Titre : Le Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1863-08-13
Contributeur : Véron, Louis (1798-1867). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 août 1863 13 août 1863
Description : 1863/08/13 (Numéro 225). 1863/08/13 (Numéro 225).
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
48* ANNEE.—N. 223,
BUREAUX À PARIS : rue de Valois (Palais-Royal), 11. I0«
ABp^èkjfcïjs;DJ^ DÉPARTEMENS
Uo ê -lin - '
16 FR;
tfeiSï^:. .yt\ .7, 32 FBÎ
ÏÏïfer.K'.î 64 FR;
t MOB. ILES PAYS'ÉTBANQEBS, TOll 16 tableau
publié les s et 20 deï-chaque mois.
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B JEUDI 15 AOUT 1865.
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SIX MOIS.7 ......;.ï 26 'MÛ .
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(Place de la Bourse).
. • •• ' . • ' ■ % ' : .
PARIS, 12 AOUT,
I/article du Times sur les affaires du
Mexique,dont nous avons euJ'analyse hier
par le télégraphe, offre l'raiantillon le
plus curieux des contradictions auxquel
les se copnplaît ce journal. Le Times approu-
ve-t-il finalement ou désapprouve-t-il ce
qui s'est passé à Mexico? Il nous est im
possible de le décider, tant il tient la ba
lance égale entre la louange et le blâme. "
Il déclare d'abord que le Mexique, avant
l'expédition, se trouvait dans la situation
la plus déplorable et qu'on ne peut imagi
ner, ce sont ses expressions, « plus d'anar
chie, plus de corruption, plus de cruauté
que ce qui existait à cette époque. » Et
après ce tableau trop véridique, il se de
mande sérieusement si le nouveau ré
gime proclamé à Mexico pourra amé
liorer les conditions du peuple mexi
cain et le rattacher étroitement à la
grande famille des nations civilisées. Le
Times se dit tout prêt à protester contre
l'expédition de la France, et il avoue en
môme temps qu'il ne se sent pas la force
delà blâmer,en voyant les heureux résul
tats qu'elle a produits, l'ordre rétabli dans
la capitale et dans toute la contrée située
entre Mexico et Vera-Cruz, la confiance
rendue aux populations et la sécurité au
commerce* Tous ces biens, le Times les ap
précie; mais nous n'approuvons pas, ajou-
te-î-il, « qu'on force, l'épée à la main, les
peuples à être heureux. » Lorsque l'An
gleterre fait une expédition, c'est dans un
autre but ; nous le savons. Toutefois, on
peut objectér au Times que la tranquillité
du Mexique n'intéresse pas seulement les
destinées de ce pays, mais qu'elle importe
à l'Europe et à la sécurité de ses relations
commerciales.
La conclusion dé Particle du journal de
a Cité, c'est que le gouvernement anglais
doit conserver la- position de neutralité
qu'il a prise, et que les" difficultés ulté
rieures rendront de. plus en plus nécessai
res. Le Times pense en effet que, si les
Ariiéricains, engagés dans une lutte fratri
cide, font à peine entendre aujourd'hui
quelques murmures de mécontentement
contre l'intervention française au Mexi
que, les Etats du Nord réuniront plus tard
tous, leurs efforts pour en détruire les
effets.
Ce qu'il y a d'assez étrange, c'est qu'a
près ce triste pronostic, le Times annonce,
d'après un bruit répandu dans les cercles
militaires, que le gouvernement anglais a
résolu, par suite des nouvelles .menaçan
tes, venues des Etats-Unis, d'expédier des
rénfocts aiix troupes qui se trouvent déjà
dans l'Amérique anglaise du Nord.
Si nous avons quelque chose à craindre
un jour de Washington, il paraît que le
danger est immédiat pour les Anglais. Beau
résultât de la neutralité telle qu'ils l'en
tendent!
Kous avions mal interprété hier l'invita
tion adressée par le roi de Prusse au prin
ce royal' de se rendre auprès de lui à Gas-
tein. Si le prince doit recevoir une mis
sion, ce n'est pas celle de représenter Guil
laume I"- au congrès de Francfort. Nous
ne savons si l'on peut dire que la Prusse
brillera par son absence à cette réunion ;
mais il est hors de doute qu'elle n'y pa
raîtra pas. •
Tous les journaux prussiens semblent,
au reste, s'accorder pour approuver la ré
solution du roi. Leur grand grief, c'est que
laPrusse ne doit pas recevoir des invitations,
mais en adresser, et que l'Autriche, en ne
se concertant pas avec elle pour le congrès
de Francfort, paraît la traiter sur le môme
pied que les petites principautés de Lippe-
Detmold et Liclistentein.
Il est clair que l'esprit national en Prus
se a été très'blessé de l'initiative prise par
Feuilleton du Constitutionnel, 13 août.
EN PROVINCE
Vill.
(Suite.)
La veille du départ, nous fîmes tous en
semble une dernière promenade.
— Au retour, soit dessein, soit hasard,
nous nous trouvâmes, lui et moi, un peu
en arrière des autres, et-nous pûmes ainsi
échanger des adieux, qu'une présence
étrangère eût singulièrement contraints,
et goûter cette joie suprême dans sa dou
ceur amère.
• Il faisait une de ces radieuses soirées
dont vous connaissez la beauté, puisque
vous avez habité nos régions de l'ouest. Le
soleil descendait lentement dans la mor,
au milieu d'un cortège de nuages enflam
més.
— Voilà bien les cieux de la Scandina
vie ! s'écria Herald en étendant la main
vers le couchant, avec un geste et un ac
cent enthousiastes. ■
— Des cieux où je ne suis point! répon-
dis-je, mordue au cœur par une secrète et
âpre jalousie.
— Des cfeux que vous verrez bientôt et
oue vous aimerez, répondit-il en pressant
tendrement contre sa poitrine la main que
je tenais appuyée sur son bras.
La mer montait, venant" à nous lente
ment. ' , : • ; \ '■
^ Une de ces petites crevasses qui sillon
nent le rivage à sec quand la fharée est
basse, 'mais qui, lorsque le flot retient, se
l'Autriche et du rôle principal que cette
puissance s'est réservé. Il y aurait donc,
dans toutes les fractions de l'opinion pu
blique, un revirement favorable à la politi
que du roi, si le maintien du ministère
n'entretenait pas les dispositions hostiles.
"Peut-être la présence du prince royal
à Gastein annonce-t-elle de la part de Guil
laume I" l'intention de se séparer de M. de
Bismark. On fait, en effet, la remarque
que, depuis la publication de la correspon
dance entre le roi et le prince royal et la
protestatio» de ce dernier contre l'ordon
nance du 1"juin, c'est la première fois
que le père et le fils se revoient.
La Gazette de Breslau annonce de nom
breux préparatifs militaires en Russie.
« On construit, dit-elle, à Saint - Péters-
bourg, des deux côtés de la Neva, des rem
parts de 50 pieds de haut. 400 canons,
la plupart de construction suédoise, ont
ont été envoyés à Gronstadt pour être pla
cés sur les ouvrages extérieurs. Les navi
res les plus vieux et les plus lourds ont été
coulés à fond au nord de ce port. La plu
part des navires de guerre croisent dans
la Baltique. »
Le consul de Russie à Londres vient de
protester contre les enrôlemens qui se font
dans cette ville au profit des Polonais.
Des poursuites ont été intentées en son nom
contre un jeune homme de vingt et un ans,
prévenu d'avoir enrôlé 250 hommes. Ce
jeune homme a comparu devant le pre
mier magistrat du tribunal de police de
Bow street et maintenu eu état d'arresta
tion. L'affaire doit se plaider au premier
jour. JONCIÈUES.
TELEGRAPHIE PRIVEE
Londres, H août.
Le lieutenant Alfred Ayles, ancien garibal
dien, maintenant agent du gouvernement na
tional polonais à Londres-pour les enrôlemens,
a été arrêté sur la poursuite du consul de Rus
sie, qui a demandé qu'on le punît conformé
ment à la loi qui frappe les enrôleurs pour l'é
tranger. Le consul de Russie a commencé lui-
même les poursuites contre Ayles parce que le
gouvernement anglais n'a -pas encore pris de
décision à cet égard.
Francfort, H août.
L'Europe publie un manifeste que le Sénat
de Francfort fera placarder demain dans la ville
et les environs. H y est dit que l'empereur
d'Autriche a pris une glorieuse et patriotique
initiative, et qu'il a fait honneur à la ville de
Francfort en la choisissant pour le siège des
conférences. Le manifeste se termine ainsi :
« Concitoyens, unissez-vous au Sénat pour
recevoir dignement l'empereur et sa maison,
dont les glorieux souvenirs se rattachent à ceux
de nos ancêtres. Recevons bien aussi les autres
princes et les représentas des villes libres,
réunis ici pour soutenir la cause de la patrie
commune. »
Francfort^ 12 août.
42a députés ont adhéré jusqu'à ce jour au
congrès des délégués des Chambres alleman
des qui doit s'ouvrir la semaine prochaine à
Francfort;
Amsterdam, 12 août.
Le gouvernement néerlandais vient de con
céder l'exploitation de tous les chemins de fer
de l'Etat à une société placée sous le patronage
du Crédit mobilier néerlandais. - '■
Constantinople, 10 août.
Un incendie a complètement détruit le vieux
sérail. Beaucoup d'objets historiques et pré
cieux sont devenus la proie des llammcs.Quel-
ques personnes ont péri.
Plusieurs demandes relatives au rayon de
la forteresse de Belgrade, ainsi qu'à l'évacua
tion du petit Zwarnig, ont été adressées de Ser
bie à Constantinople.
> Turin, H août.
On mande de Bari, le i l :
« Hier, la bande de Crocco, forte de 130 hom
mes, a été attaquée par les troupes. Les bri
gands ont eu quatre morts et plusieurs bles
sés. La môme bande a été encore battue près
de Venosa.
; » Emprunt italien, 71.80. a ( IIavas-HuUiei\)
Voici la dépêche que nous recevons ce
soir :
. Vienne, 12 août.
