Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-08-14
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 14 août 1863 14 août 1863
Description : 1863/08/14 (Numéro 226). 1863/08/14 (Numéro 226).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
48* ANNEE.—N. 226. J
r ABONNEMENS|DES DÉPA.RTEMENS
trois mois ;'T.V ?.7
six mois..;.
UN AN...T/...J.ÏS
£jFOCS LB3 PATS'ÉTBANSEBS, Voir le tablfiBB
publié les S et 20 de|chaque mois.
Imp. i. bonifacb, r. dès Bons-Enfans, 19.
BUREAUX A PARIS î rue de Valois (Palais^Royal); g: 10;
VENDREDI 14 AOCT-.1865. .
âBONNEMENjJ DE PARIS;
trois mois .7.7.'.:7
SIX MOISy.7
un an
Le mode d'abonnement le plus simple est l'envol d'un bon de poste ou d'un effet
sur Paris, à l'ordre de l'admcttsthateitii du journal, rue de Valois, n° 10.
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
Lu lettres ou envois d'argent non affranchis sont
Les articles déposés fle sont pas rendus.
réfutés,
PARIS , 13 AOUT.
• Plusieurs journaux donnent des détails
sûr les notes envoyées ' de Saint-Péters
bourg par les cabinets de Paris, de Vienne
et de Londres.
- Voiei ce que nous crQyons pouvoir an
noncer comme positif. La note française
est partie la première. Celle de l'Autriche
a été expédiée avant-hier, et celle de l'An
gleterre en même temps.
' Chaque cabinet répond d'abord d'une
manière spéciale aux argumens qui le
concernent particulièrement. Mais les trois
notes se terminent par un paragraphe
identique et qui atteste une fois de plus
l'unité dé vues des trois puissances.
Le Moniteur publie la nomination des
présidens, vice-présidens et secrétaires des
des conseils généraux pour .la session de
4863. On trouvera cette liste plus loin.
Nous avons dit avec quel enthousiasme
l'Empereur avait été salué par les popula
tions dans le cours de son voyage au ha
ras du Pin. Voici en quels termes un jour
nal anglais, le Sun, parle de l'accueil fait à
Sa/Majesté :
« Si Napoléon III est reçu par la multi
tude avec, plus de cordialité que de coutu
me, cette réception n'est pas due à l'éclat
-du nom que porte l'Empereur. Il est accla
mé non-seulement comme Napoléon, com
me chef vivant de la dynastie impériale
fondée par l'homme le plus extraordinaire
des temps modernes, mais comme hom
me. On est reconnaissant de ce qu'il a fait
pbur la France depuis qu'il est monté sur
le trône: ordre maintenu, commerce éten
du, agriculture améliorée, territoire agran
di, gloire et influence reconquises. Les
cris de bienvenue qui accueillent Napo- 1
léon III sur son passage expriment impli
citement, mais delà manière la,plus intel
ligible, la reconnaissance pour "tous ces
bienfaits; c'est ce qui a eu lieu ces jours-ci
de la part do l'enthousiaste population de
Normandie. »
. Jusqu'à présentjles journaux autrichiens
montrent une grande.réserve au sujet de
1,'éiection dé l'archiduc Maximilien comme
empereur duMexique. La Presse est le seul
journal de Vienne qui parle de cette élec
tion à laquelle elle est peu favorable:» Elle
exprime la crainte assez mal fondée, que-
l'acceptation du prince ne mette l'Autri
che dans la dépendance de la France. ,.
Les feuilles de Madrid, ainsi que nous
l'avons dit, fle sont qu'imparfaitement sa
tisfaites. La nomination d'un infant leur
sémbîait indiquée par les anciennes tradi-
tions, et quelques-unes d'entre elles consi
dèrent presque le vote des notables de
Mexico comme une seconde dépossession.
Ce qui les préoccupe surtout, c'est le rôle
considérable que la France peut jouer en
Amérique. L&Pzteblo déplore déjà la substi
tution au Mexique de l'influence française
à l'influence espagnole, et il prévoit le jour
où notre prépondérance s'exercera d'une
manière funeste pour les intérêts de l'Eu
rope et particulièrement de l'Espagne.
On conviendra que,si nous devons sup
planter l'Espagne dans l'influence quede
exerçait au Mexique, ce n'est guère la pei
ne de tant se plaindre ; les conflits surve
nus dans ces dernières années sont là pour
attester de quelle sorte s de prestige jouis
sait le nom espagnol.
La Epoca juge plus sainement les cho
ses. Tout en- regrettant qiie la candidature
d'un prince espagnol n'ait pas eu les pré
férences du Mexique, ellef ait remarquer que"
l'Espagne n'ayant pas contribué par l'appui,
de ses armes à la restauration de l'or
dre et restant jùsqu'à un certain point
candidature neutre, c'est-à-dire ni fran
çaise, ni anglaise, ni espagnole, doit sem
bler acceptable, « La disparition, dit-elle,
» de la forme républicaine est déjà un
» progrès. La .résurrection de l'empire là
» ou la tradition et l'histoire lui assignent
» une place éminente dans l'ordre, social
» et politique,est Considérée par nous com-
» me un autre progrès qui garantit les in-
» térêts européens dans cette région agi-
» tée. » '
Ces idées semblent être celles du cabinet
espagnol, car une dépêche de Madrid nous
annonce que, d'après un bruit générale
ment répandu, le conseil des ministres au
rait approuvé le nouveau.régime piolitique
voté à Mexico, et qu'il en aurait instruit
le représentant de la reine Isabelle à Paris.
Tout se prépare à Francfort pour la réu
nion des souverains qui doit avoir lieu le
16. Divers organes semi-officieux de Vien
ne publient à la date du -10 la communi
cation suivante : « On croit que la confé
rence des princes sera terminée au 20
août, car on ne fera que soumettre aux
princes réunis le programme autrichien et
on leur demandera leur avis d'une manière
générale. Un examen plus,approfondi des
opinions, n'aurait lieu que plus tard, c'est-
à-dire dans un second Congrès, et ce ne se
rait qu'àcette époque que l'on prendrait des
résolutions définitives. On assure que la
ferme volonté de l'empereur est que toute
l'œuvre ne soit accomplie que par les prin
ces seuls, et il paraît convenu que les sou
verains ne seront pas accompagnés de leurs
ministres au Congrès, »
étrangère à tout ce qui se fait pour
Saint-Nazarre, 13 août.
La Floride paquebot de la Compagnie géné-
didature du prince autrichien comme 1 raie transatian ique, portant les malles du
organiser un gouvernement fort, la can-
D'après une correspondance de Franc
fort, l'empereur d'Autriche fera son entrée
dans cette, ville avec une grande pompe ; il
y restera trois à quatre jours et donne
ra deux banquets, l'un aux souverains,
l'autre aux autorités de la ville.
. On ne connaît pas encore toutes les ad-'
hésions des princes ; mais la Correspon
dance générale assure que, parmi les nom
breuses réponses des princes allemands
parvenues à l'empereur jusqu'au 40, il
ne s'en trouvait pas une seule qui con
tînt un refus. A cette date, la réponse de
la Prusse n'était pas encore arrivée; mais :
le silence gardé par cette puissance, et
surtout la note circulaire de M. de Bis
mark, fesaient pressentir que le roi Guil
laume ne se rendrait pas à l'invitation.
Quelles seront les conséquences de son abs
tention ? Suffira-t-elle pour entraver l'œu
vre entreprise par François-Joseph? « Dès
aujourd'hui, s'écrie le journal de Mayen-
ce, la vieille Diète de Francfort est mise en
disponibilité; d'aujourd'hui date la re
naissance de l'Allemagne. »
Toutes les feuilles d'outre-Rhin ne par
tagent pas cet enthousiasme ; certaines
voient avec défiance l'initiative prise par
l'Autriche, ; d'autres déclarent la réunion
des souverains impuissante à doter l'Al
lemagne d'une organisation vraiment li
bérale. Parmi les journaux anglais, le
Times applaudit au projet de l'empereur
d* Autriche, tout en signalant les difficultés
qu'il doit rencontrer : « Si François-Joseph
arrive, dit-il, à surmonter la résistance de
ses adversaires et à vaincre l'apathie de ses
conseillers, il pourra à la fin accomplir une
belle et bonne œuvre. »
JOSCIÈBES.
Mexique du 17 juillet et celles de Cuba et des
Antilies, mouille à l'instant sur rade, après
une magnifique traversée et avec de nombreux
passagers.
Acapulco, 20 juillet
(voie de San-FrïtfVf.isco).
Dix mille hommes de troupes françaises sont
attendus ici du golfe du Mexique. Elles sont
-destinées aux divers ports mexicains du Pa
cifique.
New-York, 1 er août, soir.
Les avis du théâtre de la guerre ne signalent
aucun fait important; ■
Le siège du fort Wagner marche lentement.
Les fédéraux sont à 250 yards, des batteries en
nemies.
New-York, 1 er août au soir
(parZe Nova-Scotia),
Le colonel Gilmore a abandonné le siège du
fort Wagner, son artillerie restant impuissan
te contre le sable avec lequel le fort est bâti.
Le commandant fédéral espère être plus heu
reux contre le fort Sumter.
Change, 141 à' 142. Agio sur l'or, 28.
Vienne, 13 août. -
Le grand-duc de MecklenboUrg -Schwerin a
accepté l'invitation de l'eûipereur d'Autriche
pour le congrès de Francfort.
Le roi de Hollande a accepté également l'in
vitation ; il se fera représenter à la réunion
par le prince Henry , mais il se propose de com
plimenter personnellement plus tard l'empe
reur à Francfort.
L'Ost-Deutsche-Post public les nouvelles sui
vantes en date de Gastein, 12 août :
« Des discussions très vives ont eu lieu dans
les ■appartemens du roi de Prusse entre le roi,
le prince royal et M. de Bismark. On" parle de
la sortie éventuelle de la Prusse de la Confé
dération germanique. Le prince royal part au
jourd'hui. Le roi partira .samedi. »
Vienne, 43 août.
