3/16.
Les domandes, sur le marché monétaire,
sont plus nombreuses.
Aujourd'hui, à Duncastér, a été couru le
Grand Saint-Léger. Blair-Athol est arrivé pre
mier, Général Peel second, Cambuscan troi
sième.
Berlin, 14 septembre.
La Gazette de la Croix dément -l'assertion de
la Correspondance générale de Vienne, relative à
un projet de voyage de l'empereur d'Autriche
à Berlin, pour lequel on aurait fait des prépa
ratifs et qui viendrait d'être abandonné.
La Gazettede la Croix dit que, dans les hau
tes régions, même à Vienne,- il n'a jamais été
question d une visite de l'empereur d'Autriche
à Berlin.
Bucharest, 14 septembre.
Les allégations du journal l'Italie, reprodui
tes par des dépêches de Turin, au sujet d'un
Hongrois renvoyédu sol roumain, sont inexac
tes. M. Sehertliosz a été éloigné par ordre du
ministre de l'intérieur.
Berne, 14 semptembre.
Le gouvernement cantonal d'Uri conteste ,
comme celui de Lucerne, la compétence du
conseil fédéral pour la conclusion du traité de
commerce avec la France.
Lisbonne, 14 septembre.
L'Estramadure, des Messageries impériales,
est arrivé ici ce matin, à huit heures, venant
du Brésil, avec 244 passagers. Etat sanitaire
bon. — Cours à Rio : sur Paris, 345 à 348 ;
Londres , 27 1/2. —Café, première bonne*,
6,500 à 6,700; 2,684 sacs à bord. Arrivages dans
la quinzaine, 59,500 sacs; stock 65,000 sacs. —
donnai JBuonos-Ayres s,sur Paris, 84 liv.; sur
Londres, 50 onces 454 piastres.
Cours Montevideo: S ut Paris, -82.50; Lon
dres, 51 1/2 .—LeParana a touché à Pernambu-
co, le 28, et la Guienne à Saint-Vincent, le 4.
(Sdbas-Bullieri)
ALLEMAGNE,
La Ûàzetle de tAllemagne àu ÏÏorà donne les
extraits suivans d'un rapport publié par le mi
nistre des cultes sur la situation de l'instruc
tion primaire en Prusse, de 1859 à 1861 s
Il existait en Prusse, â la fin de 1861, 2les pïimaires publiques dirigées par 33,617 itistitu-
teurs et 1,733 institutrices. Tandis que la popula
tion des campagnes ri'eêt qit'un pëu plus _ du
double de c'èîle des villes ( 12,867,368 âmes),
11 y a à peu près sept fois plus d'écoles primaires
publiquesdans les campagnes que dans les villes
(21,828 contre 2,935), un grand nombre d'en-
fans, de tes deïniêres fïéqiîdiitâiit les écoles sS ;
Condalres. Sur 18,476,060 habitans, il s'est trou
vé 3,090,294 enfans (17 0/0) tenus de fréquen
ter l'école. Surce nombre,2,875,836, dont 1,775,888
protestans, 1,063,805 catholiques, 30,053 Israélites
et 6,090 dissidens fréquentaient l.es écoles publiques
et 84,021 des écoles prlnialrespfivées : cela fait eti
tout 2,959,857 enfans ; sur le reste (130,437) une
grande partie fréquente les écoles secondaires, de
façon qu'il en e*st un très petit nombre qui échap-
se au contrôle de l'autorité et qu'on a eu grand
iort deprétendre dernièrement qu'il y avait en Prus-
se'plus de 600.000 enfans qui n'allaient pas à l'é
cole. Le traitement moyen des instituteurs et
dts institutrices des écoles de Berlin est de 413
thalers (environ 1,650 francs). Celui des institu
teurs des villes de 281 th. (1,050 fr.) et de ceux des
campagnes de 181 th. (680 fr.). Dans le chiffre des
traitemens, la rétribution scolaire figure pour 2/7.