La Gazette autrichienne , dans un article sur la
question de l'élection de l'archiduc Maximi-
lien, dit :
«L'acceptation ou le refus du trône du Mexi-.
que est jusqu'à présont une affaire personnelle
pour l'archiduc. Le gouvernement autrichien
remplissent rapidement, alors même que le
reste de la plage n'est pas encore inondé,
nous barra tout-à-coup le passage. Il nous
fallut faire iin détour pour l'éviter, et ce
détournous éloigna davantage de ma mère
et des Backmann. Bientôt nous pûmes nous
croire seuls. Cette solitude avec Hérald
ne me déplaisait point.. Cependant, de mi
nute en minute, la'vague, qui gagnait tou
jours, nous poussait vers la côte, et rendait
de plus en plus étroite la lisière extrême
sur laquelle nous marchions. Souvent l'é
cume légère venait franger ma robe, et,
plus d'une fois aussi, pour m'éviter l'at
teinte des crêtes humides et déferlantes,
Hérald fut obligé de m'enlever dans ses
bras. Bientôt je commençai de ressentir je
ne sais quelle inquiétude vague, et je hâtai
le pas pour rejoindre nos amis. Un brusque
escarpement du rivage, s'avançant com
me une sorte de promontoire, que déjà
le flux venait rejoindre, dressa tout à
coup devant nous un obstacle infran
chissable. Au même instant, comme si
ellé eût' été avertie par quelque secret
pressentiment, ma-mère se retourna,
et voyant l'eau qui montait entre nous
deux elle m'appela, en me tendant ses bras
malgré la distance. Mais le chemin était
fermé pour aller à elle. Je voyais le danger
qui grandissait à chaque moment; j'étais
comme folle de terreur: il me semblait
sentir déjà le flot montant jusqu'à mapoi-
t ri n e, j usqu'à ma go r^e, jusqu'à mes lèvres.
Je crus que l'heure de mourir était venue,
et déjà je me laissais aller défaillante sur
l'épaule de mon ami.
Courage, chère Edmée !;me dit-il, en
me montrant un sentier qui serpentait à
travers les rochers et les broussailles, et
paraissait descendre jusqu'à la mer; cou
rage ! nous n'avons rien a craindre.
il lit un signe à ma mère en lui mon
trant les" rochers, et me prenant par ^la
n'a joué aucun rôle dans la question et n'a
pas pris part aux négociations y relatives.
L'Empereur Napoléon, en communiquant di
rectement avec l'archiduc, a aussi parfaitement
maintenu ce point de vue. Les négociations
sont ouvertes seulement entre les deux hauts
personnages, et non entre la France et l'Autri-
i&gJUfeGû&duite de l'Empereur Napoléon a été
ainsi également pleine de courtoisie et de loyau
té. La situation du Mexique pourrait amener
plus tard à des différends avec l'Amérique.
Mais tout. cela reste à l'écart tant que l'affaire
a un caractère personnel et en dehors de la po
litique. C'est à l'archiduc à voir dans sa. sa
gesse et en consultant ses goûts, s'il veut en
trer dans cette affaire , et quelles garanties.il
pourrait obtenir. L'archiduc est un, hommé
trop expérimenté pour accepter l'offre des Mexi
cains avant que le pays soit entièrement sou
mis et avant qu'il se soit prononcé par l'inter
médiaire de représentai librement élus. Tou
te cette affaire est très délicate et difficile et
elle veut être traitée avec prudence et habileté. »
(Uavas-tiuUier.)
COURS DE LA BOURSE.
COCUS DB CLOTCRH. le H le 12 HAUSSE. BAI S SB,
3 0/0aucompt. 67.40 67.50 » 10 » »
—Findumois. 67.45 67.40 » » » 05
41/2âucomçt. 96.40 96";50 » 10 » »
—Findumois. 96. » 96.45 » 45 » »
L'état-major général de la garde natio
nale a fait publier la note suivante :
« L'Empereur, à cause de la chaleur et
dans l'intérêt de la garde nationale et de
l'armée, a contremandé la revue. »
Le Journal des Débats a emprunté à Ja
Gazette de Moscou les principaux passages
d'un article qu'il reproduit «à titre de do
cument curieux.» C'est dans la même pen
sée que nous mettons sous les yeux de nos
lecteurs un extrait de ces confidences du
journal russe. ..
On verra dans pour la Russie d'user ses forces et ses res
sources sans trouver en face d'elle un en
nemi véritable à attaquer. On verra, par
conséquent, combien les idées mises en
avant par le Morning Post portaient juste
et combien d'embarras ruineux pour la
Russie pourraient se produire, sans guerre
ouverte.
Ainsi, "d'après le langage même delà
Gazette de Moscou , le véritable intérêt du
gouvernement russe est de faciliter une
solution qui ferait disparaître des dangers
sans compensation,des dangers incessans.
S'épuiser sans fatiguer ses adversaires,
se trouver en présence d'une Pologne
toujours insurgée et de. l'Europe inquiète
et mécontente, telle serait la situation à
laquelle no pourrait échapper le cabi- .
net de Saint-Pétersbourg , s'il persistait
à ne pas se rendre aux raisons si mo
dérées et si désintéressées qui ont inspiré
dans'leurs démarches la France, l'Au
triche et l'Angleterre. Le temps n'est
plus où le cabinet de Saint-Pétersbourg
pouvait intimider le cabinet de Vien
ne; les dédains et les menaces ne peu-
ventaujourd'hui que blesser une puissance
qui a le sentiment de sa dignité et un jeu
ne empereur qui sait ce qu'il se doit à lui-
même et ce qu'il doit à son peuple.
Les violences de la Gazette de Moscou ne
changeront rien au véritable état des choses.
P. DE TR01M0NTS.
Voici l'extrait de la Gazette de Moscou
« Mais comment donc nos ennemis pen
sent-ils arriver sans gtierre à un résultat qui
serait si humiliant pour nous? Et d'abord,
ils n'ont pas encore perdu entièrement l'espoir
de nous faire peur, en faisant ressortir cette
circonstance, quemême l'Autriche, qui hésitait
pendant la guerre d'Orient et qui, il n' y a pas en
core long-temps, s'était montrée quelque peu en
désaccord avec les puissances occidentales, se
hâte maintenant, dans l'espoir de gagner le3
bonnes grâces de la France et de s'assurer un
appui sûr de l'Angleterre, de proclamer qu'elle
est prête à faire cause commune avec les puis
sances occidentales dans toutes les exigences
dirigées par elles contre nous. Mais si, comme
nous l'espérons, et comme nous en sommes
même convaincus, cela ne suffisait pas pour
nous intimider, nos ennemis ont, dans ce cas,
d'autres moyens encore en réserve, auxquels
main :
— Nous n'avons pas de temps à perdre ;
marchons ! et il m'entraîna. L'abord était rude, et le sentier rom
pu avant-d'atteindre le rivage; la montée
était âpre et dure. Mais, s'il y avait de la
fatigué, il n'y avait plus de danger, et je
laissais faire Hérald , calme 1 , tranquille et
confiante, comme s'il eût été mon frère;
il me tenâit, me guidait, me portait pres
que; et moi j'étais heureuse de tous les
bons offices qu'il me rendait avec-tant de
grâce. .
Nous fûmes bientôt en pleine campa
gne ; mais le sentier ne conduisait pas di
rectement au Croisic : obligé d'éviter un
ressaut très accentué du rivage., il s'attar
dait en maints détours, et circulait à tra
vers des héritages séparés entre eux par
de hautes et fortes clôtures , tout à fait
infranchissables. Cependant la nuit tom
bait rapidement, et les premières étoi
les s'allumaient darls le ciel. Plus d'une
fois nous nous égarâmes , et nous fû
mes obligés de revenir sur nos pas pour
retrouver ' notre route. Je ne me plai
gnais point; au contraire : une joie puis
sante remplissait n^a poitrine, et en me
trouvant ainsi avec lui, loin du monde,
tous deux sous l'œil de Dieu, j'oubliais
que j'allais le perdre! Il avait repris mon
bras , et je sentais chaque battement
de son cœur, qui devenait à chaque
instant plus rapide. Nous marchions assez
vite, presque sans par'.er. Au bout de quel
ques minutes, je me sentis prise d'une fa
tigue qui ressemblait à de l'épuisement;
je n'étais pas capable de faire un pas de
plus. M. de Fersen s'en aperçut et s'arrêta.
Je le regardai; .souffla lumière sereine et
amie des étoiles, il me parut encore plus
poétiquement beau. Ses yeux, dont, une
larme tempérait l'éclat, avaient la douce
lueur du saphir; tout en lui respirait la
: iis se proposent d'avoir recours. Rien, en effet,
de plus facile que d'entretenir constamment
parmi nous la crainte de là guerre, pour nous
engager ainsi à soustraire aux travaux pro
ductifs un nombre de bras toujours croissant,-
et à. épuiser d'avance nos ressources finan
cière? -en préparatifs dé guerre de toute.es-
.pèee^comme des arméniens et dés fortifica
tions ;le tout.en vue d'une guerre dont l'explo
sion pourrait êtredifféréo par eux indéfiniment.
En même temps, et dans le même but, on se
propose de reconnaître aux Polonais, sujets re
belles de notre empereur le titre de partie bel
ligérante, et par cela niême de s'autoriser à leur
fournir des armes, des munitions de guerre et
toute sorte de secours ( ce qui se fait déjà en
partie); d'encourager sous main les particu
liers à faire de telles fournitures, et même d'y
faire servir les ressources de gouvernement.
Avec cela on a en outre en vue de favoriser,
pareillement sous main, la formation et l'ar
mement de corps de volontaires dans des
pays voisins et de leur faciliter l'entrée en Rus
sie, Puis, dans une perspective plus éloignée,
se trouve l'envoi des escadres dans la Baltique
et dans la mer Noire, quoique le traité défen
de l'entrée des navires de guerre dans cette
dernière mer, etc.,*etc.
» Toutefois nos ennomis ne bornent point à
cela leur dessein, qui consiste à nous faire la
guerre sans opérations militaires effectives et
sans supporter eux-mêmes des sacrifices réels.
