Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1864-09-07
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32747578p
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 124053 Nombre total de vues : 124053
Description : 07 septembre 1864 07 septembre 1864
Description : 1864/09/07 (Numéro 251). 1864/09/07 (Numéro 251).
Description : Collection numérique : Grande collecte... Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail
Description : Collection numérique : La Grande Collecte Collection numérique : La Grande Collecte
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6736611
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
49' ANNÉE.--®. 251.
BUREAUX A PARIS : nie do Valois (Palais-Royal); nî 10Î
B MERCREDI 7 SEPTEMBRE 1804.
ABQMFJŒENS DES DÉPARTEMENS.
• . r l ' '■ ' ' « ■ ~
trois.moisïîs^ïîsl . 16 fr. ,
six mois , .?;??.;r.ï 32 fr.
UN}AN,...7......T,7 64 fr.
pour les pats étrangers, voir le tableau
publié les 5 et 20 de chaque mois.
Imp, L. BONIFACE, r. des Bons-Enfans, 19,
Le mode
sur Paris
'^ÏÏTE^B^'JDTn^R^L.
' » " * 'l • *A"i il J £ ' " .'Ui
ABONNEBENS DE PARIS»
* ... i.
c' - ■ 'J i-ïlu •»'►« C-U-'-'.U iOmiii—t XJ
, . -TROIS M0IS,i î . Jti .;^e3 13 .FR..
'"• r six f
UN AN. »ÏÏ% w p.t »*.£• /tëfSfFR; '
' . *.'■■. i-'S O < »'..j .A. ' '
UN NUMÉRO 20 CENTIMES.
•! 7 ?:■' 'J : -''J ' a
Les abonnemens datent des 1** et 16
. delchaque mpls. i, >
d'abonnement le plus simple est l'envoi d'uû baî ^Esipe^te ou d'un eflét^'« ! r v : -.r>n r * ' ■> let lettres ou envoit chargent nqk * affb ^ chis . sontréfuté
iris, ^l'ordre de l'administrateur du journal, rue de Valois, n'< 10, , < ,1 tes r VJies jartjcles -déposé» ne*sont pas fendu»." ' " "
' • • • - • - • r,-, ! • . ft H'/ . • -IÛO - ' - ,t - - ' •' . '
A nnonces sont reçues chez M. P ànïs , rue Notre-Dame-des-YictOire^É ^Or ?
v . /niQna Ha la "Rr»n**c?ck\ -* / '«
■Al. ,1,.
(place de la Bourse).
A la demande d'un grand nombre d'a
bonnés nouveaux, nous venons de faire
réimprimer tout ee qui. a paru jusqu'ici
du roman de m. Charles babou , la.
FORET DE! BA\D¥. • - -
. "MM. les abonnés nouveaux peuvent
faire retirer dans les bureaux du journal
les feuilles contenant les: ^parties de 1LA
FORET DË BOIVOY, publiées avant
la date dë leur abonnement, et se mettre
ainsi au courant 'de cette' ÔBuvre si drama
tique dans son ensemble et si attachante
dans ses détails,
PARIS, 6 SEPTEMBRE.
Les nouvelles'de Tienne, reçues aujour
d'hui, sont plus favorables, àuqe solution
satisfaisante des difficultés entre les puis
sances contractantes. .
Les travaux.de la sous-commission ter-
ritoriare avancent rapidement, et on pen
sait qu'elle pourrait soumettre son rapport
à la conférence dans le courant de cette
semaine. ' ,
Dans ce travail il ne - s''agit d'abord que
Se la fixation sommaire lies frontières ; si
Ja ligne de.délimitation obtient l'agrément
de la conféren&e,' la sous-commission se
rendra sur les lieux pour procéder à la
fixation m détail de la nouvelle frontière
eu ire le Danemark et le Sleswig-Holstein.
- Les renseignemens de la Gazettebourg sont en accord avec ceux que nous
yenons de résumer, d'après les correspon
dances de^ Vienne. Cette feuille dément du
rësteles bruits'de prétendues mésintelli-
gences-entre les membres de la conférence,
èt elle s'exprime à ce sujet dans les termes
éuivans. « O h ; assure-d'ailleurs qu'on ne
» remarque aucune mauvaise volonté de
» la part du Danemark, et que les plêni-
■ potentiaires -danois, n'élèvent aucune
» ! prétention dépassant là défense légitime
û des intérêts de leur pays. D'autre part
» aussi, les deux grandes puissances al"
» lemahdes se font un devoir .de tenir
« un compte équitable "dë la situation
» du Danemark, autant -qiie les droits
v de l'Allemagne et dos duchés le per-
» mettent. On peut désigner la marche
» que les négociations ont suivie jusqu'ici,
» comme normale et satisfaisante, bien
i» que la nature deschoses traîne un.peu
» l'affaire en longueur. »
La plupart des fouilles allemandes s'ac
cordent à affirmer que la queslion doua-!
nicro tient, en ce-moment, la première
place dans les préoccupations des cabinets
de Vienne et .do Berlin.
. 11 paraît faux que l'Autriche ait deman
dé et que la Prusse ait accordé à sa rivale
des garanties pour les possessions non-al
lemandes de . l'Autrioho. Une lettre de
Berlin publiée par l'agence I-Iavas assure
que M. de Bismark s'attend lit, en effet, à
une pareille demande et qu'il n'a pas été
peu surpris de voir M. de Rechberg porter
la discussion sur le terrain de la politique
commerciale. Le'cabinet da Vienne aurait
posé la question du traité de commerce
dans deg termes tellement catégoriques,
- que M. de Bismark, n'a pu faire autrement
que de consentir à de nouvelles conféren
ces douanières. C'est M. de Hock qui re
présentera l'Autriche dans les négocia
tions qui vont s'ouvrir prochainement'à
Berlin. Ce haut'fonctionnaire est un parti
san du système dii libre-échange , et if ne
saurait, parconséquent,combattre les prin
cipes sur lesquels repose-le traité franco-
prussien. Mais on prétend que le mémoire
élaboré, par M. dç Ilock n'a pas reçu la
sanction du ministre autrichien, à cause
des concessions excessives qu'il faisait à
la Prusse. " . .
Suivant la Nouvelle Présse libre de vien
ne, M. de Bismark aurait ïéussi, pendant
son séjour à Munich, à «amener une en
tente avec la Bavière au sujet du Zollve-
rein.
_ "Une assemblée des propriétaires îo'n r
ciers,.n'appartènant pas à l'ordra-éq^esfrè
du Sleswig-Holstein,- s'est tenue: la 3| à
KM. Cette réunion avait à Se prononcer
surlesrésoTutions de l'assemblée nobiliaire
du 8 août. Après une longue discussion,
l'assemblée a repoussé ' c'es résolutions et
adopté, à la majorité de 25 contre 6 voix,
la déclaration votée à Neumiinster par les
délégués des villes. .
On annonce en même temps la prochai
ne réunien ; de 'délégués des paysans des
deux , duchés! Cette assemblée adoptera
également, à ce qu'on dit, les résolutions
de Neumtinster. Toutes les classes de la
population , grands propriétaires -, bour
geoisie "et campagnes auront ainsi mani
festé leurs vœux, en faveur du duc d'Au-
gustenbourg'et contre l'établissement d'un
intérim austro-prussien. :
: La Gazette de Vienne déclare dénué de
tout fondement le bruit' de la formation
de vingt nouveaux régimens d'infanterie.
Une dépêche de Berne annonce que le
calme commence à se rétablir h Genève.
On sait qu'e M. Duplan-Veillon, conseil
ler d'Etat' du canton de.Yaud, est un des
commissaires délégués pEtr le conseil fé
déral pour l'instruction de l'affaire de Ge
nève. Ce magistrat, dont l'esprit éclairé
et conciliant est'généraloment apprécié en
Suisse, fi'est signalé précédemment dans
l'instruction du procès des insurgés de.
Neuchâtel et dans celle du conflit do Villa-
grand. : ^ .. ■■ ■■ ■
■ Les dernières nouvelles du i J érou n-e
confirment pas complètement les espéran
ces d'arrangement exprimées par les jour
naux espagnols. On ne connaissait pas en
core à Lima les bases d'arrangement pro
posées "par le cabinet de Madrid, mais,
d'après les lettres des vill'es du nord du
Pérou et de Panaina^ où elles étaient déjà
connues, on Craignait qu'elles ne lussent
pas acceptées si elles avaient le caractère
d'un ultimatum.; on avait paru compter à
Lima sur une restitution préalable des
îles Chin,cha, et c'est lb, en effet, que se
trouve toute la .difficulté. ■
v EoooAiiu Simon,
TÉLÉGRAPHIE PRIVEE.
New-Yorlc27 août.
Lo général Grant maintient sa position sur
le chemin de 1er de Veldon.
Un démenti semi-olliciel est donné à la nou
velle que M. Lincoln aurait envoyé aes com
missaires à ltlchmond pour négocier la paix.
Les confédérés ont coulé un steamer dans le
canal de Mobile, rendant ainsi l'accès de cette
place Impossible par mer.
La Vict -ria est arrivée à New-York. Muller
est arrêté. 11 était, muni de la montre et du
cliapeau de M. Briggs. Il se dit innocent. Les
ïsrmaUtSs * légales,, .pour"son extradition sont
rçonfl[hencées. . ' ' '
*■ Or, 250 5/8 ; change sur Londres, 274 $ co-
^on, 188. '
■ - "" 'Àarhïïuns,"§ septembre. J
La Gazette officielle d'AarMùnê publie un mar
-nifeste du général prussien, M; de Falkenstein,
en date du i " septembre, quij dans le but de fa
ciliter les communications intérieures, permet
la sortie par tous les ports du J utlahd d'objets de
consommation pouvant servir à la subsistance
de l'année alliée et, dont l'eipdrtatibn est .dé
fendue quand ces objets ont' poiir destination
une 'àutre partie du Jutlànd. Cette sortie aura
lieu moyennant le dépôt d'un cautionne -
-ment ' qui -ne. sera restitué' que lorsque la
rentrée de ces objets aura été constatée!
D'après, une ordonnance du 3 septembre,
tûus.les rapports, des fonctionnaires et toutes
les pétitions destinées au gouvernement.mili-
taite, devront Être rédigés en allemand. '
j- ? ■ Berne, 6 septembre*
... Le calme est un peu revenu à Genève. Au
cune nouvelle arrestation" "n'a eu.liôùu La cOn- 1
duite "'dé M; laiiies Faiy est sévèrement jugée
dans-toute la'Suisse.
M. Barandiaran, ministre du Mexique., ac
crédité auprès des^gouvernemens de Suisse et
d'Italie, a présenté aujourd'hui ses lettres dp
créance au président du conseil fédéral; :
Marseille, 6 septembre.