Le reste provient de fondations, de subventions
communales et de subventions de-l'Etat. La dé
pense totale pour les écoles primaires s'élève à
9,902,696 th. (environ 37 millions de francs) sur
lesquels 438,928 th. (environ 1,600,030 fr,) sont
fournis par l'Etat. -
£
Nous trouvons dans l'Echo du Pacifique
les détails Suivans sur les Indiens du ilofd
de la Californie :
Depuis rétablissement des blancs dans le
pays situé entre la rivière Russe et Crescent
City, sur la côte nord-de la Californie, c'est-à-
dire vers 1851, les Indiens de ces parages*
dont le territoire comprend environ 250 milles
de longueur sur I j OO de largeur, ont mani
festé le plus opiniâtre et le.plus indomp
table esprit de résistance au développe
ment de la civilisation qui se soit ren
contré en Californie, à part peut-être chez les
tribus de la rivière Pitt. Ces terribles autoch
tones semblent, défait, appartenir à la gran
de famille des Apaches, et c'est cette opinion
qui prévalut dans l'esprit de M. Boschmann,
Prussien, et de MM. Turner et Gibbes, Améri
cains, qui, les uns et les autres, il y a cinq ou
six ans, visitèrent ces contrées dangereuses.
Longtemps avant 1851 cependant, on savait,
par les trappeurs canadiens de la Compagnie
de-la baie d'Hudson, que les aborigènes de
la.côte de Californie, au nord de San-Fran-
cisco, aussi bien que ceux de la rivière Pitt,
formaient les tribus les plus féroces et les
plus redoutables qui fussent situées à l'ouest
dû pays des Pieds-Noirs; et, précisément
à cause de cela, ces mêmes trappeurs dési
gnaient la rivière qui traverse leur pays sous
le nom drRogue River (rivière des Coquins).
Des centaints de mineurs et d'explorateurs-
ont payé de leur chevelure (scalp) leur témé
rité à s'engager dans leurs montagnes. C'est
vers 1820, en réalité, que la Compagnie de
la - baie d'Hudson vint fonder un comptoir
sur la rivière Klamath, comptoir ( blockaus
plutôt) où se traitèrent d'importantes affaires
en pelleteries jusqu'en 1840. On a. cité de
nombreux traits de barbarie,de ces tribus in
diennes ; un des plus affreux a été la mort
du capitaine Young, vieux trappeur faisant la
chasse sur la frontière de l'Orégon et de la Ca
lifornie, en 1826. Il est vrai que la Compagnie
de la baie .d'Hudson tira de cet assassinat une
vengeance non moins effroyable ; aussi, de
l'époque précitée jusqu'en 1850, pendant une
période de quatre années, ne mentionne-t-on
que l'assassinat d'un sieur Jedediah Smith.
La sévérité des trappeurs contint et effraya
les Indiens quelque temps ; ils se contentèrent
dans cet intervalle de voler les chevaux, les
armes et les approvisionnemens qui purent
leur tomber sous la main. Pour mieux recon
naître les coupables d'ailleurs, la Compagnie
avait rigoureusement prohibé le trafic de ces
articles avec eux. Leur force physique-supé
rieure, leur stature élevée, leur astuce et leur
courpge bien connus dans tous les pays d'a
lentour faisaient que le voyageur évitait pru
demment de traverser leurs rancheries ou
clans. Ces Indiens semblent à tous égards mé
riter la qualification d 'Apaches du, Nord qu'on
leur a donnée; Ils se rattachent à la grande es
pèce des Athapascans, espèce qui, sous différëns
noms, peuple toute la côte du Pacifique, et
particulièrement lei rives de la Gila, jusqu'à
Panama ou peu s'en faut. ,
C'est en procédant par analogie que les phi
lologues sont arrivés à la connaissance rapide
et complète de la langue de ces peuplades et
qu'ils ont pu jeter érisuite à pleines mains les
germes.de. leur érudition sur le continent amé
ricain, de façon à faire àe la possession des di
vers dialectes qu'y parlent les Indiens un but
d'études âiUjif SérieuS 'que s'il s'agissait de
sciences abstraites. '
Lès Hoopahs, les Ukiahs, les Wishosks, let>
"Weitspeks, les Umpquas et bien d'autres In
diens dë la tète du nord et des montagnes,
comme aussi ceux de SiSlti^Mj a'YfeKa, de
Shastà. étende là .rivière Pitt et du fldifjté
du lac dë Klàmatli, n'Ont pour, ainsi dire
jamais cessé d'être en guerfê aveS6 les mineurs
et les fermiers de 1851 à 1864; ils restent in
domptés. Leur nombre, qu'on ignore, monte
approximativement à plusieurs milliers. C'est
en vain que depuis dîi dits ls gouvernement a
envoyé des forces contre eux : Iëtif astuce,
leur bravoure, leur cruauté et leur vigilance
en même temps les placent au niveau des Apa
ches et d.es Navajoe8 de l'Arizona, tandis que
leur mode de cenlbat les rapproche plutôt des,
Stzaelsët des Lacaudeness du Guatërflala,- tribus
que l'Espagnol n'a pu soumettre à son jotig
malgré 300 ans de guerre.