Ils veulent encore nous frapper dans nos alliés '
naturels et nous aimons à le croire, dévoués,
dans nos coreligionnaires et nos frères de race,
les Serbes. Les correspondances de Constanti
nople adressées au Times donnent clairement à
entendre que le gouvernement anglais se pro
pose de renverser les princes régnans en Serbie
.et en Roumanie, espérant sojilever contre eux
une partie de leurs sujets ; il se propose ensui
te de soutenir les révoltés de tout le poids de
son influence.Porterunçoupà l'un ou àl'autre
de ces princes, cela serait porter un coup à
l'honneur et à "la dignité de la Russie. Or,
non-seulement les puissances occidentales ,
mais l'Autriche elle-même, semblent espère?
pouvoir faire tout cela contre nousimpuné-
- ment. *•
» Dieu veuille que ces dangers ne se réalisent
point et que ces projets se dissipent! Mais si
réellement on trame contre la Russie dépa
reilles intrigues, et si nous ne nous trompons
pas sur le degré de la force actuelle de notre
sentiment national, pourvu seulement qu'on
tienne compte de ce sentiment, la Russie ne
souffrira aucune de ces offenses sanglantes ; elle
ne permettra pas que ses ennemis puissent im
punément se moquer d'elle, qu'ils puissent l'a
larmer sans cesse et l'épuiser sans taire de leur
côté le moindre sacrifice.
» Nous ne nous préparions à aucune guerre,
nous étions exclusivement occupés 'des œuvres
de la paix et de notre organisation intérieure ;
mais les intrigues de nos ennemis nous obli
gent à tirer notre épée, elles nous obligent à ap
peler sous les armes des centaines de milliers
d'hommes et à dépenser des millions en pré
paratifs de guerre. Qu'ils le sachent donc d'a
vance, ils nous le paieront bien cher, «t à-la
première des offenses sanglantes qu'ils mé
ditent contre nous, la Russie saura bien aller
trouver ses ennemis et les forcer-à une lutte
ouverte.'Elle oonnait le côté oit elle pourra at
teindre les puissances occidentales ; sans par
ler déjà de l'Autriche, qui pourra payer de son
existence le jeu dangereux qu'elle veut jouer.
La Russie sait ca qu'elle doit ù ses alliés, et on
quelle monnaie elle doit payer ses ennemis. »
Pondant que l'habitude de mettre au
concours certains emplois publics se ré
pand de plus en plus en France, .les Anglais
paraissent au contraire y renoncer ou cher
chent au moins à en limiter l'application ;
on en jugera par l'article suivant du Times:
« La forme du concours pour la nomination
aux emplois vacans est une des inventions de
notre siècle ; mais il est encore réservé à l'a
venir de découvrir les motifs qui l'ont fait
adopter. A la Chambre des communes, on est
loin d'être d'accord sur son utilité ou sur l'é
tendue qu'il convient de lui donner. M. Hen-
nessey pense que lebut du concours est d'ouvrir'
à tous l'accès aux emplois, de donner à l'intel
ligence et à l'instruction l'occasion de se pro
duire, de récompenser le mérite, d'encourager
le travail et d'apaiser les haines «qu'entretien
nent les distinctions de rang et l'envie que'
font naître les préférences de parti: M. lî. Co-
chrane recule devant la vulgarité du con
cours ; en revanche, il est partisan d'une
bonne et solide épreuve dans la forme d'un
examen officiel, et portant sur des connais
sances pratiques. M. Gladstone, se plaçant
à un point de vue positif, estime que le con
cours est destiné àgarantir les ministres contre
l'importunité des solliciteurs, à empêcher les
services publics de devenir un refuge pour les
incapable?; à forcer les candidats à se préparer j
à aider les chefs de l'administration dans les
choix qu'ils ont à faire, et à leur permettre de ;
résister à la pression qui est exercée sur eux.
«D'après M. Ilenley, le concours dans la
réalité devient une ■affaire d'argent, de prépa
ration habile, et dégénère en une sorte d'en-
tendresse, cette tendresse pure et profon
de à laquelle une femme est heureuse de
confier sa vie.
— Edmée, ma chère Edmée, me dit-il
tout à coup, en m'attirant vers lui, je vais
partir; mais je vous laisse mon cœur, mon
âme, ma vie, tout moi! L'homme est où
est son amour.
— Et la femme aussi! répondis-jo avec
un élan dont je ne fus pas la maîtresse.
Il prit ma main qu'il porta à ses lèvres,
puis il continua :
■ —Je vous aimecommenous savons aimer
dans le Nord, sans restriction et sans ré
serve; acceptez-moi, je me donne à vous ;
repoussez-moi : je me donne encore ; et je
ne me reprendrai jamais... Et vous, chère,
m'aimez-vous vraiment ? Est.-ce ainsi que
vous m'aimez ?
Pour toute réponse, je laissai tomber
ma tête sur sa poitrine.
— Edmée, reprit-il encore, et cette fois
il y avait dans sa voix un accent de' tris
tesse, Edmée, croyez-vous en moi ?
— Comme on Dieu même !
— Avez-vous confiance en votre ami?
Comme en ma mère. .
■t— Chère âme blanche! sois bénie pour
cette parole qui lie nos deux vies! elle
fera ma consolationet.maforce; nîen perds
point lo souvenir; quoi qu'il arrive, que ta
foi ii(3 s'ébranle et ne se trouble jamais ! '
- Je ne compris pas trop ce qu'il enten
dait par-là, mais ces paroles ambiguës me
firent peur, et il me passa un frisson sur les
épaules. ■
« —Je ne sais pas ce que vous voulez di
re, balbutiai-je à demi-voix; mais, en véri
té, nia confiance en vous me semble si
naturelle que vous n'avez point à m'en
remercier; puis j'ajoutai, mais plus bas :
Est-re que vous sentez le besoin de m'é-
prouver, Hérald?
—À'on! liieu m'en est témoin ! mais la
graissement général. Lord Palmerston ne voit
aucun inconvénient à cet engraissement dont
on parle; mais il lui paraît injuste d'encoura
ger toute une armée de rivaux à se préparer à
une lutte d'où il ne doit sortir qu'un vain
queur. Ert outre, il ne faut pas oublier que le
gouvernement est responsable envers l'Etat des
qii'i.1 et il convient de lui
laisser tàute liberté dans le choix des person
nes. Le concours, sans aucune limite ou sans
aucun-frein, supprimerait la responsabilité
ministérielle, ce qui 'SPrait également contrai
re au bien du gouvernement .gtà. celui de la
nation» .
» Aucun de Ces intérêts n'est à de'u5iS™^
En effet, rien n'est plus naturel et ne mérîï5-
plus de bienveillance que le désir de voir un '
fils, un frère, un ami pourvu d'une bonne si
tuation.
"Mais leprincipequi domine toute la question,
c'est la responsabilité du ministre Vis à vis de
lanation. 11 est indispensable qu'il s'entoure et
qu'il peuple son département de bonsemployés.
C'est une nécessité pour lui-même ; car il a sa
place à Templir, son travail à exécuter, lo pu
blic à satisfaire, et il doit veiller â ce que le
service n'aille pas en se détériorant entre ses
mains. Il est encore indispensable pour lui-.
même etpoUrle bien de l'Etat qu'il entretienne
des rapports faciles avec son parti, qu'il reste
en de bons termes avec ses défenseurs , qu'il
justifie la confiance de ses amis, et se montre
reconnaisàànt dé leur appui en faisant honneur
à leurs recommandations. Tout cela est d'une
vérité évidente et ne donne prise à aucune con
testation. U faudrait être dépourvu de tont
jugement ou de toute expérience pour dési
rer que les services publics fussent donnés
au concours, sans aucune restriction. Non-
seulement l'instruction ou l'intelligence ne
sont pas les plus puissans instrumens de
l'homme ici-bas, mais ils ont encore en eux-
mèsiês leur faiblesse propre. Les emplois,
dans presque toutes, les administrations, exi
gent d'autres qualités que celles qui mettent
un écolier en mesure de mériter- de meilleures
notes qUe son camarade.
• » Un employé public doit être actif, prompt,
énergique, capable de concentrer sUi' un point
donné toute son attention et tous ses efforts; il
il faut qu'il soit propre à la fois à servir ou à
commander, qu'il se montre respectueux, so
ciable, digne, considéré, civil, généreux et ho
norable. On est en droit d'exiger de lui qu'il
prenne rang dans le monda, qu'il élève le crédit
du gouvernement et qu'il soutienne sesamiset
ses inférieurs. U ne doit avoir ni mauvaises
façons, ni caractère difficile, ni disgrâces phy
siques. Manque-t-il d'une seule de ces quali
tés, il n'est point apte à faire un bon employé,
et toute son inctruction devient pour ainsi di
re lettre morte.
»' Un jeunehommepeut être un savant ou un
mathématicien, et rien de plus, pas même un
compagnon passable, pas même un domesti
que supportable.
» Pourquoi donc forcer le gouvernement, en
matière de nominations, à suivre dans toute sa
rigueur Un principe qui, appliqué partout ail
leurs, est impossible et ridicule ? Est-ce donc
au concours qu'un mari choisit sa femme et
une femme son mari ? Un maître prend-il d'a
près ce système ses domestiques, voire même
ses commis, ses employés, ses intendans, ses
gardes? Un homme choisit-il ainsi ses amis ?
Est-ce là le mode d'élection des membres du
Parlement 1 ' flans ces cas ou dans tous autres
on tient compte de considérations personnelles
et tout à fait étrangères à celles que le con-r
cours met en relief. Une maîtresse de maison
choisit un valet de pied qui ne sait ni lire
ni écrire, parce qu'il a six pieds et qu'il a
bonne tenue. Un propriétaire choisit un in
tendant qui saura faire payer ses fermiers, et,
le cas échéant, il préférera un fermier solvable
à un savant agriculteur qui no le paiera pas.
Certes, la science est beaucoup, elle est pour
celui qui la possède une preuve de pouvoir et
d'énergie; mais elle ne remplace pas tout, et
c'est pourquoi il faut encore exiger quelque
autre garantie des candidats, même après que
le concours a prononcé. .» -
LE CAMP DE ClL\LOi\S.
On nous écrit du camp de Chàlons, le
11 août :
:« L'Empereur est attendu ici pour le 17 de ce
mois, et, l'on pense que Sa Majesté y restera
jusqu'au'24.