Les lettres de Rome du - 3, disent que le re
tour du-Pape est fixé au 12. Le consistoire au 1 -
ra lieu le 19. 1 i ' »
- Les cardinaux de Villecoxirt et de'Bonne-
chose se sont embarqués hier pour• Civi'a-
Vecchia. • . . . ■, •
L'Eldorado, qui vient d'arriver' à îoulon,
avait à' bord mille passagers venant de Co-'
chinchine.' , ' >
Madild, b septembre.
M.'Mon s'est rendu à la Granja. .
Le vapeur Paris, venant de Cuba, vient d'ar
river à Vigo, après dix-huit jours de traver
sée. (Ilavos-Bullier.)
—■ ■i.nfjSm ■ .
Voici les dépêches que nous recevons ce
soir : . ■
Londres, 6 septembres ,
Le Times a reçu de son correspondant spécial
de New-York la nouvelle suivante :
« Des dépêches privées reçues aujourd'hui,
27. annoncent que Lee, à la tête de forces con
sidérables, a occupé la vallée de Shenandoah.
Or, 250 1/2. »
Copenhague, S septembre, soir.
Le prince et la princesse de Galles sont at
tendus aujourd'hui à Elseneur. LL. A A. RR.
voyagent sous le nom de baron et baronne de
Reafrewi
Le grand-duChéritier de Russie, én quittant
Copenhague, rendra visite aiix cours de Hano
vre et d'Oldeûbo.uFg. .
■ ■•■■■>• .Vienne, 0 septembre. »
. La Correspondance générale annonce que la
conférence s'est réunie aujourd'hui! ^
1 La mCmo îeùille publie les nouvelles sui-,
vantes de Copenhague en daté du 3 :
De nouvelles instructions ont été envoyées à
Vienne aux plénipotentiaires danois., Biles doi
vent avoir pour effet d'aviiônôr une issue plus
prompte des négociations pendantes. Le gou
vernement danois fait des propositions, ten-
danfc^-écarter-tes difficultés. Par suite; la nou
velle délimitation entre-le' Sleswig et le JuM.
lond: peut être tfàs prochainement, prise en
considération» |
- , : •.• -, Suez, , .On a des avis de Shanghaï du 22. juillet..Les.
troupes impériales s'étaient emparées de Can-
going. Un camp d'instruction militaire avait,
été formé sous la direction du général Gordon;
pour les troupes cliinoisesi
- Les aVis db Melbourne (Australie) sont du
20. Les'itroaprs anglaises dans la Nouvelle-Zé
lande .ontpbtenu, le.'25, un-avantage sur les
Maoris, qui ont perdu 200 hommes. Le chef
qui était à la tête des indigènes dans l'affaire
de Gatepah a été tuéi
L'exportation de l'or à Melbourne s'était éle
vée pendant le mois à 32,025 onces.
Madrid, 6 septembre.
La Epoca croit que M. Gonzales-Bravo sera
nommé prochainement ambassadeur d'Espa
gne à Rome.'
On mande de Lisbonne que l'agitation con
tinue dans le district de Villa-Real.
(EmasrBullier.)
l eours de la bourse.
CtOTCTRS les le 6- HAUS88. BAISSE
0/0 aucopapt. 66.55
—Fin du mois,. 66.70
.41/2 aucompt. , 94.55
—Findumois. : 93.60
66.45
66.65
94.45
» »
io.
05
10
Le Moniteur du soir trace en ces térmes là
-situation de /Madagascar jusqu'aux datas
-les plus récentes : ■
; « Il y a plus d'un an qu'on apprit en Euro-
te l'insurrection qui 6e termina p^r la mort
u roi itadamji, cerné dans son palais et étrail-'
glé par les ' conjurés vainqueurs. On n'a pas
oublié qu'à la suite, le premier ministre, ne-
venu maître de la situation^ maintint sur le
trône la reme épouse de Radama etj.aprôs l'ai
voir épouséej se contenta de la dignité morga-
.natique de mari de la reine, niais gat-da entre
ses mains l'exercice réel du pOuvôir.
■ ' L'apaisemei;t qui suivit'la mort'du roi Ra
dama ne'fut pas de longue durée: Les troubles
recommencèrent hienïôti suscités par des cir
constances extraordinaires et des bruits étran
ge?. Une épidémie de . -ponvulsionnaires, que
l'on voit souvent apparaître à Madagascar lors
que des évènernens politiques Se préparent,
.vint jeter un effroi fanatique dans la popula
tion. O.n n'ignore pas qiië deux grandes races
ennomies, les Ilo'vas et les Sakalaves, se dispu
tent depuis longtemps la . puissance dans cet-
tè île. • - .
" » Cette vieille rivalité, caus3 de" tant de lut
tes sanglantes,, sembla. se' ranimer avec une
BoUvelIe ardeur. Les épileptiques dont nous
venons de parler se répandaient dans les rues
dp Tamatâvej suivis par, la foule, se livraient
à touleS 1 sortes de Contorsions ët'de prédictions
si bien que le premier ministre envisagea
comme un danger la continuation de cès scè
nes. 1 ' ' ~
Un édit infligea les peines les^plus terribles
aux convulsionnaires. Il y eut à la suite quel
que 'ralentissement dans. les.'démonstrations;
mais bientôt un bruit étrange vint agiter avec
une violence croissante la population qui sem
blait se calmer. On se disait tout bas à I'oreilla
que le roi ltadama n'était ptts morts
» L'explication était simple. Parmi les meur
triers du roi se trouvaient qUelqùes-uns de ses
amis déguisés et cédant à la nécessité et à la
loi du plus fort. Ce fut ceux-qtii se jetèrent sur
le roi, dè^ qu'on se fut -résolu à; l'étrangler, et
lorsque les chefs de la .conspiration crurent le
crime consommé, ils enlevèrent le,corps en
apparence inanimé, mais où la.vie n étsit^pais
encore entièrement éteinte. Des soins proqa'p-
tement donnés sauvèrent Radama. Mais so a
état de faiblesse plrysiqUej la puissance de ses
' énnemis obligèrent le priniîe'si miraculeuse
ment échappé à se câchér daris le. fond dei
forêts.
. » Telle est la légende qui se répandit dans
Ole et qui, depuis cette époque, a trouvé de
nombreux croyaps. Des troubles^ des rigueurs
nouvelles répondirent à de& révoltes dt à des
tentatives de soulèvement. Les renseignemens
les plus contradictoires n'ont cessé du reste
d'être, transmis sur tous ces évènernens. L'é-
loigneilient de Madagasdar, l'absence de tout
moyen de contrôle commande, la plus grande
réserve dans l'appréciation de' tous ces faits.
Quoi qu'il cu-sciit r -jusqu'à. ces derniers temps,
le premier ministre signant sous le nom de la
reine avait conservé le pouvoir, et le Radama
tant annoncé, tant altendu, n'a pas encore fait
Êtirt apparition redoutée: Un certain nombre
de gens révoquent donc ôn doute sa résurrec
tion merveilleuse. ' - •
- » Beaucoup d'indigènes,, au contraire, sem
blent y avQirune confianco absolue, car, le 18
mai dernier, une insurrection armée assaillit
le palais aux cris de Vit e ltadama !'
» Mais l'alerte avait été-donnée, et les côn-
juréS ont été repoussés par * lés gardes de la
reine. Â la suite de cette échauflourêe, 79 in
dividus ont été arrêtés. Sept d'entre eux ont
été Condamnés à un emprisonnement perpé
tuel, et dix-huit autres, condamnés à mort,
ont subi leur peine le 18 juillet, en présence
d'une foule immense. Presque tous ces malheu
reux, parmi lesquels figuraient des oifleiers de
haut grade, o,nt persisté jusqu'au dernier mo
ment à 'affirmer qu'ils avaient vu le roi et. que
la tentative du 18 mai avait pour but de le
replacer sur le trône. ' /
» Un événement important s'est accompli
cés jours derniers. Dans un moment où l'ivres-
sa. avait troublé son esprit, le premier minis-i
-tre s'est laissé aller jusqu'à insulter publique-j
, 1 ment la reiae et ses principaux 'officiers. On aj
saisi cette occasion pour le renverser, et il-al
en effet été privS "de se§ fonctions; qui orit "été!
- confiées à son frère; D'abord condamné 'à mort,!
puis à un exil perpétuel, Rainivouninahitri-
niouny a été définitivement relevé de ces con
damnations, grâce aux prières et-à : l'influence'
de sa; famille, et on s'est borné à le dégrader.'
; ji Le peuple paraît être généralement satis
fait de la nomination .du premier ministre
Rainilaiarivony. -On assure- qu'il est animé
pour les Européens de dispositions bienveil
lantes; le choix qu'il vient "de faire de Raharlaj
comme gouverneur de Tamatave, bien connu
pour son esprit éclairé et conciliant, semble
l'indiquer. On peut donc voir dans les pre
miers actes du nouveau ministre un heureux';
présage pour la,politique à venir de la'reine-
Rasolcerina. » • ; i; o :
<■ On écrit de Saigon, le 26.juillet : ;
." Un.nouveau traité de paix et un traité de,
çommercè ont été conclus, à Ilué, avec lé gou
vernement annamite. Ces traités ont été si
gnés le 15 juillet, ,11s. offfent. de très grands
"avantages à la France et l'indemnisent large
ment de l'échange'qu'elle fait d'une partie du
territoire qu'elle,, a, conquis en Basse-Cochin-
chinô.' : '
.".'Les principales claUSes.de ces traités soEt.,i
te proteetbra,t de la .France a'ur les Ai* provin
ces de la Uasse-Cdcîiinchiùe; l'ouverture de
trois ports importans sur la côtfe d'Ahriam, avec
concession de.9 kilopiètres de .terrain autour
de chacun de ces ports pour y établir des compr
toifsj la liberté .pour nos commerçans de cir-
culer da.ns". fout le .royaume d'Annam ppur y
trafiquer'; l'a liberté entière, pour nos mission
naires d'enseigner la religion chrétienne; l'é
t'âblissement de consuls à Ilué et dans les ports
ouverts au commefcej 'et ènfia le' paiement
d'une indemnité de 10Q millions de francs.
Nous nous trouvons ainsi débarrassés d'une
partie des lourdes 'chargés qui'pesaient - sur
ntiils en; Çtoehipchine. Nous conservons un
vaste territoire à Saîgonj au oap Saint-Jacques
et à Mytho ; nous restons maîtres de la rivière
de Saïgon et du grand fleuve du Cambodge, et
le commerce peut' désormais 'se développer
sans entraves dans ces contrées lointaines.
■ Ces traités^ qui sont pour tous un véritable"
biisnfait, devront être ratifiés d'ici,à sia mois.