La Gazette autrichienne annonce qu'en Pod-
lachie et dans le palatinat' de Ltiblin, il y a
actuellement onze détachëmens d'insurgés
polonais.
Le détachement d'Eminowicz a battu les
Russes, près de Chelm.
Constantinople, 12 août. V
Les observations du gouvernement
sont arrivées *
points. '
Le palais du vieux sérail a été
ment détruit par les flammes.
' Madrid, 12 août.
Le bruit court que le conseil des ministres
approuve la nouvelle organisation du Mexique.
Des instructions auraient été envoyées dans ce
sens à l'ambassadeur d'Espagne à Paris.
On dit.que M. Pacheco sera envoyé comme
ambassadeur à Paris, et M. Gonzalez Bravo à
Londres.
' DN NUMÉRO m c
Les abônnemens datent
de chaque moi
a;
2fes âNH &StiïS ibttt refîtes chez M. P anis , rue Notre-Dame-ûes -Victoires.
■ ~ " (Place de la Bour^
tence, car l'avenir appartient aux Slaves dont
le czar est le représentant. »
Turin, 13 août,
f Le Danemark a établi à Turin une légatioé
permanente. M. Ros&nkrantz, nommé cliarg
d'affaires danois près du roi d'Italie, a présen
té hier à S. M. ses lettres de créance.
, Jïmpruni italien, 72.10. (iïavas-Bullier.)
t&a
COURS DE LA BOURSE.
COUBS DE CLOTliBE, 10 12 le 13 HAUSSE. BAISSE.
67.50 67.50 'm » » »
67.40 67.50 » 10 » »
96.50 96.30 » » »
96 4o x 96.45 » » » »
3 0/0aucompt.
—Fin du mois.
4;l/2aucompt.
—Fin du mois.
La revue de la garde nationale et de
l'armée, que l'Empereur devait passer le
14 août, vient d'être contremandée par Sa
Majesté, à cause de la chaleur et dans
l'intérêt de la santé des troupes.
(Moniteur.)
imiiiiiiirniiiiiMi .
Demain 14 août, bal intime au palais de
Saint-Cloud.'Il y aura un feu d'artifice au
quel assistera le Prince Impérial.
Le 15, l'Empereur viendra au palais des
Tuileries. Sa Majesté entendra , la messe
dans la chapelle du palais, et recevra les
officiers de sa maison. -,
L'Empereur partira le 17 pour le camp,
de Châtons.
Le départ de Sa Majesté pour Biarritz
paraît fixé aux premiers jours de
tembre.
sep-
„ serbe
Les divergences portent sur trois
complète-
On assure que la Gazette publiera demain le
décret da.dissolution des Cortès.
Madrid, 13 août. .
La Gazette publie le décret royal qui pronon
ce la dissolution des Chambres et ordonné de
nouvelles élections. La réunion des Chambres
nouvelles est fixée au 4 novembre.
Le marquis de Miraftores a été légèrement
indisposé. ( Havàs-Bullier.)
TELEGRAPHIE PRIVEE
Londres, 13 août.
Le Morning-Post rappelle la confiance que
tous les partis italiens ont en sir Hudson.U dé
clare que nul Anglais ne connaît l'Italie comme
sir Hudson. et que le rapgel d'un si habile di
plomate, d un homme si utile à son pays, est
une chose honteuse. « Que lord ftussell sache
bien, dit le Post, que personne ne peut rempla
cer convenablement sir Hudson à Turin. »
.Voici les dépêches que nous recevons ce
soir :
Londres, 13 août.
Le bilan hebdomadaire de la banque d'An
gleterre .donne les résultats suivaap»:
Augmentation : réserve des billets, 5G2,630
•liv. st.; encaisse métalHqtrtrç-~f#7ïfl34 liv. st.;
compte du trésor, 177,595 liv. st.
Diminution : comptes particuliers, 212,497
liv. st.; portefeuille, 681,394 liv. st. '
La Seine, venant des Indes-Occidentales, a ap
porté 1,168,560 dollars.
Les hostilités entre les Etats de Guatemala
et Nicaragua, d'une part, et l'Etat de Salvador,
d'autre part, approchent de leur fin, par suite
de la victoire des premiers.
Le Chili et la Bolivie se préparent à se battre
pour la possession des rochers de Mégillones et
du désert d'Atacanii. "
Posen, 13 août.
Le Deutsche-Zeitung annonce que,le mois pro
chain, les quatre corps de l'armée stationnés
dans le grand-duché de Posen seront placés
sous les ordres d'un commandant général.
Le général Werder a quitté Posen, se rendant
à Kœnigsberg.
Vienne, 13 août. •
La Presse annonce qu'on a répandu en Polo
gne en très grande quantité un appel des pa
triotes russes aux Polonais en date de Moscou
29 juillet, qui invite les Polonais à terminer
une lutte fratricide.
« L'intervention, est-il dit dans cette pièce, -
n'est qu'un mirage trompeur, destiné à en
traver la mission des Slaves. La Russie affran
chira tous les Slaves; les puissances n'agiront
jamais. Pour réparer le tort du partage, il.faut .
que la Pologne, à laqfielle on donnerait une
existence séparée, s'allie étroitement et sincè
rement à la Russie. »
La proclamation se termine en invitant cha
leureusement les Polonais à se rendre à ses con
seils. « Ils assureront ainsi, dit-elle, leur exis-
La loi de conscription est désormais
" dans les Etats du Nord làtgrande préoccu
pation du jour. Ce n'est plus qu'avec une
indifférente, dont nous avons quelque
peine à nous rendre compte en Europe,,
mais qui nonobstant .ne.fait que s'accroî
tre à Boston comme à New-York, comme à
Philadelphie, que des populations évidem
ment découragées reçoivent chaque nou
velle du théâtre de fa guerre, qu'elle soit
favorable ou non à la cause du Nord,
qu'elle vienne de l'île Morris ou de Char-
leston,ou de la vallée de la Shenendoah.
C'est qu'avec l'esprit utilitaire,pratique,
avant tout, des Américains, quand on a
cessé d'espérer le rétablissement d'une
paix: durable de la continuation des hosti
lités, le&susceptibilités militaires sont vite*
mises de^côté.Tout au contraire chacun ne
s'inquiète plus que de savoir si le gouver
nement de Washington voudra résister
quand même au nouveau courant de l'o
pinion, ét jusqu'à quel point,'Jilors, il est
résolu h suppléer par une application in
flexible de laloi de conscriptionauj: moyens,
de se procurer d«s soldats qui lui avaient
jusqu'à présent suffi pour continuer la
guerre, mais ?qui maintenant lui font de
plus en plus défaut. Car il faut bien recon
naître que le'succôs, qui n'est rien »moins
que certain, de cette loi si contraire à tous
les précédens des races anglo-saxonnes,
ï>eut geul rendre des ahaaaes .aux*aspéran-
ces'du parti de la guerre, dont d'isolément
chaque jeur croissant, n'abat toutefois pas
la confiance.'
•Les belliqueux, en effet, sentent que,
contre l'esprit public qui les abandonne, il
leur reste une dernière carte à jouer, la
conscription, et que, pour peu qu'ils la
gagnent, rien n'est encore perdu pour eux.
Aussi les partisans" de la paix, auxquels
n'échappé nullement la r gravité de l'é
preuve, ne parlent-ils de leur côté que des
résistances sans nombre, des obstacles de
toutes sortes qu'une telle loi devra surmon
ter avant-d'avoir donné ses premiers soldats,
aux armées fédérales. A en croire les pa
cifiques,, la loi de conscription serait loin
Ravoir fini de passer par toutes les péri
péties qu'ils lui prédisent, avant que le
pouvoir exécutif de Washington n'ait à
compter avec l'esprit-nouveau des derniers
élus du pays.
Pour le moment, du moins, les scrupu
les des légistes semblent vouloir s'ajouter
aux i violences des émftitiers ; et dès qu'il
s'agit de gagner du temps, un seul lé
giste peut valoir plus d'une émeute. En ef
fet, pendant que l'on se battait dans les
rues de New-York, il paraît que le juge
municipal de /cette ville a déclaré la loi
Tde conscription inconstitutionnelle, et
que, l'ordre une fois rétabli,le gouverneur
de l'Etat a déclaré r à~son tour, qu'il ne se
rait pastpassé outre, avant que la question
de constitutionnalité n'eût été résolue.Des
déclarations de même natifte auraient égale-
ment eu lieu dans le New-Jersey, et même
le gouverneur de ce dernier Etat aurait pris
"en main plus résolument encore que M.
Eoratio Seymour la cause de la résistance
légale. La loi de conscription peut donc
être prochainement portée devant la cour
suprême des Etats-Unis, dent l'.une des pre
mières attributions est de juger de tout
conflit entre les" pouvoirs fédéraux et les
pouvoirs d'Etat.
Le dernier courrier d'Amérique nous ap
prendrait, il est vrai, s'il faut en croire une
première dépêche télégraphique , que le
gouvernement fédéral s'est déeidé à impo
ser de, vive force la conscription à New-
York.'Le New-York Times assigne même
le 3 août comme jour de la reprise des
opérations. Cette nouvelle , en se confir-
jjjant na serait nullement l'infirmation
nécessaire de nos premiers renseignemens
Pour qu'il y. ait conflit constaté, il peut
falloir qu'il y ait commencement de la re
prise des opérations et d'emploi de la for
ce. Mais nous doutons tort que, s'il se pré
sente réellement de sérieuses protestations
• judiciaires, le président Lincoln essaye d'é
chapper à cette nouvelle phase de la ques
tion. Décliner l'autorité de Iacour suprême
serait une sorte de coup d'Etat; ce serait
au moins mettre du côté de ses adversaires
toutes les apparences du droit. Il, est, du
reste, assez probable que le président des
Etats du Nord a de fort bonnes raisons
de ne pas trop redouter le verdict de la cour
, suprêree, car lajsection 2 de l'article 2 de la
constitution dit que c'est le président qui
nomme les membresrde* cette cour con
formément à l'àvis du Sénat, tandis que
la section 2 de l'article 3 ajouté qu'ils
sont nommés potir tout le temps qu'ils se
conduisent bien ( during good behaviour), en
d'autres termes, pour tout le temps que
celui qui a le droit de les changer n'a pas
cessé-de pouvoir compter sur eux. A coup
•
ceux qui ne s'y rendront pas d'eux-mêmes,
on s'exposera sans doute à rencontrer
chez plusieurs d'entr'elles assez peu de
zèle. Mais, ce qui est plus grave, on s'ex
posera certainement à armer les uns con
tre les autres les citoyens d'un même
Etat. Car là où "les cas d'insoumissio,
seront nombreux, les résistances ne
raient-guères rester individuelles: elle:
vientireBt--c®lèelieu-de n'avoir à saisir que des soldats
soumis, auront à combattre des bandeV
réfractaires. Ce serait fermer lesyeux,que
ne pas voir combien de telles luttes peuven'
aisément devenir un danger des plus sé
rieux pour la paix publique.