» On ne sait pas encore exactement à quelle
époque aura licù le retour des régimens dans
leurs garnisons respectives; mais les opéra
tions du camp seront terminées, selon toute
probabilité, .pour le 2;i août, et déjà le batail
lon des. tirailleurs algériens a reçu, dit-on,
avis qu'il S3 mettrait en route ce jour-là pour
retourner à Paris.
» Ce matin, à trois heures précises, trois
coups de canon successivement tirés au grand
quartier-général, à des distances rapprochées,
se sont fait entendre, et à ce signal toutes les-
troupes ont été sur pied en un clin-d'œil. Les
colonnes se sontd'abord dirigées vers les bords
de la Suippes, où les hommes, après avoir éta-
i bli leurs petites tentes , se sont installés
: pour, , faire le café, doàblo opération qui s!est
accomplie avec la promptitude habituell#
et après laquelle les manœuvres de guerre ont
immédiatement commencé. Ces manœuvres^
qui avaient attiré un nombre considérable da -
curieux, réveillés, comme les soldats, par les
trois coups de canon du grand quartier-géné
ral, ont été aussi brillantes qu'animées. On a
principalement remarqué le passage derivière
exécuté par tout le corps d'armée avec autant
d'ordre que de célérité, sur des ponts de ba^
teaux construits par le génie.
» Deux autres grandes manœuvres sont an
noncées comme devant être exécutées pendant
la présence de l'Empereur.. Elles auront lieu,
assure-t-on, le 19,e,t le.22 août.
» Après-demain jeudi, il y aura, entre tous
^« corps, un concours définitif pour la gym
nastique,^ course, l'escrime, etc. A la suite
de ce concouï?, Q 11 distribuera les prix accor
dés aux plus méritas, par le maréchal Bara-
gue'y d'Hilliers. Cette fêtë lTUlitaire aura lieu à
hauteur du centre du camp, sur un emplace
ment préparé et décoré tout. exprès." Pendant
la durée des exercices, des morceaux d'har
monie seront exécutés par des musiques mili"
taires.
n Tout le monde au camp, officiers et sol
dats, rivalise de zèle et d'activité pour les pré
paratifs de la fête de l'Empereur. Déjà on or
ganise des jeux . de toute espèce qui auront
lieu en avant du campement de chaque corps.
Les divertissemens arabes des spahis, campés à
la gauche de l'emplacement occupé par la cava
lerie, ne seront pas, dit-on, les moins curieux.
On parle aussi d'un feu d'artifice préparé par
l'artillerie et qui sera, assure-t-on, magnifi
que. On dit qu'il sera tiré, comme les années
précédentes, près du grand quartier-général.
» On fait en ce moment au camp de nom
breuses expériences de tir avec des. armes nou
velles. On expérimente aussi pour , l'infanterie
une nouvelle balle plus lourde que, l'ancienne,
mais de même forme. Des tirs comparatifs ont
été faits entre l'ancienne et la nouvelle balle,
et la justesse de la nouvelle paraît être plus
grande d'après les résultats obtenus.
» On essaie aussi un fusil à hausse (le fusil
actuel d'infanterie n'en apas, et l'on se s-jrt du
pouce, comme hausse, pour les distances dé
passant deux cents mètres.) Enfin, on essaie
des armes de petit calibre, de^nouvelles cara
bines pour les chasseurs à pied, ainsi que des
fusils, système Chassepot et Manceaux, se char
geant par la culasse. Toutes ces armes (sauf
celles qui se chargent par la culasse) sont ex
périmentées avec une balle-du modèle 1863
comparativement avec une balle du modèle
1857. a
» Les jardins potagers du camp, cultivés
avec autant de soin que d'intelligence par les
soldats jardiniers qui rivalisent entre eux de
régiment à régiment (car chaque corps a son
jardin qui lui est spécialement affecté), sont
en plein rapport et dans un bel état de pros
périté. Tous sont parfaitement entretenus et
ne contribuent pas peu au riant aspect du
camp.
» Quant aux fermes établies par ordre dë
l'Empereur, elles sont comprises dans le ter
rain militaire du camp et presque sur la limi
te de ce terrain. La plus grande-et la plus
belle de ces fermes est celle que l'on nomme
Fermé du quartier impérial. C'est là qu® rési
de le gérant principal des autres fermes et
c'est à lui que les autres gérans rendent comp
te de leurs opérations. Chacune de ces fermes
défriche les terres dans son voisinage et fait
paître ses bestiaux sur le terrain du camp.
Colle du quartier impérial compte quatre-vingts
vaches bretonnes, possède do beaux attelage?
de chevaux de labour et des moutons en grand
nombre.
» Ces utiles entreprises d'exploitations agri
coles, dues à une auguste initiative, protégées
par une volonté puissante, et qui, tout porte
à le faire espérer, seront couronnées du succès
que l'on doit attendre de la persévérance du
travail et des améliorations progressives déjà
obtenues, ne sauraient manquer de devenir un
jour pour là contrée jadis improductive et en
partie déshéritée où on les exécute, un pro
grès admirable et un immense bienfait. »
Pour extrait : L. Boniface.
Rtonvelles de l'Extériénr.
GRECE.
(Correspondance particulière du Constitutionnel.)-
Athènes, 1 er août
Ainsi que ma dernière lettre vous le faisait
pressentir, l'assemblée nationale, réduite pres
que à rien par ce que vous appelez en France
l'abseutcisme, s'est vue contrainte de suspendre
ses travaux. La désertion de nos représentans
a pris de telles proportions que le minisire des
affaires étrangères n'a pas pu communigaer
officiellement à la Chambre le traité récenl--
ment conclu entre_ les puissances protectrices
et le Danemark. II a dû se borner à des confi
dences et à des ouvertures d'un caractère « î '
quelque sorte privé. "
Vous conviendrez qu'il est regrettable qu'un
acte de cette importance et qui intéresse à un
si haut degré l'avenir du pavs n'ait pas reçu
une sanction plus solennelle.
En attendant, une somme de soixante-deux
vie est parfois cruelle ? et, si jeune que vous
soyez, vous savez déjà que l'on ne fait
point sa'destinée... mais qu'on la subit. ;
Ici, la parole s'arrêta sur les lèvres de
M. de Fersen ; ce qui lui restait à dire lui
coûtait un effort qu'il n'avait pas le cou
rage de faire : un soupir souleva sa poitri
ne, moi-même je n'étais pas moins trou
blée que lui, et je sentis ma main se cris
per sur son bras avec une folle étreinte. Ne
me jugez point trop sévèrement, Monsieur
Philippe ; j'étais une jeune fille, complè
tement ignorante des tristes réalités de ce
monde; j'aimais pour la première fois, et
j'aimais de toute mon âme. La contrainte
de Hérald, son embarras, ses paroles
entrecoupées, çon angoisse me mirent
hors de moi-même. Je m'attendis à quel
que affreuse révélation. Je le regardai.
Non ! ce n'était point là le visage d'un
trompeur, et la perfidie n'eut jamais ni
ces nobles traits ni cette expression de
franchise et de loyauté. Un peu de calme
me revint. *.
—Achevez, mon ami, de grâce, achevez,
luidis-je serrant sa main.
—Edmée, me dit-il, si je voulais vous
faire en ce moment l'histoire de ma vie,
elle tiendrait tout entière dans deux mots :
Je vousai vue, et je vous ai aimée! et quand
j'ai cru deviner que vous aussi vous m'ai
miez, moi qui n'ai jamais fait un faux ser
ment ni pris en vain le -ciel à témoin, j'ai
juré quo toute ma vie serait à vous !
— Eli bien.! alors, je ne comprends pas.
— Ah! sans.doute, vous ne comprenez
pas que mon père n'aille point ce soir
trouver votre mère et lui dire : Nos enfans
s'aiment ; l'amour est le plus grand des
biens : donnez-moi votre filie, je vous don
ne mon fils, et qu'ils soient heureux !
• Je fis do la tête un signe d'assentiment.
— Eh bien ! cnntinua-i.-il avec une émo
tion si douloureuse que j'eus pitié de lui,
voilà précisément ce qui est impossible.
— Impossible ' murmurai-je, en m'éloi-
gnant brusquement; impossible ! oh! quel
mal vous me faites! pourquoi donc,-im
possible? — Parlez! mais parlez, Mon-*
sieur, je veux tout savoir. — .La vérité
toute la vérité ! ; ■ ■ ■ '
— Calmez-vous, chère enfant! et per
mettez-moi d'abord de vous dire que la
volonté des autres ne prévaudra jamais
sur la mienne. Quèlqu'obstacle que l'on
veuille élever entre nous, je saurai le ren
verser...
— Un obstacle ! la volonté des autres !
voilà pour moi autant d'énigmes que de'
mot-s !
— Sachez donc que, depuis longtemps
mon père a formé pour moi un projet d'al
liance, auquel je né puis pas le faire re-'
noncer tout à coup ; il est obstiné dans ses
résolutions, et il.me faut pour les vaincre
de la patience et du teinos. Maintenant
vous savez tout...
Les paroles de.M. xie Fersen ouvraienf'
un abîme à mes pieds, et !e coup de fou
dre de ses révélations m'y précipitait avec,
nies espérances anéanties. J'étais trop fi<>-
re pour nie plaindre ; je l'aimais trop pour
l'accuser je baissai la tète sans rien dire
Mais, îi la pâleur de mon visage, au j'ré^
misseniént de mes lèvres, au'léger trem
blement qui agita mes mains, il devina ce
qui se passait en 'moi; v
— Mon père m'aime; au fond, il niest
pas méchant, reprit-il après quelques se
condes d'un silence aussi pénible peur lui
que pour moi, — il ne voudrait pas faire
mon malheur, et je lui dirai si bien quo
pour moi le plus insupporlable des mal
heurs ce serait-ia vie sans vous! J 'ai une
mère, jeune.-qncore, la meilleure des lib
res, qui m'adore eomme l'âme do son ùmc-
el'e sera du parli «le mon amour,... elle
neuf aidera,... et nous \aincrons!.'.. Mai =
BUREAUX À PARIS : rue de Valois (Palais-Royal), 11. I0«
ABp^èkjfcïjs;DJ^ DÉPARTEMENS
Uo ê -lin - '
16 FR;
tfeiSï^:. .yt\ .7, 32 FBÎ
ÏÏïfer.K'.î 64 FR;
t MOB. ILES PAYS'ÉTBANQEBS, TOll 16 tableau
publié les s et 20 deï-chaque mois.
iBzp. l. bonifack , i. des BonS'Enfans, 19,
Le modo d'abonnement le plus simple est l'envol d'un bon de poste ou d'un effet
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JOURNAL POLITIQUE, LITTERAIRE, UNIVERSEL,
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Les articles déposés ne sont pas rendus,
B JEUDI 15 AOUT 1865.