Le gouvernement annamite, pour prouver .
se3 bonnes intentions, a envoyé à. Saigon
2,590,000 francs,'montant' des -annuités dues
d'après 1$ tfaité du 8 juin 1862'. . ■ • •
L'aviso le d'Entrecasteaum, q'ûi portait cettç
somme au gouverneur, est arrivé à. Saigon le
24 juillet. , . ,
La mission française', à Hué, '.composée de
Ms Aubaret, capitaine de frégate, M. Duval,
sous-lieutenant au régiment étranger (en mis
sion) et M. de Ciiverville, élève consul, est
rentrée à Saïgon lé même jour'.-' Le comnian 1
dant Aubaret retourne â Banghok gérer le
consulat et MM. Duval et de Cuverville restent
à Saïgon, où ils 'attendront que les traités
aient été ratifiés, : avant de recevoir une nou
velle destination.
Depuis l'ouverture ' des nouvelles négocia-
tions< nos possessions jouissent du plus grand
cainrld. ' ?" ( Savas.)
''âouvelXa* l'S^érSeyir."
SUliS9B;:v.
berne , 2 septembre. — Dans une séance ex
traordinaire, qui a eu,lieu, ce matin, le con
seil fédéral a vdlidé l'élection de M. .Clieneviè-
re en qualité .de membre du canseil d'Etat du
canton de Genève. L'arrêté fédéral qui est in
tervenu à cette f ocoasiwse fonde sur ce que la
majorité léfrale ayant été acquise à M. Chene-
vière, le bureau ^électoral a indûoient, et sans
môme en alléguer la raison, annulé le résul
tat do l'élection.
U est permiSid 'espérer que 11 décision prise
par le goUvernementcentral.de la .'confédéra
tion contribuera d'une manièreiefflcace à ré
tablir le calme dans l'esprit des Génevois. ■
' De nouvelles 1 élections, en effet, n'eussent pas
manqué dlêtre lé signal de noùvéaux'coMits
entre les deux camps politiques, qui divisent
la ville, et peut-être de nouveaux désordras.
Quoi qu'il en soit, les commissaires fédéraux,
M. i'ornerod et le colonel- Barman/viennent de
prendre , de concert avec leurs'collègues, MM.
Migy et Duplan ^ chargés de l'eï
incidens de la journée du 22 aou
►impqfrtantits dans l'-intérêt dé la ]
La suppression de l'arsenal du ~
résolue' efr -der ^ordres- d'arrestation-ont
lancés contre les-personnes des deux partis
les plus compromises dans les derniers évène
rnens. C'est , ainsi que MM. John Perrier ét
fontanel ont été, à la suite d'un interrogé
toire subi devant le juge d'instruction, con
duits dans les prisons de la ville.' Pareille dé
cision "a été prise à l'égard de quelques mem
bres ^du parti des indépendans; M. Vettiner,
entre, autres^ a été incarcéré comme l'un de
ceux qui s'étaient portés à l'Hôtel-de-Ville pout
peser sur les. délibérations du con^il d'Etat.
; Jj)ans la crainte de troubles nouveaux, les
dbt^piissaires fédéraux se sont, en outre, en
tendus avec les autorités cantonales pour que
-les ïêtes annoncées pour ce mois-ci ne soient
pas célébrées. Le' tir national,'qui avait été
également'fixé à cette, époque, est ajournépar
les'Jàêinèë motifs,;
- Q'uà'nt;à:présent,'la! Ville de Genève va con-
tinùgf à ëtreoccupée parles troupes fédérale^,
et 'c'est.gous leur protection que se poursuivra
l'enquête judiciaire,à-lâquelle se livrent MM. Mi
gy et Duplan-Veillon. , -
■'■ M; Jateres "Fazy annonce dans la Nation sukie
qu'en présence des insulte^ et des menaces
dont'il a été l'objet,.il à' pi;is;'.la résolution de
quitter '.Genève., et. d'aller, 1 s'établir pendant
quelque, temps dans une ville frontière.
- ' - [moniteur.Y r
, M. Fazy^mandé prèsjle .j«ge d'instruction
fédéral, pour: ôtpe Bntendu; dans l'etoquéfe c^ui
s'instruit au-sujet des évènernens du 22 ao.ut,
lui a adressé-la lfettre'suivante i ' , .
• m Le 3 septembre 186^.
d Monsieur le juge d'instruction fédéral à Genève.
»'Monsieur, ••' h - - '. • • •
, »i. Vous m'avez fait assignen £ pour être enten-
d|i; dap.3. une ènq.uê^e s'instruit au sujet
dés évënèmen's du 22 août 18G4.
» Je ne sais si c'est comme témoin ou sur
des faits personnels que. vous.^vez désiré m'in-
terroger. *
tel-de-Villfe», -M '-prise ^d'armes" de. Sâint-Ger-
vais, je ! n'*âî-point à en répondre.,Je n'y ai été
pour Tien 1 : J'étais chez, moi à2 heures et demies
lorsqu'on-vint de la part -dë la rédaction de la
Nation gttt 'sse me prier de passer aubureau. Jerri'y
rendis.;Là,':Comme dans- tout bureau da jour-»
Ùal, surtout à l'instantd'éyènemensimportans,
i!| vint,i)éaucoup de monde. Tous étaient alar-)
més, de ce. qui. se passait à l'Hôtel-de-Ville j
d v où ron recevait à chaque instant les plu?
mauvaises nouvelles sur la pression que le
parti opposé exerçait sur le Conseil d'Etat, le
retenant prisôDniôr:
' »'€hacun'était d'accord qu'il fallait trouver
moyen de "le'délivrer; mais il ne fut devant
mot nullement question de prendrq les armes;
et sùrtout de ma part il n'y "eut pas un mot de
dit dans ce sens. ■ ■ •!
» Bientôt le nombre dbs visiteurs diminua
et nous restâmes à pou près seuls de la ré
daction et des employés de l'imprimerie. Nous
faisions composer un numéro qui peut attes
ter de notre'ignorance de ce qui allait se pas
ser. Le bureau du journal est situé dans le
pavillon.de l'est de l'Entrepôt et. les fenêtres
donnent ^up .la rue Pécolat.
» Dé là'J on'n'a vue ni sur.la rue .du Mont-
Blanc; mi<,sur-celle de Cliantepoulet. Nous
étioiis ; 'd'c»a6''sans i J aucune relation avec ces
fiies^'Oît' Se' sont?- passés les évènernens, et
nous' H'eh ^dûtoes' connaissance que par les
df'tortatibhi dè'la fusillade. Nous crûmes qu'elle
partait de la part de la Ficelle et nous fermâ
mes nos,portes» ,
■ a Aucun de nous.ne- savait "que les citoyens
dufaubonrfc .avaient'-été prendreides armes à
l'arjenaldu Grand-Pré'.-Quelquo ; temps après
c^fe'fusillade'iïiii avitft'êu'lieu à quatre heu
res et demie passée,'je sbrtis'pbtir aller au théâ
tre des Variétés, qui est en free, et où je
trouvai; le malheureux 1 Jacpb, qui avait été
blesséiavant la fusillade par ia bande do la Fi-
eelle; ......
•'»'J'étais si peu au courant des évènernens
que je criis que la Ficelle était maîtresse des
rués yoisines, et quo je pris des précautions
pour rentrer chez moi, traversant le théâtre et
l'intérieur du square.
» Je fus très surpris, en arrivant chez moi,
de trouver là un poste armé et un canon bra-
Feuilleton du Gonstitutioiinel, 7 sept.
LA FORÊT DE BONDY
EPOQUE DE LA RÉGENCE.
Iicu\ièmc partie.
V.
LA bce perdue.
La rue que l'érudition des édiles pari
siens a récemment baptisée du^nom de
Maître-Albert, en souvenir des leçons pu
bliques qu'Albert, dit le Grand, aurait
données dans son voisinage, s'appelait, en
4718 moins doctement, la rue Perdue.
Aboutissant d'une part, à la célèbre place
Maubert, de l'autre, à la rue des Grands-'
Degrés qui elle-même descendait à la Seine,
elle était peu passante, assez étroite et
obscure, ce qui fera comprendre la sensa
tion que devait y produire le moindre évé
nement venant modifier ses habitudes de
calme-insignifiance.
Dans cette rue, le collège de Chanac ou
de Pompadour, p,etite fondation charitable
faite au profit de.- pauvres écoliers limou
sins, avait sâ principale entrée, et on face,
autre établissement notable de l'endroit,
était située l'étude de maître Galoppe: en
même temps qu'il était l'un des procureurs
les plus' occupés du Parlement, ce prati
cien en la même qualité avait l'honneur
d'être attaché à la chancellerie de la mai
son d'Orléans.
Fils d'un apothicaire de Brives-la-Gail-
larde, qui n'est pas moins que Limoges,
en Limousin, l'abbé Dubois avait fait,
comme boursier, ses études au collège de
Chanac, et quoiqu'il ne fût encore ni ar
chevêque da Cambrai, ni cardinal, ni pre
mier ministre, si l'on regarde à ce point
de départ' on trouvera qu'il n'avait pas mal
mené sa fortune ; tout puissant auprès du
Régent, après avoir négocié avec bonheur
et habileté le fameux traité de la quadruple
alliance, il avait accaparé tout le manie
ment des affaires étrangères et avait voix
et influence prépondérantes dans toutes
les autres choses du gouvernement. ,
Ce qui fut assez rare dans sa vie, son
continuel .mouvement d'ascension venait
de lui communiquer une pieuse inspira
tion. Après avoir fait constituer une pe
tite dotation pour le pauvre collège où-il
avait été élevé, il avait appelé au proviso-
rat un de ses anciens professeurs qui vé
gétait dans 4a misère et avait poussé sa
bouffée de bienveillance-jusqu'à permettre
que, dans cet'ancien empire des haricots,
le nouveau proviseur lui offrît un dîner où
lés petits -plats, comme on dit vulgaire
ment, allaient être mis dans les grands.
Après-avoir accepté l'invitation, Dubois
s'était posé une question. Devait-il aller à
ce dîner incognito et bourgeoisement, de
manière à marquer un parfait souvenir.de
l'humilité de ses commencemens, ou se
rait-il de meilleur goût d'y arriver dans
tous, les éblouissemens de sa gloire pré
sente?
Ce qu'il y avait en lui du parvenu n'eut
pas de peine à lui persuader, qu'apparaî
tre armé de ses foudres, ferait autrement
d'honneur à son hôte, puisque le quartier
entier serait ainsi informé de la visite que
recevait le bonhomme. ;
En conséquence, le" lendemain du jour
où s'étaient passés les petits évènernens
racontés au chapitre, précédent, un car
rosse de gala à la livrée de M. le due d'Or
léans, s'arrêtait avec fracas devant la
porte de l'humble collège dont la cour
était trop peu vaste pour qu'il pût y avoir
accès; de ce splendide équipage descen
dait l'abbé Dubois, qu'accompagnait un
bénédictin sécularisé dont, à la manière du
cardinal (le Richelieu, il avait fait son
Père Joseph ou pour parler plus simple
ment son. secrétaire. Reçu sur le seuil par
le proviseur et par les autres fonctionnai
res de la maison, le fils de l'apothicaire, à
près de cinquante ans d'intervalle, repa
raissait triomphalement là où il avait été
l'enfant de la charité.