Plusieurs voyageurs se sont fait un nom à
décrire lë pàys et les habitans de cette partie
de la Californie. M.. Gibbes ën 1851, MM; Tag-
gart et Hubbarden, 1856, ont recueilli ld fo-
cabulaire des clans qu'ils ont visités; enfin,
M. Alex.-S. Taylor a publié un livre intitu
lé : Indianalogië de Id Californie, où il a réu
ni, sous une classification ,-un peu confuse-
peut-être, les différences observées dans le paÈ-
ler indien.Récemment, dit-on, de savans lin
guistes ont entrepris une sorte de grammaire
de cettë langue: un tel livre pourra être utile à
quelques-uns; mais malgré les bons sentimens
'qui unissent les auteurs, nous qiii soyons
depuis bien des années comment les Améri
cains entendent l'éducation des Indiens, nous
osons dife que longtemps encore ils brûleront
avec eux plus d'amorces qu'ils n'échangeront
de paroles. Cependant l'époque doit nécessai
rement arriver où la civilisation, appesantis
sant sa main puissante sur ces contrées, en
arrachera le dernier homme rouge.
La ville d'Autun vient d'être témoin d'une
solennité dont elle gardera un long souvenir.
Samedi, les Sociétés d'agriculture, d'hor-
tlcultuïe et de pisciculture, ainsi que les mem
bres de la Société Ëduenne, dont les travaux
ont été Si souvent couronnés à l'Institut , se
sont réunies en un banquet de 300 couverts,
sous la présidence de M. le préfet de Saflhe-et-
Loire. A cette fête assistaient Mgr de Wargue-
rye, évoque d'Autun, Mgr l'archevêque de
Smyrne, Mgr Landriot, évêque de La Rochelle,
et les principales notabilités du département.
Au dessert, M. Schneider, député de l'ar
rondissement et vice-président au Corps Lé
gislatif a porté la santé de la famille Impé
riale en des termes qui ont été chaleureuse
ment applaudis et que nous sommes heureux
de reproduire d'après le journal de la loca
lité :
« Messeigneurs et Messieurs,
» J'ai été appelé à l'honneur de porter devant
vous un toast à l'Empereur et j'ai accepté volon-
tiars cette mission, parce qu» je sais qu'il n'est
pas de toast- qui réponde plus unanimement aux
convictions de votre esprit et aux sentimens de
votre cϝr.'
» Pour faire acclamer ici l'Empereur, il n'est
pas besoin de rappeler les qualités providentielles
et les actes'éclatans qui lui assurent unes! gran
de place dans l'histoire et dans la reconnaissance
des peuples. Mais permettez-moi, Messieurs, de
chercher à deviner ce que penserait l'Empereur
s'il était témoin de'cette selennité, ou plutôt, per
mettez-moi de rechercher et de vous dire quels
sont, à mon avw, les deux caractères saillans de
notre réunion, c'est-à-dire comment elle répond à
la politique . du souverain et comment elle con
court à ses vues.