Si c'est l'armée, au contraire, qui est
chargée d'aller chercher* elle-même ses
nouveaux membres, ou même pour peu
qu'elle soit trop souvent forcée de prêter
main - forte aux milices, on peut pré
voir que l'armée pour assez longtemps
verra son effectif devant l'ennemi dimi
nuer plutôt qu'augmenter, singulier- ré
sultat d'une loi qui devait remplir si vite
tous les vides faits dans les cadres; ''
Le président Lincoln peut incontestable
ment se féliciter de récens succès mili
taires d'une grande importance. Maison
voit qu'en revanche les difficultés du de
dans font une ombre assez noire. au ta
bleau; et qu'en ce qui regarde plus par
ticulièrement la loi de conscription, il est
encore difficile de dire si cette loi doit per
mettre aux armées fédérales de poursuivre
et de compléter leurs victoires,; ou si elle
n'est pas, tout au contraire, destinée à por
ter au comble les embarras de l'intérieur.
Louis Ç ou H jke.
On écrit de Pékin, 1 er j uin
es provinces méridionales
t v vai wuai n. tuup
sûr dans'des circonstances^ussi difficiles
que celles que traverse l'Union^e président
Lincoln sait parfaitement à quoi s'en tenir
sur les opinions judiciaires ou autres des
membres de la haute cour.
Mais l'arrêt le plus favorable n'en en
traine pas moins un délai, et toute perte
de temps est un sujet d'inquiétude*, peut
devenir un péril pour le parti de la*guerre
quLne'retrouverapoint le 4 décembre pro
chain, à Washington, le Congrès qui pen
dant deux ans-ne lui a refusé nisdollars, ni
soldats, ni. lois d'exception. Laplusigran-
de crainte aussi du 'président Lincoln
est probablement de ne pouvoir achever
la réorganisation de ses armées, avant
d'avoir à se présenter devant le nouveau
Congrès, où il sait que le parti de la paix
comptera de nombreux défenseurs. Car il
n'ignore pas davantage que tant de chan
"gemens survenus dans l'opinioiCsont de
nature à leur donner plus de conna'nce en
eux-mêmes,plus d'autorité sur lesautres; et
que, d'un autre côté,malgré touteJagravité
des déplorables désordres qui ont ensan
glanté les rues de New-York, -et porté le
trouble dans tant d'autres villes impor
tantes, la loi de conscription est loin d'a
voir passé par l'épreuve la plus difficile
qu'on lui puisse prédire.
On peut raisonnablement espérer que
telle décision de la cour suprême de justi
ce, si cette haute autorité doit être invo
quée, suffirait seule à éviter pour l'avenir
le retour de désordres semblables; car,
suivant toute probabilité, elle suffirait à
assurer le concours de tous les pouvoirs
d'Etat, habitués à s'incliner devant les ar
rêts del îï.cour souveraine en ces sortes de
questions.^En tout cas, ceux qui sont in té*
ressés à ce que de tels scandales ne se re
nouvellent pas," sont maintenant avertis.
Mais la véritable épreuve, l'épreuve dé
cisive, commencera pour la loi de cons
cription le jour même où le pouvoir fédé
ral s'applaudira de ses gucces, quand il au
ra réussi à faire désigner par le sort les
trois cent mille nouveaux soldats qui doi
vent continuer la guerre dont personne ne
veut plus. Qui peut répondre, en effet, que
chacun alors se soumettra volontairement
à.une. loi qui heurte du même coup l'opi
nion du jour et les vieilles traditions? qui
peut répondre qu'en tel Etat du. Nord le
sort ne doive pas faire dix réfractaires pour
un soldat?
Si l'on veut s'en remettre aux milices
d'Etats du soin d'amene.r sous les drapeaux
Tandis que, dans le ^
de l'empire chinois, les taepings continuent,
avec des succès divers, leur lutte contre les
troupes impériales, des mouvemens insurrec
tionnels se propagent dans les districts septen
trionaux, où ils créent au gouvernement de
sérieux embarras ; les informàtions sont rares
en général sur ce qui se passe dans cette par
tie de la Chine, et à ce titre, quelques détails
sur les insurgés qui s'y sont répandus, nçj
manqueront peut-être pas d'intérêt.
Les rebelles du Nord se divisent en deux frac- •
tions distinctes et qui n'ont aucun lien entre
elles, non plus qu'avec les taepings : ce sont
les Paë-Liou-Kiao (secte du nénuphar-blanc>^
qui exercent leurs ravages dans les provinces
du Chang-Tong et du Tchély, et les Hqeï-tze.^
ou mahométans, qui font chaque .jour de'nou-;
veaux progrès dans le Kan-Sou, le Qiau-Si et
leClieu-Si.
La secte du nénuphar blanc existe en Chine
depuis plusieurs siècles. Jamais cependant ils
n'avaient été assez puissans pour donner de
réelles inquiétudes. En 18^0, ils s'emparèrent
de Kouen-Shien, ville située sur la frontière
occidentale du Chang-Tong, et dont ils firent
leur place d'armes. De là, ils se livrèrent à
d'incessantes incursions dans le Tchély, pil
lant et détruisant tout sur leur passage, L§
gouvernement chinois, alors en guerre «vveç
la Franco et l'Angleterre, se préoccupa peu de
cp. soulèvement, trompé qu'il était d'ailleurs
par les rapports du mandarin de Kouen-Shien,
vendu lui-même aux rebelles.
L'audace de ces derniers s'en accrut ; leur
nombre augmenta; tous les bandits du pays,
attirés par l'appât du butin, 1
joindre et ils s'avancèrent
vinrent lés r^-.
.jusque dans. îejj
murs de Hotien-Fou, à cinquante Ueues "d§
Pékin, sans rencontrer de résistance, thi caru
men ça enfin à comprendre le danger. Le gé -v
néral Chen-Pao fut envoyé Gontre eux à la tête
de quelques troupes régulières, devant les^
quelles ils se retirèrent ; mais, mollement
poursuivis, ils ne tardèrent pas à reparaîtrci,.
et, cette fois, en force considérable- Leur, trou-j
pe, composée en grandq partie de cavader.i*i
envahit de nouveau le Tchély, dévastant
campagnes, mais iaissant. de côté-les villes
quelque résistance était â craindre.
Au commencement de cette année, le gou*
'.T'neur général de la province, chargé de ré-
mer la rébellion à la tôte d'un corr
les
où
ver
primer i çucjiwh a la tete d'un corps d'ar
mée peu aguerri, fut battu, et son successeur,
le surintendant des trois ports du Nord, appe
la à son aide un détachement indigène formé
à Takon par le capitaine anglais Coney. A ce
moment, Tien-Tsin paraissant menacé, le con
sul d'Angleterre dans cette ville voulut s'a-
^ T *
dans cette ville
vancer, à la tôte de quelques hommes
rencontre des rebelles; il dut bientôt se retire^
assez grièvement blessé, Cependant la. ncmveK
le de cette apparente intervention des
pôens suffit — 5 —
... , T _,„ ^ Euro-:
pour déterminer les Pa8-l ' i0U _
à la retraite, L.e capitaine Conoy chercha,
à leur couper la route du Chang-^ 0 ng ; mius,
— 1 - "parles înann»"'— -*■
lviao
mal secondé
. manda-'„ ' \ 6
de cavalerie, il vient ch. 1 ^™^uant
sans
sait.
avoir atteint
r «rerà TiSin
rudUat
Feuilleton du Constitutionnel, 14 août.
EN PROVINCE
Ce soulèvement «'a aucun caractère
IX.
Arrivée à ce point d'un récit que Saint-
"Waudrille s'était bien gardé d'interrom
pre, Mme Delaunay appuya sa tête dans
sa main, et s'arrêta un instant, comme ac
cablée sous le poids des souvenirs qu'elle
menait d'évoquer.
r— Courage!, lui dit Philippe non moins
étou qu'elle-même, de tellss douleurs se
consolent en se racontant, et vous savez si
vos paroles tombent dans un cœur ami.
— Ce que je vais maintenant vous dire,
continua Mme Delaunay, est le plus triste
.■de tout.'C'est l'atonie dans le désespoir;
«'est le calme dans le malheur, désormais
sûr de lui-même. Ces choses-là ne se ra
content point : un seul mot suffit à les in
diquer ; l'âme de l'autre comprend et
achève!