Le brait et le stationnement de ce car
rosse qui, de onze heures à midi, le temps
que dura le dîner, nfc cessa de grouper au
tour de lui la curiosité empressée de tout
le voisinage, n'avaient pas manqué, on le
pense bien, de causer aussi quelques dis
tractions dans les parages de la maison
Galoppe.
' Le maitre-clerc qui, déjà, la veille, était
devenu.chez la bouquetière un si cruel
trouble-fête, avait dû à plusieurs reprises
s'interposer de toute son.autorité pour que
l'étude tout entière n'étendît pas jusqu'à
elle le bénéfice d'un congé accordé au col
lège de Chanac en l'honneur de l'hôte
glorieux qu'il hébergeait. . ' ; , ,
, —Messieurs, ne cessait-il.de dire à ses ,
[jeunes i collègues, restez donc à vos pupi
tres; n'avez-vous donc, de votre vie, vu un
carrosse et une livrée ?
; Ce qui n'empêchapas qu'au moment où
le brouhaha qui se fit en bas, dans la fou
le, et lé. piaffement des chevaux près de
prendre leur course., annoncèrent l'appa
rition de l'abbé regagnant sa voiture, tous
ne se précipitassent aux fenêtres, entrai
nant dans ce mouvement de curiosité jus
qu'au principal clerc qui, un moment, se
montra seul à la fenêtre de son cabinet.
Cette courte apparition eut ses consé
quences.
TSomme l'abbé Dubois,. son chapeau ec-
clésiastiquement sous le bras, allait fran-«
chir le marche r pied de son équipage, sur
pris à la fois et flatté de voir aux façades
des maisons, encadrée jusque dans la
moindre lucarne, une tapisserie de specta
teurs, il promena de ce côté son regard
qui, chemin faisant, vint à rencontrer le
Visiage du jeune Galoppe ou soi-disant tel.
Cette vue parut frapper l'abbé ; dardant
ses yeux de fouine > comme les appelait
la Fillon, sur la figure qui s'offrait à lui,
il y attacha son attention -d'une. façon à
faire croire qu'il y cherchait un souvenir.
Si prolongé qu'il eût été, ce coup-d'œil
ne sembla pas lui avoir suffi, câr, une fois
assis dans "son carrosse, par la portière
donnant du côté qu'il fallait, il passa la
tête avec assez de réserve, pour ne pas
compromettre sa'dignité-et continua de
regarder dans la direction de la fenêtre
où se tenait le jeune clerc, jusqu'au mo
ment où son secrétaire qui, de l'observan
ce bénédictine avait conservé, avec le cos
tumé une énorme, ventripotence, eût
achevé de se hisser à ses côtés.
Cet incident passa inaperçu, même de
celui qui y jouait le principal rôle, parce
que, de nécessité, il fut très fugitif, quel
que temps que nous ayons dû. mettre à* le
raconter ; il n'apporta donc aux travaux
de l'étude, où, remarqué, il eût été l'ob
jet de commentaires infinis, aucune inter
ruption nouvelle, ej; les plumes, depuis
quelque, temps , avaient recommencé à
courir sur le papier timbré, lorsque sur-
vintun client d'une apparence assez mé
diocre et dans lequel il était permis d'en
trevoir une proie pour les instincts mali
cieux de la cléricature : • ce client, c'était
Colingry, accompagné de sa nièce, Mme
Duplessis.
— Maître Galoppe est-il à son cabinet ?
demanda l'ex-garde française. ■ : : . >.
— Extrêmement peu, répondit ié clerc ■;
à qui il s'était adressé.
— Comment! extrêmement peu ?
— Otui^ infiniment, excessivement- et je
dirai même diamétralement peu, poursui
vit le mauvais plaisant en continuant de
grossoyer.
— Ah çà ! fit Colingry, qui n'était pas
un modèle de patience^ parlez dono pour
être compris; je vous demande si M 0
Galoppe est visible ?
; — A l'œil nu, non, répliqua le clerc ;
. mais avec un bon télescope, peut-être.
— Vous ficheE-vous de moi? s'écria l'ex-
gàrdefrançaise, en donnant sur la table
où écrivait son désobligeant interlocuteur,
un coup de poing qui renversa un encrier
et fit trembler tous les pupitres. •
Le clerc auquel s'adrôssâit cette vio
lence se contenta de poser sa plume et de
regarder avec un étonneinent joué, tandis
que, s'adressant au client d'humeur peu
endurante, un autre drôle lui disait froi
dement :
— Monsieur, à Ca qu'il paraît, entre
prend le tremblement de terre ?
—» Messieurs, vous n'êtes pas, gentils,
dit alors de sa plus douce voix Jeânneton,
en intervenant. Vous me connaissez pres
que tous, au moins de vue. Bouquetière
du Palais, je devrais êtrepour vous une es
pèce de collègue, et vous recevez avec des
quolibets mon oncle, un vieux militaire,
quand il vous demande poliment si l'on
peut parler à maître Galoppe.
— Eh bienl cher et adorable Cêlligue, ré
pondit le premier insolent, je vous répon-,
drai que cela me paraît difficile, attendu
qu'il partit hier pour un voyage dont il ne
reviendra pas avant une quinzaine.
— Il fallait le dire tout de suite, répli
qua Colingry, et ne pas avoir des airs de
se moquer des gens.
— Mais il y a son premier clerc qui le
remplace, dit un autre interlocuteur.
~ Oh! ce n'est pas la même chose, ré
pliqua vivement Jeânneton, c'est à M. Ga
loppe lui-même que nous voulions oir
affaire.
— Le premier, dit un quatrième clerc,
est un autre lui-même : c'est son fils, un
jeune homme charmant, et bien autre
ment savant que le père;ilaétudié le droit
et la procédure dans les quatre parties du
monde et autres universités.
— Eh bien! où est-il-Ce premier clerc si
instruit? demanda l'ex-garde française, ,
i — Mon oncle, fit Mme Duplessis, en in
sistant; j'aimerai» tnieuXâttëndreteratour
de. maître Galoppe ; un. jedna. homme
n'est pas ce qu'il faut pour -cette affaire.
— Au contraire j répliqua Colingry, ils
prennent plus chaudement les choses.
Est-ce là? ajouta-t-il, en montrant , une
porte fermée. < . . ....
—Oui, lui fut-il répondu^ dans le eabi-
binet du patron, où il siège pour bien
montrer sa Èépneei, pendant l'absence de
Galoppe I".
-Quand Colingry entra, suivi à,regret-de
son aimable nièce, le premier ' clerc était
enfoncé dans l'examen d'un énorme dos
sier. On peut juger Reflet de ce brusque
changement d'atmosphère : au sortir d'uft
poudreux grimoire se trouver sans transi
tion face à face avec la riante figure, de
Jeânneton!
— Ah!. Madame! dit l'heureux jeûné
homme en se levant pour approcher des
sièges, qui me procure le plaisir de* votre
visite? * • * .
— Mon oncle va vous le dire, répliqua
Mme Duplessis ; niais làj vfaij ajouta-t-
elle , je vous demande pardon de Vdits
faire cette question, vous n'êtes décidé
ment pas le chevalier de Liliers ?
Voyons, dit en riant le Jeune Ga-~
loppe, est-ce que la scène d'hief Va se
poursuivre ici ?
— J'ai tort sans doute de la renouveler,
dit Jeânneton, cependant c'est utlë ressem
blance si merveilleuse et en voiis entendant,
parler, rillusioûs'achèyesi complète!Vous
avez connu le chevalier, iHOn'oticle s m'a-
vez-vous dit : de bonne foi, est-il possible
,de le rappeler plus absolument ?
^C'est-à-dire, répondit Colingry j que
j'ai entrevu une fois M. de Liliers , et
dans une circonstance où je n'ai pu l'en
tendre parler; maisj'en conviens, en effet,
il y a bien quelque chose.
— Veilà au moins de la raison, dit le
clerc, Monsieur admet une. ressemblance
lointainesans prétendre m'imposer la per
sonnalité d'un autre.
—Mais moi, Monsieur, qui vingt fois, ai
parlé au chevalier chez Mlle Chausseraie;
cette personne qui hier vous pressait tant,
moi qui, aussi souvent, lui ai vendu des
"bouquets qu'il me commandait, parlant à
ma personne, comment me p?rsuader que
Je rêve en croyant 1q retrouver ici? •
— Alors, dit avec finesse le jeune Ga-
loppè, votre étrange jeu de physionomie,
la première fois que, j'eus le bonheur de
ivo.as ; aperce voir,, et ensuite, ces regards
sournois que je' croyais surprendre quand
je venais à passer devant votre magasin,
s'adressaient à cet heureux chevalier ? .
-r C'est-à-dire, répliqua Mme Duplessis,
qui ne voulait pas avoir été surprise en fla
grant délit d'attention au profit de per
sonne, qu'ils s'adressaient à un costume
sévère sous lequel je ne l'avais jamais vu;
et à ces papiers qui lui donnaient l'air grave
d'un homme de Palais, quand je l'avais
connu si rieur, si conteur de fleurettes et
èi étourdi. ;
; — Ah ! Il y a bien du déchet, dit le jeune
clerc en soupirant.
1 .— Mais, Monsieur, aussi, pourquoi
n'.entriez-vous pas quand vous vouliez des
fleurs .pour Mme votre mère? Pourquoi
vous adresser plutôt à ma fille de comptoir,
la plus maladroite personne du monde
pour monter un bouquet? Un mot et tout
s'expliquait.
— Très bien, mais au train dont nous
allons, ce qui.ne s'explique pas, dit Colin
gry, en se jetant au travers de cette excur
sion dans le passé, c'est l'affaire qui nous
amène. Vous saurez donc d'abord, Mon
sieur, quo ma nièce est mariée..,
— Mariée ? fit le jeune Galoppe avec un
"ton entre le mécompte et l'étonnement.-
— Mais, sans doute, n'est-elle pas en
âge de l'être et assez belle, pour que quel
qu'un ait voulu d'elle i
— Je suis loin de vouloir vous démentir;
seulement il faut que le mari de Madame
ne soit guère jaloux.
— Pourquoi? dit Colingry j il l'est, au
contraire, comme un tigre, ou du moins il
en fait le semblant, et c'est un de nos pre
miers griefs pour plaider contre lui.
— Dame! à sa place je le serais aussi, dit
le jeune Galoppe , Madame est toujours .
cruellement entourée.
— Mais Monsieur, dit Jeânneton , c'est
-mon état, qui veut et. est-ce que je ven
drais quelque chose si je n'avais l'abord.
attirant et le sourire aux lèvres; plus j'ai
de prétendans et moins ils prouvent quel
que-chose. " .
— Je serais de votre avis , repartit le
clerc s'il n'y en avait pas qui semblassent
un peu privilégiés, linsi, il y a un certain
monsieur dont les allures sont singulières:
il s'installe en vainqueur dans votre ma
gasin et "à lui seul donnerait à penser plus
BUREAUX A PARIS : nie do Valois (Palais-Royal); nî 10Î
B MERCREDI 7 SEPTEMBRE 1804.