» A sa politique : cette assemblée n'est-elle pas
en effet l'image du calme, de la sécurité et de la
confiance dont jouit le pays? N'est-elle pas l'ima
ge de l'harme*ie qui règne aujourd'hui dans
tous les rangs de la société française? Messieurs,
nous sommes ici sous le patronage de trois émi-
nens prélats, dont l'un, -parvenu au sommet de
la hiérarchie sacerdotale , porte dans les contrées
lointaines le flambeau de la foi; dont l'au
tre fait aimer et vénérer la religion parmi nous,'
d'autant plus qu'on aime et qu'on vénère son di
gne pasteur; dont le troisième est revendiqué
avec fierté par l'Autunois comme l'un de ses plus
illustres enfans. Nous sommes présidés par un
préfet que ses qualités personnelles et ses services
signalés : appellent aux plus hautes dignités de
l'administration et de la politique. Mais ce
qui me frappe davantage, c'est de voir réunis à
ce banquet, dans une cordiale fraternité et liés
entre eux'par une pensée commune de bien pu
blic, les hommes de notre arrondissement les plu-?
distingués par leur situation sociale,ceux en grand
fiombre qui honorent le mieux notre bourgeol"
sie, et ënflii ces.hommes modestes, qui, grftoe à
une intelligente! persévérance, f ont venus, dans
vos concours récens, cueillir les palmes du tra- >
vail ; tous, enfin, à l'exception de nos illustra-
tions militaires; et vous savez comment le mit-
réchal duc de Mâgsnta sert ailleurs l'Empeî—~
reur et la France. Cette alliance en.un faisceau
serré de toutes les forces du paj's, le culte, l'ad
ministration et la justice; les sciences, les lettres
et les arts; l'agriculture, le commerce et l'indus
trie, et même le travail manuel, cette alliance de
toutes les forces vives, c'est de labonne politique/
parce que leur union en assure l'efficacité et les
résultats; c'est de'la bonne politique, parce qu'en
accordant â Chacun.une légitime satisfaction, elle
donne pour J'avenir des gages de calme et da
paix: c'est aussi de la bohlio démocratie, c'est
celle qu'aime l'Empereur, c'est celle qui convient
particulièrement à l'Autunois dont le rare bon
sens a toujours bu allier le respect de l'autorité
avec ramoUï de la liberté. •
■a Messieurs, à un autre point de vue, je vous al
dit (JUS vous secondiez les vues de l'Empereur :
dans sa sollicitude pour ce qui est bon et utile, H
aime tout ce qui peut ré veiller, et étendre la vie
dans les provinces, et ne fmis a-t-fl pas dit, comme
la Providence : « Aidez-vous, ayez de l'iuitiative,
y! lh gouvernement qui vous protège ne peut seul
» tout faite pour vous. » Eh bien 1 Messieurs, il
n'est pas. d'eïeSiple d'initiative qui m'ait frappé
davantage que cette fête de nos quatre Sociétés
qui, par des moyens divers, poursuivent le môme
fiutj la prospérité de notra contrée,
a D'est d'abord notre vieille Société Eduenne,
qui recheféîle et retrace la grandeur de vos an
cêtres pour stimuler et encourager letf généra-,
tions nouvelles, et noua rappelle les leçons du
passé. C'est la Société d'agriculture qui cherche à
fertiliser nos champs, à multiplier et amélio
rer fiotfe bétail. En propageant de bons exem
ples et dë sages conseils, elle a déjà rendu de
grasfds services et en rt,ndra bien d'autres eneore
sous la présidence d'un hommè excellent et aimé
de tous. C'est la Société d'horticulture, qui, avec;
M sœur aînée, complète ce qui est utile à l'ali
mentation et ajoute ce qui embellit nos campa
gnes et charme nos demeures. C'est la Société
naissante de pisciculture qui semble créée pour
dv>
rouver qu'il ne faut négliger aucun des élémens
e bien-être populaire que la nature a mis â la
disposition de l'homme.
n Mais, Messieurs, pendant que ces Sociétés
cherchent à développer toutes les richesses qu'un
travail intelligent et soutenu produit à la surface
du sol, d'autres hommes que je vois ici en fouil
lent les entrailles pour y prendre la houille, si
nécessaire à tous, ou pour en extraire le schiste,
qui, par une industrie nouvelle, nous donne à bas
prix une magnifique lumière.