Je restai à ma fenêtre, immobile et trem
blante tant que m'arriva le bruit sans ces
se diminuant, et de plus en plus lointain,
de là voiture qui l'emportait. Quand je
n'entendis plus rien, je crus perdre Hé-
rald pour la seconde fois, et il me sembla
— que ma pauvre mère me pardonne cet
égoïsme de ma douleur! — il me sem
bla que j'étais seule au monde. Je me
rejetai dans mon lit et je cachai ma tête
pour étouffer mes sanglots, qui éclataient
malgré'moi. Enfin, mes larmes coulèrent,
les premières larmes amères que- j'eusse
encore versées! Plus tard, à l'heure accou
tumée, lorsque ma mère entra chffî moi,
j'avais déjà baigné d'eau fraîche mes joues,
mon front et mes yeux ; elle ne vit rien,
ou ne voulut rien voir. Cette âme chè
re et tendre, la plus douce créature
que Dieu ait jamais faite à l'image de
sa-bonté, ne cessa de me montrer l'affec
tion la plus ingénieuse, la plus délicate
et la plus attentive. Comme elle eût voulu
prendre ma part de douleurs, et avec quel
courage elle l'aurait portée ! Mais Dieirne
permet pas ces dévoûmens des mères, in
finis comme leur amour, parce qu'il faut
qu'ici bas chacun ait sou lot de malheur,
et verse sa mesure de larmes ! Mme Back-
mann, soit qu'elle fût touchée de ma tris
tesse, soit que M. de Fersen eût fait de
vant ello quelque discrète allusion à nos
sentimens, vint chez nous de bonne heure
et ne me quitta guère pendant cette pre
mière journée, et, jusqu'à son départ du
Groisic, elle m'entoura do ses soins et de
sa présence avec une sollicitude qui ne se
démentit jamais. Elle prenait plaisir à me
parler des Fersen, de l'illustration de leur
race antique, et de la haute position qu'ils
occupaient dans leur pays. Tout cela m'in
téressait sans doute; mais un seul mot
m'eût touchée et réjouie bien davantage...
« Il vous aime : il vous aime et il revien
dra ; » Voilà ce qu'il eût fallu me dire, et
ce que personne ne me disait.
Bientôt, cependant, les vents d'hiver
glacèrent l'Océan et chassèrent, comme
des oiseaux frileux, le§ derniers baigneurs
du Croisic. Pour moi, je ne haïssais pas
cette bise aiguë du Nord, elle avait_passé
sur les vagues delà Baltique qui portaient
son vaisseau ; elle avait effleuré les grands
sapins qui versaient leur ombre sur le
château de ses pères*. Je m'attardai? donc
après tout le monde, et j'usais de mille ru?
S8 "s pour retenir eneoife ma mère.
Uti soir, pourtant, e ]le m'annonça çjuo '
politi-
nous par) irions le surlendemain, et elle
me le dit me une telle fermeté que toute
résistance me parut inutile.
J'employai cette dernière journée à faire
le pèlerinage de mon amour, e,t à revoir
l'un après l'autre,—seule, hélas !—tous les
sites queuous avions parcourus ensemble.
Qu'ils m'avaient alors .paru charmans,
' qu'ils me semblaient à présent tristes et
désolés ! Comme je compris que c'est no
tre cœur qui fait la nature belle, et non
pas la nature qui fait notre cœur joyeux.
Je recueillis avidement tous mes souve
nirs, et quand j'eus l'âme remplie de ces
invisibles reliques de mon passé, je-quit-
tai le Croisic avec un déchirement d'âme
que je ne saurais vous rendre.
X.
Nous revînmes à Coutances. Je n'ai rien
à vous dire de cette ville ; vous la connais
sez. Avant d'avoir rencontré M. de Fersen,
elle ne me paraissait qu'ennuyeuse. Après
l'avoir perdu, je la trouvai insupportable.
Que je regrettai alors de ne pas être hom
me ; que je maudis cette résignation qui
me condamnait à l'attente, quant j'avais
un si ardent besoin d'agir ! Il n'y a au
monde que les femmes pour subir dans
toute leur horreur ces implacables sup
plices,
L'hiver s'écoijîa avec une lenteur déses -r
pérante ; pas une fois je ne reçus de nou
velles de l'absent. J'essayaideme consoler,
en songeant que, dans cette saison, la Bal
tique est couverte de glaces, et les commu
nications avec la Suède lentes et difficiles.
Je mettais tous mes soins à me tromper
pour l'excuser mieux': j'étais si malheu
reuse quand je le croyais coupable!
1 fi|a mère voulut me menep dans le mon-
eje qu'elle ayait toujours paru craindre.
On efût dit maintenant qu'elle espérait f
en,lui. Espérance vaine ! L'annonce d'un
bal, qui fait battre tant de-jeunes cœurs,
me laissait dans mon incurable apathie. Je
fis si bien que nous restâmes chez nous.
J'aimais ma solitude ; un souvenir suffi
sait à la peupler pour moi. Si j'avais pu
seulement parler de lui avec quelqu'un !
—Mais je n'osais pas même prononcer son
nom, et cette abondance douloureuse de
sentimens qu'il m'était impossible d'épam
cher, retombait comme un poids sur mon
cœur. Tous les griefs-que j'avais pu avoir
contre lui s'effaçaient dans la distance; je
ne voyais plus que ses qualités; je me re-
. prochais mes duretés clans notre dernier
entretien; à présent c'était moi qui devais
avoir besoin de pardon !
Enfin l'hiver s'acheva, et le printemps
ramena la joie pour tout co qui respire, et
ranima l'espérance dans le cœur des rnaU
heureux. « 11 va venir! » me chantaient les
buissons en fleurs. Les premières glaces
étaient déjà rompues et flottantes dans les
.fjords de la Baltique; rien ne pouvait plus
le retenir ! . ,
Hélas! il ne vint point. Nous étions en
juin : il était parti depuis septembre... et
'depuis septembre j'étais sans nouvelles.
-N'est-ce pas, dis-je à ma' mère, que
nous retournerons au Croisic ?
— Ma pauvre enfant, nous irons où tu
voudras; au Croisic, si tu veux; mais,
crois-tu donc y retrouver le bonheur?
Ma mère avait raison : le bonheur n'é
tait plus là ! Je comptais* du rftoins y voir
Mme Baclunann, — le dernier lien qui
me ; rattachât à Hérald ! Cette illusion
m'échappa comma les autres. Le consul
de Nantes était apB&lé aux mêmes fonc
tions dans une ville du Nord. Ces amis j
d'une saison partirent sans nous avoir re- '
vues. Je restai à Coutances. Août et septem
bre m'accablèrent avec leurs chaleurs et
lou es pesans loisirs. Que vous dirai-je ? Un
nouvel hiver passa, suivi d'un nouveau
printemps, efje n'entendis point parler de
M. de Fersen. Après avoir tant espéré, je
n'espérai plus. Je fus certaine désormais
que Hérald m'avait oublié, ou du' moins
qu'il n'avait'* pas eu l'énergie nécessaire
pouf lutter contre la volonté paternelle.
Je lui pardonnai, en lui envoyant du fond
du cœur ce long et douloureux adieu que
noûs disons à nos .morts bien aimés, et
mon âme porta son deuil.
Cependant j'allais prendre mes vingt
ans, et ma sauvagerie n'avait pas éloigné
de moi tou-t le monde. Deux ou trois jeu
nes hommes voulaient bien me faire l'hon
neur de penser à demander ma main, Je
les refusai sans me condamner à l'onnui
de présentations 'que jq gavais d'avance,
inutiles,
-tour du cou.
Vous »e mourrez pas ! qua
deviendrais-je sans vous?
Elle earegsa mes cheve
maigres !
' -rr Pauvre fille ! il ne i- uuuo.pas
sible de te rendre raisonnable! 'voyons,
Mademoiselle, promettez*moi d'easfiyer et
re de peine à vQb-fâ-n.iïi'a i
>yais
mis tout ce
toutefois à ne
veux avec ses doigts.
*'est donc.pag
Ma mère me blâma doucement ; elle me
dit que, jusqu'ici, elle m'avait laissé faire
vy\ r\ i 11 ^ I «-• ^ * ' -
faire
avec une indulgence voisine
mais que l'âge venait,, que.
assez sacrifié aux illusions 'de le
jeunesse et aux follça chimères des pre-
mîAiv.c c'était l'heure,à présent,'
. avenir et d'envisager la vie
telle qu'elle est, en face et froidement. Le
mot d'ordre que Dieu nous, donne, c'est.
devoir et non plaisir-,
mes volonté ,
de l;t faiblesse
j'avais
jeunes
iïUèj-os
de songer à l'i
Je sentais qu'ellehvaitraison, et,no (pou
vant r-ien à lui répondre, je me contentai
de pleurer, Une fois encore, elle se trouva
faible devant mes larmes.
— C'est affreux, ce que tu'fais là, dit-elle
en m'embrassant ; tu veux - donc
meure de chagrin, ou que
complice de ta folie ? Songe.
<ï"e je
je me rende
cependant,
l'amertume de mes derniers jours, si quand
Dieu m&rappelleraà lui-,—et je sens que ce
sera bientôt, — =- * < -
que
je te laisse" seule en ce
monde,"sans protecteur et sans ami.
—-. Oh ! mère, que parlez -vous de mou-
? m'écriai-|e-, en lui Jetant mes bra.S «W--
rn
7 ^ vnuwti r nAui u
do ne plus faire de peine ù VQVyoinère !
Je là voyais si malheureuse que je pro-.
qu'elle voulut, bien résolue
3 l'aire que ce que je voudrais,
XI.
A quelque temps de là, nous reciw-iM#.-,
une lettre dont la vue seule arrêta ^sang-
dans mes veines : elle portait le timbre da,
la poste de Lubeck et l'adresserait de la
main de notre amie, Mme Backmann. Je
compris tout de suite qu'elle contenait
..dans ses plis le.secret de ma destinée.
Sans avoir la force de prononcer une pa
role, je la tendis à ma mère, qui l'ouvrit
d'une main tremblante, la parcourut ra
pidement des yeux et devint tout à
si- pâle que j'en fus effrayée:
—r Qu'est-ce ? qu'est-ce donc, mère? "ai
me fais peur!
— As-tu du courage, ma p/iuvro enfant'?
—- A^sspz pour regarder kl mort en fac-
maïs pas assez pour attendre,
longtemps que j'attends !
■ — Eh bien, donc ! prends, lis et pleure !
Après quelques phrases obligeantes, où
elle s'excusait-d'être partie do France sans,
avoir pris congé de nous, Mme Backœânn
nous disait qu'elle arrivait do Suède. Le
comte de Forsen l'avait chargée de nous
présenter ses hommages. Quant à Iiérald,
c'était un de v ses regrets de ne l'avoir pas
vu ; il était en c&jmomènt dans le Nord,
près tlo sa fiancée, disait-on. Son père an
nonçait partout/que ce4ils longtemps re-
belle avait enfin cédé à .ses instances," et
coup
Voilà
si
r ABONNEMENS|DES DÉPA.RTEMENS
trois mois ;'T.V ?.7
six mois..;.