ABQMFJŒENS DES DÉPARTEMENS.
• . r l ' '■ ' ' « ■ ~
trois.moisïîs^ïîsl . 16 fr. ,
six mois , .?;??.;r.ï 32 fr.
UN}AN,...7......T,7 64 fr.
pour les pats étrangers, voir le tableau
publié les 5 et 20 de chaque mois.
Imp, L. BONIFACE, r. des Bons-Enfans, 19,
Le mode
sur Paris
'^ÏÏTE^B^'JDTn^R^L.
' » " * 'l • *A"i il J £ ' " .'Ui
ABONNEBENS DE PARIS»
* ... i.
c' - ■ 'J i-ïlu •»'►« C-U-'-'.U iOmiii—t XJ
, . -TROIS M0IS,i î . Jti .;^e3 13 .FR..
'"• r six f
UN AN. »ÏÏ% w p.t »*.£• /tëfSfFR; '
' . *.'■■. i-'S O < »'..j .A. ' '
UN NUMÉRO 20 CENTIMES.
•! 7 ?:■' 'J : -''J ' a
Les abonnemens datent des 1** et 16
. delchaque mpls. i, >
d'abonnement le plus simple est l'envoi d'uû baî ^Esipe^te ou d'un eflét^'« ! r v : -.r>n r * ' ■> let lettres ou envoit chargent nqk * affb ^ chis . sontréfuté
iris, ^l'ordre de l'administrateur du journal, rue de Valois, n'< 10, , < ,1 tes r VJies jartjcles -déposé» ne*sont pas fendu»." ' " "
' • • • - • - • r,-, ! • . ft H'/ . • -IÛO - ' - ,t - - ' •' . '
A nnonces sont reçues chez M. P ànïs , rue Notre-Dame-des-YictOire^É ^Or ?
v . /niQna Ha la "Rr»n**c?ck\ -* / '«
■Al. ,1,.
(place de la Bourse).
A la demande d'un grand nombre d'a
bonnés nouveaux, nous venons de faire
réimprimer tout ee qui. a paru jusqu'ici
du roman de m. Charles babou , la.
FORET DE! BA\D¥. • - -
. "MM. les abonnés nouveaux peuvent
faire retirer dans les bureaux du journal
les feuilles contenant les: ^parties de 1LA
FORET DË BOIVOY, publiées avant
la date dë leur abonnement, et se mettre
ainsi au courant 'de cette' ÔBuvre si drama
tique dans son ensemble et si attachante
dans ses détails,
PARIS, 6 SEPTEMBRE.
Les nouvelles'de Tienne, reçues aujour
d'hui, sont plus favorables, àuqe solution
satisfaisante des difficultés entre les puis
sances contractantes. .
Les travaux.de la sous-commission ter-
ritoriare avancent rapidement, et on pen
sait qu'elle pourrait soumettre son rapport
à la conférence dans le courant de cette
semaine. ' ,
Dans ce travail il ne - s''agit d'abord que
Se la fixation sommaire lies frontières ; si
Ja ligne de.délimitation obtient l'agrément
de la conféren&e,' la sous-commission se
rendra sur les lieux pour procéder à la
fixation m détail de la nouvelle frontière
eu ire le Danemark et le Sleswig-Holstein.
- Les renseignemens de la Gazette
yenons de résumer, d'après les correspon
dances de^ Vienne. Cette feuille dément du
rësteles bruits'de prétendues mésintelli-
gences-entre les membres de la conférence,
èt elle s'exprime à ce sujet dans les termes
éuivans. « O h ; assure-d'ailleurs qu'on ne
» remarque aucune mauvaise volonté de
» la part du Danemark, et que les plêni-
■ potentiaires -danois, n'élèvent aucune
» ! prétention dépassant là défense légitime
û des intérêts de leur pays. D'autre part
» aussi, les deux grandes puissances al"
» lemahdes se font un devoir .de tenir
« un compte équitable "dë la situation
» du Danemark, autant -qiie les droits
v de l'Allemagne et dos duchés le per-
» mettent. On peut désigner la marche
» que les négociations ont suivie jusqu'ici,
» comme normale et satisfaisante, bien
i» que la nature deschoses traîne un.peu
» l'affaire en longueur. »
La plupart des fouilles allemandes s'ac
cordent à affirmer que la queslion doua-!
nicro tient, en ce-moment, la première
place dans les préoccupations des cabinets
de Vienne et .do Berlin.
. 11 paraît faux que l'Autriche ait deman
dé et que la Prusse ait accordé à sa rivale
des garanties pour les possessions non-al
lemandes de . l'Autrioho. Une lettre de
Berlin publiée par l'agence I-Iavas assure
que M. de Bismark s'attend lit, en effet, à
une pareille demande et qu'il n'a pas été
peu surpris de voir M. de Rechberg porter
la discussion sur le terrain de la politique
commerciale. Le'cabinet da Vienne aurait
posé la question du traité de commerce
dans deg termes tellement catégoriques,
- que M. de Bismark, n'a pu faire autrement
que de consentir à de nouvelles conféren
ces douanières. C'est M. de Hock qui re
présentera l'Autriche dans les négocia
tions qui vont s'ouvrir prochainement'à
Berlin. Ce haut'fonctionnaire est un parti
san du système dii libre-échange , et if ne
saurait, parconséquent,combattre les prin
cipes sur lesquels repose-le traité franco-
prussien. Mais on prétend que le mémoire
élaboré, par M. dç Ilock n'a pas reçu la
sanction du ministre autrichien, à cause
des concessions excessives qu'il faisait à
la Prusse. " . .
Suivant la Nouvelle Présse libre de vien
ne, M. de Bismark aurait ïéussi, pendant
son séjour à Munich, à «amener une en
tente avec la Bavière au sujet du Zollve-
rein.
_ "Une assemblée des propriétaires îo'n r
ciers,.n'appartènant pas à l'ordra-éq^esfrè
du Sleswig-Holstein,- s'est tenue: la 3| à
KM. Cette réunion avait à Se prononcer
surlesrésoTutions de l'assemblée nobiliaire
du 8 août. Après une longue discussion,
l'assemblée a repoussé ' c'es résolutions et
adopté, à la majorité de 25 contre 6 voix,
la déclaration votée à Neumiinster par les
délégués des villes. .
On annonce en même temps la prochai
ne réunien ; de 'délégués des paysans des
deux , duchés! Cette assemblée adoptera
également, à ce qu'on dit, les résolutions
de Neumtinster. Toutes les classes de la
population , grands propriétaires -, bour
geoisie "et campagnes auront ainsi mani
festé leurs vœux, en faveur du duc d'Au-
gustenbourg'et contre l'établissement d'un
intérim austro-prussien. :
: La Gazette de Vienne déclare dénué de
tout fondement le bruit' de la formation
de vingt nouveaux régimens d'infanterie.
Une dépêche de Berne annonce que le
calme commence à se rétablir h Genève.
On sait qu'e M. Duplan-Veillon, conseil
ler d'Etat' du canton de.Yaud, est un des
commissaires délégués pEtr le conseil fé
déral pour l'instruction de l'affaire de Ge
nève. Ce magistrat, dont l'esprit éclairé
et conciliant est'généraloment apprécié en
Suisse, fi'est signalé précédemment dans
l'instruction du procès des insurgés de.
Neuchâtel et dans celle du conflit do Villa-
grand. : ^ .. ■■ ■■ ■
■ Les dernières nouvelles du i J érou n-e
confirment pas complètement les espéran
ces d'arrangement exprimées par les jour
naux espagnols. On ne connaissait pas en
core à Lima les bases d'arrangement pro
posées "par le cabinet de Madrid, mais,
d'après les lettres des vill'es du nord du
Pérou et de Panaina^ où elles étaient déjà
connues, on Craignait qu'elles ne lussent
pas acceptées si elles avaient le caractère
d'un ultimatum.; on avait paru compter à
Lima sur une restitution préalable des
îles Chin,cha, et c'est lb, en effet, que se
trouve toute la .difficulté. ■
v EoooAiiu Simon,
TÉLÉGRAPHIE PRIVEE.
New-Yorlc27 août.
Lo général Grant maintient sa position sur
le chemin de 1er de Veldon.
Un démenti semi-olliciel est donné à la nou
velle que M. Lincoln aurait envoyé aes com
missaires à ltlchmond pour négocier la paix.
Les confédérés ont coulé un steamer dans le
canal de Mobile, rendant ainsi l'accès de cette
place Impossible par mer.
La Vict -ria est arrivée à New-York. Muller
est arrêté. 11 était, muni de la montre et du
cliapeau de M. Briggs. Il se dit innocent. Les
ïsrmaUtSs * légales,, .pour"son extradition sont
rçonfl[hencées. . ' ' '
*■ Or, 250 5/8 ; change sur Londres, 274 $ co-
^on, 188. '
■ - "" 'Àarhïïuns,"§ septembre. J
La Gazette officielle d'AarMùnê publie un mar
-nifeste du général prussien, M; de Falkenstein,
en date du i " septembre, quij dans le but de fa
ciliter les communications intérieures, permet
la sortie par tous les ports du J utlahd d'objets de
consommation pouvant servir à la subsistance
de l'année alliée et, dont l'eipdrtatibn est .dé
fendue quand ces objets ont' poiir destination
une 'àutre partie du Jutlànd. Cette sortie aura
lieu moyennant le dépôt d'un cautionne -
-ment ' qui -ne. sera restitué' que lorsque la
rentrée de ces objets aura été constatée!
D'après, une ordonnance du 3 septembre,
tûus.les rapports, des fonctionnaires et toutes
les pétitions destinées au gouvernement.mili-
taite, devront Être rédigés en allemand. '
j- ? ■ Berne, 6 septembre*
... Le calme est un peu revenu à Genève. Au
cune nouvelle arrestation" "n'a eu.liôùu La cOn- 1
duite "'dé M; laiiies Faiy est sévèrement jugée
dans-toute la'Suisse.
M. Barandiaran, ministre du Mexique., ac
crédité auprès des^gouvernemens de Suisse et
d'Italie, a présenté aujourd'hui ses lettres dp
créance au président du conseil fédéral; :
Marseille, 6 septembre.
Les lettres de Rome du - 3, disent que le re
tour du-Pape est fixé au 12. Le consistoire au 1 -
ra lieu le 19. 1 i ' »
- Les cardinaux de Villecoxirt et de'Bonne-
chose se sont embarqués hier pour• Civi'a-
Vecchia. • . . . ■, •
L'Eldorado, qui vient d'arriver' à îoulon,
avait à' bord mille passagers venant de Co-'
chinchine.' , ' >
Madild, b septembre.
M.'Mon s'est rendu à la Granja. .