» Permettez-moi, Messieurs, de me servir d'une
expressioa d'un autre temps et de'vous louer de
mettre ainsi à' contribution les trois élémens, le
feu, la terre et l'eau, au profit de vos conci
toyens,
» Courage, Messieurs) bientôt vos efforts seront
secondés par l'agent le plus puissant de progrès :
vous avez attendu trop longtemps vos chemins de
fer au gré de vos légitimes impatiences; mais,
dans quelques mois à peine, ils seront commen
cés, et, dans deux ans et demi, vous aurez simul
tanément et dans des conditions égales, des lignes
vers toutes les directions : notre arrondissement
sera dès lors un des mieux desservis.
n Courage donc, honneur à l'initiative indivi
duelle, honneur à nos diverses Sociétés; je crois
voir luire pouf nous l'aube d'une ère nouvelle, et,
pour en hâter l'épanouissement, unissons nos ef
forts. Quant à moi, qui depuis vingt-sept ans ai
planté ma tente et mon drapeau au milieu de
vous, moi à qui vous avez-, par vos votes, renou
velé bien des fois comme un baptême d'Autunois,
je demande à être un des soldats de notre œuvre
commune, et je croisai ainsi remplir mon devoir
envers mon souverain comme envers mon pays ;
je croirai lui témoigner ma reconnaissance, mon
profond respect et mon dévoûment. Je porte un
toast à l'Empereur, à l'Impératrice, au Prince
Impérial. »
LES FRUITIERES.
La fruitière est le type des associations
rurales qui pourraient être établies entre
les diverses bl-anches de l'industrie agri
cole, dans le but de vendre directement
les produits aux consommateurs ï et de
fonder le crédit au travail.
L'origine des fruitières remonte an
moyen-âge. C'est en Suisse qu'elles nppa-"
raissent d'abord. Le canton deFribourj, ou
se fabrique en grandie fromage deGruyere,
semble avoir été leur berceau. De là elles
franchirent nos frontières et pénétrèrent
dans le Jura où elles se sont vaillamment
acclimatées et dont elles ont fait la fbrlu-
ne. L'Auvergne, les montagnes du centre
et des Pyrénées, les Alpes françaises, au
raient dû les accueillir avec empresse-
sement. Mais jusqu'ici, en dépit du zè!e de
quelques hommes de progrès qui se sont
faits leurs apôtres, les fruitières, malgré
les avantages qu'elles offrent, n'ont pu
vaincre l'esprit d'individualisme dont les
cultivateurs sont entachés,
; Toutefois, les pasteurs des Alpes fran-
Fcnillcton du Constitutionnel, 16 sept.
LA FORÊT DE B0NDY
EPOQUE DE LA. RÉGENCE.
Beuxièmo partie.
XIIL
bal d'artistes.
La chaise"roulante se mit en marche ;
comme dans un cortège princier, un garde
veillait à chaque portière.
Le prisonnier vit que, remontant d'a
bord le cours de la Seine, on dépassait la
porte Saint-Bernard et l'enceinte de Paris
en 1718.
Un peu plus loin, il reconnut les bâti-
mens de la Halle aux vins, qui, dès cette
époque, occupait l'emplacement, où elle
fonctionné encore aujourd'hui; puis tout à
coup, il ne vit plus rien : les ténèbres ve
naient de se faire brusquement autour de
lui.