UN AN...T/...J.ÏS
£jFOCS LB3 PATS'ÉTBANSEBS, Voir le tablfiBB
publié les S et 20 de|chaque mois.
Imp. i. bonifacb, r. dès Bons-Enfans, 19.
BUREAUX A PARIS î rue de Valois (Palais^Royal); g: 10;
VENDREDI 14 AOCT-.1865. .
âBONNEMENjJ DE PARIS;
trois mois .7.7.'.:7
SIX MOISy.7
un an
Le mode d'abonnement le plus simple est l'envol d'un bon de poste ou d'un effet
sur Paris, à l'ordre de l'admcttsthateitii du journal, rue de Valois, n° 10.
JOURNAL POLITIQUE, LITTÉRAIRE, UNIVERSEL.
Lu lettres ou envois d'argent non affranchis sont
Les articles déposés fle sont pas rendus.
réfutés,
PARIS , 13 AOUT.
• Plusieurs journaux donnent des détails
sûr les notes envoyées ' de Saint-Péters
bourg par les cabinets de Paris, de Vienne
et de Londres.
- Voiei ce que nous crQyons pouvoir an
noncer comme positif. La note française
est partie la première. Celle de l'Autriche
a été expédiée avant-hier, et celle de l'An
gleterre en même temps.
' Chaque cabinet répond d'abord d'une
manière spéciale aux argumens qui le
concernent particulièrement. Mais les trois
notes se terminent par un paragraphe
identique et qui atteste une fois de plus
l'unité dé vues des trois puissances.
Le Moniteur publie la nomination des
présidens, vice-présidens et secrétaires des
des conseils généraux pour .la session de
4863. On trouvera cette liste plus loin.
Nous avons dit avec quel enthousiasme
l'Empereur avait été salué par les popula
tions dans le cours de son voyage au ha
ras du Pin. Voici en quels termes un jour
nal anglais, le Sun, parle de l'accueil fait à
Sa/Majesté :
« Si Napoléon III est reçu par la multi
tude avec, plus de cordialité que de coutu
me, cette réception n'est pas due à l'éclat
-du nom que porte l'Empereur. Il est accla
mé non-seulement comme Napoléon, com
me chef vivant de la dynastie impériale
fondée par l'homme le plus extraordinaire
des temps modernes, mais comme hom
me. On est reconnaissant de ce qu'il a fait
pbur la France depuis qu'il est monté sur
le trône: ordre maintenu, commerce éten
du, agriculture améliorée, territoire agran
di, gloire et influence reconquises. Les
cris de bienvenue qui accueillent Napo- 1
léon III sur son passage expriment impli
citement, mais delà manière la,plus intel
ligible, la reconnaissance pour "tous ces
bienfaits; c'est ce qui a eu lieu ces jours-ci
de la part do l'enthousiaste population de
Normandie. »
. Jusqu'à présentjles journaux autrichiens
montrent une grande.réserve au sujet de
1,'éiection dé l'archiduc Maximilien comme
empereur duMexique. La Presse est le seul
journal de Vienne qui parle de cette élec
tion à laquelle elle est peu favorable:» Elle
exprime la crainte assez mal fondée, que-
l'acceptation du prince ne mette l'Autri
che dans la dépendance de la France. ,.
Les feuilles de Madrid, ainsi que nous
l'avons dit, fle sont qu'imparfaitement sa
tisfaites. La nomination d'un infant leur
sémbîait indiquée par les anciennes tradi-
tions, et quelques-unes d'entre elles consi
dèrent presque le vote des notables de
Mexico comme une seconde dépossession.
Ce qui les préoccupe surtout, c'est le rôle
considérable que la France peut jouer en
Amérique. L&Pzteblo déplore déjà la substi
tution au Mexique de l'influence française
à l'influence espagnole, et il prévoit le jour
où notre prépondérance s'exercera d'une
manière funeste pour les intérêts de l'Eu
rope et particulièrement de l'Espagne.
On conviendra que,si nous devons sup
planter l'Espagne dans l'influence quede
exerçait au Mexique, ce n'est guère la pei
ne de tant se plaindre ; les conflits surve
nus dans ces dernières années sont là pour
attester de quelle sorte s de prestige jouis
sait le nom espagnol.
La Epoca juge plus sainement les cho
ses. Tout en- regrettant qiie la candidature
d'un prince espagnol n'ait pas eu les pré
férences du Mexique, ellef ait remarquer que"
l'Espagne n'ayant pas contribué par l'appui,
de ses armes à la restauration de l'or
dre et restant jùsqu'à un certain point
candidature neutre, c'est-à-dire ni fran
çaise, ni anglaise, ni espagnole, doit sem
bler acceptable, « La disparition, dit-elle,
» de la forme républicaine est déjà un
» progrès. La .résurrection de l'empire là
» ou la tradition et l'histoire lui assignent
» une place éminente dans l'ordre, social
» et politique,est Considérée par nous com-
» me un autre progrès qui garantit les in-
» térêts européens dans cette région agi-
» tée. » '
Ces idées semblent être celles du cabinet
espagnol, car une dépêche de Madrid nous
annonce que, d'après un bruit générale
ment répandu, le conseil des ministres au
rait approuvé le nouveau.régime piolitique
voté à Mexico, et qu'il en aurait instruit
le représentant de la reine Isabelle à Paris.
Tout se prépare à Francfort pour la réu
nion des souverains qui doit avoir lieu le
16. Divers organes semi-officieux de Vien
ne publient à la date du -10 la communi
cation suivante : « On croit que la confé
rence des princes sera terminée au 20
août, car on ne fera que soumettre aux
princes réunis le programme autrichien et
on leur demandera leur avis d'une manière
générale. Un examen plus,approfondi des
opinions, n'aurait lieu que plus tard, c'est-
à-dire dans un second Congrès, et ce ne se
rait qu'àcette époque que l'on prendrait des
résolutions définitives. On assure que la
ferme volonté de l'empereur est que toute
l'œuvre ne soit accomplie que par les prin
ces seuls, et il paraît convenu que les sou
verains ne seront pas accompagnés de leurs
ministres au Congrès, »
étrangère à tout ce qui se fait pour
Saint-Nazarre, 13 août.
La Floride paquebot de la Compagnie géné-
didature du prince autrichien comme 1 raie transatian ique, portant les malles du
organiser un gouvernement fort, la can-
D'après une correspondance de Franc
fort, l'empereur d'Autriche fera son entrée
dans cette, ville avec une grande pompe ; il
y restera trois à quatre jours et donne
ra deux banquets, l'un aux souverains,
l'autre aux autorités de la ville.
. On ne connaît pas encore toutes les ad-'
hésions des princes ; mais la Correspon
dance générale assure que, parmi les nom
breuses réponses des princes allemands
parvenues à l'empereur jusqu'au 40, il
ne s'en trouvait pas une seule qui con
tînt un refus. A cette date, la réponse de
la Prusse n'était pas encore arrivée; mais :
le silence gardé par cette puissance, et
surtout la note circulaire de M. de Bis
mark, fesaient pressentir que le roi Guil
laume ne se rendrait pas à l'invitation.
Quelles seront les conséquences de son abs
tention ? Suffira-t-elle pour entraver l'œu
vre entreprise par François-Joseph? « Dès
aujourd'hui, s'écrie le journal de Mayen-
ce, la vieille Diète de Francfort est mise en
disponibilité; d'aujourd'hui date la re
naissance de l'Allemagne. »
Toutes les feuilles d'outre-Rhin ne par
tagent pas cet enthousiasme ; certaines
voient avec défiance l'initiative prise par
l'Autriche, ; d'autres déclarent la réunion
des souverains impuissante à doter l'Al
lemagne d'une organisation vraiment li
bérale. Parmi les journaux anglais, le
Times applaudit au projet de l'empereur
d* Autriche, tout en signalant les difficultés
qu'il doit rencontrer : « Si François-Joseph
arrive, dit-il, à surmonter la résistance de
ses adversaires et à vaincre l'apathie de ses
conseillers, il pourra à la fin accomplir une
belle et bonne œuvre. »
JOSCIÈBES.
Mexique du 17 juillet et celles de Cuba et des
Antilies, mouille à l'instant sur rade, après
une magnifique traversée et avec de nombreux
passagers.
Acapulco, 20 juillet
(voie de San-FrïtfVf.isco).
Dix mille hommes de troupes françaises sont
attendus ici du golfe du Mexique. Elles sont
-destinées aux divers ports mexicains du Pa
cifique.
New-York, 1 er août, soir.
Les avis du théâtre de la guerre ne signalent
aucun fait important; ■
Le siège du fort Wagner marche lentement.
Les fédéraux sont à 250 yards, des batteries en
nemies.
New-York, 1 er août au soir
(parZe Nova-Scotia),
Le colonel Gilmore a abandonné le siège du
fort Wagner, son artillerie restant impuissan
te contre le sable avec lequel le fort est bâti.
Le commandant fédéral espère être plus heu
reux contre le fort Sumter.
Change, 141 à' 142. Agio sur l'or, 28.
Vienne, 13 août. -
Le grand-duc de MecklenboUrg -Schwerin a
accepté l'invitation de l'eûipereur d'Autriche
pour le congrès de Francfort.
Le roi de Hollande a accepté également l'in
vitation ; il se fera représenter à la réunion
par le prince Henry , mais il se propose de com
plimenter personnellement plus tard l'empe
reur à Francfort.
L'Ost-Deutsche-Post public les nouvelles sui
vantes en date de Gastein, 12 août :
« Des discussions très vives ont eu lieu dans
les ■appartemens du roi de Prusse entre le roi,
le prince royal et M. de Bismark. On" parle de
la sortie éventuelle de la Prusse de la Confé
dération germanique. Le prince royal part au
jourd'hui. Le roi partira .samedi. »
Vienne, 43 août.