Le vapeur Paris, venant de Cuba, vient d'ar
river à Vigo, après dix-huit jours de traver
sée. (Ilavos-Bullier.)
—■ ■i.nfjSm ■ .
Voici les dépêches que nous recevons ce
soir : . ■
Londres, 6 septembres ,
Le Times a reçu de son correspondant spécial
de New-York la nouvelle suivante :
« Des dépêches privées reçues aujourd'hui,
27. annoncent que Lee, à la tête de forces con
sidérables, a occupé la vallée de Shenandoah.
Or, 250 1/2. »
Copenhague, S septembre, soir.
Le prince et la princesse de Galles sont at
tendus aujourd'hui à Elseneur. LL. A A. RR.
voyagent sous le nom de baron et baronne de
Reafrewi
Le grand-duChéritier de Russie, én quittant
Copenhague, rendra visite aiix cours de Hano
vre et d'Oldeûbo.uFg. .
■ ■•■■■>• .Vienne, 0 septembre. »
. La Correspondance générale annonce que la
conférence s'est réunie aujourd'hui! ^
1 La mCmo îeùille publie les nouvelles sui-,
vantes de Copenhague en daté du 3 :
De nouvelles instructions ont été envoyées à
Vienne aux plénipotentiaires danois., Biles doi
vent avoir pour effet d'aviiônôr une issue plus
prompte des négociations pendantes. Le gou
vernement danois fait des propositions, ten-
danfc^-écarter-tes difficultés. Par suite; la nou
velle délimitation entre-le' Sleswig et le JuM.
lond: peut être tfàs prochainement, prise en
considération» |
- , : •.• -, Suez, , .On a des avis de Shanghaï du 22. juillet..Les.
troupes impériales s'étaient emparées de Can-
going. Un camp d'instruction militaire avait,
été formé sous la direction du général Gordon;
pour les troupes cliinoisesi
- Les aVis db Melbourne (Australie) sont du
20. Les'itroaprs anglaises dans la Nouvelle-Zé
lande .ontpbtenu, le.'25, un-avantage sur les
Maoris, qui ont perdu 200 hommes. Le chef
qui était à la tête des indigènes dans l'affaire
de Gatepah a été tuéi
L'exportation de l'or à Melbourne s'était éle
vée pendant le mois à 32,025 onces.
Madrid, 6 septembre.
La Epoca croit que M. Gonzales-Bravo sera
nommé prochainement ambassadeur d'Espa
gne à Rome.'
On mande de Lisbonne que l'agitation con
tinue dans le district de Villa-Real.
(EmasrBullier.)
l eours de la bourse.
CtOTCTRS les le 6- HAUS88. BAISSE
0/0 aucopapt. 66.55
—Fin du mois,. 66.70
.41/2 aucompt. , 94.55
—Findumois. : 93.60
66.45
66.65
94.45
» »
io.
05
10
Le Moniteur du soir trace en ces térmes là
-situation de /Madagascar jusqu'aux datas
-les plus récentes : ■
; « Il y a plus d'un an qu'on apprit en Euro-
te l'insurrection qui 6e termina p^r la mort
u roi itadamji, cerné dans son palais et étrail-'
glé par les ' conjurés vainqueurs. On n'a pas
oublié qu'à la suite, le premier ministre, ne-
venu maître de la situation^ maintint sur le
trône la reme épouse de Radama etj.aprôs l'ai
voir épouséej se contenta de la dignité morga-
.natique de mari de la reine, niais gat-da entre
ses mains l'exercice réel du pOuvôir.
■ ' L'apaisemei;t qui suivit'la mort'du roi Ra
dama ne'fut pas de longue durée: Les troubles
recommencèrent hienïôti suscités par des cir
constances extraordinaires et des bruits étran
ge?. Une épidémie de . -ponvulsionnaires, que
l'on voit souvent apparaître à Madagascar lors
que des évènernens politiques Se préparent,
.vint jeter un effroi fanatique dans la popula
tion. O.n n'ignore pas qiië deux grandes races
ennomies, les Ilo'vas et les Sakalaves, se dispu
tent depuis longtemps la . puissance dans cet-
tè île. • - .
" » Cette vieille rivalité, caus3 de" tant de lut
tes sanglantes,, sembla. se' ranimer avec une
BoUvelIe ardeur. Les épileptiques dont nous
venons de parler se répandaient dans les rues
dp Tamatâvej suivis par, la foule, se livraient
à touleS 1 sortes de Contorsions ët'de prédictions
si bien que le premier ministre envisagea
comme un danger la continuation de cès scè
nes. 1 ' ' ~
Un édit infligea les peines les^plus terribles
aux convulsionnaires. Il y eut à la suite quel
que 'ralentissement dans. les.'démonstrations;
mais bientôt un bruit étrange vint agiter avec
une violence croissante la population qui sem
blait se calmer. On se disait tout bas à I'oreilla
que le roi ltadama n'était ptts morts
» L'explication était simple. Parmi les meur
triers du roi se trouvaient qUelqùes-uns de ses
amis déguisés et cédant à la nécessité et à la
loi du plus fort. Ce fut ceux-qtii se jetèrent sur
le roi, dè^ qu'on se fut -résolu à; l'étrangler, et
lorsque les chefs de la .conspiration crurent le
crime consommé, ils enlevèrent le,corps en
apparence inanimé, mais où la.vie n étsit^pais
encore entièrement éteinte. Des soins proqa'p-
tement donnés sauvèrent Radama. Mais so a
état de faiblesse plrysiqUej la puissance de ses
' énnemis obligèrent le priniîe'si miraculeuse
ment échappé à se câchér daris le. fond dei
forêts.
. » Telle est la légende qui se répandit dans
Ole et qui, depuis cette époque, a trouvé de
nombreux croyaps. Des troubles^ des rigueurs
nouvelles répondirent à de& révoltes dt à des
tentatives de soulèvement. Les renseignemens
les plus contradictoires n'ont cessé du reste
d'être, transmis sur tous ces évènernens. L'é-
loigneilient de Madagasdar, l'absence de tout
moyen de contrôle commande, la plus grande
réserve dans l'appréciation de' tous ces faits.
Quoi qu'il cu-sciit r -jusqu'à. ces derniers temps,
le premier ministre signant sous le nom de la
reine avait conservé le pouvoir, et le Radama
tant annoncé, tant altendu, n'a pas encore fait
Êtirt apparition redoutée: Un certain nombre
de gens révoquent donc ôn doute sa résurrec
tion merveilleuse. ' - •
- » Beaucoup d'indigènes,, au contraire, sem
blent y avQirune confianco absolue, car, le 18
mai dernier, une insurrection armée assaillit
le palais aux cris de Vit e ltadama !'
» Mais l'alerte avait été-donnée, et les côn-
juréS ont été repoussés par * lés gardes de la
reine. Â la suite de cette échauflourêe, 79 in
dividus ont été arrêtés. Sept d'entre eux ont
été Condamnés à un emprisonnement perpé
tuel, et dix-huit autres, condamnés à mort,
ont subi leur peine le 18 juillet, en présence
d'une foule immense. Presque tous ces malheu
reux, parmi lesquels figuraient des oifleiers de
haut grade, o,nt persisté jusqu'au dernier mo
ment à 'affirmer qu'ils avaient vu le roi et. que
la tentative du 18 mai avait pour but de le
replacer sur le trône. ' /
» Un événement important s'est accompli
cés jours derniers. Dans un moment où l'ivres-
sa. avait troublé son esprit, le premier minis-i
-tre s'est laissé aller jusqu'à insulter publique-j
, 1 ment la reiae et ses principaux 'officiers. On aj
saisi cette occasion pour le renverser, et il-al
en effet été privS "de se§ fonctions; qui orit "été!
- confiées à son frère; D'abord condamné 'à mort,!
puis à un exil perpétuel, Rainivouninahitri-
niouny a été définitivement relevé de ces con
damnations, grâce aux prières et-à : l'influence'
de sa; famille, et on s'est borné à le dégrader.'
; ji Le peuple paraît être généralement satis
fait de la nomination .du premier ministre
Rainilaiarivony. -On assure- qu'il est animé
pour les Européens de dispositions bienveil
lantes; le choix qu'il vient "de faire de Raharlaj
comme gouverneur de Tamatave, bien connu
pour son esprit éclairé et conciliant, semble
l'indiquer. On peut donc voir dans les pre
miers actes du nouveau ministre un heureux';
présage pour la,politique à venir de la'reine-
Rasolcerina. » • ; i; o :
<■ On écrit de Saigon, le 26.juillet : ;
." Un.nouveau traité de paix et un traité de,
çommercè ont été conclus, à Ilué, avec lé gou
vernement annamite. Ces traités ont été si
gnés le 15 juillet, ,11s. offfent. de très grands
"avantages à la France et l'indemnisent large
ment de l'échange'qu'elle fait d'une partie du
territoire qu'elle,, a, conquis en Basse-Cochin-
chinô.' : '
.".'Les principales claUSes.de ces traités soEt.,i
te proteetbra,t de la .France a'ur les Ai* provin
ces de la Uasse-Cdcîiinchiùe; l'ouverture de
trois ports importans sur la côtfe d'Ahriam, avec
concession de.9 kilopiètres de .terrain autour
de chacun de ces ports pour y établir des compr
toifsj la liberté .pour nos commerçans de cir-
culer da.ns". fout le .royaume d'Annam ppur y
trafiquer'; l'a liberté entière, pour nos mission
naires d'enseigner la religion chrétienne; l'é
t'âblissement de consuls à Ilué et dans les ports
ouverts au commefcej 'et ènfia le' paiement
d'une indemnité de 10Q millions de francs.
Nous nous trouvons ainsi débarrassés d'une
partie des lourdes 'chargés qui'pesaient - sur
ntiils en; Çtoehipchine. Nous conservons un
vaste territoire à Saîgonj au oap Saint-Jacques
et à Mytho ; nous restons maîtres de la rivière
de Saïgon et du grand fleuve du Cambodge, et
le commerce peut' désormais 'se développer
sans entraves dans ces contrées lointaines.
■ Ces traités^ qui sont pour tous un véritable"
biisnfait, devront être ratifiés d'ici,à sia mois.
Le gouvernement annamite, pour prouver .
se3 bonnes intentions, a envoyé à. Saigon
2,590,000 francs,'montant' des -annuités dues
d'après 1$ tfaité du 8 juin 1862'. . ■ • •
L'aviso le d'Entrecasteaum, q'ûi portait cettç
somme au gouverneur, est arrivé à. Saigon le
24 juillet. , . ,
La mission française', à Hué, '.composée de
Ms Aubaret, capitaine de frégate, M. Duval,
sous-lieutenant au régiment étranger (en mis
sion) et M. de Ciiverville, élève consul, est
rentrée à Saïgon lé même jour'.-' Le comnian 1
dant Aubaret retourne â Banghok gérer le
consulat et MM. Duval et de Cuverville restent
à Saïgon, où ils 'attendront que les traités
aient été ratifiés, : avant de recevoir une nou
velle destination.