' ÀBONNEMENS DE PARIS. 1
TROIS MOIS .Ï.T.'.'.T 13 FR,
SIX MOIS.7 ......;.ï 26 'MÛ .
UN AN.....Y.'.'...V. 52 FR.'
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de chaque mois.
Les Annonces sont reçues chez M, Panis , rue Notre-Dame-des-Victoires, n* 40
(Place de la Bourse).
. • •• ' . • ' ■ % ' : .
PARIS, 12 AOUT,
I/article du Times sur les affaires du
Mexique,dont nous avons euJ'analyse hier
par le télégraphe, offre l'raiantillon le
plus curieux des contradictions auxquel
les se copnplaît ce journal. Le Times approu-
ve-t-il finalement ou désapprouve-t-il ce
qui s'est passé à Mexico? Il nous est im
possible de le décider, tant il tient la ba
lance égale entre la louange et le blâme. "
Il déclare d'abord que le Mexique, avant
l'expédition, se trouvait dans la situation
la plus déplorable et qu'on ne peut imagi
ner, ce sont ses expressions, « plus d'anar
chie, plus de corruption, plus de cruauté
que ce qui existait à cette époque. » Et
après ce tableau trop véridique, il se de
mande sérieusement si le nouveau ré
gime proclamé à Mexico pourra amé
liorer les conditions du peuple mexi
cain et le rattacher étroitement à la
grande famille des nations civilisées. Le
Times se dit tout prêt à protester contre
l'expédition de la France, et il avoue en
môme temps qu'il ne se sent pas la force
delà blâmer,en voyant les heureux résul
tats qu'elle a produits, l'ordre rétabli dans
la capitale et dans toute la contrée située
entre Mexico et Vera-Cruz, la confiance
rendue aux populations et la sécurité au
commerce* Tous ces biens, le Times les ap
précie; mais nous n'approuvons pas, ajou-
te-î-il, « qu'on force, l'épée à la main, les
peuples à être heureux. » Lorsque l'An
gleterre fait une expédition, c'est dans un
autre but ; nous le savons. Toutefois, on
peut objectér au Times que la tranquillité
du Mexique n'intéresse pas seulement les
destinées de ce pays, mais qu'elle importe
à l'Europe et à la sécurité de ses relations
commerciales.
La conclusion dé Particle du journal de
a Cité, c'est que le gouvernement anglais
doit conserver la- position de neutralité
qu'il a prise, et que les" difficultés ulté
rieures rendront de. plus en plus nécessai
res. Le Times pense en effet que, si les
Ariiéricains, engagés dans une lutte fratri
cide, font à peine entendre aujourd'hui
quelques murmures de mécontentement
contre l'intervention française au Mexi
que, les Etats du Nord réuniront plus tard
tous, leurs efforts pour en détruire les
effets.
Ce qu'il y a d'assez étrange, c'est qu'a
près ce triste pronostic, le Times annonce,
d'après un bruit répandu dans les cercles
militaires, que le gouvernement anglais a
résolu, par suite des nouvelles .menaçan
tes, venues des Etats-Unis, d'expédier des
rénfocts aiix troupes qui se trouvent déjà
dans l'Amérique anglaise du Nord.
Si nous avons quelque chose à craindre
un jour de Washington, il paraît que le
danger est immédiat pour les Anglais. Beau
résultât de la neutralité telle qu'ils l'en
tendent!
Kous avions mal interprété hier l'invita
tion adressée par le roi de Prusse au prin
ce royal' de se rendre auprès de lui à Gas-
tein. Si le prince doit recevoir une mis
sion, ce n'est pas celle de représenter Guil
laume I"- au congrès de Francfort. Nous
ne savons si l'on peut dire que la Prusse
brillera par son absence à cette réunion ;
mais il est hors de doute qu'elle n'y pa
raîtra pas. •
Tous les journaux prussiens semblent,
au reste, s'accorder pour approuver la ré
solution du roi. Leur grand grief, c'est que
laPrusse ne doit pas recevoir des invitations,
mais en adresser, et que l'Autriche, en ne
se concertant pas avec elle pour le congrès
de Francfort, paraît la traiter sur le môme
pied que les petites principautés de Lippe-
Detmold et Liclistentein.
Il est clair que l'esprit national en Prus
se a été très'blessé de l'initiative prise par
Feuilleton du Constitutionnel, 13 août.
EN PROVINCE
Vill.
(Suite.)
La veille du départ, nous fîmes tous en
semble une dernière promenade.
— Au retour, soit dessein, soit hasard,
nous nous trouvâmes, lui et moi, un peu
en arrière des autres, et-nous pûmes ainsi
échanger des adieux, qu'une présence
étrangère eût singulièrement contraints,
et goûter cette joie suprême dans sa dou
ceur amère.
• Il faisait une de ces radieuses soirées
dont vous connaissez la beauté, puisque
vous avez habité nos régions de l'ouest. Le
soleil descendait lentement dans la mor,
au milieu d'un cortège de nuages enflam
més.
— Voilà bien les cieux de la Scandina
vie ! s'écria Herald en étendant la main
vers le couchant, avec un geste et un ac
cent enthousiastes. ■
— Des cieux où je ne suis point! répon-
dis-je, mordue au cœur par une secrète et
âpre jalousie.
— Des cfeux que vous verrez bientôt et
oue vous aimerez, répondit-il en pressant
tendrement contre sa poitrine la main que
je tenais appuyée sur son bras.
La mer montait, venant" à nous lente
ment. ' , : • ; \ '■
^ Une de ces petites crevasses qui sillon
nent le rivage à sec quand la fharée est
basse, 'mais qui, lorsque le flot retient, se
l'Autriche et du rôle principal que cette
puissance s'est réservé. Il y aurait donc,
dans toutes les fractions de l'opinion pu
blique, un revirement favorable à la politi
que du roi, si le maintien du ministère
n'entretenait pas les dispositions hostiles.
"Peut-être la présence du prince royal
à Gastein annonce-t-elle de la part de Guil
laume I" l'intention de se séparer de M. de
Bismark. On fait, en effet, la remarque
que, depuis la publication de la correspon
dance entre le roi et le prince royal et la
protestatio» de ce dernier contre l'ordon
nance du 1"juin, c'est la première fois
que le père et le fils se revoient.
La Gazette de Breslau annonce de nom
breux préparatifs militaires en Russie.
« On construit, dit-elle, à Saint - Péters-
bourg, des deux côtés de la Neva, des rem
parts de 50 pieds de haut. 400 canons,
la plupart de construction suédoise, ont
ont été envoyés à Gronstadt pour être pla
cés sur les ouvrages extérieurs. Les navi
res les plus vieux et les plus lourds ont été
coulés à fond au nord de ce port. La plu
part des navires de guerre croisent dans
la Baltique. »
Le consul de Russie à Londres vient de
protester contre les enrôlemens qui se font
dans cette ville au profit des Polonais.
Des poursuites ont été intentées en son nom
contre un jeune homme de vingt et un ans,
prévenu d'avoir enrôlé 250 hommes. Ce
jeune homme a comparu devant le pre
mier magistrat du tribunal de police de
Bow street et maintenu eu état d'arresta
tion. L'affaire doit se plaider au premier
jour. JONCIÈUES.
TELEGRAPHIE PRIVEE
Londres, H août.
Le lieutenant Alfred Ayles, ancien garibal
dien, maintenant agent du gouvernement na
tional polonais à Londres-pour les enrôlemens,
a été arrêté sur la poursuite du consul de Rus
sie, qui a demandé qu'on le punît conformé
ment à la loi qui frappe les enrôleurs pour l'é
tranger. Le consul de Russie a commencé lui-
même les poursuites contre Ayles parce que le
gouvernement anglais n'a -pas encore pris de
décision à cet égard.
Francfort, H août.
L'Europe publie un manifeste que le Sénat
de Francfort fera placarder demain dans la ville
et les environs. H y est dit que l'empereur
d'Autriche a pris une glorieuse et patriotique
initiative, et qu'il a fait honneur à la ville de
Francfort en la choisissant pour le siège des
conférences. Le manifeste se termine ainsi :
« Concitoyens, unissez-vous au Sénat pour
recevoir dignement l'empereur et sa maison,
dont les glorieux souvenirs se rattachent à ceux
de nos ancêtres. Recevons bien aussi les autres
princes et les représentas des villes libres,
réunis ici pour soutenir la cause de la patrie
commune. »
Francfort^ 12 août.
42a députés ont adhéré jusqu'à ce jour au
congrès des délégués des Chambres alleman
des qui doit s'ouvrir la semaine prochaine à
Francfort;
Amsterdam, 12 août.
Le gouvernement néerlandais vient de con
céder l'exploitation de tous les chemins de fer
de l'Etat à une société placée sous le patronage
du Crédit mobilier néerlandais. - '■
Constantinople, 10 août.
Un incendie a complètement détruit le vieux
sérail. Beaucoup d'objets historiques et pré
cieux sont devenus la proie des llammcs.Quel-
ques personnes ont péri.
Plusieurs demandes relatives au rayon de
la forteresse de Belgrade, ainsi qu'à l'évacua
tion du petit Zwarnig, ont été adressées de Ser
bie à Constantinople.
> Turin, H août.
On mande de Bari, le i l :
« Hier, la bande de Crocco, forte de 130 hom
mes, a été attaquée par les troupes. Les bri
gands ont eu quatre morts et plusieurs bles
sés. La môme bande a été encore battue près
de Venosa.
; » Emprunt italien, 71.80. a ( IIavas-HuUiei\)
Voici la dépêche que nous recevons ce
soir :
. Vienne, 12 août.