- La manière dont s'était opérée cette
éclipse n'était pas difficile à deviner; on
portait alors de vastes manteaux garnis
d'un galon d'Or, dont les voleurs étaient
très friands. Probablement, celui dont
avait été dépossédé le prédécesseur du jeu
ne Galoppe dans la vinaigrette, venait d'ê
tre jeté sur le véhicule et l'enveloppaittout
entier. >
- Au même moment, la direction suivie
jusque-là fut changée et par plusieurs
marches et contre-marches rapidement
exécutées, on s'étudiait évidemment à fai
re une confusion dans la: tête du prison
nier; si observateur qu'on pût le suppo
ser, ce procédé devait le mettre dans l'im
possibilité de s'orienter.
Toutes ces précautions si minutieuses
ne furent pas, par le fait, trop désagréa
bles à celui qui en était l'objet. Voué à la
mort comme il pouvait le craindre et en
levé sans espoir de retour , non rediturus,
aurait-il été dépaysé aussi soigneusement?
Après avoir marché longtemps, on s'ar
rêta et une porte s'ouvrit pour laisser en
trer le cortège. Au bruit qu'elle lit en
tournant sur ses gonds, Galoppe crut de
viner une vaste porte cochère; puis com
me le roulement de la chaise se remettant
en marche n'eut pas cet écho qui se fût
produit au passage d'un espace voûté ou
seulement couvert, il put eh induire que
l'habitation dans laquelle on.pénétrait n'é
tait pas bâtie sur le devant. Un hôtel, cir
constance pourtant assez invraisemblable,
attendu l'apparente qualité des ravisseurs,
était donc le lieu où l'aventure allait avoir
sa conclusion.
Un quartd'heure environ s'écoula avant
que le pauvre reclus fût tiré de sa cage ot
durant cette longue attente aux appro
ches du dénoûment, Dieu sait, soit dit
sans méchant jeu de mots, si son imagi
nation galopait.
Il se demandait si, continuant d'être
pris .pour le chevalier de Liiiers, il avait
été conduit par de faux voleurs comme
criminel d'Etat clfez M. le lieutenant-gé
néral de police ou chez Dubois, au Palais-
Pioyal, ou bien si les gens qui avaient fait
disparaître ce chevalier tant cherché par
la police, croyant n'avoir pas achevé leur
œuvre , se disposaient à la reprendre et à
lui rendre iuneste une ressemblance qui
jusque-là n'avait été que déplaisante ou.
risible dans ses effets,
i Au milieu de cette soucieuse étude de sa
situation, Galoppe commençait à perdre
patience, et, coûte que coûte, il se dispo
sait à précipiter le denoûraent quand à son
oreille parvint un bruit de musique loin
taine. Avant qu'il eût eu le temps de com
menter ee symptôme, Cartouche en per
sonne ouvre la portière et lui dit :
— Pardon, Monsieur, de vous avoir fait
attendre; mais j'avais quelques ordres à
donner et une toilette à faire. Voulez-vous
bien sortir et me suivre ?•.
L'échange que fit alors le détenu de son
étroite et obscure prison pour un espace
un peu plus ouvert, ne lui donna pas en
core le mot de la désagréable énigme dans
laquelle il était engagé. Il se trouva sous
une voûte obscure, servant de communi-
catknà deux cours, et-ne put distinguer
aucun objet.
— Par ici, Monsieur, lui dit Cartouche
en ouvrant devant lui une porte vitrée :
nous sommes au bas d'un escalier; en voj-
ci la rampe : il y a une quinzaine de mar
ches à monter.
Galoppe en compta vingt et fut intro
duit dans une pièce de dégagement pau-
vrbment éclairée; sans cette transition,
en sortant das ténèbres où il avait été si
longtemps tenu, il eût été exposé à un
éblouissement lorsqu'un moment plus
tard, une porte venant à s'ouvrir, ii sa
trouva transporté dans un vaste salon
blanc et or, dont un magnifique éclairage
debougiesfaisaitresplendir l'ameublement
somptueux.