La Gazette autrichienne annonce qu'en Pod-
lachie et dans le palatinat' de Ltiblin, il y a
actuellement onze détachëmens d'insurgés
polonais.
Le détachement d'Eminowicz a battu les
Russes, près de Chelm.
Constantinople, 12 août. V
Les observations du gouvernement
sont arrivées *
points. '
Le palais du vieux sérail a été
ment détruit par les flammes.
' Madrid, 12 août.
Le bruit court que le conseil des ministres
approuve la nouvelle organisation du Mexique.
Des instructions auraient été envoyées dans ce
sens à l'ambassadeur d'Espagne à Paris.
On dit.que M. Pacheco sera envoyé comme
ambassadeur à Paris, et M. Gonzalez Bravo à
Londres.
' DN NUMÉRO m c
Les abônnemens datent
de chaque moi
a;
2fes âNH &StiïS ibttt refîtes chez M. P anis , rue Notre-Dame-ûes -Victoires.
■ ~ " (Place de la Bour^
tence, car l'avenir appartient aux Slaves dont
le czar est le représentant. »
Turin, 13 août,
f Le Danemark a établi à Turin une légatioé
permanente. M. Ros&nkrantz, nommé cliarg
d'affaires danois près du roi d'Italie, a présen
té hier à S. M. ses lettres de créance.
, Jïmpruni italien, 72.10. (iïavas-Bullier.)
t&a
COURS DE LA BOURSE.
COUBS DE CLOTliBE, 10 12 le 13 HAUSSE. BAISSE.
67.50 67.50 'm » » »
67.40 67.50 » 10 » »
96.50 96.30 » » »
96 4o x 96.45 » » » »
3 0/0aucompt.
—Fin du mois.
4;l/2aucompt.
—Fin du mois.
La revue de la garde nationale et de
l'armée, que l'Empereur devait passer le
14 août, vient d'être contremandée par Sa
Majesté, à cause de la chaleur et dans
l'intérêt de la santé des troupes.
(Moniteur.)
imiiiiiiirniiiiiMi .
Demain 14 août, bal intime au palais de
Saint-Cloud.'Il y aura un feu d'artifice au
quel assistera le Prince Impérial.
Le 15, l'Empereur viendra au palais des
Tuileries. Sa Majesté entendra , la messe
dans la chapelle du palais, et recevra les
officiers de sa maison. -,
L'Empereur partira le 17 pour le camp,
de Châtons.
Le départ de Sa Majesté pour Biarritz
paraît fixé aux premiers jours de
tembre.
sep-
„ serbe
Les divergences portent sur trois
complète-
On assure que la Gazette publiera demain le
décret da.dissolution des Cortès.
Madrid, 13 août. .
La Gazette publie le décret royal qui pronon
ce la dissolution des Chambres et ordonné de
nouvelles élections. La réunion des Chambres
nouvelles est fixée au 4 novembre.
Le marquis de Miraftores a été légèrement
indisposé. ( Havàs-Bullier.)
TELEGRAPHIE PRIVEE
Londres, 13 août.
Le Morning-Post rappelle la confiance que
tous les partis italiens ont en sir Hudson.U dé
clare que nul Anglais ne connaît l'Italie comme
sir Hudson. et que le rapgel d'un si habile di
plomate, d un homme si utile à son pays, est
une chose honteuse. « Que lord ftussell sache
bien, dit le Post, que personne ne peut rempla
cer convenablement sir Hudson à Turin. »
.Voici les dépêches que nous recevons ce
soir :
Londres, 13 août.
Le bilan hebdomadaire de la banque d'An
gleterre .donne les résultats suivaap»:
Augmentation : réserve des billets, 5G2,630
•liv. st.; encaisse métalHqtrtrç-~f#7ïfl34 liv. st.;
compte du trésor, 177,595 liv. st.
Diminution : comptes particuliers, 212,497
liv. st.; portefeuille, 681,394 liv. st. '
La Seine, venant des Indes-Occidentales, a ap
porté 1,168,560 dollars.
Les hostilités entre les Etats de Guatemala
et Nicaragua, d'une part, et l'Etat de Salvador,
d'autre part, approchent de leur fin, par suite
de la victoire des premiers.
Le Chili et la Bolivie se préparent à se battre
pour la possession des rochers de Mégillones et
du désert d'Atacanii. "
Posen, 13 août.
Le Deutsche-Zeitung annonce que,le mois pro
chain, les quatre corps de l'armée stationnés
dans le grand-duché de Posen seront placés
sous les ordres d'un commandant général.
Le général Werder a quitté Posen, se rendant
à Kœnigsberg.
Vienne, 13 août. •
La Presse annonce qu'on a répandu en Polo
gne en très grande quantité un appel des pa
triotes russes aux Polonais en date de Moscou
29 juillet, qui invite les Polonais à terminer
une lutte fratricide.
« L'intervention, est-il dit dans cette pièce, -
n'est qu'un mirage trompeur, destiné à en
traver la mission des Slaves. La Russie affran
chira tous les Slaves; les puissances n'agiront
jamais. Pour réparer le tort du partage, il.faut .
que la Pologne, à laqfielle on donnerait une
existence séparée, s'allie étroitement et sincè
rement à la Russie. »
La proclamation se termine en invitant cha
leureusement les Polonais à se rendre à ses con
seils. « Ils assureront ainsi, dit-elle, leur exis-
La loi de conscription est désormais
" dans les Etats du Nord làtgrande préoccu
pation du jour. Ce n'est plus qu'avec une
indifférente, dont nous avons quelque
peine à nous rendre compte en Europe,,
mais qui nonobstant .ne.fait que s'accroî
tre à Boston comme à New-York, comme à
Philadelphie, que des populations évidem
ment découragées reçoivent chaque nou
velle du théâtre de fa guerre, qu'elle soit
favorable ou non à la cause du Nord,
qu'elle vienne de l'île Morris ou de Char-
leston,ou de la vallée de la Shenendoah.
C'est qu'avec l'esprit utilitaire,pratique,
avant tout, des Américains, quand on a
cessé d'espérer le rétablissement d'une
paix: durable de la continuation des hosti
lités, le&susceptibilités militaires sont vite*
mises de^côté.Tout au contraire chacun ne
s'inquiète plus que de savoir si le gouver
nement de Washington voudra résister
quand même au nouveau courant de l'o
pinion, ét jusqu'à quel point,'Jilors, il est
résolu h suppléer par une application in
flexible de laloi de conscriptionauj: moyens,
de se procurer d«s soldats qui lui avaient
jusqu'à présent suffi pour continuer la
guerre, mais ?qui maintenant lui font de
plus en plus défaut. Car il faut bien recon
naître que le'succôs, qui n'est rien »moins
que certain, de cette loi si contraire à tous
les précédens des races anglo-saxonnes,
ï>eut geul rendre des ahaaaes .aux*aspéran-
ces'du parti de la guerre, dont d'isolément
chaque jeur croissant, n'abat toutefois pas
la confiance.'
•Les belliqueux, en effet, sentent que,
contre l'esprit public qui les abandonne, il
leur reste une dernière carte à jouer, la
conscription, et que, pour peu qu'ils la
gagnent, rien n'est encore perdu pour eux.
Aussi les partisans" de la paix, auxquels
n'échappé nullement la r gravité de l'é
preuve, ne parlent-ils de leur côté que des
résistances sans nombre, des obstacles de
toutes sortes qu'une telle loi devra surmon
ter avant-d'avoir donné ses premiers soldats,
aux armées fédérales. A en croire les pa
cifiques,, la loi de conscription serait loin
Ravoir fini de passer par toutes les péri
péties qu'ils lui prédisent, avant que le
pouvoir exécutif de Washington n'ait à
compter avec l'esprit-nouveau des derniers
élus du pays.
Pour le moment, du moins, les scrupu
les des légistes semblent vouloir s'ajouter
aux i violences des émftitiers ; et dès qu'il
s'agit de gagner du temps, un seul lé
giste peut valoir plus d'une émeute. En ef
fet, pendant que l'on se battait dans les
rues de New-York, il paraît que le juge
municipal de /cette ville a déclaré la loi
Tde conscription inconstitutionnelle, et
que, l'ordre une fois rétabli,le gouverneur
de l'Etat a déclaré r à~son tour, qu'il ne se
rait pastpassé outre, avant que la question
de constitutionnalité n'eût été résolue.Des
déclarations de même natifte auraient égale-
ment eu lieu dans le New-Jersey, et même
le gouverneur de ce dernier Etat aurait pris
"en main plus résolument encore que M.
Eoratio Seymour la cause de la résistance
légale. La loi de conscription peut donc
être prochainement portée devant la cour
suprême des Etats-Unis, dent l'.une des pre
mières attributions est de juger de tout
conflit entre les" pouvoirs fédéraux et les
pouvoirs d'Etat.
Le dernier courrier d'Amérique nous ap
prendrait, il est vrai, s'il faut en croire une
première dépêche télégraphique , que le
gouvernement fédéral s'est déeidé à impo
ser de, vive force la conscription à New-
York.'Le New-York Times assigne même
le 3 août comme jour de la reprise des
opérations. Cette nouvelle , en se confir-
jjjant na serait nullement l'infirmation
nécessaire de nos premiers renseignemens
Pour qu'il y. ait conflit constaté, il peut
falloir qu'il y ait commencement de la re
prise des opérations et d'emploi de la for
ce. Mais nous doutons tort que, s'il se pré
sente réellement de sérieuses protestations
• judiciaires, le président Lincoln essaye d'é
chapper à cette nouvelle phase de la ques
tion. Décliner l'autorité de Iacour suprême
serait une sorte de coup d'Etat; ce serait
au moins mettre du côté de ses adversaires
toutes les apparences du droit. Il, est, du
reste, assez probable que le président des
Etats du Nord a de fort bonnes raisons
de ne pas trop redouter le verdict de la cour
, suprêree, car lajsection 2 de l'article 2 de la
constitution dit que c'est le président qui
nomme les membresrde* cette cour con
formément à l'àvis du Sénat, tandis que
la section 2 de l'article 3 ajouté qu'ils
sont nommés potir tout le temps qu'ils se
conduisent bien ( during good behaviour), en
d'autres termes, pour tout le temps que
celui qui a le droit de les changer n'a pas
cessé-de pouvoir compter sur eux. A coup
•
ceux qui ne s'y rendront pas d'eux-mêmes,
on s'exposera sans doute à rencontrer
chez plusieurs d'entr'elles assez peu de
zèle. Mais, ce qui est plus grave, on s'ex
posera certainement à armer les uns con
tre les autres les citoyens d'un même
Etat. Car là où "les cas d'insoumissio,
seront nombreux, les résistances ne
raient-guères rester individuelles: elle:
vientireBt--c®lèe
soumis, auront à combattre des bandeV
réfractaires. Ce serait fermer lesyeux,que
ne pas voir combien de telles luttes peuven'
aisément devenir un danger des plus sé
rieux pour la paix publique.