La Gazette autrichienne , dans un article sur la
question de l'élection de l'archiduc Maximi-
lien, dit :
«L'acceptation ou le refus du trône du Mexi-.
que est jusqu'à présont une affaire personnelle
pour l'archiduc. Le gouvernement autrichien
remplissent rapidement, alors même que le
reste de la plage n'est pas encore inondé,
nous barra tout-à-coup le passage. Il nous
fallut faire iin détour pour l'éviter, et ce
détournous éloigna davantage de ma mère
et des Backmann. Bientôt nous pûmes nous
croire seuls. Cette solitude avec Hérald
ne me déplaisait point.. Cependant, de mi
nute en minute, la'vague, qui gagnait tou
jours, nous poussait vers la côte, et rendait
de plus en plus étroite la lisière extrême
sur laquelle nous marchions. Souvent l'é
cume légère venait franger ma robe, et,
plus d'une fois aussi, pour m'éviter l'at
teinte des crêtes humides et déferlantes,
Hérald fut obligé de m'enlever dans ses
bras. Bientôt je commençai de ressentir je
ne sais quelle inquiétude vague, et je hâtai
le pas pour rejoindre nos amis. Un brusque
escarpement du rivage, s'avançant com
me une sorte de promontoire, que déjà
le flux venait rejoindre, dressa tout à
coup devant nous un obstacle infran
chissable. Au même instant, comme si
ellé eût' été avertie par quelque secret
pressentiment, ma-mère se retourna,
et voyant l'eau qui montait entre nous
deux elle m'appela, en me tendant ses bras
malgré la distance. Mais le chemin était
fermé pour aller à elle. Je voyais le danger
qui grandissait à chaque moment; j'étais
comme folle de terreur: il me semblait
sentir déjà le flot montant jusqu'à mapoi-
t ri n e, j usqu'à ma go r^e, jusqu'à mes lèvres.
Je crus que l'heure de mourir était venue,
et déjà je me laissais aller défaillante sur
l'épaule de mon ami.
Courage, chère Edmée !;me dit-il, en
me montrant un sentier qui serpentait à
travers les rochers et les broussailles, et
paraissait descendre jusqu'à la mer; cou
rage ! nous n'avons rien a craindre.
il lit un signe à ma mère en lui mon
trant les" rochers, et me prenant par ^la
n'a joué aucun rôle dans la question et n'a
pas pris part aux négociations y relatives.
L'Empereur Napoléon, en communiquant di
rectement avec l'archiduc, a aussi parfaitement
maintenu ce point de vue. Les négociations
sont ouvertes seulement entre les deux hauts
personnages, et non entre la France et l'Autri-
i&gJUfeGû&duite de l'Empereur Napoléon a été
ainsi également pleine de courtoisie et de loyau
té. La situation du Mexique pourrait amener
plus tard à des différends avec l'Amérique.
Mais tout. cela reste à l'écart tant que l'affaire
a un caractère personnel et en dehors de la po
litique. C'est à l'archiduc à voir dans sa. sa
gesse et en consultant ses goûts, s'il veut en
trer dans cette affaire , et quelles garanties.il
pourrait obtenir. L'archiduc est un, hommé
trop expérimenté pour accepter l'offre des Mexi
cains avant que le pays soit entièrement sou
mis et avant qu'il se soit prononcé par l'inter
médiaire de représentai librement élus. Tou
te cette affaire est très délicate et difficile et
elle veut être traitée avec prudence et habileté. »
(Uavas-tiuUier.)
COURS DE LA BOURSE.
COCUS DB CLOTCRH. le H le 12 HAUSSE. BAI S SB,
3 0/0aucompt. 67.40 67.50 » 10 » »
—Findumois. 67.45 67.40 » » » 05
41/2âucomçt. 96.40 96";50 » 10 » »
—Findumois. 96. » 96.45 » 45 » »
L'état-major général de la garde natio
nale a fait publier la note suivante :
« L'Empereur, à cause de la chaleur et
dans l'intérêt de la garde nationale et de
l'armée, a contremandé la revue. »
Le Journal des Débats a emprunté à Ja
Gazette de Moscou les principaux passages
d'un article qu'il reproduit «à titre de do
cument curieux.» C'est dans la même pen
sée que nous mettons sous les yeux de nos
lecteurs un extrait de ces confidences du
journal russe. ..
On verra dans
sources sans trouver en face d'elle un en
nemi véritable à attaquer. On verra, par
conséquent, combien les idées mises en
avant par le Morning Post portaient juste
et combien d'embarras ruineux pour la
Russie pourraient se produire, sans guerre
ouverte.
Ainsi, "d'après le langage même delà
Gazette de Moscou , le véritable intérêt du
gouvernement russe est de faciliter une
solution qui ferait disparaître des dangers
sans compensation,des dangers incessans.
S'épuiser sans fatiguer ses adversaires,
se trouver en présence d'une Pologne
toujours insurgée et de. l'Europe inquiète
et mécontente, telle serait la situation à
laquelle no pourrait échapper le cabi- .
net de Saint-Pétersbourg , s'il persistait
à ne pas se rendre aux raisons si mo
dérées et si désintéressées qui ont inspiré
dans'leurs démarches la France, l'Au
triche et l'Angleterre. Le temps n'est
plus où le cabinet de Saint-Pétersbourg
pouvait intimider le cabinet de Vien
ne; les dédains et les menaces ne peu-
ventaujourd'hui que blesser une puissance
qui a le sentiment de sa dignité et un jeu
ne empereur qui sait ce qu'il se doit à lui-
même et ce qu'il doit à son peuple.
Les violences de la Gazette de Moscou ne
changeront rien au véritable état des choses.
P. DE TR01M0NTS.
Voici l'extrait de la Gazette de Moscou
« Mais comment donc nos ennemis pen
sent-ils arriver sans gtierre à un résultat qui
serait si humiliant pour nous? Et d'abord,
ils n'ont pas encore perdu entièrement l'espoir
de nous faire peur, en faisant ressortir cette
circonstance, quemême l'Autriche, qui hésitait
pendant la guerre d'Orient et qui, il n' y a pas en
core long-temps, s'était montrée quelque peu en
désaccord avec les puissances occidentales, se
hâte maintenant, dans l'espoir de gagner le3
bonnes grâces de la France et de s'assurer un
appui sûr de l'Angleterre, de proclamer qu'elle
est prête à faire cause commune avec les puis
sances occidentales dans toutes les exigences
dirigées par elles contre nous. Mais si, comme
nous l'espérons, et comme nous en sommes
même convaincus, cela ne suffisait pas pour
nous intimider, nos ennemis ont, dans ce cas,
d'autres moyens encore en réserve, auxquels
main :
— Nous n'avons pas de temps à perdre ;
marchons ! et il m'entraîna. L'abord était rude, et le sentier rom
pu avant-d'atteindre le rivage; la montée
était âpre et dure. Mais, s'il y avait de la
fatigué, il n'y avait plus de danger, et je
laissais faire Hérald , calme 1 , tranquille et
confiante, comme s'il eût été mon frère;
il me tenâit, me guidait, me portait pres
que; et moi j'étais heureuse de tous les
bons offices qu'il me rendait avec-tant de
grâce. .
Nous fûmes bientôt en pleine campa
gne ; mais le sentier ne conduisait pas di
rectement au Croisic : obligé d'éviter un
ressaut très accentué du rivage., il s'attar
dait en maints détours, et circulait à tra
vers des héritages séparés entre eux par
de hautes et fortes clôtures , tout à fait
infranchissables. Cependant la nuit tom
bait rapidement, et les premières étoi
les s'allumaient darls le ciel. Plus d'une
fois nous nous égarâmes , et nous fû
mes obligés de revenir sur nos pas pour
retrouver ' notre route. Je ne me plai
gnais point; au contraire : une joie puis
sante remplissait n^a poitrine, et en me
trouvant ainsi avec lui, loin du monde,
tous deux sous l'œil de Dieu, j'oubliais
que j'allais le perdre! Il avait repris mon
bras , et je sentais chaque battement
de son cœur, qui devenait à chaque
instant plus rapide. Nous marchions assez
vite, presque sans par'.er. Au bout de quel
ques minutes, je me sentis prise d'une fa
tigue qui ressemblait à de l'épuisement;
je n'étais pas capable de faire un pas de
plus. M. de Fersen s'en aperçut et s'arrêta.
Je le regardai; .souffla lumière sereine et
amie des étoiles, il me parut encore plus
poétiquement beau. Ses yeux, dont, une
larme tempérait l'éclat, avaient la douce
lueur du saphir; tout en lui respirait la
: iis se proposent d'avoir recours. Rien, en effet,
de plus facile que d'entretenir constamment
parmi nous la crainte de là guerre, pour nous
engager ainsi à soustraire aux travaux pro
ductifs un nombre de bras toujours croissant,-
et à. épuiser d'avance nos ressources finan
cière? -en préparatifs dé guerre de toute.es-
.pèee^comme des arméniens et dés fortifica
tions ;le tout.en vue d'une guerre dont l'explo
sion pourrait êtredifféréo par eux indéfiniment.
En même temps, et dans le même but, on se
propose de reconnaître aux Polonais, sujets re
belles de notre empereur le titre de partie bel
ligérante, et par cela niême de s'autoriser à leur
fournir des armes, des munitions de guerre et
toute sorte de secours ( ce qui se fait déjà en
partie); d'encourager sous main les particu
liers à faire de telles fournitures, et même d'y
faire servir les ressources de gouvernement.
Avec cela on a en outre en vue de favoriser,
pareillement sous main, la formation et l'ar
mement de corps de volontaires dans des
pays voisins et de leur faciliter l'entrée en Rus
sie, Puis, dans une perspective plus éloignée,
se trouve l'envoi des escadres dans la Baltique
et dans la mer Noire, quoique le traité défen
de l'entrée des navires de guerre dans cette
dernière mer, etc.,*etc.
» Toutefois nos ennomis ne bornent point à
cela leur dessein, qui consiste à nous faire la
guerre sans opérations militaires effectives et
sans supporter eux-mêmes des sacrifices réels.