Dans une embrasure de Tenêtre il ap-
perçut tout d'abord l'orchestre qu'il avait
entendu bruire au loin. Assis de plain-
pied avec les danseurs et .alors au repos,
trois virtuoses, qu'à leur attitude désinté
ressée et automatique.Galoppe reconnut
pour des aveugles de profession, en for
maient tout le personnel; c'était donc au
propro et non au figuré le bal qui luiavair,
été annoncé.
Son second regard fut pour Cartouche ;
il s'était magnifiquement transfiguré : aux
vêtemens plus que négliges qu'il portait
dans l'instant Où nous l'avons retrouvé, il
avait substitué un habit de drap musc
bordé d'un galon d'or large de trois doigts
et une veste en brocart d'or avec jabot et
manchettes de point ; ce costume lui don
nait l'aspect cossu d'un financier, à cela
près que l'habit n'ayant pas expressément
la tournure d'avoir été coupé à sa taille,
il y flottait beaucoup trop à l'aise, faute de
la rotondité bien connue' de l'emploi.
Galoppe remarqua encore que dans cet
immense salon une trentaine au plus de
convives avait un air d'être'noyée et per
due, comme Cartouche dans son habit.
Ces gens , parmi lesquels se démêlaient
quatre ou cinq figures de femmes, sem
blaient pourtant avoir la prétention de fi
gurer un bal masqué, car tous, à l'excep
tion du maître de la maison , qui s'était mis.
au dessus de cette précaution, ils por
taient un loup ou un visage de carton ;
celui-ci s'appropriait tant bien que mal à
une grande variété de costumes, tels que
mariniers, gens des halles, oublieux, cent-
suisses, bourgeois , gardes françaises , et
voire même religieuses et abbés.
Galoppe eut tout le leisir de faire ces
remarques, car, à peine entré avec lui, Car
touche avait été vivement abordé par .une
femme portant à son côté un énorme bou
quet et accusant sous des airs de jeunesse
un embonpoint hâtif qui commençait à la
déformer. Le visage à moitié caché par un
masque de velours, et coiffée d'un fouillis
de plumes et de fleurs, par l'échancrure,
démesurée d'une robe de point de Venise
qui lui allait à peu près comme le diadème
d'Athalie à Nicolle du Bourgeois gentilhom
me , elle étalait de prodigieuses splendeurs
de gorge et d'épaules, promises au reste
par sa chevelure qui était d'un blond ar
dent. •
— Tu es gentil, toi, dit-elle à l'amphi
tryon d'une voix de harangère, tu me don
nes un bal pour ma fête patronne, Cathe
rine de Sienne, une des plus fortes saintes
du calendrier et qui n'est pas comme Ca
therine, en novembre, la bête noire des
filles majeures ; puis monsieur arrive en
dernier, après tous ses invités.
— Les affaires avant la politesse, mon
adorée, répondit Cartouche, et d'ailleurs
si l'on travaillait pour toi !
— Gh ! ouiche, pour moi ! Jusqu'à me
laisser manquer de diamans ! Suis-je pas
joliment fichue avec des plumes et des
fleurg, que j'ai eu beau m'en larçir, quand
je devrais ruisselar !
— Ma grosse, tu saishien, cette parure
de Mlle Sallé, que tu reluquais tant l'au
tre jour à l'Opéra dans le ballet des Fêtes
vénitiennes , je comptais ce matin même la
mettre à tes pie
— Oui,-avec ta langue !
— Eveille-Chien est là pour te dire
qu'hier soir nous retournions tout chez la
danseuse. Est-ce ma faute si ces femmes
n'ont ni ordrej ni conduite, et si j'apprends
que,tourmentée par ses créanciers, la Sallé
a mis ses diamans en gage chez un usu
rier de la rue Regrattier dans l'île Saint-
Louis?
— L'île Saint-Louis, m»n petit, c'est le
bout de Paris, mais ce n'est pas le bout du
monde.
— Aussi y"fut -6n, Mademoiselle, et on
en venait, quand sur le pont de la Tour-
nelle on a une affaire avec ce gentilhomme
qui nous met encore en retard...