Si c'est l'armée, au contraire, qui est
chargée d'aller chercher* elle-même ses
nouveaux membres, ou même pour peu
qu'elle soit trop souvent forcée de prêter
main - forte aux milices, on peut pré
voir que l'armée pour assez longtemps
verra son effectif devant l'ennemi dimi
nuer plutôt qu'augmenter, singulier- ré
sultat d'une loi qui devait remplir si vite
tous les vides faits dans les cadres; ''
Le président Lincoln peut incontestable
ment se féliciter de récens succès mili
taires d'une grande importance. Maison
voit qu'en revanche les difficultés du de
dans font une ombre assez noire. au ta
bleau; et qu'en ce qui regarde plus par
ticulièrement la loi de conscription, il est
encore difficile de dire si cette loi doit per
mettre aux armées fédérales de poursuivre
et de compléter leurs victoires,; ou si elle
n'est pas, tout au contraire, destinée à por
ter au comble les embarras de l'intérieur.
Louis Ç ou H jke.
On écrit de Pékin, 1 er j uin
es provinces méridionales
t v vai wuai n. tuup
sûr dans'des circonstances^ussi difficiles
que celles que traverse l'Union^e président
Lincoln sait parfaitement à quoi s'en tenir
sur les opinions judiciaires ou autres des
membres de la haute cour.
Mais l'arrêt le plus favorable n'en en
traine pas moins un délai, et toute perte
de temps est un sujet d'inquiétude*, peut
devenir un péril pour le parti de la*guerre
quLne'retrouverapoint le 4 décembre pro
chain, à Washington, le Congrès qui pen
dant deux ans-ne lui a refusé nisdollars, ni
soldats, ni. lois d'exception. Laplusigran-
de crainte aussi du 'président Lincoln
est probablement de ne pouvoir achever
la réorganisation de ses armées, avant
d'avoir à se présenter devant le nouveau
Congrès, où il sait que le parti de la paix
comptera de nombreux défenseurs. Car il
n'ignore pas davantage que tant de chan
"gemens survenus dans l'opinioiCsont de
nature à leur donner plus de conna'nce en
eux-mêmes,plus d'autorité sur lesautres; et
que, d'un autre côté,malgré touteJagravité
des déplorables désordres qui ont ensan
glanté les rues de New-York, -et porté le
trouble dans tant d'autres villes impor
tantes, la loi de conscription est loin d'a
voir passé par l'épreuve la plus difficile
qu'on lui puisse prédire.
On peut raisonnablement espérer que
telle décision de la cour suprême de justi
ce, si cette haute autorité doit être invo
quée, suffirait seule à éviter pour l'avenir
le retour de désordres semblables; car,
suivant toute probabilité, elle suffirait à
assurer le concours de tous les pouvoirs
d'Etat, habitués à s'incliner devant les ar
rêts del îï.cour souveraine en ces sortes de
questions.^En tout cas, ceux qui sont in té*
ressés à ce que de tels scandales ne se re
nouvellent pas," sont maintenant avertis.
Mais la véritable épreuve, l'épreuve dé
cisive, commencera pour la loi de cons
cription le jour même où le pouvoir fédé
ral s'applaudira de ses gucces, quand il au
ra réussi à faire désigner par le sort les
trois cent mille nouveaux soldats qui doi
vent continuer la guerre dont personne ne
veut plus. Qui peut répondre, en effet, que
chacun alors se soumettra volontairement
à.une. loi qui heurte du même coup l'opi
nion du jour et les vieilles traditions? qui
peut répondre qu'en tel Etat du. Nord le
sort ne doive pas faire dix réfractaires pour
un soldat?
Si l'on veut s'en remettre aux milices
d'Etats du soin d'amene.r sous les drapeaux
Tandis que, dans le ^
de l'empire chinois, les taepings continuent,
avec des succès divers, leur lutte contre les
troupes impériales, des mouvemens insurrec
tionnels se propagent dans les districts septen
trionaux, où ils créent au gouvernement de
sérieux embarras ; les informàtions sont rares
en général sur ce qui se passe dans cette par
tie de la Chine, et à ce titre, quelques détails
sur les insurgés qui s'y sont répandus, nçj
manqueront peut-être pas d'intérêt.
Les rebelles du Nord se divisent en deux frac- •
tions distinctes et qui n'ont aucun lien entre
elles, non plus qu'avec les taepings : ce sont
les Paë-Liou-Kiao (secte du nénuphar-blanc>^
qui exercent leurs ravages dans les provinces
du Chang-Tong et du Tchély, et les Hqeï-tze.^
ou mahométans, qui font chaque .jour de'nou-;
veaux progrès dans le Kan-Sou, le Qiau-Si et
leClieu-Si.
La secte du nénuphar blanc existe en Chine
depuis plusieurs siècles. Jamais cependant ils
n'avaient été assez puissans pour donner de
réelles inquiétudes. En 18^0, ils s'emparèrent
de Kouen-Shien, ville située sur la frontière
occidentale du Chang-Tong, et dont ils firent
leur place d'armes. De là, ils se livrèrent à
d'incessantes incursions dans le Tchély, pil
lant et détruisant tout sur leur passage, L§
gouvernement chinois, alors en guerre «vveç
la Franco et l'Angleterre, se préoccupa peu de
cp. soulèvement, trompé qu'il était d'ailleurs
par les rapports du mandarin de Kouen-Shien,
vendu lui-même aux rebelles.
L'audace de ces derniers s'en accrut ; leur
nombre augmenta; tous les bandits du pays,
attirés par l'appât du butin, 1
joindre et ils s'avancèrent
vinrent lés r^-.
.jusque dans. îejj
murs de Hotien-Fou, à cinquante Ueues "d§
Pékin, sans rencontrer de résistance, thi caru
men ça enfin à comprendre le danger. Le gé -v
néral Chen-Pao fut envoyé Gontre eux à la tête
de quelques troupes régulières, devant les^
quelles ils se retirèrent ; mais, mollement
poursuivis, ils ne tardèrent pas à reparaîtrci,.
et, cette fois, en force considérable- Leur, trou-j
pe, composée en grandq partie de cavader.i*i
envahit de nouveau le Tchély, dévastant
campagnes, mais iaissant. de côté-les villes
quelque résistance était â craindre.
Au commencement de cette année, le gou*
'.T'neur général de la province, chargé de ré-
mer la rébellion à la tôte d'un corr
les
où
ver
primer i çucjiwh a la tete d'un corps d'ar
mée peu aguerri, fut battu, et son successeur,
le surintendant des trois ports du Nord, appe
la à son aide un détachement indigène formé
à Takon par le capitaine anglais Coney. A ce
moment, Tien-Tsin paraissant menacé, le con
sul d'Angleterre dans cette ville voulut s'a-
^ T *
dans cette ville
vancer, à la tôte de quelques hommes
rencontre des rebelles; il dut bientôt se retire^
assez grièvement blessé, Cependant la. ncmveK
le de cette apparente intervention des
pôens suffit — 5 —
... , T _,„ ^ Euro-:
pour déterminer les Pa8-l ' i0U _
à la retraite, L.e capitaine Conoy chercha,
à leur couper la route du Chang-^ 0 ng ; mius,
— 1 - "parles înann»"'— -*■
lviao
mal secondé
. manda-'„ ' \ 6
de cavalerie, il vient ch. 1 ^™^uant
sans
sait.
avoir atteint
r «rerà TiSin
rudUat
Feuilleton du Constitutionnel, 14 août.
EN PROVINCE
Ce soulèvement «'a aucun caractère
IX.
Arrivée à ce point d'un récit que Saint-
"Waudrille s'était bien gardé d'interrom
pre, Mme Delaunay appuya sa tête dans
sa main, et s'arrêta un instant, comme ac
cablée sous le poids des souvenirs qu'elle
menait d'évoquer.
r— Courage!, lui dit Philippe non moins
étou qu'elle-même, de tellss douleurs se
consolent en se racontant, et vous savez si
vos paroles tombent dans un cœur ami.
— Ce que je vais maintenant vous dire,
continua Mme Delaunay, est le plus triste
.■de tout.'C'est l'atonie dans le désespoir;
«'est le calme dans le malheur, désormais
sûr de lui-même. Ces choses-là ne se ra
content point : un seul mot suffit à les in
diquer ; l'âme de l'autre comprend et
achève!