Ils veulent encore nous frapper dans nos alliés '
naturels et nous aimons à le croire, dévoués,
dans nos coreligionnaires et nos frères de race,
les Serbes. Les correspondances de Constanti
nople adressées au Times donnent clairement à
entendre que le gouvernement anglais se pro
pose de renverser les princes régnans en Serbie
.et en Roumanie, espérant sojilever contre eux
une partie de leurs sujets ; il se propose ensui
te de soutenir les révoltés de tout le poids de
son influence.Porterunçoupà l'un ou àl'autre
de ces princes, cela serait porter un coup à
l'honneur et à "la dignité de la Russie. Or,
non-seulement les puissances occidentales ,
mais l'Autriche elle-même, semblent espère?
pouvoir faire tout cela contre nousimpuné-
- ment. *•
» Dieu veuille que ces dangers ne se réalisent
point et que ces projets se dissipent! Mais si
réellement on trame contre la Russie dépa
reilles intrigues, et si nous ne nous trompons
pas sur le degré de la force actuelle de notre
sentiment national, pourvu seulement qu'on
tienne compte de ce sentiment, la Russie ne
souffrira aucune de ces offenses sanglantes ; elle
ne permettra pas que ses ennemis puissent im
punément se moquer d'elle, qu'ils puissent l'a
larmer sans cesse et l'épuiser sans taire de leur
côté le moindre sacrifice.
» Nous ne nous préparions à aucune guerre,
nous étions exclusivement occupés 'des œuvres
de la paix et de notre organisation intérieure ;
mais les intrigues de nos ennemis nous obli
gent à tirer notre épée, elles nous obligent à ap
peler sous les armes des centaines de milliers
d'hommes et à dépenser des millions en pré
paratifs de guerre. Qu'ils le sachent donc d'a
vance, ils nous le paieront bien cher, «t à-la
première des offenses sanglantes qu'ils mé
ditent contre nous, la Russie saura bien aller
trouver ses ennemis et les forcer-à une lutte
ouverte.'Elle oonnait le côté oit elle pourra at
teindre les puissances occidentales ; sans par
ler déjà de l'Autriche, qui pourra payer de son
existence le jeu dangereux qu'elle veut jouer.
La Russie sait ca qu'elle doit ù ses alliés, et on
quelle monnaie elle doit payer ses ennemis. »
Pondant que l'habitude de mettre au
concours certains emplois publics se ré
pand de plus en plus en France, .les Anglais
paraissent au contraire y renoncer ou cher
chent au moins à en limiter l'application ;
on en jugera par l'article suivant du Times:
« La forme du concours pour la nomination
aux emplois vacans est une des inventions de
notre siècle ; mais il est encore réservé à l'a
venir de découvrir les motifs qui l'ont fait
adopter. A la Chambre des communes, on est
loin d'être d'accord sur son utilité ou sur l'é
tendue qu'il convient de lui donner. M. Hen-
nessey pense que lebut du concours est d'ouvrir'
à tous l'accès aux emplois, de donner à l'intel
ligence et à l'instruction l'occasion de se pro
duire, de récompenser le mérite, d'encourager
le travail et d'apaiser les haines «qu'entretien
nent les distinctions de rang et l'envie que'
font naître les préférences de parti: M. lî. Co-
chrane recule devant la vulgarité du con
cours ; en revanche, il est partisan d'une
bonne et solide épreuve dans la forme d'un
examen officiel, et portant sur des connais
sances pratiques. M. Gladstone, se plaçant
à un point de vue positif, estime que le con
cours est destiné àgarantir les ministres contre
l'importunité des solliciteurs, à empêcher les
services publics de devenir un refuge pour les
incapable?; à forcer les candidats à se préparer j
à aider les chefs de l'administration dans les
choix qu'ils ont à faire, et à leur permettre de ;
résister à la pression qui est exercée sur eux.
«D'après M. Ilenley, le concours dans la
réalité devient une ■affaire d'argent, de prépa
ration habile, et dégénère en une sorte d'en-
tendresse, cette tendresse pure et profon
de à laquelle une femme est heureuse de
confier sa vie.
— Edmée, ma chère Edmée, me dit-il
tout à coup, en m'attirant vers lui, je vais
partir; mais je vous laisse mon cœur, mon
âme, ma vie, tout moi! L'homme est où
est son amour.
— Et la femme aussi! répondis-jo avec
un élan dont je ne fus pas la maîtresse.
Il prit ma main qu'il porta à ses lèvres,
puis il continua :
■ —Je vous aimecommenous savons aimer
dans le Nord, sans restriction et sans ré
serve; acceptez-moi, je me donne à vous ;
repoussez-moi : je me donne encore ; et je
ne me reprendrai jamais... Et vous, chère,
m'aimez-vous vraiment ? Est.-ce ainsi que
vous m'aimez ?
Pour toute réponse, je laissai tomber
ma tête sur sa poitrine.
— Edmée, reprit-il encore, et cette fois
il y avait dans sa voix un accent de' tris
tesse, Edmée, croyez-vous en moi ?
— Comme on Dieu même !
— Avez-vous confiance en votre ami?
Comme en ma mère. .
■t— Chère âme blanche! sois bénie pour
cette parole qui lie nos deux vies! elle
fera ma consolationet.maforce; nîen perds
point lo souvenir; quoi qu'il arrive, que ta
foi ii(3 s'ébranle et ne se trouble jamais ! '
- Je ne compris pas trop ce qu'il enten
dait par-là, mais ces paroles ambiguës me
firent peur, et il me passa un frisson sur les
épaules. ■
« —Je ne sais pas ce que vous voulez di
re, balbutiai-je à demi-voix; mais, en véri
té, nia confiance en vous me semble si
naturelle que vous n'avez point à m'en
remercier; puis j'ajoutai, mais plus bas :
Est-re que vous sentez le besoin de m'é-
prouver, Hérald?
—À'on! liieu m'en est témoin ! mais la
graissement général. Lord Palmerston ne voit
aucun inconvénient à cet engraissement dont
on parle; mais il lui paraît injuste d'encoura
ger toute une armée de rivaux à se préparer à
une lutte d'où il ne doit sortir qu'un vain
queur. Ert outre, il ne faut pas oublier que le
gouvernement est responsable envers l'Etat des
qii'i.1 et il convient de lui
laisser tàute liberté dans le choix des person
nes. Le concours, sans aucune limite ou sans
aucun-frein, supprimerait la responsabilité
ministérielle, ce qui 'SPrait également contrai
re au bien du gouvernement .gtà. celui de la
nation» .
» Aucun de Ces intérêts n'est à de'u5iS™^
En effet, rien n'est plus naturel et ne mérîï5-
plus de bienveillance que le désir de voir un '
fils, un frère, un ami pourvu d'une bonne si
tuation.
"Mais leprincipequi domine toute la question,
c'est la responsabilité du ministre Vis à vis de
lanation. 11 est indispensable qu'il s'entoure et
qu'il peuple son département de bonsemployés.
C'est une nécessité pour lui-même ; car il a sa
place à Templir, son travail à exécuter, lo pu
blic à satisfaire, et il doit veiller â ce que le
service n'aille pas en se détériorant entre ses
mains. Il est encore indispensable pour lui-.
même etpoUrle bien de l'Etat qu'il entretienne
des rapports faciles avec son parti, qu'il reste
en de bons termes avec ses défenseurs , qu'il
justifie la confiance de ses amis, et se montre
reconnaisàànt dé leur appui en faisant honneur
à leurs recommandations. Tout cela est d'une
vérité évidente et ne donne prise à aucune con
testation. U faudrait être dépourvu de tont
jugement ou de toute expérience pour dési
rer que les services publics fussent donnés
au concours, sans aucune restriction. Non-
seulement l'instruction ou l'intelligence ne
sont pas les plus puissans instrumens de
l'homme ici-bas, mais ils ont encore en eux-
mèsiês leur faiblesse propre. Les emplois,
dans presque toutes, les administrations, exi
gent d'autres qualités que celles qui mettent
un écolier en mesure de mériter- de meilleures
notes qUe son camarade.
• » Un employé public doit être actif, prompt,
énergique, capable de concentrer sUi' un point
donné toute son attention et tous ses efforts; il
il faut qu'il soit propre à la fois à servir ou à
commander, qu'il se montre respectueux, so
ciable, digne, considéré, civil, généreux et ho
norable. On est en droit d'exiger de lui qu'il
prenne rang dans le monda, qu'il élève le crédit
du gouvernement et qu'il soutienne sesamiset
ses inférieurs. U ne doit avoir ni mauvaises
façons, ni caractère difficile, ni disgrâces phy
siques. Manque-t-il d'une seule de ces quali
tés, il n'est point apte à faire un bon employé,
et toute son inctruction devient pour ainsi di
re lettre morte.
»' Un jeunehommepeut être un savant ou un
mathématicien, et rien de plus, pas même un
compagnon passable, pas même un domesti
que supportable.
» Pourquoi donc forcer le gouvernement, en
matière de nominations, à suivre dans toute sa
rigueur Un principe qui, appliqué partout ail
leurs, est impossible et ridicule ? Est-ce donc
au concours qu'un mari choisit sa femme et
une femme son mari ? Un maître prend-il d'a
près ce système ses domestiques, voire même
ses commis, ses employés, ses intendans, ses
gardes? Un homme choisit-il ainsi ses amis ?
Est-ce là le mode d'élection des membres du
Parlement 1 ' flans ces cas ou dans tous autres
on tient compte de considérations personnelles
et tout à fait étrangères à celles que le con-r
cours met en relief. Une maîtresse de maison
choisit un valet de pied qui ne sait ni lire
ni écrire, parce qu'il a six pieds et qu'il a
bonne tenue. Un propriétaire choisit un in
tendant qui saura faire payer ses fermiers, et,
le cas échéant, il préférera un fermier solvable
à un savant agriculteur qui no le paiera pas.
Certes, la science est beaucoup, elle est pour
celui qui la possède une preuve de pouvoir et
d'énergie; mais elle ne remplace pas tout, et
c'est pourquoi il faut encore exiger quelque
autre garantie des candidats, même après que
le concours a prononcé. .» -
LE CAMP DE ClL\LOi\S.