— Ça! dit l'interlocutrice de Cartouche
en regardant Galoppe, un gentilhomme?
c'est un clerc de procureur.
Cette femme consaissait-elle en effet le
principal personnage de cet imbroglio, où
jugeait-elle à vue do costume ?
— Enfin, gentilhomme ou non, poursuit
Cartouche, Monsieur me fait perdre du
temps, mais l«s diamans, ça se mange ré
chauffé, èt'trouves-en, ma charmante, qui
t'en fournissent de montés Comme ceux-
là!
Parlant ainsi, le galant voleur avait tiré
un écrin de sa poche, et, sans plus de solen
nité, il le remit à la belle exigeante.
— T'as fait ça pour moi ? dit-elle en se
jetant au cou de l'adroit voleur. Ah ! bieq,
c'est gentil. . .
Ensuite elle ouvrit l'éerin, regarda un
moment les diamans puis se prit à dire :
— Qu'est-ce que j'en ferai maintenant,
qu'ils arrivent comme merluche après ca
rême, tiens une idée plutôt!
-^- Tu vas me demander de te les faire
mettre eh gelée pour le souper ? dit Car
touche désappointé.
— Non,' c'est plus drôle, demain tu les
renverras chez la danseuse en lui faisant
une morâie « que tuas appris qu'ellemet-
» tait ses effets en gage, que pour cette
n fus tu ii bi^n voulu te donner-la peine
» do 1 retins mais qu'elle ne recommen-
» ce pas. » Je te tournerai la lettre,'sois
tranquille. Elle la montrera à tout Paris,
ce qui grandira ta réputation : au lieu
qu'un vol des diamans de la Sallé, se
rait pour faire un bruit du diable, que
nous serions traqués partout; et qu'est-ce
que nous en donneraient, si on voulait en
faire argent, la Salomon et la Bonne-Foy,
ces canailles de receleuses?
— A man tour faut que je t'embrasse,
s'écria Cartouche en fourrageant dans les
lys étalés devant lui. "
Puis se retournant vers Galoppe :
— Eh bien I Monsieur, Ipi dit-il avec
emphase, vous la voyez, cette classe'tant
calomniée! Est-cechez vos imbéciles d'hon
nêtes gens que vous trouveriez des senti
mens pareils ? Moi! preux chevalier, pour
plaire à ses beaux yeux, je mets deux mai
sons à l'envers ; elle, contente que j'aie tout
risqué pour elle, ne pense plus qu'à ma
sûreté et sacrifie tout à ma gloire ! Rentré
dans la société, je vous somme,Monsieur, ■
de dire tout ce que vous êtes témoin ici.
— Oui, mais il n'y rentre pas encore
dans la société, dit l'étrange famine en en
tendant l'orchestre donner le signal. Il va
danser avec moi, ce joli garçon. J'en ai du
long et du large à lui conter pendant que
nous gigoterons.,
xibasourdi par ce qu'il voyait et enten
dait, Galoppe paraissait hésiter.
— Madame, lui dit Cartouche, vous fait
l'honneur de vous vouloir pour danseur,
vous en êtes charmé et reconnaissant, ou,
dame! nous nous brouillerions.
Le procureur général de la basoche pen
sa que pis pouvait lui arriver. Il donna
donc la main à sa partner, si hasardée
qu'elle lui parût. Une fois en place pour
la contredanse, une mode venue d'Angle
terre-en France depuis quelques années :
— Ohé! les yeux blancs ! cria-t-elle aux
aveugles, jouez-nous 7a Cabaretière et les
Manches vertes, e t chaud l'harmonie !
Si la donzelle, par de certaines excenIn
cités' de sa danse non moins décolletée que
ses épaules, dut un peu inquiéter la gravi
té de son cavalier, celui-ci' fut forcé d'ad
mirer son entrain et une agilité 'que "ne.
lais.saitguèresoupçonner sa taillé épaissie.
Dans l'intervalle dès repos que lui lais-
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