Depuis l'ouverture ' des nouvelles négocia-
tions< nos possessions jouissent du plus grand
cainrld. ' ?" ( Savas.)
''âouvelXa* l'S^érSeyir."
SUliS9B;:v.
berne , 2 septembre. — Dans une séance ex
traordinaire, qui a eu,lieu, ce matin, le con
seil fédéral a vdlidé l'élection de M. .Clieneviè-
re en qualité .de membre du canseil d'Etat du
canton de Genève. L'arrêté fédéral qui est in
tervenu à cette f ocoasiwse fonde sur ce que la
majorité léfrale ayant été acquise à M. Chene-
vière, le bureau ^électoral a indûoient, et sans
môme en alléguer la raison, annulé le résul
tat do l'élection.
U est permiSid 'espérer que 11 décision prise
par le goUvernementcentral.de la .'confédéra
tion contribuera d'une manièreiefflcace à ré
tablir le calme dans l'esprit des Génevois. ■
' De nouvelles 1 élections, en effet, n'eussent pas
manqué dlêtre lé signal de noùvéaux'coMits
entre les deux camps politiques, qui divisent
la ville, et peut-être de nouveaux désordras.
Quoi qu'il en soit, les commissaires fédéraux,
M. i'ornerod et le colonel- Barman/viennent de
prendre , de concert avec leurs'collègues, MM.
Migy et Duplan ^ chargés de l'eï
incidens de la journée du 22 aou
►impqfrtantits dans l'-intérêt dé la ]
La suppression de l'arsenal du ~
résolue' efr -der ^ordres- d'arrestation-ont
lancés contre les-personnes des deux partis
les plus compromises dans les derniers évène
rnens. C'est , ainsi que MM. John Perrier ét
fontanel ont été, à la suite d'un interrogé
toire subi devant le juge d'instruction, con
duits dans les prisons de la ville.' Pareille dé
cision "a été prise à l'égard de quelques mem
bres ^du parti des indépendans; M. Vettiner,
entre, autres^ a été incarcéré comme l'un de
ceux qui s'étaient portés à l'Hôtel-de-Ville pout
peser sur les. délibérations du con^il d'Etat.
; Jj)ans la crainte de troubles nouveaux, les
dbt^piissaires fédéraux se sont, en outre, en
tendus avec les autorités cantonales pour que
-les ïêtes annoncées pour ce mois-ci ne soient
pas célébrées. Le' tir national,'qui avait été
également'fixé à cette, époque, est ajournépar
les'Jàêinèë motifs,;
- Q'uà'nt;à:présent,'la! Ville de Genève va con-
tinùgf à ëtreoccupée parles troupes fédérale^,
et 'c'est.gous leur protection que se poursuivra
l'enquête judiciaire,à-lâquelle se livrent MM. Mi
gy et Duplan-Veillon. , -
■'■ M; Jateres "Fazy annonce dans la Nation sukie
qu'en présence des insulte^ et des menaces
dont'il a été l'objet,.il à' pi;is;'.la résolution de
quitter '.Genève., et. d'aller, 1 s'établir pendant
quelque, temps dans une ville frontière.
- ' - [moniteur.Y r
, M. Fazy^mandé prèsjle .j«ge d'instruction
fédéral, pour: ôtpe Bntendu; dans l'etoquéfe c^ui
s'instruit au-sujet des évènernens du 22 ao.ut,
lui a adressé-la lfettre'suivante i ' , .
• m Le 3 septembre 186^.
d Monsieur le juge d'instruction fédéral à Genève.
»'Monsieur, ••' h - - '. • • •
, »i. Vous m'avez fait assignen £ pour être enten-
d|i; dap.3. une ènq.uê^e s'instruit au sujet
dés évënèmen's du 22 août 18G4.
» Je ne sais si c'est comme témoin ou sur
des faits personnels que. vous.^vez désiré m'in-
terroger. *
tel-de-Villfe», -M '-prise ^d'armes" de. Sâint-Ger-
vais, je ! n'*âî-point à en répondre.,Je n'y ai été
pour Tien 1 : J'étais chez, moi à2 heures et demies
lorsqu'on-vint de la part -dë la rédaction de la
Nation gttt 'sse me prier de passer aubureau. Jerri'y
rendis.;Là,':Comme dans- tout bureau da jour-»
Ùal, surtout à l'instantd'éyènemensimportans,
i!| vint,i)éaucoup de monde. Tous étaient alar-)
més, de ce. qui. se passait à l'Hôtel-de-Ville j
d v où ron recevait à chaque instant les plu?
mauvaises nouvelles sur la pression que le
parti opposé exerçait sur le Conseil d'Etat, le
retenant prisôDniôr:
' »'€hacun'était d'accord qu'il fallait trouver
moyen de "le'délivrer; mais il ne fut devant
mot nullement question de prendrq les armes;
et sùrtout de ma part il n'y "eut pas un mot de
dit dans ce sens. ■ ■ •!
» Bientôt le nombre dbs visiteurs diminua
et nous restâmes à pou près seuls de la ré
daction et des employés de l'imprimerie. Nous
faisions composer un numéro qui peut attes
ter de notre'ignorance de ce qui allait se pas
ser. Le bureau du journal est situé dans le
pavillon.de l'est de l'Entrepôt et. les fenêtres
donnent ^up .la rue Pécolat.
» Dé là'J on'n'a vue ni sur.la rue .du Mont-
Blanc; mi<,sur-celle de Cliantepoulet. Nous
étioiis ; 'd'c»a6''sans i J aucune relation avec ces
fiies^'Oît' Se' sont?- passés les évènernens, et
nous' H'eh ^dûtoes' connaissance que par les
df'tortatibhi dè'la fusillade. Nous crûmes qu'elle
partait de la part de la Ficelle et nous fermâ
mes nos,portes» ,
■ a Aucun de nous.ne- savait "que les citoyens
dufaubonrfc .avaient'-été prendreides armes à
l'arjenaldu Grand-Pré'.-Quelquo ; temps après
c^fe'fusillade'iïiii avitft'êu'lieu à quatre heu
res et demie passée,'je sbrtis'pbtir aller au théâ
tre des Variétés, qui est en free, et où je
trouvai; le malheureux 1 Jacpb, qui avait été
blesséiavant la fusillade par ia bande do la Fi-
eelle; ......
•'»'J'étais si peu au courant des évènernens
que je criis que la Ficelle était maîtresse des
rués yoisines, et quo je pris des précautions
pour rentrer chez moi, traversant le théâtre et
l'intérieur du square.
» Je fus très surpris, en arrivant chez moi,
de trouver là un poste armé et un canon bra-
Feuilleton du Gonstitutioiinel, 7 sept.
LA FORÊT DE BONDY
EPOQUE DE LA RÉGENCE.
Iicu\ièmc partie.
V.
LA bce perdue.
La rue que l'érudition des édiles pari
siens a récemment baptisée du^nom de
Maître-Albert, en souvenir des leçons pu
bliques qu'Albert, dit le Grand, aurait
données dans son voisinage, s'appelait, en
4718 moins doctement, la rue Perdue.
Aboutissant d'une part, à la célèbre place
Maubert, de l'autre, à la rue des Grands-'
Degrés qui elle-même descendait à la Seine,
elle était peu passante, assez étroite et
obscure, ce qui fera comprendre la sensa
tion que devait y produire le moindre évé
nement venant modifier ses habitudes de
calme-insignifiance.
Dans cette rue, le collège de Chanac ou
de Pompadour, p,etite fondation charitable
faite au profit de.- pauvres écoliers limou
sins, avait sâ principale entrée, et on face,
autre établissement notable de l'endroit,
était située l'étude de maître Galoppe: en
même temps qu'il était l'un des procureurs
les plus' occupés du Parlement, ce prati
cien en la même qualité avait l'honneur
d'être attaché à la chancellerie de la mai
son d'Orléans.
Fils d'un apothicaire de Brives-la-Gail-
larde, qui n'est pas moins que Limoges,
en Limousin, l'abbé Dubois avait fait,
comme boursier, ses études au collège de
Chanac, et quoiqu'il ne fût encore ni ar
chevêque da Cambrai, ni cardinal, ni pre
mier ministre, si l'on regarde à ce point
de départ' on trouvera qu'il n'avait pas mal
mené sa fortune ; tout puissant auprès du
Régent, après avoir négocié avec bonheur
et habileté le fameux traité de la quadruple
alliance, il avait accaparé tout le manie
ment des affaires étrangères et avait voix
et influence prépondérantes dans toutes
les autres choses du gouvernement. ,
Ce qui fut assez rare dans sa vie, son
continuel .mouvement d'ascension venait
de lui communiquer une pieuse inspira
tion. Après avoir fait constituer une pe
tite dotation pour le pauvre collège où-il
avait été élevé, il avait appelé au proviso-
rat un de ses anciens professeurs qui vé
gétait dans 4a misère et avait poussé sa
bouffée de bienveillance-jusqu'à permettre
que, dans cet'ancien empire des haricots,
le nouveau proviseur lui offrît un dîner où
lés petits -plats, comme on dit vulgaire
ment, allaient être mis dans les grands.
Après-avoir accepté l'invitation, Dubois
s'était posé une question. Devait-il aller à
ce dîner incognito et bourgeoisement, de
manière à marquer un parfait souvenir.de
l'humilité de ses commencemens, ou se
rait-il de meilleur goût d'y arriver dans
tous, les éblouissemens de sa gloire pré
sente?
Ce qu'il y avait en lui du parvenu n'eut
pas de peine à lui persuader, qu'apparaî
tre armé de ses foudres, ferait autrement
d'honneur à son hôte, puisque le quartier
entier serait ainsi informé de la visite que
recevait le bonhomme. ;
En conséquence, le" lendemain du jour
où s'étaient passés les petits évènernens
racontés au chapitre, précédent, un car
rosse de gala à la livrée de M. le due d'Or
léans, s'arrêtait avec fracas devant la
porte de l'humble collège dont la cour
était trop peu vaste pour qu'il pût y avoir
accès; de ce splendide équipage descen
dait l'abbé Dubois, qu'accompagnait un
bénédictin sécularisé dont, à la manière du
cardinal (le Richelieu, il avait fait son
Père Joseph ou pour parler plus simple
ment son. secrétaire. Reçu sur le seuil par
le proviseur et par les autres fonctionnai
res de la maison, le fils de l'apothicaire, à
près de cinquante ans d'intervalle, repa
raissait triomphalement là où il avait été
l'enfant de la charité.
Le brait et le stationnement de ce car
rosse qui, de onze heures à midi, le temps
que dura le dîner, nfc cessa de grouper au
tour de lui la curiosité empressée de tout
le voisinage, n'avaient pas manqué, on le
pense bien, de causer aussi quelques dis
tractions dans les parages de la maison
Galoppe.