On nous écrit du camp de Chàlons, le
11 août :
:« L'Empereur est attendu ici pour le 17 de ce
mois, et, l'on pense que Sa Majesté y restera
jusqu'au'24.
» On ne sait pas encore exactement à quelle
époque aura licù le retour des régimens dans
leurs garnisons respectives; mais les opéra
tions du camp seront terminées, selon toute
probabilité, .pour le 2;i août, et déjà le batail
lon des. tirailleurs algériens a reçu, dit-on,
avis qu'il S3 mettrait en route ce jour-là pour
retourner à Paris.
» Ce matin, à trois heures précises, trois
coups de canon successivement tirés au grand
quartier-général, à des distances rapprochées,
se sont fait entendre, et à ce signal toutes les-
troupes ont été sur pied en un clin-d'œil. Les
colonnes se sontd'abord dirigées vers les bords
de la Suippes, où les hommes, après avoir éta-
i bli leurs petites tentes , se sont installés
: pour, , faire le café, doàblo opération qui s!est
accomplie avec la promptitude habituell#
et après laquelle les manœuvres de guerre ont
immédiatement commencé. Ces manœuvres^
qui avaient attiré un nombre considérable da -
curieux, réveillés, comme les soldats, par les
trois coups de canon du grand quartier-géné
ral, ont été aussi brillantes qu'animées. On a
principalement remarqué le passage derivière
exécuté par tout le corps d'armée avec autant
d'ordre que de célérité, sur des ponts de ba^
teaux construits par le génie.
» Deux autres grandes manœuvres sont an
noncées comme devant être exécutées pendant
la présence de l'Empereur.. Elles auront lieu,
assure-t-on, le 19,e,t le.22 août.
» Après-demain jeudi, il y aura, entre tous
^« corps, un concours définitif pour la gym
nastique,^ course, l'escrime, etc. A la suite
de ce concouï?, Q 11 distribuera les prix accor
dés aux plus méritas, par le maréchal Bara-
gue'y d'Hilliers. Cette fêtë lTUlitaire aura lieu à
hauteur du centre du camp, sur un emplace
ment préparé et décoré tout. exprès." Pendant
la durée des exercices, des morceaux d'har
monie seront exécutés par des musiques mili"
taires.
n Tout le monde au camp, officiers et sol
dats, rivalise de zèle et d'activité pour les pré
paratifs de la fête de l'Empereur. Déjà on or
ganise des jeux . de toute espèce qui auront
lieu en avant du campement de chaque corps.
Les divertissemens arabes des spahis, campés à
la gauche de l'emplacement occupé par la cava
lerie, ne seront pas, dit-on, les moins curieux.
On parle aussi d'un feu d'artifice préparé par
l'artillerie et qui sera, assure-t-on, magnifi
que. On dit qu'il sera tiré, comme les années
précédentes, près du grand quartier-général.
» On fait en ce moment au camp de nom
breuses expériences de tir avec des. armes nou
velles. On expérimente aussi pour , l'infanterie
une nouvelle balle plus lourde que, l'ancienne,
mais de même forme. Des tirs comparatifs ont
été faits entre l'ancienne et la nouvelle balle,
et la justesse de la nouvelle paraît être plus
grande d'après les résultats obtenus.
» On essaie aussi un fusil à hausse (le fusil
actuel d'infanterie n'en apas, et l'on se s-jrt du
pouce, comme hausse, pour les distances dé
passant deux cents mètres.) Enfin, on essaie
des armes de petit calibre, de^nouvelles cara
bines pour les chasseurs à pied, ainsi que des
fusils, système Chassepot et Manceaux, se char
geant par la culasse. Toutes ces armes (sauf
celles qui se chargent par la culasse) sont ex
périmentées avec une balle-du modèle 1863
comparativement avec une balle du modèle
1857. a
» Les jardins potagers du camp, cultivés
avec autant de soin que d'intelligence par les
soldats jardiniers qui rivalisent entre eux de
régiment à régiment (car chaque corps a son
jardin qui lui est spécialement affecté), sont
en plein rapport et dans un bel état de pros
périté. Tous sont parfaitement entretenus et
ne contribuent pas peu au riant aspect du
camp.
» Quant aux fermes établies par ordre dë
l'Empereur, elles sont comprises dans le ter
rain militaire du camp et presque sur la limi
te de ce terrain. La plus grande-et la plus
belle de ces fermes est celle que l'on nomme
Fermé du quartier impérial. C'est là qu® rési
de le gérant principal des autres fermes et
c'est à lui que les autres gérans rendent comp
te de leurs opérations. Chacune de ces fermes
défriche les terres dans son voisinage et fait
paître ses bestiaux sur le terrain du camp.
Colle du quartier impérial compte quatre-vingts
vaches bretonnes, possède do beaux attelage?
de chevaux de labour et des moutons en grand
nombre.
» Ces utiles entreprises d'exploitations agri
coles, dues à une auguste initiative, protégées
par une volonté puissante, et qui, tout porte
à le faire espérer, seront couronnées du succès
que l'on doit attendre de la persévérance du
travail et des améliorations progressives déjà
obtenues, ne sauraient manquer de devenir un
jour pour là contrée jadis improductive et en
partie déshéritée où on les exécute, un pro
grès admirable et un immense bienfait. »
Pour extrait : L. Boniface.
Rtonvelles de l'Extériénr.
GRECE.
(Correspondance particulière du Constitutionnel.)-
Athènes, 1 er août
Ainsi que ma dernière lettre vous le faisait
pressentir, l'assemblée nationale, réduite pres
que à rien par ce que vous appelez en France
l'abseutcisme, s'est vue contrainte de suspendre
ses travaux. La désertion de nos représentans
a pris de telles proportions que le minisire des
affaires étrangères n'a pas pu communigaer
officiellement à la Chambre le traité récenl--
ment conclu entre_ les puissances protectrices
et le Danemark. II a dû se borner à des confi
dences et à des ouvertures d'un caractère « î '
quelque sorte privé. "
Vous conviendrez qu'il est regrettable qu'un
acte de cette importance et qui intéresse à un
si haut degré l'avenir du pavs n'ait pas reçu
une sanction plus solennelle.
En attendant, une somme de soixante-deux
vie est parfois cruelle ? et, si jeune que vous
soyez, vous savez déjà que l'on ne fait
point sa'destinée... mais qu'on la subit. ;
Ici, la parole s'arrêta sur les lèvres de
M. de Fersen ; ce qui lui restait à dire lui
coûtait un effort qu'il n'avait pas le cou
rage de faire : un soupir souleva sa poitri
ne, moi-même je n'étais pas moins trou
blée que lui, et je sentis ma main se cris
per sur son bras avec une folle étreinte. Ne
me jugez point trop sévèrement, Monsieur
Philippe ; j'étais une jeune fille, complè
tement ignorante des tristes réalités de ce
monde; j'aimais pour la première fois, et
j'aimais de toute mon âme. La contrainte
de Hérald, son embarras, ses paroles
entrecoupées, çon angoisse me mirent
hors de moi-même. Je m'attendis à quel
que affreuse révélation. Je le regardai.
Non ! ce n'était point là le visage d'un
trompeur, et la perfidie n'eut jamais ni
ces nobles traits ni cette expression de
franchise et de loyauté. Un peu de calme
me revint. *.
—Achevez, mon ami, de grâce, achevez,
luidis-je serrant sa main.
—Edmée, me dit-il, si je voulais vous
faire en ce moment l'histoire de ma vie,
elle tiendrait tout entière dans deux mots :
Je vousai vue, et je vous ai aimée! et quand
j'ai cru deviner que vous aussi vous m'ai
miez, moi qui n'ai jamais fait un faux ser
ment ni pris en vain le -ciel à témoin, j'ai
juré quo toute ma vie serait à vous !
— Eli bien.! alors, je ne comprends pas.
— Ah! sans.doute, vous ne comprenez
pas que mon père n'aille point ce soir
trouver votre mère et lui dire : Nos enfans
s'aiment ; l'amour est le plus grand des
biens : donnez-moi votre filie, je vous don
ne mon fils, et qu'ils soient heureux !
• Je fis do la tête un signe d'assentiment.
— Eh bien ! cnntinua-i.-il avec une émo
tion si douloureuse que j'eus pitié de lui,
voilà précisément ce qui est impossible.
— Impossible ' murmurai-je, en m'éloi-
gnant brusquement; impossible ! oh! quel
mal vous me faites! pourquoi donc,-im
possible? — Parlez! mais parlez, Mon-*
sieur, je veux tout savoir. — .La vérité
toute la vérité ! ; ■ ■ ■ '
— Calmez-vous, chère enfant! et per
mettez-moi d'abord de vous dire que la
volonté des autres ne prévaudra jamais
sur la mienne. Quèlqu'obstacle que l'on
veuille élever entre nous, je saurai le ren
verser...
— Un obstacle ! la volonté des autres !
voilà pour moi autant d'énigmes que de'
mot-s !
— Sachez donc que, depuis longtemps
mon père a formé pour moi un projet d'al
liance, auquel je né puis pas le faire re-'
noncer tout à coup ; il est obstiné dans ses
résolutions, et il.me faut pour les vaincre
de la patience et du teinos. Maintenant
vous savez tout...
Les paroles de.M. xie Fersen ouvraienf'
un abîme à mes pieds, et !e coup de fou
dre de ses révélations m'y précipitait avec,
nies espérances anéanties. J'étais trop fi<>-
re pour nie plaindre ; je l'aimais trop pour
l'accuser je baissai la tète sans rien dire
Mais, îi la pâleur de mon visage, au j'ré^
misseniént de mes lèvres, au'léger trem
blement qui agita mes mains, il devina ce
qui se passait en 'moi; v
— Mon père m'aime; au fond, il niest
pas méchant, reprit-il après quelques se
condes d'un silence aussi pénible peur lui
que pour moi, — il ne voudrait pas faire
mon malheur, et je lui dirai si bien quo
pour moi le plus insupporlable des mal
heurs ce serait-ia vie sans vous! J 'ai une
mère, jeune.-qncore, la meilleure des lib
res, qui m'adore eomme l'âme do son ùmc-
el'e sera du parli «le mon amour,... elle
neuf aidera,... et nous \aincrons!.'.. Mai =
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