Je restai à ma fenêtre, immobile et trem
blante tant que m'arriva le bruit sans ces
se diminuant, et de plus en plus lointain,
de là voiture qui l'emportait. Quand je
n'entendis plus rien, je crus perdre Hé-
rald pour la seconde fois, et il me sembla
— que ma pauvre mère me pardonne cet
égoïsme de ma douleur! — il me sem
bla que j'étais seule au monde. Je me
rejetai dans mon lit et je cachai ma tête
pour étouffer mes sanglots, qui éclataient
malgré'moi. Enfin, mes larmes coulèrent,
les premières larmes amères que- j'eusse
encore versées! Plus tard, à l'heure accou
tumée, lorsque ma mère entra chffî moi,
j'avais déjà baigné d'eau fraîche mes joues,
mon front et mes yeux ; elle ne vit rien,
ou ne voulut rien voir. Cette âme chè
re et tendre, la plus douce créature
que Dieu ait jamais faite à l'image de
sa-bonté, ne cessa de me montrer l'affec
tion la plus ingénieuse, la plus délicate
et la plus attentive. Comme elle eût voulu
prendre ma part de douleurs, et avec quel
courage elle l'aurait portée ! Mais Dieirne
permet pas ces dévoûmens des mères, in
finis comme leur amour, parce qu'il faut
qu'ici bas chacun ait sou lot de malheur,
et verse sa mesure de larmes ! Mme Back-
mann, soit qu'elle fût touchée de ma tris
tesse, soit que M. de Fersen eût fait de
vant ello quelque discrète allusion à nos
sentimens, vint chez nous de bonne heure
et ne me quitta guère pendant cette pre
mière journée, et, jusqu'à son départ du
Groisic, elle m'entoura do ses soins et de
sa présence avec une sollicitude qui ne se
démentit jamais. Elle prenait plaisir à me
parler des Fersen, de l'illustration de leur
race antique, et de la haute position qu'ils
occupaient dans leur pays. Tout cela m'in
téressait sans doute; mais un seul mot
m'eût touchée et réjouie bien davantage...
« Il vous aime : il vous aime et il revien
dra ; » Voilà ce qu'il eût fallu me dire, et
ce que personne ne me disait.
Bientôt, cependant, les vents d'hiver
glacèrent l'Océan et chassèrent, comme
des oiseaux frileux, le§ derniers baigneurs
du Croisic. Pour moi, je ne haïssais pas
cette bise aiguë du Nord, elle avait_passé
sur les vagues delà Baltique qui portaient
son vaisseau ; elle avait effleuré les grands
sapins qui versaient leur ombre sur le
château de ses pères*. Je m'attardai? donc
après tout le monde, et j'usais de mille ru?
S8 "s pour retenir eneoife ma mère.
Uti soir, pourtant, e ]le m'annonça çjuo '
politi-
nous par) irions le surlendemain, et elle
me le dit me une telle fermeté que toute
résistance me parut inutile.
J'employai cette dernière journée à faire
le pèlerinage de mon amour, e,t à revoir
l'un après l'autre,—seule, hélas !—tous les
sites queuous avions parcourus ensemble.
Qu'ils m'avaient alors .paru charmans,
' qu'ils me semblaient à présent tristes et
désolés ! Comme je compris que c'est no
tre cœur qui fait la nature belle, et non
pas la nature qui fait notre cœur joyeux.
Je recueillis avidement tous mes souve
nirs, et quand j'eus l'âme remplie de ces
invisibles reliques de mon passé, je-quit-
tai le Croisic avec un déchirement d'âme
que je ne saurais vous rendre.
X.
Nous revînmes à Coutances. Je n'ai rien
à vous dire de cette ville ; vous la connais
sez. Avant d'avoir rencontré M. de Fersen,
elle ne me paraissait qu'ennuyeuse. Après
l'avoir perdu, je la trouvai insupportable.
Que je regrettai alors de ne pas être hom
me ; que je maudis cette résignation qui
me condamnait à l'attente, quant j'avais
un si ardent besoin d'agir ! Il n'y a au
monde que les femmes pour subir dans
toute leur horreur ces implacables sup
plices,
L'hiver s'écoijîa avec une lenteur déses -r
pérante ; pas une fois je ne reçus de nou
velles de l'absent. J'essayaideme consoler,
en songeant que, dans cette saison, la Bal
tique est couverte de glaces, et les commu
nications avec la Suède lentes et difficiles.
Je mettais tous mes soins à me tromper
pour l'excuser mieux': j'étais si malheu
reuse quand je le croyais coupable!
1 fi|a mère voulut me menep dans le mon-
eje qu'elle ayait toujours paru craindre.
On efût dit maintenant qu'elle espérait f
en,lui. Espérance vaine ! L'annonce d'un
bal, qui fait battre tant de-jeunes cœurs,
me laissait dans mon incurable apathie. Je
fis si bien que nous restâmes chez nous.
J'aimais ma solitude ; un souvenir suffi
sait à la peupler pour moi. Si j'avais pu
seulement parler de lui avec quelqu'un !
—Mais je n'osais pas même prononcer son
nom, et cette abondance douloureuse de
sentimens qu'il m'était impossible d'épam
cher, retombait comme un poids sur mon
cœur. Tous les griefs-que j'avais pu avoir
contre lui s'effaçaient dans la distance; je
ne voyais plus que ses qualités; je me re-
. prochais mes duretés clans notre dernier
entretien; à présent c'était moi qui devais
avoir besoin de pardon !
Enfin l'hiver s'acheva, et le printemps
ramena la joie pour tout co qui respire, et
ranima l'espérance dans le cœur des rnaU
heureux. « 11 va venir! » me chantaient les
buissons en fleurs. Les premières glaces
étaient déjà rompues et flottantes dans les
.fjords de la Baltique; rien ne pouvait plus
le retenir ! . ,
Hélas! il ne vint point. Nous étions en
juin : il était parti depuis septembre... et
'depuis septembre j'étais sans nouvelles.
-N'est-ce pas, dis-je à ma' mère, que
nous retournerons au Croisic ?
— Ma pauvre enfant, nous irons où tu
voudras; au Croisic, si tu veux; mais,
crois-tu donc y retrouver le bonheur?
Ma mère avait raison : le bonheur n'é
tait plus là ! Je comptais* du rftoins y voir
Mme Baclunann, — le dernier lien qui
me ; rattachât à Hérald ! Cette illusion
m'échappa comma les autres. Le consul
de Nantes était apB&lé aux mêmes fonc
tions dans une ville du Nord. Ces amis j
d'une saison partirent sans nous avoir re- '
vues. Je restai à Coutances. Août et septem
bre m'accablèrent avec leurs chaleurs et
lou es pesans loisirs. Que vous dirai-je ? Un
nouvel hiver passa, suivi d'un nouveau
printemps, efje n'entendis point parler de
M. de Fersen. Après avoir tant espéré, je
n'espérai plus. Je fus certaine désormais
que Hérald m'avait oublié, ou du' moins
qu'il n'avait'* pas eu l'énergie nécessaire
pouf lutter contre la volonté paternelle.
Je lui pardonnai, en lui envoyant du fond
du cœur ce long et douloureux adieu que
noûs disons à nos .morts bien aimés, et
mon âme porta son deuil.
Cependant j'allais prendre mes vingt
ans, et ma sauvagerie n'avait pas éloigné
de moi tou-t le monde. Deux ou trois jeu
nes hommes voulaient bien me faire l'hon
neur de penser à demander ma main, Je
les refusai sans me condamner à l'onnui
de présentations 'que jq gavais d'avance,
inutiles,
-tour du cou.
Vous »e mourrez pas ! qua
deviendrais-je sans vous?
Elle earegsa mes cheve
maigres !
' -rr Pauvre fille ! il ne i- uuuo.pas
sible de te rendre raisonnable! 'voyons,
Mademoiselle, promettez*moi d'easfiyer et
re de peine à vQb-fâ-n.iïi'a i
>yais
mis tout ce
toutefois à ne
veux avec ses doigts.
*'est donc.pag
Ma mère me blâma doucement ; elle me
dit que, jusqu'ici, elle m'avait laissé faire
vy\ r\ i 11 ^ I «-• ^ * ' -
faire
avec une indulgence voisine
mais que l'âge venait,, que.
assez sacrifié aux illusions 'de le
jeunesse et aux follça chimères des pre-
mîAiv.c c'était l'heure,à présent,'
. avenir et d'envisager la vie
telle qu'elle est, en face et froidement. Le
mot d'ordre que Dieu nous, donne, c'est.
devoir et non plaisir-,
mes volonté ,
de l;t faiblesse
j'avais
jeunes
iïUèj-os
de songer à l'i
Je sentais qu'ellehvaitraison, et,no (pou
vant r-ien à lui répondre, je me contentai
de pleurer, Une fois encore, elle se trouva
faible devant mes larmes.
— C'est affreux, ce que tu'fais là, dit-elle
en m'embrassant ; tu veux - donc
meure de chagrin, ou que
complice de ta folie ? Songe.
<ï"e je
je me rende
cependant,
l'amertume de mes derniers jours, si quand
Dieu m&rappelleraà lui-,—et je sens que ce
sera bientôt, — =- * < -
que
je te laisse" seule en ce
monde,"sans protecteur et sans ami.
—-. Oh ! mère, que parlez -vous de mou-
? m'écriai-|e-, en lui Jetant mes bra.S «W--
rn
7 ^ vnuwti
do ne plus faire de peine ù VQVyoinère !
Je là voyais si malheureuse que je pro-.
qu'elle voulut, bien résolue
3 l'aire que ce que je voudrais,
XI.
A quelque temps de là, nous reciw-iM#.-,
une lettre dont la vue seule arrêta ^sang-
dans mes veines : elle portait le timbre da,
la poste de Lubeck et l'adresserait de la
main de notre amie, Mme Backmann. Je
compris tout de suite qu'elle contenait
..dans ses plis le.secret de ma destinée.
Sans avoir la force de prononcer une pa
role, je la tendis à ma mère, qui l'ouvrit
d'une main tremblante, la parcourut ra
pidement des yeux et devint tout à
si- pâle que j'en fus effrayée:
—r Qu'est-ce ? qu'est-ce donc, mère? "ai
me fais peur!
— As-tu du courage, ma p/iuvro enfant'?
—- A^sspz pour regarder kl mort en fac-
maïs pas assez pour attendre,
longtemps que j'attends !
■ — Eh bien, donc ! prends, lis et pleure !
Après quelques phrases obligeantes, où
elle s'excusait-d'être partie do France sans,
avoir pris congé de nous, Mme Backœânn
nous disait qu'elle arrivait do Suède. Le
comte de Forsen l'avait chargée de nous
présenter ses hommages. Quant à Iiérald,
c'était un de v ses regrets de ne l'avoir pas
vu ; il était en c&jmomènt dans le Nord,
près tlo sa fiancée, disait-on. Son père an
nonçait partout/que ce4ils longtemps re-
belle avait enfin cédé à .ses instances," et
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