' Le maitre-clerc qui, déjà, la veille, était
devenu.chez la bouquetière un si cruel
trouble-fête, avait dû à plusieurs reprises
s'interposer de toute son.autorité pour que
l'étude tout entière n'étendît pas jusqu'à
elle le bénéfice d'un congé accordé au col
lège de Chanac en l'honneur de l'hôte
glorieux qu'il hébergeait. . ' ; , ,
, —Messieurs, ne cessait-il.de dire à ses ,
[jeunes i collègues, restez donc à vos pupi
tres; n'avez-vous donc, de votre vie, vu un
carrosse et une livrée ?
; Ce qui n'empêchapas qu'au moment où
le brouhaha qui se fit en bas, dans la fou
le, et lé. piaffement des chevaux près de
prendre leur course., annoncèrent l'appa
rition de l'abbé regagnant sa voiture, tous
ne se précipitassent aux fenêtres, entrai
nant dans ce mouvement de curiosité jus
qu'au principal clerc qui, un moment, se
montra seul à la fenêtre de son cabinet.
Cette courte apparition eut ses consé
quences.
TSomme l'abbé Dubois,. son chapeau ec-
clésiastiquement sous le bras, allait fran-«
chir le marche r pied de son équipage, sur
pris à la fois et flatté de voir aux façades
des maisons, encadrée jusque dans la
moindre lucarne, une tapisserie de specta
teurs, il promena de ce côté son regard
qui, chemin faisant, vint à rencontrer le
Visiage du jeune Galoppe ou soi-disant tel.
Cette vue parut frapper l'abbé ; dardant
ses yeux de fouine > comme les appelait
la Fillon, sur la figure qui s'offrait à lui,
il y attacha son attention -d'une. façon à
faire croire qu'il y cherchait un souvenir.
Si prolongé qu'il eût été, ce coup-d'œil
ne sembla pas lui avoir suffi, câr, une fois
assis dans "son carrosse, par la portière
donnant du côté qu'il fallait, il passa la
tête avec assez de réserve, pour ne pas
compromettre sa'dignité-et continua de
regarder dans la direction de la fenêtre
où se tenait le jeune clerc, jusqu'au mo
ment où son secrétaire qui, de l'observan
ce bénédictine avait conservé, avec le cos
tumé une énorme, ventripotence, eût
achevé de se hisser à ses côtés.
Cet incident passa inaperçu, même de
celui qui y jouait le principal rôle, parce
que, de nécessité, il fut très fugitif, quel
que temps que nous ayons dû. mettre à* le
raconter ; il n'apporta donc aux travaux
de l'étude, où, remarqué, il eût été l'ob
jet de commentaires infinis, aucune inter
ruption nouvelle, ej; les plumes, depuis
quelque, temps , avaient recommencé à
courir sur le papier timbré, lorsque sur-
vintun client d'une apparence assez mé
diocre et dans lequel il était permis d'en
trevoir une proie pour les instincts mali
cieux de la cléricature : • ce client, c'était
Colingry, accompagné de sa nièce, Mme
Duplessis.
— Maître Galoppe est-il à son cabinet ?
demanda l'ex-garde française. ■ : : . >.
— Extrêmement peu, répondit ié clerc ■;
à qui il s'était adressé.
— Comment! extrêmement peu ?
— Otui^ infiniment, excessivement- et je
dirai même diamétralement peu, poursui
vit le mauvais plaisant en continuant de
grossoyer.
— Ah çà ! fit Colingry, qui n'était pas
un modèle de patience^ parlez dono pour
être compris; je vous demande si M 0
Galoppe est visible ?
; — A l'œil nu, non, répliqua le clerc ;
. mais avec un bon télescope, peut-être.
— Vous ficheE-vous de moi? s'écria l'ex-
gàrdefrançaise, en donnant sur la table
où écrivait son désobligeant interlocuteur,
un coup de poing qui renversa un encrier
et fit trembler tous les pupitres. •
Le clerc auquel s'adrôssâit cette vio
lence se contenta de poser sa plume et de
regarder avec un étonneinent joué, tandis
que, s'adressant au client d'humeur peu
endurante, un autre drôle lui disait froi
dement :
— Monsieur, à Ca qu'il paraît, entre
prend le tremblement de terre ?
—» Messieurs, vous n'êtes pas, gentils,
dit alors de sa plus douce voix Jeânneton,
en intervenant. Vous me connaissez pres
que tous, au moins de vue. Bouquetière
du Palais, je devrais êtrepour vous une es
pèce de collègue, et vous recevez avec des
quolibets mon oncle, un vieux militaire,
quand il vous demande poliment si l'on
peut parler à maître Galoppe.
— Eh bienl cher et adorable Cêlligue, ré
pondit le premier insolent, je vous répon-,
drai que cela me paraît difficile, attendu
qu'il partit hier pour un voyage dont il ne
reviendra pas avant une quinzaine.
— Il fallait le dire tout de suite, répli
qua Colingry, et ne pas avoir des airs de
se moquer des gens.
— Mais il y a son premier clerc qui le
remplace, dit un autre interlocuteur.
~ Oh! ce n'est pas la même chose, ré
pliqua vivement Jeânneton, c'est à M. Ga
loppe lui-même que nous voulions oir
affaire.
— Le premier, dit un quatrième clerc,
est un autre lui-même : c'est son fils, un
jeune homme charmant, et bien autre
ment savant que le père;ilaétudié le droit
et la procédure dans les quatre parties du
monde et autres universités.
— Eh bien! où est-il-Ce premier clerc si
instruit? demanda l'ex-garde française, ,
i — Mon oncle, fit Mme Duplessis, en in
sistant; j'aimerai» tnieuXâttëndreteratour
de. maître Galoppe ; un. jedna. homme
n'est pas ce qu'il faut pour -cette affaire.
— Au contraire j répliqua Colingry, ils
prennent plus chaudement les choses.
Est-ce là? ajouta-t-il, en montrant , une
porte fermée. < . . ....
—Oui, lui fut-il répondu^ dans le eabi-
binet du patron, où il siège pour bien
montrer sa Èépneei, pendant l'absence de
Galoppe I".
-Quand Colingry entra, suivi à,regret-de
son aimable nièce, le premier ' clerc était
enfoncé dans l'examen d'un énorme dos
sier. On peut juger Reflet de ce brusque
changement d'atmosphère : au sortir d'uft
poudreux grimoire se trouver sans transi
tion face à face avec la riante figure, de
Jeânneton!
— Ah!. Madame! dit l'heureux jeûné
homme en se levant pour approcher des
sièges, qui me procure le plaisir de* votre
visite? * • * .
— Mon oncle va vous le dire, répliqua
Mme Duplessis ; niais làj vfaij ajouta-t-
elle , je vous demande pardon de Vdits
faire cette question, vous n'êtes décidé
ment pas le chevalier de Liliers ?
Voyons, dit en riant le Jeune Ga-~
loppe, est-ce que la scène d'hief Va se
poursuivre ici ?
— J'ai tort sans doute de la renouveler,
dit Jeânneton, cependant c'est utlë ressem
blance si merveilleuse et en voiis entendant,
parler, rillusioûs'achèyesi complète!Vous
avez connu le chevalier, iHOn'oticle s m'a-
vez-vous dit : de bonne foi, est-il possible
,de le rappeler plus absolument ?
^C'est-à-dire, répondit Colingry j que
j'ai entrevu une fois M. de Liliers , et
dans une circonstance où je n'ai pu l'en
tendre parler; maisj'en conviens, en effet,
il y a bien quelque chose.
— Veilà au moins de la raison, dit le
clerc, Monsieur admet une. ressemblance
lointainesans prétendre m'imposer la per
sonnalité d'un autre.
—Mais moi, Monsieur, qui vingt fois, ai
parlé au chevalier chez Mlle Chausseraie;
cette personne qui hier vous pressait tant,
moi qui, aussi souvent, lui ai vendu des
"bouquets qu'il me commandait, parlant à
ma personne, comment me p?rsuader que
Je rêve en croyant 1q retrouver ici? •
— Alors, dit avec finesse le jeune Ga-
loppè, votre étrange jeu de physionomie,
la première fois que, j'eus le bonheur de
ivo.as ; aperce voir,, et ensuite, ces regards
sournois que je' croyais surprendre quand
je venais à passer devant votre magasin,
s'adressaient à cet heureux chevalier ? .
-r C'est-à-dire, répliqua Mme Duplessis,
qui ne voulait pas avoir été surprise en fla
grant délit d'attention au profit de per
sonne, qu'ils s'adressaient à un costume
sévère sous lequel je ne l'avais jamais vu;
et à ces papiers qui lui donnaient l'air grave
d'un homme de Palais, quand je l'avais
connu si rieur, si conteur de fleurettes et
èi étourdi. ;
; — Ah ! Il y a bien du déchet, dit le jeune
clerc en soupirant.
1 .— Mais, Monsieur, aussi, pourquoi
n'.entriez-vous pas quand vous vouliez des
fleurs .pour Mme votre mère? Pourquoi
vous adresser plutôt à ma fille de comptoir,
la plus maladroite personne du monde
pour monter un bouquet? Un mot et tout
s'expliquait.
— Très bien, mais au train dont nous
allons, ce qui.ne s'explique pas, dit Colin
gry, en se jetant au travers de cette excur
sion dans le passé, c'est l'affaire qui nous
amène. Vous saurez donc d'abord, Mon
sieur, quo ma nièce est mariée..,
— Mariée ? fit le jeune Galoppe avec un
"ton entre le mécompte et l'étonnement.-
— Mais, sans doute, n'est-elle pas en
âge de l'être et assez belle, pour que quel
qu'un ait voulu d'elle i
— Je suis loin de vouloir vous démentir;
seulement il faut que le mari de Madame
ne soit guère jaloux.
— Pourquoi? dit Colingry j il l'est, au
contraire, comme un tigre, ou du moins il
en fait le semblant, et c'est un de nos pre
miers griefs pour plaider contre lui.
— Dame! à sa place je le serais aussi, dit
le jeune Galoppe , Madame est toujours .
cruellement entourée.
— Mais Monsieur, dit Jeânneton , c'est
-mon état, qui veut et. est-ce que je ven
drais quelque chose si je n'avais l'abord.
attirant et le sourire aux lèvres; plus j'ai
de prétendans et moins ils prouvent quel
que-chose. " .
— Je serais de votre avis , repartit le
clerc s'il n'y en avait pas qui semblassent
un peu privilégiés, linsi, il y a un certain
monsieur dont les allures sont singulières:
il s'installe en vainqueur dans votre ma
gasin et "à lui seul donnerait à penser plus
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 87.21%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 87.21%.
- Collections numériques similaires La Grande Collecte La Grande Collecte /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "GCGen1"
- Auteurs similaires Véron Louis Véron Louis /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Véron Louis" or dc.contributor adj "Véron Louis")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6736611/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6736611/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6736611/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k6736611/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6736611
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6736611
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k6736611/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest